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26 avril 2025
PAR Mamadou Ndione
LES CONFRÉRIES, PILIERS MÉCONNUS DU FINANCEMENT SOLIDAIRE
À travers des mécanismes de financement communautaire, un accompagnement spirituel continu et une médiation efficace des conflits, ces institutions traditionnelles façonnent un entrepreneuriat unique
Au Sénégal, la religion occupe une place centrale dans la vie socio-culturelle et les acteurs religieux un rôle de plus en plus visible dans le développement économique local. En particulier, leur implication dans les activités entrepreneuriales constitue un levier important pour de nombreux Sénégalais, notamment ceux issus de milieu modeste ou exclus des circuits classiques de financement.
Les confréries religieuses telles que les Tidjanes et les Mourides, les dahiras (groupe religieux ou association spirituelle à caractère musulman) et les leaders spirituels ne se contentent plus d’un rôle moral ou spirituel. Ils interviennent activement dans le soutien matériel, organisationnel et psychologique des initiatives économiques. Ils n’ont plus de fait ce statut d’observateurs passifs. Cet apport se manifeste sous différentes formes : financements communautaires, accompagnement spirituel et médiation en cas de conflit.
En tant que chercheur, j'ai étudié les dynamiques entrepreneuriales au Sénégal, notamment l'impact des acteurs culturels et religieux dans le secteur informel, ainsi que sur les mécanismes de gouvernance au sein des PME sénégalaises. J'explique ici comment les confréries islamiques sont devenues des piliers de l'économie du pays.
Le financement communautaire et solidaire
Dans un contexte où l’accès aux financements bancaires reste limité pour la majorité des entrepreneurs sénégalais, les communautés religieuses offrent des alternatives inclusives et accessibles. Les mécanismes de financement communautaire reposent principalement sur des cotisations volontaires, des dons, et parfois des prêts sans intérêt, dans le respect des principes de solidarité et de justice sociale prônés par les enseignements religieux, notamment l’islam.
Ces formes de financement sont le plus souvent organisées au sein des dahiras, des cercles religieux informels où les membres cotisent régulièrement. Les fonds collectés servent à soutenir les projets économiques des membres, en particulier les jeunes qui n'ont pas toujours les garanties exigées par les banques classiques. Il ne s'agit pas uniquement d'argent prêté, mais aussi d’un engagement collectif dans lequel la réussite de l’un est vue comme bénéfique pour tous.
En plus des cotisations, les dons de la diaspora jouent un rôle considérable. De nombreux Sénégalais établis à l’étranger envoient régulièrement de l’argent à leurs dahiras pour financer des projets communautaires ou individuels. Certains guides religieux, très influents, mobilisent également leurs fidèles autour de levées de fonds ponctuelles, souvent lors d’événements religieux.
Enfin, dans certains cas, les prêts sans intérêt sont proposés, notamment pour respecter le principe islamique de non-usure (riba). Ces prêts, souvent symboliques au départ, permettent de démarrer une activité génératrice de revenus. La confiance, la transparence et l’honnêteté sont essentielles, car le remboursement repose avant tout sur l’honneur, la dignité et la responsabilité morale de l’entrepreneur envers sa communauté.
Au Sénégal, les mécanismes de financement communautaire organisés par les dahiras échappent en grande partie à la régulation formelle de l’État. Celui-ci adopte à leur égard une attitude de non-intervention directe dans la mesure où ces pratiques sont perçues comme relevant de la solidarité communautaire. A notre connaissance, il n’existe à ce jour aucune taxation spécifique sur ces opérations, et elles échappent pour l’essentiel aux circuits fiscaux officiels.
Cette tolérance de fait s’explique par plusieurs facteurs. D’abord, les dahiras jouent un rôle social important. Ensuite, le poids religieux et politique des confréries au Sénégal rend toute tentative de régulation particulièrement sensible. Une intervention directe de l’État pourrait être perçue comme une atteinte aux grandes confréries religieuses, dont l’influence sur la société sénégalaise est considérable.
Enfin, les capacités limitées de contrôle fiscal dans l’économie informelle rendent difficile une surveillance systématique de ces circuits de financement.
Accompagnement spirituel et psychologique
Au-delà du soutien financier, les acteurs religieux offrent un accompagnement spirituel et psychologique essentiel à la résilience des entrepreneurs face aux nombreuses incertitudes économiques. L'entrepreneuriat au Sénégal est un parcours semé d'obstacles : accès limité aux ressources, concurrence étrangère quasi permanente, instabilité des marchés, et parfois échec pur et simple. Dans ce contexte, la dimension spirituelle devient un soutien moral déterminant.
