Le Secrétaire général sortant de la Francophonie, M Abdou Diouf, qui se retire de la scène internationale, a eu droit à une sortie honorable. Un vibrant hommage lui a été rendu, hier, au village de la Francophonie, où il présidait la cérémonie de remise du prix des cinq continents.
La présence de l’ancien chef de l’Etat sénégalais, Abdou Diouf, au village de la Francophonie, a charrié, hier, de fortes émotions. Des jeunes, femmes et hommes, béats, ont exprimé leur admiration pour l’ancien chef d’Etat sénégalais. "Ki bokul ak gaayi", "do moromu gayi", "borom téranga, téranga rek lay am". Toutes les couches sociales et toutes les races ont tenu hier à réserver un accueil chaleureux à Abdou Diouf qui a conquis des cœurs grâce à son attachement à la morale et à l’honneur.
L’homme, qui a occupé les hautes sphères de la République, suscite un ravissement des cœurs. Griots et artistes ont tenu à chanter, comme dans le passé, ses louanges." Abdou Coumba Dème" était à l’honneur au village de la Francophonie. L’ancien chef d’Etat a eu du mal à visiter tous les stands au programme à cause des bousculades. Même pour escalader les marches qui mènent à l’intérieur du Grand Théâtre, les forces de sécurité ont été contraintes de jouer des coudes avec les admirateurs de Diouf. "Il faut que je lui serre la main."J’adore ce président". "C’est le meilleur chef d’Etat africain".
Les réactions ont été spontanées. Le ministre de la Culture et de la Francophonie de la Côte d’ivoire, M Bandaman Kouako, que nous avons accroché, d’être élogieux envers Diouf. "Il mérite ces hommages qui lui sont rendus, il a beaucoup apporté au Sénégal, à la Francophonie et à l’humanité de manière générale. C’est un homme multidimensionnel à qui la Francophonie et la Côte d’ivoire, pour ne citer que mon pays, sont très reconnaissants. J’ai tenu à assister à ce sommet avec une très forte délégation. Diouf a rehaussé l’image du Sénégal et de l’Afrique."
Les moments étaient forts, empreints d’une forte intensité. L’étonnement était visible sur certains visages. "Abdou Diouf ne pouvait pas avoir moins que cela. Je peux en témoigner pour avoir travaillé avec lui pendant 9 ans", lâche une de ses proches collaboratrices à l’OIF, qui doit avoisiner la soixantaine.
Dans la grande salle, l’assistance est toute acquise à la cause de Diouf, qui finit par ravir la vedette, au journaliste algérien Kamel Daoud qui recevait le prix des 5 continents de la Francophonie. Suffisant pour que l’administrateur de la Francophonie, Clément Duhaime, en prenant la parole lors de la cérémonie, donne un sens à cette affection particulière. "Vous avez notre affection. Le Sénégal ne vous pas oublié, la Francophonie, aussi, ne vous oubliera jamais. Je suis votre serviteur, depuis 9 ans. J’ai essayé de maintenir le cap avec vous, mais je peux vous dire avec plaisir : mission accomplie". L’administrateur de se féliciter du fait que "le Sénégal s’est mis en toute beauté pour accueillir la Francophonie."
Tour à tour, musiciens et comédiens s’inscrivent dans cette même dynamique. Le groupe théâtral "Soleil levant" de Thiès arrache un sourire à Diouf qui ploie sous le coup de l’émotion. Le célèbre "Sanekh" réussit à incarner le personnage de l’ancien chef d’Etat sénégalais, dans une prestation. Le lead-vocal du Raam Daan, Thione Seck, lui rend cet hommage : "l’histoire retiendra... beaucoup de cet homme qui a su gérer avec tact les dossiers de la Casamance, de la Mauritanie, d’un homme qui a tous les honneurs de la nation"
"Il a été gouverneur à 25 ans, chef de gouvernement à 35 ans, président de la République à 45 ans...... Diouf est un grand homme dans tous les sens du terme dont l’héritage nous inspire la tolérance, l’enrichissement dans la différence. C’est un vrai bâtisseur", dit de lui la maitresse de cérémonie. L’ancien député socialiste, Christian Valentin, interpelé à la fin de la cérémonie, de préciser que "c’est normal que Diouf ait été accueilli avec tous les égards. Il a imprimé sa marque partout où il est passé. Il se retire aujourd’hui. On ne sait s’il va s’établir à Dakar ou à Saint Louis. Qu’il en profite bien."
Du côté des jeunes volontaires de la Francophonie qui viennent de différents pays, les témoignages sont unanimes. "Diouf a insufflé un nouveau souffle à la Francophonie, en ce sens qu’il nous a permis d’approfondir des questions liées à la thématique de l’éducation, à la participation citoyenne, mais aussi d’élargir nos horizons par le biais de multiples échanges et rencontres."
ABDOU DIOUF SEDUIT PAR THIONE SECK ET SANEEX
A LA CEREMONIE DE REMISE DU PRIX DES CINQ CONTINENTS
Un vibrant hommage a été rendu hier au secrétaire général de la Francophonie, Abdou Diouf par des artistes chanteurs, humoristes et comédiens ainsi que des écoliers de Dakar. L’ancien président Abdou Diouf, replongé dans les années 1990 par la chanson intitulée «N° 10», n’a pas pu se retenir. Il bougeait les jambes au rythme de la chanson de Thione Seck. C’était au grand Théâtre, lors de la cérémonie de remise du prix des cinq continents remporté par l’Algérien Kamel Daoud.
