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2 mai 2025
Éducation
par Pierre Sané
LETTRE À LA JEUNESSE
Les présidents que nous n’avons pas eus (Mamadou Dia, Abdoulaye Ly, Cheikh Anta, Dansokho..) expliquent, en partie mais en partie seulement, nos échecs. Depuis 1960, nous faisons face aux mêmes maux. Jusqu’à quand ?
Aujourd’hui en 2020 nous n’avons pas célébré notre anniversaire d’indépendance. Et pour cause ! Soixante ans après les soi-disant « transferts de compétences » nous, héritiers de cette « indépendance cha-cha», n’avons pas réussi à extirper le Sénégal des griffes crochues du projet néocolonial et de la chape de plomb étouffante du néo libéralisme. Résultat : nous avons échoué dans l’ambition de transformer le système économique colonial et la société traditionnelle. Conséquence : Nous n’avons pas pu emprunter le chemin du développement endogène véritable.
Le Sénégal que nous allons vous léguer se caractérise aujourd’hui ainsi : une démocratie figée, une économie captive, une souveraineté factice, une société exsangue, une mentalité colonisée et des prédateurs intouchables qui toisent le peuple en toute Impunité.
Qui en voudrait ?
Soixante ans après le (faux) départ du colon le bilan est sans fard :
— Échec ! —
Et ce, malgré les alternances qui nous ont fait danser dans les rues.
Comment en est-on arrivés là ?
1. Léopold Sédar Senghor, le « Negre Gréco-Latin » (dixit Jean Paul Sartre)(1.) a été, dès 1962 , l’auteur du 1er coup d’état de l’Afrique indépendante, et le maitre d’œuvre du premier procès politique truqué de l’Afrique contemporaine : Le procès truqué de Mamadou Dia et l’emprisonnement à vie avec Valdiodio Ndiaye, Joseph Mbaye et Ibrahima Sarr.
Senghor a pendant 20 ans réussi l’exploit de figer la nouvelle nation dans son passé et son carcan colonial, confisquant droits et libertés des citoyens, éviscérant toutes les institutions de la République des contrepouvoirs démocratiques, gérant avec un dédain aristocratique la chose économique, utilisant libéralement la torture sur les militants PAI et massacrant près de 40 Sénégalais en 1963 au cours des manifestations dirigées contre lui. (selon les sources. (2). Tout ça au nom d’un « socialisme africain » aérien, curieusement accolé à un essentialisme très 19 eme siècle d’une race dite nègre, dotée bien entendu d’attributs dits immuables. (la négritude).
2.Abdou Diouf «l’Administrateur des colonies » (2), handicapé par son manque de légitimité politique, (après avoir été choisi par le roi lui-même ) venu au socialisme par le biais de la bureaucratie en voie d’embourgeoisement, est contraint d’embrasser le pluralisme politique en anticipation des affres sociales du 1er plan d’ajustement structurel d’Afrique. Ainsi, il a initié le démantèlement des services publics et sacrifié l’encadrement des producteurs ruraux sous la surveillance sourcilleuse des agences de Bretton Woods tout en nous abreuvant d’envolées senghoriennes du genre « ce n’est pas du plus d’état mais du mieux d’état qu’il nous faut... » comme si les deux étaient incompatibles. Senghor a incarcéré Mamadou Dia mais c’est Abdou Diouf qui l’a mis sous terre.
3. Ablaye Wade l’«insurgé de Versailles », champion indécrottable d’un libéralisme tropical débridé et foncièrement corrompu, arrivé à la présidence avec 20 ans de retard, exerçant son pouvoir inespéré avec une jouissance maladive, déstabilisant l’administration, fragilisant la nation, antagonisant l’Afrique, et mettant en place un système grossier et glouton de rapines. Il a pourri l’esprit des Sénégalais et pour longtemps. Il a gouverné les Sénégalais avec négligence sauf quand il s’agissait de son distributeur de billets, culminant avec le naufrage du Joola (crime d’état s’il en est). Et pour couronner ce festival des horreurs il a eu le toupet de fantasmer sur une dévolution monarchique
Mais c’est quand même bien qu’il ait une retraite paisible en tant que « grand sage de Dakar ». On lui pardonne. En plus il fait tourner la presse !
4. Macky Sall, « le président émergent », chef du parti des républicains, (comme si nous ne l’étions pas tous ) et grand amateur de desserts, est le digne héritier de ses trois prédécesseurs. Mais en pire : à la présidence impériale de Senghor, il a ajouté des pouvoirs encore plus exorbitants bien que manquant la « méthode », chère à Senghor. Allant jusqu’à choisir les futurs députés de Benno. (« Les députés de Macky » disent certains d’entre eux.) Bien que dépourvu de la « rigueur » d’un Diouf, il a remis l’ajustement structurel au gout du jour par le biais du « Doing business », autre escroquerie intellectuelle de la Banque Mondiale. Il a porté la rapine, à grande échelle d’un Abdoulaye Wade, à un niveau industriel sous couvert d’investissements ruineux dans des infrastructures de prestige livrées clés en mains avec retro commissions et endettement compris. (Mais Wade au moins nous faisait rire, en grinçant des dents il est vrai).
Le TER : Garer une Mercedes devant un abri provisoire
Et voilà maintenant que notre président louvoie pour nous imposer la présidence à vie. Après avoir caporisé la haute administration par le biais de nominations purement politiques et partisanes, voilà qu’il va se choisir son chef de l’opposition après avoir embastillé ses adversaires candidats comme lui à la présidence. Il veut donc nous confisquer notre futur. Après avoir « dégraissé » les partis politiques et « engraissé » certains médias, le voilà qui hésite à entamer le pas de danse, très risqué pour notre pays.Très risqué ! Pourquoi créer une crise là où il n’y en a pas ?
Quelle calamité !
Jeunesse Sénégalaise sachez que le 3eme mandat est la voie royale vers une présidence à vie. Quelle que soit la question la réponse est : Non.
Après 60 années perdues, face à une crise économique annoncée, on en est encore à discuter fichier électoral, report d’élections, assemblée nationale impotente , justice inféodée, détournements d’intrants agricoles, système de santé défaillant, non-respect des engagements pris par l’état a l’égard des syndicats et encore et toujours corruption, corruption et corruption !
Du déjà vu ! Jusqu’à quand ?
