Général Amadou Bélal Ly, Le dernier mot. Tel est le titre de l’ouvrage de Mouhamed Abdallah Ly. Préfacé par le Général Lamine Cissé, ce livre dont le lancement est prévu ce samedi retrace la vie de l’ancien aide de camp du président Senghor, Général Amadou Bélal Ly. De son enfance, lui le talibé, l’enfant de troupe, le tirailleur dans l’armée française, le préfet, le gouverneur, l’ambassadeur... Nous vous offrons quelques bonnes feuilles de ce livre édité par les Presses universitaires de Dakar (Pud). À travers l’extrait que nous vous proposons, le Général Amadou Bélal Ly nous fait revivre sous un nouveau regard les évènements de 1962.
"Bélal Ly, un ‘Pompier’ de la République"
"Après l’éclatement de la Fédération du Mali, Modibo Keïta est parti avec ses hommes dont le Général Soumaré, un Saint-Louisien pourtant ; il sera d’ailleurs enterré à Saint-Louis. Mais il a rejoint Modibo qui en a fait le Chef d’état major de l’armée malienne. Le Général Amadou Fall, un autre Saint-Louisien, soit dit en passant, Chef d’état-major de l’armée sénégalaise, m’a appelé pour me dire ceci : "Ly, préparez-vous à prendre les fonctions d’aide de camp du Président Senghor". J’ai immédiatement dit "non". Je me souviens lui avoir dit : "Je ne suis pas fait pour ça moi".
Suite à notre conversation, il est allé voir le Président et lui a relaté cela, à savoir que j’étais un baroudeur et qu’il valait mieux pour me mettre à l’aise me choisir un autre endroit d’affectation. Ils m’ont créé une Compagnie à Tambacounda. Nous étions en août mille neuf cent soixante (1960) et à l’époque, Tambacounda n’avait pas de camp militaire. J’ai été envoyé là-bas, avec ma compagnie par train, pour surveiller la frontière.
Quand je suis arrivé donc à Tamba, il n’y avait rien du tout. Il n’y avait même pas une brique ! Alors, je suis allé trouver le Gouvernement de l’époque qui se trouvait être un ami, Babacar Bâ. C’était un homme très, très bien. Que Dieu ait pitié de son âme ! Il fut ministre des Finances du Sénégal et en même temps Directeur de cabinet du Président Mamadou Dia pendant les évènements de mille neuf cent soixante deux (1962). Il m’a très bien reçu. Il m’a aidé à m’installer dans une maison. Mais avant cela mes hommes et moi, nous dûmes dormir dans un abri qui appartient à l’ONCAD, un gîte où il y avait d’ailleurs des fongicides qui auraient pu nuire à notre santé. Il faisait excessivement chaud à Tambacounda. Et c’est dans ces températures caniculaires que nous avons petit à petit construit le camp militaire, avec l’aide du Génie militaire et du Chef de section des travaux publics.
Nous avons délimité l’espace puis déraciné des arbres, désherbé, nettoyé et enfin construit le camp. J’ai encadré tout ce processus jusqu’à la répartition des chambres et des villas. Je suis resté deux ans à Tambacounda de mille neuf cent soixante à mille neuf cent deux (1960-1962). Du coup, en début octobre mille neuf cent soixante deux (1962), j’étais avec ma compagnie à Tamba. Cette fois-ci, c’est le Commandant Jean-Alfred Diallo qui est venu me dire qu’il fallait que je rejoigne le Palais. J’étais une fois de plus réticent mais face à son insistance, j’ai fini par abdiquer. Babacar Bâ aussi avait rejoint Dakar pour occuper les fonctions de Directeur de cabinet du Président Dia. Il y avait un autre chassé-croisé. Je suis venu au Palais pour être l’aide de camp du Président Senghor tandis qu’Idrissa Fall était nommé à Bakel, je crois.
"J’ai regagné le Palais au moment où le pays s’enflammait"
Quand je me suis rendu au Palais pour occuper mes nouvelles fonctions, c’était là ma première rencontre avec le Président Senghor. Je me suis présenté aux gendarmes qui m’ont conduit dans ses appartements. Il est venu vers moi : "Ah c’est vous le Capitaine, Ly ? Vous êtes mon nouvel aide de camp !" Je lui ai carrément dit que c’était ce qui m’était annoncé mais que je n’y étais pas très favorable. Il m’a dit : "Oh non Capitaine, vous allez voir, vous serez à l’aise ici". Je ne me doutais pas à cet instant que des problèmes énormes m’attendaient.
Mais dans les jours qui suivent, je me suis rendu compte que j’ai regagné le Palais au moment où le pays s’enflammait. Il y avait une tension politique palpable. Des réunions se tenaient tous les soirs. Ça commençait vers dix-huit heures pour ne finir qu’à cinq heures du matin. Les hommes politiques s’engueulaient. Ils tapaient sur les tables et s’invectivaient. Une atmosphère incroyable ! C’est dans ces conditions désolantes et pénibles que j’ai rejoint le Palais comme aide de camp. C’est vous dire dans quel climat délétère j’ai travaillé en ce moment là. Je suis l’aide de camp du Président et voilà que dans des réunions où il se trouve, on tape sur les tables, on s’invective... C’était pénible pour moi !
En tant que militaire, j’avais jusqu’ici travaillé dans des situations de conflit et d’extrême tension mais la discipline, le respect de l’autorité, régnaient tout de même.
"J’ai mis Senghor dans une chambre de passage. Dieu est mon témoin ! Pendant huit jours"
Mais j’ai tenu jusqu’au moment où, le dix-sept décembre mille neuf cent soixante deux (1962), les choses se sont définitivement envenimées et ont atteint un point de non retour. J’ai mis Senghor dans une chambre de passage. Dieu est mon témoin ! Pendant huit jours, je l’ai enfermé dans une chambre de passage au premier étage du Palais et les clés étaient dans ma poche, jours et nuit. Personne ne savait où je l’avais gardé. Dieu seul savait. Et c’est moi qui faisais tous les déplacements pour établir les contacts et les liaisons avec les militaires, avec les civils, avec tout le monde.
Je quittais le Palais pour me rendre au camp Dial Diop, à la gendarmerie, à la police, au Commissariat Central, etc. D’ailleurs, face à l’urgence, je prenais souvent les sens interdits. Une fois, le Président m’a dit : "Ly ne sortez pas ! Si vous sortez on va vous arrêter". Il exprimait ainsi son souhait de me voir déléguer les liaisons à d’autres pour des raisons de sécurité. Mais je lui ai répondu : "Monsieur le Président, si je ne sors pas, on va tous nous arrêter. Il vaut mieux qu’on m’arrête, seul. Ce serait plus grave si nous venions à être arrêter tous les deux". Alors, il s’est résigné : "Ah ! Bon ! Alors, faites comme bon vous semble !".
J’ai continué mes démarches, mes contacts et tout. Je suis allé voir le Chef d’état-major, le Général Amadou Fall. Je lui ai dit : "Il vous faut venir voir le Président". Il m’a répondu : "Non, je ne viens pas !". Il avait été réfractaire à d’autres sollicitations d’ailleurs. J’en ai tiré la conclusion qu’il avait choisi l’autre camp. Alors je suis revenu dire au Président Senghor, "Mettez soixante jours d’arrêt de forteresse au Général Fall". Ça, c’est moi qui l’ai dit, je l’assume. Je le répéterai dans ma tombe. "Mettez-lui soixante jours d’arrêt de forteresse", j’ai dit, parce que la situation était fort préoccupante.
Il fallait faire vite. J’ai donc demandé à ce que le Général Fall reçoive soixante jours d’arrêt de forteresse, à passer à Gorée. J’ai dit au Président : "Préparez les décrets ! Je vais remettre personnellement à Fall le document et vous nommerez Jean Alfred Diallo Chef d’étatmajor de l’armée sénégalaise". Il faut savoir que Jean Alfred Diallo était à cette époque le seul Commandant, après Amadou Fall, de toute l’armée sénégalaise. Celle-ci n’avait même pas de Colonel, à cette époque.
