Tout est parti d’un appel à candidatures, et le projet de l’association Guédiawaye Hip Hop s’en est sorti-un projet intitulé « Represent Wakhinane Nio Ko Moom » ou Wakhinane nous appartient, du nom de l’une des communes d’arrondissement de la ville de Guédiawaye, Wakhinane-Nimzatt. Les membres du collectif ont surtout voulu montrer que les cultures urbaines pouvaient servir de moteur au développement : apprendre une technique, un métier…
De langue aussi, pour mieux parler de civisme, de respect de l’autre et de l’environnement. Un message qui passe aussi par la musique. La Foire Civico qui a commencé le 22 décembre pour prendre fin hier, lundi 29 décembre a rassemblé plusieurs groupes et artistes. Avec entre autres sur scène, Bat’Haillons Blind, Matador, Pat Ghetto, Simon, Xuman etc. Le projet, qui se tient sur deux ans, est soutenu par l’Union européenne (UE), dans le cadre d’un appui aux acteurs non étatiques du Sénégal. Histoire de promouvoir «une société inclusive responsabilisée».
Avec un peu de recul, les membres de l’association Guédiawaye Hip Hop sont quand même plutôt fiers de la semaine qu’ils viennent de passer. Une semaine qui a pris fin un peu comme elle avait commencé : en musique. Mais il ne faut pas croire qu’il n’y avait que cela pendant ces 7 jours qui vont de la journée du 22 à celle d’hier, lundi 29 décembre.
Pape Aly Guèye est le Secrétaire général de l’association, et il tient à cette précision : «la Foire Civico est un événement culturel avec des actions citoyennes.» Mais au-delà, c’est la restitution d’une série d’ateliers de formation qui se sont tenus pendant 3 mois. Des activités artistiques qui vont du DJ-ing (pour les DJ) au graffiti, à l’écriture aussi en passant par la Street Fashion ou mode vestimentaire de la rue, quand on traduit littéralement. Dans la pratique, c’est surtout la confection de tenues plutôt «jeunes» que l’on porte dans le milieu du Hip Hop, mais aussi un peu partout dans les zones urbaines. Des vêtements de tous les jours, mais sans la banalité du quotidien.
Les activités citoyennes sont liées, quant à elles, à un projet commun au Forum civil et au mouvement «Y’en a marre» intitulé «Dox ak sa gox» (ou cheminer avec sa commune ou son quartier et par ricochet, vivre sa citoyenneté) qui est un «observatoire de la démocratie et de la bonne gouvernance» et qui appelle à s’impliquer davantage dans la gestion de la cité. Des jeunes ont d’ailleurs été formés à la fabrication de mobilier urbain, en recyclant des pots en plastique, des sachets d’eau vide ou alors des pneus dont ils ont fait des bancs, que l’on peut voir à l’entrée du «Centre». Il s’agit du Centre polyvalent d’animation et de formation (CPAF), dont l’une des ailes, laissée en rade, s’était très vite transformée «en dépotoir d’ordures». Cette superficie, l’association Guédiawaye Hip Hop en a fait son fief, parce que, comme on dit là-bas, « il faut se réapproprier l’espace public».
Nouveau Type de Sénégalais (NTS)
Pape Aly Guèye, qui est aussi l’un des membres du groupe de rap « Pat Ghetto », avec pour nom de scène Paco, se souvient que leur premier réflexe, à l’époque, a d’abord été de pouvoir compter sur eux-mêmes. Chacun d’eux est venu avec quelque chose entre les mains : un ordinateur, une chaise ou une table, tout ce qui pouvait servir à « démarrer ».
Si l’association date de 2010, le centre n’a été inauguré que l’an dernier, le 6 avril 2013 plus précisément. Guédiawaye Hip Hop, qui a pour président le rappeur Fou Malade, rassemble, en plus des rappeurs, des graffeurs et «des amoureux du Hip Hop de manière générale», de même que des artistes « affiliés au mouvement Y’en a marre ». Pour mettre en place ce projet, ils ont trouvé l’inspiration en remodelant et refaçonnant leur Nouveau Type de Sénégalais (NTS).
Ce que dit aussi Pape Aly Guèye, c’est que leur démarche, au sein de ce collectif, consiste à ressusciter les valeurs civiques, le respect du prochain et les symboles de la nation. C’est d’ailleurs avec fierté qu’il parle du drapeau national qui flotte à l’entrée du Centre. Sa fierté, c’est aussi tous ces petits gestes tout simples qu’eux les aînés ont réussi à inculquer aux plus jeunes : « ne pas uriner dans la rue, ne pas laisser traîner les sachets en plastique ».
La Foire Civico a aussi tenu à montrer toute la diversité culturelle qu’il y a à Wakhinane, « son caractère cosmopolite ». Un Carnaval a donc rassemblé Wolofs et Mandingues, Halpulaars et Manjacks.
DEPERDITION VERSUS RECUPERATION : TOUT SE TRANSFORME
La démarche citoyenne ne date pas que de cette semaine, car pendant six mois, l’association Guédiawaye Hip Hop a fait le tour de la commune de Wakhinane-, en passant par les établissements scolaires, pour montrer que « les déchets ménagers peuvent être utiles lorsqu’ils sont triés et collectés » comme il se doit. Fabriquer des jouets par exemple, à partir de déchets plastiques, des pneus pour faire des pots de fleur ou des balançoires.
Certains parmi les plus proches collaborateurs de l’association travaillent bénévolement. Ils viennent parfois d’assez loin, avec un passé de pickpocket ou de dealers. Ou alors ils sont en échec scolaire, avec un pied dans la délinquance, et parfois les deux. Pour eux, on a justement prévu, juste à l’entrée du Centre, une bibliothèque avec des « ouvrages sur le civisme et sur les langues étrangères comme l’anglais et l’espagnol. Et sur le Hip Hop bien sûr ! Pape Aly Guèye pense que le message passe mieux quand on parle Hip Hop. Parce que c’est à la fois « festif et revendicatif (…) ludique et didactique ».
L’association ne compte pas s’arrêter là. Le 16 janvier prochain, le Centre accueillera une résidence artistique intitulée « Next Level » ou prochaine étape. Avec au menu, du DJ-ing, de la musique assistée par ordinateur (MAO), du graffiti et de la breakdance. Trois des « pensionnaires » les plus doués iront aux Etats-Unis, histoire d’aller plus loin dans la pratique.
PAR HAMIDOU DIA
LA CULTURE DE SENGHOR À MACKY : RÉPONSE À ELIE CHARLES
Mon cher ami, tu as publié dans Walf du 27 décembre (Ndlr l’article a été aussi publié dans le journal EnQuête du 26 décembre) une tribune intitulée "la culture de Léopold à Macky" comme tu en as la légitimité et le droit le plus strict, en tant que créateur, poète et éditeur. Tu t’y livre en un plaidoyer pour la culture son rôle et son importance (et tu as raison), en convoquant les 4 premiers présidents du Sénégal indépendant et leur bilan dans ce domaine.
Senghor, certes et tout le monde en convient, a été un très grand homme de culture. Il me semble cependant que le bilan que tu fais de son magistère est excessivement (donc insignifiant ?) laudateur, surfait. Ancien membre du Front culturel sénégalais sous Senghor, j’en sais et les gens de ma génération en savent quelque chose.
"Senghor eut le génie et assez de générosité pour nous convaincre et nous convertir à l’ancrage de nos valeurs" dites vous. En êtes-vous sûr ? Sur quoi fondez-vous cette assertion ? Plus loin vous écrivez que "l’inventaire du magistère de Senghor n’a pas été fait" ? Affirmation trop rapide (donc gratuite ?) et il suffit de convoquer le travail sérieux que Mame Birame Diouf, ancien ministre de la culture, a consacré à un tel bilan.