La jeunesse n’a-t-elle pas raison de s’époumoner : « Y en a marre ! » ou « France dégage ! » ?
Plus de la moitié de notre population vit dans une pauvreté indigne aussi bien dans les villes que dans les campagnes. La moitié de nos compatriotes ne savent ni lire ni écrire. Ceux d’entre vous qui ont été scolarisés y compris ceux qui ont eu un parcours universitaire peinent à trouver un emploi à la hauteur de leurs qualifications et vivent les affres du chômage depuis des années. La violence à l’encontre des femmes affecte un foyer sur deux et les jeunes filles sont traitées au mieux comme des mineures. Vingt-deux mille enfants de moins de 5 ans meurent chaque année des suites du paludisme. Et on nous tympanise avec…émergence !
Pourquoi ces échecs répétés ?
Ce n’est pas une malédiction divine ni quelque chose causée par le « changement climatique »
Non.
C’est parce qu’a fait défaut la volonté politique de s’émanciper des facteurs puissants de corruption que représente la double étreinte néocoloniale (France Afrique) et néo-libérale (investisseurs étrangers laissant en plan le peuple. Ou plutôt cette volonté n’a pas encore été imposée à nos dirigeants par le peuple.
Les présidents que nous n’avons pas eus (Mamadou Dia, Abdoulaye Ly, Cheikh Anta Diop, Amath Dansokho, ...) expliquent, en partie mais en partie seulement, nos échecs. Beaucoup dans la classe politique, obnubilés par la conquête et l’exercice du pouvoir sont recyclés au fur et à mesure des alternances, se constituant ainsi en véritable aristocratie républicaine réunie autour d’un onarque élu. Ils ont administré l’économie et la société plutôt que de les transformer. Ils ont géré la souveraineté octroyée plutôt que d’arracher la souveraineté complète. Ils ont freiné les avancées démocratiques au lieu de les approfondir. Depuis 1960 nous faisons du sur place et faisons face aux mêmes maux. Encore et encore.
C’est simple , ils sont nuls
Que faire ?
Je sais que vous trouverez votre propre voie comme l’a si bien dit Frantz Fanon.(2), sachant que nous serons 33 millions de Sénégalais dans 30 ans (et 65 millions en 2100).
Permettez-moi néanmoins de vous faire quelques suggestions
1. Pour abattre (il n’y a pas d’autres mots) ce système engagez-vous en politique et dans l’action sociale mais n’en faites pas un métier. Les droits et libertés s’arrachent et ne sont jamais donnés par le pouvoir. D’où la nécessité de bien connaitre vos droits. Aussi bien vos droits constitutionnels qu’universels. Au minimum maitrisez la Déclaration universelle des Droits de l’Homme (ONU), la Chartre Africaine de la Jeunesse (AU) (4) et la Constitution du Sénégal. Équipés de ces droits faîtes vous un devoir d’accompagner les combats des populations pour protéger leur patrimoine foncier ou halieutique ainsi que les ressources naturelles et minières du pays. Défendez sous leur leadership leurs droits tout en articulant avec eux les ruptures indispensables dans notre pays. Après tout l’art 25 de notre constitution stipule que « les ressources naturelles appartiennent au peuple. Elles sont utilisées pour l’amélioration de ses conditions de vie. ».
On l’obtiendra une manifestation à la fois.
Ce patrimoine, c’est votre héritage.
2. Combattez ensemble avec toute votre énergie les discriminations a l’encontre des femmes. L’Afrique ne pourra jamais faire fructifier toutes ses potentialités sans une égalité sincère entre Hommes et Femmes. Engagez-vous ensemble (Hommes et Femmes) dans tous les combats, épaule contre épaule et en égale dignité. La promotion et le respect des droits des femmes est une tache qui nous incombe à tous sans distinction de sexe. Ce n’est pas une question de femmes, c’est une question de droits humains. D’ailleurs la constitution stipule en son article 7 que « les hommes et les femmes sont égaux en droit » En plus, jamais , au grand jamais ne doit la violence être utilisée à leur égard que ce soit au domicile, sur le lieu de travail ou dans l’espace public. C’est ensemble que vous pourrez étape par étape imposer les transformations dont notre pays a tant besoin.
Respect.
3. Ne croyez jamais, mais alors jamais, au mythe de l’Homme providentiel. En démocratie nous n’en avons pas besoin et de toutes façons les cimetières en sont remplis. Croyez plutôt en vos propres forces ce qui implique une auto-éducation continue, des efforts d’organisation, une vision claire de ce que vous voulez accomplir. Ayez des principes intangibles et l’éthique chevillés au corps. Soyez exigeants envers les dirigeants du pays. Exigez l’exemplarité, l’honnêteté, la bonne gouvernance a tous les niveaux et soyez intraitables face a la corruption et au « Wakh Wakhett ».Peut-être que les résultats ne seront pas immédiats mais trouvez toujours le moyen de faire entendre votre mécontentement et votre dégout à chaque fois.
N’hésitez pas à protester (Article 10 de la constitution) à manifester, sans oublier les villes du pays et la diaspora, pour dénoncer les turpitudes du régime. Il faut des campagnes pour amplifier la parole du peuple. Et surtout votez ! Mais votez selon votre conscience et jamais en échange de quelques billets de banque. Soyez conscients toutefois que les élections seules, n’amèneront pas les transformations attendues. Il faut les imposer d’en bas en mobilisant toutes les régions et toutes les villes.
Détermination.
4. Dans le travail soyez persévérants. Il n’y a pas de sots métiers mais ayez toujours l’ambition d’aller plus haut et plus loin. Que vous soyez cultivateur, ouvrier, enseignant, artisan ou jeune fonctionnaire mettez du cœur à l’ouvrage et encouragez vos collègues à faire de même. L’effort et la discipline finissent toujours par payer à condition de ne pas céder à la facilité au fatalisme et au découragement. Au contraire soyez des apprenants toute la vie. Éduquez-vous et faites des espaces de travail des lieux de lutte pour imposer la justice sociale.
Lisez au moins un livre par mois. Formez des clubs de lecture.
