La 9ème édition du Festival international culture et développement (Fesculd) a réuni hier des associations des natifs de Thilogne pour officiellement lancer ce rendez-vous culturel. Ils ont tenu un point de presse au Grand Théâtre de Dakar.
Avec comme thématique «Apport et implication des jeunes issus de l’immigration dans le développement de leur localité d’origine», la commune de Thilogne et tout le Fouta vont vibrer cette année encore, du 26 au 28 décembre 2014, au rythme du Festival international culture et développement.
Cet évènement majeur du panorama culturel du Sénégal rassemble tous les deux ans toute la diaspora thilognoise et des partenaires au développement (Nancy, Viry-Chatillon, Ndef-Leng, Asodev, l’Espagne, la Belgique, les Usa...)
C’est un moment fort de communion entre la diaspora, les résidents et les partenaires autour de manifestations culturelles (ballets chants et danses, théâtre, musique), lutte traditionnelle et réflexion sur le développement durable.
«La foire artisanale exposera le savoir-faire local en matière de poterie, de tissage de maroquinerie, de teinture et de vannerie», a introduit hier Racine Sall, coordonnateur du festival.
Il ajoute que «des journées de consultations médicales gratuites comme pour chaque édition seront organisées au profit des populations de Thilogne et environs...»
Chaque section est organisée de manière autonome dans son pays d’accueil. Mais une concertation et une coordination existent entre les sections pour une bonne gestion participative des actions de développement initiées en faveur de Thilogne.
La présence de M. Abdoul Thiam, représentant de Thilogne association et développement France à ce point de presse, en est une parfaite illustration. Ce dernier a témoigné son affection pour cette terre de Thilogne, sa région natale, tout en appelant
«l’Etat à plus de considération et d’appui». Venue représenter la Commission jeunesse de France, Aïssatou Anne a affirmé être impliquée depuis toute petite dans l’organisation de cet évènement, avec bien sûr l’influence de ses parents.
«Cette 9e édition du Festival de Thilogne est un peu particulière surtout avec le thème de l’implication des jeunes immigrants pour le développement de Thilogne. Cela nous permettra aussi de passer du temps de réflexion avec les Thilognois résidents à Dakar pour pouvoir mener des projets communs», a affirmé Aïssatou Anne. D’autres Thilognois résidents en France vont rejoindre Dakar pour participer à cette édition, a-t-elle annoncé.
Aïssatou Anne, comme l’ensemble des Thilognois, souhaite ressortir de ces rencontres avec des projets concrets dans les domaines de la santé, de l’éducation pour le développement de la commune.
Dans son plan 2014-2018, la section de Tad Dakar souhaite mobiliser les autres sections pour la promotion et le développement de l’entreprenariat économique, l’artisanat et la culture.
Cette nouvelle orientation stratégique s’accompagnera d’actions significatives dans le domaine de la formation professionnelle des jeunes, a-t-on annoncé.
UNE FENÊTRE SUR DES VOIX DU VIOL
UN MÉDECIN POUR SAUVER LES FEMMES DE ANGÈLE DIABANG
Difficile d’écouter de douloureux cris de viol. C’est pourtant à cet exercice que convie dans son dernier long métrage la réalisatrice Angèle Diabang. Elle a suivi les femmes de la République Démocratique du Congo, en soin chez le Dr Denis Mukwege, pour raconter au monde l’horreur. Un médecin pour sauver les femmes est le cri du cœur d’une femme de cœur qui refuse de taire un crime perpétré sur toute une génération de femmes, de mères, de fillettes, d’enfants. Angèle Diabang fait résonner, images à l’appui, la voix de toutes ces femmes violentées. Un film poignant, insoutenable, qu’on ne peut finir de voir sans verser des larmes ou tout au moins avoir un sentiment de révolte.
Un médecin pour sauver les femmes : c’est le titre du dernier film de la réalisatrice Angèle Diabang. Un titre assez illustratif pour décrire cette œuvre assez poignante. Comme à l’accoutumé, la réalisatrice a réussi la prouesse de proposer une histoire touchante, un long métrage qui laissera des taches dans l’histoire, mais surtout qui plonge le cinéphile dans ce drame qui se déroule au Congo.
Quand on pénètre dans cet univers, celle des femmes violées du Congo, on en sort jamais indemne. Comme elles, Angèle Diabang garde les séquelles des douleurs qu’elle a filmées et gardées pour la postérité. C’est d’ailleurs sur cette douleur que ce long métrage débute. On découvre dès le début du générique des visages tristes de femmes violées.
Une tristesse qui se lit dans ces regards et qui témoigne de ce qu’ont pu vivre ses congolaises. Certes, jamais le cinéphile ne peut se faire une réelle idée du viol s’il ne l’a pas vécu. Mais pour lui faire toucher du doigt cette triste réalité, Angèle Diabang fait le pari d’utiliser un langage filmique cru.
C’est le langage de la vérité. Et pour cela, les mots du commentateur comme celui des interviewés s’enchaînent dans une description qui force la curiosité. «Les vagins sont devenus un champ de bataille où s’affrontent les groupes armés... Ce qui se passe au Congo est une complicité coupable», narre-t-on.
Et pour pallier cela, le docteur Denis Mukwege, après une longue période d’exile, est revenu au bercail «reconstruire les femmes». A l’image, Denis Mukwege est accueilli en héros. Acclamé sur des kilomètres par une foule en liesse, notamment des femmes en pleurs qui se jettent dans ses bras. L’on devine aisément qu’au Congo, il est un «messie».