Oui, Senghor a rehaussé l’aura du Sénégal, oui il a créé Sorano et initié avec Alioune Diop (qu’on oublie souvent !) le 1er festival mondial des arts nègres, oui également pour le musée dynamique. Précisément parce qu’il était un grand poète, son bilan, politico-culturel me semble mitigé.
Voilà un "humaniste" qui a mis des intellectuels en prison, saupoudré au DTT les paysans de Darou-Mousty, ignoré et combattu l’illustre Cheikh Anta Diop, un humaniste responsable des deux seules exécutions capitales au Sénégal et de la mort notre premier normalien en prison pour délit d’opinion : Oumar Blondin Diop ! Plus la censure : Ceddo ! Et Siggi ! Bref, malgré sers mérites, n’en faisons ni Dieu, ni un Ange !
C’est vrai que Diouf, dans un Sénégal "conjecturé", ne s’est pas grandement occupé de Culture. De là à dire qu’il n’a rien fait, c’est totalement injuste. Même si, généreux, tu lui accordes les circonstances atténuantes. Dak’Art, les journées du patrimoine, les Grands Prix du président de la république, le Fesnac, les Biennales des ARTS ET DES LETTRES, les Grandes Conférences Internationales supervisées par Souleymane Bachir Diagne, le Centre Culturel Douta Seck.
Dakar-Bruxelles Nanga def, le Village des Arts, le Mémorial de Gorée et j’en passe. Mais que Diouf eusse mieux pu faire, je te le concède. Et ne je te querellerai pas non plus sur le bilan de Wade : ni dans ses réalisations, ni son aspect Super-ministre de la culture, ni l’inflation sans précédent des ministres de la culture sous son magistère.
Pour Macky, n’est-ce pas trop tôt de procéder à un bilan ! N’empêche ! Allons-y ! Tu dis, à propos de ce dernier : "toujours pas grand-chose" sauf la "consommation" de 3 ministres et des " effets d’annonce" tout en disant ta conviction que le Président Macky Sall pourrait mieux faire que ses trois prédécesseurs !
Sans prendre garde à la pétition de principe. Et Tu sommes les Conseillers du président, appelés agressivement "conseilleurs", de se réveiller. Et puisque j’en fais partie, je voudrais te rappeler très amicalement, pour ta gouverne et ta médiation la Vision stratégique et politique du Président de la République pour un Sénégal Emergent. Et te rappeler de réalisations faites au mitan de son premier mandat.
Pour comprendre la stratégie culturelle du Chef de l’Etat, il convient de rappeler ce qu’est la culture. Au-delà de la notion foisonnante et confusément plurivoque, le concept de culture renvoie à des signes précis. Il s’appréhende au triple plan ontologique, idéologique et anthropologique.
Il y a d’une part la culture comme règle, comme norme, histoire et temporalité (par opposition à la nature) et la culture comme représentation (idéologie) et comme attitude fondamentale d’un peuple (anthropologie). La culture est ainsi "l’ensemble des habitudes, des attitudes, des aptitudes d’un peuple à un moment donné de son histoire".
Selon la belle formule de M. Yoro Fall, éminent historien. Ainsi comprise, la culture n’est pas seulement de l’ordre de la représentation ; elle concerne les valeurs, les comportements ; participe de l’identité nationale et de l’armature idéologique face au développement, à l’émergence.
Elle implique une pleine conscience de nous-mêmes, de notre histoire, du parcours de notre identité collective, de notre sentiment d’appartenance et de la manière dont nous nous représentons et nous nous représentons les autres et le monde. La culture a pour finalité l’épanouissement individuel et collectif. C’est la culture ainsi entendue "qui est au début et à la fin du développement".
Cette précision conceptuelle, qui n’est pas une simple déformation professionnelle, tend à lever toute équivoque, toute confusion qui réduirait la culture une simple LMD (Lutte, Musique, Danse), LMD qui, du reste, est une de ses composantes. Le président de la République a une approche holistique de la culture, dans sa triple dimension ontologique, idéologique et anthropologique.
Ainsi, la gouvernance vertueuse et sobre, la lutte contre la corruption et la concussion, une saine administration de la chose publique, la levée des couleurs, la promotion des valeurs civiques, le culte du travail et de la responsabilité participent de la promotion de la Citoyenneté, de l’Altérité et relèvent du processus culturel. C’est par la culture ainsi comprise que l’on peut réduire cette pathologie sociale universelle qu’est la résistance au changement, c’est par elle que l’on mobilise les énergies nécessaires à l’Emergence.
En effet, le Chef de l’Etat souhaite que la culture marche sur ses deux jambes, en prenant en compte l’ensemble de ses signes, de son champ. Comme en attestent les discours du centenaire d’Aimé Césaire, de Strasbourg, l’adresse aux intellectuels, la rection des écrivains et, récemment, le discours historique de Ziguinchor.
La vision stratégique et politique de la culture du président de la République s’articule autour des points suivants :
1) Produire un discours de l’Afrique sur elle-même (après celui de l’Europe et du monde) : ce que Senghor appelle penser pour nous – mêmes et par nous-mêmes. La production de ce discours est importante pour gagner la décisive bataille de l’Emergence, prélude au développement authentique et durable
2) Exploitation de notre patrimoine culturel dans sa richesse et sa diversité
3) Poursuite, dans le cadre de la reconquête de notre identité, de la réécriture de notre histoire
4) Promotion de la citoyenneté : rebâtir les mentalités, changer les comportements
5) Promotion et renouvellement des valeurs éthiques
6) Meilleure protection des arts et des artistes
7) Développement optimal des industries culturelles
Memo des chantiers réalisés ou en cours 2012-2014.
1) Renforcement du fonds d’aide à l’édition
2) Revitalisation des NEAS, en cours
3) Fonds de promotion du cinéma 1 milliard, réalisé
4) Organisation de la 4ème rencontre des cinéastes d’Afrique, du Brésil, des Caraïbes et leur Diaspora (ABCD) en septembre 2014
5) Naissance de la nouvelle société de gestion collective des droits d’auteurs et des droits voisins
6) Rencontre avec les intellectuels et échange, avec le discours historique du Président de la république
7) Création des bureaux économiques et culturels dans nos représentations diplomatiques
8) Création du musée Senghor
9) Acquisition du 1er musée d’Art africain : le Boribana
10) Le sommet de la francophonie
11) Ecriture de l’histoire générale du Sénégal, sous la direction du Professeur Iba Der Thiam
12) Etc.
Memo des chantiers en cours de réalisation 2014/2017
1) Promotion et vulgarisation de la charte du mandé en collaboration avec les Etats de l’espace mandingue, en cours
2) Projet "maison des archives"
3) Classement de la gare de Dakar 4) Erection d’une grande bibliothèque nationale multimédia
5) Inauguration du Musée des Civilisations noires
6) Retour du "musée dynamique"à la culture
7) Etc.
Senghor, Diouf, Wade ont-ils fait mieux au mitan de leur mandat respectif !
Elie, tu portes le nom d’un illustre prophète des écritures – celui qui a été enlevé au Ciel – et pour te paraphraser je te sommes à mon tour de ne pas désespérer l’Utopie, ni les "œuvres sublimes" et les "villes splendides" à venir. Et d’applaudir l’ingénieur capable de réaliser de si belles choses en peu de temps : plus que des traces, il a déjà laissé des marques.
C’est vrai qu’il ne fait pas autant de bruit que son prédécesseur immédiat, expert du tamtam des joues. Mais là n’est pas l’essentiel. L’essentiel est de ne pas être dans la posture stérile du spectateur ni dans celle de l’arbitre "neutre" qui donne de bons et de mauvais points.
