A la clôture, hier, des travaux de la revue du code électoral, plusieurs points ont fait l’objet de discorde entre le pôle de la majorité et l’opposition. La majorité parle de deux points de désaccord, deux réserves et huit points qui ont fait l’objet de consensus. L’opposition liste, quant à elle, quatre points. La nouveauté c’est que maintenant, les militaires et les civiles votent le même jour.
Les travaux de la revue du code électoral ont butté sur des points de désaccord. Le pole de la majorité et celui de l’opposition ne sont pas tombés d’accord sur notamment 4 points sur les 12 qui étaient soumis à leur appréciation. Ces points seront probablement réexaminés au mois de septembre prochain. Le premier point qui a divisé les membres de la commission concerne la refonte partielle du fichier. Même si toutes les parties sont d’accord sur le principe de la refonte partielle du fichier, l’achoppement se trouve sur la radiation de tout électeur qui ne confirme pas son nom sur le fichier après une élection. «Nous ne sommes pas d’accord sur les dispositions de la refonte du fichier. Le pôle de la majorité veut que chaque électeur confirme s’il veut que son nom reste ou pas dans le fichier électoral. Et puis que tout électeur qui ne confirme pas soit radié du fichier électoral. Nous sommes opposés à cette proposition », a souligné le plénipotentiaire de l’opposition Déthié Fall.
L’institution d’un bulletin unique a également opposé la mouvance présidentielle et l’opposition. L’opposition souhaite l’établissement du bulletin unique pour éviter à l’Etat des dépenses sur le tirage des bulletins de chaque candidat, combattre l’achat de conscience, le bourrage des urnes et la rapidité du vote. Mais la mouvance présidentielle ne veut pas entendre de cette proposition. La majorité plaide pour le statut quo. Idem pour le nombre de députés. Si la majorité présidentielle veut faire passer le nombre de députés à 160 avec l’avènement des députés de la diaspora, l’opposition estime elle, que le quota des Sénégalais de l’extérieur doit être pris sur les 150 parlementaires.
Déthié Fall et compagnie ont également souhaité la modification du mode de scrutin aux élections législatives. Ils ne veulent plus du scrutin à majorité à deux tours. La mouvance présidentielle pense que le mode de scrutin ne doit pas faire objet de changement. Le rapporteur général du pôle de la majorité présidentielle, Me Ousmane Sèye pense que les travaux de la revue du code électoral ont été un succès. Car, il y a eu deux points de désaccord, deux points de réserve et 8 qui ont fait l’objet d’un consensus des membres de la commission. «C’est la synthèse faite par le président de la Commission électorale nationale autonome (Cena) qui a dirigé les travaux en présence de l’administration. J’ai été surpris d’entendre des membres de la commission (Ndlr, Me Babou du pôle des non alignés) dire que leurs préoccupations n’ont pas été prises en compte. Je me demande pourquoi ils sont restés jusqu’à la fin des travaux, alors qu’ils ont toujours menacé de bouder si leurs inquiétudes ne sont pas prises en charge», précise le rapporteur général du pôle de la majorité. A en croire Me Ousmane Sèye, les points soulevés par l’opposition n’étaient pas retenus au début des travaux. «C’est la Cena qui a rejeté les points auxquels ils font allusion, parce qu’ils ne font pas partie des 12 points. Nous n’avons aucun intérêt à nous réunir un mois sans avancer», soutient l’avocat.
LES MILITAIRES ET LES CIVILS VOTENT LE MEME JOUR
Par ailleurs, il y a eu un consensus sur plusieurs points qui constituent une avancée du code électoral. Désormais, les militaires et les civils vont voter le même jour.
C’est une manière selon le viceprésident de Rewmi, Déthié Fall d’éviter une fraude sur le vote des militaires. Car, il n’est pas prudent, à leurs yeux, de laisser les bulletins de vote des militaires dans les urnes pendant une semaine pour dépouiller. Les candidatures indépendantes, la carte électorale et l’encadrement de la caution ont fait objet de consensus. A cela s’ajoute le principe de la refonte partielle du fichier électoral.
LA COUR SUPREME RECADRE NAFI NGOM KEÏTA
POLEMIQUE AUTOUR DE LA DECLARATION DE BADIO CAMARA
Dans une lettre dont « L’As » détient une copie, le secrétaire Général de la cour suprême, Abdoulaye Ndiaye, a recadré Mme nafi ngom Keita, dans sa réponse au sujet de la déclaration de patrimoine que la présidente de l’Ofnac exigeait du premier président de la cour suprême, Mamadou Badio Camara et d’une partie de ses collaborateurs.
La très déterminée, désormais ex-présidente de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) Mme Nafi Ngom Keita est à la Une de quasiment tous les quotidiens, depuis qu’elle a été démise de ses fonctions et après sa décision de riposter devant la Cour Suprême pour excès de pouvoir contre le décret Présidentiel.
En exclusivité, «L’As» lève un coin du voile sur le contenu de la correspondance qu’elle a adressée le 27 mai 2016 au Premier président de la Cour Suprême Mamadou Badio Camara et la réponse servie le 14 juillet 2016 par le Secrétaire général de ladite Cour, Abdoulaye Ndiaye.
