Les journées cinématographiques de Carthage plus connues sous l’appellation : « Les JCC » deviennent désormais un festival annuel et non plus biennal en alternance avec le Fespaco. L’édition 2014 se déroulera du 29 novembre au 6 décembre 2014.
« Près d’un demi-siècle après leur création, les JCC se poursuivent afin de servir la promotion des cinématographies des pays arabes et africains. Cette manifestation, qui sera désormais annuelle, est le plus ancien festival de cinéma du Sud…. Afin de mieux répondre aux attentes et besoins des professionnels du cinéma, les JCC ont élargi leur périmètre d’action avec la mise en place de divers dispositifs tels que l’Atelier de projets, les Master Class, le Producer’s Network…» lit- on sur le site des JCC 2014.
Plus qu’une bonne nouvelle, le changement d’option des journées cinématographiques de Carthage est une confirmation du dynamisme de la production filmique sur le continent. Ce qui accrédite l’existence d’un stock de films permettant la tenue annuelle d’un grand rendez-vous des cinéastes, distributeurs, producteurs, organisateurs de festival et critiques de cinéma. Mais, il n’en demeure pas moins vrai que la production reste inégale d’un pays à un autre. Là où le Maroc se targue d’aligner une vingtaine de longs métrages l’an ; le Sénégal rame très loin derrière. D’autres pays ne produisant de longs métrages que tous les deux voire trois ans. La fermeture des salles de cinéma ne donne pas non plus une grande visibilité à la production africaine de films qui ne trouve lieu de diffusion que les écrans des festivals.
Ces trous dans la production de films sont mis en exergue par l’affiche de la 25ième Session des JCC réalisée à partir de la photo de Wassim Ghozlani, figure de proue du mouvement Shutter Party créé en 2010 et qui regroupe de talentueux jeunes photographes , graphistes et illustrateurs tunisiens. Une affiche fenêtre ouverte sur le mur du cinéma africain et arabe et dont les persiennes édentées par endroit reflètent bien la disparité de la production. Ceci ne constitue pas pour autant un frein au désir de la Tunisie de faire prospérer l’héritage de Tahar Cheriaa, fondateur des JCC en 1966, appelé affectueusement le père du cinéma tunisien quoique n’ayant jamais réalisé de films. Il n’était pas cinéaste mais l’un des principaux animateurs des fameux ciné-clubs de Sfax, brillant analyste du septième art et farouche militant pour la décolonisation de nos écrans avec son compère Ousmane Sembéne. Il a eu le cran d’instituer sous la tutelle du ministre Chedly Klibi, alors à la tête du département de la culture, le premier festival cinématographique, biennal, de l’Afrique et du monde arabe alors que le premier long métrage tunisien n’était pas encore sorti de ses langes pour représenter le pays organisateur à ce festival.
Le septième art au sud du Sahara n’en était qu’à son balbutiement. Seuls deux pays : le Sénégal avec « La noire de… » de Ousmane Sembéne et « L’Afrique danse » de la Guinée, donnaient une touche africaine à cette sélection aux cotés de films venus de la RDA, la Bulgarie, l’URSS, la France, la Grande-Bretagne, la Hongrie, la Hollande, la Tchécoslovaquie, la Yougoslavie, la RFA, la Grèce, l’Italie, la Pologne, la Turquie et la Belgique. Quant aux pays arabes, seul le Liban était présent avec le film « Victoire du vaincu » de Samir Nasri
La première édition portait le titre de Festival International des journées cinématographiques de Carthage (FIJCC) ce qui explique la forte présence de pays européens. Omar khlifi, l’un des vétérans du cinéma tunisien et dont le film « Alfajr » était prévu pour représenter la Tunisie (les photos figuraient sur le dépliant du festival), malheureusement pour le réalisateur, les opérations de montage, ne furent pas achevées à temps. Il raconte avec grande émotion la naissance des Jcc dans un article publié dans les pages de « La presse » du 19 novembre 2012. Il écrit : « Après bien des péripéties, des doutes et des hésitations, enfin la première session eut lieu du 4 au 11 décembre 1966…
La compétition était ouverte aux films du monde entier et se déroulait au cinéma «Le Mondial» à Tunis. Après cette première session qui fut qualifiée d’internationale, les responsables voulurent opter, d’abord, pour une formule méditerranéenne, avant de décider que les films participants à la compétition officielle des JCC soient réservés, exclusivement, à partir de la deuxième session de 1968, aux films arabes et africains.»
Le Tanit d’or (premier prix) revint au Sénégalais Sembene Ousmane pour son film La Noire de..., le Tanit d’argent fut décerné au film Le premier cri du Tchèque Jéromil Jirès. Le sénégal aura au cours de ces 48 ans d’existence remporté trois fois le Tanit d’or ( la noire de…en 1966 , Le prix du pardon en 2002 et La pirogue en 2012)
Au paradis des femmes et hommes de cinéma Tahar Chériaa doit bien doit bien afficher un large sourire de satisfaction après ce raccourcissement des délais des JCC. Comment le Fespaco accueillera-t-il cette rupture de connivence, lui qui depuis bientôt 14 ans hésite à se faire annuel et non plus biennal ?
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"UNE SIMPLE PAROLE", FILM DE KHADY ET MARIAMA SYLLA, SÉLECTIONNE AU FESTIVAL DE TORONTO
Dakar, 17 août (APS) - La structure de production Guiss Guiss Communication a annoncé dimanche la sélection du documentaire "Une Simple Parole" de Khady et Mariama Sylla au Festival international du film de Toronto (TIFF), qui se tient du 4 au 14 septembre 2014.
‘’Il y sera projeté en avant première mondiale’’, précise-t-elle dans un communiqué transmis à l'APS. Elle souligne que ‘’ce film est la dernière œuvre de la talentueuse cinéaste et écrivain Khady Sylla, juste avant son décès le 8 octobre 2013’’.