5. Si vous souhaitez émigrer (ce qui est votre droit consigné dans l’article 14 de la constitution et qui ne requiert aucune autorisation) privilégiez les destinations africaines. L’Europe et l’Amérique ont entamé leur déclin et notre avenir est dans nous en Afrique. Croyez en notre continent. Il a beaucoup souffert mais il fait preuve d’une résilience qui est le terreau sur lequel vous pourrez bâtir une Afrique juste prospère et unie. Gardons autant que possible nos talents et nos énergies chez nous et surtout faites des efforts d’intégration dans les pays d’accueuil. Développez et nourrissez des réseaux avec les jeunesses des autres pays africains et de la diaspora afro-américaine.
Faites de l’utopie panafricaniste d’hier la réalité de demain.
6. Finalement (ré)écoutez Bob Marley dans Redemption Song : « Emancipate yourselves from mental slavery. None but ourselves can free our minds » (4). Nos esprits ont été colonisés par le grand récit colonial, par l’école et par les médias occidentaux pour nous inculquer un complexe d’infériorité préalable à la perpétuation de l’impérialisme. Des auteurs comme Ivan van Sertima, Cheikh Anta Diop et bien d’autres ont mis a nu cette supercherie. Soyez fiers de notre histoire, de la couleur de notre peau, bannissez le xesaal corporel et mental. Nous n’avons rien à prouver à quiconque sinon qu’à nousmêmes. Nous ne sommes pas des « nègres et des négresses ». Les races n’existent pas comme l’a prouvé l’Unesco voilà bientôt 80 ans et ce malgré les élucubrations de Senghor ! Nous sommes des Africains et incarnons sur notre continent toutes les diversités humaines.
Voilà pourquoi il est si important de commencer par le déboulonnement de Faidherbe pour libérer les esprits de l’emprise néocoloniale. Ce n’est qu’un début
Aux adultes et compagnons de ma génération j’ajouterai ceci : La jeunesse se construit en opposition a l’autorité parentale et sociétale. C’est inéluctable
Les générations montantes sont toujours porteuses de changement et de paradigmes novateurs. Ce qui déclenche bien entendu une contradiction majeure avec une société ou les conservatismes sont légion. Dépasser cette contradiction la transcender est la condition d’avancement des sociétés. Ce qui implique que la jeunesse ne soit pas uniquement considérée comme un potentiel en attente de l’exercice de responsabilités. Transcender la contradiction exige que les jeunes et moins jeunes soient parti prenante dans la conduite des affaires de la cité, sans ségrégation.
Jeunesse sénégalaise, la balle est maintenant dans votre camp.
A vous de relever les défis que nous n’avons pas pu ou su relever.
Et sachez que tant que vous résisterez vous ne serez pas vaincus.
Que Dieu vous bénisse
(1) Peaux Noires Masques Blancs de Frantz Fanon. Préface de Jean Paul Sartre
(2) Abdou Diouf est diplôme de l’ENFOM (École nationale de la France d’Outre-Mer ; École de formation des administrateurs des colonies)
(4). Émancipez-vous de l’esclavage mental. Personne d’autre que nous ne peut libérer nos esprits
Pierre Sané est Secrétaire national du parti socialiste du Sénégal, chargé des relations avec les partis de gauche et mouvements progressiste
UN ETUDIANT TUÉ À COUPS DE COUTEAUX
Ahyi Joël Célestin Philippe, étudiant, a été tué à coups de couteaux par des agresseurs. Le drame s’est produit vers 21 heures, samedi soir, vers la petite porte de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD).
Ahyi Joël Célestin Philippe, étudiant, a été tué à coups de couteaux par des agresseurs. Le drame s’est produit vers 21 heures, samedi soir, vers la petite porte de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD).
Une nouvelle qui attriste Mohamed Charababil, chef du département d’Agroforesterie à l’Université Assane Seck de Ziguinchor, qui était d’ailleurs le président du jury lors de la soutenance de Master, en Agroforesterie à l’UASZ, du défunt. Dépeint comme "un jeune et brillant intellectuel".
"Ils ont mis fin au rêve de ce jeune homme plein de vertu et d’une belle intelligence reconnue de tous, pleure-t-il, dans les colonnes de Vox Populi. Ils ont mis fin à l’espoir de toute une jeunesse et de tout un peuple qui pouvait compter sur cet enfant exemplaire pour un avenir meilleur. Ils ont mis fin, avec un simple couteau, à l’espoir de ses deux parents dont il est le fils unique", pleure Il ajoute : "Je revois les visages rayonnants de joie de ses parents lors de sa soutenance de Master en Agroforesterie à l’UASZ, le 17 janvier 2020. J’étais le président de son jury et je n’oublierais pas le témoignage de son père sur les qualités humaines de son unique fils. Ahyi a eu son diplôme avec la mention très bien, rien d’étonnant il a été toujours major de sa promotion depuis la Licence 1 en Agroforesterie jusqu’au Master. Ces lâchent ne connaissent rien de tout ça. Ils ont juste vu sa petite sacoche en bandoulière et pensaient s’enrichir avec quelques pièces de monnaies qui s’y trouvaient. Pour cela, ils lui ont ôté sa vie. Malheureusement vu la fréquence de ce genre d’incident, il semble que ce pays se contente de regarder sa jeunesse verser dans le banditisme, la drogue et à tuer leurs frères et sœurs pour 1000 F CFA au moins. Si on ne se réveille pas de notre sommeil de lion, ça ira de pire en pire. Je ne parle pas de politique, c’est juste le cri de cœur d’un professeur anéanti par le tragique assassinat d’un de ses brillants et valeureux étudiants. Si un de ceux qui me lisent est proche de ceux qui nous dirigent, dites-leur que c’est dur pour nous de vivre ça, que nous avons peur pour nos étudiants, nos enfants, et la jeunesse de notre pays, et que ce pays et sa jeunesse ne méritent pas ce sort".
LA PLACE FAIDHERBE REBAPTISÉE BAYA NDAR
Le conseil municipal de la ville de Saint-Louis a décidé de réhabiliter, lors de sa session ordinaire de ce 26 septembre, la dénomination originellement portée par ce lieu symbolique en wolof
Ne dites plus "Place Faidherbe" mais plutôt "Baya Ndar". C'est ainsi que s'appelle désormais la mythique place de la ville de Saint-Louis dédiée à la gloire de l'ancien administrateur colonial, Louis Faidherbe. Selon nos informations, la décision de débaptisation a été entérinée ce samedi 26 septembre lors d'une session ordinaire de la municipalité. A travers cette dénomination, le conseil municipal réhabilite le nom originellement porté par cette place symbolique en langue locale.
