Le conflit en Casamance, vieux de 32 ans, est au cœur d’un film intitulé Casa Di Mansa. Pour son réalisateur sénégalais Christian Thiam, son œuvre se bat contre le tabou qui entoure le conflit au sud du Sénégal. Dédié à la mémoire du Professeur Assane Seck-on lui doit le nom de l’université de Ziguinchor-le film a été présenté au public, aux acteurs culturels et à la presse lors de sa sortie nationale ; en présence du ministre de la Culture et de la Communication, Mbagnick Ndiaye. C’était dans la soirée d’avant-hier, mercredi 12 novembre. Christian Thiam y donne la parole aux témoins, aux acteurs et aux victimes de ce conflit.
Le film du réalisateur sénégalais Christian Thiam fait appel à nos émotions, et cela va tellement vite que c’est quasi épidermique, c’est une décharge électrique que l’on prend en pleine poire, en plein cœur aussi. C’est un électrochoc. Il fait aussi appel à nos souvenirs, à la mémoire, à l’histoire. Le récit commence vraiment le 26 décembre de l’année 1982, il y a donc 32 ans. Au Sud du pays, on parle d’indépendance. Dès le prologue du film, Salif Sadio, membre du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) dit d’ailleurs, sur un ton sans équivoque, que c’est un droit fondamental et que « c’est non négociable ».
1982, c’est aussi le point de départ de la rébellion armée, avec des victimes parmi les populations civiles. Victimes silencieuses lorsqu’un pied ou une jambe rencontre une mine sournoise. Il y a désormais des zones dangereuses et des lignes rouges à ne pas franchir. On compte des braquages et des prises d’otages.
L’année 1991, au Sénégal, montre aussi, selon le film de Christian Thiam, un chef de l’Etat dépassé, « impuissant face à la rébellion ». Abdou Diouf, puisque c’est de lui qu’il s’agit, nomme alors un Gouverneur militaire pour la région. Pour l’un des membres fondateurs du MFDC, le Professeur Assane Seck, mort en 2012, le Gouvernement d’Abdou Diouf « pensait pouvoir régler le problème par les armes ». Puis en 2000 arrive le président Abdoulaye Wade qui parle de résoudre la question en 100 jours.
Dans Casa Di Mansa, ce conflit est aussi l’histoire d’une vieille rancœur et d’une longue frustration. Celle des « authentiques fils de la Casamance », parfois victimes de l’ignorance, de l’arrogance et du mépris des autres, comme ils disent.
Pourtant, la Casamance s’enorgueillit d’être la seule région à avoir résisté, la seule à « n’avoir jamais vraiment été absorbée dans l’ensemble colonial ». Une résistance incarnée par une figure féminine comme celle d’Aline Sitoé Diatta. Ce que montrent ainsi les images, c’est que les femmes sont au cœur du conflit. 1500 d’entre elles participeront d’ailleurs à un sacrifice rituel à Oussouye, pour que revienne la paix. Dans le même esprit que lorsqu’elles accompagnent leurs enfants mâles dans le bois sacré, où ils deviennent des hommes, des personnes adultes.
Le film dure un peu moins d’une heure, 52 minutes pour être exact, que l’on a à peine le temps de sentir passer. Ni le temps de se retourner encore moins de s’égarer : l’intrigue est jalouse et le rythme des séquences, qui s’enchaînent de manière intempestive, ne vous y autorise pas vraiment. Et il faut s’accrocher ! C’est un film qui vous met sous tension, sous pression, un documentaire haletant, conçu comme avec le bruitage d’un angoissant thriller ou d’une grande enquête judiciaire. Pas de temps morts et très peu de silences, le rythme s’emballe. La musique, elle, en rajoute une couche : avec des accents graves et de l’intensité dramatique en veux-tu en voilà. Casa Di Mansa nous laisse à peine le temps de penser, d’intérioriser ce que l’on ressent. Une démarche que l’on fait sans doute après coup, au bout de seulement 52 minutes.
C’est aussi un film bien écrit, bien structuré, où le réalisateur est aussi le narrateur. Il y a, dans chaque image, le souci constant de ne pas perdre le téléspectateur, celui de ne pas le laisser repartir avec des énigmes. Avec un souci minutieux de l’information et de la documentation, et de jolies ponctuations visuelles et sonores : l’eau, le bruit des pas ou encore ce « Je vous salue Marie » chanté qui donne l’impression que le film de Christian Thiam serait presqu’une fervente prière.
A près de deux semaines du sommet de la Francophonie prévu du 29 au 30 novembre 2014 à Dakar et qui va élire son prochain secrétaire général, la campagne bat son plein et a atteint sa vitesse de croisière. Les candidats poursuivent sans relâche leurs efforts pour obtenir les appuis nécessaires auprès des Etats membres de l’Organisation internationale de la Francophonie (Oif). Ils sillonnent le monde à la rencontre des chefs d’Etat et de gouvernement pour les convaincre du bien-fondé de leur candidature. Ils sont cinq à postuler pour succéder à Abdou Diouf, en poste depuis 2002. Ce sont notamment l’écrivain congolais Henri Lopes, l’ancienne gouverneure générale du Canada, Michaëlle Jean, le secrétaire général de la Commission de l’océan indien, Jean-Claude de l’Estrac de l’Ile Maurice, l’ancien Président burundais Pierre Buyoya et l’ancien ministre équato-guinéen Agustin NzeNfumu. Le Quotidien dresse les profils des différents candidats à la succession de Abdou Diouf. Entre atouts et faiblesses, ces postulants présentent des fortunes diverses.
A la tête de l’Organisation internationale de la Francophonie Oif depuis le 20 octobre 2002, Abdou Diouf devra passer le flambeau à l’issue du prochain Sommet de Dakar. Comme un symbole, l’ancien Président le fera chez lui au Sénégal, pays choisi pour abriter le prochain sommet de l’Oif les 29 et 30 novembre 2014.
Après cela, le Président Diouf annonce qu’il va «se retirer de la vie publique». Pour sa succession, cinq candidats se disent prêts à assumer la lourde tâche de poursuivre son immense œuvre. Pour l’heure, il est difficile de connaître qui de ce quintet sera porté à la tête de l’Oif. Ceci parce que jusqu’à présent, aucun d’eux ne fait l’unanimité dans tous les pays ayant le français en partage.
Après le désistement de l’ancien président de la Transition du Mali Dioncounda Traoré, les doutes sur un possible parrainage par Abdou Diouf d’un candidat de l’Afrique de l’Ouest se sont levés.
Du coup, la candidate du Canada, Michaëlle Jean, partirait légèrement favorite selon des spécialistes. En même temps, les candidats de l’Afrique centrale seraient aussi en embuscade.
