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26 avril 2025
Culture
Les belles feuilles de notre littérature par Amadou Elimane Kane
ISSA SAMB DIT JOE OUAKAM, UNE ICÔNE DU MONDE DES ARTS SÉNÉGALAIS
EXCLUSIF SENEPLUS - Le grand artiste est parvenu à cet ultime paroxysme de la création et son œuvre, comme une pierre sacrée, nourrira plusieurs générations d’êtres de manière éternelle
Notre patrimoine littéraire est un espace dense de créativité et de beauté. La littérature est un art qui trouve sa place dans une époque, un contexte historique, un espace culturel, tout en révélant des vérités cachées de la réalité. La littérature est une alchimie entre esthétique et idées. C’est par la littérature que nous construisons notre récit qui s’inscrit dans la mémoire. Ainsi, la littérature africaine existe par sa singularité, son histoire et sa narration particulière. Les belles feuilles de notre littérature ont pour vocation de nous donner rendez-vous avec les créateurs du verbe et de leurs œuvres qui entrent en fusion avec nos talents et nos intelligences.
Issa Samb est sans conteste un créateur tout à fait unique dans le monde des arts du Sénégal. Eclectique et inclassable, il n’a pas cherché à composer, il a construit une œuvre qu’il a incarnée parce qu’il était à l’écoute de la vie tout simplement. Un artiste pur, authentique au sens humain qui savait dialoguer avec les autres par l’écriture, la peinture, la poésie. C’est cette alchimie qui nous est offerte dans Poto-Poto Blues.[1]
A travers un texte tout à fait étonnant dédié à Paul Lods, personnage singulier, peintre et enseignant, ami de Senghor et amoureux de l’Afrique, Issa Samb nous livre un récit où le « je » est un autre. Il raconte Pierre Lods qu’il connaît bien et s’approprie la beauté de la création artistique de son ami pour écrire un texte absolument poignant. Tout y est juste, émouvant dans la compréhension de la sensibilité de l’autre qui est aussi la sienne. Du coup, le lecteur s’élève à ce niveau de communion. La langue pour décrire les matériaux de la peinture, inspiration humaine de la nature, est splendide et possède une forte incarnation. C’est ainsi que les arts se rejoignent, il y a un réel partage de la beauté voluptueuse du monde. Lumière, couleurs, vapeurs de l’océan, drapé des tissus, ébène, cosmogonie enchanteresse, tout est rassemblé dans l’épaisseur saisissante, fascinante de l’Art Nègre.
« Lorsqu’on est l’autre, on a cet immense avantage de ne pas être trompé par les petites habitudes »[2], voici ce qui résume l’état d’esprit de Issa Samb qui se refusait toute vanité pour exprimer son art et pour vivre. C’est à travers le regard du double qu’il trouve la poétique de l’écrit, l’esthétique de la peinture, mouvement charnel, dense, il bâtit son œuvre dans le dialogue culturel qui réunit les artistes dans un monde parallèle où les frontières, les origines, les différences sont absentes. C’est un univers métaphysique, cérébral et humainement plein. « Nous devons aller ensemble à l’essentiel. A l’amitié. A la solidarité et à la fraternité. »[3]
Quel bel exemple que ce cheminement à poursuivre dans l’espoir que les hommes et le monde se transforment pour parvenir à cette grandeur humaine.
Chez Issa Samb, ce ne sont pas que des mots, il y a une authenticité palpable et déchirante dans cette déclaration à l’autre.
Courtisé par les marchands, les politiciens, Issa Samb s’est battu pour demeurer un homme libre. Selon lui, l’artiste ne doit appartenir à aucun clan, « la liberté est son [seul] parti »[4]. La lucidité qui l’accompagne tout au long de son existence en fait un homme douloureusement inconsolable. Il redoute la perte des valeurs humaines, l’absence de respect pour les morts « [qui] se suivent et ne se ressemblent pas »[5], la disparition des idéologies qui construisent un futur, l’accélération de la misère, de la terreur, de la souffrance. Il dénonce les injustices pour ceux qui mendient pour manger, « pour passer, pour travailler », et le pouvoir des finances imperméable à la douleur « des hommes squelettiques ».
C’est ainsi que l’artiste se réfugie dans la création qui ne saurait être mensongère ou habitée de calcul. Le verbe est magnifique et une esthétique flamboyante embrase les phrases de Issa Samb : « Moi, je crée le vent, le temps, je t’invente une vie avec plusieurs paliers […]. J’y pose des couleurs et attends que le hasard t’invente une réalité ».[6]
C’est cette quête de l’absolu, celle d’une humanité reconquise, qui traverse la vie, l’œuvre de Issa Samb et cela nous transporte dans une bouleversante vérité.