Se référant à la loi 2014-17 du 2 avril 2014 relative à la déclaration de patrimoine et au décret 2014- 1463 du 12 novembre 2014 portant application de la loi sur la déclaration de patrimoine, Mme Nafi Ngom Keita, dans la correspondance adressée au Premier président de la Cour suprême, a rappelé «que toutes les personnes exerçant les attributions d’ordonnateurs de recettes et de dépenses, d’administrateurs de crédits et de comptables publics, quels que soient l’appellation ou le titre qui leur sont donnés au sein de l’entité, sont concernées et soumises à la déclaration de patrimoine, dès lors que les opérations financières annuelles atteignent ou dépassent un milliard de Fcfa ».
Mme Keita d’ajouter que «les ordonnateurs de recettes et de dépenses délégués ou suppléants, les administrateurs de crédits délégués ou suppléants sont également assujettis au même titre que les titulaires». Elle précise dans le paragraphe qui suit, que par «opérations financières annuelles», il faut entendre «crédits et fonds reçus du budget général».
Retenant que le budget annuel alloué à la Cour Suprême est de 1 811 925 760 Fcfa, elle estime qu’il en résulte que le Premier président de ladite cour, qui est l’ordonnateur principal, «est assujetti, donc soumis à l’obligation de déclaration de patrimoine». En conséquence, elle donne un délai de quinze jours aux concernés, à la partir de la date de réception de la correspondance, pour se conformer à leur déclaration de patrimoine et fait ampliation de cette lettre au chef de l’Etat, au Premier ministre et au ministre de la Justice.
LE SECRETAIRE GENERAL DE LA COUR SUPREME LUI FAIT LA LEÇON
Dans sa réponse, le Secrétaire général de la Cour Suprême, Abdoulaye Ndiaye, précise à l’Inspectrice générale d’Etat qu’il faut comprendre par «opérations financières» les sommes effectivement reçues et gérées par l’institution et sur lesquelles elle peut effectuer des dépenses. Or, au titre de la gestion 2016, ce sont 846 063 000 Fcfa et non 1 811 925 760 Fcfa qui ont été alloués à la Cour. «Par conséquent, la Cour suprême ne pouvant effectuer des opérations financières que sur ce montant, qui est inférieur à 1 milliard de Fcfa, aucun de ses membres n’est assujetti à la déclaration de patrimoine», a répondu le Secrétaire général. Les 846 063 000 Fcfa sont répartis ainsi : 771 063 000 Fcfa pour le «Fonctionnement» et 75 000 000 Fcfa pour le volet «Investissement».
LA PNA INITIE «YEKSI NAA» POUR L'ACCESSIBILITE DE 118 PRODUITS AUX DISTRICTS SANITAIRES
DISPONIBILITE DES MEDICAMENTS GENERIQUES D’ICI 2017
La Pharmacie nationale d'approvisionnement (Pna) va lancer, aujourd'hui, un nouveau schéma logistique dénommé «Yeksi naa». C’est pour améliorer l'accessibilité des médicaments dans les districts sanitaires du Sénégal. D'ailleurs, un approvisionnement axé sur 118 produits est prévu au plus tard en janvier 2017. Contenu dans le plan stratégique 2014-2018 qui avait prévu l’identification du nouveau Schéma logistique directeur de la Pna (Sld) décrit dans la fiche de projet 7 du Plan stratégique de la Pna, ce concept a pour ambition d’assurer une distribution régulière et efficiente entre les entrepôts du niveau national situés à son siège, du niveau régional et des districts sanitaires des points de prestation de services. A savoir, les Postes de Santé, les Centres de santé, les Etablissements publics de santé (Eps) et au niveau communautaire. Ces informations ont été divulguées, hier, au cours d'une conférence de presse au ministère de la Santé et de la Prévention, en prélude au lancement de «Yeksi naa» au district sanitaire de Mbao.
Evoquant l'intérêt d'un tel plan, la directrice de la Pna, Anette Seck Ndiaye, a confié: «L’objectif c'est d'arriver en décembre 2016 à mettre à la disposition 1247 postes de santé des 76 districts sanitaires du pays 50 produits et de passer à 118 produits d'ici janvier 2017». «Ce modèle de distribution concerté va assurer une pleine disponibilité des produits de santé à tous les niveaux de la chaîne d'approvisionnement au profit des populations. Le nouveau modèle découle de réponses adressées aux goulots d'étranglement identifiés sur la chaîne d'approvisionnement. Compte tenu du degré d'intégration de tous les produits de santé du secteur public, l'identification de ce schémas a été concertée avec le projet Informed puch model (Ipm), qui a obtenu des résultats satisfaisants durant sa mise en oeuvre», a-t-elle renseigné.
Selon elle, ce modèle a «renforcé la chaîne logistique de la santé grâce à la formation, la supervision et l'assurance qualité dans le stockage, la distribution et l'utilisation de 10 produits contraceptifs. Ce qui a amélioré la performance de la chaîne logistique qui peut maintenant s'enorgueillir d'un taux de rupture inférieur à 2% pour tous les produits contraceptifs. Cela, grâce à l'expansion en moins de 2 ans du modèle à flux poussé informé aux 1408 Pps dans les 76 districts sanitaires des 14 régions médicales du pays».
Sur les résultats obtenus, Mme Ndiaye a indiqué : «Cette méthode a permis l'augmentation de 61% la consommation de produits contraceptifs en 25 mois et celle du taux de prévalence contraceptive de 12% en 2012 à 20% en 2014». Aussi, elle a rappelé que «la Pna occupe 13% sur le marché et le privé 87%. La collaboration a fait que ‘Jegesi naa’, la 2e phase du projet, a permis d'avoir 98% de disponibilité avec zéro rupture au niveau des points de prestation. Il y avait l'intégration d'autres produits du paludisme, du Vih et une gamme de produits de la planification familiale».