Nous ne disposons pour l'heure d'acune information sur le sort qui sera réservé à la statue de Faidherbe, appelée par de nombreux activistes et autres acteurs de la société civile, à être déboulonnée, dans le sillage des manifestations contre les figures coloniales à travers le monde.
«ON NE PRENDRA PAS LE RISQUE D’ENVOYER DES ETUDIANTS A L’ETRANGER APRES LE 30 SEPTEMBRE»
Dans cet entretien, le Directeur des Bourses, Khalifa Gaye revient sur les dispositions prises par le gouvernement pour faciliter le voyage aux étudiants.
Avec la pandémie de la Covid-19 et le déroulement du baccalauréat au mois de septembre, des illusions se présentent sur la rentrée académique pour les étudiants bénéficiaires de bourses étrangères. Dans cet entretien, le Directeur des Bourses, Khalifa Gaye revient sur les dispositions prises par le gouvernement pour faciliter le voyage aux étudiants. Toutefois, selon lui, certains d’entre eux risquent de rater leur rentrée en raison du délai très court lié aux procédures. Il souligne que l’Etat du Sénégal qui a octroyé plus de 125 bourses étrangères cette année, paie environ 70 milliards de F Cfa en termes de bourse aux étudiants.
Comment bénéficier d’une bourse étrangère à votre niveau ?
Nous avons plusieurs types de bourses étrangères, pour la France mais aussi pour d’autres pays européens et en Amérique, surtout en Amérique du Nord. Nous avons donc les bourses d’excellence où il s’agit d’encourager les élèves excellents au baccalauréat et c’est particulièrement les élèves qui ont eu la mention Très Bien et Bien. Les critères ne se limitent pas seulement à la mention. Pour bénéficier d’une bourse d’excellence, il faut aussi avoir une inscription en classe préparatoire. On a souvent cette incompréhension et surtout des élèves qui sont hors de Dakar. Souvent, ils ne prennent pas les dispositions quand ils sont en classe de Terminale pour chercher ces inscriptions en classe préparatoire. Il faut une classe préparatoire pour la France. Pour les autres pays, il faut que l’université dans laquelle vous voulez vous inscrire soit dans le top 100 Shanghai (classement académique des universités mondiales, Ndlr).
Où en êtes-vous avec les dossiers des bourses étrangères de cette année ?
Cette année exceptionnellement, vu la situation de la pandémie, on avait sorti de notre agenda cette histoire de bourses d’excellence. Comme les élèves allaient dans des classes préparatoires et qu’en France, les enseignements dans les classes préparatoires commencent tout au début du mois de septembre et que nous, notre bac allait commencer le 2 septembre, on se disait que les élèves n’auraient pas la possibilité de voyager. Surtout que les classes préparatoires scientifiques, c’est des enseignements très serrés. Ce sont des programmes qui se font en une année et demie. Ce qui se fait en trois ans à l’université, ils vont le faire en une année et demie en classe préparatoire. Ce qui fait qu’on ne pouvait pas se permettre d’envoyer des étudiants qui allaient être à un mois de retard. C’est pourquoi, dès le départ, on s’était dit qu’il n’y aurait pas de bourse d’excellence. Mais ce n’était pas sans compter avec la volonté politique.
Le Président de la République a donné l’instruction à notre ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Cheikh Oumar Ann, de travailler pour envoyer des étudiants bacheliers parce qu’on a eu de très bons élèves qui ont eu le baccalauréat avec de très bonnes mentions. Et pour respecter les conventions qu’on avait avec des universités, il fallait envoyer des étudiants. Aussi, les élèves comptaient beaucoup sur les bourses. C’est une source de motivation. Ce qui a fait que le Président a demandé à ce qu’on travaille pour envoyer des élèves. On a travaillé dans une première commission pour sélectionner les 17. Au départ, on n’a eu que 17 conventions qui nous avaient été envoyées par des classes préparatoires. Ce sont les classes préparatoires qui nous envoient des admissions et c’est à nous d’affecter des admissions à des élèves. Ces classes souhaitaient avoir que des séries S1. L’Office du Bac nous a envoyé la liste des candidats admis S1 avec mentions Très Bien. Parmi ces candidats, nous avons sélectionné les 17 premiers et ils sont maintenant en cours de route. Ils ont eu leurs visas hier (mardi 22 septembre, Ndlr). En principe, ils doivent partir aujourd’hui (mercredi 23 septembre, Ndlr). Ça, c’était la première partie. Ensuite, on a fait ce qui se faisait habituellement. On a sorti un communiqué pour sélectionner les candidats qui avaient la mention Très Bien ou Bien et des préinscriptions dans les classes préparatoires. Ils ont déposé dans un délai très court cette année. Parce que comme je l’ai dit, les enseignements avaient déjà démarré de l’autre côté et ils doivent partir avant la fin du mois. Ils avaient un délai très court malheureusement pour certains. Mais ils ont déposé quand même et tous ceux qui avaient des dossiers conformes ont été retenus. Ils sont au nombre de 98. Ils sont dans le processus de recherche de visa. Ils ont bouclé leurs dossiers de Campus France. Ils doivent en principe d’ici demain ou après demain (jeudi 24 ou vendredi 25 septembre, Ndlr) au plus tard déposer les visas pour espérer partir. Maintenant, il y a un problème qui va se poser après. Quand ils avaient déposé, on leur avait demandé de nous amener des dérogations que l’université va continuer de les accepter jusqu’au 30 septembre. Mais le problème est que, comme ils déposent leurs visas entre demain et après demain (jeudi 24 et vendredi 25 septembre), le visa peut sortir au-delà du 30 septembre. Donc, la question que nous nous posons, est-ce qu’après le 30, ils vont être toujours acceptés par les établissements ? Si oui, on va toujours les accompagner. Sinon, on ne prendra pas le risque de les envoyer parce qu’on risque de les faire des SDF. On leur conseillera de rester et chercher. Il y a donc des risques parce qu’on a commencé notre baccalauréat très tardivement.
Vous n’avez pas cherché à savoir s’ils vont être acceptés ou non ?