L’essentiel, pour nous créateurs, est de produire de belles œuvres. L’essentiel est de savoir que le développement de la culture et de ses signes n’est pas du seul ressort de Chef de l’Etat : De Gaulle n’a "produit" ni Malraux ni Sartre, et Senghor, ni Cheikh Hamidou Kane, ni Sembène, ni Aminata Sow Fall.
Et Macky Sall ne pourra te transformer en grand poète si au départ tu n’en as ni le talent ni le génie. Continue donc tes contributions qui sont toujours les bienvenues et souffre de temps en temps qu’on te réponde. Si le poète pense dans l’Absolu, le politique gère le Relatif. Il t’en souvient, je le sais de la "douloureuse blessure" de Césaire Poète et Homme politique.
Les précurseurs du mouvement hip-hop au Sénégal et en Afrique ont célébré un anniversaire particulier samedi. Entre prestation musicale de haute facture et lavage du linge sale en public, le PBS s’est ressuscité au monument de la Renaissance africaine.
Des larmes, de la joie, de la nostalgie, des retrouvailles, des mélodies exquises.... Une palette de sentiments aussi divers que le répertoire musical du Positive Black Soul (PBS) a été offerte par le public, samedi, lors de l’anniversaire de ce groupe hip-hop.
Et pas n’importe quelle célébration, puisque les pionniers du rap africain fêtaient un quart de siècle de musique. Ces noces d’argent ont été d’autant plus émouvantes que le duo s’est livré à un mea culpa, en live, sur les motifs de leur séparation au début des années 2000 :
"On dit que je t’ai pris ta femme, et que j’ai détourné de l’argent t’appartenant. Tout ceci est absolument faux. Mais s’il se trouve que je t’ai causé du tort d’une manière ou d’une autre, ici devant tout le monde, je te demande pardon", a déclaré DJ Awadi, le lead vocal à son comparse Doug-E-Tee.
Ce dernier de répliquer : "Pour se séparer, il faut avoir été ensemble. C’est vous (le public) qui nous avez pardonné d’abord car beaucoup ont été fâchés par ce qui s’est passé. La rupture a été difficile. On m’a traité de drogué et on l’a traité de truand. Personne ne connaît les véritables motifs de notre séparation et ne le saura jamais. C’est pourquoi chacun y va de son avis. Ce n’est pas entre lui et moi, c’est entre vous et nous. On a signé ce contrat de fraternité, d’amour, parce que vous avez cru en nous et nous ne devons pas vous décevoir. Mais on s’aime bien, on est des potes et les haters (détracteurs) vont mourir."
Une thérapie de groupe que les flashs d’appareil photos et les caméras de cellulaires ne se sont pas privés d’immortaliser. La mélodie blues du morceau "back again" n’a fait qu’ajouter plus de féerie à ce moment poignant. L’assistance d’abord incrédule devant cet instant magique, ponctue cet exorcisme par des hourras, des sifflets et des applaudissements.
Certaines âmes sensibles, yeux embués, n’arrivent pas à se contenir et essuient des larmes de bonheur. Pour cette réconciliation, la symbolique a été évocatrice à plus d’un titre. Le PBS a choisi de renaître de ses cendres au monument de la Renaissance africaine :
"Honnêtement ce n’était pas prémédité. On voulait jouer au Grand théâtre, puis à Sorano, mais ces structures étaient déjà prises, tout était plein. Il n’y avait que le monument de la Renaissance. Mais personne n’a jamais joué ici. On a osé relever le défi et on a réussi le pari", jubile Doug-E-Tee.
Le spectacle au rendez-vous
Après cette séance d’explication, les fans du groupe ont eu un autre motif d’être heureux. Awadi a promis des concerts gratuits pour marquer le coup à la Sicap, Pikine, Guédiawaye et en Casamance. Pour son entrée, le Crew n’a pas lésiné sur une mise en scène savamment orchestrée.
Après les prestations du groupe Da-brains, d’Idrissa Diop, et les déhanchés de "No limit", groupe de breakdance, l’entrée des héros du jour était digne d’un show à l’Américaine. Les vives lumières qui ont jusque-là sur-éclairé la scène se sont abaissées, baignant le nombreux public dans une pénombre qui laissait voir les bracelets fluo autour des poignets. Tout d’un coup, les deux écrans géants déroulent un court-métrage réalisé exprès pour les 25 ans du groupe.
Alors que le film se terminait par une explosion et un feu d’artifices, le duo a fait irruption au grand bonheur des fans. Vêtus de tuniques blanches qu’ils troqueront plus tard contre un habillement hiphop, le binôme enchaîne les titres qui ont fait sa légende dans un délire de la foule : "boul falé ", "Capsi", "je ne sais pas", "daw thiow’, "ya ngi deglou", "gold diamond", "nubian sound"...ont été revisités par le groupe ainsi que des titres plus récents et quelques morceaux de leurs carrières solo.
Une cérémonie qui a fait chavirer de bonheur le roi du mbalax : "Je suis heureux et comblé de les avoir accompagnés sur scène", lance Youssou Ndour, après une prestation express. Comme clou du spectacle, le morceau "back again" avec un refrain bien à propos "Ça fait 25 ans que ça dure...".
EL PRESIDENTE CONFIRME SON TALENT POUR LE RAP-MBALAX
Fata s’est produit en concert vendredi dernier sur la scène du Grand Théâtre. Le rappeur a revisité son riche répertoire et les tubes de son nouvel album Iqra. Le public a retrouvé une fois encore, un El Présidente dans son brassage rap-Mbalax. Ce fut 3 heures de délices spectaculaires.
Les cris et applaudissements constants du public réuni au Grand Théâtre, vendredi dernier, constituent un témoignage de l’effectif retour sur la scène de Fata. Un retour qui fut retentissant. Les performances musicales, qui ont en effet caractérisé le style de l’artiste durant sa carrière, ont été ressuscitées.
Dans un mélange de mélodies rap-Mbalax, le rappeur a enchanté le public avec les tubes de son riche répertoire, notamment ceux du nouvel album, Iqra. El Présidente, qui évolue sur le même registre assez particulier, a confirmé son ouverture pour un mélange de genres. Pour preuve, il propose un duo avec le groupe SingSing Rythme, du batteur Mbaye Dièye Faye.
Et sous l’emprise de ce groupe de talent, le Grand Théâtre a vibré au rythme du brassage de sonorités traditionnelles et modernes. Le tout dans un joli mixage Rap-mbalax.
Le spectacle s’était en réalité ouvert sur de belles notes qui ont voilé tous les bruits des spectateurs bouillants. Le duo Fata-Gougou offre dans cette ambiance, un mixtape de leur premier opus Or Klass, sorti en 2001. Les deux acolytes rivalisent de présence scénique avec un Dj Djibes époustouflant, qui a fait étalage de tout son talent.
L’ambiance de la soirée monte d’un cran, lorsque les deux rappeurs reprennent une chanson qui fait référence à un article du Code pénal. Le groupe Cbv (Coups et blessures volontaires) est ainsi reconstitué, après 12 ans de séparation. Leur style musical ne semble pas avoir pris de ride.
C’était d’ailleurs comme si ces 12 années de séparation avaient poussé le duo Fata-Gougou à se surpasser. Ils l’ont prouvé à travers le titre Leçons de Rap, un featuring présenté avec l’artiste Ass Malick. Suffisant, pour que ce public nostalgique, s’emballe et chante en chœur.
Cbv séduit son audience, notamment avec les paroles de Fata qui sont plus que d’actualité. Pourtant, ce texte a été écrit au début des années 2000. Mais ce duo, qui a marqué les mélomanes par de belles performances musicales au début des années 2000, démontre encore une fois que le talent ne meurt jamais.