Concernant les avantages de «Yeksi naa», elle a souligné: «Il n'y a pas de dépenses faites par les structures sanitaires. Car il y a un système de recouvrement de fonds provenant du système de recouvrement. Ces médicaments destinés aux pathologies nouvelles et des médicaments à soins coûteux qui sont visés comme l'hypertension, le diabète, entre autres. Il constitue aussi un frein aux médicaments de la rue, le lancement est prévu le 4 août au district sanitaire de Mbao».
«NOUS MERITONS L’ACCOMPAGNEMENT DU MINISTERE DE LA JUSTICE»
MOUSTAPHA GAYE, COMEDIEN ET PRESIDENT de «RIROU TRIBUNAL» SUR LA 2STV
Devenu l’un des sketchs de théâtre télévisé le plus suivi, «Rirou Tribunal» est pourtant une idée très originale du greffier, Vieux Mac Faye. Selon le comédien Moustapha Gaye alias «Persidant», ce téléfilm, diffusé sur la 2Stv, vise à sensibiliser les Sénégalais sur leurs droits et libertés, mais surtout les amener à comprendre le rôle de la justice.
«Parce que la réalité, c’est que les Sénégalais ne savent pas trop le rôle de la justice. Certains ont la peur au ventre quand ils entendent tribunal ou procureur, juge et autres… Donc, nous travaillons à leur faire comprendre que ces personnalités sont là pour nous», explique Moustapha Gaye.
Et sur la mission qu’ils mènent pour sensibiliser l’opinion, l’artiste comédien estime que c’est une tâche du ministère de la Justice qu’ils sont en train de mener dans «Rirou Tribunal». Par conséquent, ils appellent le ministre Sidiki Kaba à soutenir leur initiative citoyenne.
«Nous voulons que le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Sidiki Kaba, puisse nous soutenir et même sponsoriser ‘Rirou Tribunal’. Parce que nous sommes en train de l’aider dans sa mission : rapprocher la justice des justiciable. Vous voyez qu’on sensibilise également sur les voies et moyens pour l’obtention de certains documents administratifs au tribunal. Donc, c’est en cela que nous pensons que nous méritons le soutien et l’accompagnement du ministère de la Justice», clame-t-il.
Mais au-delà des autorités gouvernementales, notamment et de la justice, la star de «Rirou Tribunal» s’ouvre aux autres bonnes volontés du pays. «On ne gagne pas beaucoup d’argent, parce qu’on n’a pas de sponsors. Et vous savez que ce sont les sponsors qui font bouger les choses. Nous appelons donc les bonnes volontés, les opérateurs économiques, les entreprises et autres structures à venir soutenir ce que nous faisons pour notre pays. Nous, le théâtre que nous produisons, c’est juste lancer des messages et sensibiliser les Sénégalais», ajoute «Persidant».
Marié et père de quatre enfants, Moustapha Gaye est agent commercial de profession et partage la scène avec une équipe très engagée et professionnelle, notamment Maya, Jean Michel...
IL ETAIT ACCUSE D'AVOIR ABUSE D'UNE DEFICIENTE MENTALE, SOURDE-MUETTE
S'il y a quelqu'un qui doit remercier le ciel, c'est bien Amadou Kâ, lui qui a échappé à une peine ferme de 10 ans. Poursuivi pour le délit de viol sur une déficiente mentale et une sourde-muette, le veinard a finalement bénéficié du doute.
On a l'habitude de dire que "le doute profite au prévenu". Dans le cas d'espèce, c'est comme une aubaine pour A. Ka, pour qui le procureur de la République avait requis le maximum de la peine en cas d'abus sexuel, qui est de 10 ans ferme.
Jugé hier pour viol sur une mineure qui de surcroît est une déficiente mentale, Il a été tout simplement relaxé au bénéfice du doute.
Les faits se sont passés le 08 juillet dernier. Le témoin, Lamine Fall a déclaré avoir aperçu la fille A. S en train de pleurer seule dans la rue. "Il y avait des gens qui étaient-là aussi. Ce sont eux qui ont dit qu’elle a été abusée", a déclaré le témoin à la barre. C’est par la suite poursuit-il, qu’il lui ont demandé de leur montrer son bourreau. Tout de suite, dit-il, la fille les a conduits vers la boutique du sieur Amadou Kâ, à côté de la forail.
Interpellé le boutiquier a nié avoir abusé de la fille en question. C’est par la suite que la fille, accompagnée de sa tante, sont parties à l’hôpital. Mais il faut à ce propos signaler que le premier médecin qui a consulté la fille a déclaré n’avoir pas de soupçons sur un quelconque viol. Parce que la fille marche très bien et il y a aucune trace de sang ou de sperme.
Sa maman, Aïda Diallo soutient devant la barre n’avoir fait aucun constat d’un acte de viol. Car la fille marchait très bien, pas de trace de sperme, encore moins de saignement ou habits déchirés.
L’avocat de la partie civile se basant sur le second certificat qui note une infection mais aussi sur le fait d'avoir désigné par deux fois le sieur Amadou Kâ, dans sa boutique et au commissariat, a demandé que Amadou Kâ soit déclaré coupable et emprisonné à 10 ans fermes.