Le Quotidien fait un zoom sur les cinq retenus pour le moment (les dépôts seront clos le 29 novembre) pour briguer le Secrétariat de la Francophonie
Henri Lopes, l’éternel candidat
Né en 1937 à Léopoldville (Congo), Henri Lopes a passé ses années d’écolier à Brazzaville et Bangui et séjourne de 1949 à 1965 à Paris et Nantes. Il finit en 1963 ses études à la Sorbonne.
Après son retour au Congo, il est devenu professeur d’histoire à l’Ecole normale supérieure d’Afrique Centrale à Brazzaville jusqu’en 1966 et directeur de l’Enseignement jusqu’en 1968. Il a assumé de hautes fonctions politiques et administratives dans son pays (Premier ministre de 1973 à 1975).
Depuis 1981, Henri Lopes travaille pour l’Unesco à Paris où il a été directeur général adjoint pour la culture et les relations extérieures, notamment de 1982 à 1998. En octobre 1998, il est nommé ambassadeur de la République du Congo en France.
En tant qu’écrivain, Henri Lopes est considéré comme un des représentants les plus connus de la littérature africaine moderne. En 1972, il est lauréat du Grand Prix littéraire de l’Afrique noire de l’Association des écrivains de langue française pour son livre Tribaliques.
En 1993, l’Académie française lui décerne le Grand prix de la Francophonie. Durant cette même année, il devient docteur d’honneur de l’Université de Paris XIIème et en 2002 de l’Université du Québec.
Déjà en 2002, Henri Lopès s’était présenté contre Abdou Diouf pour le poste de secrétaire général de l’Oif. Henri Lopès, son adversaire, postulait depuis le sommet de Hanoï et avait bénéficié pendant longtemps du soutien de nombreux chefs d’Etat africains.
L’entrée d’Abdou Diouf dans la course avait bouleversé le déroulement prévu des opérations. L’ancien Président du Sénégal était passé du statut de candidat officieux à celui de favori obligé. Une montée en puissance qui lui avait permis, au final, d’obtenir le poste.
Un «coup d’Etat» qui est resté à travers de la gorge de Henri Lopès. Pour lui, la désignation du successeur de l’Egyptien Boutros Boutros-Ghali ne s’est pas faite dans des conditions satisfaisantes.
«J’ai été contraint à me retirer», avait-il dit en direct sur Radio France Internationale, où il avait annoncé qu’il n’était plus candidat au poste de secrétaire général de la Francophonie. Avec beaucoup d’amertume dans la voix, il avait même précisé qu’il n’avait «plus le cœur de se présenter à la tête d’une organisation dont l’élection du secrétaire général se fait dans l’opacité...
Il avait été convenu que l’Afrique choisirait son candidat. Aujourd’hui, on a choisi pour l’Afrique».Même si cet éternel candidat au Secrétariat général de l’Oif a des bonnes qualités, le Président congolais Denis Sassou Nguesso serait son épine de pied.
Beaucoup d’observateurs se demandent en effet comment un écrivain francophone et francophile qui prône la liberté peut se mettre au service d’un féroce dictateur, sans broncher sur ses dérives encore moins démissionner ? Cette donnée peut lui être fatale.
Ancien Premier ministre du Congo (Brazzaville), ce candidat jouit toujours d‘une grande sympathie auprès des électeurs mais son âge avancé (77 ans) constitue pour beaucoup, une Francophonie plus portée sur la coopération culturelle que sur l’influence politique et économique.
D’ailleurs, c’est sur cette dernière, c’est-à-dire le besoin aussi de donner un nouvel élan à l’Oif, que les deux autres candidats du continent, Jean-Claude de L’Estrac et Pierre Buyoya, principaux rivaux de Michaëlle Jean, mettent l’accent.
Le Mauricien de 66 ans et le Burundais de 64 ans tiennent à peu près le même discours. Il faut «poursuivre ce qui a été entrepris», et «s’adapter aux changements du monde», donner à l’Oif «une dimension économique».
Michaëlle Jean, la favorite
Née Marie Michaëlle Eden Jean, le 6 septembre 1957 à Port-au- Prince, (Haïti). Après un baccalauréat en langues et littératures hispaniques et italiennes, Michaëlle Jean obtient une maîtrise en littérature comparée à l’université de Montréal. Après ses études, elle enseigne, puis travaille pour un groupe qui aide les femmes victimes de violences conjugales.
Elle a eu une carrière télévisuelle qui lui a valu de nombreux prix. Présidente du conseil d’administration de l’Institut québécois des hautes études internationales de l’Université de Laval (2010) et chancelière de l’université d’Ottawa dès l’année suivante, Michaëlle Jean a été la première noire à devenir à partir du 4 août 2005, la 27e gouverneure du Canada.
En avril 2011, elle est nommée par Abdou Diouf au poste de Grand Témoin de la Francophonie pour les Jeux Olympiques de l’été 2012, qui se déroulent à Londres. Elle fut ainsi chargée d’y promouvoir la langue française et de s’assurer que celle- ci y est bien employée comme langue officielle (avec l’anglais).
Au cours d’une interview accordée au journal Le Quotidien le 5 octobre 2013, Michaëlle Jean n’avait pas caché son ambition de trôner à la tête de l’institution francophone. Sans détour, elle déclarait : «Je suis pétrie de Francophonie. Je suis d’origine haïtienne, je suis canadienne, je suis du Nord et du Sud.
Je considère la Francophonie comme un espace extrêmement dynamique, extrêmement vivant. J’ai eu à travailler de très près avec l’Organisation internationale de la francophonie (Oif) alors que j’étais Grand témoin de la Francophonie. Oui je suis intéressée.»
Déjà les échos de la campagne des différents candidats font état d’un consensus des électeurs en faveur de la dame.
Ainsi, l’ancienne gouverneure aurait un accueil favorable du plus grand nombre des chefs d’Etat et de gouvernement. «En jetant un œil sur son background, Michaëlle Jean réunit suffisamment d’atouts pour contenter de nombreux Etats et gouvernements du Sud comme du Nord pour succéder à Abdou Diouf. De plus, elle est la seule qui pourrait apporter une valeur ajoutée et une touche féminine qui a longtemps manqué à l’Oif», avance-t-on.
En plus de son immense expérience, son engagement et son dévouement pour la promotion des valeurs fondamentales de la Francophonie, Mme Jean est transcontinentale et multiculturelle. Elle est, à la fois, une femme du Nord et du Sud, du Canada et d’Haïti. Elle a d’arrières grands- parents africains et elle est Française par alliance.
Elle incarne donc une diversité et transpire le multiculturalisme francophone. Militante d’une alternance continentale, elle comprend mieux les réalités, les attentes et préoccupations de deux hémisphères du monde - des États, de la Société civile et des francophones en général.