Le seul Commandant présent, c’était Diallo. J’ai proposé à Senghor de le nommer Chef d’état-major. Senghor a suivi ma suggestion. J’ai pris le décret destituant le Général Fall et je suis allé à Dial Diop et je lui ai dit : "Vous êtes destitué ! Vous serez mis aux arrêts pendant soixante jours à Gorée. La Chaloupe vous attend au Mole 8 ce soir à dix-sept heures trente. Venez en civil. Soyez sans arme et venez sans votre aide de camp !".
Je lui ai fait un grand salut et je suis parti. Je me souviens du regard de Doucouré, le Commissaire central, qui était présent, et de ce qu’il m’a dit : "Mais Ly vous êtes vraiment courageux ! Comment ! Un Capitaine qui ose dire ça à un Général !". "Je ne fais que mon travail", je lui ai répondu. Un peu avant 17h30 je me suis rendu au Mole 8. Le Général Fall s’est présenté dans le respect des consignes. J’ai fait les vérifications nécessaires. Et je suis parti à Gorée. J’ai fait venir des officiers de la gendarmerie, de la nourriture, de l’eau... Avec la sécurité, on a refait les barbelés. Je leur ai parlé en militaire : "Voilà, il est entre vos mains ! S’il disparaît, je vous coupe la tête à tous".
Puis, je suis rentré au Palais. Je suis allé voir le Président et je lui ai dit : "Voilà, je vais gérer la forteresse. Maintenant, je vais faire appeler pour vous, Jean Alfred Diallo, le nouveau chef d’état major". Je suis allé dire à Diallo : "Venez voir le Président !" Il est venu ; nous nous sommes rendu au Palais immédiatement d’ailleurs.
Le Président lui a donné des consignes. Il a dit : "D’accord !". Il a salué puis il a voulu partir. Je lui ai dit : "Non ! Allons là bas". Nous sommes allés en bas le Général et moi. Je lui ai demandé de faire une déclaration à la radio en compagnie des Commandants. Il a jugé ma proposition pertinente. Nous avons rédigé le speech et nous sommes allés à la radio. Il a lu le papier et puis il m’a dit : "Vous pouvez retourner au Palais ! Moi je retourne au camp !". Ce que j’ai fait. Je suis retourné au Palais.
Senghor : "Si on m’arrête, ne tirez pas !"
Et le lendemain, il fallait voir l’effervescence qu’il y avait. Il devait y avoir une réunion à l’Assemblée nationale. Je suis sorti du Palais avec le Président Senghor et son chauffeur Sidy Ndiaye. En cours de route, Senghor m’a enjoint un ordre : "Ly !", je répondis : "Oui Monsieur le Président". Il m’a dit : "Si on m’arrête, ne tirez pas !".
J’ai dit : "Monsieur le Président, on ne vous arrêtera pas s’il plait à Dieu". Plus tard, j’apprenais que nous devions être arrêtés. Les deux cellules qui devaient nous accueillir étaient préparées. Les véhicules qui devaient nous amener à l’aéroport militaire de Yoff se trouvaient en bas de l’Assemblée nationale. Arrivés à l’hémicycle, j’ai fait garer les deux motards de tête, puis j’ai aux motards : "Restez sur vos motos !". Puis à Sidy Ndiaye j’ai dit : "Laisse le moteur tourner et reste là, ne bouge pas ! Ouvre une portière pour le Président Senghor et ouvre une autre portière pour moi. Si je constate quelque chose d’étrange, je retournerai sur mes pas, je ferai demi-tour".
Dès que nous sommes entrés à l’Assemblée nationale, nous avons vu que l’ascenseur qui était en principe automatique, n’était plus automatique. C’est-à-dire que l’ouverture était manuelle. C’est des huissiers qui se chargeaient d’ouvrir et de fermer les battants de la porte. Puis, avec le coup d’œil d’un aide de camp, j’ai jeté un regard au premier étage et je n’ai rien vu du tout ; ce qui était également inhabituel. J’ai reculé un peu et au deuxième étage j’ai aperçu des gendarmes en tenue. Devant autant de choses qui m’ont intriqué et alerté, j’ai dit au Président : "Non, retournons au Palais ! Ne montez pas !". Je l’ai pris par la main et il m’a suivi. Je l’ai escorté jusque dans la voiture. J’ai fait fermer les portes et j’ai dit aux motards : "Direction le Palais !".
Nous sommes ainsi retournés au Palais. J’ai bouclé le Palais entièrement de A à Z. Là où je mettais un gendarme, j’en ai mis trois. Là où je donnais cinq cartouches, j’en ai donné cent cinquante. J’ai pris un ravitaillement pour quinze jours. J’ai même pris des lampes torches qui étaient plus éclairées que les lampes habituelles. Avec tout ceci, je savais que nous pouvions tenir au Palais pendant quinze jours. Il y avait du monde au Palais quand nous y sommes retournés : des ministres, le Secrétaire d’Etat, etc. J’ai pris sur moi de mettre tout ce beau monde à la porte. J’ai bouclé le Palais. J’ai mis le Président Senghor dans une chambre de passage. J’ai fait appeler un serrurier qui a changé les verrous de la porte. J’ai gardé les nouvelles clés sur moi.
Après ça, le Président m’a dit : "Bon Ly qu’est ce qu’il faut faire à présent ?". Je lui ai répondu : "Monsieur le Président, soyez tranquille. Ce qu’il faudrait faire maintenant c’est de trouver le Procurer Général de la République pour qu’il vous délivre un papier comme quoi on va les arrête. En tout cas, c’est la solution". Il m’a dit : "Oh, c’est une bonne idée !" et il a fait appeler le Procureur. On a fait les papiers et on a donné ça à un petit groupe de commandos qui est allé là où se trouve actuellement la Maison de la Culture qui porte le nom de Douta Seck. C’est là où habitait le Premier ministre. Donc ils ont été arrêtés et conduis à Ouakam.
Quand vous allez à Ouakam, à côté de là où se trouve présentement la Mosquée de la Divinité, il y a encore un bâtiment avec des barbelés tout autour ; c’est là-bas qu’on les avait gardés. Ensuite, quelques jours après, une fois que le jugement a été fait, on les a envoyés à Bakel. J’ai dit à l’ancien ministre de la Justice "Guillabert, vous vous moquez de nous ?" et j’ai dit au Président Senghor :
"Mais comment peuvent-ils les envoyer à Bakel où il n’y a même pas une compagnie de militaires ? Il n’y a que quatre gendarmes seulement là-bas. Un petit Commando peut venir par le fleuve, traverser avec une pirogue et les récupérer". Il me dit : "Ah oui, vous avez raison ! Appelez-moi Guillabert !". Guillabert est venu et c’est ainsi qu’on les a transférés à Kédougou.
Le groupe de rap "Keur Gui", présentant officiellement son album, hier, compte concurrencer de grandes stars comme Akon et Jay-Z. Le double album, Encyclopédie, est composé de deux tomes. Dans le premier, "Opinion publique", ils traitent des faits de société, de politique alors que dans le deuxième, "Règlement de compte", il s'y expriment leur opinion pour, disent-ils, répondre aux exigences du titre, mais aussi de manière très conceptuelle par rapport aux thèmes débattus.
Le groupe de rap Keur-gui compte placer la barre très haute pour égaler les ténors du rap. Après une scène politique apaisée dans le pays, le groupe de rap est retourné en studio au Sénégal et aux Etats-Unis pour enregistrer son album intitulé "Encyclopédie" sorti en deux tomes en octobre dernier. Il ne vise plus le marché africain mais celui mondial.
"Pour nous, ça doit être l’album de la consécration. Nous avons beaucoup fait dans le mouvement hip hop. Nous avons réalisé d’énormes choses. Nous sommes arrivés à un certain niveau, où il faut placer la barre très haute en terme de qualité sonore, lyrique, musicale et en terme de visibilité", explique Thiat du groupe de rap Keur-Gui, qui a présenté officiellement son album "Encyclopédie, premier "livre audio qui englobe toutes les sciences du Hip hop".