‘’Elle l’a coréalisée avec sa sœur, la cinéaste et productrice, Mariama Sylla’’, poursuit Guiss Guiss Communication, ajoutant que ‘’c’est un testament pour Khady Sylla, avec comme personnages principaux la grand-mère Penda Diogo Sarr et les deux réalisatrices’’.
‘’Un véritable hymne à la poésie cinématographique qui essaie de bousculer les codes du documentaire de création. Comment passer de la tradition orale à la parole filmée ? Une question qui touche l’humanité entière et que les deux réalisatrices visitent avec tendresse, poésie et humour’’, poursuit-elle dans son communiqué.
Elle signale que le film sortira au Sénégal le 8 octobre 2014, au Théâtre national Daniel Sorano. ''La date n’a pas été choisie par hasard, car elle coïncide avec l’anniversaire de la disparition de Khady Sylla'', relève-t-elle.
"1000 CLÉS USB POUR L’ENVIRONNEMENT"
Une campagne de la plateforme "eBook Africa" pour une prise de conscience de l’importance des enjeux écologiques – L’initiative vise en priorité les instituteurs et les élèves du Sénégal
La plateforme eBook Africa lance entre septembre-octobre la campagne "1000 clés Usb pour l’environnement". Cette initiative vise à sensibiliser les instituteurs et les élèves du Sénégal sur les questions écologiques.
Durant les mois de septembre et d’octobre prochains, un millier de clés Usb seront distribuées aux instituteurs à travers le Sénégal. Dénommée "1000 clés Usb pour l’environnement", cette campagne vise la prise de conscience de l’importance des enjeux écologiques. C’est une initiative d’eBook Africa, une plateforme qui cherche à "tisser l’espace numérique des cultures, des peuples et des langues d’Afrique".
Les clés qui seront distribuées contiennent des films animés, réalisés par le cinéaste Joe Gaï Ramaka, un petit guide des problématiques environnementales et écologiques, entre autres. Elles sont destinées aux instituteurs mais, précise Yanis Gaye, le responsable du développement du projet eBook Africa, l’objectif est de toucher, par le partage desdits supports, 50 000 élèves à travers le Sénégal.
"Les instituteurs qui recevront les clés constitueront le noyau du réseau communautaire que nous comptons mettre en place pour aborder d’autres questions comme l’éducation et la mise en valeur des initiatives culturelles", informe Yanis Gaye dans un entretien avec SenePlus.
Le choix de l’environnement comme thème de la campagne n’est pas fortuit. "Les contenus sur l’environnement étaient déjà disponibles. Il était plus simple de les utiliser plutôt que d’en produire d’autres sur les thèmes de l’éducation ou de la santé", indique le responsable du développement d’eBook Africa. Qui espère que la campagne connaitra un succès et fera "effet boule de neige" pour toucher des domaines comme la culture, l’éducation et la santé.
Dans les prochains jours, les initiateurs de la campagne vont procéder sur le Net à une levée de fonds. Objectif : récolter les 20 000 euros (un peu plus de 13 millions de francs Cfa) nécessaires à son financement. Les collectivités locales et les entreprises privées sont les principaux donateurs ciblés. Ces entités, informe Yanis Gaye, intégreront le club des partenaires-parrains qui seront invités à "prendre un engagement en faveur de l’environnement".
"Une réponse locale à une question globale"
La campagne "1000 clés Usb pour l’environnement" bénéficie du soutien du ministère de l’Environnement, à travers sa cellule d’éducation et de formation environnementales. Pour le coordonnateur de ce service, Bakary Ndiaye, l’initiative d’eBook Africa entre en droite ligne de leur programme d’éducation, de formation et de communication sur les questions d’environnement et de développement durable.
"Les clés sont un matériel didactique pertinent, se réjouit-il. Elles renforcent les capacités des enseignants, qui pourront matérialiser leurs enseignements, et développent la culture des élèves en matière d’environnement. En plus, les films animés contenus dans les clés constituent une réponse locale, avec des illustrations locales, à une question globale, celle de l’environnement."
Le ministère de l’Environnement intervient doublement dans le cadre de cette campagne : "Il (lui) apporte un cachet institutionnel et l’appui technique nécessaire pour sa mise en œuvre, informe Bakary Ndiaye. Aussi, nous avons la volonté de contribuer à la recherche de parrains et de partenaires financiers pour la campagne."
Initiateur de la campagne "1000 clés Usb pour l’environnement", eBook Africa est une plateforme audionumérique de diffusion des savoirs en langues maternelles. Sur son site internet (http://ebook-africa.com), on apprend que le projet constitue une contribution "à la création d’un environnement lettré en langues maternelles et participer au développement des industries culturelles du Sénégal".
Dans cette perspective, ses promoteurs ont la "volonté d’éditer des ouvrages audionumériques en langues maternelles pour une formation fonctionnelle du personnel des entreprises et du monde rural". Ce avec la conviction "que le développement de l’économie nationale passera par l’appropriation populaire des Nouvelles technologies de l’information et de la communication".
Alioune Badou Mbodji alias Nigger Jah, rappeur et animateur, s’affiche avec un nouveau look. Plus connu dans le domaine de l’animation et de la musique urbaine, il s’active également dans la mode. Il vient ainsi de lancer une nouvelle collection de vêtements dénommée «Solma» (porte-moi).
Cette nouvelle ligne de vêtements de genre spécifique, en cuir, laine, coton… de couleur blanche dorée a été concocté par l’artiste lui même. «L’idée de la création m’est venue à l’esprit depuis le bas âge, moi j’ai toujours aimé l’ouverture, faire des trucs différents. Car nous ne sommes pas obligés de faire la même chose toute notre vie.