Les guides religieux et responsables communautaires jouent alors un rôle de mentorat spirituel. Ils enseignent des valeurs de patience, de persévérance, d’humilité, de résilience face à l’épreuve, tout en rappelant que la réussite comme l’échec font partie du destin divin. Cette lecture religieuse permet de relativiser les difficultés et de maintenir une motivation intacte, même en cas de revers.
Par ailleurs, les entrepreneurs issus des confréries sont souvent accompagnés dès leur jeune âge à travers des rituels d’apprentissage religieux (apprentissage du Coran, formation à la morale islamique). Ces parcours renforcent non seulement leur endurance psychologique, mais aussi leur discipline personnelle, leur sens de responsabilité et leur capacité à gérer les pressions extérieures. En cas d’échec, le soutien de la communauté évite l’isolement social souvent néfaste, ressenti dans les parcours entrepreneuriaux plus individualisés.
Enfin, des rencontres collectives sont régulièrement organisées au sein des dahiras pour échanger, prier ensemble, et partager les expériences, y compris les difficultés entrepreneuriales. Ces espaces de parole renforcent la solidarité entre les membres et permettent de rebondir plus facilement après un échec.
Médiation et gestion des conflits économiques
Dans les PME sénégalaises, notamment celles issues des dynamiques communautaires, les conflits économiques sont fréquents. Il peut s’agir de mésententes entre associés, de litiges liés aux remboursements de dettes, ou encore de conflits de gestion. Dans ces situations, les acteurs religieux interviennent souvent comme médiateurs ou arbitres.
Grâce à leur légitimité morale et spirituelle, les chefs religieux ou les figures respectées de la communauté peuvent intervenir rapidement pour rétablir la paix sociale, éviter les procédures judiciaires coûteuses, et proposer des solutions négociées. Leur autorité n’est pas coercitive, mais repose sur la confiance et le respect des normes sociales et religieuses. Leur intervention est généralement acceptée de bonne foi par les parties concernées.
Ces mécanismes de médiation sont d’autant plus efficaces qu’ils s’inscrivent dans un cadre de gouvernance transversale, mêlant règles formelles et informelles, comme cela a été mis en évidence dans une étude sur la gouvernance des PME au Sénégal. Ils permettent une cohabitation harmonieuse entre échanges économiques et valeurs communautaires.
De plus, cette médiation n’est pas seulement curative ; elle peut aussi être préventive. Dans de nombreuses confréries, avant même le démarrage d’un projet, des discussions collectives ont lieu pour cadrer les responsabilités, définir les objectifs, et prévenir les risques de malentendus. En cas de désaccord, un responsable est désigné pour écouter, trancher et proposer des solutions pacifiques.
L’apport des acteurs religieux à la dynamique entrepreneuriale au Sénégal ne se limite pas à un rôle spirituel passif. Au contraire, ils se positionnent comme de véritables acteurs économiques, garants de la cohésion sociale, facilitateurs de financement, soutiens psychologiques, et médiateurs de proximité.
Il n’existe pas de base de données nationale recensant précisément le nombre de bénéficiaires de ces financements religieux. Les pratiques sont informelles, décentralisées, communautaires, donc peu documentées par les structures étatiques ou bancaires.
Dans un pays où les institutions formelles sont encore perçues comme éloignées ou inaccessibles par une large partie de la population, leur rôle constitue un complément essentiel aux dispositifs publics et aux mécanismes classiques de l’économie de marché. À travers leurs actions, c’est une forme de gouvernance alternative qui s’installe, plus souple, plus proche des réalités locales, et souvent plus efficace pour soutenir les entrepreneurs dans leur parcours.
L’aide fournie par les cercles religieux, notamment les dahiras, peut à la fois représenter une alternative à l’émigration économique pour certains, tout en servant de levier financier pour des projets migratoires bien structurés pour d'autres.