Elle s’impose comme la personne idéale et de consensus pour occuper le poste de secrétaire général. Charismatique, la Canadienne a une vision moderne de l’Oif. L’économie est l’axe principal de son action pour agir efficacement sur les autres domaines de prédilection de la Francophonie.
Elle est convaincue qu’il est possible de faire de l’Oif un espace catalyseur de création de richesses, de prospérité et d’emplois de qualité, si tous les Etats membres agissent ensemble, maximisent tous les acquis et potentiels de l’espace francophone pour combattre la pauvreté et les inégalités sociales qui engendrent les violences et guerres civiles dans le monde.
Michaëlle Jean a présenté sa vision pour la Francophonie du XXIe siècle, disponible dans son site officiel. Elle devra en revanche batailler pour obtenir le soutien des Africains. Ce n’est pas gagné d’avance.
Jean-Claude de l’Estrac, un anglophone devenu francophile
Né le 17 février en 1948, Jean- Claude de l’Estrac est à la fois journaliste, homme politique de l’Île Maurice ayant occupé le poste de ministre des Affaires étrangères dans son pays (1982 à 1983), poste qu’il retrouvera en 1990. De 1991 à 1994, il est successivement ministre du Développement économique et ministre de l’Industrie et de la technologie industrielle.
Il est depuis le 12 juillet 2012, secrétaire général de la Commission de l’océan Indien (Coi). Dans un pays où la langue officielle est l’anglais, Jean-Claude de l’Estrac faisait savoir, au cours d’une interview accordé au mensuel français Le Monde-diplomatique le 5 novembre dernier, que son pays «a basculé de l’étape de colonie britannique pendant cent cinquante ans à l’ère linguistique francophone dans les années 1980».
Le Mauricien de poursuivre dans les mêmes colonnes : «L’ancienne puissance coloniale, pour des raisons d’économies budgétaires, avait décidé de fermer son centre culturel à Maurice et rendre ses universités pratiquement inaccessibles en augmentant outrageusement les frais d’admission.
Dès lors, un grand nombre d’étudiants se sont tournés vers la France qui, plus accueillante, a commencé à former nos médecins, nos pharmaciens, nos architectes, nos légistes...
En moins de dix ans, nos anglophiles sont devenus francophones, nos commerçants ont dû les fournir en produits français, et la France est devenue le premier partenaire commercial de Maurice. C’est une leçon à retenir.»
Soutenu par son pays, Jean- Claude de l’Estrac compte asseoir une Francophonie moderne, une fois élu : «Je crois venu le temps de la Francophonie de l’économie.
L’espace économique francophone a du poids, mais, s’agissant de l’Afrique, il a besoin d’être stimulé. Parmi les mille choses à faire, je me focaliserais sur une question essentielle : l’industrialisation et la création d’emplois.
Je vois l’industrialisation de l’Afrique comme une arme de construction massive. J’inclus sous ce chapitre, la question non moins cruciale de la sécurité alimentaire. Il faudrait que l’Oif -elle est bien placée pour le faire- mette en place un programme de promotion de l’industrialisation en Afrique.
Et, pour ce faire, il faudra débattre de tout, de la «bonne gouvernance», de l’Etat de droit, de l’investissement, de la formation, et souligner la plus value de la langue française dans les relations d’affaires. Le tournant, c’est maintenant ; les places seront bientôt toutes prises.»
Pierre Buyoya, un candidat rattrapé par son passé de putschiste
De nationalité burundaise, Pierre Buyoya est né le 24 novembre 1949 à Rutovu dans la province de Bururi. Officier, il dirige deux fois le pays le Burundi : de 1987 à 1993 puis de 1996 à 2003. Il occupe actuellement les fonctions de Haut représentant de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel depuis le 25 octobre 2012.
A ce titre, il est le chef de la MIShael. Il était auparavant le chef de la Mission internationale de soutien au Mali (Misma) du 30 janvier au 1er juillet 2013. Dans une organisation où la démocratie et l’Etat de droit constituent son socle, la consécration d’un ancien putschiste serait vue d’un mauvais œil par bon nombre d’observateurs.
N’empêche, le Burundais est plébiscité parmi les favoris de la compétition du fait de l’absence de consensus des Chefs d’Etat africains. Summum de son handicap, il est persona non grata en Suisse et au Canada, deux mômes de l’Oif.
«Ce serait récompenser un criminel !»
Parmi ses détracteurs, une figure de la Société civile burundaise, engagée dans l’action humanitaire et réfractaire aux clivages ethniques, Marguerite Barankitse. Cette activiste n’a pu s’empêcher de s’exclamer, au sujet de la candidature de Pierre Buyoya au poste de secrétaire général de l’Oif : «Ce serait récompenser un criminel !»
Elle rappelle que l’ancien Président, deux fois putschiste, n’a pas demandé pardon après la guerre civile qui a miné le pays de 1993 à 2000. Une guerre qui a abouti a des accords de paix. Selon Mme Barankitse, Buyoya a «peut-être» un rôle à jouer dans la Commission vérité mais aussi dans la réconciliation ethnique.
Elle plaide : «Pierre Buyoya devrait plutôt rester au Burundi et nous expliquer comment les évènements se sont produits. Il y a eu tellement de morts, et il n’a rien dit !»
Agustin Nze Nfumu, le novice
Né dans le village de Otong-Ntam, District de Anisok, Province de Wele-Nzas en Guinée Equatoriale, le 18 mai 1949, cet ancien ministre équato-guinéen de la Culture, du tourisme et de la francophonie (1993) a fait des études supérieures en Relations internationales à l’Université du Caire en Egypte.
Depuis 1996, il est conseiller diplomatique du Président Obiang Nguema Mbasogo dont il est désormais le représentant personnel au Conseil permanent de la Francophonie à l’Oif. Ce serait une grande surprise de le voir à la tête de l’Oif.
Qui va l’emporter ?
Ces derniers jours et attendant de connaître la personne qui sera à la tête de l’Oif, des observateurs avisés avancent que Henri Lopes jouit de la confiance de plusieurs chefs d’Etat de l’espace francophone.
Quant à Michaëlle Jean qui est soutenue par son pays, l’on apprend qu’elle aura de la peine à trouver des soutiens en Afrique.
Jean-Claude de l’Estrac a peu de chance d’être porté à la tête du Secrétariat général de la Francophonie même s’il continue d’y croire. En ce qui concerne Pierre Buyoya, les analystes pensent que bien qu’il soit apprécié des chefs d’Etat africains, il risque d’être disqualifié en raison des deux coups d’Etat qu’il a menés dans son pays. L’Equato-Guinéen, Agustin NzeNfumu, est relativement peu connu.
