Le patron du label « Optimist produktion » et directeur du festival « Yakaar » a encore jeté un pavé dans la mare. Connu pour son franc-parler, il a encore titillé le ministère de la Culture. C’était au cours du point de presse tenu vendredi dernier et qui était relatif à son festival. Nous avons profité de cette occasion pour aborder des sujets très brulants avec cet ex-manager du défunt groupe de rap « Sunu Flavor »…
Le Témoin – Où en êtes-vous avec la préparation de la quatorzième édition du festival « Yakaar » ?
Safouane PINDRA - Tout est fin prêt mais cela n’a pas été très facile. Nous n’avons reçu qu’un petit million du ministère de la Culture. Matador (un rappeur qui habite Thiaroye, Ndlr) qui organise « Festa 2 H » a décidé de ne pas prendre cet argent mais, moi, je l’ai bien pris car nous travaillons pour le rayonnement de notre pays. Tout cela pour dire que ces gens-là n’ont pas encore compris notre démarche. C’est pour cette raison que je voudrais ici réclamer que le ministre nous édifie sur la destination des 200 millions de francs alloués aux cultures urbaines. C’est le ministre qui nous avait affirmé que ce fonds était disponible et nous attendons depuis sa répartition. Tout cela pour dire que la tutelle ne nous prend pas trop au sérieux. Nous ne sommes pas en train de nous amuser et il faut que cela soit compris par tout le monde.
N’est-ce pas que c’est vous les rappeurs qui avez prêté le flanc avec vos querelles incessantes ?
Non, pas du tout ! Nous avons grandi et il n’est plus question de nous opposer de manière systématique et stérile. Les clashs sont derrière nous. A preuve, notre festival existe depuis quatorze ans et nous avons su évoluer et nous adapter. Nous travaillons en synergie avec d’autres structures du mouvement Hip Hop. C’est d’ailleurs lors de retrouvailles à Paris que nous avons eu l’idée de proposer un projet au ministère. C’est cela qui est à la base de la levée des 200 millions. Nous avons fédéré nos efforts de Matador à Simon en passant par Fou malade, Awadi, Docta et moi-même. Au total, il y a sept structures qui se sont réunies pour proposer ce projet au ministre.
Où en êtes-vous avec la distribution de trophées aux acteurs du hip hop ?
Je vous ai dit tantôt que nous avons grandi et que, désormais, nous travaillons ensemble. Ce sont les acteurs du mouvement qui m’ont demandé de ne pas laisser tomber et de continuer à remettre des trophées aux meilleurs artistes. Mais il se trouve que nous avons changé de formule et nous nous sommes ouverts aux musiques du monde. Matador et son équipe vont nous rejoindre et nous allons essayer de revenir à l’ancienne formule. Nous avons déblayé le chemin et nous sommes plus ouverts. Les initiatives viennent de partout et nous nous partageons les taches.
PAR IBRAHIMA FALL ET BOUBACAR BADJI DE SENEPLUS
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KAGAMÉ, IBK ET LES AUTRES
EXCLUSIF SENEPLUS TV - DEUXIÈME PARTIE : BOUBACAR BORIS DIOP, CO-AUTEUR DE "LA GLOIRE DES IMPOSTEURS"
Si les chefs d’État africains pouvaient s’inspirer de certains de leurs homologues, comme Paul Kagamé du Rwanda et Ibrahim Boubacar Keïta du Mali, le continent vaincrait ses problèmes. C’est la conviction de Boubacar Boris Diop, qui salue la détermination de Kagamé et Ibk à refuser que l’Occident leur dicte leur conduite.
«Il ne faut pas confier son destin à l’étranger. C’est la garantie que vos problèmes ne seront pas résolus, assène le co-auteur de La gloire des imposteurs, dans la deuxième partie de l’entretien exclusif accordé à SenePlus Tv.
Boubacar Boris Diop fustigeait que Macky Sall, après les interventions françaises au Mali et en Centrafrique, ait déclaré que la France était «dans son rôle». En tant qu’ancienne puissance coloniale.
On a du mal à cataloguer ses prestations. Tantôt c’est un concert, avec beaucoup de mélodies, tantôt on a l’impression d’être dans une discussion, avec des thématiques très poignantes qui reviennent souvent. Malgré tout, le concert d’un artiste accompli comme Wasis Diop laisse toujours des traces dans la mémoire. On n’en ressort pas indemne.
