Momar Thiam était le dernier de la première génération de cinéastes sénégalais. Il a tiré sa révérence mardi matin. EnQuête revient sur les grandes pertes du monde du cinéma sénégalais, de Sembène à Momar Thiam en passant par Mambéty, Alhamdou Sy, Samba Félix Ndiaye, Khady Sylla, etc.
Le Sénégal est l’un des premiers pays africains dans l’industrie cinématographique. Il a vu naître son premier film avant même les indépendances avec Afrique-Sur-Seine réalisé par Paulin Soumano Vieyra. C’est un court métrage qui raconte la vie d’étudiants africains à Paris. Ainsi sont signés les débuts du cinéma sénégalais.
Les autres réalisations suivront après les indépendances. En effet, c’est au début des années 1960 que les salles noires accueillent les premiers 16 mm en noir et blanc d’auteurs sénégalais. Paulin Soumano Vieyra revient à cette époque aussi avec son documentaire intitulé “Lamb” (ndlr : la lutte, sorti en 1963. Visionnaire, il parlait déjà en 1963 de la menace que représentaient les grands chalutiers pour la pêche dans “Moole” (ndlr : le pêcheur) sorti en 1966.
A cette première génération appartient Ababacar Samb Makharam né en 1924 et décédé en 1987. Sa filmographie est riche de trois oeuvres dont “Et la neige n’était plus” et “Kodou”. Le réalisateur Cheikh Tidiane Aw rappelé à Dieu en mai 2009 a sorti en 1974 “Le bracelet de bronze” dans lequel ont participé les défunts Isseu Niang et Mar Sène. Yves Badara Diagne qui a tiré sa révérence le mardi 26 novembre 2013 est également de cette génération.
Mais le plus dans ce bataillon de réalisateurs reste Ousmane Sembène, mort en 2007. A la postérité, il a légué des films comme “Guélewar” tourné avec des acteurs de renom comme feu Oumar Seck, Thierno Ndiaye Doss, Abou Camara ou “Le mandat” avec le célèbre artiste Makhourédia Guèye. C’est à cette génération qu’appartenait aussi El hadj Momar Thiam, celui que l’on surnommait doyen du cinéma sénégalais. Avec sa disparition, le 7e art national perd tous ses pionniers.
Par ailleurs, le cinéma sénégalais n’a pas que perdu sa première génération. Il a aussi perdu beaucoup de ses figures de proue appartenant à la génération suivante. Parmi celles-ci, Djibril Diop Mambéty, le frère de Wasis Diop. L’auteur de “La petite vendeuse de soleil” est considéré comme l’un des plus grands réalisateurs africains. D’ailleurs, l’une de ses productions, “Hyènes”, a été sélectionnée en 1992 en compétition officielle du Festival de Cannes.
Le documentariste et cinéaste Samba Félix Ndiaye est de cette même génération. Décédé le 6 novembre 2009 à Paris, il s’est beaucoup penché sur le genre documentaire. Lui aussi a joué sa partition dans le développement du cinéma sénégalais au même titre que Mahama Johnson Traoré, Thierno Faty Sow, coréalisateur, avec Sembène, du fameux “Camp de Thiaroye”.
De cette génération, on compte encore deux “survivants” : Ben Diogoye Bèye, auteur de “Un amour d’enfant”, et Moussa Yoro Bathily, maître d’oeuvre du long métrage “Tiya Biru” (1978) et du court-métrage “Certificat d’indigence”.
Il existe une sorte de troisième école du cinéma sénégalais, dont les représentants principaux sont Mansour Sora Wade, Moussa Sène Absa, Moussa Touré et Ousmane William Mbaye, les nouveaux monstres sacrés qui raflent les oscars en Afrique (Fespaco, Carthage, etc.) et pointent le bout du nez en Europe. Mais leur confrère Ameth Diallo n’a pas été épargné par la grande faucheuse. Et il n’est pas le seul.
Décédé à l’âge de 41 ans, El hadji Samba Sarr était très porté sur la cause des enfants. Le réalisateur de “Graines que la mer emporte” animait des classes de cinéma pour enfants, chaque été, à la maison de la culture Douta Seck lors de camps de vacances.
Un beau matin d’octobre 2013, dans la stupeur générale, est annoncée la mort de Khady Sylla, une jeune femme prometteuse dont la soeur, Mariama, porte fort heureusement et dignement le flambeau aujourd’hui. “Une simple parole”, coréalisé par les deux soeurs, a été sélectionné au festival du film de Toronto qui s’est tenu du 4 au 14 du mois courant.