Le Procureur dans son réquisitoire a indiqué pour sa part qu’A. S. est une élève à l’école des sourdes-muettes, car elle ne parle pas. Il estime que sa conviction est que l’acte de viol est sans conteste. Certes il y a rumeur, mais ce qui prouve l’acte sexuel, c’est que la demoiselle a par deux fois désigné Amadou Kâ comme l'auteur de son viol. Les circonstances du délit sont avérées, a dit le Procureur qui a également cité la lésion hyménale récente que prouve le certificat médical.
Mais pour la défense, le certificat médical n’a ni signature, ni cachet du médecin, mais seulement le cachet de son secrétaire. Le Procureur a également signalé qu'il y a un doute dans ce dossier puisque la maman de la victime, elle-même, a douté du viol. Il y a également le fait que le certificat a été délivré une semaine après l’acte, c’est-à-dire le 14 juillet. Toutes choses qui font que la défense a demandé la relaxe pour son client.
Finalement, le tribunal qui n'avait pas assez de preuves pour entrer en voie de condamnation, a relaxé A. Ka au bénéfice du doute.
ZAPPE, LE FSA SOUPÇONNE LE MINISTRE MANSOUR SY DE «TOUCHER DES RETRO COMMISSIONS»
SUBVENTION DE 300 MILLIONS ALLOUEE A QUATRE CENTRALES SYNDICALES
Le Front syndical autonome (Fsa) s’est offusqué, hier, lors d’un point de presse, de «l’attitude discriminatoire» du ministre Mansour Sy. En effet, les 15 centrales syndicales membres du Fsa accusent le ministre du Travail, du Dialogue social, des Organisations professionnelles et des Relations avec les institutions d’un «détournement portant sur la somme de 300 millions de francs Cfa». Cela, dans le cadre de la subvention destinée à l’ensemble des centrales syndicales.
Une «forfaiture» qui intervient à quatre mois des élections de représentativité. Voilà comment le Front syndical autonome (Fsa) interprète la décision du ministre du Travail, du Dialogue social, des Organisations professionnelles et des Relations avec les institutions d’allouer à seulement quatre centrales syndicales les 300 millions de francs Cfa de la subvention qui sont destinés aux syndicalistes. Aussi, pour tirer au clair cette situation, «le Fsa demande au ministre Mansour Sy de jurer sur l’honneur qu’il n’a pas conclu d’accord secret avec les centrales syndicales bénéficiaires pour toucher des rétro commissions».
«Ce qui s’est passé est une forfaiture. Il s’agit de fonds publics votés à l’Assemblée nationale pour la subvention de centrales syndicales», a précisé d’emblée, hier, Sidya Ndiaye, Secrétaire général de la Fédération générale des travailleurs du Sénégal (Fgts).
«La gestion des fonds publics obéit à des normes. Or, se désole le coordonnateur du Fsa, le ministre Mansour Sy a simplement fait fi de tout cela. Puisque lors de la fête du travail du 1er mai, le président de la République lui avait demandé de faire une consultation très large avec les centrales syndicales pour les appuyer dans leur fonctionnement».
«Pas de raison d’accepter qu’on enrichisse des directions syndicales»
Aussi, Sidya Ndiaye de s’interroger sur la base juridique de cette procédure. «Qu’il nous montre un document qui atteste que les quatre centrales, la Cnts, l’Unsas, la Csa et la Cnts/Fc, sont les plus représentatives. Monsieur le ministre Mansour Sy fait de l’alchimie. Il pensait que nous étions en train de dormir et qu’en faisant une communication laconique à l’Assemblée nationale le problème serait réglé», a tonné M. Ndiaye.
Selon le Fsa, «il n’y a pas de raison d’accepter qu’on enrichisse des directions syndicales au détriment des autres à 4 mois des élections». Sidya Ndiaye et compagnie voient derrière cet acte «une logique de prédation de ces fonds savamment planifiée, jetant ainsi dans la paysage syndical sénégalais une nouvelle raison d’exacerbation de la tension sociale».
«Monsieur le ministre n’a jusque-là pas encore publié l’arrêté portant répartition de ses fonds. Il n’est donc pas en mesure de nous éclairer sur les réelles motivations qui justifient un tel partage», a souligné Sidya Ndiaye qui promet d’aller «jusqu’au bout de la lutte», non sans avertir que «les choses ne font que commencer».
Pour les syndicats affiliés au Fsa, «il est temps que la lumière jaillisse. Nous demandons au ministre de jurer devant l’opinion nationale et internationale qu’il n’y a pas eu de rétro commission. Parce que la manière dont les choses se sont passées en catimini laisse présager un deal sur le dos des travailleurs. Et nous ne pouvons pas accepter que l’argent des Sénégalais servent à enrichir des syndicalistes. Cela, même si nous n’avons aucun contentieux avec eux».
Le Fsa une plainte contre le ministre devant la justice et au Bit
Le Front syndical autonome dit «refuser de laisser prospérer ce parfum de rétro commission qui risque d’impacter l’issue des élections de représentativité qui auront lieu d’ici à quatre mois». «Pourquoi allons nous accepter que certaines centrales syndicales disposent de trésor de guerre venant de fonds publics au détriment d’autres», a pesté le coordonnateur du Fsa qui compte mener la lutte sur le terrain.
«Le lion qui dort il faut le réveiller et c’est à ses dépends qu’il va l’apprendre», a ajouté Sidya Ndiaye qui, avec ses camarades du Fsa, compte «saisir le président de la République pour son arbitrage» et envisagent aussi de «porter plainte contre le ministre Mansour Sy pour détournement de fonds, en l’absence de base juridique déterminant le seuil syndical».