Le secrétaire général de la Francophonie, Abdou Diouf a reçu hier l’hommag de la communauté artistique du Sénégal au Grand Théâtre. C’était à l’occasion de la cérémonie de remise du prix des cinq continents. Dans une ambiance carnavalesque, des élèves, artistes chanteurs, comédiens et humoristes, ont chacun à travers son art, loué le travail d’Abdou Diouf aussi bien à la tête de l’Etat du Sénégal que de l’Organisation internationale de la Francophonie. Dans un amphithéâtre plein d’élèves et de curieux, des lycéens de Dakar ont égayé l’assistance en montrant les différentes facettes de la culture Sénégalais à travers la danse. Au rythme de la musique de Baaba Maal, ces écoliers qui laissent apparaître à travers leur habillement les différentes ethnies du Sénégal, ont fait montre de leur talent de danseurs. Ils ont ainsi séduit le public qui applaudissait sans cesse.
Les écoliers ont cédé le podium à un grand admirateur du président Abdou Diouf. Il s’agit de l’artiste Thione Seck qui a rejoué le morceau qu’il avait dédié à Abdou Diouf en 1994, intitulé N° 10. Le père de Waly Ballago Seck, habillé en costume, était accompagné dans sa prestation par de jeunes danseurs rompus à la tâche. De temps à autre, le public applaudit, sautille et danse. Le Président Abdou Diouf n’a pas été indifférent à la chanson qui l’a sûrement replongé dans ses souvenirs. Assis au milieu de la salle aux côtés des ministres Mbagnick Ndiaye et Diène Farba Sarr, il faisait bouger sa jambe droite au rythme de la musique. Tantôt il croise les paumes de ses mains, le regard fixé sur Thione Seck, les deux indexes pointés vers le menton, remuant carrément le pied, tantôt il pointe l’index sur la joue, la tête penchée d’un côté.
THIONE SECK A REVEILLE AINSI SES SOUVENIRS.
L’autre temps fort de la cérémonie de remise du prix des cinq continents a été la montée sur scène de la troupe «Soleil Levant» de Thiès. Il fallait voir l’artiste Saneex. Il était un véritable sosie d’Abdou Diouf. En effet, en costume tiré à quatre épingles, Saneex en compagnie de son «jumeau» Aladji Gora et cheikh Ndiaye a improvisé le discours d’adieux du secrétaire général de la Francophonie. Abdou Diouf regardait avec attention Saneex qui avait son allure. Devant le pupitre, l’artiste prononce un discours en français (francophonie oblige) en hommage à Léopold Sédar Senghor. «Sénégalaises, Sénégalais ! Je remercie le président Senghor qui m’a tout donné et fait beaucoup de choses pour moi. Donc, rendez à César ce qui appartient à Senghor. Adieu ! adieu !», s’exclame l’artiste qui fait éclater de rire l’assistance.
L’ALGERIEN KAMEL DAOUD LAUREAT DU PRIX DE LA FRANCOPHONIE DES CINQ CONTINENTS
C’est par la suite que l’administrateur de l’Organisation internationale de la Francophonie, Clément Duhaime, annonce le nom du gagnant du prix des cinq continents. Il s’agit de l’Algérien Kamel Daoud. Dans son livre qui lui a valu le prix de la francophonie, dira M. Duhaime, «on retrouve l’Etranger d’Albert Camus sous une autre forme». Le lauréat du prix de la francophonie est titulaire d’un baccalauréat scientifique, mais il a suivi un cursus littéraire à l’université pour devenir journaliste. Kamel Daoud est l’auteur de plusieurs ouvrages.
L’administrateur de l’Oif a par ailleurs rappelé que le 15e sommet de la francophonie est une fête des cultures et des langues. Il dira à l’endroit du président Abdou Diouf : «la francophonie et le Sénégal ne vous oublieront jamais». L’avenir de la francophonie se trouve en Afrique, d’après les enquêtes de l’observatoire de l’Organisation. «Le sort de la langue française dépend des jeunes africains», indique-t-il.
Sud Quotidien vous avait déjà raconté son histoire il y a deux ans : avoir le bac à 62 ans, et l’avoir dès la première tentative…Elle ne s’est pas arrêtée en si bon chemin. Aujourd’hui, Mariam Cissé Traoré poursuit ses études supérieures et dit qu’elle se retrouve tout à fait dans le thème de ce 15e Sommet de la Francophonie. Une femme comme elle assume tout à fait son statut d’ « acteur »de développement. Son discours s’adresse aussi aux jeunes : il n’y a pas de raison que les esprits encore verts n’y parviennent pas, alors même qu’avec quelques trous de mémoire, elle n’a pas l’intention de s’arrêter.
Ecoutez, son histoire vous dira sans doute quelque chose. Elle était hôtesse de l’air depuis plus de 30 ans, un époux, des enfants, une vie rangée et presque calibrée…Et puis un jour, Mariam Cissé Dougoumalé Traoré est devenue bachelière…à 62 ans tenez-vous bien, elle qui avait abandonné les études un peu sur un coup de tête comme elle dit. Retourner à l’école, pourquoi pas ? C’est vrai qu’elle y pensait, mais plus comme un vieux dossier que l’on range dans un casier et que l’on finit par oublier.