Comme pour les conventions, ce n’est pas à nous de leur trouver des dérogations. C’est eux parce que c’était à eux de chercher les préinscriptions. C’est à eux maintenant de contacter ces établissements et de leur demander de leur envoyer des dérogations ou bien même s’ils n’envoient pas de dérogations, qu’ils garantissent que s’ils viennent après le 30 septembre, ils vont les accepter. De toute façon, on a déjà tout fini. On est disposé à acheter des billets. On les accompagne dans les démarches administratives. Maintenant, si tout cela est réglé et qu’ils aient des prolongations, on va toujours les accompagner. Hier (mardi 22 septembre, Ndlr), on leur a déjà ouvert leurs comptes en France pour préparer leurs paiements. Mais nous ne pouvons pas leur trouver de logements ni de dérogations.
-Beaucoup de boursiers déplorent le retard dans la délivrance des visas. Est-ce à dire que vous n’avez pas pris les dispositions nécessaires ?
Pourtant, on a pris toutes les dispositions. D’ailleurs, c’est l’assistante du chef de service de Paris qui est actuellement ici et qui les accompagne. Le problème de visa, même si le ministère des Affaires Etrangères s’est bien impliqué à travers le ministre chargé des Sénégalais de l’Extérieur, à un moment donné, c’est le système. On ne comprend pas. C’est les machines. Quand on met toutes ces informations, on attend que le système soit ouvert pour pouvoir imprimer le visa. Ça ne dépend pas d’une personne mais d’une machine et on ne peut pas contrôler la machine. Mais ils ont presque tous leurs visas en moins d’une semaine. Quelles sont les dispositions que vous avez prises pour faciliter le voyage des boursiers avec la fermeture des frontières avec l’Union européenne? Tout ça a été réglé par le ministère chargé des Sénégalais de l’Extérieur. Nos étudiants partent, même s’il ne s’agit pas des boursiers d’excellence. Ils partent depuis le mois d’août. Depuis le 15 août, nous avons un lot important d’étudiants qui a déjà voyagé. A la Direction des Bourses, on signe des autorisations de sortie de territoire. C’est une attestation. Combien d’étudiants bénéficient de bourses étrangères chaque année ? Pour les bourses d’excellence, ça tournait autour de 70 au maximum pour les autres années. Cette année, nous sommes au-delà de 125. C’est un coût très énorme parce que déjà l’étudiant est payé à 450000 F Cfa par mois. C’est 650 euros que l’étudiant perçoit par mois de la première année jusqu’en master s’il ne redouble pas. S’il redouble, la bourse est transformée en bourse normale. Pour l’autre type de bourse étrangère qu’on attribue aux autres Sénégalais demandeurs, ça dépend maintenant des villes. Si c’est Paris, pour l’année, presque l’étudiant perçoit 2 300 000. Si c’est hors Paris, l’étudiant reçoit 1900000 F Cfa.
A combien s’élève le montant des bourses payées par l’Etat du Sénégal chaque année ?
L’Etat du Sénégal paie un montant très élevé en termes de bourses. Il paie chaque année et surtout ces deux dernières années environ 70 milliards de F Cfa.
Quelles sont les mesures que vous avez prises pour remédier au retard de paiement des bourses ?
On a fait un travail très colossal pour qu’il n’y ait presque plus de problème de bourses. Déjà, il y a un engagement de l’autorité de mettre à la disposition des structures concernées les fonds. C’est tout un système. Il y a le Trésor. Je peux parler de manière générale le ministère des Finances qui fait le contrôle et qui met à la disposition les fonds pour le paiement. Il y a les universités aussi qui participent en mettant à disposition les listes des étudiants ayant droit à la bourse. Il y a aussi la communication qu’on a eu à mener entre nous et les étudiants au cas il y aurait de retard. Cette année, les bourses se sont payées tous les mois avant le 30. Il y a eu un seul mois où il y a eu un retard et on ne peut pas le considérer comme retard parce qu’on a commencé le 4 alors que le paiement doit commencer le 5 du mois. Toutefois, je ne dis pas qu’il n’y a pas de difficultés.
Quelles sont ces difficultés?
Vous savez, quand nous nous payons, nous faisons nos états validés par le ministère des Finances et ça passe par un processus assez long jusqu’à arriver à Ecobank qui fait le paiement. L’Etat du Sénégal paie presque 130000 étudiants. Ecobank, ne pouvant pas payer en un seul jour pour 130000 étudiants, a trouvé des partenaires comme Wari, Free Money, Proximo etc. Et c’est là où il y a des problèmes. L’étudiant peine à recevoir le code pour être payé. Parfois, il ne sait pas qui paie. Les opérateurs peuvent changer. Même si l’Ecobank a maintenant mis en place une plateforme pour gérer des réclamations, c’est toujours à améliorer. On y travaille. On espère que d’ici l’année prochaine, tout cela soit derrière nous. L’autre difficulté rencontrée par les étudiants, c’est souvent liée aux emplacements de certaines structures comme ceux qui sont à l’UVS où ils sont dans des ENO (Espaces numériques ouverts). On peut parfois avoir un opérateur qui n’a pas un montant élevé.
DES BOURSIERS DANS LA DETRESSE
En cette période où la rentrée académique dans la plupart des établissements d’études supérieures étrangères est effective, des étudiants boursiers peinent encore à avoir leur visa
La pandémie de la Covid-19 a fait que cette année, le baccalauréat au Sénégal a eu lieu au mois de septembre au lieu de juillet comme les années précédentes. En cette période où la rentrée académique dans la plupart des établissements d’études supérieures étrangères est effective, des étudiants boursiers peinent encore à avoir leur visa. Ils déplorent les lenteurs des procédures et craignent pour leur rentrée
Chaque année, des étudiants vont à l’étranger pour poursuivre leurs études. Si les années passées, les procédures se faisaient très tôt, ce n’est pas le cas cette année à cause du déroulement du bac au mois de septembre dû à la pandémie de la Covid-19. Alors que certaines universités étrangères ont déjà commencé leurs cours en ce mois de septembre, d’autres en début du mois d’octobre prochain, les étudiants boursiers affichent leur désillusion face aux lenteurs des procédures de dépôt et de retrait des visas.
Rencontré, mardi 22 septembre, au bureau du dépôt visa Schengen, Ismaila Diack, ayant été accepté par une université française, n’a toujours pas obtenu son visa. « C’est très difficile car avant même d’obtenir le visa, tu vas dépenser beaucoup d’argent. Et même avec la préinscription, on peut te refuser le visa et là tu perds tout ce que tu as mis pour demander le visa et l’université ne t’appuie d’aucune façon. Le plus pénible, c’est l’attente parce que ça prend trop de temps pour sortir. Il y a des étudiants à qui on répond en quinze jours, d’autres en un mois », a fait savoir Ismaila Diack.