Il faut tendre l’oreille, être aux aguets, pour entendre les mur- mures de l’artiste. Beaucoup plus qu’un concert, Wasis Diop entraîne l’auditoire dans les soirées de veillées africaines où le verbe est sublimé. L’homme renvoie, avec son timbre vocal, «à ce vieux à la voix cassée» de Guy Tirolien, dans sa célèbre prière d’un petit enfant nègre, qui raconte les histoires des animaux.
Oui, avec cet artiste, c’est le même procédé, car lui parle du lion, de l’hyène, du lièvre, en somme un langage imagé autour de la savane africaine. Ces rencontres autour du feu étaient le lieu de la formation de l’être hu- main à travers l’enfant.
Sous le ciel pervenche et étoilé de la Place Faidherbe, Wasis a chanté la tolérance dans «Aïda», où il loue cette femme, appelée prostituée, rencontrée lors de ses périples. Celle-ci, au détour d’une conversation, lui fera comprendre qu’elle fait ce job pour nourrir sa famille. Plus tard, le prince Abdou Aziz évoque Dubaï et rêve d’oasis, de Mc Claren, bref d’argent facile.
La nuit avance, le conteur Wasis est de plus en plus en verve, en ces lieux où il fait doux. Il fait l’apologie des pères dans «My son» et plus tard, à l’heure où les esprits inondent la nuit, le conteur parle des «Djinn», ces êtres surnaturels. Plus tard, il s’interroge : «Que faut-il faire ?» de ces ordures, de certains aléas de la vie.
L’homme à la voix rauque loue aussi l’amour dans «Raï Mbele». Cette balade toute en prose et en mélodies s’est déroulée sous la bénédiction de Pablo Moustapha, l’homme aux doigts magiques qui a le don de faire ressortir de son accordéon toutes sortes de rythmes.
HYMNE À LA TOLÉRANCE
Très taquin, lors d’un intermède musical, l’artiste a salué les Bâ, Sow, Kâ, Diop, Ndiaye, Diouf, Sané, en somme le Sénégal, avant de lancer «Sankharé aussi». Cette boutade n’a pas été prononcée par hasard, et à la fin du concert, Wasis Diop a expliqué que cette assertion avait une certaine corrélation avec l’actualité, concernant le livre du Professeur Oumar Sankharé, ayant trait au Coran, avec la levée de bouclier qui s’en est suivie.
Pour lui, des idées «ne doivent en aucune manière nous diviser». De son avis, tout en précisant n’avoir pas lu le livre et aussi ne défendant personne, l’artiste a soutenu que «le Pr Sankharé a son opinion et est libre de penser. Je ne dis pas qu’il a raison ou tort, mais je respecte son aptitude à réfléchir». Il faut, de son point de vue, éviter de jeter l’opprobre sur des gens et travailler à dépassionner le débat car le Sénégal est paix. Nous devons aller, poursuit-il, «vers l’apaisement sur cette question». Il en a profité pour dénoncer l’attitude de la presse qui a participé à amplifier les choses.
Sur un autre registre, en ambassadeur de la paix, Wasis Diop a évoqué son prochain voyage en Rdc. «J’ai écrit une chanson pour la paix dans ce pays car nous devons aller vers. Aussi, poursuit-il, les autres contrées du continent qui connaissent des soubresauts doivent retrouver la quiétude».
Durant cette soirée, le public a pu, en levé de rideau, apprécier la complicité entre Didier Labbé, saxophoniste de talent français, et Jax Ravel le bassiste malgache.
COULEUR ET ESTHETIQUE SE RETROUVENT DANS L'IMAGINAIRE
EXPOSITION DU PEINTRE ABDOUL AZIZ KANE AU MERIDIEN
Abdoul Aziz Kane, artiste peintre expose ses œuvres à l'hôtel King Fad Palace depuis le 22 mai dernier. Une exposition qui entre dans le cadre de la biennale de l'art contemporain de Dakar.
L’hôtel King Fad Palace abrite depuis le 22 mai et ce jusqu’au 30 juin, l’exposition du peintre Abdoul Aziz Kane, professeur artistique. Ces œuvres qui sont peintes sur de la toile sont accrochées dans le hall baobab de l’hôtel. Sur 1m10x 90cm, ses œuvres allient couleurs chaudes dont le vert, le jaune, le mauve ou encore le marron pour faire ressortir des thèmes sur l’environnement, la paix, la liberté ou encore un retour à nos valeurs ancestrales.
