Ces lundi et mardi, les médecins en spécialisation seront en grève pour réclamer de meilleures conditions de travail, notamment le paiement des bourses de spécialité, des allocations de stage rural.
Le Collectif des médecins en spécialisation (Comes) est en grève ces lundi et mardi. Cette grève totale provoquera évidemment la cessation de toutes les activités de consultations, astreintes, gardes, urgences, etc. «Notre mouvement d’humeur fait suite à leur communiqué n°4 du 17 août 2021 relatif au retard du paiement des bourses de spécialité, ainsi que la réticence du Msas (ministère de la Santé et de l’Action sociale) à s’engager dans un large chantier de réformes visant à améliorer le quotidien des spécialistes sur l’ensemble du territoire sénégalais, ce qui s’inscrit indéniablement dans le cadre d’une amélioration de l’ensemble du secteur sanitaire au Sénégal», note le Comes. Pourquoi une grève totale ? «Une décision motivée par le retard de paiement des bourses de spécialité, des allocations de stage rural et la réticence du Msas à s’engager dans un large chantier de réformes visant à améliorer le quotidien des spécialistes sur l’ensemble du territoire sénégalais», explique le Comes.
Le Collectif des médecins en spécialisation «déplore avec véhémence, cette attitude des autorités qui consiste à repousser les échéances de la réalisation de ses promesses à des délais indéterminés». Il ajoute : «Les revendications ont toujours été justes, logiques et conformes aux conditions d’exercice optimales souhaitées dans le but de faire accéder notre chère Patrie au niveau du leadership régional auquel elle a toujours aspiré.»
Cette grève arrive dans un contexte assez tendu, même la pandémie connaît un reflux des cas positifs depuis quelques jours. Ce dimanche, 155 nouveaux cas positifs ont été enregistrés sur un total de 3504 prélèvements, soit un taux de positivité de 4,4%. Par contre, 12 décès ont été notés. Dans les détails, il s’agit de 17 contacts et 138 issus de la transmission communautaire. Comme d’habitude, la région de Dakar avec 60 cas communautaires reste l’épicentre de la pandémie. Il faut noter que 527 patients ont été déclarés guéris alors que 50 cas graves sont en service de réanimation. Depuis le début de la pandémie, 71 mille 927 cas ont été déclarés positifs dont 57 mille 374 guéris, 1671 décès et 1286 sous traitement.
JOURNAL D’UNE CONFINÉE, PAR ANNIE JOUGA
PÂQUES SOUS COVID
EXCLUSIF SENEPLUS #SilenceDuTemps – L’occasion est belle pour enfin arriver à une diversité alimentaire pour contrecarrer nos carences. Lorsque la santé est trop politique, cela ne marche pas
#SilenceDuTemps - Mon amie Geneviève de Marseille me partage ses chroniques qu’elle tient depuis son confinement. J’ai reçu en fin d’après-midi la J + 26. Elle me promène dans son quartier, attention 1 km seulement, triche un peu de temps en temps, se « perdant » à souhait. Son sens de l’observation me fait « rentrer » chez ses voisins et écouter les musiques qu’ils écoutent, me promener dans sa rue et celles voisines, partager ses rencontres. Et je tends l’oreille et j’entends sa conversation … On s’y croirait !
Je retrouve par moment les lieux qu’elle m’aura fait visiter le temps d’un court week-end il y a quelques mois, avec une très grande connaissance des coins et recoins de cette ville qui est la sienne.
Oui, elle m’a passé le virus…
Malgré le décalage horaire, elle attend ma chronique que je n’arrive toujours pas à faire et envoyer à une heure « raisonnable ». Je m’y essaie pourtant. D’autres l’attendent et certains comme « leur pain quotidien », dit mon frère Charles de Praia. J’avoue que cela me met une douce et amicale pression.
Ce temps que ma chère Adeye Ababa a appelé « pause forcée » me paraît idéal pour mettre de l’ordre dans les grands et petits dossiers en retard qu’il est difficile de faire aboutir quand la vie est au rythme normal. Ah je vous vois avec votre air moqueur en train de vous dire : « elle est à la retraite ou pas celle-là ». C’est le bon moment puisque pas de stress du délai affolant et difficile à respecter. Le temps de se « réinventer », entend-on çà et là, et de produire le meilleur de soi, ah ne l’ai pas déjà dit …
L’opéra rock « Jésus Christ super star » m’a ravie hier soir et m’a ramenée dans les années 70. Très beau spectacle de haute facture, bien joué, bien chanté, bien … costumé et bon texte avec Jésus Christ noir, beau et convaincant. C’est-à-dire qu’on reste scotchée à l’écran pour le regarder, l’écouter, l’apprécier. Je n’ose dire « c’était le bon temps ! », mais …
Faire des stocks, j’ai du mal. Et devant les rayons, je reste hésitante. Quand je vois les images à la TV d’ailleurs avec les chariots débordants de mille paquets de tout, je suis perplexe alors dans mes courses de la semaine. C’est compliqué et puis à la maison, il y a toujours des choses que l’on a oublié de consommer, qui sont planquées derrière celles que l’on consomme en premier. Et là j’ai dégoté un savon oublié, en fait pas vraiment, mais que je n’osais en fait utiliser. Il est rouge brique couleur inhabituelle c’est vrai, fait à la carotte par une coopérative de femmes et peut-être aussi à l’huile de palme. Je ne sais plus, car plus d’étiquette.