Ces femmes lui offrent des fleurs, toutes sortes de cadeaux pour saluer son retour et son courage... En réalité, depuis plus de quinze ans, ce gynécologue-obstétricien opère les femmes victimes de sévices sexuels dans l’hôpital de Panzi, dans l’est du pays.
Là-bas, des groupes armés s’affrontent depuis une vingtaine d’années pour piller les ressources de la très riche province du SudKivu. Et ces rebelles utilisent le viol comme une arme de guerre.
Angèle Diabang, pour montrer les conséquences de ces crimes, offre à voir à visage découvert les confessions de nombreuses de ces femmes aujourd’hui en traitement à Panzi. Elles sont enfants, jeunes filles, personnes d’âge mûr ou encore vieilles femmes.
Les victimes
Annie-Françoise 17 ans, Regina 23 ans, Barhakomerva 46 ans. Toutes sans exception ont pour dénominateur commun, «un viol parfois collectif commis par un ou des hommes armés». Bien qu’elles marchent difficilement à cause des sévices qui leur ont été infligés, elles racontent l’horreur. Comme pour l’exorciser.
Recroquevillée contre un mur, Annie-Françoise, 17 ans, triture un châle rose. Les yeux baissés comme pour fuir le jugement du monde, elle se raconte : «Tout mon entourage me déteste parce j’ai été violée. Ça s’est passé sur le chemin de l’école, par des militaires...
Malheureusement, je suis restée en vie. Je me suis résignée. Si seulement j’avais eu la possibilité de mourir...» Barhakomerva, 46 ans, mime a une assistante sociale la façon dont quatre hommes, «en tenue militaire», l’ont forcée, brutalisée.
Avant de s’effondrer en larmes. «A l’exception d’une seule, toutes ont voulu témoigner à visage découvert pour que le monde entier se rende compte de ce qui se passe au Kivu», explique Angèle Diabang.
Un sujet pénible
La réalisatrice confie qu’à plusieurs reprises, lors du tournage, il a fallu poser la caméra face à ces récits glaçants. Certaines femmes, à peine sorties de Panzi, se font de nouveau violer. Elles décrivent la double peine en plus du viol, la façon dont la société les juge, les montres du doigt. Comment elles sont rejetées, abandonnées par leur famille et leur communauté. D’autres sont contaminées par le sida. Aline, 16 ans, ne «pense pas avoir la force d’aimer (son) enfant».
Enceinte de quelques mois seulement, elle confesse face à l’écran et sans sourciller : «Je ne pense pas avoir la force d’aimer l’enfant que je porte.»
Des images et propos qui choquent les cinéphiles. Qui les choquent plus encore lorsqu’ils apprennent dans le film le viol commis sur un enfant de 18 mois. En réalité, Un médecin pour sauver les femmes, loin d’être un portrait glorieux du Dr Mukwege, dévoile le travail qu’il réalise au quotidien à l’hôpital de Panzi.
Non seulement la réalisatrice réussit à décrocher les témoignages de ces femmes violées, mais pénètre aussi dans l’univers des médecins, assistants sociaux et psychologues pour révéler que dans ce lieu mythique, tout le monde panse ses blessures, ses plaies d’une manière assez touchante.
L’une des assistantes sociales l’avoue : «Quand je regarde ces femmes, je suis choquée. C’est difficile, c’est insupportable... Parfois, j’arrête d’écouter leurs récits pour ne pas craquer devant elles... Je suis incapable de pleurer sur leur sort... D’ailleurs ma thérapie, je la trouve chez ces femmes.»
Interpellée sur sa démarche, Angèle Diabang, qui a versé encore des larmes le soir de la projection presse plusieurs mois après le tournage du film explique : «J’aurais pu faire un film sur un docteur super puissant, sur l’excellent chirurgien ou l’homme qui, au lieu de rester tranquillement en
éxil, choisit de revenir et d’hypothéquer sa vie en étant constamment sous protection. Mais ça aurait été trop facile. Le meilleur moyen de parler de lui est de montrer son travail auprès des femmes, comment il les aide à regagner leur dignité, à prendre leur destin en main.» Effectivement, c’est ce qui ressort de ce chef-d’œuvre filmique.
La réalisatrice est allée jusqu’à filmer les hommes en blouse en pleine salle de reconstitution de vagin. Mais elle ne laisse pas le cinéphile sur ces tristes images.
Elle montre également que malgré le silence des Etats, de l’Onu, du monde, ces femmes violées avancent résolument vers un «Congo meilleur». Pour cela, le long métrage s’achève sur une belle note de réinsertion de ces dames qui ont connu «l’injustice de la vie». Angèle Diabang les montre dans les ateliers de réinsertion sociale : couture, tissage...
Car à Panzi, l’on répare aussi ces vies abîmées par les travaux domestiques, la culture, les jeux de société, la religion... Et l’on se dit finalement que la vie mérite d’être vécue.
Président de l’Ong « Ndef/Leng » (Union des associations culturelles sérères) depuis 1992, date de sa création, Mbagnick Ndiaye, par ailleurs ministre de la Culture et de la Communication, a été reconduit à son poste.
L’Ong Ndef/Leng (Union des associations culturelles sérères) a procédé au renouvellement de son bureau lors d’une assemblée générale tenue dimanche à la Salle des fêtes de Fatick.