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LES CINQ OBSTACLES À LA MISE EN ACCUSATION DE MACKY SALL
L'initiative de Guy Marius Sagna serait-elle mort-née ? C'est ce que suggère le journaliste et expert judiciaire Daouda Mine, qui pointe du doigt plusieurs entorses au règlement intérieur de l'Assemblée nationale et à la Constitution
Le journaliste et chroniqueur judiciaire Daouda Mine a relevé plusieurs irrégularités dans la proposition de mise en accusation de l'ancien président Macky Sall, initiée par le député Guy Marius Sagna. Lors de son intervention dans l'émission "Ultimatum" de Seneweb, l'expert a décortiqué les failles juridiques et procédurales qui pourraient compromettre cette démarche.
Selon Mine, le règlement intérieur de l'Assemblée nationale constitue le premier obstacle majeur. "L'article 91 stipule clairement que les résolutions sont présentées uniquement par l'une des commissions, et non par un député à titre individuel", explique-t-il. Cette disposition rendrait donc la proposition de Guy Marius Sagna irrecevable en l'état.
Le spécialiste des questions judiciaires a également souligné l'exigence d'une majorité qualifiée pour ce type de procédure. "Pour mettre en accusation un président de la République, il faut l'approbation des trois cinquièmes des députés composant l'assemblée, soit 99 députés sur les 165, et non une simple majorité comme certains le pensent", précise-t-il.
La qualification juridique des faits pose également problème. "Le concept de trahison invoqué n'est pas clairement défini dans la législation sénégalaise. Depuis l'indépendance, aucun président n'a été jugé pour trahison au Sénégal", observe Mine, qui s'interroge sur la capacité des magistrats à qualifier ces faits en l'absence de jurisprudence nationale.
Par ailleurs, le chroniqueur note l'absence de fondements probatoires solides : "Aucun rapport officiel, comme celui de l'Inspection Générale d'État, ne cite explicitement le président dans les accusations portées."
Enfin, Daouda Mine met en lumière une confusion institutionnelle dans la démarche : "Il existe un flou sur la répartition des rôles entre l'Assemblée nationale, qui propose la mise en accusation, et la commission d'instruction de la Haute Cour de Justice, qui est chargée d'instruire le dossier."
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MOUSTAPHA DIAKHATÉ FUSTIGE LA CONFÉRENCE DE PRESSE DES PROCUREURS
Dans une sortie fracassante, l'ancien président du groupe parlementaire de la majorité accuse les hauts magistrats d'outrepasser leurs prérogatives et de se livrer à un "service après-vente" pour l'Assemblée nationale
Dans une sortie remarquée sur la chaîne Tele Sénégal, l'ancien parlementaire Moustapha Diakhaté critique sévèrement la récente conférence de presse tenue par plusieurs hauts magistrats, dont le procureur général près la Cour d'appel, le procureur de la République et le procureur financier.
L'ancien président du groupe parlementaire de la majorité n'a pas mâché ses mots, qualifiant cette intervention d'"honteuse" et "indigne". Selon lui, ces procureurs se seraient livrés à un exercice de manipulation qui soulève des questions sur leur indépendance et leurs motivations réelles.
"Ce n'est rien d'autre qu'un service après-vente pour l'Assemblée nationale", a-t-il déclaré, insinuant que les magistrats agiraient sous influence politique plutôt que dans le strict respect de leurs prérogatives constitutionnelles.
Moustapha Diakhaté remet également en question la légitimité même de la démarche, rappelant que selon lui, seul le procureur près la Cour suprême aurait compétence pour mettre en accusation des ministres devant l'Assemblée nationale.
Sur le fond, l'ancien député s'interroge sur la rigueur du travail présenté, évoquant un rapport de 178 pages assorti de 85 recommandations qu'il estime impossible à analyser sérieusement dans le délai imparti. "Ce n'est pas sérieux", a-t-il martelé.
Dans son intervention, Diakhaté a par ailleurs établi un parallèle avec des périodes troubles de l'histoire politique sénégalaise (1963, 1980, 1988), laissant entendre que cette conférence de presse s'inscrirait dans une tradition d'instrumentalisation de la justice à des fins politiques, notamment pour justifier des arrestations d'opposants.
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LE LOURD TRIBUT DES AMBITIONS MONDIALES DES LIONS
Face à l'Angleterre et l'Irlande en juin prochain, le Sénégal consent un effort financier exceptionnel de 250 millions FCFA. Un pari coûteux mais assumé par Augustin Senghor pour qui ces matchs de prestige sont la clé d'une préparation optimale
La Fédération Sénégalaise de Football (FSF) ne lésine pas sur les moyens pour préparer les Lions de la Téranga aux prochaines échéances internationales. Me Augustin Senghor, président de la FSF, a récemment dévoilé le montant colossal nécessaire pour organiser les rencontres amicales contre l'Angleterre et l'Irlande en juin prochain : environ 250 millions de francs CFA, sans même compter les frais de transport aérien.