J’aime innover. D’ailleurs, c’est ce qui m’a poussé à échafauder ma propre marque de ligne de vêtements que j’ai appelée Solma’, qui est composée de différentes catégories», confie-t-il. Poursuivant, il dit : «Je m’active dans la mode en essayant, bien sûr, de la cumuler avec la musique, chose qui m’a le plus inspiré. Car avant de m’engager dans la mode, j’étais déjà artiste et pour toucher le maximum de monde dans l’art, il me faudrait d’autres choses. Parce qu’il ne se limite pas seulement à la musique, il faut élargir et c’est ce qui fait la diversité chez les artistes».
De surcroît gérant d’une boîte de nuit, «Vip club», il explique qu’il s’efforce juste de «découvrir beaucoup de choses». C’est pour cela que «Solma est une ligne de vêtements de diverse marques, de tous les genres, de notre création. C’est du classique, du moderne, de l’urbaine et du traditionnel.
De ce fait, tout un chacun y trouvera ses goûts. En ce qui concerne la commercialisation, elle se fera en ligne, même si on a déjà notre local».
Le Fort Faidherbe de Podor est dans un piteux état. Ce patrimoine historique et culturel, érigé pour la première fois en 1774 par Pierre Barthélémy David, menace ruine. Certes, une partie a été réhabilitée en 2006 par la France, mais si rien n’est fait, un pan important de notre mémoire risquera d’être perdu.
Le Fort Faidherbe de Podor est dans un état de dégradation avancé. Il menace ruine. Selon Abdourahmane Niang, un historien de 82 ans, le premier fort fut construit en 1774 par Pierre Barthélémy David, gouverneur de la concession du Sénégal pour la compagnie des Indes.
« Pierre David a acheté le terrain de 4 hectares des mains du Satigui du Fouta Konko Boubou Moussa, l’oncle de Samba Guélaguédji. Il y a érigé le fort en 1774 », renseigne M. Niang, enseignant à la retraite. S’intéressant beaucoup à l’histoire de la zone, il ajoute que la construction de l’édifice prit fin en 1854.
« Le Fort a été construit en 6 mois avant d’être abandonné. Faidherbe l’a reconstruit en 45 jours », précise-t-il.
Le Fort est situé au quartier Thioffi, au nord-est de la ville. Au départ, il s’étendait sur près de 4 hectares, selon M. Niang. Dans le même temps, le fort était étendu jusqu’au fleuve, sa façade correspondant en partie à l’emplacement actuel du Cem Thierno Mountaga Amadou Tall. Cette extension a aujourd’hui totalement disparu.
Depuis l’indépendance et le retrait des Français, il s’est considérablement rétréci. Actuellement, le Fort n’occupe qu’une portion congrue. L’espace a été morcelé. Les autres bâtiments et espaces sont occupés par d’autres services. Une partie du musée abrite la bibliothèque municipale, un autre bâtiment a été réhabilité et transformé en hôtel (Résidence Belly Torodo).
Selon des témoignages, l’hôtel de ville et la Case foyer sont également construits sur une partie de ce qui constituait l’ancien fort. Maintenant, regrette Abdourahmane Niang, le fort ne donne plus accès au fleuve et n’est que l’image d’un lieu abandonné à son triste sort. Jusqu’en 1960, le fort était occupé par les Français.
Haut lieu de la pénétration coloniale
Le Fort Faidherbe est composé d’un bâtiment imposant avec deux autres en annexe surplombant un mur de clôture, le tout aux couleurs jaunes et ocre. Une fois la grande porte d’entrée franchie, l’on fait face au bâtiment central, un étage avec un rez-de-chaussée quadrillé par deux bâtiments annexes situés aux extrémités gauche et droite.
A la véranda du grand bâtiment, deux portes: l’une donne accès à une chambre à gauche menant vers les escaliers et une salle faisant également office de bibliothèque où des tableaux et photos sont accrochés aux murs et des livres sont superposés sur deux tables.
La porte de droite conduit à quatre chambres: un salon donnant à une suite avec une porte de sortie vers l’arrière du bâtiment et deux autres à droite où sont exposés dans des vers, le matériel d’un photographe du musée, dans la première salle, et des objets anciens abandonnées par des Sérères.
L’une des pièces, explique le vieux Ibrahima Sy, collaborateur du conservateur, servait de chambre au gouverneur Faidherbe. On y retrouve un lit en fer, une valise en bois de couleur noire. Avant cette chambre, il y a le salon avec une salle à manger et une petite armoire. Dans une autre chambre, on y retrouve une monture et un fusil.
A défaut d’avoir le conservateur, nous nous sommes contentés des explications de son collaborateur Ibrahima Sy. C’est en sa présence que nous avons visité l’intérieur de ce labyrinthe. Des expositions à travers des cartes retracent l’histoire, la situation géographique, des objets archéologiques, photos d’archives accrochées un peu partout sur les murs.
On y retrouve également des expositions sur l’archéologie des peuplements anciens et recherches archéologiques, sur Louis Léon César Faidherbe (1818-1889), ancien gouverneur du Sénégal, sur la colonisation notamment l’occupation commerciale des Européens, des Portugais, Français, Hollandais et Anglais, sur El H. Omar Tall : l’homme et ses périples, ses conquêtes et œuvre, sur l’Islam et la guerre maraboutique et sur la restauration du Fort.
Réhabilitation partielle en 2006
En dehors du bâtiment central, le Fort est composé de quatre tours de contrôle avec des canons qui donnaient une vue directe sur le fleuve et le reste de la ville. Le bâtiment qui se trouve à gauche à l’entrée servait de magasin d’habillement alors que celui qui est à droite était destiné à l’armement.
Ce fort vieux de près de 240 ans est dans un état de délabrement très avancé.Certes une partie a été réhabilitée en 2006 par la France, mais ce patrimoine historique et culturel est en quête d’une nouvelle jeunesse. Les murs de couleur jaune sont défraîchis et fissurés. Certaines tours ne sont plus fréquentables car elles menacent de s’effondrer à tout moment.