L’artiste ne donne pas une forme visible à ses tableaux. Il travaille dans l’abstrait pour nourrir son imagination. Aucun aspect de la récupération ne figure dans ses œuvres. « Mes productions viennent de mon imagination et je peins pour la nourrir. Une des couleurs froides qui est le blanc est très présent dans son travail. Pour l’artiste, elle symbolise tout simplement l’eau. « Je ne peux pas travailler sans cette couleur. Elle est à la base de ma production car sans eau, il n’y a pas de vie ni de peinture. C’est mon outil de travail et on le sent. Je ne peux pas travailler sans elle», a-t-il souligné.
Pour appuyer ses propos, l’artiste a présenté plusieurs tableaux sur l’eau dénonçant quelques mauvais comportements. A cet effet, il nous plonge dans une de ces créations intitulées le passage de l’eau où il montre avec des jeux de couleurs comme le bleu, le blanc, le vert, l’importance de cette substance dans la vie de l’homme. D’un autre coté, il tente de sensibiliser la population sur l’importance de cette matière car selon l’artiste, l’homme a tendance à détruire ce qui le nourrit.
Dans une alerte, Abdoul Aziz met en évidence la présence des déchets toxiques déposés en bordure de mer sur un de ses tableaux et sur un autre la mer en «flammes» avec les toxiques de carburant, la pollution des êtres aquatiques. Dans ces œuvres, l’artiste travaille avec les couleurs mauve, marron, bleu et le blanc en les proposant de manière dégradée à ces visiteurs. Elle veut montrer l’importance de cette thématique qui devrait être prise en charge par les autorités étatiques mais aussi par la population. Une manière de dire que la protection de l’environnement est une préoccupation pour tout citoyen. Une autre alerte est donnée mais cette fois-ci dans le domaine forestier avec un arbre coupé qui n’a pas été remplacé.
Selon lui, « c’est montrer que si on ne remplace pas un arbre coupé, cela favorise l’avancement du désert et trouble notre existence.» L’artiste a travaillé aussi sur plusieurs thématiques, la paix sur une de ces productions avec la présence d’un oiseau prenant son envol. Intitulé «le messager», l’auteur souligne qu’il pourrait symboliser tout simplement le besoin de paix en Casamance ou ailleurs. « Au début, ce n’était pas ce que je voyais, c’est venu spontanément. C’est après que ma femme a lu à travers l’œuvre qu’elle pouvait bien symboliser la paix parce qu’il y avait la colombe qui pouvait être déchiffrée par tout un chacun », a-t-il laissé entendre. Il y a aussi un tableau qui parle de la résistance que l’homme doit se battre pour exister dans la vie L’artiste utilise la métaphore de l’oiseau qui, en voulant s’envoler est contraint par une force contraire qui le retient. Il doit alors se battre pour s’envoler.
Ainsi va la vie. « Il faut apprendre à surmonter les obstacles de la vie », a souligné Kane. Et de lancer un appel à un retour à nos valeurs en rendant hommage au Bakku qui se faisait avec les pagnes contrairement à maintenant où les lutteurs se mettent en blouson pour le faire.
Soulignons qu’Abdoul Aziz expose pour la première fois sur toile car toutes ses autres expositions étaient sur du papier canson.
L'AMERICAINE SEDUIT LE PUBLIC SENEGALAIS
LENI STREN POURSUIT SON VOYAGE INITIATIQUE EN AFRIQUE
La guitariste américaine Léni Stern qui séjourne actuellement au Sénégal jusqu'au dimanche prochain, a profité de cette occasion pour animer trois concerts entre jeudi et samedi dans des restaurants de la place. Accompagnée de Doudou Ba, l'ancien bassiste du légendaire Harry Belafonte et Alioune Faye, le frère de Mbaye Diéye Faye, l'épouse du guitariste Mike Stern, a charmé le public. Retour sur le parcours de cette guitariste et joueuse de Ngoni qui continue de montrer son attachement à l'Afrique.