"C'est cher, nous avons déposé la fiche d'opération auprès de l'autorité", a-t-il déclaré, précisant que ce budget couvre principalement les primes, l'hébergement, les déplacements sur place et les aspects médicaux.
Ces investissements considérables s'inscrivent dans une stratégie ambitieuse. Le président de la FSF a justifié le choix d'affronter des adversaires de premier plan, notamment l'Angleterre à Nottingham, malgré les réticences de certains observateurs : "Certains m'ont appelé en me disant 'Pourquoi tu as accepté de jouer l'Angleterre?' Je leur ai répondu que je veux jouer contre plus fort pour apprendre et progresser."
Ces matchs de préparation ont un double objectif : préparer les qualifications à la Coupe du monde 2026 qui débuteront en septembre contre le Soudan et la République Démocratique du Congo, mais également mettre les Lions dans les meilleures conditions pour la CAN de décembre 2025.
La Fédération espère également que les pays hôtes contribueront financièrement à l'organisation de ces rencontres, permettant au Sénégal de réduire quelque peu sa mise de fonds. "Nous sommes en train de discuter avec eux, on espère aussi qu'ils vont nous aider comme d'habitude dans ces pays", a ajouté Me Senghor.
L'ambition ultime des Lions de la Téranga reste claire : obtenir une troisième qualification consécutive pour le Mondial et, pourquoi pas, franchir un cap historique comme l'a fait le Maroc lors du dernier Mondial. "Je rêve franchement que le Sénégal soit le premier pays à amener une Coupe du monde de football en Afrique", a conclu Me Augustin Senghor, déterminé à ce que cet investissement financier substantiel se transforme en succès sportif historique.
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EN CHINE, DES ROBOTS COURENT UN SEMI-MARATHON HISTORIQUE
Ils ne battront pas de sitôt les records humains, mais les robots humanoïdes chinois ont franchi la ligne d'arrivée. Une démonstration spectaculaire où ces athlètes métalliques ont alterné foulées mécaniques et changements de batterie sur 21 kilomètres
(SenePlus) - En Chine, le premier semi-marathon au monde ouvert aux robots humanoïdes s'est déroulé samedi 19 avril 2025 à Pékin, selon les informations rapportées par Le Monde. Cet événement inédit a vu une vingtaine de robots, venus de tout le pays, parcourir les 21 kilomètres de course aux côtés des athlètes humains, ces derniers courant sur une piste séparée.
D'après l'article du Monde, le grand vainqueur de cette compétition d'un nouveau genre est Tiangong Ultra, un robot de 1,80 mètre pesant 52 kilos, qui a terminé la course en 2 heures 40 minutes et 42 secondes. Un temps honorable bien que largement supérieur à celui du vainqueur humain, qui a bouclé le parcours en 1 heure 2 minutes et 36 secondes.
Cette compétition, organisée dans l'« E-Town », une zone de développement technologique de Pékin, visait à tester les performances et la fiabilité des robots humanoïdes dans des conditions exigeantes. "Courir sur une piste, cela peut sembler un petit pas pour un humain. Mais pour un robot humanoïde, c'est véritablement un énorme bond", a déclaré Liang Liang, directeur adjoint du comité de gestion de l'E-Town, cité par l'AFP et relayé par Le Monde.
Selon les critères détaillés par le quotidien français, les robots participants devaient répondre à quelques exigences simples : avoir une apparence humanoïde, mesurer entre 50 centimètres et 2 mètres, et être capables de tenir debout et de marcher sur deux jambes. Interdiction d'utiliser des roues ou de courir à quatre pattes.
D'après les observations rapportées par Le Monde, certains robots couraient de manière autonome, d'autres étaient pilotés à distance par leur "entraîneur". Comme dans toute course d'endurance, des ravitaillements étaient prévus pour les machines : huit points répartis sur le parcours permettaient aux robots de changer de batterie. Le vainqueur, Tiangong Ultra, n'a eu besoin que de trois changements pour terminer l'épreuve.