A la tête de cette organisation depuis sa date de création en 1992, Mbagnick Ndiaye, par ailleurs ministre de la Culture et de la Communication, a été reconduit par ses pairs qui viennent, une fois de plus, de lui renouveler leur confiance.
Très touché par cette marque de confiance, Mbagnick Ndiaye a tenu à remercier vivement les cellules et les associations membres qui ont fait le déplacement en masse. Aussi, il a indiqué que le bureau qui a été mis en place a pour mission de consolider les acquis mais également le plan stratégique.
Mettant l’accent sur les priorités, il a fait noter que les plus grandes priorités vont être la consolidation des actions déjà menées. « Nous avons, à travers une structure de microfinance, mis en place des financements pour nos groupements et nos cellules. Une bonne partie de ces cellules ont géré et bien géré.
Il faudrait qu’on étende cela à Kaffrine, Keur Mbaye Fall, Mont Rolland, Bambey sérère... », a-til dit. L’autre action qu’ils vont poursuivre, selon lui, est de continuer l’organisation des manifestations culturelles et de promotion de la culture sérère (le festival sérère, les séances de lutte traditionnelle, la promotion des artistes de toutes sortes).
Le président l’Ong « Ndef/Leng » ambitionne de mettre en place une télévision culturelle. Selon lui, c’est possible avec le passage de l’analogie au numérique. Il entend contribuer davantage à la promotion de la culture sérère à travers Ndef/leng, mais également à travers les cultures locales.
« Nous allons faire en sorte que toutes les communautés linguistiques du Sénégal puissent revivre. Il faut que la culture soit globale. Il faut qu’elle embrasse l’ensemble de la communauté et les différentes variétés », a estimé Mbagnick Ndiaye.
Pour lui, les autres formes de culture comme le hip-hop, le rap, doivent être favorisés, « parce que ce sont des expressions culturelles qui viennent compléter nos expressions culturelles ancestrales ».
C’est pourquoi il compte rencontrer les responsables des télévisions pour qu’il puisse les amener à améliorer leurs programmes culturels. « Il faut que cela soit un programme axé à 90% sur la culture locale et la culture africaine », a-t-il conclu.
BABA MAAL PLAIDE POUR LA PAIX ENTRE AÏSSATA TALL SALL ET RACINE SY
POUR LE DÉVELOPPEMENT DU FOUTA EN PARTICULIER DE PODOR
Hymne à la paix, à l’occasion de la deuxième édition de la Nuit de l’association "Foodé Fouta", vendredi dernier au Grand Théâtre. A l’occasion de cette communion de la communauté halpulaar, Baba Maal et son orchestre du "Daandé Lenol" ont entonné des notes à la paix au Sénégal et dans le monde. Mais le chanteur a débuté par prêcher de nouveau pour la paix. Sur de magnifiques notes de guitare, il a tenu à dire : "le Daandé Lenol élève encore sa voix pour chanter la paix partout dans le monde. Mais nous prions aussi pour le développement du Fouta, en particulier Podor. Et pour cela, j’appelle à la paix entre Aïssata Tall Sall et Racine". Ovation du public selon qui "le Fouta est un et indivisible".
Suite à ces propos, la représentante du député-maire de Podor d’ajouter, du haut du podium : "Baba Maal demande la paix au Podor entre Aïssata Tall Sall et Racine Sy. Mais je vais le rassurer, la paix règne à Podor, la leçon ou la page de la politique a été oubliée.
Podor a montré un exemple car, ses deux fils vont travailler main dans la main pour le développement du Fouta". C’est sur ces messages de paix sur de belles notes en version acoustique, avec du "xalam", de la guitare, des calebasses et des voix que le premier tableau de la soirée a été bouclé. Non sans un vibrant hommage rendu à feu Demba Dia décédé il y a quelques semaines.
Aux environs de 2 heures du matin, l’ambiance change pour devenir très chaude avec un rythme qui a arraché des pas de danse endiablés aussi bien sur la scène que dans le public où on rivalisait de froufrou avec les tenues traditionnelles en "cuub", mais aussi de dextérité dans la distribution de billets de banque.
Et à ce jeu de généreux donateurs, les hommes ont ravi la vedette aux femmes. Même les rappeurs ont été couverts de l’argent, car le groupe Bideeew Bou Bess a joué sa partition avec ses titres "Minuit" et "Fouta" qui ont fait bouger la salle qui reprenait en choeur ses chansons. Il y a avait aussi Aboudiouba Deh et Ousmane Gangué.
Cependant la soirée était aussi une occasion de décorer des personnalités qui ont accompagné ce projet pour le développement local. C’est ainsi que la Lonase a offert un lot de 50 ordinateurs portables. En ce qui concerne le complexe frigorifique, tombé en panne, le maire de la ville Aïssata Talla Sall a décidé de prendre en charge sa réparation avec tous les frais entre 12 et 13 millions.
YOU ENTRE EN SCÈNE
Affaire du redéploiement du personnel au Groupe futurs medias
Invité samedi après-midi à la finale de Lamb Académie, disputée au Cices, Youssou Ndour, président directeur général du Groupe futurs médias, a réagi à la situation qui prévaut au sein de ce groupe de presse. En leader charismatique, il a expliqué à l’opinion sa décision de redéploiement du personnel, tout en invitant les agents à se mettre au travail.
Le journal Le Quotidien faisait état dans ses deux dernières éditions d’un malaise qui pré vaut au Gfm suite à la décision de redéploiement du personnel. Cette sortie médiatique n’avait pas manqué de faire couler beaucoup de salives, de faire râler «dans les rédactions du groupe et sur la toile».