Léni Stern a vu le jour à Munich, en Allemagne. Elle a d’abord commencé par jouer du piano dés l’âge de six ans. Parallèlement à ses activités musicales, elle écrit et joue des pièces de théâtre, met sur pied sa propre compagnie d’acteurs et arrive à se faire un nom dans ce secteur réputé difficile. En 1977, elle privilégie à nouveau la musique et s’envole pour les USA. Elle pose ses baluchons au Berklee College Of Music de Boston. Guitariste au talent reconnu par tous (élue cinq fois de suite meilleure guitariste femme par les guitares Gibson ndlr), elle a eu à jouer avec dans de nombreux groupes de Rock et de Jazz.
L’épouse de l’ancien guitariste de Miles Davis, Mike Stern a collaboré avec de nombreux artistes comme Bill Frisell, Dennis Chambers, Paul Motian, l e regretté saxophoniste de jazz Michel Brecker , Salif Keita ,Sting , Toumani Diabaté , Bassékou Kouyaté et son épouse Ami Sakho ,Baba Maal et tant d’autres.
Cette infatigable voyageuse et polyglotte qui parle cinq langues a visité de nombreux pays comme l’Inde, le Pérou et à chaque fois, elle se faisait un devoir d’étudier les spécificités musicales et rythmiques de ces différentes contrées. En Afrique, elle eu à faire la même chose au Kenya, à Madagascar, au Mali et au Sénégal. Intarissable sur ses expériences africaines, elle a bien voulu revenir sur les liens forts qui l’unissent à ce continent, berceau de l’humanité.
« Nous savons tous que des musiques comme le Rock ou le Jazz ont des origines africaines. Mais en ce qui me concerne le déclic a eu lieu en 2006 après ma participation au Festival du désert qui s’est tenu dans le Sahara, au Mali. A cette occasion j’ai eu à jouer avec de nombreux et merveilleux musiciens africains. C’est ensuite que j’ai eu à être initiée au Ngoni ou Xalam par le grand Bassékou Kouyaté. J’ai travaillé aussi avec sa femme Amy Sacko qui est une fabuleuse chanteuse.
Depuis cette époque toutes ces expériences africaines transparaissent dans mes compositions et cela se ressent dans mes albums», a expliqué Leni, une artiste visiblement encore sous le charme. Elle a séjourné au Mali au moment du coup d’Etat et ce douloureux épisode lui a inspiré un titre. Léni a par la suite rencontré deux musiciens sénégalais établis aux Usa, à savoir le bassiste Doudou Ba et le percussionniste Alié Diéne Faye, le petit frère de Mbaye Diéye Faye. Avec ce groupe, elle a enregistré un album titré « Jelell »( Take it) l’année dernière.
« J’ai eu la chance de rencontrer ces fabuleux artistes sénégalais et depuis la magie ne cesse d’opérer. Ils ont su se mouvoir parfaitement dans ce style hybride et cela me ravit énormément», a expliqué l’artiste qui ne rate jamais une occasion pour revenir se ressourcer en Afrique.
Dakar, 6 juin (APS)- L’avenir de la Francophonie se trouve en Afrique, un continent où sa stratégie économique doit largement prendre en compte les préoccupations de paix, de développement et de sécurité, a déclaré vendredi Mankeur Ndiaye, ministre sénégalais des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur.
‘’C’est sous ce rapport que le sommet de Dakar sera une étape importante dans la marche de notre organisation commune’’, a dit le chef de la diplomatie sénégalaise.
Il présidait à Dakar la clôture de la 9ème Conférence des organisations non gouvernementales et de la société civile de la Francophonie (OING/OSC), ouverte dans la capitale sénégalaise, il y a deux jours.
La synergie de l’Etat et de la société civile est plus que nécessaire dans le contexte international actuel, marqué par des inégalités et une crise économique qui perdure, affectant durablement toutes les catégories sociales, en particulier les femmes et les jeunes davantage confrontés aux problèmes d’emploi et d’insertion sociale et économique, a-t- il souligné.
‘’Je ne doute guère que la société civile poursuivra le renforcement de la dimension liée au développement économique et sociale dans ses activités, notamment dans les pays du Sud’’, a-t-il estimé.
Il a rappelé que lors du Sommet de Kinshasa, en octobre 2012, les chefs d’Etat et de gouvernement avaient demandé à l’OIF et aux opérateurs de proposer une stratégie économique pour la Francophonie, réunissant pouvoirs publics, entreprises, institutions éducatives et la société civile.
