Moustapha Yacine Guèye a vraiment du cran à revendre. Mouillé dans l’affaire de malversations présumées à l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (Artp) qui lui vaut une inculpation et une mise sous contrôle judiciaire, le patron de Mtl, actuellement en Chine où séjourne également le chef de l’Etat, s’est démené comme un beau diable pour se faire recevoir par le Président Macky Sall. Ses tentatives audacieuses n’ont servi à rien puisqu’il a été expulsé de la Résidence où loge Macky Sall par la garde rapprochée du Président.
Le patron de Magal Holding Limited (Mtl) Moustapha Yacine Guèye est un homme bien singulier. Il ne fait pas partie de ces personnes qui, du fait de leurs déboires judiciaires, préfèrent raser les murs. Bien qu’impliqué dans le dossier de malversations présumées à l’Artp encore pendant devant la justice, il a tenu à s’illustrer lors de la visite du Président Macky Sall en Chine.
En effet, à la surprise générale de la délégation sénégalaise, Moustapha Yacine Guèye, objet d’une inculpation accompagnée d’une mise sous contrôle judiciaire, est venu assister au Forum économique qu’animait le chef de l’Etat à l’intention des investisseurs chinois. Passé l’étonnement des premiers instants, les membres de la délégation présidentielle ont dû se faire à l’idée de côtoyer le boss de Mtl, d’autant plus que le Forum était ouvert au grand public.
Un soupçon ragaillardi par cette première approche, Moustapha Yacine Guèye qui a fini par s’habituer à la Résidence Dioyotay (où logent les membres de la délégation sénégalaise) tente le tout pour le tout et s’invite dans la Résidence 12 pour une audience avec le maître de céans Macky Sall.
Dans la journée d’hier, renseignent nos sources, «Moustapha Yacine Guèye habillé en Baye Lahad blanc et coiffé d’un bonnet Cabral est venu à l’hôtel du Président pour rencontrer ce dernier. On l’a signalé et les éléments de la garde rapprochée sont venus le chercher et le chasser», renseignent des sources qui n’en reviennent toujours pas de l’audace dont a fait preuve le patron de Mtl. De quoi voulait-il s’entretenir avec le chef de l’Etat ? Cherchait-il à plaider sa cause ?
Pour rappel, le patron de Mtl Moustapha Yacine Guèye a été inculpé, il y a plus d’un mois, par le doyen des juges pour détournement de deniers publics dans l’affaire de malversations présumées à l’Artp, dans le cadre de laquelle l’ex-Dg de l’Artp Ndongo Diaw est écroué depuis près de deux ans. Il lui est reproché d’avoir indûment perçu 1,8 milliard F Cfa après avoir bénéficié en catimini d’une licence de téléphonie de la part de Me Abdoulaye Wade à la veille de son départ du pouvoir.
Macky Sall mise sur le porte-parole de son parti, Seydou Guèye, à la mairie de la Médina, et sur son allié Youssou Ndour à celle de Gueule Tapée-Fass-Colobane. Le Président a ainsi pris au mot «L’enfant de la Médina» qui ne veut pas «gêner» son «ami».
A mesure que les Locales approchent, les ambitions se précisent. Dans les salons de l’Alliance pour la République (Apr), il se susurre des schémas pointus, ficelés, dessinés entre quatre murs. Deux communes font l’actualité au sein du parti présidentiel : Médina et Gueule Tapée-Fass-Colobane. Deux noms se détachent dans les plans de Macky Sall : Seydou Guèye et Youssou Ndour. Le chanteur avait été placé, dans les premières lignes d’investitures, dans son quartier natal et naturel, Médina. Mais les ambitions du secrétaire général du gouvernement sont tenaces.