DIAGNOSTIC ET REMÈDES POUR LES FAILLES D’UN SYSTÈME
INCLUSION ET PARTICIPATION DES FEMMES ET DES JEUNES DANS LE DÉVELOPPEMENT
Hier, un panel de haut niveau initié par le Comité scientifique de l’organisation du sommet de la francophonie a convié des personnalités de haut rang autour du thème : «Le nouvel agenda pour le développement dans l’espace francophone : quelles stratégies pour l’inclusion et la participation des jeunes et des femmes ?» Cette tribune a accouché d’échanges de haut vol sur la place des femmes et des jeunes et ouvert d’intéressantes perspectives.
La démarche est prospective et le résultat attendu est ainsi formulé : «Contribuer à trouver des solutions consensuelles aux grandes questions qui agitent l’espace francophone et le monde, notamment en matière d’implication des femmes et des jeunes dans les processus de paix et les stratégies de développement.»
La méthodologie est participative et se propose de recueillir une masse critique d’analyses et de propositions pour éclairer les échanges et les prises de décision des chefs d’Etat dans divers domaines concourant tous à la réalisation d’un espace de paix et de développement durable.
Conformément à ses grandes orientations, la Francophonie se propose de participer, à l’échelle des pays et dans le monde, à la constitution d’un espace de démocratie, de paix et de sécurité pour un développement durable et solidaire.
L’évolution de ces sociétés contemporaines de ces dernières décennies indique nettement que les femmes et les jeunes sont devenus des acteurs essentiels de cette aspiration légitime des peuples.
Le thème général est davantage circonscrit par deux sous-thèmes : «Conflits, paix et sécurité» et «Potentialités et dividendes démographiques : quelles perspectives de valorisation pour un développement durable et inclusif.»
D’entrée de jeu, le Pr Amsatou Sow Sidibé lit le triptyque, conflits, paix et sécurité à sa façon : «La sécurité est un préalable et une conséquence de la paix, du développement et du respect des droits humains. La participation des femmes et des jeunes est une condition sine qua non. Ils sont les principales victimes des violences.
Ces groupes sociaux ont intérêt à agir pour qu’il y ait de la paix. Ils ont des qualités intrinsèques, la fougue, l’audace, l’initiative. Ces qualités sont à exploiter pour la consolidation de la paix.»
Mais l’universitaire relève qu’il n’y a presque pas de synergie d’actions entre les femmes et les jeunes, chaque groupe agit de son côté ce qui cause un dialogue de sourds entre les femmes et les jeunes.
Or quelques chiffres justifient amplement ce choix : 52% de la population des pays francophones sont des femmes, 70% des personnes vivant en des- sous du seuil de pauvreté sont des femmes et 60% de la population des pays francophones ont moins de 30 ans.
Par ailleurs, les crises et les mutations économiques, sociales et politiques de ces dernières années ont été fortement marquées par les femmes et les jeunes, en tant qu’acteurs, mais aussi en tant que victimes.
Vitalité de la pensée dans l’espace francophone
Pourtant, il existe bien des mécanismes qui permettent de protéger femmes et jeunes. Ces instruments viennent des Nations-Unies et se chiffrent en termes de résolution mais également en termes de principes directeurs établis par les Nations-Unies pour la participation des jeunes comme condition essentielle pour la consolidation de la paix et point d’ancrage pour asseoir leur leadership.
Amsatou Sow Sidibé relève cependant : «Il y a des difficultés parce que les mécanismes qui existent ne sont pas mis en application et ce manque d’application est à l’origine des conflits.»
A son avis, les mécanismes institutionnels ont un problème d’application, les documents sont dans des tiroirs. Même si la volonté politique existe, elle tarde à se traduire en termes d’engagements forts. Or la Francophonie elle-même, à travers les déclarations de Bamako et de Saint-Boniface, a ses mécanismes qui favorisent l’implication des femmes et des jeunes.
Pr Omar Ndongo, représentant le recteur de l’Ucad, après avoir listé les dispositions pertinentes qui donnent des réponses pertinentes aux interrogations, pense que l’institution du Centre pour le développement du genre et du Centre pour le développement de la jeunesse, permet de distiller des interventions ciblées pour les femmes et les jeunes et d’insuffler des politiques de développement hardies contre les distinctions sexistes.
Le Pr Amsatou Sow Sidibé est formelle dans ses recommandations : «Il faut vulgariser les mécanismes existants, y compris dans les langues nationales. Les gouvernants francophones doivent le savoir, un Etat qui veut se développer sans respecter les droits humains, c’est impossible.»
Pour Magaye Touré, directeur de la Francophonie, ce débat est devenu «une nécessité, un devoir» au moment où la Francophonie a franchi une étape fondamentale. Il s’agit de faire entendre avec force, sa voix pour faire avancer les grandes causes. D’autres panélistes lisent à travers l’égalité homme- femme, des résultats encore ténus. Selon le Pr Ndioro Ndiaye, il faut impérativement procéder à une évaluation de ces résultats pour tendre vers une reddition de comptes.
La démarche intègre également un programme qui s’attachera à donner des compétences supplémentaires aux jeunes qui s’intéressent aux questions de la paix.
Mais aussi aider les femmes et les jeunes à faire des plans d’action communs. Diatou Cissé dit haut ses souhaits: «Il faut que des recommandations claires puissent sortir de ce Sommet. La question de l’entreprenariat féminin est d’enjeu national. Il est temps qu’on pense aux petites unités de transformation.»
Nouvelles menaces pour les démocraties
Alioune Tine, président du Comité sénégalais des doits de l’Homme, repère de nouvelles menaces pour les démocraties. «Une des faiblesses de nos Etats, c’est quand il y a urgence, il n’y a pas de réponses rapides, ou pas de réponses du tout.
Pourtant le système d’alerte est divers. Si nous prenons l’exemple du Mali, comment se fait-il que des gens qui transportent des tonnes d’armes n’aient pas pu être arrêtés depuis ? Il faut voir comment renforcer le système d’alerte, voir les problèmes pour qu’il n’y ait pas de suite aux alertes», ajoute-t-il.
Il propose de réunir les Etats, les parlementaires, la société civile, les jeunes, les femmes à une conférence sous-régionale sur ces questions, pour dégager une vision consensuelle sur ces remèdes et mettre en place des mécanismes de suivi.
Le second axe des débats revisite les potentialités et dividendes démographiques dans leur dimension de perspectives de valorisation pour un développement durable et inclusif.
Pour le modérateur Alioune Sall, directeur du Think Tank des Futurs africains, «Le dividende démographique représente la promesse d’un gain en croissance économique et en richesse pour un pays provenant d’une main d’œuvre abondante et productive par rapport à la population dépendante.»
Pour lui, l’importance du binôme femmes-jeunes regorge de défis à relever parce que les dividendes démographiques se construisent dans le temps. Avec l’obligation de réinventer l’Etat par un solide ancrage identitaire.