Cette belle justesse se retrouve dans sa poésie qui offre parallèlement une esthétique mystérieuse. La langue est d’une grande beauté naturelle, sans fard, sans maquillage. Le regard du peintre s’aiguise et les couleurs, les matières éclatent pour former une poétique singulière, « l’odeur de la poussière efface la couleur des fleurs ».[7]
Peinture, poésie, essai, théâtre, opéra, tous les arts nourrissent l’œuvre de Issa Samb car ils représentent la vie sous toutes ses formes.
Le grand artiste sénégalais est parvenu à cet ultime paroxysme de la création et son œuvre, comme une pierre sacrée, nourrira plusieurs générations d’êtres de manière éternelle.
Car l’art est indestructible, il n’est pas poussière dans le vent, il est l’expression de la vie, des particules qui peuplent la terre et les airs, de la conscience humaine et de la beauté des cœurs.
« Et le soleil répand ses lumières
Et ce sculpteur trace ses lignes molles sur ce basalte
Après Abuja, la capitale nigériane, le Food Tour 2025 pose ses “ustensiles” pour la première fois à Dakar. Organisé par CMD Tour, une entreprise implantée au Sénégal, depuis novembre dernier, au Monument de la Renaissance, ce rendez-vous qui accueille des sommités et acteurs des secteurs du tourisme, du commerce, de l’agroalimentaire et de la communauté diplomatique, vise à aider les pays à promouvoir leurs opportunités du tourisme mais également leurs opportunités d'investissement et du commerce.
Placé sous le thème : « Explorez les traditions culinaires mondiales; l’entrepreneuriat et l’innovation agricole. », cet évènement vise à aider les pays à promouvoir leurs opportunités de tourisme mais également leurs opportunités d'investissement et de commerce. « Nous avons pensé qu'il était important de rapprocher les pays pour faciliter les relations de commerce, surtout dans le domaine du tourisme en particulier le tourisme gastronomique qui devient de plus en plus important. Pendant très longtemps, c'est un secteur du tourisme qui a été très négligé. Donc il est important de promouvoir la diplomatie culturelle, la diplomatie économique et à travers nos produits locaux », a expliqué Cécile Mambo, co-fondatrice du CMD Tour, une entreprise implantée au Sénégal.
Ce rendez-vous a vu la participation de plusieurs pays qui ont exposé leurs produits. « On a les pays comme la Namibie qui ont amené certains de leurs produits agroalimentaires transformés. Vous avez au stand du Ghana les produits agricoles et ASPT qui a déposé le thieb Dijene. Donc, il est important de se réunir comme ça pour faciliter les relations entre les pays », a souligné la co-fondatrice de l’entreprise CMD Tour basée à Dakar.
De son côté, parlant au nom du corps diplomatique, Jean Koe Ntanga, Ambassadeur de la République du Cameroun au Sénégal, a insisté sur l’importance du tourisme dans la promotion de nos produits locaux. Selon le doyen du corps diplomatique, « Le tourisme s'il connait des frontières, il va promouvoir nos arts culinaires. L'agriculture est là. Je pense que cette manifestation est là pour que vraiment notre agriculture, de tous les pays puisse prendre un décollage. Parce que là aussi, il faut le dire, la mondialisation peut être une mauvaise chose parce qu'elle fait en sorte que nos cultures ne soient pas tellement valorisées.» « Il faut que nos cultures surtout nos traditions africaines culinaires soient bien connues et qu'on puisse donner les moyens à nos agriculteurs, les moyens du peu qu'ils doivent relever et produire ce qu'il faut », a martelé l’ambassadeur du Cameroun à Dakar.
Cet événement ouvert hier, vendredi au Monument de la Renaissance, sera clôturé par une Grande soirée Gala pour célébrer et récompenser les femmes entrepreneures dans le secteur de l'agroalimentaire. A cet effet, quatre prix seront à pourvoir pour consacrer des initiatives dans les catégories Innovation et Durabilité, Croissance et Impact des entreprises, Communauté et leadership et Excellence du produit.
LA SODAV ENGAGE UNE NOUVELLE PHASE DE PAIEMENT DU DROIT D’AUTEUR
La Société sénégalaise du droit d’auteur et des droits voisins a lancé une répartition complémentaire portant sur un montant global de 75,8 millions FCFA. Elle concerne notamment les droits numériques de la musique pour l’année 2023.