Il est prévu également, dans le cadre du plan d’actions, de saisir le Bureau international du travail (Bit) pour «violation des libertés syndicales». Ce, pour «contre carrer les tentatives de diviser et d’affaiblir le mouvement syndical». Le Fsa, dans la même veine, envisage des marches et des rassemblements devant le ministère du Travail. Aussi, il entend dérouler des campagnes de sensibilisations à travers le pays.
UNE PEUR BLEUE S’INSTALLE CHEZ LES POPULATIONS DE THIAWLENE
La mer a encore perturbé la quiétude des habitants de Thiawléne. Ce quartier, situé dans la commune de Rufisque Est, est rendu célèbre par une érosion côtière qui a fini par engloutir une partie de la localité. Et comme, chaque année, à la même période, la mer a débordé, malgré la construction d’une digue de protection de 730 mètres le long du littoral de Rufisque à hauteur de 3,5 milliards de francs Cfa.
En cette matinée du mercredi 03 août, les vagues se succèdent et se déchaînent sur le littoral, lèchent la berge avant de retourner à la mer. Des vagues de plusieurs mètres, lobant la digue de protection, se sont abattues sur les maisons riveraines et expulsées les résidents.
Cette furie des vagues a fini d’inquiéter les habitants du quartier. Cette dame trouvée devant chez elle, déboussolée, narre le drame. «Tout a commencé vers 8 heures. De grosses vagues ont frappé la digue et sont parvenues se frayer un chemin pour venir jusque dans nos maisons. Maintenant, nos maisons sont inondées», explique Ndèye Fatou Mbengue.
En effet, l’eau de mer amenée par une houle très forte traverse la digue de protection et la rue Ousmane Socé Diop pour accéder aux concessions. Pour cette mère de famille, «il est vrai que cette digue a atténué la force des vagues. Mais il faut le dire, elle ne constitue pas une solution durable contre l’avancée de la mer».
Les fresques laissées par les vagues sautent à l’œil nu. Impuissants, les riverains ne font qu’évaluer l’ampleur des catastrophes. «Il faut qu’on améliore cette infrastructure, sinon notre quartier risque de disparaître d’ici peu», lance la dame.
Sa voisine elle est nostalgique et se souvient de la distance qui séparait sa maison et la plage. «Pourtant, avant, pour aller à la plage, on faisait une longue marche. Mais aujourd’hui, les jeunes ne sont pas obligés de faire toute cette longue marche. Parce que la mer avance à une vitesse extraordinaire que tout le monde constate à l’œil nu», confie-t-elle.
Face à la récurrence des houles qui les empêche de dormir, ses femmes veulent être relogées dans une autre zone. «Chaque année, c’est la même chose qui se produit. Et à chaque fois, nos autorités ne font que nous offrir du riz et des matelas. Nous en avons marre, nous voulons d’autres maisons. Nous voulons quitter une bonne fois ce quartier», crie Ndèye Fatou Mbengue.
Boubacar Albé Ndoye, maire de la commune de Rufisque Est, est venu s’enquérir de la situation des populations. «On sait que c’est le prolongement de la digue qui s’impose. Et l’Etat est en train de faire beaucoup d’efforts avec le démarrage des travaux de la digue de Diokoul. Dans la foulée, c’est l’ensemble de la protection côtière de Rufisque qui va être refaite», annonce le maire.
Pour lui, «la digue ne peut pas être une solution face à l’avancée de la mer. Pour que l’avancée de la mer soit un mauvais souvenir pour les populations, il faut des brises lames qui vont arrêter les vagues en haute mer», ajoute-t-il. Et pour terminer, Boubacar Albé Ndoye propose comme solution le projet Dakar Gate, si cher au maire de la ville de Rufisque.
A L’ORIGINE, LE DEMANTELEMENT PAR LA DOUANE D’UNE CHAINE DE FRAUDE SUR LA PROCEDURE DU TRANSIT
GREVE ANNONCEE DU 17 AOUT DES TRANSPORTEURS ROUTIERS
Le Directeur général des Douanes s’est prononcé, hier, sur la grève annoncée par les transporteurs routiers pour dénoncer les tracasseries douanières et surtout l’immobilisation des bus qui ne respectent pas la législation douanière. Selon Papa Ousmane Guèye, tout cela résulte du fait que la douane a démantelé une chaîne de fraude qui utilise la procédure du transit pour contourner les procédures de dédouanement. Ainsi, des véhicules qui ne devaient faire que transiter par le Sénégal se trouvent en circulation dans notre pays.
En marge d’un séminaire de partage sur les plateformes informatiques douanières du ministère de l'Economie, des Finances et du Plan, organisé par la Direction générale des Douanes, hier, le Colonel Papa Ousmane Guèye a abordé l'actualité récente. Notamment les accusations portées par les transporteurs routiers du Sénégal qui affirment que la douane les soumet à des tracasseries et a même immobilisé plusieurs bus qu’elle trouve trop âgés. Selon le Directeur général des Douanes, il n’en est rien. C’est simplement un réseau de fraude sur les transits de véhicules qui a été démantelé.
«Chaque jour, nous découvrons de nouveaux modes opératoires. L'actualité récente parle des bus que les douanes auraient saisis et qu'il y a des tracasseries. En réalité, il n'en est rien. C'est un travail de tous les jours que les douanes font. Nous avons été informés par diverses sources qu'il y a des chaînes de fraude qui utilisent la procédure du transit chez nous pour contourner les procédures de dédouanement», a informé le Dg des Douanes.