Cette stratégie économique a pour objectif de promouvoir la croissance économique, lutter contre la pauvreté et les inégalités, promouvoir l’environnement et préserver le patrimoine culturel francophone.
Pour cela, il faut approfondir les processus démocratiques, renforcer l’Etat de droit, la gouvernance, les droits de l’homme et l’égalité entre les femmes et les hommes. Elle vise à implique davantage les acteurs locaux de développement, de la société civile, du secteur privé et de la diaspora.
‘’L’espace francophone est un espace transrégional qui comprend des pays parmi les plus développés dans le monde mais aussi des pays pauvres’’, a relevé le ministre selon qui, c’est un espace hétéroclite et hétérogène où se trouvent concentrés les défis du monde, les contradictions et les enjeux.
Il s’agit du défi de l’environnement et des changements climatiques, du développement durable, de la paix et de la sécurité, des contradictions entre les riches et les pauvres, des enjeux économiques globaux partagés dans l’espace francophone, entre autres.
C’est en ce sens que la stratégie économique de la Francophonie doit placer l’homme dans le processus de développement et plaider en faveur d’un développement économique et social inclusif, participatif et fondé sur la promotion des valeurs partagées, a souligné Mankeur Ndiaye.
Il a invité à prendre conscience que la Francophonie est un espace de vie qui doit peser sur la destinée du monde. ‘’Elle représente 14% de la population du monde et plus de 20% des échanges globaux et met en lien près de 700 millions d’être humains.’’
Revenant sur la Conférence de Dakar, Mankeur Ndiaye dit constater que ‘’l’engagement actif et constructif reflété dans les recommandations va nourrir les travaux du 15ème sommet de Dakar.
‘’Cela permettra de bâtir une francophonie solidaire plus à l’écoute de sa jeunesse et de ses femmes et plus présente sur la scène internationale’’, a dit Mankeur Ndiaye, également président de la conférence ministérielle de la francophonie.
Il a proposé de faire de la Francophonie, une force de propositions sur les différents défis qui interpellent le monde d’aujourd’hui, promettant que ‘’le Sénégal veillera convenablement au partage et à la prise en compte des recommandations’’ issues de la conférence de Dakar.
PAR IBRAHIMA FALL ET BOUBACAR BADJI DE SENEPLUS
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IMPOSTURE !
EXCLUSIF SENEPLUS TV - PREMIÈRE PARTIE : BOUBACAR BORIS DIOP, CO-AUTEUR DE "LA GLOIRE DES IMPOSTEURS"
Dans la première partie de l’entretien exclusif accordé à SenePlus TV, Boubacar Boris Diop estime que la France ne méritait pas les applaudissements qui ont accueilli son intervention militaire au Mali, il y a dix-sept mois. Pour le co-auteur de La gloire des imposteurs, l’opération Serval pose question. Et aux Africains et à l’opinion publique française.
Boubacar Boris Diop avait vu juste. Dans cet entretien exclusif accordé à SenePlus TV, il y a quatre mois, dans le cadre de la promotion de La gloire des imposteurs, son livre co-signé avec la Malienne Aminata Dramane Traoré, il martelait que «l’opération Serval (n’)a apporté (qu’)une relative stabilité au Mali». Ce n’était pas des propos rabat-joie ou un simple accès de colère anti-français. C’était plutôt une lecture de la situation qui se voulait froide et lucide.
L’écrivain sénégalais était d’accord que l’intervention de la France a permis de faire face à l’urgence, freiner la marche vers Bamako des Jihadistes. Mais, précisait-il, elle n’est pas synonyme de résolution définitive de la crise dans un pays profondément miné par les velléités guerrières des indépendantistes Touareg (Mnla), des islamistes d’Ansar Dine et des Jihadistes d’Aqmi.
La suite des événements lui a donné raison. Chassé par la porte, le mal est revenu par la fenêtre. En effet, un peu plus d’un an après Serval, le Nord du Mali a renoué avec la violence. C'était vers la fin du mois de mai dernier. Les rebelles du Mnla ont repris les armes à Kidal, tuant des militaires maliens et réinstallant une psychose que les populations croyaient éteinte avec l’intervention de l’armée française, en janvier 2013.