Ce samedi après midi, en marge de la finale de Lamb Académie, disputée au Cices, Youssou Ndour himself est monté au créneau pour calmer les ardeurs.
«Je dis alhamdoulilah trois fois. Je suis pour un redéploiement des agents dans les autres supports du groupe (Groupe futurs médias) et non à une restructuration», a affirmé sur la Télévision futurs médias le président directeur général de Gfm.
Youssou Ndour, qui réagissait ainsi à la tournure prise par ces mesures de redéploiement de certains agents dans les autres supports nouvellement créés (imprime rie, Tfm sports, Tfm infos, Gfm entertainment...) du groupe, d’affirmer : «On est arrivé à un moment où on a trop de charges par rapport au Groupe futurs médias. Généralement dans pareilles situations, on se sépare des agents. Mais moi j’ai une autre vision. Je préfère garder des agents et créer d’autres supports pour qu’ils puis sent y être redéployés. C’est ce que nous avons fait.»
Le promoteur du Groupe futurs médias de poursuivre au sujet de la sortie que certains qualifient de «malheureuse» de son chargé de communication : «Je suis totalement en phase avec Charles Faye (Ndlr : conseiller en communication de M. Ndour, qui avait déclaré dans les colonnes du journal Le Quotidien du vend redique ‘’les agents du groupe qui n’acceptent pas d’être redéployés n’ont qu’à par tir’’).
Je travaille avec la direction généra le, notamment le directeur Mamadou Ibra Kane. Nous avons créé d’autres opportunités pour ces gens là.» Aujourd’hui, «on ne peut pas parler de crise au Gfm.
Mais c’est bien qu’on parle de nous dans les médias», a également dit Youssou Ndour, avant d’appeler tous les agents à se mettre au travail. «Tout le monde au travail. La récréation est terminée», a-t-il conclu.
Et son message semble déjà bien compris par le personnel. Le rédacteur en chef de la Rfm, Babacar Fall, qui avait posté un message plus qu’évocateur sur sa page facebook suite à la sortie de Charles Faye dans le journal Le Quotidien, n’a pas manqué hier de lancer à nouveau un pique non moins parlant sur facebook.
«Rendez-vousdemain (Ndlr, ce matin) dans «Rfm matin» ...avec le même plaisir. Les prétentieux et les thuriféraires ne nous empêcheront pas de travailler», écrit-il.
L’AFRIQUE DOIT DAVANTAGE FIGURER DANS LES PROGRAMMES CULTURELS TÉLÉVISÉS
Dakar, 22 déc (APS) - Le ministre de la Culture et de la Communication, Mbagnick Ndiaye, a promis dimanche à Fatick (centre) de veiller à ce que davantage de place soit laissée à la culture africaine dans les programmes culturels des télévisions sénégalaises.
M. Ndiaye dit vouloir faire de sorte que "la culture africaine représente 90% du contenu des programmes diffusés par les télévisions sénégalaises".
"Je vais rencontrer plus tard les responsables des télévisions, pour les amener à revoir leur programme culturel", a-t-il dit lors du renouvellement du bureau de l'ONG Ndef Leng.
Il a déploré la forte présence, dans les programmes culturels des télévisions sénégalaises, des "telenovelas", les séries importées des pays lusophones et hispanophones.
Le Sénégal a des cinéastes talentueux, dont la production doit intéresser les chaînes de télévision locales, selon Mbagnick Ndiaye. "Je pense que les films réalisés par nos cinéastes sont culturellement plus riches, pour notre public, que les telenovelas", a-t-il dit.
Il assure que son département va "faire en sorte que toutes les communautés linguistiques" soient davantage prises en considération et de manière équitable, dans les programmes télévisés.
"Il faut qu’on organise la culture religieuse et les autres formes d’expression culturelle, dont le hip hop", a ajouté le ministre de la Culture et de la Communication.
Mbagnick Ndiaye a été réélu pour trois ans à la tête de Ndef Leng, une ONG engagée dans la promotion de la langue et de la culture sérères. Il dirige cette structure depuis sa création en 1993.
Le Monument de la Renaissance est encore au cœur d’une grosse polémique. Des intellectuels souhaitent sa démolition, alors que pour d’autres c’est un patrimoine qu’il faut valoriser parce qu’il peut être source de richesse. Le débat a eu lieu lors de la rencontre de Haut niveau qui s’est tenue à Dakar les 7 et 8 novembre sous l’égide de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) en collaboration avec le ministère de la Culture et de la Communication du Sénégal, sur le thème "la Culture dans les stratégies nationales de développement : expériences et perspectives".
Le Monument de la Renaissance se dégrade. La révélation a été faite par son nouvel administrateur, Racine Senghor, lors de la rencontre de haut niveau initié par l’OIF en collaboration avec le ministère de la Culture du Sénégal, les 7 et 8 novembre derniers à Dakar.
L’œuvre monumentale qui a coûté près de 17 milliards de FCfa est difficilement entretenue par l’Etat sénégalais. L’appropriation du Monument de la Renaissance par les Sénégalais ne s’est pas encore faite et les ressources que génère le monument sont rares. Ils sont seulement près d’1% de Sénégalais à avoir visité la statue la plus haute d’Afrique, fièrement érigée par l’ancien président de la République Abdoulaye Wade en 2010. Une œuvre qui fera difficilement l’unanimité parce que les Sénégalais ne s’y reconnaissent pas.