Fata et Gourou, habillés en blouson de prisonniers, rehaussent encore plus le ton, avec le titre Or Klass. Une façon de tenir en haleine pendant toute la première partie du concert, les fans venus de Saint-Louis.
Ce fut après cette belle démonstration musicale que Mbaye Dièye Faye, qui a joué dans un titre de l’album Iqra, a rejoint Fata sur scène, pour gratifier le public de succulents sons, à l’instar du morceau Guenté (baptême).
Youssou Ndour, Ismael Lo et Omar Pène ont également rehaussé de leur présence le concert du rappeur. Quant à l’artiste Abdou Guité Seck, il a séduit le public par sa voix profonde et captivante. C’est avec des sonorités rap, teintées d’influences traditionnelles, que Fata El Présidente et l’orchestre Gouney-Yi ont ébloui les nombreux fans venus assister à ce concert.
Ce public, composé en large majorité de jeunes de SaintLouis, a véritablement communié avec les artistes. Il chantait et dansait sous les belles notes de l’orchestre Gouney-Yi qui compte en son sein des guest star à l’instar de Noumoucounda Cissokho qui était à la kora ou encore Mbaye Dièye Faye, positionné à la percussion.
POSITIVE BLACK SOUL
ENTRETIEN AVEC DIDIER AWADI ET DUGGY TEE
Amadou Ndaw et Anta Mbengue |
Publication 28/12/2014
Aujourd’hui, le Positive Black Soul (Pbs) fête 25 ans de présence sur la scène musicale. Dans un entretien croisé, Didier Awadi et Duggy Tee sont revenus sur leur compagnonnage. Ils ont dit leur joie de se retrouver pour un spectacle, cinq années après le Cices, pour les 20 ans du groupe.
APRES LE VINGTIEME ANNIVERSAIRE, ON ATTENDAIT UN ALBUM...
DUGGY TEE : « Oui, mais malheureusement, on avait déjà pris des engagements car on menait une carrière solo. Nos calendriers respectifs étaient hyper chargés. Mais bon, vous savez, Dieu a raison sur tout, on se disait tout simplement que, peut-être, ce n’était pas encore le moment. »
DIDIER AWADI : « C’est effectivement à cause de nos calendriers et des engagements qu’on ne pouvait rompre du jour au lendemain. Il fallait qu’on ait le temps de nous poser et de réfléchir sur ce qu’on avait envie de faire, comment on avait envie de le faire et avec qui on devait le faire.
Mais, le plus important était surtout de bien réaliser les choses. Il faut voir le bon côté car aujourd’hui, on avait chacun des voyages à entreprendre. Mais on s’est sacrifié afin que ces 25 ans soient fêtés. On a envie de proposer quelque chose de grand au Monument de la Renaissance aujourd’hui. »
SENTIMENTS DE SE RETROUVER SUR SCENE APRES 5 ANS
DUGGY TEE : « Ce n’est que du plaisir, un grand bonheur, car pour nous, c’est une bénédiction. En effet, nous n’étions pas sûrs que nous serions là aujourd’hui à fêter nos 25 ans d’anniversaire. 25 ans de carrière, ce n’est pas donné à tout le monde.
Vous savez, il y a beaucoup de personnes qui auraient rêvé de fêter un quart de siècle de présence. Nous remercions vraiment le bon Dieu. Sincèrement, c’est un sentiment très fort de créer une chose ensemble. C’est comme une résurrection, une renaissance. »
DIDIER AWADI : « C’est évident et très normal que l’on ressente plein de bonheur. Le fait de se stresser, c’est parce qu’on n’a pas envie de décevoir certaines personnes. Car nous savons qu’il y a des gens qui attendent notre sortie. C’est pourquoi nous voulons faire quelque chose d’unique, quelque chose qui n’a jamais été encore faite par personne au Sénégal.
On s’est donné du challenge, même pour l’endroit (ndlr Monument de la Renaissance) s’en est un, sans compter les décorations que l’on va proposer.
Malgré tout ce stress, ce n’est que du bonheur pour nous. On a toujours aimé faire ce que les gens n’ont jamais entrepris, sortir de l’ordinaire d’autant que faire ce que tout le monde a déjà fait, ce n’est pas intéressant. Au sortir de ce spectacle, les gens doivent être éblouis. »
INFLUENCE DU PBS SUR LES AUTRES RAPPEURS AFRICAINS
DIDIER AWADI : « En fait, je regarde cela avec beaucoup d’humilité, même si je constate que dans beaucoup de pays, il y a des rappeurs qui sont devenus millionnaires, des chefs d’entreprise. En effet, avec les régimes qui changent, d’autres gouvernements dictatoriaux tombent.
Ceux qui font 20 ans et même 40 ans qui chutent devant la volonté du peuple, avec surtout l’apport de la génération hip-hop, on a de quoi être fier de cette Afrique. La raison, c’est qu’elle croit en elle-même.
En effet, les populations détiennent entre leurs mains la solution qui leur donne le désir d’écrire elles-mêmes leur bonheur. Donc, cela fait vraiment plaisir, parce que, c’est à cause de nous si certains ont écrit l’histoire de leur vie, et cela en valait vraiment le coup. »
NAISSANCE DU PBS
DUGGY TEE : « (Il sourit) On s’est rencontré dans un club que l’on fréquentait tous les deux (...) à l’époque. C’était le temps des matinées et des mini-soirées. On allait squatter là-bas très souvent. Mais, quand on y allait, chacun restait dans son coin. Ils (ndlr Awadi et sa bande) avaient commencé un peu avant nous, et c’était un peu la rivalité ; rien de méchant, rien de négatif.
Mais il y avait le talent et on était les plus forts. Un jour, en rentrant, on avait pris ensemble le même bus, je me rappelle c’était le P4. On s’est rencontré et le lendemain, c’était son anniversaire et Didier nous a invités. On est resté là-bas à rapper. C’est par la suite qu’un feeling est né et on s’est rendu compte qu’on parlait des mêmes choses.
Après, comme nos deux partenaires respectifs sont allés en Europe pour poursuivre des objectifs, on a su qu’on avait les mêmes sensibilités, les mêmes modèles, les mêmes références et, surtout, tous les deux, ensemble, on serait fort. »
DIDIER AWADI : « On bougeait juste pour la passion. Quand on se mettait à « free styler », c’était pour la passion, et cela malgré le fait que les gens ne comprenaient pas ce qu’on faisait. Ils nous disaient : « C’est quoi cette histoire de rap ».
J’avoue que cela nous faisait mal, en plus, il y avait certains qui ne voulaient pas nous laisser entrer dans leur boîte. Heureusement que dans toute chose, il y a le bon côté. En effet, il y avait des gens qui croyaient en nous à l’époque, comme le patron du Sahel Night-club, Demba Ndir, par exemple, qui nous a beaucoup épaulés. »
LE CONCEPT « BOUL FAALE »
DIDIER AWADI : « Quand on faisait l’album « Boul Faalé », on ne savait pas que cela allait prendre cette ampleur. En fait, on l’avait beaucoup joué en spectacle avant de le sortir sous forme de cassette. C’était déjà un hit car, tout simplement, tout le monde s’est retrouvé dans la chanson.
Tout dernièrement, j’ai eu Tyson au téléphone. Il devait fêter les 20 ans de la génération de « Boul Faalé » et il m’a dit qu’il fallait qu’on le fasse ensemble. Et cela fait vraiment plaisir, car c’est quelqu’un qui nous aime beaucoup et qu’on respecte aussi. »
LE PREMIER VOYAGE EN EUROPE
DUGGY TEE : « Quand les gens d’Island (ndlr la maison de disque de Bob Marley, de Baba Maal également fondée par Chris Blackwell) nous avaient dit qu’ils allaient nous faire venir en Europe, on n’y croyait pas trop. Pour la première fois, on devait y aller pour un contrat professionnel et non des vacances.