"Nous avions collecté des données de coureurs professionnels et avions entraîné le robot à adapter sa foulée, sa cadence, son amplitude de pas et sa posture pour se rapprocher au maximum de celle d'un sportif", a expliqué Tang Jian, directeur de la technologie au Centre pékinois d'innovation sur les robots humanoïdes, selon les propos recueillis par l'AFP.
Pour Cui Wenhao, ingénieur de l'entreprise chinoise Noetix Robotics, cette compétition représente "une formidable impulsion pour tout le secteur de la robotique" et un véritable test grandeur nature pour les batteries, les moteurs et les algorithmes des machines, comme le rapporte Le Monde.
Selon l'analyse du quotidien français, cet événement permet également à la Chine d'affirmer ses avancées dans le domaine de la robotique, longtemps dominé par les États-Unis avec des entreprises comme Boston Dynamics.
D'après les observations des journalistes présents sur place, si les robots participants ont parfois connu quelques défaillances – l'un d'eux est tombé avant de se relever seul, un autre a percuté une barrière après avoir dévié de sa trajectoire – l'événement marque néanmoins une étape dans l'intégration potentielle des robots humanoïdes dans la société.
Le Monde conclut que le "grand remplacement" des athlètes humains par des machines n'est toutefois pas pour demain, tant les performances des robots restent éloignées de celles des sportifs humains.
DES MILITANTS RÉCLAMENT UN CONGRÈS EXTRAORDINAIRE AU PARTI SOCIALISTE
Un groupe de militants se réclamant du "Front pour la libération du PS" mobilise les coordinations pour forcer la tenue d'un congrès extraordinaire. Leur objectif : renouveler les instances dirigeantes d'un parti qu'ils considèrent comme moribond
Un mouvement qui se fait appeler Front pour la libération du Parti socialiste (FLPS) annonce une “révolte légale” visant à pousser à l’organisation d’un congrès extraordinaire de renouvellement des instances de ce “parti des masses” qui “n’est plus qu’un fantôme”.
“Nous avons lancé l’assaut légal : 44 signatures de secrétaires généraux arrachées en 4 jours, sans tambours ni trompettes, la preuve que le peuple socialiste respire encore sous les décombres”, a dit Daour Sagna, porte-parole du FLPS, lors d’un point de presse à Thiès, samedi.
‘’D’ici au 24 avril 2025, nous exigeons 80 signatures, symbole des 80 coordinations encore debout, pour convoquer un congrès extraordinaire, et le 25 avril 2025 à 17 heures, nous investirons la Maison du Parti, notre maison pour un sit-in historique”, poursuit le jeune socialiste.
“Nous y planterons l’étendard de la révolte légale, [et] nous y lancerons une pétition qui brûlera les doigts des indécis”, promet Daour Sagna, coordonnateur des enseignants socialistes du département de Thiès.
Il déplore que ”le Parti Socialiste, le parti des masses sociales, ce géant dont les épaules portèrent les rêves de Senghor, de Dia et de tous ceux qui firent du Sénégal une lumière pour l’Afrique, n’est plus qu’un fantôme”.
Pour illustrer ses propos, le jeune socialiste relève que ”de 30 députés hier, le PS ne compte qu’un seul député aujourd’hui, [et] de 120 collectivités territoriales, il n’en est qu’à une dizaine” actuellement.
Il ajoute, concernant l’état actuel du Parti socialiste, que ”de 138 coordinations autrefois vibrantes, seules 80 sont encore actives aujourd’hui”.
Pour motiver la démarche du FLPS, Daour Sagna invoque une clause des statuts du Parti socialiste, selon laquelle “des congrès extraordinaires pourront avoir lieu, sur décision du comité central ou à la demande de la moitié, plus une des coordinations”.
CAN U17, LE MAROC SACRÉ POUR LA PREMIÈRE FOIS
Les Lionceaux de l’Atlas triomphent devant leur public et succèdent au palmarès aux Lionceaux du Sénégal, éliminés en quart de finale.
Le Maroc a remporté samedi sa première Coupe d’Afrique des nations (CAN) des moins de 17 ans, en s’imposant en finale face au Mali, 4-2, à l’issue des tirs au but.
Les Lionceaux de l’Atlas, finalistes malheureux de l’édition 2023, ont dominé la rencontre sans jamais réussir à faire sauter le verrou adverse, au grand désespoir du public du stade El Bachir de Mohammedia.
Il ne restait aux Lionceaux, tenus en échec à l’issue pendant le temps réglementaire et même à l’issue des prolongations, que de s’appliquer lors de l’épreuve des tirs au but pour espérer soulever leur premier trophée.