"Nous avons fait un album de qualité pour concurrencer le monde, pour concurrencer Jay-Z, Akon. Parce que pour nous, il ne suffit plus de sortir un album et dire que notre groupe a sorti un album. L’objectif est d’avoir un million de ventes, des Grammy Awards et des disques d'Or, de platines, concurrencer les Jay-Z et les Akon. C’est là où nous voulons mettre la barre. Il faut que l’on s’appuie sur la qualité. Le temps nous est compté. Nous avons énormément de choses à faire", ajoute le groupe de rap Keur- Gui.
Pour concurrencer ces rappeurs, le meilleur moyen, selon les membres du groupe, c’est de mixer dans les studios où ces stars le font. Ce qui permettra, ainsi, d’avoir un "master de standard international". "La qualité du support et du contenu est importante. Au-delà de celle musicale, nous avons voulu qu’il soit un support pédagogique. On y trouve des citations de grands penseurs africains, mais aussi des intellectuels du 3e millénaire. Avec les sous -titrages, les gens pourront comprendre notre message", explique les rappeurs. Ils rappellent que la réalisation de ces travaux leur a pris cinq mois de studio et une semaine pour la réalisation, la conception et le design.
Dix mille CD vendus en deux mois
En terme de ventes, les deux membres du mouvement "Y en a marre"révèlent avoir battu le record de 2008. "Nous avons vendu 10 mille CD en un mois et deux semaines", révèle Kilifeu qui dit être disponible pour montrer aux sceptiques les reçus comme justificatifs. "Ce n’est pas évident en sept semaines. Quand nous avions sorti "Nos connes doléances", on avait fait la meilleure vente. Maintenant, celle-ci est dépassée de trois fois", renseigne Kilifeu.
Selon Thiaat, leur objectif c’est de vendre un million de CD. Il croit pouvoir y arriver s’ils continuent la stratégie qu’ils ont adoptée. "Nous faisons de sorte que l’album soit disponible partout", dit-ils soulignant que c’est cet album de 26 titres qui a financé toutes les tournées "d’encyclopédie tour" qu’ils ont eu à faire.
Revenant sur les interrogations du coup financier de leur séjour, ils renseignent qu’ils ont fait quatorze concert et de festivals dans les universités. "C’était à hauteur de 30 mille dollars soit quinze millions de FCFA. Tout ceci nous provenait des cachets. Nous avons fait quatorze universités et trois festivals. C’est la somme des cachets que nous avons récolté qui nous a permis de nous en sortir", explique Kilifeu. Un concert est également prévu le 25 décembre au stade Iba Mar Diop dont le parrain est Fou malade.
Deux ouvrages d’auteurs sénégalais viennent d’être traduits cette année en espagnol : Les Petits de la Guenon de Boubacar Boris Diop, Civilisation ou Barbarie, l’avant-dernier texte de l’historien Cheikh Anta Diop.
Traduire un livre d’où qu’il vienne, c’est le faire voyager. Si des ouvrages comme Les Petits de la Guenon de Boubacar Boris Diop ou Civilisation ou Barbarie de Cheikh Anta Diop pourront désormais s’adresser à d’autres publics, c’est entre autres grâce à la volonté d’une structure comme Casa Africa, qui est « une plateforme d’échanges culturels et d’affaires dans le secteur littéraire ». C’est ce qu’explique la responsable du Service web et médiathèque en ligne, Estefanía Calcines Pérez. Casa Africa est aussi un instrument de la diplomatie culturelle espagnole, avec des partenaires comme le Gouvernement des Canaries, le ministère sénégalais de la Culture et de la Communication ou encore l’Union européenne (UE).
Pour rapprocher l’Afrique de l’Espagne, Casa Africa passe par la culture, entre autres moyens. Qu’il s’agisse d’expositions ou de conférences sur la musique par exemple, en favorisant la rencontre entre des artistes sénégalais et espagnols.
L’idée de Casa Africa consiste aussi à casser les barrières, et à concevoir une documentation sur les Îles Canaries pour les sortir de leur enclavement. Elle permet également la publication d’essais sur la présence de la langue espagnole en Afrique, et surtout sur la manière dont on l’enseigne. Sur les 12 pays où l’on étudie la langue de Cervantès, 5 sont en Afrique noire. Et parmi eux, le Sénégal.
La communication du Pr. Aboubacry Moussa Lam du département d’Histoire de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) a surtout porté sur la façon dont s’est construit le parcours de l’auteur de Civilisation et Barbarie. Lui qui voulait d’abord être ingénieur, mais qui s’est finalement tourné vers des études d’histoire pour comprendre d’où il venait. Aboubacry Moussa Lam dit d’ailleurs qu’il faut combattre l’oubli, celui de la Traite négrière ou celui de la Shoah. Il dit encore que les livres sont un remède contre les trous de mémoire. Mort en 1986, il y a donc 28 ans, Cheikh Anta Diop «laisse derrière lui 11 ouvrages», et l’on s’en inspire encore aujourd’hui.
3052 KILOMETRES, ÇA USE ÇA USE...
MAMADOU DIA OU LE RECIT D’UNE EMIGRATION CLANDESTINE
Mamadou Dia, le jeune auteur de «3052», n’avait que 22 ans lorsqu’il s’est engouffré dans la pirogue qui l’emmènera jusqu’en Espagne où il restera 10 ans. Lui qui ne connaissait de l’Europe que ce que la télé voulait bien lui montrer, déchantera très vite. Il raconte son histoire comme on laisse un testament, mais surtout parce qu’il en fit la promesse à des amis qu’il ne reverra plus jamais. Son discours s’adresse aux plus jeunes, et c’est même assez dissuasif. La rencontre a eu lieu hier jeudi 4 décembre à l’Institut de promotion de la langue et de la culture espagnole Aula Cervantès, lors du Salon International du Livre Africain (SILA).
La première fois qu’il a tenté l’aventure, on lui a dit non, tout simplement. Et idem la seconde, lorsque Mamadou Dia a encore essayé de se rendre en France : pas de visa pour lui. Dire qu’il en rêvait tellement…C’est à l’époque qu’il entend parler d’aller clandestinement en Espagne à bord d’une pirogue : de forcer et les frontières, et le destin. Il décide de ne pas en parler à ses amis, de peur qu’on le dissuade. Mais c’est tout comme puisqu’il leur adresse une lettre où il leur fait la promesse que s’il «arrive vivant en Espagne, (il écrit) un livre pour raconter (son) histoire».
Ses amis décident à leur tour de faire comme lui, sauf qu’eux ne survivront pas, ne vivront même pas assez longtemps pour lire «3052». 3052, comme la distance qui sépare Dakar de la première ville espagnole où a vécu Mamadou Dia (Murcie), est un ouvrage de 168 pages intégralement écrit en espagnol. Au début, lorsqu’il arrive en Espagne, il taquine les mots, les tournures de phrases, et l’appétit venant en mangeant, il décide de le parler parfaitement. A tel point que l’espagnol finit par lui coller à la langue puisqu’il dit qu’il rêve et s’exclame même en espagnol. Lui qui est entré au pays de Cervantès par une porte dérobée, et qui a parfois dû faire les poubelles pour avoir de quoi manger… Lui qui, comme il dit, n’avait pourtant jamais connu la faim lorsqu’il était encore chez lui au Sénégal.
La déception à la mesure du mythe
Pourquoi être parti alors ? Quand il raconte son histoire, on a comme l’impression que c’était un peu pour faire comme tout le monde, «la honte de ceux qui restent», et qui reçoivent en pleine figure quelques échos du succès de ceux qui sont partis». Mais Mamadou Dia, qui est resté dix ans en Espagne, n’est plus le jeune homme de 22 ans qui bravait l’océan. Partir l’a rendu plus mûr. Il explique que si un jour il a décidé de faire le grand saut, c’est parce qu’on lui a tellement parlé de l’Europe, qu’il a voulu voir de lui-même…. Parce que lire Hugo et Baudelaire l’avaient fait voyager, mais que cela ne lui suffisait plus ; épuisé qu’il était de n’avoir de l’Occident que des images virtuelles «fabriquées» par la télévision. La déception sera parfois à la mesure du mythe : le racisme, les préjugés, la faim…
Rentré au bercail depuis le mois de février dernier même s’il ne s’adapte toujours pas au rythme d’une horloge sénégalaise qui traîne les pieds, Mamadou Dia est un peu comme ce bonhomme dont parle le philosophe Platon. Celui qui, parce qu’il a pu s’échapper de la caverne, revient pour raconter aux autres comment c’est là-bas, brisant à coups de marteau leurs plus profondes convictions, leurs plus profonds aveuglements. Le message de Mamadou Dia s’adresse surtout aux jeunes : ne pas s’en aller à tout prix et dans n’importe quelles conditions, se dire que quand on fournit les mêmes efforts pour s’en sortir ici, que pour s’en aller là-bas, il n’y a pas de raison que cela ne puisse pas marcher.