Mais en 2011, en pleines vacances, on discute à la maison : la benjamine de la famille doit passer le bac, et voilà qui donne des idées à maman. C’est décidé : elle aussi ! Son époux l’encourage aussitôt. Elle se retrouve alors à devoir partager la salle de classe avec des jeunes du Collège Sacré-Cœur, une cohabitation qui se passe plutôt bien, puisque ses «camarades » comme on dit trouvent en elle un modèle, un exemple : pour tout dire, son courage à elle fauche toutes leurs hésitations. « On respectait (son) parcours, (sa) démarche et (son) âge ».
Elle qui est plutôt douée pour les langues-une pure littéraire comme elle dit-obtient la note de 15 en français, et 15,5 en anglais. Pour les maths et la philo, c’est un peu plus compliqué, mais ça ne la décourage pas. Elle trouve un professeur pour chacune des deux matières. Bachelière du premier coup, à plus de 60 ans, il faut le faire. Elle ne se souvient pas vraiment de ce qu’elle a ressenti à ce moment-là : tout était tellement confus. « Je n’étais même pas sûre que c’était moi que l’on appelait » raconte-t-elle. Ce dont elle est sûre en revanche, c’est que son fils et sa fille qui l’accompagnaient lorsqu’elle est allée prendre ses résultats, étaient très fiers d’elle.
Le succès, c’est bien connu, ça donne faim. Mariam Cissé Dougoumalé Traoré veut aller plus loin et poursuivre des études supérieures. Elle tape à plusieurs portes, on ne lui ouvre pas toujours. Jusqu’à ce qu’elle franchisse le seuil de l’Institut africain de management (IAM) où le directeur Moustapha Guirassy dit oui tout de suite. Et c’est comme cela qu’elle se retrouve à suivre un cursus de trois ans en marketing et communication. Elle y passera deux ans finalement, compte tenu de son expérience. Elle qui avait déjà monté son entreprise-elle est organisatrice de mariage ou wedding planner en anglais- dit que ce que lui apporte cette formation, c’est qu’elle comprend davantage ce qu’elle fait, elle met des mots là-dessus, et cela donne de la valeur à son activité. En ce moment, Madame Traoré peaufine son mémoire de fin d’études, un travail de recherche qui porte sur l’événementiel et qu’il ne lui reste plus qu’à déposer pour relecture et autres corrections.
Quand on lui demande ce qu’elle fait de son temps libre, elle cherche…Elle n’en a pas vraiment en fait. Toujours occupée : ou les mariages, ou le tissage où elle s’est lancée quand elle a dû arrêter de travailler comme hôtesse de l’air pour des ennuis de santé. Elle ne s’est jamais arrêtée.
Au-delà de sa personne « qui compte très peu finalement » comme elle dit, il y a l’exemple. Mariam Cissé Dougoumalé Traoré pense qu’elle aurait pu bien rester dans son coin, parce que dans un pays comme le nôtre, « ce n’est jamais bien vu de parler de soi ». Heureusement que d’autres personnes avant ont raconté son histoire, dit-elle. Pour montrer aux jeunes que « si c’est possible à un certain âge, et malgré quelques trous de mémoire », il n’y a pas de raison de douter « quand on a encore la mémoire fraîche ». Elle songe parfois à écrire son histoire, mais finit par se dire que « ce serait très inconfortable que le récit de (son) succès puisse passer pour de la propagande»
LES PLUS ET LES MOINS DES CANDIDATS
SUCCESSION D’ABDOU DIOUF AU SECRETARIAT GENERAL DE L’OIF
Ce dimanche 30 novembre, l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) élira son nouveau Secrétaire Général, celui ou celle qui succèdera à Abdou Diouf. Pour la première fois, une femme pourrait occuper ce poste. Si chacun de ces cinq candidats a toutes ses chances, aucun d’entre eux ne fait l’unanimité. Argument de campagne pour certains d’entre eux : la Francophonie économique.
Qui succèdera au sénégalais Abdou Diouf, Secrétaire Général sortant de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) ?Pour avoir la réponse à cette question, il faudra attendre demain dimanche 30 novembre, après le huis clos des chefs d’Etat. L’élection a lieu en marge de ce 15e Sommet de la Francophonie qui commence aujourd’hui samedi 29 novembre. Ce qu’il faut savoir, c’est que cinq candidats ont déjà exprimé leur intérêt pour ce poste. Parmi eux, quatre africains, et pour la première fois, une femme pourrait occuper cette fonction, une candidature féminine en la personne de Michaëlle Jean, ancienne gouverneure générale du Canada. Pour ce qui est des quatre autres candidatures, il s’agit de celle de l’ancien président burundais Pierre Buyoya, de l’écrivain congolais (Brazzaville) Henri Lopes, celle du journaliste mauricien Jean-Claude L’Estrac et de l’équato-guinéen Augustin Nze Nfumu.
Il n’y a pour l’instant pas le moindre consensus autour d’une seule de ces cinq personnalités, alors que la France elle-même, selon nos confrères du journal Le Monde, dit ne pas avoir de préférence pour l’un ni pour l’autre, pas de favori donc du côté de l’Hexagone. Pourtant, l’avis de la France compte forcément, quand on sait que le pays de François Hollande contribue pour 24 millions d’euros, ce qui en fait le premier partenaire économique de l’OIF. Avec 21 millions d’euros, le Canada arrive en seconde position, ce qui pourrait peut-être donner des chances à Michaëlle Jean qui a en plus mené une campagne sur la Francophonie économique, elle qui est aussi connue pour sa « coopération éducative avec l’Afrique ».