Allant plus loin, il craint de rater la rentrée scolaire. « J’ai peur de ne pas recevoir mon visa à temps et que la date limite de la rentrée de l’université soit dépassée», soutient le jeune homme. A ces inquiétudes, s’ajoute le fait de voir si l’établissement va l’accepter malgré un éventuel retard.
Amadou Ka, un autre étudiant boursier est aussi dans le même désarroi. « Mon visa et mon admission à l’université me préoccupent vraiment. On est le 22 septembre alors que les cours démarrent le 30 septembre », lance-t-il. Ils sont nombreux les étudiants boursiers à craindre de rater leur rentrée à l’étranger. « Les étudiants à qui on donne le visa font un test qui dure deux jours au maximum, s’il est négatif, tu fais les dernières démarches mais en partant tu te munis juste des papiers du test. Les demandes de visa sont parfois difficiles. Avec toutes les démarches que tu fais, l’argent investi et les papiers réunis, tu peux ne pas obtenir le visa » se désole Moussa Sarr. Il ajoute : « on devrait nous faciliter toutes les procédures à cause de la particularité de cette année liée au coronavirus car on vient juste de finir le bac ».
En effet, à cette heure, l’année dernière, beaucoup d’étudiants boursiers avaient déjà rejoint leurs établissements.
LE SUDES DENONCE ET INTERPELLE LES AUTORITES
Des centaines d’élèves ont été privés du baccalauréat cette année par manque d’état civil fiable.
Des centaines d’élèves ont été privés du baccalauréat cette année par manque d’état civil fiable. L’information est du Syndicat unique des enseignants du Sénégal (Sudes) à travers une déclaration. C’est pourquoi, il propose «l’assouplissement des règles administratives pour permettre à ces centaines d’élèves de terminale de pouvoir faire la session de remplacement 2020».
Le Sudes qui s’est félicité du taux de 47% de réussite au baccalauréat 2020, dénonce le fait que des candidats n’ont pas pu passer l’examen. « Ces résultats appréciables à l’examen du Bac ne doivent pas cacher cette année, l’ampleur et le désespoir profond des élèves de terminale privés de faire l’examen par manque d’état civil fiable», lit-on dans une déclaration publique envoyée à la presse hier, jeudi 24 septembre après la réunion en session ordinaire du secrétariat permanent du Sudes le 23 septembre 2020. «Dans la seule Académie de Dakar, au niveau seulement de cinq lycées publics, on dénombre une centaine de cas. Sans aucun doute à l’échelle des 16 inspections d’académie du pays, il y a des centaines d’élèves qui ont été privés de la possibilité de faire cette évaluation certificative très importante dans la vie de chaque élève», a fait savoir le syndicat.
Selon eux, «à la vérité, ces élèves ont été des victimes innocentes de la négligence coupable d’abord de parents ensuite des différents échelons de l’administration scolaire» et «il s’y ajoute les manœuvres frauduleuses de certains agents des mairies en matière d’établissement des actes de naissance». De l’avis du secrétariat permanent du Sudes, «il y a là, une violation flagrante des droits humains en général et des droits de l’enfant en particulier, à laquelle, il convient de mettre fin pour conjurer le scandale d’une certaine apatridie qui frappe ainsi injustement de jeunes sénégalais, en les retardant ou les privant du droit à prétendre à l’enseignement supérieur. C’est injuste et c’est inadmissible !».
Le Sudes propose ainsi «l’assouplissement des règles administratives pour permettre à ces centaines d’élèves de terminale de pouvoir faire la session de remplacement 2020». Mieux, ajoute le syndicat : «cette proposition est d’autant plus fondée que certains élèves disposant d’un dossier complet ont été frappés de forclusion à la date du 17 janvier 2020, d’autres auraient pu être en règle avec un léger recul de cette date de clôture.
En conséquence, il y a des circonstances atténuantes en plus de l’esprit de clémence dont il faut faire preuve pour donner une chance à ces candidats malheureux qui pourraient être traumatisés à vie par cette catastrophe pour eux. Il s’agit de rendre justice à ces jeunes dont l’avenir semble scandaleusement compromis par la faute des parents et de l’Etat ».
Allant plus loin, le secrétariat permanent du Syndicat unique des enseignants du Sénégal interpelle le Président de la République et toutes les autres autorités compétentes pour le « juste règlement des cas de cette année et pour des solutions structurelles à la question d’un état civil fiable pour tous les élèves et plus généralement pour tous les enfants du pays ». Il invite par ailleurs « les fédérations de parents d’élèves, les ONG intéressées par la question dont la COSYDEP mais aussi les syndicats d’enseignants à s’investir dans ce combat pour une cause juste et de portée nationale».
En effet, dans ce contexte de pandémie de covid-19, le Sudes a tenu à préciser que les bons résultats du bac 2020 peuvent susciter des «interrogations légitimes». Toutefois, poursuit-il, «il est indécent que celles-ci conduisent à une quelconque dévalorisation et au discrédit du diplôme acquis de haute lutte par les élèves»
LES ETUDIANTS DU PRIVÉ INVESTISSENT LA RUE, BRÛLENT DES PNEUS
Les étudiants orientés dans le privé par l’Etat ont manifesté hier, mercredi 23 septembre 2020, pour réclamer le report des examens du BTS prévu ce lundi 28 septembre.
Les étudiants orientés dans le privé par l’Etat ont manifesté hier, mercredi 23 septembre 2020, pour réclamer le report des examens du BTS prévu ce lundi 28 septembre. Ils ont barré la route qui mène vers Castor et brûlé des pneus, obstruant toute la circulation pendant une heure. Le responsable des étudiants du privé, Babacar Sall, a été interpellé, pendant une demi-heure avant d’être libéré, par les Forces de l’ordre qui dispersé la manifestation.
A quatre (4) jours des examens du BTS, les étudiants orientés dans le privé, par l’Etat, sont passé à la vitesse supérieure dans leur combat pour le report de ces évaluations. Ils ont barré la route qui mène vers Castor, paralysant ainsi le trafic pendant une heure sur cet axe routier. Des pneus, des poubelles remplies d’ordures et des branches d’arbres ont été entassés et incendiés sur la route.