Poursuivant, le Colonel Guèye indique : «Les transits sont des marchandises qui sont importées pour entrer au Sénégal et qui utilisent simplement notre territoire comme point de passage. Le point de destination étant un autre pays tiers, mais pas le Sénégal. Cela peut être la Gambie, la Guinée, la Guinée-Bissau, le Mali et même la Mauritanie. Et ce que certains font, c’est qu’ils viennent régulièrement nous déclarer le transit des marchandises qui, en principe, ne paient pas de droits chez nous et qui, parfois même, par la réglementation, ne peuvent même pas être dédouanées chez nous. Parce que c'est le cas des véhicules usagers. Mais après, ils les mettent en circulation dans notre pays».
Décortiquant le mode opératoire de ces fraudeurs, il a révélé qu’«ils lèvent les déclarations de transit, ils sont dispensés d’escorte. Et au lieu que ses marchandises se retrouvent dans les bureaux de sortie et quittent le pays, elles se retrouvent dans des villes de l'intérieur du pays, avec de fausses plaques d'immatriculations. Les douanes, avec les services de renseignement, arrivent à débusquer cette fraude et nous sévissons. Voilà de quoi il s’agit».
«Et aujourd'hui, comme le disait le chanteur, il est de bonnes mesures de porter presse. Mais ceux qui sont pris sont en train de payer. Et pas plus tard qu’hier (avant-hier), nous avons pris quelqu'un qui a trafiqué 3 bus et il a payé 20 millions de francs Cfa à Dakar extérieur. Pour nous, il n'y a aucun problème sur ce terrain-là. C’est l’eternel jeu du chat et de la souris. Il y a des fraudeurs que nous prenons, que nous verbalisons conformément aux textes, aux lois et règlements qui organisent notre travail. Les douanes ne font pas désordre et on outrepasse pas nos compétences», a-t-il clarifié.
Et pour ce qui est de la grève annoncée pour le 17 août prochain par des transporteurs routiers, regroupés au sein d’une association, le patron des Douanes sénégalaises a déclaré : «Il n'y a pas de négociations. Ce sont des gens qui ne dépendent pas de la douane. Ils ont déposé une plateforme de 27 points. Et sur les 27 points, il n'y a qu'un seul point qui concerne la douane».
DES UNIVERSITAIRES MISENT SUR LE PARTENARIAT INTERNATIONAL
Les universitaires ont entamé depuis hier, mercredi 03 août, une réflexion sur la recherche équitable (Rfi) en santé afin de recueillir des contributions sur l’initiative dans de partenariat international. Organisée par le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche en collaboration avec le Conseil pour la recherche en santé pour le développement (COHRED), Caast Net Plus et «pharmalys», la rencontre qui se déroule à Dakar, prend fin ce jeudi.
«Miser sur la formation», c’est la solution préconisée par le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche pour booster les initiatives de recherche surtout en santé dans le pays, mais en Afrique de manière générale.
Pour le professeur, Cheikh Bécaye Gaye, directeur général de la recherche, les initiatives ne manquent pas depuis quelques années, mais il faudrait œuvrer à amener les scientifiques à travailler ensemble pour plus de rendements. « Beaucoup de nos universitaires pratiquaient la recherche mais dans les laboratoires européennes où les commandes leurs étaient destinées. Ce qui faisait que beaucoup de nos maladies n’étaient pas pris en compte. Aujourd’hui, avec la nouvelle politique de l’Etat qui est de rendre dynamique la recherche, beaucoup de nos préoccupations pourront être résolues» a-t-il fait savoir. Pour ledit atelier, basé sur la recherche équitable (Rfi) dans le domaine de santé, il s’agit pour les organisateurs de recueillir les contributions sur l’initiative pour la recherche équitable des acteurs dans des cadres de partenariat international. Pour le professeur Gaye « il y a lieu de favoriser le partenariat international pour rendre nos interventions plus performantes».
Toutefois, il a estimé que sur le plan juridique, le Sénégal est confronté à un problème d’experts travaillant sur les contrats pour la protection des résultats issus de leur recherche. «Les bons avocats gagnent les procès. Au Sénégal, il faut une orientation de certains cadres sur ce domaine, pour investir le secteur et défendre les intérêts des africains. A défaut, on risque d’être doubler au plan international» a-t-il renchéri. Le professeur Mamadou Sangharé, directeur général de l’enseignement supérieur, pour sa part, a avancé que cet atelier arrive à son heure et constitue un véritable cadre d’échange entre experts sur une question centrale pour la recherche en général.
« Le projet (Rfi) vise la promotion d’une recherche équitable dans le cadre du partenariat nord Sud, en se basant sur les indicateurs ou paramètres définis par les parties prenantes des deux continents », a laissé entendre le professeur Sangharé. Sur les résultats, il est plutôt attendu des acteurs de travailler à consolider les contributions sur le Rfi, d’améliorer son application, comme outil d’utilisation par l’Union européenne et l’Union Africaine, mais aussi d’obtenir des engagements d’institutions essentielles dans la recherche et l’innovation en santé. Rappelons que le projet pour l’avancement de la collaboration entre l’union Européenne et l’Afrique sub-saharienne dans la recherche et l’innovation (Caast Net Plus) est un réseau de 26 organisations dont le Sénégal est membre depuis 2008. Il est constitué de plusieurs groupes de travail qui organisent des réflexions sur les défis globaux et font des propositions et recommandations aux décideurs politiques pour améliorer la coopération en Sciences Technologies et Innovation (STI) entre les deux régions.