Face à lui, il y avait d’ailleurs des élèves du Complexe Saint-Michel en classe de Terminale venus en compagnie de leur professeur d’espagnol Jean-Christophe Diémé, pour qui il était important que ses élèves puissent comprendre que l’Europe n’est pas un Eldorado. « J’ai retenu que l’on ne pouvait pas tout calquer sur le modèle occidental », dira l’une des élèves. «3052» a ainsi fait le tour de plusieurs universités espagnoles. Publié en 2012, le bouquin s’est déjà vendu à 7000 exemplaires ; en Chine, au Canada, aux Etats-Unis, en Amérique du Sud etc. S’il n’y a pour l’heure qu’une version en espagnol, le jeune auteur de 32 ans prévoit qu’il y en ait deux autres au mois de janvier prochain : en wolof et en français cette fois.
La volonté de «nos ancêtres les Gaulois» a, encore une fois, été exaucée. Moralité du mélodrame qui s’est joué à Diamniadio : l’Afrique reste un simple faire-valoir dans ce qu’il est convenu d’appeler, prosaïquement, le concert des Nations. N’en déplaise aux chantres invétérés de l’afro-optimisme. En langage décodé et crû, qui paye commande. Aussi triste que ça !
Les rideaux sont tirés sur le XVème sommet de la Francophonie qui s’est tenu au désormais Centre international de conférence Abdou Diouf de Diamniadio (Cicad). Après deux jours de conclave (?), les deux principaux bailleurs de l’Oif ont sorti de leur chapeau une «une femme jeune de 57 ans qui incarne une vision moderne de la Francophonie». Mais, à dire vrai, la mise sur orbite de Michaëlle Jean, qui occupera son poste de manière effective le 1er janvier 2015, aura été, d’un bout à l’autre, on ne peut plus laborieuse.
En effet, c’est la première fois que l’Oif échappe à l’Afrique. Et le «consensus» tant vanté n’a pas été évident. Car, les pays membres ont failli recourir aux urnes pour départager les différents candidats. Il s'agit de Jean Claude de L'Estrac de l'ile Maurice, du Congolais Henri Lopes, de l'ancien président du Burundi Paul Buyoya, du diplomate Equato-guinéen Agustín Nze Nfumu et la journaliste canadienne d'origine haïtienne Michaëlle Jean. Finalement, il a fallu que les personnalités les plus impliquées dans cette affaire- Denis Sassou-Nguesso du Congo, le Premier ministre canadien Stephen Harper, François Hollande, Macky Sall, le président du Burundi Pierre Nkurunziza et le président mauricien Kailash Purryag- se concertent, pendant plus d’une heure, dans une autre salle, pour tordre le bras aux récalcitrants et porter au pinacle «une ancienne représentante de la pire ennemie de la Francophonie, La reine d’Angleterre».
Sentant que la messe était déjà dite, le président de la Guinée équatoriale, Théodore Obiang Nguéma, s’était, lui, éclipsé sans crier gare.
Dénouement fatal
D’ailleurs, lors du tout dernier huis clos, les visages étaient fermés. Le président ivoirien Alassane Ouattara a quitté la réunion. Idem pour Denis Sassou Nguesso qui n’a pas voulu assister au sacre de l'ancienne gouverneure générale du Canada, qui succède à Abdou Diouf qui se retire après 12 ans à la tête de l'Oif.
Un dénouement à la hussarde, après d’intenses tractations, qui a tout l’air d’un coup de tonnerre qui laissera, immanquablement, des traces dans le ciel jusqu’ici serein de la «communauté de destin» appelée Francophonie. Pour ne pas dire dans les relations, hélas toujours en dents de scie, entre Paris et certaines capitales africaines.
D’autant plus que les arguties évoquées par le gotha francophone pour mettre hors course les adversaires de Michaëlle Jean, principalement leur background démocratique et/ou celui de leurs pays respectifs, sont loin de tenir la route. Surtout quand on sait que, n’eut été le fameux «printemps burkinabé», ce poste était destiné à un certain Blaise Compaoré. Une façon, sans doute, d’offrir un parachute doré à l’ancien capitaine du tristement célèbre régiment de… parachutistes de Pau qui a stoppé net, le 15 octobre 1987, la révolution incarnée par Thomas Sankara.
En tout cas, celle qui a déclaré, d’entrée de jeu, que «l'Organisation internationale de la Francophonie doit désormais s'ouvrir à tous les fora économiques du monde», n’a pas tardé à donner le ton. Mettant à profit sa première apparition publique, Michaëlle Jean a répondu à la question d’un journaliste canadien en français et en anglais. Si ce n’est pas un pied de nez à ses soutiens…
Pékin aux aguets
Pour cajoler l’Afrique, qui a vu, groggy et interloqués, le poste de secrétaire général de l’Oif lui filer entre les doigts, le président français, François Hollande, lui a balancé, hic et nunc, une sucette : le poste d’Administrateur, c'est-à-dire le numéro deux de l’institution. L’actuel occupant, le Canadien Clément Duhaime, dont le mandat court pourtant jusqu'en 2018, devra céder la place à un Africain.
Même s’il est attesté que le secrétaire général a la responsabilité de nommer l'Administrateur, il n’en demeure pas moins qu'il faudra veiller à maintenir un tandem Nord-Sud à la tête de l'Oif. M. Duhaime, qui en est tout à fait conscient, aura, certainement, un rôle important à jouer dans le choix de son successeur. Curieusement, ce traitement peu flatteur est réservé à l’Afrique à un moment où elle fait l’objet de toutes les convoitises.
Mieux, deux sénateurs français (Jeanny Lorgeoux et Jean-Marie Bockel) ont présenté, le 30 octobre 2013, un rapport ambitieux sur les relations entre la France et l'Afrique. Intitulé "L'Afrique est notre avenir", il préconisait, dans ses 10 mesures prioritaires, la création d'un ministère autonome de la Coopération. Un électrochoc voulu par les sénateurs, à la veille du sommet de l'Élysée consacré à l'Afrique, pour pointer le «manque de stratégie à long-terme» de la France et mettre sur la table des propositions pour contrer l'influence sur le continent de Washington et de Pékin. Et, comme par hasard, la plupart des pays «futurs tripatouilleurs de constitution» entretiennent un commerce d’une rare prospérité avec l’Empire du milieu.
L’OIF a jusqu’ici été cet «outil diplomatique», cette «annexe institutionnelle» au service du rayonnement politique de la France et de la défense de ses intérêts économiques
Depuis son premier sommet en 1986, à Versailles, sous la présidence de François Mitterrand, la mission de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) s’est considérablement diversifiée. Elle va aujourd’hui de la «promotion de la langue française et du multilinguisme», à la «culture numérique», au «développement durable», à «l’engagement des jeunes», «l’égalité femmes-hommes» et la «société civile». Sans oublier «la diversité et le développement culturel».
Qu’est ce qui a été accompli sur tous ces fronts, au profit de l’Afrique ? Très peu de choses en réalité quand on veut bien regarder au-delà des discours lénifiants des administrateurs de l’OIF et des chefs d’Etat.
En fait, la francophonie à travers l’OIF a tantôt servi «d’outil diplomatique» à la France tantôt d’instrument de la Françafrique.
Ainsi de la «la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles» dont l’adoption par l’UNESCO en 2005 est de nos jours présentée comme une victoire majeure de l’OIF.
En réalité, c’est la diplomatie française qui est à l’origine, dés 1993-1993, de l’initiative qui aboutira à son adoption. Il s’agissait pour la France d’éviter que ses produits et services audiovisuels (musiques et films) ne soient soumis aux règles du «libre-échange» et soumis de ce fait à la concurrence américaine, comme le prévoyait le GATT (Accord Général sur les Tarifs Douaniers et le Commerce) alors en vigueur.