LA GRANDE GUERRE SOUS LES TRAITS DE LA BANDE DESSINÉE
Dans le cadre du Centenaire du début de la Première guerre mondiale, la galerie Le Manège de l’Institut français au Sénégal a présenté une exposition en bande dessinée qui prendra fin le 17 janvier 2015. L’objectif est de faire connaître le tirailleur sénégalais tout comme le soldat inconnu qui sont des figures mythiques de la Grande guerre (1914-1918).
Le directeur de l’Institut français au Sénégal, Moncef Follain, en ouvrant ce vernissage a été clair. En effet, comme partout où se déroule la commémoration de ce Centenaire du début de la grande guerre, il s’agit pour son Institution de participer à cette manifestation, à travers une exposition en bande dessinée.
Ce procédé se justifie, selon lui, par les fait que « ce moyen d’expression attire beaucoup plus les enfants et ce sera un moyen pour eux de connaître cette histoire ».
L’exposition, en tant que telle, allie le numérique à la bande dessinée. Ici, la décoration rappelle l’ambiance dans les tranchées durant la guerre 14-18. Les tenues de ces tirailleurs, de même que leur attirails et autres armes sont exposés, grâce à la collaboration du musée des Forces armées.
Au-delà, dans ce travail, on voit l’évolution des différentes expressions artistiques de la bande dessinée, en relation avec les tirailleurs sénégalais. Le trame narrative produite est belle et les œuvres agrandies peuplent les murs.
À travers ces planches, c’est tout un pan de la Première guerre mondiale qui est racontée. Elles sont pour l’essentiel issues du produit intitulé « 1917, le Soldat inconnu » de M. Fab, Fred Duval et Jean-Pierre Pecau. Cette production pose la question suivante : et si le soldat inconnu était noir ?
En effet, l’histoire raconte les aventures de Boubacar, un soldat originaire de Côte d’Ivoire, et son ami l’officier Mangin. Dans les tranchées, l’officier se fera aider par son « frère d’arme noir », pour qu’il vainque enfin sa peur.
La lâcheté de Mangin le poussera à braquer son partenaire, avec ce propos plein de sens : « un indigène ne donne pas d’ordre à son supérieur ». Plus tard, on découvre que même si les originaires des 4 communes (Dakar, Saint-Louis, Gorée, Rufisque) étaient considérés comme des officiers, ces derniers n’étaient pas logés dans la même enseigne que leurs compagnons blancs.
Cette balade permet au visiteur de revisiter l’histoire de ce conflit. En effet, plus de 30.000 indigènes ne revinrent plus en Afrique. La bataille de Douaumont fut la plus terrible, mais le 43ème bataillon de tirailleurs y prit part.
Aussi, la réquisition de 1912 durant laquelle l’Etat français a paraphé un décret pour enrôler de force les indigènes a été évoqué. Comme pour magnifier le soldat inconnu, cette exposition en bande dessinée souligne que le 11 novembre 1920, sur l’avenue de la Grande armée à Paris, une sépulture y fut inhumée.
CHRISTIAN THIAM ZOOME SUR LA CRISE CASAMANÇAISE SOUS L’ANGLE CULTUREL
Sous un format de 52 minutes, le réalisateur Christian Thiam a eu la lumineuse idée de traiter le conflit casamançais sous le prisme culturel. Le documentaire « Casa Di Mansa », projeté hier au Théâtre national Daniel Sorano, relate les soubresauts dans le sud du pays comme l’émanation d’une incompréhension.
« Pourquoi ne doit-on pas en parler, nous devons poser le débat sur ce conflit » ? Par cette question, Chris- tian Thiam, le réalisateur du film « Casa Di Mansa », a campé le débat.
Et à lui de se demander pourquoi on va laisser des étrangers évoquer cette question casamançaise et pas nous ? Sa perception est claire, il faut rappeler cette épineuse question, afin que des dynamiques puissent naître et que la région sud soit, à jamais, en paix avec elle-même.
En ce qui concerne le film, il est inédit dans tous les sens. Pour la première fois, depuis bien longtemps, on voit le chef des Mouvements de forces démocratiques de la Casamance (Mfdc) prendre la parole. Il donne sa conception du conflit et réitère sa volonté de voir la Casamance libre.
On y voit aussi les militaires, de même que les démineurs qui étaient pris en otage donner leur appréciation. Des témoignages poignants.
« Cette incompréhension historique » est née, selon Christian Thiam, un jour de décembre 1982. Lors d’une marche pacifique des membres Mfdc, une répression des forces de l’ordre s’en suivra. Ainsi naîtra Atika, la branche armée du Mfdc.
Dans ce documentaire, outre Salif Sadio, Kamougué Diatta, César Atoute Badiate, tous ont donné leur version. Mais le plus instructif demeure cette approche culturelle que le Pr. Assane Seck, l’ancien ministre Robert Sagna, Mamadou Mbodji du Forum Civil, donnent à ce conflit.
En effet, de l’avis de ces autorités, l’Etat n’avait pas compris qu’il fallait intégrer la donne culturelle dans toutes les mesures à prendre en Casamance. Selon Robert Sagna, au moment de faire des lotissements, l’autorité administrative n’avait pas compris que chez certaines ethnies, dans leurs maisons, il y avait des sépultures de membres de leur famille.
C’est dans ce sens que, pour l’ancien maire de Ziguinchor, « soustraire, avec ce nouveau lotissement de la ville, ce lien affectif à certaines familles fut très difficile et augmentera le degré d’exaspération des populations ».
Dans ce même ordre d’idées, le Pr. Assane Seck est revenu sur les péripéties des négociations qu’il avait menéés. Et à lui d’avouer : « Jamais un centime n’a été dépensé quand je me- nais les négociations entre l’Etat du Sénégal et le Mfdc ».
CHRISTIAN THIAM ZOOME SUR LA CRISE CASAMANÇAISE SOUS L’ANGLE CULTUREL
Sous un format de 52 minutes, le réalisateur Christian Thiam a eu la lumineuse idée de traiter le conflit casamançais sous le prisme culturel. Le documentaire « Casa Di Mansa », projeté hier au Théâtre national Daniel Sorano, relate les soubresauts dans le sud du pays comme l’émanation d’une incompréhension.
« Pourquoi ne doit-on pas en parler, nous devons poser le débat sur ce conflit » ? Par cette question, Chris- tian Thiam, le réalisateur du film « Casa Di Mansa », a campé le débat.
Et à lui de se demander pourquoi on va laisser des étrangers évoquer cette question casamançaise et pas nous ? Sa perception est claire, il faut rappeler cette épineuse question, afin que des dynamiques puissent naître et que la région sud soit, à jamais, en paix avec elle-même.
En ce qui concerne le film, il est inédit dans tous les sens. Pour la première fois, depuis bien longtemps, on voit le chef des Mouvements de forces démocratiques de la Casamance (Mfdc) prendre la parole. Il donne sa conception du conflit et réitère sa volonté de voir la Casamance libre.