Le journaliste mauricien Jean-Claude L’Estrac, qui a été député et ministre de l’Economie, parle aussi de donner un souffle nouveau à l’organisation, une réorientation plus économique justement, au-delà des dimensions politique et culturelle de la Francophonie.
L’ancien président burundais aura peut-être du mal à convaincre malgré son expérience de chef d’Etat, puisque Pierre Buyoya traîne un passé de putschiste récidiviste, après ses deux coups d’état de 1987 et 1996. Deux actes difficilement compatibles avec les valeurs de démocratie dont se réclame la Francophonie.
Henri Lopes, quant à lui, n’a fait qu’une campagne plutôt timide. D’ailleurs avant-hier jeudi 27 novembre au Grand Théâtre National, lors de la remise du Trophée Aimé Césaire, l’Association des professeurs de français lui a clairement exprimé son soutien. « Vous êtes notre candidat », lui a-t-on dit, Henri Lopes se contentant de répondre d’un discret signe de la main. Ce n’est pourtant pas la première fois qu’il se présente. C’était le cas en 2002, mais Abdou Diouf l’avait emporté, lui qui est à la tête de l’OIF depuis 2002, depuis 12 ans donc, soit trois mandats successifs de quatre ans.
L’équato-guinéen Augustin Nze Nfumu, qui a présenté sa candidature au mois de septembre dernier, a occupé à deux reprises la fonction de ministre en charge de la Francophonie : de 1992 à 1996 et de 1999 à 2004. Bémol : dans son pays, la langue officielle est l’espagnol.
Dans certains pays d’Afrique, l’on voudrait que le Secrétaire général de l’OIF soit quelqu’un du continent, comme le veut la tradition, et qu’il n’y ait d’ailleurs qu’un seul candidat africain et pas quatre comme c’est le cas actuellement. Mais on peine à s’entendre autour d’un seul homme. Certains suggèrent même qu’Abdou Diouf devrait rempiler.
PAR IBRAHIMA FALL DE SENEPLUS
"ÉPIDERMIQUE", ET ALORS ?
On peut regretter la maladresse de la réplique sèche de Mbagnick Ndiaye à Immar Tor, directrice de la diversité linguistique à l’Oif, mais pas reprocher au ministre de la Culture d’avoir fait parler son cœur
"L'émotion est nègre, comme la raison est hellène." Léopold Senghor dixit. Ce vieux cliché était de sortie hier au Théâtre Sorano. D’une part, il colle à la peau au Noir. Le présentant, côté pile, comme un être émotif. Ce qui donne facilement, côté face, un type orgueilleux, qui prend tout pour lui.
De l’autre, ce cliché décrit le Blanc sous les traits d’un être réfléchi, capable de prendre de la hauteur sur les événements pour mieux les appréhender. Un trait de caractère plus valorisant qui pousse souvent à la condescendance, vis-à-vis des personnes de couleur, celui à qui il est attribué.
En marge d’un sommet de la Francophonie et au pays du poète-président, un des pères fondateurs de l’Oif et auteur de la célèbre assertion, on ne pouvait pas mieux tomber… dans la caricature.
Mais quoique réducteur et déformant, tout cliché comporte une part de vrai. À preuve, l’épisode qui a mis en scène le ministre de la Culture et de la Communication, Mbagnick Ndiaye, et la directrice de la langue française et de la diversité linguistique à l’Oif, Imma Tor. D’après Le Quotidien, la seconde a fait "sortir de ses gonds" le premier pour avoir fait une proposition sentant fort le recadrage.
Le journal rapporte : "Après avoir écourté son allocution, Imma Tor suggère aux autres d’en faire de même pour permettre au public de suivre le spectacle."
Le ministre sénégalais n’a pas goûté. En attestent ses propos rapportés par Le Quotidien : "Je dois signaler qu’aujourd’hui ce n’était pas évident que je vienne car ayant un agenda surchargé. J’ai consenti des sacrifices pour venir et on me demande d’écourter mon discours. Comme vous êtes pressés de voir le spectacle, je ne prononcerai pas mon discours. Bonne soirée !"
La réplique est abrupte. On serait tenté de l’assimiler à du classique chez Mbagnick Ndiaye. Lequel passe, depuis son avènement au département de la Culture et de la Communication, pour le champion des dérapages de langage. Mais, il n’en est rien. En l’occurrence, le ministre n’a pas dérapé. Sa langue n’a pas fourché. Il est en colère et l’exprime en toute lucidité.
Il aurait pu rentrer sa colère et garder son flegme. Improviser un excellent speech court, mais bref. Rompre ainsi avec cette manie de nos hommes publics à servir, pour un oui ou un non, de longs et ennuyeux discours. Mais, il a choisi de faire parler son cœur. D’avoir une réaction épidermique.
C’est dommage pour l’ambiance. Pis, il apporte de l'eau au moulin de ceux qui prétendent bêtement que les Noirs, avec leur orgeuil mal placé, ont tendance à prendre tout au premier degré.
Certes. Mais, et alors ? On peut regretter la maladresse de la réplique sèche de Mbagnick Ndiaye, mais pas reprocher au ministre de la Culture d’avoir fait parler son cœur. Comment saurait-il en être autrement devant l’outrecuidance débordante d’une simple directrice d’un département de l'Oif, qui a osé recadrer un ministre de la République, lequel, de surcroît, a eu la gentillesse de présider leur cérémonie, la soirée de la 5e édition de la "Caravane des dix mots" ?