Ainsi, quatre ans après son érection et deux ans après l’alternance qui a fait partir son géniteur, des voix s’élèvent encore pour exiger la démolition de la statue. Une idée impensable pour le nouveau régime qui veut inciter les Sénégalais à s’approprier l’œuvre et travaille pour drainer les touristes à Ouakam où est érigée la statue.
Le Sénégal doit capitaliser sur le Monument de la Renaissance parce que son coût faramineux plus de 17 milliards ne saurait passer dans la rubrique pertes et profits. Un défi que doit relever Racine Senghor, qui a été nommé administrateur du Monument depuis quelques semaines. La structure qui est en train de se dégrader doit retrouver son niveau, mais les Coréens qui l’ont bâtie exigent une facture salée pour sa réhabilitation, révèle Racine Senghor. Le nouvel administrateur du Monument de la Renaissance devra faire face au rejet que suscite la gigantesque œuvre d’art.
En effet, bien des Sénégalais détournent leur regard quand ils s’approchent de ce qui est considéré comme un ouvrage satanique. "Il faut démolir cette œuvre", s’est exclamé un universitaire lors du débat qui a suivi l’exposé de Racine Senghor sur le thème "focus sur quelques expériences relatives à l’économie créative au Sénégal". Une idée adoptée par quelques participants au débat qui a fait rage.
Bien dans son rôle, Hamady Bocoum, le Directeur du Patrimoine au ministère de la Culture et de la Communication a assimilé les pourfendeurs du Monument de la Renaissance à des djihadistes à col blanc. Ceux qui pensent qu’il faut démolir les monuments peuvent être comparés aux terroristes islamistes qui se sont attaqués aux œuvres de Tombouctou a-t-il souligné.
Le dit monument doit devenir un fleuron de l’économie créative au Sénégal, selon les défenseurs de l’œuvre, à l’image de la tour Eiffel dont le chiffre d’affaires consolidé s’élevait à 82.300.000 euros en 2011. Un exemple de ce que peut rapporter la culture dans le budget d’un pays comme la chanson du guinéen Mory Kanté "yékéké" qui en termes de chiffre de vente à dépassé le budget de la Guinée en 1987.
PAR MARIE ANGÉLIQUE SAVANÉ
LE POUVOIR DU PARDON
Mandela a démontré que pour être libre, il faut avoir la foi en un idéal et combattre ses démons intérieurs. C’est le cheminement de tout être humain qui veut mener une vie sereine, joyeuse et réussie
L’Afrique du Sud célèbre, ce 19 décembre (Ndlr : hier), le premier anniversaire de la mort de Nelson Mandela, le géant ayant mis à genoux le système de l’apartheid. Ce lion a rugi 27 ans durant pour faire prendre conscience à ces concitoyens et au monde entier qu’on ne peut éternellement opprimer tout un peuple du fait de sa couleur. Par son intégrité morale, sa loyauté à son idéal et son courage exceptionnel, il a permis à des millions de Sud-Africains de retrouver leur dignité d’être humain à part entière.
Ce géant, par l’ampleur de son acte de vérité et de justice, a touché les cœurs au-delà des mers, soulevé des foules blanches en Occident contre l’apartheid, ce système inique d’une rare perversité qui prônait l’asservissement et la séparation des hommes du fait de leur race.
En ce jour, me revient en mémoire ce pèlerinage à Robben Island, guidé par un des vieux compagnons de Mandela, le Sud-Africain-Indien, son petit frère Ahmed Kathrada, qui avait fait aussi plus de 20 ans de prison.
C’était un mois de juillet, en plein hiver austral. Nous prenons le ferry de Cape Town pour Robben Island, emmitouflés dans nos vestes coupe-vent qui nous tenaient chauds et bloquaient le vent glacial qui nous fouettait le visage. Nous étions tous tendus, concentrés et, pour ceux qui effectuaient ce voyage pour la première fois, très émus ! Robben Island, île devenue mythique depuis qu’un certain Mandela y a vécu pratiquement 18 années de sa vie.
En accostant, ces murs gris, figés sur une terre aride, rocailleuse et sans âme, vous étreignent la gorge. Alors, nous entrâmes dans cette prison comme dans une cathédrale : sur la pointe des pieds, dans le recueillement. Ces grilles, ce couloir sombre, puis... la cellule, la fameuse 46664.
Lors de ma première venue, je n’avais pu pénétrer dans l’enceinte de la prison, mais cette fois-ci, en visite officielle, je découvre avec effroi cette petite pièce où Mandela a survécu tant d’années. Je m’approche de la fenêtre, juste pour apercevoir un bout de ciel. J’imagine que c’est durant ces moments de contemplation qu’il rêvait de cette Afrique future libérée de l’oppression et des inégalités.
Dans cette cellule grisâtre encore pleine de l’âme de Mandela, on se demande comment il faisait pour ne pas déprimer durant l’hiver austral où, la lumière du jour durait si peu et où les nuits étaient si longues...
La mélancolie gagnait le groupe ; il fallait s’éloigner des lieux. Et notre célèbre accompagnateur nous expliqua comment les militants de l’Anc avaient trouvé le moyen d’organiser un système de formation au nez et à la barbe des gardiens. Ainsi, chacun selon ses compétences devenait enseignant dans la cours, durant les repas, dans les carrières, partout où le contact était possible.