Viou d’ébène l’avait suspecté en prétendant qu’il lui faisait penser à un savon pour le khessal ? Mais qu’en sait-il celui-là ! Ah sacré Viou et là cela m’a fait repenser à une de ses histoires d’il y a bien 30 ans et il (Viou) s’était intéressé au nom que la mode du moment avait donné à un « bêtio » ! Il avait pondu comme il sait le faire, un super article « un pagne nommé désir », référence à sa culture filmique. J’ai souvenir qu’il s’était bien documenté auprès de notre chère Az’ Sukeur très au courant des nouveautés dans ce domaine et sûrement auprès d’autres. Et lui de me raconter que ses collèges enchantés par l’article lors de la rédaction, lui avaient dit « mais Vieux tu ne peux pas signer cet article, que va dire Annie … ? »
Période propice pour prendre des nouvelles de ceux que l’on n’a pas vus depuis longtemps, savoir comment ils vivent cette cochonnerie de vie qui nous tombe dessus et aussi et … surtout apprendre à dire :
Je t’aime !
Jour 20
« Réinventer nos hôpitaux et cela jusqu’à la manière de les concevoir … », ainsi s’exprimait Dr Bousso, directeur du centre des opérations d’urgence et de secours ce matin dans une émission de radio. Bien entendu, il a dit bien d’autres choses très sensées à mon avis, mais cette phrase me va droit au cœur.
Plus que çà même… J’ai travaillé au ministère de la Santé il y a bientôt 40 ans, une formidable et enrichissante expérience au service de mon pays qui aura duré trois années. Plein de souvenirs me reviennent à l’esprit, mais je ne veux en partager qu’un seul qui « colle » à l’actualité d’aujourd’hui.
En charge, entre autres de faire l’analyse du projet de l’hôpital de Fatick, me voilà partie à la rencontre des grands et éminents professeurs installés dans nos hôpitaux. Ma démarche totalement insolite et unique m’ont-ils dit, les a intéressés. J’ai eu de longues et fructueuses séances de travail et le projet au stade d’avant-projet, remanié pratiquement entièrement.
En présentant le résultat de mon travail, le ministre de l’époque m’a rassurée sur l’appréciation qu’il en avait tout en me demandant de laisser continuer l’architecte : « on rectifiera plus tard, il faut faire vite, et aller rapidement à la construction !! » L’architecte m’a vilipendée durant des années, le ministre a eu son hôpital et les populations ont attendu leur hôpital qui, ne fonctionnant pas, n’a pu être ouvert comme convenu malgré une pose de première pierre et réception des clés en grande pompe. Et bien trop de cas semblables. Lorsque la santé est trop politique, cela ne marche pas. Alors Dr Bousso que les techniciens de tout bord vous entendent.
Aujourd’hui, Pâques vient clôturer 40 jours de Carême dont très peu de gens parlent et pourtant ! Nous avons eu un repas familial via les réseaux sociaux avec comme liant les fameuses cuisses de canard confit de la mère Mich’! Certaines agrémentées de gratin dauphinois, d’autres aux deux pommes, ou au niébé et haricot, ou encore au quinoa et choux … Bref, chacune de nos tables se sont rivalisées d’originalité et de bon goût. La mère Mich’ au demeurant si à cheval sur la tradition de ce repas pascal a oublié de faire ses fameux « œufs mimosa ».
Après le repas que nous avons partagé avec Djélika et sa maman, une petite sieste sur le canapé anti-C s’impose. À la TV, une émission musicale autour de la célébration du 250e anniversaire de la naissance de Beethoven. Quel plaisir d’écouter la 5e et une autre pièce dont je n’ai retenu que la traduction française « la Paix et la Joie », écrite, nous explique le commentateur, en prélude à la 9e, le fameux Hymne à la joie, une pure merveille.
Il y a des années, en répondant à une connaissance qui s’étonnait que l’on ne parle pas de musique classique chez nous (les Africains), de lui rétorquer que nous avons nos épopées mandingues chantées par les griots, des classiques du Congo et autres musiques d’Afrique australe, d’Afrique du Nord … Nos classiques sont bien présents. La musique classique est universelle.
Je repense à mes années de musique, forcée par Pap’Téo. À 8 ans, c’est difficile, surtout que j’avais l’impression d’être à l’école bis. Apprendre par cœur le solfège, c’était comme une punition avec cependant des moments de réconfort lorsque nous allions (avec mes deux grands frère et sœur) voir et écouter les professeurs qui s’entraînaient. M. et Mme Ba sa femme jouaient au piano, lui sûrement un virtuose ignoré du public. Nous allions aussi voir et avec un grand plaisir Samba Diabaré et d’autres musiciens traditionnels, répéter au théâtre du Palais, avenue Roume à l’époque. Je me surprends par moment à vouloir me remettre à la musique, au piano surtout !
En ce moment Barry Lyndon, film qui m’avait marquée à l’époque. Dommage, car c’est l’heure de la chronique, alors difficile de suivre
La maladie C. est toujours là à rôder, les chiffres sont inquiétants et notamment aux USA où 80 % des personnes atteintes qui ne s’en sortent pas sont en surpoids et surtout chez les hommes en surcharge abdominale.