Le Président a pris son allié au mot. En effet, invité de l’émission Sen jotay de Sen Tv en novembre dernier, le leader du mouvement Fekke ma ci boolé avait déclaré : «Youssou Ndour, c’est la Médina et la Médina, c’est Youssou Ndour. Je suis né à la Médina, j’ai grandi à la Médina, j’ai étudié à la Médina et j’y ai implanté des entreprises et le siège du mouvement Fekke ma ci boolé. Toutefois, il y a un de mes amis, en l’occurrence Seydou Guèye, qui a annoncé sa candidature à la mairie de la Médina. Si une telle volonté se matérialise, je lui apporterai un soutien indéfectible. Seydou Guèye est revenu au Sénégal à l’époque, pour appuyer la mise en œuvre du projet Jokko que j’avais initié. On l’a mené à bien ensemble, et au-delà de cela, on entretient de très bons rapports. S’il est élu maire de la Médina, c’est comme si j’étais maire de la Médina.»
Cependant, cette «générosité» ne cache pas non plus ses ambitions puisqu’il ajoutait : «Par contre, si au final, Seydou Guèye ne présente pas sa candidature, le mouvement Fekke ma ci boolé avisera et se prononcera sur la position à adopter.» Seydou Guèye, qui réagissait à ce «fair-play» politique de «l’enfant de la Médina», avait indiqué sur Rfm : «Je ferai acte de ma candidature le moment venu.»
Le Quotidien a appris que Macky Sall l’a déjà acté pour la Médina. Il sera donc le cheval de l’Apr qui prendra part à la course, au moment où Bamba Fall- même avant le décès du maire Biram Sassoum Sy- fourbit ses armes pour représenter les Socialistes, alliés dans Benno bokk yaakaar (Bby).
Seulement Youssou Ndour avait mis un bémol : «Le mouvement Fekke ma ci boolé sera partie prenante dans le cadre des prochaines élections locales. Nous sommes en phase de concertation pour savoir quelles localités nous allons briguer.»
Macky Sall veut, confie-t-on, que son ministre-conseiller «s’occupe» de la libérale Seynabou Wade à la mairie Gueule Tapée-Fass-Colobane. Le Président Sall compte sur la voix- et les voix- du chanteur pour récupérer cette commune voisine de la Médina.
Reste à savoir si Youssou Ndour concrétisera, d’ici aux Locales de juin, son adhésion annoncée à l’Apr ou s’il y ira sous la bannière d’une autre coalition. Etant entendu qu’il ne se considère plus comme membre de la coalition Bby, qui est, à ses yeux, «un groupe de pression».
«AVEC DES POLITIQUES PUBLIQUES PERENNES, IL EST POSSIBLE D’ERADIQUER LA FAIM ET LA MALNUTRITION»
MARCIA LOPES EX-MINISTRE BRESILIEN DU DEVELOPPEMENT SOCIAL
Une délégation brésilienne, accompagnée de la Directrice du Programme Alimentaire Mondial (Pam) au Sénégal a visité hier les cantines scolaires de la Case des tout petits de Tassette et de l’école élémentaire de Touba Peykouck. Une occasion pour Marcia Carvalho Lopes, ancien Ministre brésilien du développement social, d’affirmer : «avec des politiques publiques pérennes, il est possible d’éradiquer la faim et la malnutrition».
Le Brésil accompagne les 129 cantines scolaires du Sénégal qui constituent la cible du Programme Alimentaire Mondial (Pam). Pour en mesurer de prime abord l’impact dans les indicateurs de performances des apprenants, une délégation brésilienne, accompagnée de la Directrice du Pam au Sénégal a visité hier les cantines de la Case des tout petits de Tassette et de l’école élémentaire de Touba Peykouck.
Au terme de la visite et à la lumière des expériences vues, Marcia Carvalho Lopes, ancien ministre brésilien du Développement Social, a déclaré : «avec des politiques publiques pérennes, il est possible d’éradiquer l’insécurité alimentaire et la malnutrition ». La visite a permis de se rendre compte des progrès accomplis dans le système éducatif, notamment au niveau de l’élémentaire où le taux brut de scolarisation a évolué de 83,4 à 93,0 sur la période 2006-2013.
Ce qui atteste que l’atteinte du taux universel est bien à portée de main. Cependant, c’est au niveau de l’efficacité interne que le bât blesse véritablement, avec un taux d’achèvement dont le rythme de progression reste encore très limité. Mais il est apparu, à la lumière des résultats affichés par les écoles bénéficiaires, que les cantines scolaires constituent un intrant pour cette qualité tant recherchée.