"LES DÉPÔTS DE BOIS SONT HAUTEMENT SURVEILLÉS PAR L'ARMÉE GAMBIENNE"
Aly Haïdar, ancien ministre de l'Écologie, sur le trafic illicite de bois en Casamance
Fatou NDIAYE et Sidy BADJI |
Publication 04/08/2016
L'écologiste et ancien ministre de l'Environnement, Ali El Aïdar qui passe désormais le plus gros de son temps en terre casamançaise, revient, dans cet entretien, sur le trafic de bois dans la région méridionale du pays. Interrogé avant-hier, mardi 2 août, quelques heures seulement après son retour sur Dakar, il a indiqué qu'après l'annonce des mesures prises par le gouvernement pour lutter contre ce trafic illicite, la Gambie a décidé de tenir tête au Sénégal en mettant sous haute surveillance les dépôts du bois pris en zone sénégalaise. Mieux, a-t-il ajouté, seul une présence permanente sur le terrain et la pénalisation de la coupe illicite de bois peuvent mettre fin à l'action des braconniers. Ali El Haïdar s'est aussi attaqué au ministre de l'Environnement et du Développement durable. Son investissement dans la lutte contre ce trafic traduit son souhait d'avoir une meilleure gestion des ressources naturelles, a-t-il dit. Toutefois, à ceux qui trouvent dans son engagement une manière de revenir aux affaires, il rétorque que ses ambitions dépassent un retour au ministère de l'Environnement et du Développement durable, poste qu'il a occupé dans le premier gouvernement du Président Macky Sall.
Quelle lecture faites-vous des nouvelles mesures prises par les autorités étatiques pour lutter contre la coupe abusive de bois en Casamance ?
J'ai salué, avec beaucoup d'espoir, les mesures prises par le président de la République quand il a envoyé, le ministre des Forces armées, celui de l'Intérieur et de la Sécurité publique et le ministre de l'Environnement et du Développement durable pour répondre à ce fléau catastrophique. En tant qu'écologiste, j'étais très content d'avoir constaté que le président de la République a réagi fermement.
Maintenant, je viens du terrain, j'étais dans le Médina Yoro Foula, la semaine dernière, les dépôts de bois gambiens où il n'y a que du bois trafiqué, volé de notre pays, sont hautement surveillés par l'armée gambienne. Et, nous, les défenseurs de l'environnement, nous sommes pourchassés et poursuivis. Les dépôts se retrouvent dans un pays étranger, mais le bois est sénégalais. Les mesures d'opération coup de point ne s'auraient suffire. Il faut une présence constante sur le terrain. Il faut installer la terreur dans le camp des trafiquants. Parce qu'actuellement, la terreur est dans le camp des gens qui veulent protéger la ressource. C'est eux qui sont terrorisés. Les trafiquants sont nombreux, surarmés et soutenus par l'armée gambienne qui protège cette manne qui ne profite qu'à une élite gambienne. Le trafic rapporte 140 milliards de f Cfa à la Gambie. Et ces chiffres sont de la douane chinoise. Et le bois de vène en question vient du Sénégal. Je suis content des mesures qui ont été prises, mais elles ne sont pas suffisantes.
Où se trouvent ces dépôts de bois ?
Les dépôts les plus éloignés sont à 2 kilomètres à l'intérieur de la Gambie. Les plus proches sont à 400 mètres. Donc, vous avez la frontière sénégalaise et, à 400 mètres à l'intérieur de la Gambie, vous avez des dépôts de bois qui viennent du Sénégal et qui sont surveillés par l'armée gambienne.
Alors, à votre avis, que faut-il faire ?
Il faut rendre pénal le fait d'attraper un trafiquant de quelque bord que ce soit pour l'environnement. C'est cette absence de sanctions pénales qui a amené les exploitants chinois en Gambie. C'est parce qu'en Chine, on a rendu pénal, le fait d'agresser l'environnement, alors ils sont venus en Afrique. Ils disent qu'ici, c'est tellement facile de corrompre l'autorité. C'est tellement facile de tromper les gens. Ils se sont installés en masse et ils exportent 120.000 m3 de bois. Si une nation, comme le Sénégal qui était, à 2010 à 40.000 hectares de forêts dans la Casamance, à la frontière gambienne, entre 2010 et 2015 perds 10.000 hectares de forêts qui sont pillés, volés et trafiqués via la Gambie pour aller en Chine, cela ne profite pas à notre économie. Mieux, il installe tranquillement le désert.
Donc, il faut rendre pénal le fait de trafiquer le bois. Il faut faire comme le maire de Djalembéré. Il a fait un délibéré pour installer une brigade verte dans sa commune. Chaque village a une brigade verte qui lutte contre le trafic de bois. La gestion des ressources naturelles est une compétence transférée aux collectivités locales. Donc, ce sont les maires qui ont en charge la gestion de leurs ressources naturelles. Il revient aux maires de prendre leurs responsabilités. Enfin, quand on a 200 ou 500 agents et qu'on les amène à 1000 et que malgré tout le trafic perdure, c'est parce qu'il est permis.