Connaissant la situation au Sénégal, cela doit nous faire réfléchir et l’occasion est belle pour enfin arriver à une diversité alimentaire pour contrecarrer nos carences. Et Pr. Tiatiaka de rajouter « c’est le moment de rajouter dans le panier anti-C tous les légumes qui peinent à être évacués dans les marchés, de solliciter les vendeurs d’œufs, pour les sels minéraux indispensables à notre équilibre alimentaire … »
Alimentation des Sénégalais à réinventer !
Et la maladie amène aussi de bonnes nouvelles, on sort du coma, on guérit … alors pensée solidaire pour cousin Claude, de Paris, il faut y croire.
Annie Jouga est architecte, élue à l’île de Gorée et à la ville de Dakar, administrateur et enseignante au collège universitaire d’architecture de Dakar. Annie Jouga a créé en 2008 avec deux collègues architectes, le collège universitaire d’Architecture de Dakar dont elle est administratrice.
Surendettement, baisse des recettes, ruptures de réactifs et de médicaments, pannes en série et défaillances graves de l’infrastructure, deux ans après certains des engagements pris pour redonner à l’établissement sa dignité ne sont tenus qu’à moitié
Fonctionnement et prise en charge des malades: les praticiens de Le Dantec sifflent la fin de la récréation et avertissent l’Etat (Déclaration)
« Il y a un an devant la situation difficile que traversait l’hôpital Aristide Le DANTEC (surendettement, baisse des recettes, ruptures de réactifs et de médicaments, pannes en série et défaillances graves de l’infrastructure), l’ensemble des praticiens de l’hôpital s’est investi dans l’inventaire des problèmes et a proposé des solutions à travers un mémorandum selon 5 axes :
- L’infrastructure
- Le projet d’établissement
- Le fonctionnement de l’établissement
- Les urgences
- L’équipement
Devant la vétusté de l’infrastructure, il avait été proposé de mettre l’accent sur le projet d’établissement. La réfection de plusieurs services et des blocs opératoires entamée depuis plus de 2 ans n’est toujours pas finalisée (le bureau d’accueil des patients, la salle commune de prélèvements, le bloc de l’urologie….) tandis que d’autres n’ont jamais démarré notamment pour le service de chirurgie plastique, de stomatologie, d’ophtalmologie, de chirurgie dentaire, et de kinésithérapie, ainsi que les locaux de la consultation externe.
En réalité, l’ensemble des services de l’hôpital est dans un tel état que l’administration de soins de qualité aux patients y est quasiment impossible. En plus, sont apparues des dégradations, pour la plupart liées au non entretien d’un bâtiment ancien mais aussi à la mauvaise qualité des travaux de réfection qui y sont effectués.
Le projet de reconstruction qui est la seule véritable solution devant cet état de fait, tarde à voir un début de réalisation, ceci malgré la finalisation de la rédaction et de la révision du projet d’établissement de l’hôpital selon les recommandations du Ministère de la Santé et de la Banque Mondiale.
Concernant le fonctionnement de l’établissement, l’audit de la masse salariale inscrit dans le mémorandum ne parait pas être une urgence pour l’administration de l’hôpital alors que le déficit en personnel qualifié est évident.
L’informatisation des services avance, mais risque de s’arrêter faute de budget. Le conseil d’administration ne joue toujours pas son rôle de contrôle des finances et des investissements et à ce jour les ruptures répétées et durables de médicaments et de réactifs persistent et les renouvellements de matériels (instruments de bloc opératoires, tables d’opérations, matériaux de laboratoires) ne sont toujours pas assurés.
Au niveau du service des urgences qui est la vitrine de l’hôpital, la prise en charge des patients continue de poser problème. La mise à disposition d’analyses, d’examens d’imagerie et de traitements urgents sans attendre le règlement des patients n’est pas effective.
Tous ces manquements rendent à suffisance compte de graves soucis de gouvernance (financière et organisationnelle) de l’hôpital. Le soutien apporté par le ministère de la santé est insuffisant pour régler les problèmes auxquels l’hôpital est confronté et l’impact attendu du travail réalisé depuis un an est largement en deçà de nos espérances avec comme principales raisons : l’insuffisance de la subvention ministérielle et le non-respect voire l’absence de procédures transparentes de gestion.
Néanmoins, l’hôpital Aristide le Dantec, malgré toutes ses difficultés, continue encore de participer de façon importante à la prise en charge des patients Covid depuis le début de la pandémie. Une partie des charges non négligeable a été financée sur fonds propres. A ce jour le nouveau service d’accueil des urgences de l’hôpital a été consacré à la prise en charge des cas graves ou oxygéno-nécessitants. Ainsi nous mettons à la disposition des populations 6 lits (extensibles à 10) de réanimation entièrement équipés et 16 lits pour patients à risque ou oxygéno-nécessitants.
Les activités de prise en charge des patients non Covid se poursuivent difficilement en raison des nombreux problèmes qui semblent ne préoccuper au quotidien que les médecins, le corps paramédical, et les usagers directement concernés.
Ainsi la CME,
- considérant et comparant les aides et financements reçus du fond de riposte à l’épidémie de covid contrairement à d’autres hôpitaux ;
- considérant que le niveau de résilience des praticiens aussi extraordinaire soit-il a atteint ses limites.
Les praticiens de l’hôpital se sont posé les questions suivantes :
- Comment avons-nous été formatés pour accepter de telles conditions de travail ?