Imma Tor aurait-elle eu le même toupet devant le ministre français de la Culture ou celui des Affaires étrangères ou encore le secrétaire général de la Francophonie, Abdou Diouf ? Sans doute pas. Mbagnick Ndiaye étant certainement arrivé à la même conclusion, a décidé de répondre à la condescendance par le mépris. Ainsi il est quitte avec l’aimable Imma Tor.
On applaudit à tout rompre. Et si cette colère du ministre de la Culture est de nature à renforcer la thèse senghorienne selon laquelle "l’émotion est nègre, comme la raison est hellène", tant pis. Autant assumer car, il y a des colères justes.
Il se dit "pas surpris" par le refus de Wade d’assister à l’ouverture du sommet de l’Oif – Il invite l’opinion à ne pas oublier la tentative de son prédécesseur d’avoir un troisième mandat, avec des morts à la clé…
IBRAHIMA FALL DE SENEPLUS |
Publication 28/11/2014
L’attaque n’est pas frontale, mais elle se veut appuyée. Après les sorties de Wade, qui brocarde sa gouvernance et accuse son frère, Aliou Sall, d’enrichissement illicite, Macky Sall contre-attaque. Presque sans y toucher.
En déclinant son invitation pour assister à l’ouverture du XVe sommet de la Francophonie, ce samedi, Abdoulaye Wade n’a pas surpris Macky Sall. "Je n’ai pas été surpris, a déclaré le chef de l’État dans un entretien diffusé ce vendredi sur France 24 et dont SenePlus vous propose l'intégralité. J’ai fait mon devoir, c’était de l’inviter. Le président Senghor, s’il était sur terre, serait très heureux de rejoindre le Président Abdou Diouf et moi-même. Mon devoir était de l’inviter, il a choisi de ne pas venir, c’est sa liberté. Je n’en fais pas de commentaire particulier."
Le Président Sall "regrette" cependant cette décision de son prédécesseur. Il dit : "Il aurait été bien, quels que soient les divergences ou les problèmes qui peuvent exister ça et là, que sur un moment aussi important, où on doit rendre hommage (au Président Diouf), que tous les chefs de l’État sénégalais vivants puissent être présents. Mais s’il n’est pas là, ce n’est pas un problème particulier."
Réagissant à son invitation, Wade avait envoyé à son successeur une correspondance dans laquelle il motivait sa décision de bouder l’ouverture du sommet de la Francophonie qu’accueille Dakar ce weekend. En substance, l’ancien chef de l’État reproche à Macky Sall d’avoir emprisonné son fils, Karim Wade, et certains membres de son parti, le Pds.
Ajoutant une louche, il a organisé un meeting, le 21 novembre, et tenu une conférence de presse, hier, pour dénoncer le pouvoir actuel et accuser le frère du président de la République, Aliou Sall, de s’enrichir sur le dos de l’État du Sénégal par le biais de sociétés pétrolières dans lesquelles il détiendrait des parts importantes du capital.
Aliou Sall a balayé toutes ces accusations en servant une sommation interpellative à Wade et en brandissant des documents présentés comme des preuves de sa bonne foi. Les proches du chef de l’État sont montés au créneau pour apporter la riposte, mais jamais Macky Sall n’avait réagi publiquement.
"Il ne faut pas qu’on oublie" les morts
L’entretien avec France 24 était une belle occasion de rompre cette réserve. En toute subtilité. Au journaliste qui lui demandait si ces querelles avec Wade ne risquent pas de polluer son mandat, Macky Sall minimise : "Mon mandat ne saurait se résumer à des échanges épistolaires ou de propos au cours de meetings. (…). Ma présidence se fait sous le sceau de la transparence et d’une gouvernance modernisée. Et les notes du Sénégal, que ce soit dans le Doing Business, à l’indice Mo Ibrahim ou en matière de perception globale sur la lutte contre la corruption, la bonne gouvernance, la démocratie, mais aussi la prise en charge des préoccupations des plus démunis, à travers les politiques sociales, c’est cela qui caractérise ma gouvernance. Et non pas des querelles politiciennes qui n’ont pas de lendemain."
Puis, il sonne la charge. "Avant mon élection, mon prédécesseur a voulu un troisième mandat. Ce qui a entraîné le Sénégal vers une période de tension. Il y a eu des morts, il ne faut pas que l’on oublie ce qui s’est passé. C’est la raison pour laquelle j’ai dit qu’il faut prendre le contrepied (en réduisant mon mandat de 7 à 5 ans). Et de montrer qu’on pouvait remercier les électeurs et renoncer à des années de pouvoir qui ont été légitimement et légalement acquises."
Il n’est pas à écarter que Wade, qui ne rate jamais une occasion pour charger Macky Sall ou répliquer aux attaques venues du camp de ce dernier, reprenne le micro pour enfoncer le clou. D'autant que, estimant que le chef de l'État lui a déclaré la guerre en détruisant sa famille, il promet de lui rendre la pareille.
Dakar, 24 nov (APS) - De Léopold Sédar Senghor à Abdou Diouf, le parcours de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) a été marqué par "un apport inestimable" de deux chefs d’Etat sénégalais qui se sont succédés à la tête du Sénégal, selon des témoignages d'analystes et de leaders.
Léopold Sédar Senghor (1960-1981) et Abdou Diouf (1981-2000) ont marqué de leurs empreintes la vie de cette organisation regroupant actuellement 77 Etats et gouvernements membres répartis sur les cinq continents.