C’était énorme ! On allait commencer une carrière internationale. Cela nous avait stressés, mais ils nous avaient mis dans un luxe total. La grosse limousine qui venait nous chercher à l’aéroport, être aussi assis en première classe dans un vol Air France, sans compter le fait qu’on était logé au Hilton Palace, au cœur de Londres, c’était vraiment splendide et grandiose pour nous (il sourit).
D’ailleurs, on se disait en nous regardant : « Boy tekki nagnou » (On a réussi). »
DIDIER AWADI : « Mais tout cela, c’est grâce à Baba Maal. En effet, c’est lui qui nous a présenté aux gens d’Island Records qui étaient venus au studio 2000 pour enregistrer. Il a été vraiment magnifique avec nous. Il nous avait accompagné et soutenu à l’époque et jusqu’à aujourd’hui, il continue de nous appuyer.
C’est la raison pour laquelle on lui (Baba Maal) rendra hommage lors de la célébration de nos 25 années de musique. Car, si on est arrivé là aujourd’hui, c’est grâce à Dieu et à Baba Maal. »
DES MOTS POUR CARACTERISER DUGGY TEE
DIDIER AWADI : « Duggy Tee, c’est un génie, timide et généreux. Il a de l’humilité, même s’il fait un peu de laisser aller. C’est peut-être lié à sa timidité. Il faut le secouer parfois (rires). »
DES MOTS POUR CARACTERISER DIDIER AWADI
DUGGY TEE : « Didier est un gros bosseur et il est un peu trop courageux. Il est aussi assez direct et très entrepreneur. Mais, il peut également être très stressant. »
«LA MUSIQUE SENEGALAISE NE DEPASSE PAS LA FRONTIERE GAMBIENNE»
Le nouveau label «Blue Saxo» vient de mettre sur le marché une production de trois artistes sénégalais . Il s’agit de Daby Baldé, de Mariama Kouyaté et de Vieux Birahim Sall. Des artistes talentueux qui cherchent à le prouver sur la scène musicale avec différentes mélodies. Daby vient avec «Couleurs Sénégal », un opus de 12 titres. L’artiste y prône la solidarité, le partage, l’enracinement et l’entre aide, mais surtout la revalorisation de la musique sénégalaise.
En effet, selon lui, «le Sénégal ne s’arrête pas seulement à Dakar, les autres régions aussi font partie du pays. Donc, le Dakarois doit porter dans son coeur le Casaçais et vice versa. Car notre pays est un et indivisible. Il faut aussi qu’on revalorise notre musique en revoyant le rythme et la mélodie. Car, à vrai dire, la musique sénégalaise s’arrête à la frontière gambienne, elle n’est pas assez consommée ailleurs. Je parle en connaissance de cause. J’ai fait de grands festivals dans beaucoup de pays du monde, en Afrique comme en Occident, mais seule la Gambie consomme à 100% notre musique locale. La plupart des tournées n’existent que de nom. Les musiciens sénégalais sont mal représentés dans le monde je suis désolé de le dire», a déploré Daby.
Mariama Kouyaté suit avec un album de 14 titres intitulé «Froukeita» qui signifie «reconnaissance » en mandingue. Elle y suit les pas de ses ancêtres et se bat pour être l’ambassadrice de sa région natale qui est le croisement Diaroumbé. Quant au dernier, Vieux Birahim Sall, après son premier album en 2007, il revient avec «Kinga Done», un opus composé de 13 titres dans lequel l’artiste déplore la copie de la culture occidental, la crise des moeurs et plaide le retour aux valeurs.
La diva du Sénégal s’apprête à fêter ses vingt-cinq ans de carrière en 2015 et va sortir pour l’occasion un nouvel album. Derrière son image de femme forte, Coumba Gawlo ne se dévoile que rarement.
Personnalité complexe, parfois fragile, la chanteuse à qui tout semble réussir s’est forgée au fil de nombreuses épreuves. A 42 ans, elle dirige son label, son studio et bientôt sa radiotélévision à Dakar, en plus de sa fondation pour l’enfance...
La star descend un escalier en colimaçon, dans la villa de luxe qu’elle a dessinée elle-même à Yoff, un quartier résidentiel de Dakar, avec vue sur les vagues de l’Atlantique. Assise sur son canapé de cuir blanc, elle revient sur son parcours. Et se prête, pour la première fois, au jeu des confidences... Cette artiste, aujourd’hui aguerrie, se protège depuis des années derrière une lourde carapace...
Coumba Gawlo a commencé à chanter à 7 ans et s’est fait connaître à 14 ans. De son premier succès, Soweto, une chanson écrite en 1986 par son père, elle se souvient surtout qu’il l’a empêchée de vivre sa vie d’adolescente, avec ses amis.
D’ailleurs, elle a décidé de fêter ses vingt-cinq ans de carrière en 2015, parce qu’elle compte ses années de travail à partir de 1990 seulement, l’année de ses 18 ans. En réalité, voilà bientôt trente ans qu’elle chante...
A ses débuts, cette jeune fille ordinaire prenait le bus pour aller au lycée. Remarquée tôt pour sa voix dans les baptêmes et autres cérémonies où elle chantait avec sa mère, elle a été entraînée très jeune à devenir une artiste professionnelle.
Son manager n’était autre que son propre père. Un policier, mais aussi et surtout un «Gawlo», issu d’une longue lignée de griots – les chanteurs traditionnels du Sénégal. Coumba Gawlo garde le souvenir de répétitions parfois difficiles.
«J’ai été élevée par lui dans le métier comme un soldat, avec beaucoup de rigueur et d’exigence. Il n’hésitait pas à me donner une gifle s’il voulait que je chante haut. «Une «Gawlo» doit chanter fort«, me disait-il».
Coumba Gawlo s’est battue pour étudier. Elle est allée vers 10 ans à l’école des enfants de policiers du camp Abdou Diassé à Dakar, loin du foyer familial, à Tivaouane, une ville religieuse située à 100 kilomètres de la capitale. Elle a vécu au camp Abdou Diassé chez un collègue de son père.
Devenue le souffre-douleur des aînés de cette famille d’accueil, elle a ensuite été chez une tante, qui lui faisait vendre des beignets tôt le matin au marché de Colobane.
Pata-Pata, le gros succès de 1998
De cette jeunesse pas toujours rose, Coumba Gawlo a conservé une profonde empathie pour l’enfance. Elle a lancé la fondation Lumière pour l’enfance-Coumba Gawlo à 22 ans, dès 1994. Une institution dotée de bureaux à Dakar et qui emploie neuf personnes aujourd’hui.
Son premier grand succès international, Pata-Pata, une reprise de la chanson de Miriam Makeba, fait décoller sa carrière en 1998. Cette chanson fait partie de l’album Yo Malé, produit par Patrick Bruel, chanteur français à grand succès. Un mordu d’Afrique qui l’avait repérée...
Disque d’or en Belgique et de platine en France, cet album permet à Coumba Gawlo de remporter en 1999 le prix du Meilleur espoir pour l’Afrique de l’Ouest aux Kora awards, en Afrique du Sud. «Une expérience marquante dans ce pays où tout le monde, Noirs, Blancs, riches et pauvres, vit toujours séparé», dit-elle.
Elle y rencontre Miriam Makeba, qui l’adopte aussitôt comme sa «fille». Elle n’en reste pas moins ancrée à Dakar et attachée à sa famille, qu’elle fait travailler dans toutes ses entreprises. Son frère, Moctar Seck, est le manager du label Sabar, qui produit un disque par an et organise ses tournées. Elle lance en 1999 une boîte de nuit, Djessy, dans le quartier de Reubeuss, qui fermera quelque temps plus tard.