Et lorsque la discipline se durcissait, ils utilisaient le papier cigarette ou toute autre surface pour écrire. Ces missives s’échangeaient dans la cour où dans les carrières. Un collègue sud-africain présent et qui a séjourné à Robben Island avec Mandela, suite à une grève estudiantine, l’a confirmé en précisant que c’est par ce système sophistiqué qu’il s’est préparé à terminer ses études à sa sortie. Aujourd’hui, il est Ceo d’une grande compagnie privée.
Ensuite, nous sommes allés visiter les Carrières. En descendant du bus, nous étions éblouis par les éclats des reflets de la pierre. Nous clignotons, puis fermons les yeux. Comment, pendant toutes ces années, chaque jour, Mandela et ses camarades ont pu supporter cette luminosité si agressive ? Je regarde notre accompagnateur qui avait vite échangé ses lunettes de vue contre d’autres très sombres.
Et le souvenir de Mandela, toujours avec des verres fumés, me remontent. Oui, tous ont subi les affres du soleil. Devant ces cailloux blancs scintillants sous le ciel, je sens une rage folle sourdre dans mes entrailles.
Comment tant de vies ont-elles pu être détruites ! Car j’imagine le tac-tac de la pioche sur la roche qui vous prend la tête, les doigts des mains éraillées, coupées et qui saignent, tac, tac, tac, ce bruit lancinant qui poignarde nos consciences ! 5 ans, 10 ans, 15 ans ..., le même bruit, le même soleil.
Et notre guide d’enfoncer le couteau dans la plaie en égrenant toutes les souffrances endurées, les humiliations, les dépressions, les décès, les supplices divers qu’on leur infligeait, le sadisme des gardes chiourmes qui voulaient les déstabiliser, les amener à trahir leur idéal, leurs camarades, leur parti. Stop !
Nous n’en pouvions plus. Des larmes coulent doucement sur les joues, des sanglots trompent le silence lugubre qui s’est imposé à nous tous... Lentement, le groupe se dirige vers le bus ; il faut partir. A ce moment, on n’a qu’une envie, celle de vomir ce système inique !
Le reste de la visite n’a plus de sens, les explications non plus. Tout ce que nous voulions, c’est de partir, partir, partir, s’éloigner de ce lieu de la mort.
Mais notre guide qui, comme Mandela, a appris à pardonner, nous dit de sa voix suave : «Vous ne pouvez quitter cet endroit dans cet état, je vais vous montrer une dernière chose».
Nous retournâmes à la prison où il nous montra une petite cour intérieure, sans âme, mais, pour lui, «un havre de paix». C’était là qu’ils avaient bâti un «jardin» qu’ils bichonnaient. Mandela, dit-il, aimait particulièrement ce bout de terre. C’était son rayon de soleil, car au travers de ces plantes, il redonnait la vie, il refaçonnait sa terre natale, il créait l’espérance.
Alors, la lumière emplit mon esprit, car je comprenais enfin d’où venait l’extraordinaire sagesse de Mandela qui a émerveillé le monde entier.
Dans ces murs gris et hostiles, avec patience, il a restauré son âme et il s’est renouvelé. Il s’est forgé une mentalité nouvelle. Dans ce jardin perdu, il avait appris à dominer ses pulsions et ses colères. Il avait vécu une initiation. Parce que Mandela n’était pas un Saint et il a dû lutter contre tous les démons en lui : la peur, le ressentiment, la haine, la colère, les humiliations, les frustrations, la violence... Tout ce qui fait de l’être humain un esclave de ses sens.
Il a fait un travail sur lui-même pour dominer ses émotions négatives, les transformer en force vitale qui lui a permis de s’élever au-dessus du lot. Sa colère est devenue sérénité, la haine des Blancs et des geôliers est devenue compassion.
Pour l’amour des siens, pour son idéal de justice, il est devenu un homme libre d’où émanent l’harmonie, la lumière, la paix, la bonté, le courage et la détermination. Il était capable alors d’être le leader du changement du cours de l’histoire. Il pouvait mener son peuple vers la victoire, pour des lendemains meilleurs.
La prison lui avait fait de comprendre la nécessité de bâtir une nation «arc- en-ciel». Ce temps si long, loin de tout, lui a permis de réaliser que pour vaincre, il fallait comprendre ses adversaires, leur donner une marge de manœuvre, les rassurer et leur pardonner pour anticiper tous leurs mouvements.
Au contact de cette nature qui, grâce à ses soins, renaissait à chaque saison, il a vaincu aussi la perversité de ces bourreaux, il s’est élevé au-dessus d’eux. Il s’est libéré de toutes ses chaines physiques et mentales, il est devenu l’homme de la réconciliation !
Et j’ai alors compris cette douceur, cette patience, en un mot cette sérénité qui émanait de lui, lorsque je l’avais rencontré à Cape Town, puis à Genève. Sa voix était pleine d’empathie. Il aimait vraiment les gens. Ses yeux pétillaient de bonté et d’une infinie patience lorsqu’il donnait des poignées de mains.
Dans toutes les photos qu’il avait prises avec nous, qui voulions immortaliser cet instant, il fallait à chaque fois l’extraire de la foule ! Cet homme avait vraiment pardonné, et il était au-dessus de la mêlée. Il pouvait donc transcender tous les facteurs qui s’opposaient à l’unité des Sud-Africains. Au de-là des races et des classes sociales, il avait donné naissance à cette nation arc-en-ciel.
Il me revient alors cette exclamation d’un ministre algérien à la fin de la visite. «Il a réussi ce que nous n’avons pas été capable de comprendre en Algérie après les accords de paix d’Evian, et il a fallu en payer le prix fort par tant d’années de violences...»