Le premier fait partie des trois pères fondateurs de l’OIF, le second a contribué à donner une "dimension nouvelle" à cette organisation regroupant les pays ayant le français en partage, au cours de ses trois mandats (2002-2014) comme secrétaire général de l’OIF.
Les témoignages sont donc nombreux, à travers publications et colloques organisés en prélude du Sommet de Dakar, pour souligner l’apport des deux hommes à la Francophonie.
Au début était l’Agence de coopération technique (ACCT), qui vit le jour le 20 mars 1970 à Niamey, sous l’impulsion du président poète Léopold Sédar Senghor et de ses homologues du Niger (Hamani Diori) et de la Tunisie (Habib Bourguiba).
Cette initiative conjointe de Senghor et de Diori a mené à deux conférences notamment Niamey I (du 17 au 20 février 1969) et Niamey II (du 16 au 20 mars 1970). Par la suite, 21 chefs d’Etat et de gouvernement ont décidé de la création de l’ACCT, ayant pour devise "égalité, complémentarité et solidarité".
L’Agence a plus tard évolué sous divers appellations, avec toujours comme socle la langue française, pour donner naissance à l’OIF.
De ce grand moment du passé francophone, au XVe Sommet de Dakar, rencontre qui se veut "un tournant dans la marche de la Francophonie", l’OIF a retenu dans ses annales, par divers témoignages de politiques, d’universitaires, d’imminentes personnalités, l’apport considérable des deux chefs d’Etat sénégalais.
Le président Léopold Sedar Senghor, un des pères fondateurs de la Francophonie fut "un porte-parole important de ce rassemblement de pays et de communautés dans les quels le français est l’outil principal de communication".
Le rôle important que Senghor a joué au sein de la Francophonie a été maintes fois reconnu par les instances de l’organisation. Le principal tribunal international de la Francophonie porte par exemple son nom et celui du Cardinal Richelieu, fondateur de l’Académie française.
L’Université internationale de langue française au service du développement africain (UILFA), un organe de la Francophonie créé en 1990 pour faciliter la formation de jeunes cadres dans certains domaines (santé, gestion, administration, etc.), a été plus tard baptisé Université Senghor.
Léopold Sédar Senghor a volontairement quitté le pouvoir politique en 1981. Cinq ans après, pendant le lancement officiel de la Francophonie lors du Sommet de Paris, pour lui rendre hommage, le 3e Sommet eut lieu à Dakar, du 24 au 26 mai 1989, après celui organisé en France (1986) et au Canada (1987).
Il a fallu créer un poste propre au profil de ce sénégalais originaire de Joal, père fondateur de la Francophonie. Senghor avait ainsi, jusqu’à sa mort en décembre 2001, la prestigieuse distinction d’être Président d’honneur du Haut Conseil de la Francophonie.
Un poste qui lui a permis "d’apporter encore plus à la politique et au développement de la Francophonie", selon un recueil de l'histoire de la Francophonie.
Léopold Senghor "a théorisé la Francophonie en lui faisant enjamber la seule langue française et en l’invitant au métissage culturel, là où résident sa fortune et son avenir. C’est alors qu’il a placé les pays du Sud au-devant du combat, pour signifier combien la Francophonie devra son salut à l’Afrique francophone", soutient le poète sénégalais Amadou Lamine Sall, un de ses disciples.
Son successeur Abdou Diouf, dont le mandat à la tête de la Francophonie prend fin à l’issue du Sommet de Dakar, est de son côté unanimement reconnu aujourd’hui pour le rôle déterminant qu’il a joué dans l’évolution de la Francophonie. Il a contribué, selon bon nombre d’analystes, à "porter la Francophonie à un niveau de visibilité, de crédibilité et de notoriété remarquables".
Plusieurs témoignages, dont celui de l‘ancien président français Jacques Chirac, reviennent sur "l’apport inestimable" de l’ancien président Abdou Diouf à la tête de l’OIF.
"Lorsqu’en 2002, l’idée de sa candidature au secrétariat général de l’OIF a été avancée, elle s’est aussitôt imposée à tous les chefs d’Etat et de gouvernement du monde francophone en raison de l’autorité qu’il avait depuis longtemps acquise sur la scène internationale et de la profonde légitimité que son action en faveur des droits de l’Homme, de la paix et de la démocratie lui valait déjà", témoigne de lui Jacques Chirac.
Ce commentaire de l’ancien président français est contenu dans un livre édité par l’Université Laval de Québec et intitulé "L’année francophone internationale (2014-2015)".
Trois fois président de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA), l’ancêtre de l’Union africaine, le président Abdou Diouf apparaissait donc incontestablement en 2002, pour Jacques Chirac, comme l’homme d’Etat le plus distingué et le plus expérimenté pour diriger et représenter la Francophonie.
"Au cours de ses trois mandats à la tête de l’OIF, confie-t-il, le président Diouf a amené avec conviction et générosité mais aussi avec discrétion et efficacité une action inlassable pour la paix et la transition démocratique à chaque fois que les conflits internationaux ont éclaté ou que des crises politiques se sont produites dans le monde francophone".
Pour l’ancien chef d’Etat français, les douze années passées par Abdou Diouf à la tête de l’OIF "portent l’empreinte d’un attachement sans limite à la langue que nous avons en partage, aux valeurs universelles qui accompagne sa diffusion".
Le mandat de l’actuel secrétaire général de l’OIF prend fin à l’issue XVème Sommet Dakar, prévu samedi et Dakar. Il ne compte pas solliciter un autre mandat.