La Société sénégalaise du droit d’auteur et des droits voisins (SODAV) a annoncé le démarrage, vendredi, du paiement d’une répartition complémentaire portant sur un montant global de 75 836 857 francs CFA.
Cette répartition concerne principalement les droits numériques dits ”Call ring back tones” correspondant aux ”dalal tones” pour la musique de l’année 2023 avec un montant total de 35 035 796 FCFA, et les droits étrangers relatifs à la réciprocité avec la ”SACEM” [Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique en France] pour un montant de 10. 446.447 FCFA.
La SODAV va aussi partager aux artistes les droits numériques sur d’autres musiques, d’un montant de 18 692 954 FCFA.
Pour cette répartition, le secteur des arts visuels, abonnés et la Biennale 2022, en fait partie avec un montant de 11 661 660 FCFA à reverser aux artistes.
Interrogé par l’APS sur la portée de cette opération, Aly Bathily, directeur gérant de la SODAV, a invité à ”éviter toute confusion” dans cette répartition.
”Cette répartition ne doit pas sembler faible. Il s’agit d’une répartition complémentaire, qui rémunère une partie des droits numériques. Ce n’est pas le grand paiement annuel. D’autres répartitions auront lieu dans l’année”, a-t-il tenu à préciser.
Il a ajouté que la SODAV a veillé à ce que chaque ayant droit reçoive ce qui lui revient. ”Nous avons veillé à ce que les droits qui doivent revenir à ces gens-là puissent être payés. Et cela va continuer. Nous irons aussi vers la chorégraphie”, a-t-il martelé.
Pour Aly Bathily, la SODAV doit ”affirmer son rôle de société de gestion collective pluridisciplinaire et équitable”.
”Tous les bénéficiaires de droits prévus par la loi doivent être servis. L’époque où l’on pensait que la SODAV ne gérait que la musique est révolue. Nous avons le devoir de gérer tous les secteurs, et nous le ferons en parfaite conformité avec notre mission”, a-t-il assuré.
LE QUAI BRANLY RÉEXAMINE L'HÉRITAGE CONTROVERSÉ DE LA MISSION DAKAR-DJIBOUTI
Intimidation, menaces, tromperies : le butin de la mission révèle enfin ses obscures origines. Le musée parisien a confié aux chercheurs des pays concernés le soin d'enquêter sur les méthodes d'acquisition de ces milliers d'objets prélevés en Afrique
(SenePlus) - Le Musée du quai Branly-Jacques-Chirac présente depuis le 15 avril une exposition inédite consacrée à la mission Dakar-Djibouti, cette expédition scientifique française menée entre 1931 et 1933 qui a permis de rapporter quelque 3 200 objets africains dans les collections nationales.
L'originalité de cette démarche ? Le musée parisien a choisi d'inverser les perspectives en confiant l'étude de ces collections à des chercheurs originaires des pays concernés, dans ce que l'institution appelle une "contre-enquête", selon Le Monde.
La mission Dakar-Djibouti, dirigée par l'ethnologue Marcel Griaule et dont l'écrivain Michel Leiris était membre, avait pour objectif officiel de "sauvegarder les traces de cultures qui disparaissent au contact des colons et du monde moderne". Mais comme l'a révélé Leiris lui-même dans son journal "L'Afrique fantôme" (1934), les méthodes d'acquisition étaient souvent peu scrupuleuses.
"Partout où elle passe, la mission se comporte en terrain conquis", résume Didier Houénoudé, universitaire béninois ayant participé au projet. L'exposition confirme que les objets ont souvent été obtenus par intimidation ou tromperie, certains étant même des objets personnels que "les familles n'auraient en aucun cas cédés volontairement".
Pour mener cette "contre-enquête", le Quai Branly a invité six chercheurs africains à examiner les archives de l'expédition. Daouda Keita, directeur du Musée national du Mali, a ainsi pu étudier pendant deux mois les 1 650 objets provenant de son pays.
"On a voulu inverser les points de vue", explique Gaëlle Beaujean, responsable des collections Afrique au Quai Branly, rappelant que des centaines d'Africains impliqués dans les travaux de la mission ont été les grands oubliés de cette histoire, dans le quotidien français.
La démarche a également permis des enquêtes de terrain dans 30 localités sur les 340 traversées par l'expédition. Au Mali, Daouda Keita a pu rencontrer les descendants des gardiens de sanctuaire qui ont confirmé que "Marcel Griaule les a menacés. Il y a eu intimidation, et ces objets ont été pris par la force".