- Devons-nous continuer de laisser faire ?
- Est-ce bien ce que nous voulons laisser en héritage sous le prétexte que notre pays est pauvre?
La communauté médicale de l’hôpital considère que tout ceci est un véritable affront à ses compétences. Elle pense qu’il est non seulement normal, mais même obligatoire de réclamer beaucoup mieux.
Désormais nous souhaitons mettre en avant notre obligation de moyens quoi qu’il puisse nous en coûter.
Nous voulons à travers notre plan d'action régler deux problèmes : la gouvernance locale et l'absence de considération des autorités.
Après avoir mis les patients devant toute autre considération et analysé les risques que nous leur faisons courir à vouloir pratiquer dans des conditions insupportables, c’est pour nous, l’attitude la plus responsable à adopter jusqu’à preuve du contraire.
Soyez assurés, chers compatriotes de toute notre bonne volonté vers une solution définitive des problèmes de notre Hôpital.
Nous comptons, à la suite de cette déclaration, organiser une conférence de presse afin de clarifier notre démarche auprès de la population. »
Fait à Dakar le 20 août 2021
La Commission Médicale d’Etablissements (CME)
De l’Hôpital Aristide le Dantec
URGENCE A L’HOPITAL ARISTIDE LE DANTEC
Les travailleurs de l’hôpital Aristide Le Dantec comptent désormais mettre en avant leur obligation de moyens face aux difficultés qui ne trouvent toujours pas solutions
Les travailleurs de l’hôpital Aristide Le Dantec comptent désormais mettre en avant leur obligation de moyens face aux difficultés qui ne trouvent toujours pas solutions après leur mémorandum soumis aux autorités il y a un an.
Urgence signalée à l’hôpital Aristide Le Dantec ! Au niveau du Service des urgences qui est la vitrine de l’hôpital, la prise en charge des patients continue de poser problème. La mise à disposition d’analyses, d’examens d’imagerie et de traitements urgents sans attendre le règlement des patients n’est pas effective. C’est la Commission médicale d’établissements (Cme) qui a sonné l’alerte hier, à travers un communiqué avant sa conférence de presse annoncée. Son combat, c’est de régler la gouvernance locale et l’absence de considération des autorités.
D’après la commission, il y a un an, devant la situation difficile que traversait l’hôpital avec un «surendettement, la baisse des recettes, les ruptures de réactifs et de médicaments, pannes en série et défaillances graves de l’infrastructure», les travailleurs avaient soumis un mémorandum. Il tournait autour de 5 axes, à savoir l’infrastructure, le projet d’établissement, le fonctionnement de l’établissement, les urgences, l’équipement. Aujourd’hui, ils constatent pour s’en désoler que «la réfection de plusieurs services et des blocs opératoires entamée depuis plus de 2 ans n’est toujours pas finalisée (le bureau d’accueil des patients, la salle commune de prélèvements, le bloc de l’urologie… )».
Tandis que, ajoutent-ils, d’autres n’ont jamais démarré, notamment le Service de chirurgie plastique, de stomatologie, d’ophtalmologie, de chirurgie dentaire et de kinésithérapie, ainsi que les locaux de la consultation externe. Ces praticiens de Le Dantec estiment que «l’ensemble des services de l’hôpital est dans un tel état que l’administration de soins de qualité aux patients y est quasiment impossible».
Ainsi, ils cherchent des réponses au retard lié à la reconstruction des locaux devenus vétustes. Autre chose soulevée par la commission, c’est l’audit de la masse salariale inscrit dans le mémorandum qui n’est pas encore fait. «L’informatisation des services avance, mais risque de s’arrêter, faute de budget. Le conseil d’administration ne joue toujours pas son rôle de contrôle des finances et des investissements. Et à ce jour, les ruptures répétées et durables de médicaments et de réactifs persistent et les renouvellements de matériels (instruments de bloc opératoires, tables d’opération, matériaux de laboratoire) ne sont toujours pas assurés», indiquent les travailleurs de l’hôpital Le Dantec. Ils jugent ainsi insuffisant le soutien apporté par le ministère de la Santé pour régler les problèmes auxquels l’hôpital est confronté, notamment les aides et financements reçus du Fonds de riposte à la pandémie de Covid-19, contrairement à d’autres hôpitaux. Compte tenu de tout cela, la Commission médicale d’établissements (Cme) souhaite désormais mettre en avant son obligation de moyens, «quoi qu’il puisse leur en coûter»
INSUFFISANCE RENALE ET COVID-19
Pr El Hadji Fary Ka demande une troisième dose de vaccin
Face à la troisième vague réputée plus contagieuse que les précédentes, les néphrologues font le plaidoyer à l’endroit du ministère de la Santé et de l’action sociale pour l’inoculation de la troisième dose de vaccin aux personnes souffrant d’insuffisance rénale. Face à leur état sanitaire précaire, Pr El Hadj Fary Ka chef de service de néphrologie de l’hôpital Aristide Le Dantec a déclaré qu’elles sont dans une situation immuno-déprimante. Toutefois, il a avancé que le taux de positivité tourne autour de 12% et la mortalité est de 10%. Ce qui est à son avis très important. Toutefois, il a déclaré hier, vendredi 20 août lors du point de presse journalière sur la situation du coronavirus au Sénégal que l’espoir est permis avec la vaccination qui est bien tolérée chez ses sujets.