On y voit aussi les militaires, de même que les démineurs qui étaient pris en otage donner leur appréciation. Des témoignages poignants.
« Cette incompréhension historique » est née, selon Christian Thiam, un jour de décembre 1982. Lors d’une marche pacifique des membres Mfdc, une répression des forces de l’ordre s’en suivra. Ainsi naîtra Atika, la branche armée du Mfdc.
Dans ce documentaire, outre Salif Sadio, Kamougué Diatta, César Atoute Badiate, tous ont donné leur version. Mais le plus instructif demeure cette approche culturelle que le Pr. Assane Seck, l’ancien ministre Robert Sagna, Mamadou Mbodji du Forum Civil, donnent à ce conflit.
En effet, de l’avis de ces autorités, l’Etat n’avait pas compris qu’il fallait intégrer la donne culturelle dans toutes les mesures à prendre en Casamance. Selon Robert Sagna, au moment de faire des lotissements, l’autorité administrative n’avait pas compris que chez certaines ethnies, dans leurs maisons, il y avait des sépultures de membres de leur famille.
C’est dans ce sens que, pour l’ancien maire de Ziguinchor, « soustraire, avec ce nouveau lotissement de la ville, ce lien affectif à certaines familles fut très difficile et augmentera le degré d’exaspération des populations ».
Dans ce même ordre d’idées, le Pr. Assane Seck est revenu sur les péripéties des négociations qu’il avait menéés. Et à lui d’avouer : « Jamais un centime n’a été dépensé quand je me- nais les négociations entre l’Etat du Sénégal et le Mfdc ».
Le débat intellectuel est sans tabous, ni zones exclusives. Il saisit toute opportunité pour poser les questionnements dont la bonne appréhension permettrait de faire avancer d’un cran la société.
C’est sous ce rapport qu’il y a bientôt un an, je m’interrogeais (dans un article intitulé «le Sénégal un pays francophone?») sur les fondements de notre prétention à jouer les premiers rôles dans la Francophonie à la veille du grand rendez-vous, chez nous, de cette communauté linguistique. Pour mémoire, suivez ce lien http://www.lequotidien.sn/index.ph p/opinions-et-debats/item/26608- le-senegal-un-pays-francophone
Et voilà que, dans l’édition du quotidien sénégalais Wal fadjiri du vendredi 7 novembre 2014, l’Observatoire de la Francophonie nous confirme que, seulement 29% des Sénégalais parlent le français ! Le Sénégal n’est donc pas un pays francophone.
Démographiquement parlant en tous cas ! On pourrait en dire de même pour tous les pays africains ainsi qualifiés. Nous attendrons, cependant, une argumentation solide qui puisse nous convaincre du contraire.
D’où l’actualité de répondre à cette question lancinante à l’occasion du XVème sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de la Francophonie réunis dans l’Organisation internationale de la francophonie (Oif).
C’est le moment, ou jamais, d’évaluer et de revisiter les paradigmes fondateurs de l’espace francophone autour des valeurs, mieux partagées, et des intérêts bien compris de toutes ses composantes.
Par contre, il serait aisé de déterminer les contours d’une élite intellectuelle et politique francophile ! Formées à l’école française, plusieurs générations de Sénégalais ont reçu, en sus de la langue, le virus de la culture française.
A ne pas en guérir, certains sont devenus méconnaissables tant ils ont peur de s’aventurer hors du mode de pensée qu’implique l’acclimatation d’une culture d’emprunt. Il est ainsi impossible, entre autres, de leur faire admettre la possibilité de porter nos langues maternelles à la modernité.
Modernité ne voulant évidemment pas dire occidentalisation, encore moins «francisation» ! Cette race «d’intellectuels» mériterait davantage le qualificatif «d’intellocrates» tant ils s’échinent à paraître ce qu’ils ne sont pas. Et ce qu’ils ne sauraient devenir...
Le virus que nous évoquions plus haut, lorsqu’il prospère et se diffuse, peut conduire le sujet à ce que l’on pourrait appeler la «francofolie» : Un état de schizophrénie qui se traduit, notamment, par des contorsions linguales exagérées pour parler plus français que la France. La préciosité (ridicule) du sujet en fait un étrange personnage que David Diop a décrit avec panache depuis 1956 dans son poème: « Le Renégat»
«Mon frère aux dents qui brillent sous le compliment hypocrite
Mon frère aux lunettes d’or
Sur tes yeux rendus bleus par la parole du Maître
Mon pauvre frère au smoking à revers de soie
Piaillant et susurrant et plastronnant dans les salons de la condescendance
Tu nous fais pitié
Le soleil de ton pays n’est plus qu’une ombre
Sur ton front serein de civilisé et de Mea Culpa
Et la case de ta grand’mère
Fait rougir un visage blanchi par les années d’humiliation
Mais lorsque repu de mots sonores et vides
Comme la caisse qui surmonte tes épaules
Tu fouleras la terre amère et rouge d’Afrique
Ces mots angoissés rythmeront alors ta marche inquiète
Je me sens seul si seul ici !»
Coups de Pilon, 1956. Merci David Diop, un francophone tel que je les aime... Francophonie, francophilie ou francofolie ? Il est en tous cas devenu impératif d’aller au fond des choses dans notre pays et dans la plupart des pays anciennement colonies françaises.
Lever les malentendus, savamment entretenus pour confiner nos intelligences dans l’absorption de prêts à penser qui conditionnent nos aptitudes à concevoir une notion du progrès qui soit conforme à nos identités, à nos valeurs sociales et culturelles, voilà une problématique urgente et prioritaire à résoudre.
Autrement dit : se développer en français est- il possible avec 29 sénégalais sur cent qui comprendraient le sujet ? Que nenni ! Voilà le fond de notre problème ! Qui en parlera au Sommet ?
Après les textes de Senghor, mis en musique en 2005 dans «Entre Seine et Sine », le poète et musicien s’inspire aussi du poète français Paul Valéry dont il va harmoniser Corona et Coronilla, un recueil de poèmes publié à titre posthume en 2008. Le spectacle, qui s’intitule «Emotions Blanches et Nègres», se déroulera les 13, 20 et 27 novembre au Centre culturel Keur Meïssa. Ce projet de Meïssa Mbaye compte parmi ceux qui ont été retenus pour le Sommet de la Francophonie des 29 et 30 novembre. Dans la matinée d’hier, lundi 10 novembre, il présentait son projet à la presse.