Cette collaboration a déjà des conséquences concrètes. Le Mali a pu formuler une demande de restitution précise grâce à l'accès aux archives. "Les objets proposés à la restitution au Mali dans le rapport Sarr-Savoy ne nous convenaient pas. Nous savions qu'il y en avait beaucoup d'autres, plus importants. Mais nous n'avions pas les informations ni les preuves", précise Daouda Keita.
Le conservateur malien espère que cette coopération "franche et ouverte" avec le Quai Branly servira de modèle pour d'autres musées occidentaux.
L'exposition "Mission Dakar-Djibouti (1931-1933) : contre-enquêtes" est visible au Musée du quai Branly jusqu'au 14 septembre 2025.
par Ibrahima Silla
SOLEILS INVINCIBLES, UN ROMAN DE JOUVENCE
La lecture de cette œuvre envoûtante de Cheikh Ahmadou Bamba Ndiaye nous entraîne dans une expédition qui, à peine entreprise, devient une sorte de centre de rétention dont il est impossible de s’échapper
Parler d’un roman, c’est d’une certaine manière le réécrire. Y rajouter ses propres mots sans en trahir le sens en s’obstinant à vouloir faire coïncider l’inspiration de l’auteur avec l’imagination du lecteur. Voilà ce que la lecture de ce beau et captivant roman de Cheikh Ahmadou Bamba Ndiaye, Soleils invincibles, m’a inspiré comme réflexions traduites ici en périphrases.
Toute lecture est une réécriture. Lire et laisser libre cours à l’imagination sans pervertir l’histoire au moment de la recension. Lire sans trahir. Le lecteur peut dès lors prendre une voie secondaire pour mieux suivre la trame de l’histoire narrée par l’auteur. Nul besoin donc de partir de la même inspiration pour arriver aux mêmes émotions, surtout quand on a affaire à une grande et savoureuse œuvre romanesque, telle celle produite par Cheikh Ahmadou Bamba Ndiaye.
La réussite d’un roman se mesure par l’intensité des sentiments éprouvés. Un roman, pourrait-on dire, est réussi quand l’auteur arrive à nous faire ressentir des degrés de sentiments diffus, sans qu’on ait besoin de les vivre ou d’en faire personnellement l’expérience.
On ne sort jamais indemne de la lecture d’un roman. Celui-ci fait partie de ce que je qualifierai de « roman de jouvence ». Il a été ma cure ces dernières semaines.
Sous l’éblouissement des rayons du soleil illuminant nos imaginaires, ligne après ligne, mot après mot, émotion après émotion, la lecture de cette œuvre envoûtante de Cheikh Ahmadou Bamba Ndiaye nous entraîne dans une expédition qui, à peine entreprise, devient une sorte de centre de rétention dont il est impossible de s’échapper. La lecture de ce roman nous propulse dans des imaginaires de contrées proches et lointaines, partie intégrante de nos quotidiens culturels et existentiels.
Soleils invincibles est un roman à charge pour diverses raisons que le lecteur découvrira au fil des pages. Ce roman est aussi un voyage. Une escapade touristique, devrais-je dire, qui nous invite à lire entre les lignes et entre les signes. On y découvre comment la nouvelle ruée vers « l’eldorado occidental » piège chacun dans l’étau de l’autre, agrippé à ses préjugés.
Lire Soleils invincibles m’a permis de découvrir ce que la claustrophobie identitaire doit à l’intolérance de la présence de l’autre, source de toutes les formes d’extrémismes. On y découvre notamment ce que l’on détruit en voulant construire ; ce que l’on perd en partant et ce que l’on gagne en revenant de ces contrées lointaines, fontaines d’imaginaires dégoulinant notamment dans l’esprit de nombreux jeunes migrants ou étudiants aimantés par l’Occident. Le risque derrière la volonté. L’horreur dans l’espoir. Le rêve d’un monde nouveau qui se heurte à la résurrection des vestiges d’un monde ancien, avec ses immondices de désillusions et déceptions que la magie des voyages et de la proximité n’a pas fait disparaître. À vouloir un « autre ici », l’on s’expose à sombrer dans un « même ailleurs », avec, à la clé, une vie en dents de scie faite de blessures à panser et à repenser à perpétuité.