L’école de Touba Peykouck, par exemple, a été créée en 1962 avec au départ un effectif de 37 élèves. Aujourd’hui, elle compte 566 élèves dont 297 filles. Selon Mamadou Bâ, Directeur de l’école, l’établissement reçoit chaque année 100 inscriptions au cours d’initiation (CI), enregistre plus de 72% de réussite au certificat de fin d’études élémentaires (Cfee), 100% à l’entrée en sixième et un taux d’abandon de 0% et de redoublement de 6%.
Selon lui, l’effet de la cantine scolaire soutenue par le Pam est positif. Il ajoute que l’équipe pédagogique et les parents d’élèves s’investissent déjà dans l’idée de pérennisation du projet, pour assurer la continuité en cas de retrait total ou partiel du Pam. C’est dans ce cadre, dit-il, qu’un projet de poulailler et de jardin potager est mis en œuvre dans l’enceinte scolaire.
Une initiative bien partagée par Ingeborg Maria Breuer, Directrice du Pam au Sénégal, qui affirme qu’il y aura un retrait graduel du Pam pour permettre aux cantines de commencer à se prendre en charge. Selon elle, les cantines sont également perçues comme des catalyseurs pour accélérer la cadence du développement agricole et c’est pourquoi le Pam a acheté beaucoup de riz dans la Vallée du Fleuve Sénégal, mais aussi du niébé et d’autres céréales à travers le Sénégal.
Accusée de complicité en écritures dans le cadre du dossier des produits phytosanitaires, Mboré Ndiaye, 32 ans, partage sa cellule de prison avec son bébé de deux mois. Comptable de métier en service au ministère de l’Habitat, elle continue de clamer son innocence et ses proches mènent la bataille pour la sauver d’une condamnation dans un dossier au fort relent politique, où elle est partie pour être un agneau du sacrifice.
Le placement sous mandat de dépôt de Mboré Ndiaye par le juge du deuxième cabinet charrie des vagues. Sous la tutelle de l’Agence comptable principale (Acp) qui est son supérieur hiérarchique, la Comptable avait pour rôle de confectionner les pièces qu’elle soumettait à son supérieur hiérarchique pour signature. Elle n’est pas membre de la commission des marchés, ni ne signe des chèques.
Ainsi, selon plusieurs spécialistes, Mboré Ndiaye ne peut nullement être mise en cause dans un tel dossier.
C’est au nom de ce principe que le doyen des juges Mahawa Sémou Diouf, saisi dans le cadre du dossier des produits phytosanitaires, lui avait accordé la liberté pour contestation sérieuse. Même le procureur de la République qui avait attaqué la décision à la chambre d’accusation a été débouté. Mais comme si le destin s’acharnait sur Mboré Ndiaye qui entre-temps s’était rendue aux Etats Unis pour accoucher, le dossier change de direction et atterrit sur la table de Samba Sall du deuxième cabinet. Ce dernier à la première audition la place sous mandat de dépôt, arguant qu’en matière de deniers publics, le mandat de dépôt s’impose.
L’avocat de la jeune dame exhibe l’arrêt de la Chambre d’accusation déboutant Serigne Bassirou Guèye, mais ne fait pas changer d’avis le juge. Les carottes sont alors cuites pour Mboré Ndiaye qui va rejoindre avec son bébé Aïda Ndiongue et Marième Bousso au Camp Pénal. «Je ne pardonnerai jamais à la justice sénégalaise de l’avoir traînée dans la boue, car Mboré est une jeune dame qui a fait la série G, puis l’Ensut où elle a obtenu un diplôme en comptabilité, avant d’être recrutée à Sn-Hlm. Elle n’est pas du Pds ni de l’Apr. On a tout raconté à son sujet pour dire qu’elle a fui pour aller aux Etats Unis, ce qui est faux car elle s’y était rendue pour accoucher. Même son actuel patron, le coordonnateur du projet Canar Diop, a confirmé à la gendarmerie qu’elle avait un congé de maternité», confie un de ses proches, le cœur serré. «Comment peut-on l’impliquer dans une affaire de milliards alors qu’elle n’a même pas un sou», s’interroge notre interlocuteur.