C’est le cas de la tour 4 située tout juste à l’entrée et qui servait d’écurie aux colons. « N’entrez pas. Depuis quelques temps, nous interdisons aux visiteurs de pénétrer dans cette tour car elle commence à s’effondrer », nous lance M. Sy.
Recevant la visite des touristes et autres, le fort est sans eau, ni électricité. « Il attire beaucoup de touristes mais il doit être bien géré. Il n’a ni eau ni électricité. Il a tout ce qu’il faut pour abriter des manifestations culturelles », déplore Eric Sylvestre, cogérant d’une résidence hôtelière.
Cette situation sera bientôt qu’un mauvais souvenir selon le collaborateur du conservateur. « Des travaux ont été entrepris par le ministère de la Culture pour l’installation de sanitaires et l’électrification du fort. Il ne reste qu’à faire la demande à la Senelec. Pour l’eau, il reste encore », s’empresse d’ajouter Ibrahima Sy. Le fort est transformé en musée régional et confié au ministère de la Culture.
Le Fort selon Le chevalier de Boufflers
Croulant sous le poids de l’âge, ce patrimoine historique classé reçoit néanmoins des touristes étrangers et des nationaux. « La visite est gratuite pour les nationaux, mais les étrangers déboursent 1.500 FCfa par personne pour y accéder. Cette somme est demandée pour faire face aux problèmes d’entretien. Il n’y a n’a pas de budget pour faire face aux charges », informe M. Sy.
Il déplore tout de même le fait que les Podorois ne s’intéressent pas à ce patrimoine qui renferme une partie de leur histoire. « Nous recevons beaucoup de touristes. Rien que le bateau Bou El Mogdad peut verser jusqu’à 80 visiteurs par mois sans compter ceux qui viennent individuellement », ajoute M. Sy.
« Des Sénégalais visitent le fort mais les Podorois ne s’y intéressent pas. C’est déplorable », fulmine-t-il. « A défaut d’aller à Gorée, nous faisons visiter à nos élèves le fort qui renferme une bonne partie de notre histoire coloniale », renseigne Sana Badji, professeur d’histoire et de géographie au Cem Thierno Amadou Tall.
En 1787, le fort se présentait ainsi selon le chevalier de Boufflers : « C’est une cour carrée entourée de quatre mauvais bâtiments à rez-de-chaussée, sans plancher, sans plafond, couvert de planches mal jointes et dans chaque coin des espèces de tourelle dans l’une desquelles demeurent le commandant ».
CHEIKH SIDY MACTAR MBACKÉ, ''GARDIEN'' DE L’ORTHODOXIE MOURIDE
Le porte-parole permanent du Khalife général des mou- rides, Cheikh Thioro Bassirou Mbacké, vient de faire paraître son premier livre consacré au guide religieux Cheikh Sidy Mactar Mbacké. « Le Khalife de la renaissance spirituelle », titre de l’ouvrage, sera bientôt disponible.
Rédigé sur 7 chapitres, « Le Khalife de la renaissance spirituelle », le premier ouvrage de Cheikh Thioro Bassirou Mbacké écrit sur l’actuel Khalife général des mourides retrace la trajectoire de Cheikh Sidy Mactar Mbacké.
Son neveu, porte-parole permanent depuis 1993, lui rend un « vibrant » hommage en évoquant son parcours, que la quatrième de couverture du livre présente comme « une référence pour la jeunesse ».
Dans cette biographie, l’auteur y raconte comment son père, Feu Serigne Cheikh Bassirou Mbacké, l’a mis entre les mains du Khalife qui a dirigé son éducation. Il explique pourquoi Cheikh Sidy Mactar Mbacké porte bien le surnom de « Khalife de la renaissance », autrement dit, le « gardien » de l’orthodoxie de la confrérie mouride.
Dans le livre, le guide religieux est décrit comme un « éveilleur » de conscience et un « veilleur » de Dieu auprès des adeptes de l’Islam.
Dans ses explications, Cheikh Thioro Bassirou Mbacké part de la naissance du Khalife Cheikh Sidy Mactar Mbacké jusqu’à sa rencontre avec son grand-père, Cheikh Ahmadou Bamba, lorsqu’il avait 7 ans.
DOUZE MEMBRES POUR CHOISIR LES ŒUVRES DE DECORATION
Artistes, architectes et critiques d’art composent le jury du concours de décoration du centre des conférences de Diamniadio qui doit recevoir des manifestations du sommet de la Francophonie prévu à Dakar en novembre prochain. Ils ont été officiellement installés, hier, par le ministre de la Culture.
En compagnie du directeur des Arts, le ministre de la Culture et de la Communication, Mbagnick Ndiaye, a procédé hier à l’installation du jury du concours de décoration du centre de conférences de Diamniadio. Lequel centre est en construction très avancée.
Composé de douze membres, le jury devra choisir une centaine d’oeuvres qui orneront les différents espaces de cet édifice. Dans le lot des candidats, l’architecte, designer et réalisateur Nicolas Sawalo Cissé, le journaliste et critique d’art Massamba Mbaye, le sculpteur Ousmane Sow, la galeriste Thérèse Turpin Diatta, le critique d’art et directeur des Manufactures sénégalaises des arts décoratifs, ainsi que le muséologue et critique d’art Ousmane Sow Huchard.
Cent soixante dossiers sont actuellement disponibles et doivent être départagés par ledit jury. Ce dernier, comme l’a soutenu le directeur des Arts Ousseynou Wade, “a du pain sur la planche”. Car, les oeuvres sont des créations d’artistes de diverses générations et qui sont aussi talentueux les uns que les autres.
Mais également et surtout parce que le centre de conférences de la Francophonie recevra 76 chefs d’Etat et d’éminentes personnalités du monde. Décorer un tel espace doit être une réussite totale, d’autant plus que c’est l’art sénégalais qui est engagé.