J’y découvre en substance, à quel point la phobie de l’autre conduit toujours à la claustrophobie identitaire difficile à refouler. Ce qui suffit amplement à entraîner l’esprit dans un corps-à-corps entre le révoltant et le réconfortant. Sans le moindre préavis devant l’horreur, il cherche à faire vivre l’horreur aux récalcitrants asphyxiés par la déportation de l’espoir vers des terres promises encore et toujours compromises par leur désir de vivre dans une bulle.
Pour de nombreux jeunes d’ici, réussir consiste à voyager pour ne pas finir sur le pavé des origines qui maintiennent les rêves d’ailleurs en résidence surveillée. Être présent dans des lieux propices à l’éclosion des ambitions. Perdre le contact avec les siens. Nouer de nouveaux liens à partir des géométries de l’imaginaire cherchant à se juxtaposer à la géographie des nouveaux eldorados, où l’ambition vient déposer ses valises et bien souvent ses illusions. Abandonner par lâcheté ou par nécessité parents, pays, travail, convictions, repères, etc. pour aller vivre ailleurs, loin des siens et de tous ces « trop de riens » caractéristiques de son monde fui, malgré ses beautés endormies et ses richesses ensevelies qui ne permettent pas de mettre la main sur le bonheur toujours fuyant et furtif.
Véritable machine à broyer des destins rêvés, planifiés, caressés, le voyage devient une morsure envoûteuse et venimeuse qui laisse des traces inhospitalières sur les présences corporelles, culturelles ou autres. Sortir du néant pour trouver une place au soleil délocalisé. Soleils invincibles en dépit des récurrentes attaques historiques, culturelles et existentielles. Soleils résilients face à la brutalité des errances et remontrances venant et partant d’ici, tels les braquages affectifs tendus au nom du brassage parental ou de la géopolitique des tracasseries, conventions et convenances familiales, oscillant entre finesse diplomatique et réalisme sentimental. Éloges et blâmes. Tensions et réconciliations. Pertes et gains. Gré et regrets. Fantaisies et caprices.
Lire Soleils invincibles permet de voir et de savoir, en regardant ces terres promises et compromises qu’il ne suffit pas de les chérir pour espérer les conquérir. L’ambition devient transgression. L’impression une conviction. L’expression une forme d’agression, l’identité une réputation qui n’inspire ni le respect, ni la compassion ou l’empathie. Ces « gens-là » semblaient venir d’une autre galaxie, même si on les voyait partout ; qu’on applaudissait leurs semblables quand ils battaient des records sportifs ou se faisaient distinguer dans des performances sportives ou musicales. La présence acceptée suffit largement comme présent à apprécier. Le flux des plus belles rencontres peut à tout instant virer aux plus moches séparations.
Eldorado. De rocades en bivouacs et de bastonnades en couacs administratifs, à partir d’une conception de la vie, moins en termes de carrière ou de projet, que d’opportunités offertes par un nomadisme souvent fait, au besoin, d’improvisations, mais toujours guetté par l’imprévisible qui frappe à l’improviste. L’arbitraire punit au hasard, frappant sans discrimination pour mieux discriminer en toute discrétion, avec la complicité d’une force censée émaner du droit et de la justice pour faire régner l’ordre, mais qui ne s’encombre pas des bonnes mœurs, pourtant plus importantes que toutes les lois.
Loin de soi. Loin de la loi. On finit par se rendre compte que la présence non autorisée est la première défiance à la loi. Ne point s’interdire de faire des choses que la loi interdit tout comme celui qui se sait, en dépit de toutes les considérations éthiques, qu’il est le premier à violer la loi en devenant un clandestin. Je devrais dire « présence à caractère clandestin ». La nuance est de taille.
Parti en quête de sécurité, se retrouver dans un « dilemme de sécurité » face à la « gangstérisation de l’identité ». Se retrouver en danger devant des fauves et des êtres d’armes en uniformes, sans état d’âme ni pitié de l’être devant les identités qu’ils ne considèrent pas comme partie intégrante de l’humanité pour mériter liberté, égalité et fraternité. Inaptes à s’ajuster à la cosmopolite contemporaine. Prêts à vous intoxiquer l’existence pour vous inciter à renoncer à nourrir une quelconque ambition de recommencer votre vie en dehors de votre lieu de naissance et d’assignation à résidence ; de ne tenter aucune pirouette en prenant la direction corrompue du bon vent indiquée par la girouette de l’imaginaire occidental, terre d’abondance, de style de vie idéal, de prospérité inépuisable ou d’hospitalité pour les réfugiés aux motivations diverses et variées, mais toujours légitimes parce que justifiées, même étant illégales.