L a forme grave est l’évidence chez les personnes porteuses de maladies rénales chroniques en général et chez les hémodialysés de manière particulière en cas de Covid. Selon le professeur El Hadj Fary Ka, pendant la première vague, 345 patients hémodialysés chroniques entre Dakar, Ziguinchor et Thiès ont été recensés. 109 parmi eux ont eu des tests Pcr et 11 voire 12% avaient développé la forme Covid 19. « Donc vous voyez, c’est extrêmement important le taux de positivité qui est autour de 12% » a-t-il déduit.
Pour le spécialiste, les patients étaient le plus souvent âgés et surtout avaient d’autres comorbidités comme le diabète ou l’hypertension. Ce qui l’amène à dire : « par ailleurs, les malades atteints d’insuffisance rénale chronique peuvent faire une Covid grave mais qui induit également une insuffisance rénale aigue chez les patients qui n’avaient aucune atteinte rénale au préalable ». Et de poursuivre : « le patient est doublement impacté par la Covid 19, soit il avait une insuffisance rénale chronique et avec la Covid 19, le patient fait une forme grave, hospitalisé en réanimation et le taux de mortalité est élevé ou bien il fait une forme grave de Covid hospitalisé en réa et là il peut développer une insuffisance rénale aigue qui est un facteur de surmortalité ».
PRESENTATION DE LA MALADIE CHEZ LES INSUFFISANTS RENAUX
Le coronavirus se présente chez les personnes porteuses d’insuffisance rénale par une baisse de l’immunité. Selon le professeur Ka, ces malades présentent malheureusement en plus de l’insuffisance rénale des comorbidités telles que l’hypertension artérielle, le diabète, les pathologies cardiovasculaires entre autres. Un risque accru qui s’explique d’une part par une baisse de l’immunité. « Quand on a une insuffisance rénale chronique, on a une baisse de l’immunité qui est très importante et en plus, ce risque est amplifié par le traitement qui est prescrit chez ces malades qui suivent un traitement souvent immuno suppresseur. Donc, ils ont un double risque de baisse de l’immunité, d’avoir l’insuffisance rénale en elle-même qui est un facteur de baisse de l’immunité et les médicaments pour traiter cette insuffisance rénale » a-t-il fait comprendre.
UN TAUX DE MORTALITE DE 10%
La plupart des insuffisants rénaux sont pris en charge dans les centres de dialyse. Selon le professeur Ka de l’hôpital Aristide Le Dantec, « on ne pouvait pas amener les dialysés dans les centres de traitement comme les autres malades. Une unité spéciale a été construite dans ce sens et c’est ainsi qu’au 14 août 2021, 417 séances d’hémodialyse ont été réalisées dans ladite unité pour 90 patients parmi lesquels malheureusement nous avons eu à déplorer 21 décès ». Un taux de mortalité élevé selon le néphrologue : « nous avons un taux de mortalité autour de 10%, c’est énorme. Parmi ces décès, 10 avaient une insuffisance aigue, des patients qui ont eu une forme grave Covid qui ont ensuite développé une insuffisance rénale aigue et qui sont décédés. Les 11 autres, c’était des patients suivis pour insuffisance rénale chronique et qui ont fait une forme grave Covid et qui sont décédés ».
CONDUITE A TENIR
Au vu de tous ces données, il est important que les patients en insuffisance rénale chronique, qu’ils soient en pré-dialyse, qu’ils soient dialysés et de même que les transplantés respectent scrupuleusement les mesures de prévention indiquées comme le lavage fréquent des mains, l’utilisation du gel hydro alcoolique ainsi que le port de masque. Cette recommandation est du professeur Ka. Et d’ajouter : « il y a aussi l’utilisation de ses propres effets. Ne pas les échanger, ne pas s’asseoir sur les autres lits des malades, éviter la promiscuité dans les centres de dialyse ainsi que de poursuivre le traitement médical ».
EVITER L’AUTOMEDICATION
Pour le professeur Ka, il ne faut pas changer de traitement sans l’avis de votre médecin et lui signaler tout symptôme car les malades qui sont immuno-déprimés font des symptômes à bas bruit et malheureusement ils sont reçus lorsque les symptômes sont très graves. « Nous avons constaté un retard de diagnostic dû au fait que le malade ne se signale pas trop tôt. Il faut éviter l’auto-stigmatisation, refuser la stigmatisation des autres. Parce que la Covid-19 n’est pas une maladie honteuse, c’est une maladie infectieuse comme toutes les autres » a-t-il déclaré. Et de poursuivre : «nous les exhortons à chaque fois qu’ils s’aperçoivent d’un changement tel qu’il soit, de se signaler au niveau de leur médecin ».
VACCINATION TOLEREE
La vaccination contre le coronavirus est bien tolérée chez les personnes qui sont hémodialysées comme transplantées. Selon le professeur Ka : « nous sommes bien placés pour le dire parce que sur 516 patients chroniques hémodialysés à Dakar, au moins les 347 soit 70% ont déjà bénéficié au moins d’une dose de vaccination. Et parmi ces 347 déjà vaccinés, nous n’avons noté aucun effet secondaire grave. Aucun, tout au plus, nous avons noté un syndrome goulipard. Vraiment, la vaccination est très bien tolérée ». Par contre, pour plus de sécurité aux malades du rein, le spécialiste a fait une suggestion pour une troisième dose de vaccin. «Quand on est immuno-déprimé, on a une réponse vaccinale qui est moindre par rapport à la population générale », relève-t-il.