De fait, les quatre tireurs marocains ont transformé leur tentative, contre deux tentatives ratées côté malien.
Les Lionceaux de l’Atlas triomphent devant leur public et succèdent au palmarès aux Lionceaux du Sénégal, éliminés en quart de finale.
La Côte d’Ivoire, bourreau du Sénégal, s’était emparée la troisième place, en battant vendredi soir le Burkina Faso aux tirs au but également.
ALIOUNE NDAO PLAIDE POUR UNE RÉFORME DE LA LOI SUR LA DÉTENTION DES PRÉVARICATEURS
Alors que plusieurs personnes poursuivies ont retrouvé la liberté après avoir payé une caution, l’ancien procureur de la Crei appelle à une modification urgente de la loi. Selon lui, il ne faut plus se contenter du remboursement des fonds détournés.
Ces derniers jours, une bonne partie des personnes interpellées dans le cadre de l’enquête sur la gestion du Fonds Force Covid-19, sont rentrées chez elles après avoir versé une caution. Pour le député Alioune Ndao, membre de la Haute Cour de Justice et ex-procureur de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), il faut vite changer la loi. Ci-dessous ses propos tenus sur Rfm.
«Je pense qu’il va falloir aller vers une modification de la loi. Ne plus se soucier du remboursement des fonds détournés mais plutôt laisser ces personnes en détention et saisir leurs biens par le biais de procédures de saisie dans les comptes bancaires, les immeubles et tout. Je pense que ça permet de les maintenir en prison et de mettre la main sur leurs biens.
Il faut modifier la loi si on veut éviter une telle situation, parce que normalement elle va se répéter. Même pour les personnes dont les dossiers ont été renvoyés devant la haute cour de Justice, si jamais elles sont poursuivies pour détournement de deniers publics, la loi leur permet d’aller faire le cautionnement.
Et donc pour éviter une répétition, il va falloir modifier la loi et non assister à des scènes de ce genre. Et l’opinion va s’offusquer en disant "kou am khalis do dem Kasso" (ceux qui ont les moyens paient pour échapper à la prison). Et donc pour éviter pareille situation, il faut aller vers une modification de la loi.»
PAR CHEIKH TIDIANE MBAYE
SANTÉ MENTALE, FRUSTRATIONS SOCIALES ET ILLUSION DU DIVERTISSEMENT AU SÉNÉGAL
Au Sénégal, il y a des douleurs qui ne crient pas. Elles traversent les rues, les maisons, les bureaux, les dortoirs universitaires et les marchés, habitent les corps sans trouver les mots pour se dire. C’est la souffrance mentale...
Au Sénégal, il y a des douleurs qui ne crient pas. Elles traversent les rues, les maisons, les bureaux, les dortoirs universitaires et les marchés, habitent les corps sans trouver les mots pour se dire. C’est la souffrance mentale, celle qui s’installe lentement, nourrie par les échecs répétés, le manque d’opportunités, l’absence d’écoute, le sentiment d’inutilité. Celle qu’on cache sous des rires, des statuts drôles, des vidéos virales et des buzz.
Frustrés mais connectés, blessés mais distraits, les Sénégalais vivent aujourd’hui dans une forme de déséquilibre affectif, psychologique et social. La déception face à l’école, à la politique, à la famille ou à soi-même produit un vide intérieur que beaucoup essaient de combler… par le divertissement.
Ainsi, le phénomène Cheikhou Chérifou — cet "enfant prophète" qui avait déchaîné les foules au début des années 2000 —, les confessions de Fatel Sow, les buzz de Diaba Sora, les lives mystiques de Kounkandé, les scènes surréalistes de Mollah Morgan, les vidéos virales de Fallou, l’exubérance de Nabou Dash, ou encore la moquerie cruelle dont fut victime la jeune femme ayant mal prononcé "Auchan", sont devenus des révélateurs. Ils offrent une émotion brute, une illusion de contrôle ou de proximité, un exutoire passager… alors qu’en réalité, ils détournent l’attention du vrai problème : une douleur collective non prise en charge.