Si Bamako a connu un répit en ce moment, c’est grâce à l’intervention du président de la Mauritanie qui, il y a quelques jours, a réussi à convaincre les belligérants d’observer un cessez-le-feu.
Les Maliens, la plupart des Africains avec eux, auraient-ils trop tôt félicité la France ? Avaient-ils d’ailleurs de bonnes raisons de le faire ? Boubacar Boris Diop pense que non. À l’en croire, l’Hexagone ne méritait pas d’être applaudie lorsque ses forces ont repoussé les rebelles du Nord.
«Comment ça se fait qu’après 50 ans de Françafrique et 50 interventions militaires en Afrique (depuis les indépendances), nous nous retrouvions à applaudir les soldats français ?» se demande l’auteur de La Gloire des imposteurs. Qui estime que cette interrogation interpelle aussi bien les Africains que l’opinion française.
Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, dans cet entretien avec SenePlus TV, Boris a tenu à apporter une précision à propos des motivations de son livre : «Ce n’était pas un coup de colère (contre l’intervention française). Aminata et moi, on devait parler d’autre chose. On devait parler de la place de l’Afrique dans le monde contemporain.»
Ils ont été rattrapés par les événements au Mali. Et pour les analyser et y poser un regard critique, les décrypter et les mettre en perspective, ils ont choisi la voie épistolaire. Les deux auteurs se sont échangé des «vraies et fausses lettres» car par-delà leurs personnes, ils s’adressaient «à un public plus large», à l’Afrique et au monde.
Suivez la première partie de l’entretien de Boubacar Boris Diop avec SenePlus TV. Trois autres suivront.
Peindre des oeuvres en mosaïque alternative avec une déclinaison islamique. C’est ce qu’a réussi l’artiste américaine Muhsana Ali qui expose en «Off» à la «Maison familiale des artistes», à Mermoz.
A la Sicap Mermoz de Dakar, en face de la Mosquée du même nom, se dresse une maison dénommée «Maison familiale des artistes». Espace de création, cette demeure abrite une série d’expositions dans le cadre de la Biennale en «Off». Cet espace a été transformé en une sorte de galerie par deux amoureux de l’art, qui ont même fini par sceller leur union. Il s’agit de la plasticienne d’origine américaine Muhsana Ali et du célèbre peintre sénégalais Amadou Kane Sy, plus connu sous le pseudo de Kane-Si.
De la façade jusqu'à l’intérieur de la maison, on constate une pluralité d’oeuvres. De fresques murales sur 13 mètres sur une façade, aux photos, entre autres, décomposées en 5 séries, chaque oeuvre porte un thème spécifique montrant que les artistes ont beaucoup recherché et réfléchi. Le chiffre 5 est particulièrement présent dans l’expo. On note ainsi 5 tableaux de photo accrochés au mur, 5 séries de gravure, 25 petits modèles en format mosaïque…
Après 9 ans d’études d’art aux Usa, Muhsana Ali a eu sa maîtrise en éducation d’art, mais aussi suivi plusieurs formations dans la production en bronze, en sculpture… Sa spécialité reste cependant la mosaïque. D’ailleurs, «Mosaïque alternative» est le titre d’une de ses oeuvres. «Une œuvre d’art mosaïque n’a de sens que si elle a été exécutée collégialement avec l’implication et la participation de la plupart des personnes qui vivent dans l’environnement immédiat du lieu où cette mosaïque alternative sera faite», dit-elle en soulignant que contrairement à la mosaïque classique, elle n’est pas seulement constituée de carreaux ou de verre. Elle offre la possibilité d’utiliser toute une gamme d’objets aussi divers que les assiettes cassées, les bouts de miroir, les bouts de bois ou de métal, des résidus de céramique, de masques ou de sculptures, de la peinture sous verre, etc.
«On peut y faire apparaître des mots, des écritures, de petits textes, des poèmes, des réflexions, des noms de projets ou de personnes, des dates importantes. La mosaïque alternative est exécutée en fonction de l’histoire du lieu qui l’accueille», renseigne Muhsana Ali pour qui, l’artiste, à l’image du bas-relief, doit faire une œuvre qui ne sera pas forcément plate. Au contraire, avec la mosaïque alternative, techniquement, il a accès à l’utilisation d’une palette de couleurs riches et variées, qui interpelle l’oeil et les sens, suscite la réflexion et l’échange d’une manière plus efficiente que la mosaïque classique. «Elle peut facilement véhiculer des messages écrits et imagés à l’endroit du public et de la communauté. C'est une technique que nous avons apprise en 2004 auprès de son inventeur, le muraliste Isaiah Zager, célèbre artiste de South Street, à Philadelphie, créateur du Magic Garden», précise l’artiste.