En réalité, si l’on en croit son entourage, Mboré Ndiaye tire le diable par la queue. Elle a contracté un prêt pour envoyer sa maman à la Mecque et vit dans une maison en location-vente, qu’elle a obtenue avant même de travailler au Plan Jaxaay. «Aida Ndiongue a dit qu’elle ne connaît pas Mboré Ndiaye. C’est Aziz Diop qui les a présentées le jour de l’audition, au tribunal», confie un interlocuteur. Convaincus de l’innocence de Mboré Ndiaye, ses proches veulent qu’elle recouvre la liberté immédiatement. «Elle est légalement domiciliée et allaite un enfant de deux mois; le mieux aurait été de la mettre sous contrôle judiciaire en attendant que son innocence soit prouvée», concluent-ils.
MAHAWA SEMOU DIOUF ATTRAIT MAYORO MBAYE DEVANT LA BARRE LE 13 MARS
LE DOYEN DES JUGES D’INSTRUCTION RECLAME UN MILLIARD
Le doyen des juges d’instruction (Dji) Mahawa Sémou Diouf va faire comparaître l’homme d’affaires Mayoro Mbaye devant la barre le 13 mars prochain. Le magistrat instructeur, qui a visé dans la procédure les journaux «Enquête» et «l’Observateur» ainsi que les rédacteurs des articles incriminés, réclame 1 milliard aux organes de presse et à Mbaye.
Le feuilleton judiciaire qui est une première dans l’histoire du temple de Thémis connaît un rebondissement. Le doyen des juges d’instruction (Dji), après avoir servi une sommation interpellative à Mayoro Mbaye, l’attrait le 13 mars prochain devant la barre pour diffamation. Les journaux «Enquête» et «L’Observateur» ainsi que les signataires des articles incriminés sont cités dans la procédure. Mahawa Sémou Diouf réclame aux prévenus 1 milliard qu’ils devront payer solidairement en guise de dommages et intérêts.
Les conseils du juge, Mes Khassimou Touré et Boubacar Wade, pour ce qui est du quotidien «Enquête», s’intéressent à l’édition n° 787 du 28 janvier 2014 qui avait barré sa Une par ce titre «provocateur et d’une mesquinerie rébarbative» : «Affaire Maritalia : le milliardaire Mayoro Mbaye attaque le doyen des juges; il fait constater par un huissier, leurs échanges de sms».
Les conseils du Dji estiment que les propos relayés à la page 6 sont «fétides, déshonorants et ubuesques» et ont fortement et gravement entaché et souillé l’honneur et la considération de Mahawa Sémou Diouf. Ils ont principalement visé l’article 258 du Code Pénal. Ce dernier stipule que «toute allégation ou imputation d’un fait qui porte atteinte à l’honneur et à la considération de la personne ou du corps auquel le fait est imputé est une diffamation. (…) Elle est punissable même si elle s’exprime sous une forme dubitative ou si elle vise une personne ou un corps non expressément nommé, mais dont l’identification est rendue possible par les termes des discours, cris, menaces, écrits ou imprimés…».
Pour ce qui est de «L’Observateur», dans son édition n°3104 du lundi 27 janvier 2014, il est écrit à la page 7 : «Mayoro Mbaye expulsé de son domicile, le ministre de la Justice se saisit du dossier. Les actes de Mahawa Sémou Diouf sont décriés». Dans le texte, Mayoro Mbaye laisse penser qu’il a été expulsé de son domicile à Hann plage sur instruction du Dji. Il a également annoncé l’existence d’échanges de sms entre le magistrat et lui, mais n’a cependant pas livré le contenu des textos, laissant penser qu’il détient des preuves irréfutables de corruption et de concussion. Ce qui est «faux, malveillant et incongru», ont estimé les conseils.