C’est dans ce cadre que la France, alliée au Canada (tout aussi concerné par la concurrence US), après avoir élaboré un vigoureux argumentaire théorique et une stratégie d’alliances à l’échelle mondiale, actionna l’OIF dont le vote massif à l’UNESCO fut, il est vrai, déterminant.
Pourtant personne n’a mobilisé l’OIF quand il s’est agit pour l’Afrique de négocier les termes et des modalités des «Accords de Partenariats Economique» que l’Union Européenne tentait de lui imposer.
Que l’OIF n’ait pas mis en cause les «bonnes pratiques» de la Françafrique, l’actualité récente en offre de nombreuses illustrations.
Ainsi du redéploiement de l’armée française sur pratiquement toute l’Afrique francophone, sur décision unilatérale du Président Hollande, simplement relayée aux chefs d’Etat africains, du projet du Président français de «donner» le poste de secrétaire général de l’OIF à Blaise Comparé, s’il avait renoncé à la présidence du Faso, ou encore de l’exfiltration de ce dernier d’Ouagadougou après son renversement par un soulèvement populaire.
L’OIF a donc bien jusqu’ici été cet «outil diplomatique», cette «annexe institutionnelle de la Francophonie[1]» au service du rayonnement politique de la France et de la défense de ses intérêts économiques.
Mais ceci ne saurait perdurer. Ne serait ce que parce qu’elle est dépassée par l’évolution du monde et sera bientôt rejetée par les élites montantes.
A-t-on bien perçu cela en Afrique et en France ?
Certainement pas en Afrique, où les chefs d’Etat n’ont jamais émis la moindre critique ni des orientations ni du fonctionnement de l’OIF.
Quant à la France, on aurait pensé que c’est dans un souci de procéder à un aggiornamento que le Président François Hollande a commandé une étude sur le futur de la Francophonie à un groupe de travail présidé par M. Jacques Attali.
Or le rapport produit, intitulé «la francophonie et la francophilie, moteurs de la croissance durable», publié en avril 2014, appelle certes à une réorientation de l’OIF, mais ne remet en cause ni sa finalité ni le rôle de la France en son sein.
À partir du constat que la Francophonie représente «230 millions de personnes, 16% du PIB mondial, avec un taux de croissance moyen de 7% et 14% des réserves minières», le rapport Attali relève d’abord que «le potentiel économique de la francophonie est insuffisamment exploité par la France».
Il élabore donc ensuite un programme économique en 53 propositions autour de 7 axes, dont la finalité avouée est d’éviter «un effondrement de la Francophonie qui entrainerait des pertes de marché par les entreprises françaises, un effondrement du droit continental au profit du droit anglo- saxon des affaires ainsi qu’une perte d’attractivité pour les universités, la culture et les produits français et en français».
Il s’agit notamment d’«augmenter l’offre d’enseignement du et en français en France et partout dans le monde», faire construire «par des entreprises françaises des salles de cinéma en Afrique francophone pour la programmation d’un quota de films francophones», investir dans des secteurs clefs désignés (tourisme, technologies numériques, santé, recherche développement, finances, infrastructures et mines), «jouer sur la capacité d’attraction de l’identité française pour mieux exporter et conquérir de nouveaux francophiles»…
Il s’agit d’achever cette grande œuvre par la création d’une «union économique francophone aussi intégrée que l’Union européenne».
Le rapport Attali est sans complexe : la Francophonie doit permettre à la France d’annexer l’OIF, et d’abord l’Afrique, dans une stratégie mondiale pour lui permettre de renouer à l’horizon 2050, avec une croissance durable.
Il ne s’agit ni plus ni moins que de réaliser la Communauté Française du général de Gaule !
Si la Francophonie revenait à ses origines, c'est-à-dire si elle se préoccupait plutôt d’organiser une coopération culturelle et technique autour de l’enseignement et de la promotion du français, à côté des langues africaines, en prenant en compte l’environnement multiculturel des pays africains, elle contribuerait au développement et obtiendrait certainement l’adhésion sincère des jeunes et des élites africaines.
Par contre, son instrumentalisation par la France, pour ses intérêts politiques, diplomatiques et économiques, même avec la complicité des dirigeants politiques actuels, ne prospérera pas.
Macky Sall encourage Iba Der Thiam à réaliser le projet de réécriture de l’histoire générale du Sénégal et tous ceux qui sont impliqués dans cette initiative - L'intégralité du communiqué du conseil des ministres de ce mercredi
SenePlus vous propose l'intégralité du communiqué du conseil des ministre qui s’est réuni ce mercredi 3 décembre 2014.
A l’entame de sa communication, le Chef de l’Etat a évoqué l’organisation du XVème Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement des pays ayant le français en partage, sous le thème « Femmes et jeunes en francophonie : vecteurs de paix et acteurs de développement », tenu à Dakar, les 29 et 30 novembre 2014.
A cet égard, il a, tout d’abord, salué la réussite totale du Sommet et adressé ses remerciements aux Chefs d’Etat et de Gouvernement des pays membres de l’Organisation internationale de la Francophonie (O.I.F) et à l’ensemble des invités, pour leur brillante participation à ces assises de la communauté francophone.
Il a, ensuite, félicité le Gouvernement, la Délégation générale à l’organisation du Sommet, de l’APIX, de l’AGEROUTE, les Forces de défense et de sécurité, le Protocole, le Comité scientifique et les Commissions techniques et l’ensemble des acteurs pour leur engagement exemplaire et le travail remarquable réalisé, dans la fédération des efforts, afin de relever les défis de l’organisation et de la participation.
Il a, également, félicité vivement le Ministre chargé du Cadre de vie ainsi que les Collectivités locales de Dakar, en particulier l’Entente CADAK-CAR, l’Administration territoriale, pour les travaux de désencombrement et de nettoiement engagés en préparation du Sommet.
Il a, en outre, tenu à remercier particulièrement les populations pour leur généreuse mobilisation en vue d’assurer un accueil et un séjour exceptionnels aux hôtes.
Le Président de la République a, enfin, rendu un hommage mérité au Secrétaire général sortant, le Président Abdou Diouf, dont le Centre international de Conférences de Dakar portera désormais le nom, pour sa contribution inestimable à la construction d’une francophonie institutionnelle, durant ses trois mandats à la tête de l’Organisation.
II a, par ailleurs, adressé ses félicitations à Madame Michaelle JEAN, nouvelle Secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie, tout en lui exprimant la disponibilité du Sénégal à l’accompagner dans sa mission.
Le Président de la République a, en outre, indiqué que le Sommet de Dakar marque un tournant décisif dans la vie de l’OIF au regard des décisions importantes adoptées sur les défis politiques et économiques, avec un accent particulier sur la paix, la sécurité et les droits de l’homme. ,
Sur ce point, il a insisté sur le renforcement de la dimension économique de la Francophonie, dans un esprit de partenariat solidaire et complémentaire avec notamment la tenue, en marge de la conférence de Dakar, pour la première fois dans l’histoire de l’O.I.F, du forum économique de la Francophonie, qui a également connu un éclatant succès.
Au demeurant, le Chef de l’Etat a souligné qu’en sa qualité de Président de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’OIF, il accordera une place primordiale aux jeunes et aux femmes dans la mise en œuvre des cadres stratégiques d’intervention de l’organisation, pour mieux asseoir le développement durable.
Abordant le point de sa communication relatif au devoir de mémoire envers les tirailleurs sénégalais, le Président de la République a évoqué la remise symbolique, le 30 novembre 2014, par son Excellence François Hollande, Président de la République française, des archives liées au massacre de Thiaroye, le 1er décembre 1944.
Il a, ainsi, magnifié cet acte de haute portée historique qui raffermit nos relations cordiales, à travers l’hommage rendu aux soldats africains ayant servi sous l’uniforme français, pour lutter contre toutes les formes de barbarie et pour défendre les valeurs universelles de liberté.
Le Chef de l’Etat a, dans cet élan, rendu un vibrant hommage, en cette année de célébration du centenaire de la Grande Guerre de 1914, à tous nos valeureux et exemplaires anciens combattants qui occupent une place primordiale dans la vie de la Nation.