Alhamdou Sy, qui a assisté beaucoup de réalisateurs dont Khady Sylla et Mambéty, était lui connu pour “son calme olympien”. Des réalisations personnelles il en compte, mais il est “parti” le 7 juin 2013…
OMAR PÈNE EN QUÊTE D’UN SECOND SOUFFLE
A DIX JOURS DU CONCERT INÉDIT DE LA ''LÉGENDE'' DU SUPER DIAMONO
L’homme est affaibli, diminué par la maladie. Mais l’artiste garde sa hargne et son envie de chanter pour ses nombreux fans. Omar Pène, pour les besoins de son concert, était hier sur la scène du Grand Théâtre national de Dakar. L’auteur de Dila Beug s’était déplacé pour un tournage d’émission télévisée. Une sortie qui annonce les couleurs de son concert inédit, annoncé pour le 30 août prochain au Grand Théâtre national.
«La presse a tué Omar Pène, la presse a également indiqué qu’on lui a coupé un pied, tout a été dit sur le leader du Super Diamono. Mais j’ai pris le pari de faire remonter sur scène la «légende». Samedi 30 août prochain, tout le Sénégal se rendra compte que ce grand artiste n’a rien perdu de son talent.» Mme Aïda Thiam, directrice de Dolewar Communication, confiait à peine hier, ce cri du cœur sur la scène du Grand Théâtre national de Dakar, qu’une silhouette longiligne fit son apparition côté coulisses.
Il sonnait 17 h 15. Omar Pène est dans la place. Le «vieux père», informe-t-on, est venu réaliser un tournage avec l’équipe du groupe Futurs Médias qui l’attendait depuis plus de 30 minutes. Les quelques techniciens de ce temple de la culture présents sur les lieux, sont bouches B.
Tout le monde retient son souffle à la vue de l’artiste. Les plus folles rumeurs annonçant «son état de santé assez grave» ou encore annonçant qu’il a été amputé, suscite encore curiosité.
Tout le monde veut savoir. Tout le monde veut surtout voir si Omar Pène est vraiment «mal en point». Son entourage qui en est conscient réagit en douce : «Le public jugera par lui-même à la suite de ce concert. De son côté, la «légende», comme l’appellent affectueusement ses fans, est dans une dynamique de clore le débat sur sa maladie et sa santé.
Pour cela, il a fait l’effort de répondre à l’invitation de Dj Boub’S, pour les besoins de son émission Week-end Start. L’artiste est diminué. Il est comme un roseau qui se plie, mais qui ne rompt pas. Il avance prudemment mais avec assurance. Omar Pène n’est pas mourant. Non ! L’homme tient toujours et va surprendre son public qui l’attend avec impatience.
Au Grand Théâtre national de Dakar, il a pris la peine de serrer la main à tous ceux qui étaient présents. Certes, sa démarche est trébuchante, mais cela n’enlève en rien sa hargne et son désir d’offrir du beau spectacle. Habillé en sabador bleu ciel, l’artiste prend place dans un fauteuil de couleur rouge.
Pendant près d’une heure, il se prête aux questions de Dj Boub’s. Côté réalisation, les consignes sont fermes : « Pas de plans larges. Rien que des plans serrés.» La communication de la star est très ferme sur les consignes et veille au grain. Sans tabou, Omar Pène, face aux caméras, s’adresse aux Sénégalais.
Le tour est joué. Il est bien vivant. Il est bien portant. Il sera là, pour le plaisir du public. Il promet même des surprises. Plus rien ne reste. Rendez-vous le 30 août au Grand Théâtre de Dakar.
Le lead vocal du Super Diamono a rempli son contrat pour cette sortie télévision. Il remplira sûrement le reste. Mais réussira-t-il à tenir pendant une heure de spectacle ? Rien n’est encore sûr. Sera-t-il à la hauteur des attentes ?
L’auteur de Gaindé (l’un de ses tubes cultes) repart du Grand théâtre clopin-clopant, avec la ferme volonté de revenir le 30 août prochain.
Un rendez-vous à ne rater sous aucun prétexte.
QUAND LES ''JAKARLOS'' CONCURRENCENT LE ''NGOYANE''
Dans le département de Nioro, le « Ngoyane », cette sonorité du Saloum qui mobilise des calebasses, ne fait pas courir les jeunes. Ceux-ci optent, de plus en plus, pour les « Jakarlos » ces soirées culturelles qui rassemblent des jeunes et des batteurs de tam-tams. Les adultes s’en désolent et alertent contre une déperdition de l’identité culturelle du Rip.