Toujours dans l’article paru dans «L’Observateur», Mayoro Mbaye a estimé que le comportement de Mahawa Sémou Diouf à son égard était plus qu’atypique. Pour se plaindre, il n’a pas hésité à saisir la garde du Sceaux Aminata Touré et son successeur Me Sidiki Kaba. Les affirmations incriminées, qui ont largement été diffusées sur le toile, relèvent les avocats, portent atteinte «gravement, moralement, socialement et professionnellement à l’honneur et à la considération du juge».
L’EX-DIRECTEUR DU TRAVAIL ABABACAR DIOUF VOIT SES ESPOIRS S’ENVOLER DEVANT LE PARQUET GENERAL
CONDAMNÉ A CINQ ANS POUR ESCROQUERIE PORTANT SUR DES DENIERS PUBLICS
En détention depuis mai 2009 pour escroquerie portant sur des deniers publics, l’ancien directeur du travail Ababacar Diouf a été condamné à cinq ans de prison en 2012. Hier, il a fait face à la Cour d’appel pour espérer infirmation du premier jugement. Une demande dégagée en touche par l’avocat général qui a requis la confirmation, en attendant la décision de la Cour le 30 mai prochain.
A trois mois de son élargissement, l’ex-directeur du travail Ababacar Diouf a comparu hier devant la Cour d’appel pour solliciter l’infirmation du jugement d’instance qui l’a condamné à cinq ans de prison pour escroquerie portant sur des deniers publics. Une décision intervenue en juin 2012, après un séjour carcéral de trois ans. Le juge correctionnel avait frappé fort, plus que le représentant du parquet qui avait requis trois ans ferme. Outre la peine, il a été condamné à payer à l’Etat du Sénégal partie civile dans cette affaire le montant de 90 millions en guise de dommages et intérêts.
Un montant en deçà des 500 millions réclamés par l’Agent judiciaire de l’Etat. Le juge avait aussi ordonné la confiscation des biens du prévenu. Hier, l’espoir du prévenu de bénéficier d’une infirmation a été annihilé par l’avocat général qui a requis la confirmation du jugement d’instance.
Cependant, son co-prévenu, Ousmane Sy, poursuivi pour complicité et qui avait écopé d’un an avec sursis et une amende de 100.000 francs Cfa, a eu plus de chance. Alors que le juge correctionnel avait demandé le versement de sa consignation de 14 millions au trésor public, l’avocat général a requis à son égard la relaxe au bénéfice du doute.
Du coup, son conseil a demandé la relaxe pour son client et la restitution des 14 millions. Les faits reprochés aux mis en cause remontent à 2009, quand Ababacar Diouf était directeur du travail sous le magistère du ministre de la fonction publique et du travail Adama Sall. A cette période, le Sénégal avait bénéficié d’un financement de cent millions du bureau international du travail (Bit) pour les élections de représentativité syndicale.
Des fonds logés à la Société générale de banques au Sénégal (Sgbs). Le directeur du travail, par ailleurs ingénieur en informatique, avait facilité l’obtention du financement et était chargé de superviser les fonds. Ainsi, sous la pression dit-il de son supérieur hiérarchique, en l’occurrence le ministre Adama Sall, il signait des chèques sans vérification. Un scandale qui va s’effriter suite au rapport de l’Inspection générale d’Etat (Ige) et l’enquête menée par la gendarmerie.
L’enquête a révélé que les fonds étaient destinés à la réhabilitation du parc informatique des différentes inspections régionales. Des marchés fictifs attribués à Ousmane Sy, car aucune pièce ne justifiait l’achat d’ordinateurs. Le représentant du parquet avait accusé lors du procès d’instance les différents ministres qui ont défilé dans ce département d’avoir puisé dans ce fonds sans laisser de traces. Délibéré le 30 mai prochain.
Le 27 février sera un jour crucial pour Cheikh Béthio Thioune. Selon des sources proches du dossier, cette date a été retenue par la Chambre d’accusation pour statuer sur l’appel interjeté par ses avocats. Les sages de la Cour d’appel devront décider si le guide des Thiantacounes et ses coinculpés vont être traduits devant la Cour d’assises où s’ils comparaîtront devant un juge correctionnel.