«J’ai monté avec mes propres revenus cette boîte de nuit qui a mal tourné. J’étais encore très jeune, je n’avais pas les personnes de confiance qui sont autour de moi aujourd’hui. On a abusé de mon manque d’expérience avec un mauvais contrat. J’ai perdu beaucoup d’argent, mais je me suis relevée...»
Ambassadrice du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) en 2006, elle a donné des concerts à travers l’Afrique. Engagée, elle sensibilise sans cesse sur les droits de la femme, l’éducation des filles et les mariages précoces. Une nouvelle fois primée aux Kora awards de 2001, pour la chanson Sa lii sa léé («Ton ceci ton cela»), elle rencontre brièvement Nelson Mandela à Sun City.
Elle tape dans l’œil de ce grand amateur de femmes : «Quand je l’ai salué, il m’a dit : «Vous êtes une belle Africaine». J’ai répondu que j’étais très flattée que ces mots viennent de lui.»
Le 6 mars 2010, elle réunit le gratin de la musique africaine sur une scène, à Dakar, pour un concert au bénéfice des victimes du séisme en Haïti. La chanson Afrik for Haïti, écrite par Lokua Kanza, voit des célébrités comme Youssou Ndour, Alpha Blondy, Manu Dibango, Oumou Sangaré, Ismaël Lô, Wasis Diop, Omar Pène, Sékouba Bambino et Papa Wemba entonner chacun ses couplets, dans leur langue, pour qu’on n’oublie pas les victimes. Ce single caritatif ne sortira jamais sous forme de disque.
«J’ai abandonné ce projet par moi-même, tellement j’ai été dégoûtée, confie Coumba Gawlo. Il y a eu des émissions de radio à Dakar pour casser mon projet et dire que j’aidais Haïti, mais pas le Sénégal. Cela m’a ôté toute envie de continuer... J’ai souvent été ciblée par des gens que je ne nommerai pas, mais qui pensent qu’il n’y a qu’eux pour faire des choses au Sénégal et qui sont dérangés par mon indépendance...»
Une femme indépendante
Sur les murs de son salon, deux portraits de Marilyn et une photo d’art en grand format de Katoucha Niane. L’ancienne égérie d’Yves Saint-Laurent a disparu de façon tragique en février 2008, noyée dans la Seine.
Elle faisait partie de ses amis intimes et de ses très rares confidentes, côté cœur. De douze ans sa cadette, Coumba Gawlo la protégeait et lui a servi de pilier quand Katoucha a choisi de vivre quelques années au Sénégal.
«Nous étions comme le jour et la nuit, deux caractères opposés, mais je la comprenais, se souvient-elle. Je sais ce que sont les paillettes et je connais la fragilité spéciale qu’il y a chez les très belles femmes. Des êtres qui sont pris pour des poupées, des mannequins au sens littéral du terme... Ce que ces femmes ressentent, les gens s’en fichent pas mal.»
Dans une voiture qui mène à Tivaouane, où vit toujours une partie de la famille, la mère de Coumba Gawlo parle volontiers de sa célèbre fille. Très vite, elle étouffe un sanglot.
«Si ce n’était pas nous, ses parents, Coumba serait milliardaire aujourd’hui. Elle a sacrifié toute sa vie pour sa famille. Je prie chaque jour pour qu’elle se marie et que Dieu lui donne des enfants.»
Plus philosophe, l’intéressée ironise elle-même sur son statut de célibataire : «Qui frappe à ma porte ?», chante-t-elle ainsi, avant d’éconduire chaque prétendant... Elle n’en parle pas trop, mais a eu un grand amour dans sa vie. Un homme issu d’une bonne famille de Dakar, mais emporté jeune par la mort.
«Je vis mon célibat avec foi, nous dit-elle. J’attends le jour où le bon prince charmant viendra... Et quand on me demande si des génies en Afrique entravent parfois les belles femmes, je réponds qu’il n’y a que Dieu. Le reste n’est que fadaises...»
En attendant, celle que l’on surnomme la «Diva à la voix d’or» est déjà mère : ses trois filles adoptives, Rokhaya, Dior et Perle, sont respectivement étudiante, collégienne et écolière. Elle trouve parfois sa cadette et sa benjamine endormies au pied de son lit, dans sa chambre, quand elle rentre d’un concert, tard dans la nuit.
Depuis quelques années, à la faveur de la démocratisation du jeu politique, on assiste au Fouta à l’émergence d’une classe de dirigeants locaux qui, en bousculant la hiérarchisation sociale et en s’appuyant sur leur représentativité dans la population, revendiquent une plus grande place dans les collectivités locales.
L’ouverture des espaces publics à la faveur de la poussée démocratique a quelque part légitimé la contestation de la hiérarchisation sociale issue du passé. Depuis quelques années, on assiste au Fouta à un repositionnement de certaines forces politiques dans l’échiquier local.
Jadis exclus des postes de responsabilités du fait de leur naissance, ces hommes politiques investissent désormais sans complexe l’espace public pour revendiquer une légitimité basée sur leur représentativité.
En effet, convaincus d’être une force démographique non négligeable, ces hommes politiques s’appuient sur une base qui espère ainsi inverser la tendance et mettre fin à des années de mise à l’écart.
L’association «Endam Bilali» (les enfants de Bilal), ou «Peral Fadjiri» (l’étoile du matin) comme elle a été renommée et qui compte des milliers de membres de la caste des «Maccubé» à travers le pays et jusque dans la sous-région, essaie de lutter contre ces pesanteurs sociales.
Présidente des femmes, Racky Baba Ndiaye explique qu’un des objectifs de son association est justement de faire prendre conscience aux membres du rôle qu’ils peuvent jouer dans la société.
«Durant les élections, nous faisons une éducation à la citoyenneté en les informant sur leurs droits de vote. Nous sommes une association apolitique, mais essayons de préserver les droits de nos membres», explique-t-elle. Le même état d’esprit prévaut également chez le responsable de l’association dans la commune de Matam.
Amadou Diomboila estime en effet qu’un nouvel ordre politique doit se mettre en place. «Présentement, nous ne voulons pas être chef de quartier ou de village. Pas parce qu’on n’ait pas envie, mais parce que nous savons que ces positions sont dévolues à certaines familles et nous acceptons cela. Mais pour ce qui est des fonctions électives, nous sommes prêts à aller à la conquête des collectivités locales ou notre poids politique nous permet d’occuper les premiers rôles. Nous avons déjà commencé, et moi je suis conseiller municipal à la commune de Matam depuis les dernières élections.»
Une force politique incontournable
Les résultats de ces actions n’ont pas tardé à se faire sentir puisque depuis 2009, des hommes politiques dit «castés» ont pu accéder à la tête des communes, malgré les oppositions parfois très fortes des classes dites supérieures convaincues d’être les gardiennes d’une tradition pourtant féodale et obsolète. Et rétrograde.
Mais ces préjugés ont encore leur place dans l’espace. Et l’association «Endam Bilali» met tout en œuvre pour sensibiliser ses membres. «Il y a des zones dans le Fouta ou les gens disent qu’un ‘’Maccudo’’ ne doit pas être maire ou diriger quoi que ça soit. Et il y a même des gens qui refusent de les suivre. C’est sur toutes ces questions que nous axons la sensibilisation», informe Mme Ndiaye.
A Mboumba par exemple, elle explique que malgré sa victoire incontestable, le maire doit faire face aux actions de défiance de ses anciens adversaires et même de militants du même parti politique que lui.