Aussi, pour réussir leur pari et arriver à satisfaire les visiteurs, le directeur des Arts Ousseynou Wade a demandé aux membres du jury présents lors de la cérémonie d’installation de leur comité de se donner 4 semaines pour terminer le travail.
“Dès son installation, il faut que le jury se réunisse. Qu’il choisisse les oeuvres à installer d’ici à la fin du mois d’août ou dans la première semaine du mois de septembre. Ce serait magnifique. Et une chose est de choisir des oeuvres et de les apprêter, une autre de les installer”, a-t-il argué.
Ceci leur permettrait d’être dans les délais et d’installer toutes les oeuvres bien avant le début des conférences. Et des espaces à orner, le lieu visé en compte beaucoup, si l’on se fie à la présentation de l’architecte chargé de sa réalisation.
Qui a dévoilé une partie du plan du centre de conférences de Diamniadio et les artistes présents dans la salle ont pu apprécier la multitude d’espaces qui leur est réservée pour la promotion de leur art. Et d’après Mbagnick Ndiaye, un tel projet de faire participer les artistes sénégalais “donne l’occasion de traduire la volonté du chef de l’Etat de soutenir les artistes, invitant au respect d’une disposition juridique qui prévoit la décoration des édifices publics ou recevant du public”, a-t-il déclaré.
Keur Gui, le crew kaolackois s’apprête à mettre sur le marché un double album. Le duo Thiat et Kilifeu y évoque la somme de leurs expériences d’où le titre du coffret, ‘’encyclopédie’’. Un avant-goût est donné au public dans un single intitulé ‘’diogoufi’’. Dans un entretien accordé à EnQuête, l’un des membres du pose, en l’occurrence Thiat, revient sur les conditions de sortie de leur double production, le concept ‘’livre audio’’, mais aussi et surtout sur l’actualité nationale dominée par le procès Karim Wade, la reddition des comptes, la réduction du mandat du président de la République etc.
La sortie de l’album avait été prévue pour début 2013, finalement ce sera fait presque en fin 2014. Qu’est-ce qui explique cela ?
On est des artistes. On fait des prévisions. On voulait respecter ce délai. Mais comme on est des perfectionnistes, on s’est déplacé de pays en pays pour parfaire cet album. On est allé jusqu’aux USA pour sortir un album de qualité. On a été obligé de respecter un plan de travail pour avoir cela. On ne pouvait pas ne pas faire cela. On n’a pas voulu aller dans n’importe quel studio, ni avoir n’importe quel mixe. On a frappé très fort. On est allé dans un studio très cher avec un ingénieur de sons très respecté. C’est ce qui a retardé la sortie de l’album. Aussi, il y a eu des évènements au Sénégal comme les élections locales, la période hivernale, etc. On a choisi le lendemain de la tabaski pour sortir l’album. Là, suivant la logique ‘’Keur Gui’’, on a commencé la visite prénatale. On a fait l’échographie et il se trouve que ‘’Keur Gui’’ est ‘’enceinte’’ de jumeaux baptisés ‘’opinions publiques’’ et ‘’règlements de comptes’’. On veut vendre un million d’albums à la sortie de la production. C’est l’un de nos objectifs mais aussi atteindre le million de vues sur internet avant la fin de ce mois parce qu’on veut sortir un autre single.
le concept renvoie à quoi et qu’entendez-vous par encyclopédie, titre de votre production ?
Nous sommes des individus. On vit, on évolue et on capitalise des expériences. Tout cela englobé peut se résumer en une encyclopédie. Donc, c’est la somme de nos vécus. On parle de livre audio parce que pour nous, c’est un bouquin. Ce n’est pas un bouquin classique qu’on peut lire mais qu’on écoute plutôt. On veut partager avec le monde ce que nous pensons, ce que nous sentons et notre vision de l’Afrique. Vous verrez dans cet album qu’on traite de divers sujets. On a parlé du Sénégal, de l’Afrique, du courage de nos leaders, de la Francafrique, des rapports nord-sud. On a parlé de tous les problèmes qui touchent actuellement le monde. Cet album ne pouvait être qu’une encyclopédie. On en a sorti deux chapitres et d’autres suivront d’ici 4 ou 5 ans.
‘’Règlements de comptes’’ vous dites. Vous réglez des comptes avec qui ?
Avec le hip-hop. Il y a eu beaucoup de comptes à régler. Beaucoup de choses ont été dites. Certains ont dit que Keur Gui, c’étaient juste maintenant des activistes mais ne rappait plus. D’autres se demandaient si on pouvait faire un album meilleur que le dernier qu’on a mis sur le marché, etc. On devait régler ces comptes. On est aussi revenu pour bouleverser et asseoir notre hiérarchie définitivement. On l’avait fait avec notre dernier album mais comme certains polémiquaient encore sur cela, on a voulu clore le débat sur ça une bonne fois pour toute. On veut montrer aux gens que quand Keur Gui est là, personne ne sort. Quand quelqu’un sort un album en même temps que nous, il risque de ne pas vendre.
Keur Gui avait-il vraiment besoin de faire des textes pour répondre. La sortie d’un double album ne suffisait pas pour cela ?
On n’a pas écrit des textes pour répondre. On répond par le nombre de titres et la qualité de la musique, des textes, des techniques et des flows. C’est un album très hip-hop. On a un public très hip-hop et c’est pour ce dernier.
On sent un changement dans la composition musicale avec le single sorti. Vous êtes plus posés dans le flow et la musique n’est pas aussi rythmée que ce que vous serviez d’habitude. Vous avez changé de direction ?
C’est vrai la musique est plus lente d’où l’intelligence de faire deux albums. Dans ‘’règlements de comptes’’ c’est le beat hip-hop pur et dur. Dans ‘’opinion publique’’ on propose des musiques plus posées mais on est toujours dans les bases du hip-hop parce que c’est du 4 temps. Dans le single, moi j’ai slamé et Kilifeu a chanté. D’aucuns me diront, on n’a jamais connu Kilifeu dans ce registre mais bon, c’est un plus et c’est tout bénéfique. Il sait le faire et il a déchiré. On est toujours dans le hip-hop mais on a épousé d’autres genres. Le hip-hop est polygame et peut épouser toutes sortes de sonorités.