Le feuilleton Cheikh Béthio Thioune suit son cours. La chambre d’accusation de la cour d’appel de Dakar va rouvrir le dossier, suite au recours introduit par les avocats du guide des Thiantacounes contre l’ordonnance de renvoi du doyen des juges d’instruction. Selon des sources proches du dossier, la juridiction du second degré va statuer sur la requête des conseils du Cheikh le 27 février prochain. L’enjeu sera énorme pour Cheikh Béthio Thioune et ses coinculpés.
En effet, la Chambre d’accusation va décider s’ils seront traduits devant la Cour d’assises, conformément à l’ordonnance du juge d’instruction ou s’ils vont comparaître devant une juridiction correctionnelle.
Le magistrat instructeur, après avoir fini son instruction, a rendu une ordonnance de renvoi devant une Cour d’assises. L’ordonnance du juge concerne le guide des Thiantacounes ainsi qu’une quinzaine de ses coinculpés. Car son chauffeur a été écarté du dossier suite à un non-lieu dont il a pu bénéficier.
Cependant, selon les conseils du Cheikh, celui-ci n’est aucunement mêlé à ce double meurtre de Médinatoul Salam. Il n’est même pas complice. Le non-lieu s’impose selon eux pour leur client ainsi que pour certains de ses talibés qui sont inculpés. Ainsi, le juge d’instruction ne peut pas les poursuivre tous pour meurtre ou complicité de meurtre et envoyer tout le monde devant la Cour d’assises. D’où l’appel interjeté contre l’ordonnance du magistrat instructeur.
Actuellement en voyage pour des soins après avoir bénéficié d’une autorisation de sortie de la part de la Chambre d’accusation, Cheikh Béthio Thioune risque une peine lourde s’il est traduit devant la Cour d’assises. Il a été inculpé pour le meurtre de deux de ses talibés Ababacar Diagne et Bara Sow qui ont été tués dans son domicile à Médinatoul Salam avant d’être traînés à un kilomètre pour être enterrés.
Le guide des Thiantacounes qui crie son innocence dans cette affaire n’a pas réussi à convaincre le juge d’instruction de Thiès qui avait initié le dossier, encore moins le doyen des juges d’instruction qui a rendu la pire des ordonnances que le Cheikh pouvait espérer.
Dakar, 22 fév (APS) - Les partis de l’opposition sénégalaise se sont mis en colère, à nouveau, contre la majorité, lors des discussions préalables à la réforme du Code électoral en prélude des élections locales du 29 juin prochain, rapportent samedi les quotidiens du pays qui donnent aussi des nouvelles du président Macky Sall.
Le Soleil rend compte des ‘’retombées de la visite de Macky Sall en Chine’’ et annonce ‘’des parcs industriels (qui) seront aménagés pour les entreprises chinoises’’. A l’appui, le journal met en lumière la photo témoin de l’échange d’amabilité du président Sall avec son homologue Xi Jinping.
En appel à son titre d’ouverture, Le Soleil met trois puces… à l’oreille du lecteur : ‘’Tourisme : la destination Sénégal autorisée’’ ; ‘’L’APIX vend les projets de l’émergence’’ et ‘’Lutte contre le terrorisme : agir globalement, selon le chef de l’Etat’’.
Par contre, en politique intérieure, les quotidiens mettent la gomme sur le coup de sang des opposants écœurés par les positions des partis de la majorité, au sein du comité ad hoc sur la réforme du Code électoral du Sénégal. Les travaux n’émergent plus, à cause de ces blocages.
‘’Cadence zéro’’, signale Sud Quotidien. ‘’Majorité et opposition ne s’entendent toujours pas sur le mode scrutin pour les prochaines élections locales fixées au 29 juin. Par contre, elles se sont entendues pour ne pas s’entendre’’, constate le journal, un brin philosophe.
Le Populaire souligne le boycott et note que l’opposition ‘’flaire un coup fourré de la majorité’’, sur fond de désaccord sur le mode de scrutin départemental. Son confrère de L’Observateur renchérit : ‘’Divergences persistantes sur le mode scrutin aux locales : l’opposition boude (…)’’.