«Lors de la dernière visite de Macky Sall, il y a même eu deux cérémonies d’accueil parce que les adversaires du maire ont refusé d’aller à la mairie parce que, selon eux, cela donnerait trop d’importance au maire qui n’est qu’un casté. Il y a eu des affrontements et un de nos jeunes a été blessé.»
Déjà dans le passé, ces problèmes ont perturbé la quiétude des habitants de Mboumba. En effet, pour dénoncer le parti pris de l’autorité administrative de la localité qui était un «Jawando», de la classe «noble», les partisans du maire avaient organisé une marche. «Il avait pris fait et cause pour les adversaires du maire et à chaque fois que quelqu’un se permettait d’émettre une opinion, il le faisait enfermer», raconte Mme Ndiaye.
Un maire destitué parce que «casté»
Ces formes de «coalition» ne sont pas une exception. Walaldé dans le Podor n’échappe pas au phénomène. Là-bas également, les conseillers «nobles» jouent la carte du mépris pour rabaisser un adversaire politique pourtant adoubé par les urnes. A Thilogne, le rubicond a été franchi une fois.
Mamadou Gaye, représentant de la Rencontre africaine des droits de l’Homme (Raddho) à Matam, raconte que lors de précédentes élections locales, «un maire de la caste des ‘’mabos’’ (tisserands) a été élu. Par rapport à ces normes sociales qui datent de mathusalem, il s’est vu demis de ses fonctions.
Et finalement, cette mairie a été confiée à une délégation spéciale. Ils ont invoqué un problème d’irrégularité dans l’élection, mais tout le monde savait que c’était bien parce qu’il est casté qu’on l’a destitué». Ces discriminations et stigmatisations envers des hommes politiques sont légion. Mais comme toujours, quand on évoque ce genre de questions, il est difficile de faire parler les principaux protagonistes.
Tout juste certains observateurs bien au fait des us et coutumes de la région révèlent que nombre d’hommes politiques ont buté sur ces préjugés pour émerger dans la région malgré un solide leadership.
Le Sénégal est une plateforme de cultures et de civilisations dont les piliers sont ethniques, religieux et coutumiers. Rien que pour cette évidence, il est impérieux d'accorder à la Culture l'importance qu'elle mérite, d'en faire le vecteur, sinon l'un des leviers essentiels de paix sociale à conforter, à consolider, et de financement de l'économie nationale.
Senghor eut le génie et assez de générosité pour nous en convaincre et nous convertir à l'ancrage en nos valeurs, tout autant au devoir de nous ouvrir "à l'autre". Ainsi, au long de son magistère, le Sénégal s'assembla à un ample et permanent auditoire de leçons et dialogues fécondants, d'où les libertés de création tout autant d'expression (même en n'étant pas tout à fait gouvernantes) existaient.
Un tel état de fait aura permis, non seulement d'enrichir et de vulgariser (avec les moyens disponibles) nos patrimoines et sensations littéraires et artistiques, mais, aussi, de favoriser le développement harmonieux d'une nation dont la chance primale est d'être, avant tout, un peuple de plus de 13 millions de cousins et de voisins : une société multiculturelle, c’est-à-dire constituée d'êtres et d'objets, de voix et de sites, aptes à susciter la créativité, l'émerveillement et l'émulation.
Même si l'inventaire du magistère de Senghor n'est toujours pas fait (et risque de ne l'être jamais car, avec sa mort physique, il a réussi à convaincre et à désarmer tous ses détracteurs), nous devons à la vérité de reconnaître que, sous Senghor, le Sénégal a bénéficié d'une immense aura, connu d'intenses ferveurs et de grandes avancées dans bien des segments artistiques. Et, ce, malgré la place relativement marginale de la Culture dans la gestion de l'Etat et, singulièrement, dans les préoccupations des femmes et hommes politiques.
Toutefois, il ne faut point trouver alibi, voire se réfugier, derrière des problèmes ou priorités économico-sociales d'Etat hautement soucieux d'émergence pour justifier une telle situation. Tout de même, Senghor nous laisse un évènement (le Festival des mondial arts nègres), deux hauts-lieux (le Théâtre Daniel Sorano et le Musée dynamique), une galerie (nationale d’art), un école de danse (Mudra Afrique), un viatique ("la Culture est au début et à la fin du développement") galvaudé par et avec le Président Diouf "en gardiennage" de la Constitution, une cantatrice (Yandé Codou Sène), des poèmes "doux à l'oreille et au cœur"), des essais intemporels magnifiques et une diplomatie culturellement attrayante.
Ainsi, on eût pensé, et à raison, que trop peu de choses manquèrent pour confondre "Son Sénégal" au "meilleur des mondes". Cela ne saurait nullement être dit, encore moins être espéré, du Sénégal sous Diouf. Il est navrant qu'en son tome premier de "Mémoires", le volet-Culture y soit volontairement occulté.Mais, on peut accorder à Diouf bien des préjugés favorables, comme autant de circonstances atténuantes : les ajustements structurels, le franc et ses diètes draconiennes, la sècheresse comme une endémie, des grognes de flics noyées dans du sang et des larmes, l'assassinat toujours non élucidé de "Mbaye Sèye" et des veuves et orphelins à perpète éplorés. Et quoi, d’autre ? Mille et un aléas !
La vérité demeure que Diouf a tout hérité de Senghor sauf de l'essentiel, c'est-à-dire de l'instinct de promotion de la Culture "cultivée" et aux travers d'entreprises géniales d'actants. Au lieu de cela, Diouf a opté de ne concéder aux artistes-comédiens que des vocations de chauffeur de meetings, d'amuseur de galerie, d'animateur de salle(s) de "congrès sans débat" ou tout juste, pour lui, n'étaient-ils que "pour bercer ses repos". Il revient à Tanor, à Khalifa ou à Aïssata, demain, c’est-à-dire en 2017, de corriger la plus grosse bévue de "l'aîné des fils spirituels (?)" de "Léopold" : celle d'avoir transformé le Musée de la créativité dynamique en Cour de suprême régence pour magistrats et juges.
Ousmane Sow Huchard, et à raison, en est malheureux depuis le 20e siècle. Tout de même, Diouf nous a laissé plein de "fous et folles du roi" et, pour les Lettres et les Arts, deux "grands prix" que tout membre un peu philanthrope du CNP, du CNES ou du Meds, tout opérateur économique même mal alphabétisé en français, n’importe quel joueur de PMU assez veinard, n’importe quelle ONG, n’importe quel chef de canton un peu mécène sur les bords, n’importe quelle association non anormale d'écrivains ou d'éditeurs, aurait pu initier et rendre pérennes. Grâce soit à Dieu rendue que, sous Wade, l’idée ne fut pas même agitée de re-lancer de telles "palmes" qui, en fait, ne furent que sources d'angoisses chez les lauréats et jurés assermentés !
Interrogez-les ! Et, alors, de la Culture sous Me Wade ? Au-delà de rendez-vous intellectuellement manqués (d'avec lui-même, d’abord), au-delà de chantiers grandioses – hélas inachevés et de valses affreuses de ministres qui, tous, manquèrent de temps, de tact et de marges réelles de manœuvre, il ne paraît ni excessif ni exagéré d'avouer que le vrai ministre de la Culture sous Me Wade ce fut Me Wade lui-même ! Toutes les initiatives furent de son ressort et ne jaillirent que de sa bouillonnante ingéniosité.