COVID-19 : LES TRANSPORTEURS INVITÉS À SE FAIRE VACCINER
Dakar, 20 août (APS) – Le secrétaire général de l’Union des routiers du Sénégal, Gora Khouma, a invité, vendredi, les transporteurs et leurs familles à aller se faire vacciner, tout en continuant à respecter les mesures édictées par les autorités sanitaires pour combattre l’épidémie de Covid-19.
’’J’invite nos membres et nos familles à aller se faire vacciner, et à respecter les autres directives du ministère de la Santé notamment le port obligatoire du masque, l’utilisation du gel hydrologique pour désinfecter les mains et le respecter de la distanciation sociale’’, a-t-il dit lors du point quotidien sur l’évolution de la pandémie au Sénégal.
’’Nous sommes dans l’obligation de jouer notre rôle dans la lutte contre la pandémie à coronavirus afin de mettre fin à ce fléau parce que la covid-19 a porté préjudice à tous les acteurs routiers’’, a expliqué le syndicaliste.
Il a ainsi souligné la nécessité de poursuivre la sensibilisation dans les gares routières de transport urbain et interurbain.
’’Nous devons aussi continuer à sensibiliser nos partenaires que sont les passagers pour le respect strict des recommandations des autorités sanitaires’’, a ajouté Gora Khouma.
Insistant sur le fait que le secteur du transport est fortement impacté par la pandémie, Khouma a invité tous les usagers de la route à davantage s’engager dans la lutte afin que la maladie soit éradiquée du pays et du monde.
’’Au Sénégal, nous avons un interêt particulier à être parmi les premiers soldats à combattre ce fléau parce que notre transport est à genoux’’, a-t-il estimé.
’’Sur les lieux de chargement et de déchargement pour les gros moteurs, c’est le même problème. Nous devons donc continuer la sensibilisation’’, a-t-il de nouveau indiqué.
NOUVEL ARME DIPOMATIQUE TURQUE
COVID-19 - Le Sénégal a reçu, jeudi, de la Turquie 12 tonnes de matériel médical dont 50.000 doses de vaccin contre le Covid-19, a appris l’APS.
Dakar, 20 août (APS) - Le Sénégal a reçu, jeudi, de la Turquie 12 tonnes de matériel médical dont 50.000 doses de vaccin contre le Covid-19, a appris l’APS.
‘’Ce sont quelque 12 tonnes de matériel dont 50.000 doses de vaccin que nous venons de réceptionner de la Turquie’’, a tweeté, le ministre de la Santé et de l’Action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr.
Il a rappelé, à cet égard, que la Turquie est un pays ami avec lequel le Sénégal ‘’nourrit un partenariat de longue date’’
Ces 12 tonnes de matériel dont 50.000 doses de vaccin rentrent dans le cadre de la lutte globale contre la pandémie de Covid-19 dont une troisième vague frappe sévèrement le pays depuis plusieurs semaines.
L’arrivée de ces 12 tonnes de matériel médical avait été annoncée, le 10 août dernier, par le président de la République.
’’J’ai eu un entretien ce jour avec le Président Recep Tayyip Erdogan. Je lui ai exprimé notre solidarité au peuple turc suite aux incendies qui affectent la Turquie. Il m’a assuré du soutien de la Turquie dans la lutte anti Covid avec l’envoi de 12 tonnes de matériel médical’’, avait tweeté Macky Sall.
Depuis l’apparition du premier cas sur son territoire, le 2 mars 2020, le Sénégal a officiellement déclaré 71.628 cas positifs de Covid-19. Parmi les personnes ayant contracté le virus, 56.331 ont recouvré la santé, 1.648 sont décédées et 13.648 autres sont encore sous traitement.
Sur le front de la vaccination, 1.131.827 personnes ont été vaccinées depuis le lancement officiel de la campagne sur l’étendue du territoire national, en février dernier.
CORONAVIRUS : 175 NOUVELLES CONTAMINATIONS ET 05 DÉCÈS
Dakar, 19 août (APS) – Au total, 175 nouvelles contaminations au Covid-19 et 05 décès liés à la maladie ont été rapportés jeudi par le ministère de la Santé et de l’Action sociale.
"Sur 2751 tests réalisés, 175 sont revenus positifs, soit un taux de positivité de 6,81%’’, a indiqué le ministère dans son bulletin quotidien sur l’évolution de la pandémie.
Ces nouvelles contaminations enregistrées au cours des dernières 24h concernent 15 contacts suivis par les services de santé et 160 cas issus de la transmission communautaire recensés à Dakar (95) et dans d’autres endroits du pays (65).
Cinq (05) décès ont été enregistrés, mercredi.
Le ministère a rapporté que 427 patients ont été contrôlés négatifs et déclarés guéris alors que 55 cas graves sont pris en charge dans les services de réanimation.
Depuis le 2 mars 2020, le Sénégal a enregistré 71441 cas positifs dont 55744 guéris, 1641décès, 14055 patients sous traitement dans les centres dédiés ou à domicile.
Le ministère signale qu’à la date du 19 août, 1.129.176 personnes ont été vaccinées contre la Covid-9.