Le juste n’est pas toujours légal. Le légal n’est pas toujours juste. L’équilibre se perd. Les équilibristes s’y retrouvent et en abusent, tel le lecteur qui ne se contente pas juste de lire ; mais qui réécrit au risque de trahir. Que l’imagination nous en garde.
Ibrahima Silla est enseignant-chercheur en science politique à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis.
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UN PLAIDOYER POUR LE VIVRE-ENSEMBLE
La première édition de la rentrée littéraire, a été marquée par le cours inaugural du Professeur Alioune Badara Diané qui a exploré le thème « souveraineté littéraire possibilités et perspectives »
La première édition de la rentrée littéraire, a été marquée par le cours inaugural du Professeur Alioune Badara Diané. Elle s’est déroulée hier, à la Maison de la Culture Douta Seck. Devant un public venu nombreux, composé d’élèves, d’étudiants, d’universitaires et d’hommes de culture, le professeur a exploré le thème "La souveraineté littéraire, possibilités et perspectives", offrant une réflexion profonde sur le rôle de l’écriture et de la littérature dans la construction des identités et des sociétés.
Le Pr Diané a ouvert son discours en rappelant l’importance de l’éducation, citant une métaphore évocatrice : "L’arbre peut produire 50 kilos de fruits, mais avec des greffes, il en produit 150. Il demeure un arbre. L’homme, lui, ne naît pas homme, il le devient par l’éducation." Cette introduction a posé le ton d’une conférence centrée sur la littérature comme outil d’émancipation, capable de conduire l’humanité "hors des ténèbres de l’obscurantisme".
La souveraineté de l’écrivain
Au cœur de son propos, le professeur a défendu l’idée d’une souveraineté littéraire absolue, où l’écrivain, libre de toute contrainte, crée pour être lu et discuté. "L’écrivain drague les lecteurs," a-t-il affirmé, citant Baudelaire, Montaigne et Hugo pour illustrer ce dialogue constant entre l’auteur et son public. Il a également souligné le rôle du lecteur comme "conscience accomplissant l’œuvre", en référence aux théories de la réception ,développées par les Allemands.
En outre le Pr Diané a insisté sur le travail minutieux des mots, comparant l’écriture à un tissage : "La matière première de l’écrivain, ce n’est pas l’idée, c’est le mot." Il a évoqué des exemples marquants, comme le poème "Demeure de l’aube" ou les jeux linguistiques d’Apollinaire, pour montrer comment la littérature transcende le langage ordinaire pour atteindre une dimension poétique et universelle.
Perspectives pour la littérature sénégalaise
Fier de la richesse littéraire du Sénégal, le conférencier a cité des auteurs locaux tels que Cheikh Ndao, Rahmatou, ou encore Ibrahima Sall, affirmant que "nous n’avons rien à envier au roman français du XIXe siècle." Il a appelé à un renouvellement des formes et des thèmes, encourageant les jeunes écrivains à s’inspirer des classiques tout en innovant. "Le romantisme n’est rien d’autre que le renversement du classicisme," a-t-il rappelé.
Professeur Diané a lié la littérature à l’idéal du vivre-ensemble, citant un poème où "les S de Nations tombent pour ne faire qu’une seule Nation." Il a rappelé que l’écriture est un "acte de foi", capable de transcender les divisions et de léguer une trace à l’histoire. "Privé de littérature, l’homme perd le seul moyen de léguer son image," a-t-il déclaré, reprenant les mots de Heidegger
NDOUMBE SAKHO BA RACONTE SON PREMIER HAJJ
Pour son premier pèlerinage en terre sainte de l’islam, Ndoumbé Sakho Ba ne voulait pas que cette expérience tombe dans l’oubli. Et pour garder les souvenirs de cette quête de spiritualité, elle a écrit un livre intitulé Mon Premier Hajj.
Il y a des moments dans la vie qui ne s’effacent jamais. Pour Ndoumbé Sakho Ba, son premier Hajj aux lieux saints de l’islam reste une expérience indélébile. Pour aider les pèlerins qui veulent sacrifier à ce 5e pilier de l’islam, elle relate ses émotions et son expérience à travers son premier ouvrage. «Mon premier Hajj» a été publié aux Editions l’Harmattan.