Dans son travail, on y retrouve aussi de la spiritualité. D’ailleurs, sur la façade de la maison, il y a une oeuvre «Mosaïque islamique » qui le prouve. On y découvre des écritures en arabe, des images au nom d’Allah… «Il y a des oeuvres qui parlent de la religion, mais je fais la différence entre la spiritualité et la religion. Certaines n’ont pas de référence directe à l’islam, mais elles parlent toujours de la même chose», confie Muhsana Ali qui informe que le fond de ses oeuvres, «c’est du ciment blanc, coloré avec des piquants riches. Ce qui permet de développer des fonds qui font vivre l’oeuvre.
LE COUPLE MUHSANA ET KAN-SI PEINT LA POETIQUE ARCHEOLOGIQUE PLASTIQUE
Dans le cadre du «Dak’Art 2014», les expositions en «Off» continuent de fasciner. A la «Maison familiale des artistes» de Mermoz, c’est le couple sénégalo-américain, Muhsana/ Kan-Si, à travers un duo, qui présentent une série d’oeuvres en petit format, en mosaïque alternative, intitulé «Poétique archéologique». Chacune de ces œuvres représente un énorme effort de recherche et de travail physique. A l’image du processus des fouilles archéologiques en quête des traces de vie et de poésie.
Ces créations comportent, pour la plupart, plusieurs petites oeuvres en peinture sous-verre. Sur un des tableaux du couple, on découvre une série de photos intitulée «Africa-in Mart», réalisée par Muhsana Ali à Mart, dans le Texas, dans le cadre d’un projet dénommé «Art Community Project», en 2011. Muhsana et Kan-Si avaient été invités avec leurs enfants pour passer 3 mois dans cette petite ville américaine de 2000 habitants où la ségrégation raciale est toujours ressentie. Leur objectif était de tenter de transformer cette petite ville en déclin à travers l’art. Ce projet a été le début de leurs actions artistiques à travers le medium de la mosaïque alternative. Ils ont ainsi pu produire 3 oeuvres majeures dans la ville en sollicitant la participation de toute la population. Et avec ces actions, ils ont observé une grande transformation dans la ville où Muhsana est retournée durant 4 années successivement pour y travailler. Dans la série de photos-portraits «Africa-in Mart», on voit des habitants de Mart au Texas, d’origine africaine, habillés en costumes traditionnels du Sénégal.
Selon Muhsana Ali, cette invitation visait à faire vivre la ville à travers l’art. Car, c’est une petite ville qui est complètement en déclin et économiquement. Elle est en train de disparaître, en plus il y a une grande division entre les races, du fait de l’esclavage. «Lorsque que j’ai rencontré la population noire, j’ai été fascinée. Car il y a les mêmes valeurs culturelles qui existent ici. Ils étaient simples, généreux et puis fascinés d’avoir en face d’eux, pour la première fois, une Américaine qui a vécu en Afrique, une vraie Africaine et une musulmane. J’ai eu l’idée de ramener les habits africains et quand ils ont porté les habits, c’était la première fois qu’ils ont senti le sens même de la fierté d’appartenir à une histoire. Ils ressemblaient vraiment à des Africains», rapporte-t-elle.
En ce qui concerne le «Baobab Jazz», c’est une oeuvre faite par l’artiste Kan-Si. Elle est une gravure-peinture unique, individuellement travaillée sur le thème de «Baobab Jazz» et fait référence à l’aspect formel du fruit du baobab, qui se renouvelle sans cesse au fil des saisons.
AMADOU LAMINE SALL APPELLE A FAIRE DE LA SAUVEGARDE DE GOREE ''UNE RÉALITÉ VIVANTE"
Dakar, 6 juin (APS) - Le secrétaire général de la Fondation mondiale pour le mémorial et la sauvegarde de Gorée, Amadou LAmine Sall, appelle à faire de la sauvegarde de Gorée ''une réalité vivante", après s'être dit ''profondément soucieuse des terribles calamités'' qui ont frappé l'île.