La discorde habite le champ politique. Censé rendre la stabilité aux institutions de la République du Sénégal et apaiser les relations entre acteurs politiques notamment, le rapport de la Commission nationale de réforme des institutions (CNRI) continue de faire des vagues.
Après le pied de nez des opposants libéraux et le vague à l’âme d’éminents politiciens au pouvoir --freinés dans leur ardeur par le président Sall, le rapport de l’équipe du professeur Amadou Mahtar Mbow semblait manquer de soutiens. Ses éminences grises sortent de l’ombre.
Après les attaques de toutes parts contre le rapport de la CNRI, Walfadjri donne ‘’la parole à la défense’’, en l’occurrence Mamadou Lamine Loum, vice-président de ladite commission instaurée par le chef de l'Etat, Macky Sall. ‘’Nous n’avons fait qu’exécuter une commande politique’’, a soutenu M. Loum.
‘’Tout ce qui se dit ne nous ébranle pas’’, a répondu cet ancien Premier ministre. ‘’Personne n’a signé la Charte de bonne gouvernance avec des réserves’’, a-t-il dit-il à l’endroit des critiques venant du pouvoir. Il parle des conclusions des Assises nationales du Sénégal (1er juin 2008 - 24 mai 2009).
Selon cet économiste et ancien ministre du Budget, les travaux de la CNRI ont coûté 500 millions de francs CFA
MARIEME BADIANE, AWA NIANG ET DES FEMMES DE L’APR DISPERSEES A COUP DE GAZ ASPHYXIANT
Dans le cadre du plan de communication autour de l’acte 3 de la décentralisation, Ndèye Marième Badiane et Awa Niang (questeur) étaient hier dans la Commune de Sacré Cœur-Mermoz pour prêcher la bonne parole. Seulement, elles ont été dispersées à coup de gaz asphyxiant pulvérisé par des jeunes supposés proches de Barthélémy Dias.
Point de doute que la bataille pour le contrôle de la commune d’arrondissement de Sacré Cœur-Mermoz, jusque-là entre les mains de Barthélémy Dias, aura lieu. Même si on essaie de part et d’autre de tenir un langage diplomatique en privilégiant une sainte alliance en direction des locales à venir entre le Ps et l’Apr, le fait est que sur le terrain c’est une autre réalité qui se dessine. Ndèye Mariéme Badiane et Awa Niang qui étaient dans la commune de Sacré cœur Mermoz pour sensibiliser les femmes sur l’acte 3 de la décentralisation ne diront pas le contraire.
C’est à coup de gaz asphyxiant qu’elles ont été dispersées hier par des jeunes supposés proches de l’actuel maire de la commune. C‘est au moment de la discussion générale en effet qu’un groupe de jeunes non encore identifiés a actionné la bombe asphyxiante dans la salle, plongeant immédiatement les femmes venues en nombre dans une atmosphère indescriptible. Ça toussait de partout en effet avant que les femmes ne reprennent leurs travaux.
Faisant d’une pierre deux coups, Ndèye Mariéme Badiane a annoncé qu’elle va aller à l’assaut de la mairie de la commune de Sacré-Cœur Mermoz aux prochaines élections locales. Elle explique que c’est la commune dans laquelle elle vit depuis son retour de l’étranger. «J’y habite depuis 23 ans. Je partage tout ce que j’ai avec cette commune. Je veux donc la diriger», a indiqué Ndèye Mariéme Badiane qui ajoute que les femmes comptent bien jouer les premiers rôles cette fois-ci. «Quand je gagnerai la mairie, je n’oublierai pas les hommes. Mais il faut que les hommes sachent que les femmes joueront les premiers rôles pour ces élections».
Interrogée sur l’ambition de Ndèye Binta Gassama de l’Apr de diriger la commune de Sacré cœur Mermoz, elle répond que cela ne la dérange pas, en ce sens que certaines candidatures peuvent être considérées comme «de la coquetterie».
A propos de l’avant-projet de Constitution de la Cnri et qui soulève beaucoup de commentaires, Mme Badiane dit se ranger derrière la position de Macky Sall. «C’est à lui que revient la charge de diriger ce pays, sa position est donc forcément la position de Ndèye Mariéme Badiane. Si ce sont des critiques constructives, je suis pour. Si c’est maintenant parler pour parler, je n’ai pas de temps pour cela», a dit Mme Badiane qui en appelle à une coalition très forte autour de sa personne pour bouter Barthélémy Dias hors de la commune.