Des filles bien habillées. De jeunes batteurs de tam-tams surexcités. Des enfants en uniforme pour faire de belles chorégraphies devant des jeunes et des femmes. A Nioro, les « Jakarlo», des face-à-face entre jeunes ponctués de danses, font fureur. Ils ne laissent plus les férus de culture indifférents.
Dans les quartiers, l’organisation de «Jakarlo » est presque devenue une fierté pour les filles. « C’est une occasion pour nous de nous épanouir. Nous voulons aussi montrer que nous pouvons nous adapter à ce qui se passe dans les grandes villes en matière de culture », lance Eva, une jeune habitante du quartier Médina.
Vêtue d’un grand boubou bleu, Eva et d’autres jeunes de ce quartier ne veulent pas être en reste dans l’organisation de «Jakarlos ». « Nous sommes là pour nous divertir. La nuit sera chaude. Nous allons sortir de très belles phases de danses», a lancé Ndèye Thiam, une des organisatrices de la soirée.
Pour la circonstance, les organisatrices n’ont pas lésiné sur les moyens. Des enfants vêtues d’uniformes ont ouvert le bal. Avec de belles chorégraphies, elles ont tenu en haleine le public pendant une dizaine de minutes. Elles entonnent, en même temps, des « Tassous » (chants). De jeunes danseurs sont également debout pour démontrer leurs talents. Comme des arbitres, les batteurs de tams-tams rivalisent d’ardeur pour déterminer le vainqueur des face-à-face.
Les autres quartiers de Nioro abritent souvent des « Jakarlos ». Ces soirées semblent concurrencer le « Ndoyane » qui symbolisait l’identité culturelle de cette partie du Saloum. «Le département de Nioro est le berceau du Ngoyane. Centrées sur l’utilisation des calebasses et les belles chansons qui revisitent l’histoire de notre terroir, ces sonorités mélodieuses sont de plus en plus reléguées au second plan.
Les jeunes préfèrent maintenant le ‘Bara Mbaye’, le ‘Thiébou dieune’ qui sont des danses venues d’ailleurs », déplore Fatou Mbaye, une femme de 55 ans, visiblement nostalgique des grandes nuits du Ngoyane. «Pendant notre jeunesse, nous organisions des nuits de Ngoyane. Les griots venaient de Médina Sabakh avec des calebasses et des tamas. Par la magie des chants, les griots arrivaient à galvaniser les organisateurs qui n’hésitaient pas à mettre la main à la poche. Les danses que nous pratiquions n’étaient pas obscènes. Aucune partie intime du corps n’était visible quand une danseuse entrait dans l’enceinte. Aujourd’hui, c’est n’importe quoi. Le Saloum est en train de perdre ses valeurs culturelles », se désole Mme Mbaye.
Mamadou Ndao, un homme âgé de 52 ans, dit se souvenir des grandes soirées culturelles du Saloum. «Ces soirées n’ont rien à avoir avec ce qui se passe actuellement. Les nuits du ‘Ngoyane’ poussaient les jeunes à bien persévérer pour se faire distinguer. Chacun voulait que les griots revisitent son arbre généalogique pour donner de l’argent en contrepartie. C’était merveilleux. Tout le monde avait sa place dans ces soirées. Actuellement, aucun homme assez âge n’ose partir dans les « Jakarlos» par crainte d’être la risée des enfants», explique M. Ndao.
Mais notre interlocuteur disculpe les jeunes. « Ils ne sont pas responsables. C’est à cause de la crise que les grandes nuits du Ngoyane sont devenues rares. Pis, les meilleurs chanteurs ont presque migré vers Dakar pour mieux gagner leur vie. Du coup, les jeunes n’ont pas souvent la chance de goûter à ces sonorités locales », souligne Mamadou Ndao.
«Le développement des médias, la télévision notamment, fait que les jeunes sont en contact avec d’autres facettes culturelles sénégalaises. Ils voient toujours les Ndèye Guèye, Mbathio Ndiaye et les autres danseurs à la télé», analyse-t-il. « A ce rythme, c’est toute la région de Kaolack qui risque d’être rayée de la carte artistique du Sénégal.
Pourtant, nous avons beaucoup de potentialités à vendre. Le ‘Ngoyane’ est un immense patrimoine culturel qui doit être valorisé. A Dakar, les soirées ‘Ngoyane’ mobilisent beaucoup de monde. Pourquoi cela n’est pas possible dans le Saloum ? Il faut que tout le monde se mobilise », ajoute-t-il.