Qu’elles soient conscientes ou inconscientes, nous avons souvent de « bonnes » raisons de nous lancer dans une aventure. Pour le poète et musicien franco-sénégalais, c’est sa rencontre avec Senghor, le poète, l’humaniste. L’homme d’Etat, lui, il dit l’avoir combattu pendant ses années d’étudiant. Mais il se retrouve plus tard à animer des projets pédagogiques qui font qu’il sillonne une bonne partie des lycées français, et où il met en musique des poèmes de Senghor. Une étiquette qui finit par lui coller à la peau, puisqu’en 2006, l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) lui demande de travailler sur le centenaire de la naissance du président-poète.
Il faut dire qu’entre-temps, son album « Entre Seine et Sine » voit le jour, ce qui lui donne une certaine «légitimité». Nous sommes en septembre 2005 et cette œuvre, comme il dit, est «un voyage musical dans l’imaginaire poétique de Senghor».
Quelques années plus tard, une autre rencontre. Meïssa Mbaye fait alors la connaissance de la directrice du Festival Voix Vives de Méditerranée en Méditerranée. C’était il y a un an, alors qu’il joue à Sète, là même où naquit le poète français Paul Valéry en 1871. Maïté Valles Bled lui suggère alors de mettre des notes de musique sur les textes de Paul Valéry, «un homme très engagé politiquement et qui n’a rien du poète bourgeois contemplatif». Il accepte, même s’il dit que «l’œuvre du poète est difficile d’accès».
Le musicien choisit alors de s’inspirer de Corona et Coronilla, un recueil de poèmes «écrits comme des chansons», et qui raconte la relation secrète sur fond de correspondance amoureuse et érotique que le poète entretient à une période de sa vie (il est marié) avec Jeanne Loviton plus connue sous son nom d’auteur, Jean Voilier. Il a 67 ans, elle en 34. Si Corona et Coronilla narre une vieille histoire, il ne sera pourtant publié que très récemment, en 2008, donc plus de 60 ans après la mort de Paul Valéry (1945), parce que la famille du poète souhaitait garder le « silence ».
Pour mener à bien son projet, Meïssa Mbaye va voir celui qui est le directeur de l’Orchestre national depuis 2010, Tidiane Diallo. Ce qui facilite les choses, c’est qu’ils ont fait leurs classes ensemble au Lycée Blaise Diagne. Aux yeux de Tidiane Diallo, c’est «un projet original, parce qu’en général on se contente souvent de plaquer une musique sur les textes déclamés, ou alors on improvise. Ici, c’est pensé, réfléchi et bien élaboré ».
Pour ce qui est de l’œuvre de Senghor, l’Orchestre national va seulement revisiter «Entre Seine et Sine». Ils ont donc commencé par les textes de Paul Valéry, sur des notes de xalam et de balafon. La calebasse aussi, que l’on oublie trop souvent. Parce que comme dit le chef d’orchestre, Alassane Cissé, leur «rôle est de défendre et de valoriser le patrimoine». Ils ont donc adapté leurs instruments et travaillé sur une rythmique africaine. Il dit encore qu’il est plutôt «facile de collaborer avec quelqu’un comme Meïssa Mbaye, puisqu’il est déjà musicien».
Après le spectacle, Meïssa Mbaye envisage de poursuivre l’aventure avec l’Orchestre National. Il a aussi quelques projets avec la direction du Livre et de la Lecture, pour donner ou redonner aux élèves le goût de lire. L’après-midi de ce jeudi 13 novembre sera d’ailleurs consacrée à des ateliers pédagogiques destinés au public scolaire. Ce sera à la Maison de la Culture Douta Seck.
L’ENFANT DE KAFOUNTINE AU CŒUR DES POLDERS
RENCONTRE AVEC HENRY DEMBA, UN SÉNÉGALAIS DE HOLLANDE
Les voyages servent souvent à cela aussi. Au gré des rencontres, à la sortie d’un aéroport, le soir, au cours d’une petite ballade, il vous arrive de tomber sur une personne connue ou non. Loin de chez vous. Loin de chez lui aussi. Et, les premiers contacts souvent improvisés, peuvent mener à toutes les surprises quand l’histoire de l’un comme de l’autre se rencontrent et se mélangent. La nostalgie et le désir de partager l’emportent sur le reste et le coeur se met à vibrer pour raconter la vie d’ici et d’ailleurs. Comme dans un conte l’on parle de ses parents, de ses premières rencontres, de ses déceptions... Toutes choses qui ne résument d’un coup, la belle rencontre avec Henry Demba au salon du goût dans la capitale piémontaise, la vieille belle cité de Turin. L’Italie dans ses versions baroque et gothique, mélangées.
Il est sans doute devenu le plus hollandais des Sénégalais. Parti au début des années 2000 de la petite cité marine de Kafountine, qui l’a vu naître, Henry Demba a tout laissé pour se consacrer à sa seule passion : la pêche. Déçu par les nombreuses grèves, l’enfant des terroirs a fait le choix de quitter l’université de Dakar pour la mer. Et c’est là, que son histoire bascule à travers une rencontre avec une amie hollandaise. Le voilà qui tente l´aventure en allant s´installer aux Pays Bas. La preuve que certaines vocations sont aussi porteuses. Car, si chez certains, la pêche est un métier choisi par défaut, chez lui par contre, il s’agit d’une véritable vocation. Aujourd’hui, c´est au coeur du Salon du goût “ Terra Madre“ qu’il a fallu le chercher entrain de servir des huîtres fraîches aux curieux et connaisseurs de passage. En ce mois d’octobre finissant, Henry Demba est homme très occupé. La quarantaine sonnée, il n´est pas là par hasard. Il a fait du chemin. Et, le voilà entre pause déjeuner et café, qui se raconte.
L’histoire de ce garçon est un mélange d’aventure et de conquêtes de territoires nouveaux. Après avoir vécu toute son enfance dans son village de Kafountine, au nord-ouest de la Casamance, le jeune Henry a commencé à uivre comme beaucoup de jeunes sénégalais de son âge, à prendre le chemin de l’école aidé par de grands parents qui attendaient sans doute beaucoup du garçon. Un brin nostalgique et ému, il raconte cette histoire avec une telle distance qu’il donne l´impression que ce fut très facile. Mais, que ce fut dur avant l’étape d’aujourd’hui qui le consacre.
“Tout cela a commencé, explique Henry Demba, par une déception. J´ai toujours voulu faire des études à l´université, mais au début des années 2000, arrivé à l’univesité, je réalisais un rêve d’enfant. Mais, tout de suite, je me suis retrouvé face à des grèves qui n’en finissaient pas. Lassé de la situation, j´ai pris sur moi de retourner au village et de retrouver mes activités de pêcheur aux cotés de mon père. Je ne vais pas le regretter. La suite est une longue histoire. Et, c´est par un pur hasard que je me suis retrouvé en Europe. Et, dès mon arrivée, fort de l´expérience acquise auprès de mes grands parents, j’ai enseigné les techniques de pêche traditionnelle à des amis hollandais.”