Le comité d’initiative Covi Bok, avec l’aide de 23 artistes, journalistes et footballeurs sénégalais, vient de rendre un vibrant hommage à Jules François Bocandé à travers un vidéo clip.
Deux ans après la disparition de Jules François Bocandé, le journaliste Pape Mady Diop, l’artiste Fa Coly et le secrétaire général de l’association des musiciens du Sénégal, Guissé Pène envisagent de projeter un documentaire le 7 mai 2015 qui résumera le parcours épique de l’histoire de ce footballeur sénégalais des années 1980.
Ce requiem intitulé hommage à Bocandé est un viatique pour montrer l’œuvre de l’homme au plan national et international, renseigne Guissé Pène. Les 23 chanteurs du single font office des 23 buts marqués en 1986 au championnat français actuel ligue 1, l’année où Bocandé a été le meilleur buteur du FC Metz.
Thione Seck, les frères Guissé, Fata, Carlou D, Pape et Cheikh..., ou des journalistes comme Ablaye Dabo de la RTS, ont tous apporté leur touche à la réalisation du clip. "Ce qui m’a amené à lancer ce projet, c’est sa générosité et sa philanthropie. Jules est aussi un homme imbu de la culture", a soutenu l’artiste Fa Coly.
Alors que de l’avis du journaliste à la RTS Pape Mady Diop, "ce footballeur à la dimension populaire et au parcours indemne doit être un symbole vivant, c’est-à-dire une référence pour ces valeurs de patriotisme et de sacerdoce. Donner le nom de Bocandé au stade Léopold Sédar Senghor est très légitime vu ce qu’il a apporté pour ce pays".
La famille du défunt footballeur, gagnée par l’émotion, n’a pas été très prolixe à l’endroit du public. "Bocandé est un don du ciel, il appartient à tous les Sénégalais", a déclaré Mme Dassilva, une de ses sœurs présente à la cérémonie.
Produit par la maison More human, le single est gratuit. "Nous ferons de telle sorte qu’il soit accessible sur le marché et surtout dans le Sud, sa terre natale", informe Pape Mady Diop. Pour les frères Guissé qui ont vécu un peu de temps avec le joueur à Metz avant sa disparition, "Jules était plus vénéré à l’hexagone qu’ailleurs. Il doit servir d’exemple pour les générations futures aussi bien sur le plan culturel que sportif ".
''ON NE CHANGE PAS L’ORDRE CONSTITUTIONNEL PAR INTÉRÊT PERSONNEL''
HOLLANDE AUX CHEFS D’ETAT AFRICAINS TENTÉS PAR LE TRIPATOUILLAGE CONSTITUTIONNEL
François Hollande a prévenu hier ses homologues africains tentés par des modifications constitutionnelles pour s’éterniser au pouvoir. Le premier des Français a lancé, dans un entretien accordé hier à Rfi, France 24 et Tv5 Monde, à leur endroit, une petite phrase pleine de sens : «On ne change pas l’ordre constitutionnel par intérêt personnel.»
La phrase est courte, simple et pleine de sens et d’enseignement. Elle est du Président français et s’adresse à ses homologues africains tentés par une volonté de changer la Constitution de leur pays.
Faure Gnassingbé (Togo) dont l’opposition appelle à un rassemblement aujourd’hui, Denis Sasssou Nguesso (Congo), Joseph Kabila (Rd Congo), etc. sont avertis.
«On ne change pas l’ordre constitutionnel par intérêt personnel», a en effet déclaré François Hollande, lors d’un entretien accordé hier à Rfi, France 24 et Tv5 Monde, à la veille de son départ pour le XVème sommet de la Francophonie, à Dakar.
«Il faut garantir des élections libres, incontestées, comme en Tunisie, pluralistes, démocratiques», préconise le Président français.
Revenant sur la crise burkinabè, Hollande note que ces événements illustrent à quel point les Africains «sont attachés à la démocratie et à l’ordre constitutionnel».
Justifiant l’aide française apportée à Blaise Compaoré pour le faire sortir du Burkina Faso, Hollande indique : «Je ne suis pas resté silencieux, j’ai écrit à Blaise Compaoré. La France a veillé à éviter un bain de sang, d’où l’exfiltration» de l’ancien homme fort du Faso. «Cela peut servir de leçon aux autres chefs d’Etat (... )», fait-il savoir encore.
Au sujet de la transition démocratique dans ce pays, le numéro un français annonce qu’«au Burkina, la France veillera à ce que les élections de l’an prochain soient bien tenues».
Hommage à Diouf et difficultés à lui trouver un successeur
Hollande a aussi salué l’action de Abdou Diouf à la tête de l’Organisation internationale de la Francophonie (Oif). «Abdou Diouf est un Président qui a développé son pays et accepté l’alternance démocratique. Abdou Diouf a fait en sorte que la Francophonie puisse porter les valeurs de démocratie et de liberté», témoigne le chef de l’Etat français.
Le Président français reconnaît, cependant, la difficulté qu’il y a à trouver un remplaçant à Diouf. «La succession n’est pas facile car il y a plusieurs candidats, a reconnu le Président français. Nous allons travailler à ce qu’il y ait une solution consensuelle car nous ne voulons pas diviser. Il faut un secrétaire général qui rassemble, ce sera la démarche de la France», souligne le premier des Français, qui rappelle que son pays était «au service de la Francophonie».