Il est aisé d'adhérer à ce constat qui, toutefois, ne terni ni l'affection filiale que j'entretiens à son égard ni ne dénie son statut "d'intellectuel droit debout" et d'acteur culturel plus qu'honorable. Car, Me Wade laisse à la Postérité et à l'Histoire, des œuvres splendides qui lui survivront : des routes et des autoroutes, un tunnel et une corniche fréquentable, la Place du Souvenir africain, le Monument de la Renaissance, le Grand Théâtre national "Aimé Césaire" (et pourquoi pas ?) premier élément d’un Parc culturel que le Président Sall gagnerait à terminer, non pas qu'au nom de cette fumisterie qu'est la continuité de l'Etat, mais, plutôt, pour des raisons hautement symboliques. Et, alors, de la Culture sous Sall ?
Hélas, il ne s’y passe toujours pas grand-chose ! Ah, si ! Trois ministres, déjà ! Des subventions "égarées dans le circuit". Un penchant coriace à toujours mettre les charrues avant les ânes,à aller plus vite que le "Boroxe-boroxe" étatique : conseil interministériel sur les industries culturelles, conférence internationale sur l'économie de la culture, sans oublier la prouesse qui a consisté à transformer un sigle universitaire (LMD) en symboles et signes pour définir la culture, maintenant et au pays de Senghor. Et quoi encore ?
Des effets d'annonces en gros, en demi-gros et en détails, destinées à ne jamais être suivies ? Et, pourtant, je persiste à croire que le Président Sall peut faire, au plan culturel, plus et mieux que ses devanciers au "Palais". Mais, il est des préalables : la volonté qui place la Culture au cœur de Ses décisions sur-prioritaires et des compétences pas forcément colorésAPR ou Benno-je-ne-sais-quoi ? Il est, là, des actes pour lesquels le Président Sall a tout à gagner : des traces qui l'installent en immortalité et seraient autant d'heureux souvenirs en legs aux générations présentes et à venir. Quoi, donc, et comment ?
Il incombe aux conseilleurs du "Premier Protecteur des Lettres et des Arts" et à la tutelle naturellement d'y répondre. Tout de même, je peux affirmer que beaucoup de choses restent à faire. Qu’il est aussi beaucoup de chemins à boucler. Que le temps n'est que trop compté et que l'Autorité n'a toujours pas compris que la Culture est un en jeu et une préoccupation à généraliser et qu’il y a comme une inflation de personnes-ressources, mais qui peuvent n'être qu'inutiles quand les moyens aussi sont en... "rupture" (de communication efficace et de coopération judicieuse) et que les infrastructures de base, si elles existent, sont à remettre en question quant à leur viabilité, leur fiabilité, leurs emplacements et missions.
Synthétiquement, on peut avouer qu'ici, "au pays de Senghor", tout ou presque est, culturellement, à revoir, à faire et, méthodiquement, à organiser : le Fonds d'Aide à l'édition et à la création. Le Fonds destiné au cinéma. Le Fonds aux artistes. La sécurité sociale des gens du secteur. Des lieux de culture, etc. On parle aussi du livre et de la lecture et s'alarme que les enfants ne lisent plus ? Comme si, en ce point, les adultes faisaient mieux, eux, qui ne lisent plus que des SMS, des bulletins de salaire, des factures d'eau, d'électricité, de téléphone et des décharges de per diem, hein ?
Et dire que l'équation double que sont le livre et la lecture se règle en moins de treize minutes, je vous jure !... Comment, donc ?... Facile, mon vieux ! Et comment faire que les écrivains vivent de leurs plumes ? C'est encore plus facile, bon sang ! Et comment ceci ? Comment cela ?... Avec Macky, trop de "comment" polluent le domaine de la Culture. Or, les "c'est ainsi" et les "c'était aussi simple que cela" aptes à faire que la Culture devienne un impératif inhérent à toute dynamique de progrès matériel et humain sont dans les airs du temps et bien de l'ordre des plus-que-possibles !
Mais, enfin... Nous restons des millions de bougres convaincus qu'il sera toujours utopique d'être Macky à la place de Macky. Utopie ? Encore et toujours ?... Allons donc !... Et, alors, qu'on me dise combien d'œuvres sublimes et de "villes splendides", de l'utopie et de rêves (de) "fous", n'ont pas jailli ?
La diva de la chanson sénégalaise, Kiné Lam, a célébré en grand pompe avant-hier ses 40 ans de présence sur scène. Cette soirée, organisée au Grand Théâtre national de Dakar, a drainé du monde.
Un Grand Théâtre plein comme un œuf ! Plus de mille spectateurs surexités pendant que sonne de par le monde les cloches de minuit, annonçant les festivités de Noël. Du côté de ce temple de la culture, l’ambiance est dédiée aux 40 ans de musique de l’artiste Kiné Lam. Et pour l’occasion, les driankés et les diongomas de la capitale sénégalaise ont envahi le cadre.
Normal, ce spectacle promettait déjà une réussite. Plus de 10 jours avant l’évènement, plus de 1 400 places étaient vendues sur les 1 800 du Grand Théâtre. Les tickets de 10 mille francs étaient introuvables deux semaines avant et ceux de 20 mille francs se vendaient comme de petits pains.
Certaines mauvaises langues s’interrogeaient à tord ou à raison ; «Mais Kiné Lam n’est pas une aussi grande voix ; même si elle a duré dans le métier... Qu’a-t-elle fait pour autant intéresser le public ?» En tout cas, l’artiste a fait véritablement salle comble. A 23 heures, il était impossible de trouver un siège vide, mieux de se frayer un passage à l’intérieur du théâtre.
Côté ambiance, la diva, pour marquer ces 40 ans, a mis la barre très haut. Elle a réussi à décrocher le gratin de la scène musicale sénégalaise, venu rehausser de leur présence cet anniversaire.
Plusieurs artistes se sont succédé sur la scène pour chanter des louanges à Kiné Lam ou simplement reprendre un de leur tube connu du public. L’orchestre était dirigé par les très expérimentés Cheikh Tidiane Tall et Habib.
Et l’on remarque également au cœur du dispositif Bousso Seck qui assure le show dans le groupe de Coumba Gawlo. Sans compter les grandes divas de Sorano venues toutes accompagner leur amie Kiné.
Au registre des prestations, celle de Waly Seck a été fortement attendue et fortement appréciée. Wally Seck, très chouchouté, a eu droit à chaque intonation de sa voix à des salves d’applaudissements. Comme s’il était l’autre heureux du jour, des fans sont montés au créneau lui offrir des liasses de billets. Parmi eux, la belle-fille de Kiné Lam, qui serait un inconditionnel du fils de Thione Seck. Et pour le montrer au grand jour, elle n’a pas hésité à sortir les gros moyens.
Il y avait également le très attendu Youssou Ndour, qui n’a pas fait dans la dentelle. L’artiste planétaire s’est montré sur scène très complice avec Kiné Lam. Leur duo a été très ovationné par le public venu savourer ces instants magiques de Noël. Des moments qui resteront gravés dans les anales des spectacles du Grand Théâtre, même si Kiné Lam n’a pas offert aux fans de la nouveauté.
Elle a simplement repris la plupart de ses morceaux déjà connus : Souma Sagnone ; Boromkeur, Bamba, Wallou, Tascatou Xibaar... N’empêche, tout le monde était heureux. Et ce n’est pas l’animateur Pape Cheikh Diallo qui dira le contraire. M. Diallo comme beaucoup d’autres fans a surpris son monde.
L’animateur de l’émission matinale «YewuLeen» a en effet offert 2 millions de F Cfa et un billet d’avion Dakar-Paris-Dakar à Adjaratou Kiné Lam, qui a composé une belle chanson pour lui.
Il y a également l’animatrice de la Rts Soda Bousso qui, pour soutenir son ami Pape Cheikh Diallo, a offert un million à Kiné Lam. Finalement l’artiste, pour ces 40 ans de musique, peut se frotter les mains et se réjouir d’avoir