Cependant, les Forces de l’ordre n’ont pas tardé à intervenir pour disperser la foule, avant d’éteindre le feu et rétablir la circulation. Très en colère, les étudiants déclarent qu’ils «seront sur le terrain tant que leur situation, pouvant leur permettre de rejoindre les amphithéâtres, ne sera pas réglée».
A les en croire, les étudiants du privé ne comptent pas déposer les armes. «Aujourd’- hui, nous avons barré la route, brûlé des pneus. Mais que les autorités sachent que ce n’est que le début. J’ai été interpelé par les Forces de l’ordre pendant une trentaine de minutes mais, finalement, ils m’ont libéré. Malgré tout cela, nous ne comptons pas faire marche-arrière, nous allons aller jusqu’au bout, si les autorités ne reportent la date des examens du BTS. Nous ne voulons pas d’un diplôme sans qualification professionnelle», martèle le responsable des étudiants orientés dans le privé, Babacar Sall.
Dans le même sillage, le secrétaire général du Cercle des étudiants orientés dans le privé dénonce le mutisme des autorités et interpelle le président Macky Sall. «Nous avons organisé des conférences de presse dans le but d’alerter les autorités, mais en vain. Cheikh Omar Hann (ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation ndlr), Dame Diop (ministre de l’Emploi, de la Formation professionnelle et de l’Artisanat) qui sont toujours restés dans leur mutisme total. Ils doivent impérativement se prononcer sur la situation des étudiants orientés dans le privé. Nous sommes fatigués ! Nous réclamons une formation de qualité pour diriger ce pays, demain. Que les autorités sachent que les étudiants sont prêts à tout pour obtenir gain de cause. Quitte à descendre chaque sur le terrain pour brûler des pneus, barrer la route», tonne Ansoumana Faty, secrétaire général du Cercle des étudiants orientés dans le privé. Même son de cloche, Yaya Cissé, un étudiant en comptabilité et gestion, qui enchaine : «on a repoussé les examens du Baccalauréat, de même que le Bfem, donc pourquoi ne pas repousser les examens du BTS. C’est un diplôme d’Etat, au même titre que les autres diplômes. Nous exigeons le report de la date des examens jusqu’au mois de décembre. Nous sommes restés plus de trois (3) mois sans faire de cours en présentiel. C’est vrai, des cours en lignes ont été proposés via les plateformes. Mais force est de reconnaître que la connexion coûte excessivement chère au Sénégal, raison pour laquelle beaucoup d’étudiants n’ont pas assisté à ces cours. Nous interpellons directement le chef de l’Etat, Macky Sall. Il est temps qu’il réagisse.
Sinon nous allons maintenir notre mot d’ordre de grève tant que cette question ne sera pas réglée». Pour rappel, les étudiants avaient sorti un communiqué et organisé un sit-in pour alerter les autorités et réclamer le report de la date du BTS. Après la manifestation, les gendarmes étaient toujours postés à l’entrée de Castor, pour veiller au grain et les étudiants s’étaient retranchés dans leur campus.
LES ACTEURS DU SYSTEME POSENT LEUR DIAGNOSTIC
Même si la pandémie de Covid-19 a bouleversé le système éducatif cette année, la session 2020 du baccalauréat a battu le record en termes de réussite avec un taux qui dépasse 46%, selon l’Office du Bac.
Même si la pandémie de Covid-19 a bouleversé le système éducatif cette année, la session 2020 du baccalauréat a battu le record en termes de réussite avec un taux qui dépasse 46%, selon l’Office du Bac. Interrogés sur cette progression du taux de réussite par rapport aux années précédentes, le secrétaire général du Cadre unitaire syndical des enseignants du moyen secondaire (Cusems), Abdoulaye Ndoye, le secrétaire général du Syndicat autonome des enseignants du moyen secondaire (Saems), Saourou Sène, et le secrétaire chargé de la communication de l’Union nationale des associations de parents d’élèves et d’étudiants du Sénégal (Unapes), Marouba Fall, pensent que c’est tout à fait normal qu’on ait un taux élevé de réussite. Ils expliquent cela par la maitrise des effectifs, l’allègement du programme et l’apprentissage virtuel.
ABDOULAYE NDOYE, SECRETAIRE GENERAL DU CUSEMS : «Pour nous, ce n’est pas surprenant qu’on ait ces résultats»
Les années passées, le taux de réussite du bac tournait autour de 30 et 35%. Nous autres, organisations syndicales, nous avons toujours dénoncé le fait que les résultats soient faibles. La règle, c’est la réussite. En France, les taux de réussite tournent autour de 80 à 85%. Il y a eu un moment où on a voulu mettre en rapport le faible taux de réussite au bac et les perturbations scolaires. Mais l’année 2017, il n’y a pas eu de mouvements de grève. Il y avait juste la fraude mais les cours se sont déroulés normalement. Malgré cela, les résultats n’étaient pas fameux. Cela veut dire donc que quand un problème se pose, il faut une analyse rigoureuse. C’est pourquoi nous autres, organisations syndicales, nous disons au gouvernement qu’il faut des études scientifiques parce que la qualité interroge l’environnement scolaire, la qualification des enseignements et la motivation des enseignants. Quand on dit l’environnement scolaire, c’est les effectifs, les infrastructures, la documentation. La qualité est un défi mondial dans l’agenda 2030 avec 17 objectifs de développement durable dont l’objectif 4 qui met l’accent sur la qualité, l’équité, la transparence. Cette année, c’est une année spéciale, marquée par la pandémie qui a bouleversé l’ordre mondial et cette pandémie a également touché les systèmes éducatifs. Mais pour le Cusems, sa position a toujours été claire. Nous avons dit en la matière, il faut écouter les sachants. C’est-àdire ceux qui gèrent le comité national de gestion des épidémies. Pour les résultats de cette année, avec la pandémie, on a eu 20 élèves par classe. Il y a eu une maitrise des effectifs et la maitrise des effectifs est un intrant de qualité. Deuxième aspect, il y a l’allègement des programmes. Troisième aspect, on a allégé la charge des enseignants. Il y a également l’encadrement à distance avec les réseaux sociaux. Beaucoup d’enseignants ont créé des groupes Whatsapp. Le ministère de l’Education a créé un canal même ce n’est pas bien ancré mais cela a un tout petit peu aidé les élèves. Il y a aussi le temps qui a permis aux élèves d’assimiler les cours. Pour nous, ce n’est pas surprenant qu’on ait ces résultats. C’est pourquoi, nous félicitons les élèves, les parents mais nous tirons le chapeau aux enseignants parce que ce n’était pas évident. Il y avait la pandémie mais aussi l’hivernage. Les sujets qui ont été donnés sont des sujets qui ont été réfléchis, pensés. Ceux qui ont évalué, ce sont des enseignants diplômés qui ont toujours évalué le bac comme le Bfem et le Cfee.