" La Fondation (...) est profondément soucieuse des terribles calamités qui ont frappé Gorée. Cette montée des eaux des océans ont causé des dégâts regrettables et nous mettent au grand jour devant nos responsabilités de faire enfin de la sauvegarde de Gorée une réalité vivante", a-t-il dit dans une note transmise à l'APS.
Il a signalé dans le texte que cette île mérite l'attention et la mobilisation de tous, au-delà des efforts louables de l'Etat.
''C'est à quoi s'engagera la Fondation d'utilité publique en charge de sa sauvegarde et de son développement, en commençant par les priorités à court terme et à long terme définies d'accord partie et attendues par les populations de l'île'', a-t-il précisé.
La Fondation se félicite, selon M. Sall, de l'action du maire de Gorée, saluant également la visite du ministre de l'Environnement visant à trouver les solutions idoines rapides pour la protection de l'île.
''La Fondation en appelle également aux ministres de l'Hydraulique et de l'Assainissement ainsi que celui de la Pêche, des Affaires maritimes sans omettre le Directeur du Port de Dakar, afin que Gorée soit incluse et bénéficie par ricochet des projets de financements et d'aménagements signés au niveau privé international et multilatéral par le dynamique Port de Dakar'', conclut-t-il.
La 14ème édition du festival de cinéma Image et vie organisée par le groupe éponyme démarre à partir du 13 juin prochain avec "Mille soleils", le film de la franco-sénégalaise Maty Diop, au théâtre national Daniel Sorano.
Du 13 au 17 juin, le cinéma sera en fête pendant cinq jours avec le festival Image et Vie, une association d’action culturelle, cinématographique et de développement durable créée en 1999. L’ouverture sera marquée par la projection du film de Maty Diop, « Mille soleils », au théâtre national Daniel Sorano. Une œuvre qui porte sur l’héritage personnel et universel que représente Touki Bouki de Djibril Diop Mamebéty. Que s’est-il passé depuis lors ? Magaye Niang, le héros du film de Maty Diop, n’a jamais quitté Dakar. Et aujourd’hui, le vieux cowboy se demande où est passée Anta, son amour de jeunesse.
L’objectif de ce festival reste de contribuer à la valorisation et à la stimulation de la création artistique et particulièrement cinématographique. Selon les organisateurs qui ont fait face à la presse hier jeudi, le thème de cette 14ème édition va porter sur : « jeunesse, citoyenne et créativité avec 40 films à découvrir». Thème on ne peut plus d'actualité car « nous sommes à une année électorale et la jeunesse va être au cœur de la citoyenneté". En dehors des projections de films, il est prévu " des forums qui vont permettre aux jeunes et aux leaders politiques de pouvoir échanger". "Des ateliers rencontres, échanges sur les contenus et l’économie de la production cinématographique africaine, ainsi que d’initiation et de création artistique vont aussi suivre», a souligné le président de l’association Thierno Ndaw.
Concernant la programmation de l’événement, des projections seront organisées en salle, dans les centres culturels et en plein air dans les quartiers populaires de Médina, Colobane et Dakar plateau. Ce qui fera dire à Khalil Dieng, chargé de la programmation, que « le festival va accueillir des films de tous genres (fiction, documentaire, animation) en provenance de toutes les cinématographies, et va consacrer une large place au cinéma africain».
Des distinctions seront aussi remises au meilleur film documentaire, au meilleur court métrage de fiction et à la meilleure interprétation. Sur ce point M. Dieng a renseigné que la compétition concerne les courts métrages et seuls deux longs métrages seront inclus. Pour cette présente édition, contrairement aux autres, le budget a beaucoup baissé. Il est passé de 40 millions à 10 millions. Ce qui fera dire à Thierno Ndaw : « 2014 est l’année du sommet de la francophonie, les ambassades ont leur programmation.
C’est aussi, l’année de la Coupe du monde de football, de la Biennale de l’art africain contemporain au Sénégal, c’est aussi celle du renouvellement des collectivités locales, et de la mise en place du fonds de promotion du cinéma et de l’audiovisuel au Sénégal. Beaucoup d’événements qui font que plusieurs de nos partenaires ont désisté. Et le fait que nous avons une programmation annuelle rend difficile la recherche de fonds.» La clôture du festival aura lieu à la maison de la culture Douta Seck.