Les responsables du mouvement ‘’libérez Karim’’ et le secrétaire général de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (Raddho) se sont entretenu hier sur le dossier Karim Wade. Le secrétaire général de la Raddho, Aboubacry Mbodji, pointant du doigt plusieurs aspects «inconstitutionnels de la Crei», s’est dit prêt à accompagner les avocats de Karim Wade au nom du principe de l’Etat de droit.
Alinar Ndiaye, coordonnateur du mouvement national ‘’Libérez Karim’’, a un allié de taille dans sa lutte pour la libération du fils de Me Wade. A la tête d’une délégation d’une dizaine de membres, le coordonnateur dudit mouvement a été reçu par le secrétaire général de la Raddho Aboubacry Mbodji. Ce dernier, après avoir écouté l’exposé de Alinar Ndiaye sur «les violations des droits de Karim depuis son arrestation et l’impossibilité des accusateurs d’apporter la moindre preuve de leurs accusations», a affirmé que la Raddho, Ong équidistante des partis politiques, a toujours dénoncé la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) qui pose «d’énormes problèmes».
Pour Aboubacry Mbodj, il y a deux principes fondamentaux dans le fonctionnement des juridictions, que la Crei a violés. Il s’agit de la présomption d’innocence (avec les longues détentions) et de l’accès au recours. «Quand une personne est arrêtée, elle bénéficie de la présomption d’innocence jusqu’à ce que sa culpabilité soit établie par une juridiction compétente. Dans le cas d’espèce, nous avons vu que malgré les accusations qui ont été portées à l’encontre de Karim Wade et de tous les autres, on n’a pas eu suffisamment de preuves. Or en matière de droits humains le jugement est la règle et la détention l’exception; soit on a toutes les preuves et on le juge, soit on n’a pas suffisamment de preuves et on lui accorde au moins une liberté conditionnelle. Si on continue de détenir Karim après la première mise en accusation, la deuxième mise en accusation et qu’on va vers une troisième, cela devient problématique», martèle le secrétaire général de la Raddho.
Poursuivant ses griefs contre la Crei, Aboubacry Mbodj indique que cette juridiction ne favorise pas un procès équitable en interdisant le recours après jugement. De ce fait, le successeur de Alioune Tine salue «le courage des juges» de la Cour suprême. «La décision de la Cour suprême rendue le 6 février 2014, pour nous est une avancée parce que l’article 80 de la constitution a introduit la supériorité des conventions internationales ratifiées par le Sénégal sur les lois internes. Nous saluons l’arrêt rendu par cette Cour car il participe au renforcement de l’Etat de droit et de l’indépendance de la justice. Si la cour suprême a rendu cette décision, elle a reconnu que le droit à un recours est un droit fondamental et inaliénable», explique M. Mbodj.
Aboubacry Mbodj : «Il y a des dispositions dans la Crei qui sont anticonstitutionnelles»
D’après ce dernier, «il y a des dispositions dans la Crei qui sont anticonstitutionnelles et qui méritent d’être abrogées». Aboubacry Mbodj invite ainsi la Crei à respecter les dispositions de la constitution et des conventions signées par le Sénégal, car dans cette logique d’obstination le dossier «ressemble finalement plus à de l’acharnement qu’à la justice juste».
Réaffirmant sa neutralité vis-à-vis des chapelles politiques, M. Mbodj qui dit n’avoir jamais serré la main de Karim Wade laisse entendre que la Raddho va poursuivre la bataille. «Nous le faisons non seulement pour Karim Wade, mais pour les principes de l’Etat de droit et de l’indépendance de la justice». Dans ce cadre, il informe que les avocats de la Raddho sont prêts à accompagner ceux de Karim dans ce dossier.
Par ailleurs, dans le cadre d’une visite qu’il va programmer dans les prisons, M. Mbodj n’exclut pas d’aller rendre visite à Karim Wade.