Il a également félicité nos universitaires et chercheurs, en particulier, le Professeur Iba Der THIAM, pour le travail de mémoire exceptionnel réalisé et l’encourage à réaliser le projet de réécriture de l’histoire générale du Sénégal et remercie tous ceux qui sont impliqués dans cette heureuse initiative.
Abordant le point de sa communication consacré à la prise en charge des personnes vivant avec un handicap, à l’occasion de la célébration, ce 03 décembre 2014, de la journée internationale dédiée à ces personnes, le Chef de l’Etat a exhorté le Gouvernement à veiller à l’application de la loi d’orientation sociale relative à la promotion et à la protection des droits des personnes en situation de handicap afin de garantir leur participation entière au processus de développement.
Il a, en outre, invité le Gouvernement, en rapport avec les collectivités publiques et les partenaires, à apporter aux structures spécialisées, l’appui nécessaire à la prise en charge des spécificités de cette couche vulnérable.
Le Président de la République, rappelant la priorité qu’il attache à la prise en charge des malades mentaux, a, par conséquent, engagé le Gouvernement à veiller à l’amélioration des services de santé mentale ainsi que l’accessibilité aux soins des malades.
Abordant le point de sa communication portant sur la célébration, dans les jours à venir, du Grand Magal de Touba 2014, le Chef de l’Etat a demandé au Gouvernement de prendre toutes les mesures, entre autres, de sécurité, de prévention sanitaire, de fourniture continue en énergie électrique et d’approvisionnement correct en eau de l’ensemble des sites devant recevoir des pèlerins.
Evoquant la situation économique nationale, le Chef de l’Etat a instruit le Gouvernement à prendre, dans les meilleurs délais, des dispositions appropriées pour la baisse des prix de l’essence et du gasoil.
Il a, également, demandé au Gouvernement, dans le cadre du renouveau de l’agriculture, de veiller, dans le respect de la réglementation, à la promotion du riz local auprès des structures publiques, notamment les forces armées et de police, l’Administration pénitentiaire, le Commissariat à la Sécurité alimentaire entre autres.
Le Premier Ministre, après avoir adressé, au nom du Gouvernement, ses félicitations au Président de la République pour la réussite exceptionnelle du XVeme Sommet de la Francophonie, a abordé l’organisation du Forum économique de la Francophonie qui a permis d’échanger sur l’émergence d’un espace économique francophone viable dans une économie globalisée.
Il a, par la suite, évoqué la gestion de la filière tomate, la campagne de production arachidière et la mise en œuvre des réformes du Doing Business.
Le Ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur est revenu sur les résultats du Sommet de la Francophonie dont la réussite a été saluée par tous les participants et observateurs, avant de faire une présentation sur les questions sécuritaires dans le Monde.
A ce propos, il a informé le Conseil de la tenue à Dakar, les 15 et 16 décembre 2014, du Forum sur la sécurité en Afrique, organisé par le Sénégal, l’Union africaine et la France, en rapport avec des « Think Tank » africain et européen.
Le Ministre de l’Economie, des Finances et du Plan a fait le point sur la situation de la conjoncture économique internationale et nationale.
Le Ministre de la Pêche et de l’Economie maritime a présenté une communication sur la mise en œuvre du Code international de Sûreté des Installations portuaires et des Navires (Code ISPS) au niveau du Port de Dakar.
Le Ministre de l’Intégration africaine, du NEPAD et de la Promotion de la Bonne Gouvernance a présenté une communication axée sur l’installation de la Commission nationale de Gouvernance du Mécanisme africain d’Evaluation par les Pairs (MAEP/Sénégal).
Le Ministre auprès du Président de la République en charge du suivi du Plan Sénégal Emergent (PSE) a présenté une communication portant sur le suivi de la mise en œuvre des activités du PSE.
Au titre des textes législatifs et réglementaires, le Conseil a adopté :
Le projet de loi organique portant statut des magistrats de la Cour des Comptes ;
Le projet de décret relatif à la médiation et à la conciliation ;
Le projet de décret modifiant le régime des émoluments des notaires en matière de constitution de sociétés à responsabilité limitée.
Au titre des mesures d’ordre individuel, le Président de la République a pris les décisions suivantes :
Le Général de Division Bakary SECK (CR), est nommé Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Sénégal auprès de Son Excellence Monsieur José Mario VAZ, Président de la République de Guinée-Bissau, en remplacement du Général Abdoulaye DIENG
Madame Virginie Rachelle Fayçaline COLY, Administrateur civil principal, est nommée Secrétaire général du Ministère de la Fonction publique, de la Rationalisation des Effectifs et du Renouveau du Service public, poste vacant
Monsieur Mamadou SANGHARE, Professeur titulaire de classe exceptionnelle, précédemment en service au Département de Mathématique et Informatique de la Faculté des Sciences et Techniques de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, est nommé Directeur général de l’Enseignement supérieur, en remplacement de Monsieur Oumar SOCK, admis à faire valoir ses droits à une pension de retraite
Monsieur Amadou NGOM, Administrateur civil, est nommé Directeur des Services législatifs à la Primature, en remplacement de Monsieur Samba GUEYE, appelé à d’autres fonctions.
PAR L'ÉDITORIALISTE DE SENEPLUS, SALIOU GUÈYE
LA FRANCOPHONIE, UN ERSATZ DE LA FRANCE-A-FRIC?
Chez plusieurs intellectuels africains, la Francophonie est une institution culturelle pour perpétuer l’impérialisme économique de la France par rapport à ses ex-colonies et pérenniser la Françafrique
Abdou Diouf a reçu un torrent de félicitations de la part du président français François Hollande et des autres chefs d’Etats ou de gouvernements présents au 15e sommet de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) à Dakar. Et le point d’orgue a été l’attribution du nom d’Abdou Diouf au Centre international de conférence de Diamniado.
Mais ces félicitations sont l’arbre qui cache la forêt de ces millions de francophones qui ne reconnaissent pas l’utilité de cette institution qui polarise 57 Etats membres et 20 pays observateurs et 274 millions locuteurs.
Au moment où la Françafrique foccartiste est désuète, la Francophonie ne serait-elle pas l’ersatz institutionnel pour pérenniser un système d’exploitation tutélaire sous le masque des valeurs qu’elle prône faussement ?
France, Suisse et Canada : les décideurs de la Francophonie
La suprématie de la France, de la Suisse et du Canada sur les autres pays de la Francophonie est une réalité. La meilleure preuve est l’élection du Secrétaire général de la Francophonie qui se fait chaque fois avec l’onction de la France.
Même si François Hollande avait déclaré avant le sommet de Dakar que son pays n’a pas de candidat, il demeure qu’il avait clamé sa préférence pour Michaëlle Jean du Canada. Même Abdou Diouf avait été imposé par Jacques Chirac.
Et son troisième mandat à la tête de l’institution francophone par Nicolas Sarkozy. En sus, la chaine française africaine TV5 ne diffuse que les journaux télévisés de ces trois pays. Pas un seul d’un pays francophone de l’Afrique ou de l’Asie alors que ces deux continents polarisent l’essentiel des locuteurs du français.
Lancée dans la foulée de la décolonisation par le quatuor de présidents à savoir le Cambodgien Norodom Sihanouk, le Sénégalais Léopold Sédar Senghor, le Tunisien Habib Bourguiba et le Nigérien Hamani Diori, la Francophonie s’est fixée pour objectif d’aider les pays membres à l’instauration de la démocratie, de favoriser la paix, de soutenir les droits de l’homme, d’œuvrer au dialogue des cultures, de renforcer la coopération en vue de favoriser l’essor économique.
Le président François Hollande, lors de son allocution, a mis en garde ces chefs d’Etat qui seraient tentés de tripatouiller leur Constitution pour prolonger leur vie présidentielle. Mais paradoxalement, beaucoup des chefs d’Etat qui y ont toujours pris part à cette grand-messe rament à contre-courant des valeurs édictées par l’institution francophone.