Si vous allez dans le Boukiling, il y'a une dizaine de dépôts qui sont signalés où il y'a du bois qui appartient à des exploitants qui ont des permis de coupe. Ils ont des permis pour le bois de chauffe. Mais, ils coupent du bois de grume. Tous les camions qui transportent du bois de chauffe ont à l'intérieur du bois de grume qui est interdit de coupe. C'est tout ça qu'il faut prendre en charge et arrêter la corruption au niveau des agents des eaux et forêts. Et, pour arrêter ce trafic, il faut être intransigeant sur les lois. Quand on arrête un trafiquant de bois ou de charbon, qui pille les forêts, au lieu de payer une simple amende, il faut qu'il soit emprisonné. Il faut aussi une présence permanente sur le terrain. Par ailleurs, il faut planter. Chaque Sénégalais doit éprouver le besoin de planter un arbre. Si on plante une cinquantaine de caïcedrat ou une centaine de cocotier pour un nouveau né, il aura 10.000.000 de F Cfa entre ses mains à l'âge adulte.
Vous venez de la Casamance. Un de vos constats est que les dépôts de bois sont surveillés par l'armée gambienne. Qu'est-ce qu'on peut retenir d'autres ?
Honnêtement, le trafic a diminué. Mais, il est encore présent. Je ne peux pas concevoir qu'un gouvernement se permette de prendre des vacances dans ces conditions. Là-bas, les trafiquants ne prennent pas de vacances. En tout cas, les ministres en charge de cette question primordiale, il est hors de question qu'ils prennent des vacances tant que ce problème n'est pas réglé.
On a annoncé des patrouilles militaires dans la zone. Est-ce que cela existe toujours ?
Oui, les militaires sont présents dans la zone et il faut le saluer. Maintenant, il faut aussi revenir sur le bois saisi parce que, très souvent, le bois saisi est vendu au gré à gré et profite encore aux agents des Eaux et forêts.
Pour vous, il y'a des agents des Eaux et forêts qui sont complices des braconniers ?
Des agents des Eaux et forêts sont de connivence avec les trafiquants. Si, de temps à temps, les agents des Eaux et forêt arrêtent des trafiquants, on peut dire qu'ils font leur travail. Mais, le problème est que le trafic de bois est présent partout en Casamance. Donc, ça ne peut se faire qu'avec la complicité de certains agents des Eaux et forêts qui sont corrompus. Sinon, ce n'est pas possible.
Vous vous investissez trop dans la lutte contre le trafic de bois. N'est-ce pas une façon de reconquérir le poste de ministre de l'Environnement et du Développement durable ?
La plus grande ambition que j'ai, est celle d'un écologiste. Je veux que nos ressources naturelles nourrissent tous les Sénégalais et toute l'Afrique de l'Ouest. La mesure écologique qui fait que la forêt est capitale pour la pluviométrie, l'écosystème, l'élevage et l'agriculture, tout cela font que, bien sûr, j'ai une très grande ambition. Aux élections législatives, nous allons avoir des députés qui vont se battre pour aller à l'Assemblée nationale. Pourquoi voulez-vous qu'on laisse libre champ à d'autres gens pour gérer ces questions qui sont primordiales et capitales pour nous. Or, nous pouvons les gérer nous-mêmes.
Donc, votre ambition est de retourner au ministère ?
Je veux remplacer le Président Macky Sall, si je le peux.
Les brigades des Eaux et forêts manquent de moyens en Casamance. Est-il possible de travailler dans ces conditions ?
Quand j'étais ministre, j'ai remarqué que le Centre de suivi écologique (CSE) a un outil très performant pour localiser les feux de brousse. C'est ainsi qu'une fois j'ai appelé un responsable des Eaux et forêt pour lui signaler que la forêt brûlait dans son secteur. J'ai appelé le commandant de zone dont je ne citerai pas le nom, je ne parlerai pas de la zone pour qu'on ne puisse pas l'identifier. Il m'a dit qu'il n'a pas de véhicule ni de carburant. Je lui ai répondu: "vous avez un salaire qui tombe à la fin du mois et une tenue qui fait de vous le commandant des Eaux et forêts de la zone, si vous voulez que ça reste, allez éteindre le feu. Sinon, je vous limoge".
Le problème est que dans notre pays, les gens n'ont pas une culture du travail, mais une culture du profit. On n'émergera pas comme ça. Il faut que les gens aient une culture de travail et de rendement. Il faut donner des moyens, mais il faut aussi une volonté politique forte affirmée dans les plus hautes sphères de l'Etat de mettre un terme à cela.
Quelle attitude adopter vis-à-vis de la Gambie qui joue un rôle primordial dans ce trafic ?
Le président de la République avait très bien fait en fermant la frontière avec la Gambie pour la pousser à revenir à de meilleurs sentiments. Il fallait continuer cela jusqu'à régler tous les problèmes. Le trafic nourrit une mafia dirigée par l'Etat gambien. Il faut mettre toutes les questions sur la table et discuter.
La population est très pauvre dans les zones de coupes. En plus de cela, il y a la participation des ressortissants étrangers dans le trafic. Est-il donc facile de lutter contre le phénomène ?
Oui, bien sûr.
Comment ?
J'ai dis, et je le répète, si on me demande, par courrier, de régler le problème et donner carte blanche. Avec trois voitures pick-up, je règle le problème en trois mois. Je vais être sur le terrain en permanence. Je vais courir derrière les trafiquants et les mettre en prison. Il est impératif d'avoir une présence constante sur le terrain. Il faut des gens qui ont envie de résultats pour notre pays, des gens qui dorment et mangent dans la brousse et qui seront capables de faire face à ces trafiquants. On ne peut pas faire le combat en restant à Dakar.