CORONAVIRUS : RÉCEPTION DE DEUX CENTRALES À OXYGÈNE
Dakar, 19 août (APS) - Le ministre de la santé et de l’action sociale a annoncé, jeudi, la réception de deux centrales à oxygène pour les hôpitaux de Dallal jamm et de Fann dans le cadre de la prise en charge de la Covid-19.
’’Nous avons réceptionné 2 centrales à oxygène de 40 m3 pour Dalal jamm et Fann. Celles-ci permettront de renforcer considérablement l’autonomie en oxygène de ces Centres de traitement des épidémies CTE’’, a indiqué Abdoulaye Diouf Sarr sur twitter.
Le ministère de la santé et de l’action sociale a réceptionné ces 2 centrales à oxygène sur une commande de 35 unités.
’’Elles seront installées à Fann et à DalalJamm. L’objectif est de renforcer l’autonomie des structures sanitaires en oxygène’’, souligne le département de la santé.
par El Hadj Hamidou Kaasé
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SURPLOMBER LE COVID-19 AU NOM D’UN COMBAT PERMANENT
EXCLUSIF SENEPLUS #SilenceDuTemps - C’est pour tenir ferme à l’idéal que j’ai basculé dans un autre registre du langage : la longue chanson dédiée à mon continent dont le destin ne se noue pas forcément aux évolutions d’une crise sanitaire
#SilenceDuTemps - J’avais, lorsque le nouveau Coronavirus avait dévasté nos cœurs en nous arrachant des êtres chers, signé quelques papiers, dont un hommage à Papa Diouf, dirigeant sportif de renommée mondiale. L’horizon incertain dans la grisaille des jours, j’écrivais pour faire face à mes peurs. J’écrivais pour inspecter un certain universel : le temps du monde était subitement dissous dans l’instant identique de son arrêt. Partout, le nouveau Coronavirus avait effacé les frontières et fait voler en éclats les nations pour nous exposer à nos fragilités communes, nos solitudes, nos angoisses. Affaissés, nos repères traditionnels : riches et pauvres, nord et sud, développés et sous-développés. La mort qui rôde rendait vains ces parallélismes. On le sait : rien ne peut être tiré d’un tel universel plutôt mortifère. Dès lors que le même sinistre s’installe sous le sceau d’une pathologie, j’ai pensé que les discours pessimistes ou optimistes n’avaient plus de sens. En revanche, il fallait juste faire face au nom de l’idée de justice qui, elle, depuis des millénaires, est increvable. J’ai préféré alors vivre à l’abri de l’idéal inscrit dans la figure de l’éternité d’un combat, plutôt que dans la croyance d’un après qui bouleverserait tout, surtout pour le continent africain. Pour ma part, une crise sanitaire imposerait plutôt quelques réformes dont on sait qu’elles n’ont pas la vocation de changer le monde. C’est donc pour tenir ferme à l’idéal, au principe affirmatif d’un pari, que j’ai basculé dans un autre registre du langage : la longue chanson dédiée à mon continent dont le destin ne se noue pas forcément aux évolutions d’une crise sanitaire. Il s’agissait, ainsi, de réaffirmer la permanence d’un combat et d’être ferme contre la tristesse des jours de terreur. J’ai plongé alors dans les moments de l’Afrique qui se dresse au-delà de la crise sanitaire. J’ai creusé pour retrouver de grandes voix dont le compagnonnage, lorsque l’incertitude et l’angoisse sont la règle, nous rappelle à notre devoir de vigilance, de lucidité et de courage. C’est donc au cœur de la crise sanitaire que j’ai écrit et publié ce texte mis en scène dans une vidéo réalisée par mon ami Pape Faye et ses équipes.
Afrique
À David Diop Mandessi qui nous montré les chemins de la poésie
La nuit traverse Dakar
flots de vagues nuageuses
échouées au loin des corniches
dans les sombres eaux de l’occident empli de vieux soleils
Doucement éclot le soleil de Gorée
l’aube enveloppe les clameurs océanes
halo de transparence
éclat de vie humide rayonnant
Surgit des abysses bleues
des ombres parties loin
dont les ombres sont toujours là
la pointe de l’Afrique qui hume de ses nasales millénaires
les spectres lointains
les souffles du monde
Surgit des échos de quatre cents ans de viol
mon matin de Cap Vert
bordé de silence
mon matin paré de mots neufs
de mots lueurs dans les allées sombres du temps
mon matin habité
ensorcelé
subjugué
matin debout de l’Afrique rebelle
Je suis cette voix qui rugit au soleil naissant des décisions cruciales
je suis l’Afrique mandésienne
au bout du rêve ample
de nos héritages pluriels
Nos générosités ont été bien défaites
je sais mais nous tenons au songe qui surprend
sentinelles de nos mémoires imparfaites
Je suis cette voix des gésines émancipatrices,
juché sur le toit du temps
je suis l’aube des terres colonisées
des lueurs florales du genre humain
je suis le cri primordial
la promesse initiale
je suis sapiens
je suis birrimien, éthiopien
je suis égyptien, saharien
je suis sahélien, nubien
je suis antique si ancien aux fond des brouillons précambriens
Je suis l’Afrique
au dos rebondi dressé
et au geste de baiser salé debout
humant les écumes des marées éperdues
de son nez épaté
debout
depuis les débris antiques
les éruptions volcaniques
les épreuves pyramidales
debout…
Je suis la clameur aurorale