Il s’agit de ces présidents à vie, ces potentats voleurs éternels de suffrages démocratiques, ces pilleurs de deniers publics, des torpilleurs de la liberté d’expression, des assassins lâches d’adversaires politiques. La Francophonie, c’est une Françafrique bis mais avec un visage plus humain parce sortant des officines de la politique occulte et fétide pour se revêtir de parures dorées de valeurs universelles.
Mais il serait illusoire de vouloir faire croire à nos peuples que les valeurs sus-évoquées sont congénitales à la seule langue française. Et ce serait reconnaitre que nos pauvres idiomes ne véhiculent qu’une culture d’anti-valeurs qui nous rend complexes quand nous nous y exprimons.
Aujourd’hui on tombe en extase devant quelqu’un qui parle avec maîtrise la langue de Molière, et l’on se gausserait de celui qui s’exprime avec maestria la langue de Kocc. Culturellement, la Francophonie promeut seulement la langue française, étouffe et tue les langues négro-africaines au quotidien.
Jusqu’à aujourd’hui, au Sénégal, il est formellement interdit de parler sa langue maternelle dans beaucoup d’écoles surtout dans les privés catholiques. Souvent le délit de parler une langue indigène est sévèrement réprimandé.
Qui ne se rappelle dans nos écoles cet objet répugnant appelé « symbole » qui nous imposait de parler la langue française mais que tous les élèves fuyaient pour éviter d’être le dernier à le détenir à la fin des cours de l’après-midi ? Cela était synonyme de plusieurs coups de martinet le lendemain avant le début des enseignements.
Pourtant nous n’avions pas tort de parler notre langue qui nous a servi de vecteur de communication avec la société depuis notre naissance jusqu’à notre date d’entrée à l’école des Toubabs.
Et voilà, on nous sèvre brutalement de notre instrument de communication, on coupe notre cordon ombilical linguistique sans aménager des passerelles vers une langue extra-muros. Et cette langue d’ailleurs fonctionne comme un logiciel dont le seul but est de formater nos frêles cerveaux pour laisser place à un nouveau système qui nous connecterait au serveur linguistique des Toubabs.
Finalement cette langue des rois (comparativement à l’espagnol qu’on qualifiait de la langue des dieux, l’italien la langue des femmes, l’anglais la langue des chevaux et l’allemand la langue des fauves) nous éloigne de notre propre histoire, de nos pures réalités et nous transportent dans un monde d’illusions que nous divinisons.
Le français : une langue en déclin
En France, il n’y a aucune chaire des langues africaines dans les universités et instituts. Et pour montrer tout le mépris voué à nos idiomes, elle s’est tournée vers l’Angleterre pour un effort de bilinguisation français-anglais.
En retour le Royaume-Uni minimise l’importance du français dans l’univers linguistique mondial. Chris Bryant, ancien Secrétaire d'État britannique aux Affaires européennes sous le gouvernement travailliste de Gordon Brown n’a-t-elle pas qualifié la langue française d’«inutile» en expliquant que le chinois et l’arabe étaient des langues plus importantes aujourd’hui ?
Dans la même foulée, un éditorialiste américain du nom de John McWhorter s’est demandé, en 2010, dans le bimensuel The New Republic, pourquoi «parmi 6.000 langues existantes, il serait si important d'apprendre celle qui est parlée dans un petit pays européen à l'influence en déclin constant».
Même l’Université publique Suny-Albany, de la capitale de l'Etat de New York, a procédé à des coupes budgétaires dans les départements de langues étrangères notamment celui du français. Et John McWhorter de conclure que «s’il n’y a pas assez d’argent pour bien enseigner à la fois l’arabe et la langue de Stendhal, je ne vois pas pourquoi Stendhal devrait être celui qui l’emporte».
La Francophonie a reçu son plus grand camouflet à la veille de la tenue du sommet de Montreux en octobre 2010 quand le Rwanda, pour des raisons géopolitiques et géostratégiques, a décidé de tourner le dos à la langue française pour adopter l’anglais avant de demander son adhésion au Commonwealth.
Le président Paul Kagamé a déclaré que pour des problèmes de développement «il donnait la priorité à la langue qui rendra leurs enfants plus compétents et qui servira leur vision de développement du pays».
Chez plusieurs intellectuels africains, la Francophonie est une institution culturelle pour perpétuer l’impérialisme économique de la France par rapport à ses ex-colonies et pérenniser la Françafrique même si le vocable est biffé du dictionnaire de la diplomatie souterraine française.
Elle est plus une affaire institutionnelle entre chefs d’Etat qu’une réelle prise en charge des préoccupations des peuples. Aussi, manque-t-elle cruellement de grands projets qui susciteraient l’adhésion des populations ayant en partage l’usage commun de la langue française.
Ainsi certains spécialistes de la communication ont constaté que l’attractivité de la Francophonie recule en Afrique du fait de la politique sévère d’immigration des autorités françaises. On ne peut pas parler de Francophonie si l’Hexagone ferme ses frontières aux pays usagers de la langue française pour favoriser les déplacements et les échanges.
C’est pourquoi, chez les intellectuels, les difficultés pour obtenir le visa les poussent de plus en plus à se tourner vers les universités américaines ou canadiennes.
La France qui a réduit drastiquement sa politique d’aide au développement en direction des pays francophones africains a beaucoup poussé plusieurs pays à se détourner d’elle et à développer d’autres axes de coopération économique avec des géants comme la Chine ou les Etats-Unis.
Xavier Darcos, l’ex-ministre français de la Coopération, du Développement et de la Francophonie sous le régime de Nicolas Sarkozy confiait à un journal français que «l’attractivité de l’Amérique du Nord est liée à des aides et à des formes d’accueil très généreuses. En ce domaine, c’est vrai, la France semble à la traîne. Une révision drastique de notre politique est sans doute nécessaire.»
Si la France se ferme ses frontières aux pays francophones et rend difficile ses procédures d’obtention du visa au point que de plus en plus les intellectuels se détournent des écoles et universités françaises, si un pays comme le Rwanda adopte l’anglais au détriment du français, si l’Algérie avec ses 16 millions de locuteurs français refuse d’intégrer l’institution, si certains militants des droits de l’homme l’accusent de jamais parvenir comme le Commonwealth à avoir le courage d’exclure des Etats membres pour non respect des droits humains, il y a de quoi se poser des questions sur la véritable mission de la Francophonie si ce n’est pas un duplicata de la France-à-fric.
LA CANADIENNE MICHAËLLE JEAN, PREMIÈRE FEMME ET PREMIÈRE NON AFRICAINE À LA TÊTE DE LA FRANCOPHONIE
Dakar, 30 nov 2014 (AFP) - Les dirigeants de la Francophonie réunis à Dakar ont désigné dimanche la Canadienne Michaëlle Jean comme nouvelle secrétaire générale de l'organisation, après d'intenses tractations qui ont coûté à l'Afrique un poste qu'elle a toujours détenu.
C'est l'incapacité des pays africains à s'entendre sur une candidature unique parmi les quatre prétendants du continent qui a permis à l'ex-gouverneure générale du Canada d'origine haïtienne, âgée de 57 ans, de s'imposer à la tête de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), selon les présidents sénégalais Macky Sall (l'hôte du sommet) et français François Hollande.
"J'ai proposé de nous retrouver à quelques-uns pour chercher un consensus", a dit M. Hollande. Ce "huis clos", a-t-il précisé, réunissait les représentants de deux pays présentant des candidats, le Premier ministre canadien Stephen Harper et le président congolais Denis Sassou Nguessou, ainsi que l'Ivoirien Alassane Ouattara.
Les dirigeants africains ont consenti à la nomination de Mme Jean, première femme à occuper ce poste, après avoir fait le "constat d'une non-candidature unique africaine", a indiqué M. Sall.
Elle a été préférée à l'ex-président burundais Pierre Buyoya, l'écrivain et diplomate congolais Henri Lopes, l'ex-Premier ministre mauricien Jean-Claude de l'Estrac et l'ancien ministre équato-guinéen Agustin Nze Nfumu.
La cinquantaine de pays membres de l'OIF sont parvenus à ce consensus après des tractations difficiles, faute de favori, qui avaient laissé planer dimanche matin l'hypothèse inédite d'un vote.