‘’Opinion publique’’ parle de quoi ?
Nous sommes des Sénégalais très lambda. Nous appartenons à la basse classe sociale. Ce qu’elle dit tout bas, c’est ce qu’on vient nous dire tout haut. Nous nous sommes fait l’écho sonore des populations pour récolter ce que les Sénégalais disent au quotidien. Ecoutez le single sorti ‘’diogoufi’’, on n’a rien dit que les Sénégalais n’ont déjà dit tout bas. On n’a fait que changer des hommes mais rien n’a vraiment changé. Les politiques nous jouent toujours la même musique. Des choses graves se passent. On nous dit que c’est la première dame qui nomme les ministres. C’est pire que ce qui se passait. Dans aucune République, on a vu une première dame nommer des ministres. Cela n’existe pas. On ne voit cela qu’au Sénégal. On vit encore les délestages, les coupures d’eau et j’en passe. Quand il y a eu des problèmes avec le tuyau de Keur Momar Sarr, le Président avait promis de sanctionner. On attend toujours. Rien n’a été fait dans ce sens alors que ce problème persiste et demeure. L’enseignement a des problèmes. Il a besoin de changements radicaux. S’il faut même fermer l’école sénégalaise pendant une année pour réformer et voir ce qui ne va pas, il faut le faire. Les jeunes ne travaillent pas. Rien ne marche dans ce pays, y en a marre ! ‘’dafa doy !’’.
Que pensez-vous du procès de Karim Wade ?
Aujourd’hui ils nous présentent Karim Wade comme un prisonnier politique alors qu’il est un présumé voleur. Pourquoi ? Parce qu’on a un Etat qui communique sur un dossier qui devrait appartenir à la justice. Ils se sont payé un avocat qui n’est que dans les polémiques. Je pense que c’est un procès qu’il faut suivre dans le calme. On n’est pas dans l’euphorie. On dirait que l’Etat est en train de tâtonner sur plein de choses et cela est du à une mauvaise communication. Karim Wade a eu à occuper des responsabilités et à gérer des portefeuilles ministériels, il doit aujourd’hui s’expliquer sur sa gestion, c’est à la justice de l’écouter. Laissons la justice faire son travail. Maintenant, que les ‘’mackystes’’ ou les ‘’wadistes’’ fassent du tintamarre, cela n’intéresse pas les Sénégalais. Ce qui nous importe nous, le peuple, c’est que la vérité éclate. Il a volé, c’est combien et voilà les preuves ? Ou il n’a pas volé, en voilà les preuves et on le laisse. C’est tout ce qu’on veut savoir. Il n’y a pas encore eu de procès. On est dans les polémiques. Le procès en tant que tel n’a pas encore commencé parce que Karim n’est pas encore venu à la barre répondre des délits dont il est accusé. On veut que les gens sachent que Karim Wade est le cadet de nos soucis. C’est le peuple sénégalais qui nous importe. Il y a en prison beaucoup de gens qui attendent d’être jugés. Il y a les jeunes de Colobane, les jeunes de Matam, etc. Ce n’est pas parce que Karim Wade est le fils de Wade et qu’il soit connu qu’on ne doit s’intéresser qu’à son cas.
On parle de reddition des comptes. La mesure ne devait-elle pas être générale et concerner tout le monde à commencer par le président de la République lui-même ?
C’est ce qu’on dit dans ‘’diogoufi’’. On a un gouvernement qui n’a pas de visions et qui est dans le gâchis permanent. Nous les Sénégalais, depuis super longtemps, nos gouvernants se jouent de nous. Regardez nos politiciens, ce sont des chômeurs parce qu’ils n’ont pas de travail. Mais ce sont des chômeurs riches. Leur boulot, ce sont les financements des partis. On attendait une rupture qu’on n’a pas vue. On combattait une monarchie et on est tombé sur une dynastie. Nous voulons des mesures strictes. Il faut que Macky Sall prenne ses responsabilités et opère des changements. Quand on parle de changements, on ne demande pas le remplacement d’un Premier ministre mais un changement de politique. La vision du Président n’est toujours pas claire. C’est quoi le Sénégal émergent. Personne n’arrive à m’expliquer cela clairement. On me dit que Macky donne 50 mille F Cfa à des familles pauvres. Mais ça, c’est de l’aumône, du fétichisme et de la politique pour avoir de l’électorat. Ce n’est pas du social. Et ces dernières n’auront plus cela quand Macky ne sera plus là. Alors que s’il ouvrait des usines et embauchait les fils de ces familles, il leur serait d’une plus grande aide. On ne veut pas qu’on nous donne du poisson on veut qu’on nous apprenne à pêcher.
L’actualité, c’est également la réduction du mandat du président de la République. Il parle aujourd’hui de referendum, vous en pensez quoi ?
Macky Sall fera 5 ans. Ça, c’est clair. C’est lui qui l’avait dit. S’il ne le fait pas, il fera du ‘’wax waxeet’’. On a déjà combattu cela contre Abdoulaye Wade on n’hésitera pas à le faire contre Macky Sall. C’est clair. C’est lui-même qui l’a dit sans qu’on ne l’y oblige. C’est l’une de ses promesses phares et c’est l’une des choses pour lesquelles les Sénégalais ont voté pour lui. Il n’a qu’à tenir sa promesse. S’il fait du ‘’wax waxeet’’, on fera du ‘’def defaat’’.
Le monde rural est confronté à d’énormes difficultés du fait du démarrage tardif de l’hivernage. Pour vous, quelles mesures l’Etat doit prendre pour lui venir en aide aux populations rurales ?