Pour son premier pèlerinage en terre sainte de l’islam, Ndoumbé Sakho Ba ne voulait pas que cette expérience tombe dans l’oubli. Et pour garder les souvenirs de cette quête de spiritualité, elle a écrit un livre intitulé Mon Premier Hajj. Ce premier essai de 161 pages relate les péripéties du voyage et l’émotion vécue en accomplissant ce 5e pilier de l’islam en 2024. Au départ de cette aventure spirituelle, l’idée ne lui était pas venue d’en faire un ouvrage. «Je ne pensais pas que j’allais écrire un livre sur mon voyage spirituel», confie-t-elle en présentant l’ouvrage devant un parterre d’invités. «Les préparatifs spirituels, logistiques, le départ du Sénégal, l’arrivée à Médine, la gestion des émotions, la découverte de Masjid Al Nabawi, le recueillement, la communion avec le Prophète Muhammad, la sacralisation, la découverte de Masjid Al Haram, de la Kaaba, la pratique du Tawaf, du Safa al marwah, les prières devant de la Kaaba, les jours de fixation à Mina, Arafah, Muzdalifa, Jamrah.» A travers ces lignes, l’autrice nous fait une description détaillée de son voyage à La Mecque, une aventure à la fois spirituelle et émotionnelle que Ndoumbé Sakho Ba partage avec ses lecteurs, de la prise de décision d’accomplir le Hajj au retour sur Dakar avec le titre de «Hadja».
Elle n’oublie pas non plus les formalités administratives, sanitaires et religieuses, le séjour dans la plus belle ville du monde, Médinatoul Mounawara.
L’autrice est revenue également sur les préparatifs d’avant-Hajj, le sport qui est fortement recommandé, le choix des tenues les plus adéquates, les différents effets personnels que chaque pèlerin pouvait avoir, la visite des mosquées. Enfin, elle met en exergue la vie à Médine et à La Mecque. «J’ai tellement appréhendé la période de sacralisation très symbolique et solennelle. J’ai toujours été émue de voir les pèlerins en tenue de sacralisation, surtout chez les hommes. Car c’est à travers eux qu’on peut vraiment le percevoir. Chez la femme, n’importe quelle tenue propre et décente est utilisée en période de sacralisation. Nous avons tenu une dernière réunion la veille de notre départ, où les guides sont revenus sur la signification de chaque type de Hajj. Lors de cette séance, je n’ai pu retenir mes larmes qui coulaient toutes seules», explique-t-elle.
«J’ai commencé à écrire 3 à 4 semaines après mon retour, alors que les étapes étaient encore fraîches dans ma tête», dit-elle, en évoquant «un devoir de sensibilisation de toutes les personnes désireuses d’y aller». Avant de revenir sur les temps forts de ce voyage riche en enseignements. «Au fur et à mesure que j’écrivais, je passais de 5, 20, 50, 80, 100, 120 à 160 pages sans compter les illustrations. Un contenu beaucoup trop dense pour que je le garde jalousement dans un ordinateur», a-t-elle raconté. Le souhait de l’autrice aujourd’hui est que ce livre serve de guide, de source d’inspiration et de compagnon de route pour les futurs pèlerins qui veulent accomplir pour la première fois le 5e pilier de l’islam, à savoir le Pèlerinage à La Mecque.
UN PONT CULTUREL SUR FOND DE TAMBOUR COMME VECTEUR DE MEMOIRE, DE TRADITION, ET D’ECHANGE
Soirée de percussion Chine - Sénégal - Le Grand Théâtre national de Dakar a vibré, jeudi, au rythme d’une rencontre inédite entre les traditions percussives de la Chine et celles du Sénégal.
Le Grand Théâtre national de Dakar a vibré, jeudi, au rythme d’une rencontre inédite entre les traditions percussives de la Chine et celles du Sénégal. Intitulée « Tambours et musique en harmonie », cette soirée exceptionnelle marquait une étape importante de la tournée de présentation du groupe chinois de percussion au Sénégal.
Le public, venu en nombre, a assisté à un spectacle d’une rare intensité, où les tambours millénaires de Chine ont dialogué avec les battements puissants du célèbre groupe sénégalais Doudou Ndiaye Coumba Rose. Un véritable pont culturel, dressé à coups de baguettes, de peaux tendues et de gestes millimétrés.
La cérémonie s’est ouverte par les allocutions officielles. Le Directeur général du Grand Théâtre a salué, avec chaleur, cette collaboration entre l’institution culturelle sénégalaise et l’ambassade de la République populaire de Chine. Il a rappelé l’importance du Grand Théâtre comme « espace de diffusion et laboratoire de création », et souligné la constance de l’engagement chinois dans le domaine de la coopération culturelle.