Signe de l'incertitude régnant jusqu'à la fin des discussions, retardées d'environ deux heures par rapport au programme, le chevalet sur le podium où s'est tenue la conférence de presse finale a été modifié au dernier moment pour féminiser le titre de "secrétaire générale élue".
Mme Jean s'est réjouie d'apprendre que ce choix "a été accompagné d'un vrai consensus, ce qui traduit un gage de confiance pour mener et accompagner des objectifs très ambitieux".
Elle a également remercié pour leur soutien les gouvernements du Québec, du Canada, du Nouveau Brunswick et d'Haïti, et rendu hommage à l'ex-président sénégalais Abdou Diouf, qui lui cèdera les rênes de l'OIF en janvier, après 12 ans pendant lesquels il a donné à l'organisation un poids politique en jouant le rôle de médiateur auprès de ses anciens pairs africains.
- Héritage d'Abdou Diouf -
"Je mesure la tâche qui m'attend et je veillerai à prendre grand soin de l'héritage que nous lègue le président Diouf", a ajouté Michaëlle Jean.
"J'entends répondre aux besoins et aux attentes des Etats et gouvernements membres de l'OIF tout en donnant une nouvelle impulsion à la Francophonie", a-t-elle déclaré, plaidant pour une "Francophonie moderne et tournée vers l'avenir".
Une source diplomatique française avait fait état de "discussions intenses entre les chefs d'Etat au dîner à la présidence sénégalaise" samedi soir, pour tenter d'obtenir des désistements de candidats africains avant la réunion à huis clos dimanche, en vain. Une règle non écrite voulait jusqu'à présent que le secrétaire général soit issu d'un pays du Sud - certains plaidaient même pour une chasse gardée africaine - et que l'administrateur vienne du Nord.
Cette nomination signifie que l'actuel numéro deux, le Québécois Clément Duhaime, devra être remplacé par un représentant du Sud.
La chute fin octobre du président burkinabè Blaise Compaoré, que Paris et Abdou Diouf souhaitaient voir hériter du poste, selon le secrétaire général sortant lui-même, a pesé sur les discussions.
François Hollande avait salué la personnalité de Mme Jean avant son arrivée à Dakar, se défendant toutefois de jouer les faiseurs de roi.
"La France n'a pas de candidat", avait-il déclaré samedi, soucieux de rompre avec la "Françafrique" du passé. Derrière la France, le Canada est le deuxième bailleur de l'OIF, qui représente 274 millions de locuteurs dans le monde, dont 54,7% d'Africains.
Le poste de secrétaire général, pour un mandat de quatre ans, avait été créé en 1997 et successivement occupé par l'Egyptien Boutros Boutros-Ghali et Abdou Diouf.
L'organisation s'est par ailleurs élargie avec l'entrée de trois nouveaux pays observateurs: le Mexique, le Costa Rica et le Kosovo, a indiqué dimanche l'OIF, qui représente désormais 80 pays (57 Etats membres et 23 observateurs).
Madagascar accueillera le prochain sommet en 2016. Cette réunion se tient sous la menace d'Ebola en Afrique de l'Ouest, qui a tué près de 7.000 personnes en un an, et des groupes islamistes armés, en particulier Boko Haram au Nigeria.
VERS UN VOTE
XVE SOMMET DE LA FRANCOPHONIE : DIFFICILES TRACTATIONS POUR LA SUCCESSION D’ABDOU DIOUF
Dakar, 30 nov 2014 (AFP) - Les chefs d'Etat et de gouvernement de la Francophonie réunis à Dakar tentaient dimanche de s'entendre sur le nom du nouveau secrétaire général de l'organisation, donnant lieu pour la première fois à une compétition ouverte qui pourrait coûter à l'Afrique un poste qu'elle détient depuis la création du poste en 1997.
Selon une source au sein de la délégation française, les discussions en coulisses achoppaient sur un désistement éventuel de candidats africains pour parvenir à un consensus au sein du continent sur la succession du Sénégalais Abdou Diouf, 79 ans.
L'hypothèse d'un vote, pour la première fois dans l'histoire de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), paraissait de plus en plus plausible en cas de blocage, selon cette source qui a ajouté : "Nous nous orientons vers un vote à bulletin secret".
"Il n'y a pas encore de secrétaire général. Il n'y a pas de consensus. Personne ne veut retirer sa candidature. On s'achemine vers le vote", a confirmé à l'AFP une source africaine proche des négociations interrogée vers 12H00 GMT.
Après plus d'une décennie à la tête de l'OIF dont il a contribué à renforcer l'influence politique, en particulier lors de crises en Afrique, Abdou Diouf, ancien président sénégalais, laisse une vraie page blanche, aucun des prétendants n'ayant le profil idéal.
"Des urnes sont en train d'être installées", a indiqué une autre source proche de l'OIF, soulignant néanmoins que certains dirigeants rejetaient l'idée d'un vote. Lors des désignations passées, les discussions avaient permis de parvenir à un consensus.
Un intérim, autre hypothèse évoquée, "ne serait pas très glorieux" pour l'image de l'OIF, a ajouté cette source.
Quatre Africains et une Canadienne d'origine haïtienne, l'ex-gouverneure générale du Canada Michaëlle Jean, sont sur les rangs pour occuper le poste de secrétaire général de l'OIF, qui représente 274 millions de locuteurs dans le monde.
Le poste pour un mandat de quatre ans, créé en 1997, a successivement été occupé par l'Egyptien Boutros Boutros-Ghali et Abdou Diouf.
Les Africains en lice sont l'ex-président burundais Pierre Buyoya (65 ans), l'écrivain et diplomate congolais Henri Lopes (77 ans), l'ex-Premier ministre mauricien Jean-Claude de l'Estrac (66 ans) et l'ancien ministre équato-guinéen Agustin Nze Nfumu (65 ans).
Les dirigeants de la cinquantaine d'Etats membres de plein droit étaient réunis à huis clos depuis 10H30 GMT, puis devaient tenir une conférence de presse à 13H00 GMT.
Désistement de candidats ?
En marge du sommet samedi, les dirigeants ont tenté d'œuvrer à un consensus au sein des pays africains pour aboutir à une candidature unique.
Une source diplomatique française a fait état de "discussions intenses entre les chefs d'Etat au dîner à la présidence sénégalaise" samedi soir, qui s'est prolongé jusqu'après minuit, pour tenter d'obtenir des désistements de candidats africains avant la réunion de dimanche.
La chute fin octobre du président burkinabè Blaise Compaoré, que Paris et Abdou Diouf souhaitaient voir hériter du poste, selon les révélations du secrétaire général sortant, a bouleversé la donne.
Ce contre-exemple pourrait en particulier obérer les chances d'un candidat africain : Pierre Buyoya, au passé de putschiste. Henri Lopes, poussé par son président Denis Sassou Nguesso, se présente pour la deuxième fois. Alors qu'il paraissait favori en 2003, il avait échoué à la dernière minute face à Abdou Diouf, imposé par le président français Jacques Chirac.
Une règle non écrite veut que le secrétaire général soit issu d'un pays du Sud- certains plaident même pour une chasse gardée africaine- et que l'administrateur (actuellement le Québécois Clément Duhaime) vienne du Nord.
"La France n'a pas de candidat", a déclaré le président français François Hollande, soucieux de rompre avec la "Françafrique" du passé, en se félicitant que ce ne soit pas Paris "qui désigne le secrétaire général de la Francophonie".
La France, premier bailleur de l'OIF, a néanmoins salué le profil de Michaëlle Jean, la seule candidate féminine, et la moins âgée, alors que les jeunes et les femmes sont le thème de ce XVe sommet.
L'Organisation s'est par ailleurs élargie avec l'entrée de trois nouveaux pays observateurs : le Mexique, le Costa Rica et le Kosovo, a indiqué dimanche une source proche de l'OIF, qui représente désormais 80 pays (57 Etats membres et 23 observateurs). Madagascar devrait en outre accueillir le prochain sommet en 2016.
Cette réunion se tient sous la menace d'Ebola en Afrique de l'Ouest, qui a tué près de 7.000 personnes en un an, et des groupes islamistes armés, en particulier Boko Haram. Ebola et le terrorisme doivent faire l'objet de résolutions adoptées en huis-clos.