C’est ce long calvaire d’un homme à l’assaut de la liberté qui a fait de Mandela une icône mondiale, source d’inspiration. Il a démontré que pour être libre, il faut avoir la foi en un idéal et combattre ses démons intérieurs. C’est le cheminement de tout être humain qui veut mener une vie sereine, joyeuse et réussie. Qu’il soit chef d’Etat ou simple citoyen !
Un dirigeant doit pouvoir s’élever, dominer ses instincts, se mettre au service de son peuple, pratiquer la justice, donner le bon exemple et connaitre les véritables attentes de ses citoyens.
Nous avons alors quitté Robben Island le cœur en paix, parce que nous avions compris que ces souffrances avaient enfanté une espérance encore plus grande !
Le Président Léopold Sédar Senghor avait misé sur la culture comme levier de développement, pour promouvoir le Sénégal à l’international. Durant son magistère, d’août 1960 à décembre 1981, il a initié une politique culturelle qui ne sera malheureusement pas poursuivie par ses successeurs, Abdou Diouf, Abdoulaye Wade et Macky Sall. Le rayonnement culturel des années senghoriennes s’est plutôt mué en une grande campagne de déconstruction et de décadence. L’anniversaire de son décès est un prétexte pour Sud Quotidien d’analyser ce qui reste de cet héritage culturel.
«La culture est au début et à la fin du développement ». C’est la fameuse phrase qui résumait l’ambition culturelle de Léopold Sédar Senghor, premier président du Sénégal indépendant, de 1960 à 1981. En effet, le Président Senghor « avait bien placé la culture au cœur du processus du développement » pour permettre au Sénégal de se positionner en Afrique et dans le monde. Pour matérialiser sa vision culturelle, il « avait d’abord réalisé des infrastructures culturelles telles que le monument de la place de l’Obélisque, le théâtre national Daniel Sorano inauguré en 1965, le CICES de Dakar qui a des contours de pyramides et qui accueille de grandes conférences, mais également le Conservatoire, l’Ecole nationale de Dakar pour la formation d’artistes plasticiens, de professeurs de musique, de professeurs de dramaturgie, d’animateurs culturels et d’artistes de manière générale. Sans oublier évidemment les manufactures des arts décoratifs de Thiès », nous rappelle le journaliste culturel Alassane Cissé.
Avec Senghor, le Sénégal produisait des cartes postales inspirées des travaux des artistes plasticiens, mais aussi des tapisseries faites par les manufactures des arts décoratifs de Thiès. « Une grande tapisserie des manufactures des arts décoratifs de Thiès trône encore sur les murs des Nations-Unies à New York », renseigne Alassane Cissé. Avant de rappeler également que « ces tapisseries sont très connues au Japon ». Ibrahima Sylla, professeur de Sciences politiques à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, a constaté pour sa part et regretté qu’aujourd’hui, on ait « limité la culture à ses aspects les plus folkloriques et les plus festifs », alors que pour lui, « la culture peut être un vecteur de développement comme l’avait compris Senghor mais que ses successeurs n’ont pas suivi de fait».
DIPLOMATIE CULTURELLE
Le Président Senghor, par sa politique culturelle, avait aussi réussi à définir un contenu approprié au Théâtre national Daniel Sorano en y proposant trois entités : le ballet national La Linguère, l’ensemble lyrique traditionnel, et la troupe d’arts dramatiques. Le président Senghor avait beaucoup contribué à la promotion des artistes de talent de l’époque, tels les Ibou Diouf, Mbaye Diop et Younouss Sèye. D’ailleurs, quand il se déplaçait à l’extérieur du Sénégal, à l’occasion de ses visites officielles, il se faisait devancer par l’ensemble lyrique traditionnel et les plasticiens qui présentaient des expositions dans le pays visité. C’est tout le contenu de « la diplomatie culturelle de Senghor », comme le dit le journaliste culturel Baba Diop. Pour dire que les artistes faisaient le tour du monde avec l’ancien chef de l’Etat.
Le Président Senghor, en collaboration avec Alioune Diop, avait été aussi à l’origine du premier Festival des Arts nègres en 1966. Ce qui permettait au Sénégal de se positionner au plan international. Le premier Festival des Arts nègres était une plateforme pour l’affirmation de la civilisation nègre. Senghor en tant que fervent défenseur du courant de pensée appelé « négritude » voulait démontrer à la face du monde que les nègres avaient bel et bien participé à la Civilisation de l’Universel.
Senghor avait aussi introduit la politique du 1% pour les œuvres d’art, pour la décoration des édifices publics, les différentes directions et les ministères. Malheureusement, cette loi et celle sur le mécénat sont tombées en désuétude au temps du président Abdou Diouf.
LA DESENGHORISATION
Le président Abdou Diouf qui a succédé à Senghor est tombé sous le coup des ajustements structurels pour « faire moins d’Etat et mieux d’Etat », c’est-à-dire en asphyxiant financièrement la promotion de la culture. Les Centres départementaux d’éducation populaire et sportive (Cdeps) dont le rôle était de promouvoir la culture à l’époque de Senghor sont laissés à eux-mêmes pour finalement mourir de leur belle mort. Les salles de cinéma sont privatisées et transformées en centres commerciaux.
Mais cette situation a permis aux artistes de compter sur leurs propres forces, de se prendre en charge et de s’imposer. Il y avait toute une politique de « déconstruction » de l’œuvre globale de Senghor pour permettre à Abdou Diouf de marquer son empreinte et de se démarquer pour « exister » politiquement.