Prenant ensuite la parole, la chargée d’affaires de l’ambassade de Chine a, elle aussi, célébré la force du tambour comme vecteur de mémoire, de tradition, et d’échange. « Aujourd’hui, les percussions chinoises sont également devenues un langage universel, sans texte, et racontent au monde le dynamisme et l’ouverture de la Chine moderne », a-t-elle affirmé. Elle a également évoqué le soutien constant de la Chine au développement culturel du Sénégal, à travers, entre autres, la construction du Grand Théâtre lui-même.
Sur scène, les artistes chinois du Conservatoire central de musique de Chine ont émerveillé l’assistance avec leurs compositions originales, alliant tradition et modernité. Leurs prestations, précises et théâtrales, ont laissé place à la fougue des percussions sénégalaises portées par la légendaire famille Doudou Ndiaye Coumba Rose. Héritiers d’un savoir transmis de génération en génération, les enfants du regretté percussionniste (Aladji, Moustapha, Buren) et les filles tambourinaires ont fait résonner la mémoire et la modernité de leur art sur les planches du théâtre.
Parmi les temps forts du spectacle, la danse du lion chinois et son pendant sénégalais, le « Simb», ont captivé le public. Ces symboles de force et de bravoure ont été portés par des chorégraphies spectaculaires, parfaitement synchronisées avec les frappes des tambours. Cette soirée unique fut bien plus qu’un simple concert : un moment de communion, une célébration vivante de la diversité culturelle, et une illustration vibrante de l’amitié sino-sénégalaise. Le tonnerre d’applaudissements final n’était qu’à la hauteur de l’émotion partagée
DÉCÈS DE MOUSTAPHA DIOP, PILIER DU THÉÂTRE SÉNÉGALAIS
La figure emblématique de la troupe Daaray Kocc, s'est éteint dimanche à Thiès. Son parcours artistique impressionnant inclut de nombreux films et pièces, dont la mémorable "Un DG peut en cacher un autre"
Le comédien sénégalais Moustapha Diop de la troupe théâtrale Daaray Kocc est décédé, dimanche, à Thiès, a-t-on appris de Pape Faye, président de l’Association des artistes comédiens du théâtre sénégalais (Arcots).
Le défunt comédien sera inhumé, lundi, au cimetière de Yoff à Dakar, ajoute le président de l’ARCOTS.
Pape Faye, a rappelé que Moustapha Diop a été un des membres fondateurs du Daaray Kocc avec Cheikh Tidiane Diop, après leur passage à la troupe théâtrale Diamanoy Tey.
”Moustapha Diop a été secrétaire général l’ARCOTS à sa création avec comme président Mamadou Ndiaye Doss”, a-t-il ajouté, signalant avoir partagé avec lui beaucoup de plateau.
”Le Sénégal et l’Afrique perd un artiste de valeur”, a dit le conteur Massamba Mbaye qui estime que le défunt a eu une ”immense” carrière.
Moustapha Diop a également joué au cours de sa carrière beaucoup de films de réalisateurs sénégalais et pièces théâtrales dont la plus célèbre est ”Un DG peut en cacher un autre”.
ENTRÉE FOUDROYANTE POUR TAPHA TINE EN MMA
Le lutteur Tapha Tine a remporté son premier combat de MMA à Lomé face au champion thaïlandais Ted Benz. Malgré des hésitations en début d'affrontement, le colosse du Baol n'a eu besoin que d'un round pour mettre son adversaire KO
Le lutteur sénégalais Tapha Tine a signé, sa toute première victoire en arts martiaux mixtes (MMA), samedi soir à Lomé (Togo), en mettant KO dès le premier round le champion Thaïlandais de muay thaï, Ted Benz.
Malgré un début de combat marqué par quelques hésitations, le colosse du Baol a surpris son adversaire par un crochet puissant, qui s’est révélé décisif. Ce coup fulgurant a mis fin aux débats et permis à Tapha Tine, de réussir son entrée dans l’univers du MMA.
L’autre belle performance sénégalaise de la soirée, vient du champion de kickboxing, Mouhamed Tafsir Ba qui s’est imposé face à l’Algérien Lazreg.
Le lutteur Général Malika a lui aussi brillé en remportant son premier combat en MMA par KO contre le Camerounais Fanfan Latulippe.
De son côté, Petit Lo a également triomphé avec une victoire par KO technique face au Togolais Badaro Essorézam.