Il est trop tard pour prendre des mesures. Il fallait faire cela avant. Gouverner, c’est prévoir. Quand un Etat n’est pas capable de le faire, c’est grave. On sait que le Sénégal est un pays sahélien et quand il ne pleut pas jusqu’au mois d’août, c’est grave, mais il fallait penser à des bassins de rétention pour irriguer. Avec cela, les gouvernants voulaient faire du technopôle une arène alors que c’est le seul poumon de Dakar. Cela démontre qu’ils n’ont pas de visions. Le monde rural est en train de souffrir. Déjà à la base, ils ont pris leurs terres et les ont donnés à des privés qui y font du n’importe quoi. Il faut également qu’on diversifie ce qu’on cultive. Tant qu’un pays n’a pas atteint son autosuffisance alimentaire, il restera toujours dépendant. Nous voulons une véritable politique agricole. Qu’on nous donne des terres pour cultiver. On est prêts. On connaît l’importance de la terre. Thomas Sankara en a parlé, de même que Cabral. En voilà de vrais leaders. Ils n’étaient pas des Présidents. Ils étaient les premiers à descendre sur le terrain pour se battre. Le Président lui n’est que le commis du peuple. Et quand le peuple n’est pas content, il le renvoie.
Le grand Serigne de Dakar est sorti pour demander la fermeture des bars et des dancings afin qu’on ait une bonne saison des pluies. Est-ce vraiment la solution ?
Je pense qu’il faut être sérieux et rationnel. Si c’était cela, il n’aurait pas plu sous d’autres contrées. En occident, on compte des milliards de bars et de dancings, et il ne cesse de pleuvoir. Ce n’est pas cela qui retient la pluie. La pluie est un phénomène naturel. C’est Dieu qui décide de quand est ce qu’il pleuvra. Si on croit en Dieu, on doit ainsi réfléchir. Maintenant si on croit en d’autres choses, moi je ne peux en parler car c’est en Dieu que j’ai foi. Cherchons des solutions alternatives, allons dans l’irrigation, cherchons des forages pour permettre au monde rural de travailler. Pour moi, parler des bars, des clubs et autres, cela relève du paganisme.
Le monde de la culture et des arts est en deuil suite au décès, jeudi 7 août dernier de Abdou Kounta Diaïté. Ce haut personnage de la saxophonie de l’UCAS Jazz Band de Sédhiou a tiré sa révérence à l’âge de 79 ans. Abdou Kounta Diaïté était l’un des plus talentueux saxophones de l’histoire moderne des instruments à vent, racontent ses proches. Un patriarche s’en va, un pan de la culture musicale de la Casadimansa s’effondre.
Abdou Kounta Diaïté était incontestablement l’une des plus brillantes perles des instruments à vent en Afrique et même de par le monde, racontent ses proches. Pour avoir été autodidacte en saxo dans un premier temps, l’homme a surpris tout le monde de par la dextérité de ses doigts avant de former les jeunes générations, raconte son fils Djiby Diaïté, artiste musicien compositeur du mouvement hip hop : « mon père m’a raconté un jour qu’il n’a jamais appris à souffler dans le saxo, c’est seulement un jour et brusquement réveillé d’un sommeil qu’il est sorti en plein nuit se promener dans la rue à Ziguinchor. Tout d’un coup, c’est une forme humaine qui se présente à lui. Il lui joue un ballon de foot, le vieux laisse passer la balle puis il lui tend la flûte qu’il a saisie et y a soufflé. C’est un don naturel». Amadou Lèye Sarr alias Consé Sarr loue les qualités de l’homme et confirme le don en la matière : « personne n’a appris à Abdou Kounta à jouer au saxo. Il savait jouer l’ensemble des instruments à vent tel que la flûte, la clanette, le saxo aldo, le saxo ténoble, le saxo soprano. Manou Dibango le classe parmi les cinq meilleurs saxophones du monde. C’était un meneur d’homme ».
«Abdou Kounta était un frère à moi, mais je le prenais pour un père tellement qu’il a su guider mes pas depuis l’école jusqu’à la musique » déclare Ibou Diaïté, frère de Abdou Kounta et chef d’orchestre de l’Ucas jazz bande de Sédhiou. Abdou Kounta Diaïté a assurément donc contribué à l’éclosion de jeunes talents de l’UCAS Jazz Bande qui est l’une des sections de la grande entité de l’union culturelle et artistique de Sédhiou (UCAS) créée à la veille de l’indépendance du Sénégal et plus précisément le 4 octobre 1959. L’un de ses plus anciens compagnons, El Hadji Dandan Diédhiou, explique que « c’est l’adjoint au maire d’alors Sankoung Sané qui a fait appel à Abdou Kounta Diaïté pendant qu’il était encore à Ziguinchor où il jouait dans le Casa Créole bande en 1960. Il a été plusieurs fois chef d’orchestre parce que c’est un meneur d’homme».
L’UCAS, un trait d’union entre le Sénégal et la Gambie
Le séjour gambien a beaucoup contribué au raffermissement des liens avec le Sénégal où ils ont déniché une virtuose de la kora, Malèni Diébaté raconte que « Abdou Kounta avait un bon cœur, il a su rassembler tout ce beau monde autour de lui et en a assuré la cohésion du groupe ». Sa succession au saxo n’est pas chose aisée, dixit Consé Sarr :« par plusieurs fois, nous avons envoyé des jeunes de Sédhiou au conservatoire de la musique à Dakar pour apprendre le métier, mais ils n’ont pas été sérieux, c’est dommage ». Son fils Djiby Diaïté promet de s’illustrer dans la culture, même si son style à lui est le hip hop bien différent du rôle musical de son père.