SAOUROU SENE, SECRETAIRE GENERAL DU SAEMS «Le tout cumulé devait donner les résultats que nous avons obtenus»
Tout le monde a noté la particularité de l’année scolaire et tout le monde avait craint qu’on arrive à une année blanche ou à des résultats catastrophiques. Mais il faut se rappeler qu’en ce qui ce concerne les classes d’examen du bac, bien avant la reprise du 25 juin, nous avions noté que beaucoup de professeurs avaient déjà créé des groupes Whatsapp et ils entretenaient leurs élèves à distance parce que du moment que tout le monde savait que l’Etat n’allait pas déclarer l’année blanche, les gens s’étaient déjà organisés. Le deuxième élément, c’est que ces élèves qui devaient faire le bac, ils sont d’un âge mûr et l’internet aidant aussi beaucoup d’entre eux, ils se sont mis à faire leurs recherches dans toutes leurs disciplines. Le troisième élément, c’est que les parents d’élèves aussi ont senti la nécessité d’avoir des répétiteurs pour un encadrement rapproché. En dehors de ces initiatives qui relèvent un peu de l’informel, lorsqu’on devait reprendre les cours le 25, il n’y a que les classes d’examen qui ont repris. Là où le professeur avait une classe de Seconde, de Première et de Terminale, cette fois-ci, il se consacre uniquement à sa classe de Terminale. Ensuite, en ce qui concerne les effectifs des élèves, d’habitude le professeur avait en face de lui 80 jusqu’à 90 voire 100 élèves et lorsqu’on a fait la reprise le 25 juin, c’est des effectifs de 20 élèves qu’ils ont dans leurs classes. Donc, c’était très gérable. Le tout cumulé devait donner les résultats que nous avons obtenus. Maintenant, je crois ce qu’il y a comme principal leçon, c’est d’abord de mettre en exergue le patriotisme des enseignants durant cette période-là. Les classes d’examen ont bénéficié d’un encadrement très rapproché. J’allais même dire d’un élan de mobilisation de tout le monde. Ensuite, là où il faut vraiment mettre l’accent, c’est de montrer que si les enseignants du Sénégal avaient à gérer des effectifs raisonnables dans leurs classes, ils produiraient des résultats meilleurs que ce nous avions l’habitude de voir.
MAROUBA FALL, SECRETAIRE CHARGE DE LA COMMUNICATION DE L’UNAPES «C’est tout à fait normal qu’on ait un taux de réussite élevé»
Les élèves n’ont pas fait le quantum horaire. Toutes les leçons n’ont pas été faites. Les classes n’étaient pas remplies comme d’habitude à cause du respect de la distanciation physique. Donc, on a allégé le programme. Au bac, on ne peut que poser des questions que sur ce que les élèves ont appris. C’est ce qui explique le taux de réussite élevé. Il n’y a pas autre chose. C’est tout à fait normal qu’on ait un taux de réussite élevé. Il n’y a pas de tricherie. Les élèves ont travaillé dans de bonnes conditions avec la distanciation physique, un élève par table par exemple. C’est vrai que les années précédentes, on n’atteignait pas 50%. Cette année, partout on a presque dépassé 50% et dans tous les examens.
LES SYNDICALISTES ATTENDENT DU GOUVERNEMENT LE RESPECT DU PROTOCOLE D’ACCORD
Les syndicalistes qui se félicitent des résultats satisfaisants enregistrés au baccalauréat 2020, rappellent au gouvernement ses engagements.
Les syndicalistes qui se félicitent des résultats satisfaisants enregistrés au baccalauréat 2020, rappellent au gouvernement ses engagements. « Le Cusems dit au gouvernement de Macky Sall que la meilleure manière de rendre hommage aux soldats du temple du savoir qui ont montré leur patriotisme, leur engagement, c’est d’honorer les engagements, de respecter les protocoles d’accord », a fait savoir le secrétaire général du Cusems, Abdoulaye Ndoye. Il s’agit, selon lui, de la « question de l’alignement de l’indemnité de logement », de la « question de la surimposition des rappels », les « parcelles non viabilisées que le gouvernement avait promis au Cusems », entres autres.
Le secrétaire général du Saems, Saourou Sène embouche la même trompette. « Le gouvernement doit se rappeler que dans ces moments particuliers, les enseignants comme les médecins ont tiré leur épingle du jeu.
Par conséquent, ce que nous avons et qui nous lie au gouvernement et qu’on appelle protocole d’accord, notamment la question des lenteurs administratives, la question de la rémunération des agents de l’Etat, toutes ces questions, il faut que le gouvernement arrive dans le sens de les régler définitivement. Je crois que les enseignants méritent plus. Ils méritent la reconnaissance du Sénégal et de la Nation sénégalaise », a lancé Saourou Sène.
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EDUCATION ET MARCHE DE L'EMPLOI
Mame Lika Sidibé et Yankoba Badiane accueillent Mamadou Sangharé, Cheikh Mbaye Sarr et Cheikh Faye pour le quatrième numéro des webinaires de l'Université Cheikh Ahmadou Bamba
Mame Lika Sidibé et Yankoba Badiane accueillent Mamadou Sangharé, MCheikh Mbaye Sarr et Cheikh Faye pour le quatrième numéro des webinaires de l'Université Cheikh Ahmadou Bamba.
Le Thème : Conférence 4/5 Education et Marché de l'Emploi.
• Sujet 1 | Adéquation de formation, emploi et organisation du marché du travail (Mamadou Sanghare)
• Sujet 2 | Efficacité des programmes de lutte contre le chômage jeunes (M. Cheikh Mbaye Sar)
• Sujet 3 | Privilégier les compétences pour favoriser l'insertion professionnelle (Cheikh Faye)