Cet engouement pour l’insolite, le sensationnel ou le spectaculaire n’est pas nouveau. Il fait écho à l’hystérie collective suscitée jadis par la lutte avec frappe, et à l’admiration quasi religieuse portée à des figures comme Modou Lô ou Balla Gaye 2. Aujourd’hui encore, cet élan de fascination se projette sur des figures politiques comme Ousmane Sonko, porté par une jeunesse en rupture avec les élites religieuses et politiques traditionnelles. Là où les confréries offraient jadis un refuge, les nouvelles générations cherchent aujourd’hui d’autres formes de protection et de reconnaissance.
La victoire à la CAN en 2022, par exemple, a offert un puissant exutoire. Elle a momentanément anesthésié un peuple épuisé. Ce moment d’ivresse patriotique a même été instrumentalisé pour faire oublier la crise politique, la répression du front social, et l’arrestation de leaders de l’opposition. Mais une médaille ne soigne pas les maux profonds d’une nation.
Ce besoin de refuge, cette quête de sens et de valorisation sociale dans un monde où tout semble s’effondrer, est le symptôme d’une disharmonie sociale profonde. Il y a un désalignement entre les attentes des individus, les normes collectives et les institutions. Ce déséquilibre fragilise le tissu social et affecte la santé mentale des citoyens, qui n’ont ni les outils, ni les repères pour faire face.
Face à ce constat, il devient urgent de repenser notre environnement social. Il nous faut réorganiser la société pour en faire un cadre épanouissant, humain, bienveillant. Cela passe par la création d’espaces d’écoute et de parole, par une réduction de la pression sociale dans les interactions quotidiennes, et par la promotion d’un mode de vie plus sain et plus équilibré.
Voici quelques pistes concrètes pour contribuer à une meilleure santé mentale individuelle et collective :
Le sport régulier, pour l’équilibre physique et émotionnel
La spiritualité, comme ancrage et source de sens
La lecture, pour nourrir l’esprit et l’imaginaire
Une bonne hygiène de vie (sommeil, alimentation, repos)
L’usage modéré et fonctionnel des réseaux sociaux, pour éviter la surcharge émotionnelle
La valorisation de la parole thérapeutique, même informelle (amis, groupes de soutien, etc.)
Des politiques publiques de santé mentale, accessibles et visibles
Une éducation émotionnelle, dès le plus jeune âge.
Ce n’est qu’en remettant l’humain au centre que nous pourrons panser les blessures silencieuses qui rongent notre société. Il ne s’agit pas simplement de traiter les symptômes, mais de reconstruire une société où chacun a le droit de vivre dignement, d’exister pleinement, et d’être écouté sincèrement.
PAR ABDOULAYE AHMED SEYE
NI VENGEANCE, NI OUBLI, UNE CATHARSIS RÉPUBLICAINE
Le vote par l’Assemblée nationale de la loi d’interprétation de l’amnistie de mars 2024, bien qu’il s’inscrive dans un registre juridique, constitue un événement éminemment politique et symbolique. Il marque un moment de bascule...
Le vote par l’Assemblée nationale de la loi d’interprétation de l’amnistie de mars 2024, bien qu’il s’inscrive dans un registre juridique, constitue un événement éminemment politique et symbolique. Il marque un moment de bascule, une tentative de réinscription du pays dans une trajectoire de réconciliation, de reconnaissance des fautes, et de reconstruction démocratique. Ce geste, au-delà de son apparente technicité, est une forme de parole institutionnelle et mémorielle : il acte que les violences subies entre 2021 et 2024 ne relèvent ni de l’oubli, ni de l’indifférence, mais d’une histoire collective que le pays décide d’affronter lucidement.
Car ce fut bien plus qu’une opposition politique que le pouvoir en place à l’époque a cherché à faire taire. C’est un peuple tout entier qui a été confronté à une dérive autoritaire, marquée par la systématisation de la répression, l’instrumentalisation de la justice, et la banalisation des atteintes aux droits fondamentaux. Le pouvoir ne s’en était pas rendu compte, mais le peuple, lui, avait franchi un seuil : il était devenu révolutionnaire. Dans l’épreuve, il a acquis une conscience politique nouvelle, forgée par l’expérience directe de la brutalité d’État. Comme l’écrivait Sartre à propos de l’Occupation : « Jamais nous n’avons été plus libres que sous l’Occupation. » Cette liberté paradoxale naît du dévoilement des rapports de domination, et de la nécessité vitale d’y résister.