Abdoulaye Wade, qui avait des accointances intellectuelles avec le président Senghor et qui voulait rivaliser avec lui, a érigé le Grand théâtre national pour « effacer » le Théâtre national Daniel Sorano. Quand Senghor avait son monument de la place de l’Obélisque, Abdoulaye Wade a tout fait pour ériger son monument de la Renaissance africaine qui est une infrastructure culturelle, et non un monument de contemplation. Des concerts, des expositions, des défilés de mode et des rencontres intellectuelles y sont accueillis.
LES CONTRIBUTIONS DE WADE ET DE MACKY
Le président Abdoulaye Wade a aussi joué sa partition dans la culture. Il a augmenté le Fonds d’aide à l’édition, en le portant de 60 à 600 millions FCFA. Il a également porté le Fonds d’aide au développement de la culture et des artistes, de 100 à 510 millions FCFA. Au plan infrastructurel, le président Wade a construit la Place du Souvenir africain, la porte du Millénaire et la Promenade des Lions. Le Président Macky Sall, élu en 2012 pour succéder à Abdoulaye Wade, a construit son Centre international de conférence Abdou Diouf à Diamniadio, à l’occasion du 15e sommet de la Francophonie qui s’est tenue à Dakar, du 29 au 30 septembre dernier. Pour aménager ce nouveau centre, le président Macky Sall a sollicité des œuvres d’artistes sénégalais, même si ceux-ci n’ont pas été payés immédiatement à l’ouvrage. Dans le cadre de la politique du Plan Sénégal émergent (Pse), le président Macky Sall a donné des orientations pour une création de synergies qui puissent faire considérer la culture comme un vecteur de développement par le soutien des entreprises culturelles. D’ailleurs c’est pour cette raison que des rencontres avec les entreprises culturelles étaient initiées dans le cadre de la francophonie.
ABSENCE D’UNE POLITIQUE CULTURELLE
« On n’a pas de véritable politique culturelle au Sénégal », a constaté Ibrahima Sylla, professeur de Sciences politiques à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis. « Aujourd’hui, il n’y a plus de cinéma, plus de véritables salles de théâtre, plus de centres susceptibles d’aider les jeunes à faire des exercices, des ateliers d’arts plastiques. C’est dommage mais il y a encore toute une politique à investir dans ce domaine-là pour pouvoir permettre à des jeunes de trouver des créneaux », fait-il remarquer. Et pourtant, estime-t-il, « la culture est un secteur qui peut créer des emplois et aider notre pays à rayonner dans le monde ».
A son avis, « il faut nécessairement un coup de pouce des autorités, une volonté politique susceptible d’aider les jeunes à exprimer leurs talents ». Pour exemple, il cite les Etats-Unis d’Amérique qui doivent leur rayonnement en grande partie à leur culture, avec la création « d’emplois » et de « valeurs ajoutées » dans les industries culturelles. Dans une autre mesure, la portion qui est dévolue à la culture est « incongrue », « moins de 1% du budget national alloué à la culture alors que la culture est un domaine de souveraineté nationale qui est capital », selon Alassane Cissé.
MBAGNICK NDIAYE RELEVE L’IMPERATIF DE FACILITER LA CIRCULATION DES ARTISTES ET DE LEURS ŒUVRES
Dakar, 19 déc (APS) – Le ministre sénégalais de la Culture Mbagnick Ndiaye a justifié vendredi l’intérêt d’une politique commune de développement culturel, au sein de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA), par l’impératif de ‘’mettre l’accent sur la qualité des produits et de faciliter la circulation des artistes et de leurs œuvres’’.
‘’Nos produits culturels doivent être accessibles au sein de l’espace communautaire qui doit constituer le premier niveau de leur consommation’’, a-t-il dit à l’ouverture du séminaire national sur la politique commune et le programme de développement culturel de l’UEMOA.
Des artistes, acteurs culturels, représentants d’organisations professionnelles, d’institutions ainsi que des chefs de services nationaux et régionaux du ministère de la Culture participent à cette rencontre destinée à présenter le programme et à le discuter.
Selon M. Ndiaye, l’intérêt de faire circuler les artistes et leurs produits se justifie par le fait que le contexte actuel est marqué par la nécessité de protéger la diversité des expressions culturelles et de protéger les biens et services culturels.
‘’La création d’un marché des arts et de la culture participe certainement à promouvoir cette ouverture sur toute la communauté’’, a souligné le ministre, insistant sur l’exigence fondamentale de la qualité des produits et services à mettre en confrontation et à soumettre à la sanction des consommateurs et de professionnels.
Il a affirmé que le séminaire de Dakar est ‘’une étape importante d’un long processus inclusif’’ dont l’une des étapes est l’adoption de la Politique commune de développement culturel de l’UEMOA.
‘’Notre organisation sous-régionale manifeste ainsi sa volonté de renforcer les conditions d’expression du sentiment d’appartenance à une communauté’’, a-t-il poursuivi. Il s’agit aussi de ‘’développer les capacités des membres de cet ensemble à produire des biens et services de qualité’’.
La Politique commune de développement culturel de l’UEMOA a été adoptée le 24 octobre 2013, par l'Acte additionnel de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement. Le Programme de développement culturel de l’UEMOA (PDC-UEMOA), lui, a été adopté par le Conseil des ministres statutaires, le 25 septembre 2014. Les deux documents mettent l’accent sur la formation, le cadre juridique et le financement.