Vêtu de sa blouse, le voilà qui aujourd’hui qui “ouvre” du matin au soir, des huîtres pour la dégustation des passants et leurs famille. Son stand est nul doute un des plus fréquentés de ce salon avec tout ce monde qui meurt d´envie de goûter ses belles pièces mollusques ramassées sur les terres marécageuses d’Amsterdam et ses environs. Un morceau de citron vert à la main pour assaisonner la chair cachée à l’intérieur de la coquille, et voilà que le visiteurs du jour s’offrent ce plaisir avec une larme de vin blanc disponible sur les étalages et servie par le patron, moyennant quelques euros. Le spécialiste qu’il est devenu doit son succès à son abnègation et son courage, mais encore la facilité avec laquelle il se laisse aborder.
La passion est née donc pour le pêcheur qui va saisir sa chance et se mettre dans la pêche et la distribution de produits halieutiques. Venu au salon en voiture depuis les Pays-Bas, Henry est un homme plein d´ambition aujourd´hui. Par amour pour la pêche, poursuit ce garcon plein de vie, “j’ai effectivement abandonné les études et la fac. Mon grand père m’avait mis à l´epreuve dès l´age de 8 ans en m´amenant avec lui, lors de ses sorties en mer. Et, quand j´etais à l’Université, j´avais du mal à supporter de rester deux semaines, un mois sans aller au cours. J´ai donc pris sur moi de rentrer au village essuyant les critiques de mes amis de certains membres de ma famille qui me disaient que c´était une erreur et qu il fallait continuer. J’ai dit non et je me suis lancé dans cette activité que je connaissais encore plus et où je ne perdais pas de temps…“
Pêcheur et enfant du monde
Parti avec une amie, le voilà donc au coeur des polders; un monde qu’il découvre. J’ai tout de suite aimé ce pays à cause de l´eau qui est partout, explique Henry Demba. Aujourdhui, je peux vous dire que c´est mon deuxième pays. Car ici, c´est comme si j´étais toujours à Kafountine surtout quand je suis en mer. La mer, elle est la même partout. Il n´ y a pas d immeubles, mais rien d´autre que l´eau.“ Pêcheur devenu ostreïculteur, le jeune homme explique sa rencontre avec le mollusque le plus prisé de la mangrove africaine, par sa grand mère qui exploitait la ressource dans le village de Kafountine. “ Ma grand mère récoltait et vendait les huîtres au marché du village pour payer une partie de mes études. Et, chaque fois, après les coups de cloche de 17 heures, je filais à la plage chez ma grand mère, prendre les huîtres pour le dîner de la maison.”
Après avoir vu ce qui se faisait au Sénégal en matière de pêches et d´exploitation des huîtres, et mis la main sur l’expérience et les connaissances des exploitants hollandais, le voila devenu un autre homme aujourd´hui. “Ici, ce qui est visible dans les pratiques, c’est surtout la volonté de préserver la ressource et son habitat; mais surtout de garantir la qualité des espèces pêchées ou récoltées. Pour le reste, il n’y a pas beaucoup de diffèrences dans la manière d’exploiter les huîtres en Hollande comme au Sénégal. Il suffit de les ramasser en choisissant celles qui ont la bonne taille. Sauf qu au Pays Bas, c’est encore plus facile parce qu’on les trouve dans des secteurs ou l’eau s’est retirée. C’est après qu’on les jette dans les digues pour éliminer tout ce qui est algues et pourritures. Pour ce salon, je peux vous dire que j’ai ici avec quelque 12.000 huîtres que je dois écouler avant la clôture de ce salon 2014. “ Pour les journées du jeudi 23 et du vendredi 24 octobre, la petite confidence est qu’il aura vendu entre 4500 et 5000 euros de ses produits exposés dans ce Salon. Près de 10.000 euros en deux jours, il faut le faire et l´homme se la joue modestes, tranquille et très serein sur ce métier qu´il aime et qu’il a définitivement choisi.
S’il est aujourd’hui au coeur d’un système de production bien plus èlaboré, le jeune diola de la Casamance n’a pas oublié d’où il est venu. Souvent Henry est de retour dans son village pour encadrer et former des jeunes à la pêche.“ J’ai déjà formé une quinzaine de jeunes qui sont maintenant dans le métier chez moi à Kafountine. Ce que je veux dire aux jeunes sénégalais est qu’on peut atteindre son rêve en y croyant et en acceptant d’être formé a quelque chose. Il ne faut surtout s’arreter au premier obstacle. Pour lui, il n’y a pas qu’un seul métier pour atteindre le bonheur. Tout ce qui peut permettre de s’épanouir est un travail noble qui peut donner le bonheur a une personne.“
La panoplie de l’homme est ainsi devenue assez variée et, chaque année, pour faire la promotion de la pêche sportive, Henry Demba débarque aussi avec une cinquantaine d’amis pour pêcher le barracuda, l’espadon, la carpe rouge etc. Le travail et le plaisir en même temps, c’est aussi une des marques de ce jeune homme courtois et très abordable. Pour l’anecdote, il a promis de revenir au Sénégal dans quelques semaines pour accompagner les femmes de Ziguinchor, dans l’exploitation et la mise en vente des huîtres. Une sorte de partage d’expériences destiné à la promotion de sa région et de son pays.
"LE SILENCE DE L’ÉCRIVAIN PEUT ENTRAINER LE DRAME D’UN PEUPLEÉ
Président de l’Association des écrivains du Sénégal (Aes), Alioune Badara Bèye épouse l’idée que «le silence de l’écrivain peut entraîner le drame d’un peuple».
Alioune Badara Bèye, président de l’Association des écrivains du Sénégal (Aes), pour montrer l’importance de l’écriture dans la gestion d’un pays, a dit: «Le silence de l’écrivain peut entraîner le drame d’un peuple». Car, pour lui, «l’écrivain est un guide pour son peuple». C'était hier, à l’occasion de la célébration de la 22e édition de la Journée internationale de l’écrivain Africain, tenue au siège de l’Aes avec, cette année, comme thème : «Littérature et Francophonie».
Le président de l’Aes rappelle que cette journée décrétée par l’Union africaine est un moment pour honorer l’écrivain africain, qui est confronté à d'énormes difficultés. Le choix du thème est une contribution de l’Aes au 15è Sommet de la Francophonie prévue à Dakar, selon M. Bèye. Mbagnick Ndiaye, ministre de la Culture et de la Communication, qui a présidé la cérémonie de soutenir que «cette journée est célébrée au moment où le Président Macky Sall essaye de relancer l’édition du livre et la lecture. Au cours d’un Conseil des ministres, en 2013, il a eu à donner des instructions et des orientations pour que le livre retrouve sa vraie valeur dans le système éducatif. Car étant irremplaçable et jamais égalé dans l’enseignement », a expliqué le ministre.