des saisons de migrations sauvages
je suis l’anté
je suis le pré
je suis l’archéo
le paléo
je suis le commencement
le surgissement
le vagissement
comme les désirs aveugles les nuits de noces
Je suis le survivant des crimes contre l’humanité
debout dans le cœur des traites négrières
dans le cœur des annexions barbares
des apartheids ignares
des néocolonialismes périmés
je suis l’étrange des mondialisations capitalistes
le paria des démocraties inertes
dans le chœur mortuaire de représentations piégées
je suis le rire vivant
sauvage
banania
le sourire incandescent
puissant
qui illumine les poussées populaires
les révoltes atrabilaires
les colères salutaires
Je suis la terre
je suis le nouveau prolétaire
à l’assaut des sanctuaires mortifères
je suis la gueule sinistrée des midis échoués
dans l’abîme de l’Atlantique ensanglanté
dispersés par les vents de sables qui aveuglent les espoirs
anéantis dans les enclaves mortelles de l’Occident barricadé
je suis la sombre dépouille des jeunesses volées mais…
Je suis la vie
je suis la conscience des obstinations sourdes
je suis le petit matin du monde
je suis la furie aveugle des fureurs océanes
je suis le nègre gisant sur les plages
après les longues traversées du désert
de la mer
des enclaves
des lois meurtrières
je suis la jeunesse éclopée du monde
la laideur des marges
je suis la cendre des libertés incendiées
la cendre brûlante qui répand l’odeur âcre de l’égalité de la justice de la liberté
je suis le nègre des îles insurgées
le nègre des récits piétinés
le nègre négro des champs de coton de sucre
sur les routes
dans les caravelles primitives
Je suis le nègre des champs d’arachide
le nègre des plongées minérales
le nègre des refus séculaires
attentif au bout du petit matin à l’éclat ébène de corps tatoués
je suis le nègre aléatoire
le guérillero improbable …
Mais c’est le jour des résurrections
le jour des surrections
des insurrections triomphantes
le jour des noces enflammées
Je suis la force de vie qui monte
qui grimpe vers les altitudes inouïes
je suis l’increvable
l’inoxydable aussi loin
aussi longtemps que je remonte
dans le temps
Je suis l’Afrique des résistances intactes
des mémoires tenaces
je suis Chaka
je suis Samory
je suis Kimpa
je suis Biko
je suis Lumumba
je suis Funmilayo
je suis Mandela
je suis Cabral
je suis Zingha
je suis Machel Samora
je suis Kum’a Mbape
je suis Tamango
je suis Alinsitoye
je suis Louverture
je suis Lamine Senghor
je suis Nder au féminin
Nder en flammes du refus des oppressions
Nder des belles reines poétesses épiques des vers imprescriptibles
« Mourir libres plutôt que vivre soumises »
Dans la fièvre des tranchées de peine et de tendresse
je suis le poète des soleils nocturnes
je suis l’écho au présent de cette puissance stellaire aux noms inédits
moloyse
mandessi
labou tansi
u tamsi
césaire
senghor
damas
depestre
roumain
Et vous poètes invisibles des nuits de clair de lune
dont la voix seule est si clairement audible
conteurs de mes épopées immémoriales
Heureux ceux n’oublient point
qui savent vivre dignement
et connaissent du cœur le dictionnaire des prescriptions
heureux ceux qui écoutent les bruits de fonds de la scène du temps
qui se dressent pour la gloire
sur les chemins escarpés de la justice
heureux ceux qui savent ce qu’est le moment décisif
et montent au front du présent pour sculpter l’avenir selon leur volonté
Heureux les libres systématiques
les égaux du monde nouveau
de l’Afrique scintillante de mots nouveaux
Je sais bien
la vie est parsemée de pistes enchevêtrées
labyrinthes
dédales
sans haltes
je ne sais quel sentier risquer
mon rage me perd mais je défie les horizons ouverts
je sais que l’Afrique est en gésine
fruit des vigueurs tendues
de nos élans éperdus
croiser les indices
au hasard des détours
sur ces chemins qui ne mènent nulle part
je te suivrai alors terre mère
ombre de ton nombre
comptant les pas des surprises jusqu’aux confins de l’espoir
des signes constellés de ta silhouette
Au plus étroit des sentiers toujours tenir aux lueurs à venir
lors même avons-nous scruté la belle étoile
attentifs au ciel si clair
le long des nuits sombres
les symphonies n’éclairaient plus les sillons sinueux de nos rugissements
alors je puiserai au grenier vif les mots rebelles
et tresser le poème de nos combats impératifs
et les mots insoumis à l’assaut des citadelles rances
qui crient les péans égalitaires
des mots clairs
des mots Césaire
des mots Sédar
des mots Tansi
des mots Mandessi
des mots Mongo
des mots Thiong’o
des mots Dépestre
des mots Damas
des mots Fanon
des mots Anta Diop
des mots Soyinka
des mots Afrique pour sûr.
El Hadj Hamidou Kassé est philosophe de formation. Romancier, poète, essayiste, il a exercé en tant que journaliste dans le secteur privé et le service public. Ancien directeur général du Soleil, Kassé a publié, entre autres, Les Mamelles de Thiendella (Grand Prix de la République pour les lettres, 1995), Les Nuits de Salam, Les emblèmes du désir. Dans son élan poétique, il est un chantre de la beauté et de l’espoir.