«L’Afrique est le continent qui compte le plus de locuteurs français. Elle doit se sentir représentée. Si le (nouveau) Secrétaire général est africain, l’administrateur général sera d’un autre continent, et inversement», annonce François Hollande.
ECRIRE S’APPREND PAR LE NEZ… DANS LES BOUQUINS
REMISE DU TROPHEE AIME CESAIRE A DES POETES EN HERBE
L’Association sénégalaise des professeurs de français remettait hier jeudi 27 novembre au Grand Théâtre National le Trophée Aimée Césaire à de jeunes poètes encore élèves. Les lauréats de la dictée sms organisée la veille sont aussi repartis heureux et comblés. Surtout qu’ils ont eu la chance de rencontrer le poète Henri Lopes, auteur d’une œuvre, le Pleurer-rire, que certains d’entre eux ont au programme de cette année scolaire.,
Dans quelques années, vous verrez peut-être leurs noms sur un recueil de poésie, à moins que d’autres muses les appellent. Peut-être même qu’ils écriront à plusieurs, qui sait ? Mame Coumba Sankharé, Assamaw Bâ et Maïmouna Diop sont les trois lauréats du Trophée Aimé Césaire que l’Association sénégalaise des professeurs de français remettait à ses «Poètes en herbe au service de la Francophonie». Car c’est ainsi qu’on les appelle, sans doute parce qu’ils sont encore à l’école. Mame Coumba est en 3ème au Collège d’Enseignement Moyen (CEM) Moustapha Ndiaye de Kaolack, Assamaw Ba en classe de première au Lycée Mixte Maurice Delafosse. Maïmouna Diop est en première elle aussi, à la Maison d’Education Mariama Bâ de Gorée. Dans l’après-midi d’hier jeudi 27 novembre, c’est dans la grande salle du Grand Théâtre National qu’ils ont reçu tous les honneurs.
Lors de cette après-midi, ils ont aussi eu la visite d’un invité surprise, quelqu’un qui ne s’attendait pas à repartir les mains pleines de cadeaux. L’écrivain Henri Lopes était le parrain de ce trophée, même s’il faut préciser qu’Henri Lopes lui-même porte une autre casquette, car il est l’un des candidats à la succession d’Abdou Diouf au poste de Secrétaire général de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). Sa «double vie» comme il dit n’a rien de contradictoire quand il pense que Senghor et Césaire ont su être les deux : écrivain et homme public. Mais c’est l’écrivain qui s’est adressé aux jeunes élèves présents dans la salle. Pour écrire dit-il, il n’y a point d’autre secret que la lecture.
Une dictée… sms
Certains d’entre eux l’avaient sans doute bien compris, lorsqu’ils se rendaient au Grand Théâtre. Puisque ce sont eux les lauréats d’une dictée bien particulière, la dictée sms. Adja Ndèye Khoury Diack a seulement 11 ans, mais c’est une grande. Elève en classe de 5e à la Maison d’Education Mariama Bâ, elle n’a fait que deux fautes, sur un texte de seconde, extrait du Père Goriot d’Honoré de Balzac. Ce fameux passage où l’auteur décrit Madame Vauquer, la dame qui tient la pension où vit le personnage éponyme du roman. Betty Sira Habib Diagne, élève de première au Lycée Seydina Limamoulaye, décroche le 2e prix.
Le principe de cette dictée est à la fois simple et original, explique Madame Mbengue Aïssatou Bâ, membre du Réseau des professeurs de français pour l’éducation des filles et la formation des femmes en Afrique (REPROF-EFFA). «Le but du jeu consistait pour les élèves à traduire ce qu’ils entendent en langage sms. L’essentiel étant de respecter la phonétique en mettant le moins de signes possible», tout en se montrant créatif.
L’exercice s’inspire de la façon dont les jeunes eux-mêmes s’expriment et communiquent, raccourcissant les mots de façon pragmatique, pour gagner du temps et de l’espace, de l’argent aussi parce que les sms ont souvent un coût. On a ensuite proposé aux élèves de faire la démarche inverse. C’est-à-dire partir d’un texte écrit en sms et le traduire en langue usuelle, en orthographe «normale». Adja Ndèye Khoury Diack pense que «ce n’est pas parce qu’on écrit en langage sms qu’on est moins bon en français. C’est pour raccourcir les phrases».
Madame Mbengue Aïssatou Bâ pense elle aussi qu’«il faut que les élèves puissent comprendre que le sms n’est pas la langue de l’école». Même s’il faut que les enseignants puissent entrer dans l’univers de ces jeunes-là et se faire à l’idée que «le sms est devenu une langue, et que le principe d’une langue, c’est d’être en mouvement». Betty Sira Habib Diagne n’écrit pas comme cela tous les jours. Elle lit même beaucoup, un vrai rat de bibliothèque, comme elle dit, et qui aime les romans et les poètes engagés. Idem pour Adja Ndèye Khoury Diack qui vient d’achever la lecture d’Elvira, un roman de Henry Denker sur l’apartheid où l’héroïne est aussi une jeune fille noire. Les « poètes en herbe », eux, ont travaillé sur quelque chose comme 14 mots dont il est ressorti des poèmes inspirés de l’actu, mais pas seulement : « mon rêve francophonique », « mélangeons-les », « je l’ai appris en classe », « viens » ou encore « du Bénin au Congo ». Les lauréats sont tous repartis les mains pleines, la tête aussi sans doute, avec des cadeaux bien de leur époque comme des tablettes ou des téléphones portables. Et avec de bons vieux livres qui sentent bon le papier !