La répression, dans ce contexte, n’a pas seulement pris la forme spectaculaire que l’on associe aux dictatures les plus brutales. Elle s’est aussi exercée dans la routine des arrestations arbitraires, dans la violence banalisée des forces de l’ordre, dans le zèle administratif de fonctionnaires , parfois même dans l’indifférence générale. Le concept de banalité du mal, forgé par Hannah Arendt, trouve ici un écho saisissant : le mal ne s’impose pas toujours dans la cruauté, mais souvent dans l’ordinaire. Il devient un automatisme, une tâche accomplie , peut être , sans haine ni passion, mais avec une efficacité bureaucratique. Ce caractère dirimant du mal – sa capacité à neutraliser tout sursaut moral en se dissimulant dans l’ordre établi – est l’un des traits les plus inquiétants de la période écoulée.
Au demeurant, ce mal ordinaire n’aurait pu se perpétuer sans un mécanisme d’impunité soigneusement entretenu. L’absence de sanctions, le silence des institutions de contrôle, et la couverture légale offerte aux auteurs d’abus ont produit un climat où l’illégalité devenait une forme de gouvernance. La violence n’était plus l’exception : elle était intégrée à la gestion du pouvoir. Elle devenait un outil de régulation du dissentiment, un langage politique assumé.
La loi d’interprétation ne saurait être comprise comme une simple mesure procédurale. Elle est, en profondeur, un acte cathartique. Une tentative de réaffirmer les principes d’un État de droit à partir de l’expérience de leur déni. Elle est une reconnaissance des souffrances, mais aussi un miroir tendu aux anciens détenteurs du pouvoir. Ceux-là – politiques, intellectuels, religieux, journalistes – qui ont, par leur silence, leur rhétorique ou leur collaboration active, contribué à édifier une architecture d’oppression, doivent aujourd’hui faire acte de contrition. Non au nom d’un règlement de comptes, mais d’un impératif moral et démocratique. Car il ne peut y avoir de réconciliation sans reconnaissance. Pas de pardon sans lucidité.
Dans cette séquence où la nation cherche à reconstruire une mémoire politique lucide, il est moralement et historiquement inconcevable que certains anciens responsables du régime déchu s’expriment aujourd’hui avec autant d’assurance, parfois même avec condescendance, depuis les tribunes républicaines. Eux qui furent aux avant-postes du pouvoir – ou qui en validèrent les dérives par leur silence ou leur rhétorique – devraient, par devoir de conscience, faire preuve de retenue. Leur parole publique, en ce moment précis, ne peut être neutre. Elle engage une responsabilité devant l’histoire. Ceux qui n’ont pas su prévenir l’irréparable, ceux qui ont légitimé l’oppression, ceux qui se sont tus alors que la justice était instrumentalisée, ne peuvent aujourd’hui se dédouaner sans un minimum de lucidité morale. Le silence, dans leur cas, n’est pas un renoncement : c’est le seul hommage possible à la douleur des victimes.
Certains moments de l’histoire imposent le silence à ceux qui ont failli, la honte à ceux qui ont trahi et la justice à ceux qui ont souffert. Aujourd’hui est un de ces moments. Aujourd’hui, nous devons dire tout ce qui s’est passé, sans détour, sans compromis, sans faux-semblants. Car les crimes commis contre le peuple sénégalais entre 2021 et 2024 ne doivent pas rester impunis. Ceux qui ont tué, ceux qui ont ordonné, ceux qui ont justifié méritent la même punition et la même honte que les dirigeants nazis à Nuremberg.
Le moment politique que traverse le Sénégal est donc moins un retour à l’ordre qu’un passage initiatique. Il s’agit de penser une démocratie post-crise, non plus fondée uniquement sur l’alternance ou la légalité formelle, mais sur la mémoire, la redevabilité et la transformation des institutions. La vigilance citoyenne doit désormais être inscrite dans la culture politique, au même titre que le respect des lois. Ce n’est plus aux seuls gouvernants de garantir les libertés : c’est à la société tout entière de maintenir la promesse démocratique vivante.
La résistance populaire – multiple, protéiforme, pacifique ou militante – a montré qu’il est possible de briser le cycle de l’impunité. Elle est devenue un contre-pouvoir, un principe actif de reconfiguration du lien civique. Ce n’est qu’en maintenant cette tension démocratique que le pays pourra construire une mémoire politique apaisée et féconde. Et c’est aussi la condition pour que le droit, l’histoire et l’éthique cessent d’être des domaines cloisonnés, pour devenir les instruments conjoints d’un avenir plus juste.