A Signaler que l’UCAS était trois fois médaillé d’or de la Semaine Nationale de la jeunesse où les différents orchestres du pays rivalisaient lors des concours, l’orchestre casamançais est finalement déclaré hors concours en 1973. C’est aussi le premier orchestre à représenter le Sénégal au Festival panafricain d’Alger en 1969. L’UCAS est aussi le premier orchestre à introduire des instruments traditionnels dans la musique moderne à savoir la kora, le bougheur et le balafon. Abdou Kounta Diaïté tire sa révérence à l’âge de 79 ans. Sédhiou pleure son fils, le monde artistique regrette son monument qui s’effondre, mais dont la symphonie du saxo reste à jamais gravée dans la mémoire collective.
"IL Y A EU DES INCOMPRÉHENSIONS MAIS JAMAIS ANIMOSITÉ AU SEIN DE NOTRE TROUPE"
CHEIKH SECK, COMEDIEN DE LA TROUPE "JANXEEN" DE THIES
Le comédien de la troupe « Janxeen » de Thiès, Cheikh Seck, n’est plus à présenter. Très dynamique et toujours sollicité au sein de la capitale du Rail, mais aussi à travers le territoire national et même au-delà, nous l’avons rencontré samedi dernier au détour du lancement du nouveau concept de Kalidou Kassé « Thiès en couleurs ». Une occasion saisie pour échanger avec lui sur la crise qui secoue sa troupe et sur ses projets.
Que devient Cheikh Seck ?
Je suis toujours là en pleine activité. Je poursuis le travail et peaufine de nouvelles pièces. On rend grâce à Dieu car l’inspiration est toujours là et on fait de notre mieux pour ne pas décevoir les attentes des populations. Notre seul credo reste et demeure la satisfaction du public car nous avons choisi l’art pour pouvoir délivrer des messages porteurs.
Pourtant, on vous voit de moins en moins sur de nouvelles productions, pourquoi ?
Il est vrai que nous produisons moins car la production est en léthargie. En réalité, il n’y a plus de producteurs et il est très difficile de s’autoproduire et de tout prendre en charge. Cependant, j’ai mis sur pied « Janxeen Média Prod » depuis trois ans dans le souci de diversifier et d’agrandir le cercle. Ainsi, comme à l’accoutumée, nous avons encore joué notre partition au cours du dernier mois de ramadan. Cette nouvelle structure me permet de mieux véhiculer ma propre vision et d’atteindre un plus large public.
Cela veut-il donc dire que « Janxéen Production », l’entité mère, n’existe plus ?
Non, pas du tout. Il faut savoir que, depuis deux décennies, j’ai été de tous les combats de « Janxéen » que j’ai contribué à créer et à couver. Il se trouve que les temps évoluent et il faut toujours s’adapter. Les membres de cette troupe, ce sont des comédiens et il n’est pas possible de les brimer ou de les cantonner dans un seul registre. Ils sont fondamentalement libres et ils peuvent légitimement sentir le besoin d’explorer d’autres créneaux. Durant tout le mois de ramadan, vous avez vu que des artistes comme Ngoury, Serigne Ngagne et les autres ont tous crevé l’écran. Donc, je les encourage car je ne peux pas tout donner à la troupe « Janxeen » et ensuite tout faire pour participer à sa perte. Ce n’est pas possible ni même envisageable. Il faut savoir que ces gens-là sont des responsables de famille qui ont des besoins à satisfaire et il est impossible de les brimer. Mais le moment venu, on pourra toujours se retrouver autour de l’essentiel pour proposer quelque chose au public.
Vous reconnaissez alors qu’il ya bien eu crise au sein de la troupe ?
Il est vrai qu’il ya eu des incompréhensions comme dans toute structure. C’est un fait que personne ne peut occulter. Cependant, il n’ya jamais eu d’animosité ou de rancune au sein de notre troupe. Je suis un être expérimenté et responsable. Mon âge et ma position ne me permettent plus de faire certaines choses. Je ne vais pas saborder mon œuvre. Je suis tout le temps avec Ndiamé Sène, Serigne Ngagne est mon gendre. Ce qui veut dire que ce qui nous lie dépasse le domaine du théâtre. L’essentiel est que nous gardions les meilleures relations et cela, rien ne pourra le remettre en cause.
Pourquoi les troupes ont-elles toujours ce genre de problèmes ?
Il faut savoir que les troupes traditionnelles vont disparaitre tôt ou tard. Je l’avais dit il ya de cela des années et personne ne m’avait compris. Le temps a fini par me donner raison. Il faut tendre vers une plus grande professionnalisation et mettre l’accent sur la formation. Encore une fois, on ne peut pas brimer un artiste. Il a besoin de liberté et de multiplier les expériences. Prenez le cas de la troupe Soleil Levant ou chacun essaye de travailler sur un projet et cela ne les empêche pas de se réunir en cas de besoin. C’est la seule démarche qui vaille car il faut libérer toutes les énergies.
Est-ce que c’est cela qui vous avait poussé à tâter de la chanson et ou en êtes-vous à avec votre projet de sortir un album ?
Je suis un artiste et un éducateur. Donc, j’attache une part importante au message. La musique est un formidable vecteur et j’avais tenté cette expérience pour m’adresser à un plus grand public. Mais il faut avouer que, dans ce milieu aussi, la production n’est plus ce qu’elle était. J’avais déjà sorti un single titré « Petakh mi » et j’avais même fini d’enregistrer un album mais les moyens n’ont pas suivi. Je vais attendre le bon moment pour sortir ce produit.
Vous avez totalisé vingt ans de pratique du théâtre, avez-vous prévu de les célébrer ?
Ah oui ! Je totalise quand même deux décennies de présence au-devant de la scène. Ce n’était pas évident et Thiès a pu tirer son épingle du jeu. Je vais les célébrer ici même mais, pour le moment, je réfléchis sur le format et le contenu. Toujours est-il que je compte le faire avec l’ensemble des acteurs culturels de Thiès et, surtout, en faire une très grande fête avec l’aide de Dieu.