En tout cas, les jeunes ne semblent pas être prêts à renoncer aux «Jakarlos ». « C’est la mode. Nous faisons comme les autres. La culture n’a pas de frontière. Les ‘Jakarlos’ permettent de raffermir les relations entre les jeunes. Ce sont des moments de communion et d’épanouissement. Les participants viennent, le sourire aux lèvres. Les mécontents n’ont pas de place chez nous », se défend Penda Seck, une fille de 25 ans.
« Nous laissons le ‘Ngoyane’ à nos mamans. Nous préférons juste écouter quelques sons de ‘Ngoyane’. Si nous voulons nous épanouir, nous préférons danser le ‘thiebou dieune’ et les autres styles », ajoute Penda Seck.
« Nous admettons que nous devons faire des efforts pour éviter que des danses obscènes ne soient notées lors des soirées. D’ailleurs, rares sont les filles qui font cela. Nous sommes conscientes que nous habitons dans une zone où il y a des conservateurs. Nous ferons des efforts », insiste notre interlocutrice.
LE BONHEUR DE LA REINE DE SARÉ LAMOU
« RAKI », LIVRE D’ALIOUNE BADARA BèYE, PRéSIDENT DE L’ASSOCIATION DES ECRIVAINS DU SéNéGAL
A partir de cette présente édition, « Le Soleil » publie, dans ses « Feuilles d’Hivernage », le récit d’Alioune Badara Bèye, « Raki, fille lumière ». Ce texte a été publié aux Editions Maguilen. Voilà ce qu’en dit l’auteur, avec un accent très poétique : « RAKI était la seule rose à éclore au matin d’hivernage, comme au soleil du couchant.
Bakar baissa la tête en signe de réflexion, il entendit encore les gémissements de Bodiel. Les perles de sueurs coulèrent et ruisselèrent sur ses joues plus abondantes ; elles coulèrent jusqu’à assombrir sa vue devenue terne à cause de cette émotion, nouvelle chez lui et quasiment inimaginable. C’était une épreuve dans la peau du noble descendant de noble.
Quand Bakar redressa sa tête, la vieille Miriam était déjà dans la chambre de Bodiel. La porte se referma derrière elle. A l’intérieur de la chambre s’échappait la fumée de l’encens embaumant.
Il s’agenouilla le buste face à l’ouest, il leva les deux bras aux cieux et implora : Baba, toi qui reposes ici dans la tiédeur des nuits d’Afrique, toi qui alimentes encore le verbe des gaolos dans ses incantations nostalgiques, ne suis- je pas le sang de ton sang? le sang transmetteur des puissances légendaires ? le sang emblème de la lignée des torodos ?
- Baba, si c’est vrai que je suis le sang de ton sang ; que ton sang à travers les fibres de mon sang alimente le souffle de mon premier descendant.
Devant la tombe de son père et le bruit assourdissant Bakar découvrit ses dents blanches dans un rire presque strident. Le ciel ne venait t-il pas de répondre à son appel ?
Lui Bakar demba descendant direct de Lebo Mikaïlou l’un des plus prestigieux fils du pays. Pouvait--il ne pas oublier les caresses et l’affection que nourrissait sa défunte mère disparue dans les feux d’un incendie alors un jour son unique fils Bakar Demba à la tête du Fouta et faire de lui ce que fut son père, un illustre « Torodo » de la pointe des pieds jusqu’à la cime des cheveux.
Cette mort brutale gravée dans l’esprit de Bakar avait fini de forger son tempérament. Il méprisait la souffrance, ce que certains considéraient comme une forme de défi et de mépris. Sa mère souffrit atrocement avant de disparaître de sa vie. C’était assez suffisant pour lui pour détester les larmes des autres.
C’était suffisant aussi pour lui pour adorer sa maman à travers pensées et images. Il respectait en elle un culte qui grandissait à travers les âges. Sa mère avait aussi hérité de ce courage des « Torodos ».
Une nouvelle fierté s’empara de son corps, il se redressa les yeux fixés maintenant aux cieux poursuivant l’étoile fuyante. il se demandait maintenant pourquoi les Dieux de l’amour ont attendu si longtemps pour le mettre à épreuve ?
N’avait-il pas quarante ans, deux femmes et presque vingt ans de mariage ? Seule l’absence d’un héritier pourrait être un point noir dans son existence. Au fil des temps sa personnalité en souffrirait peut-être, et il perdrait peu à peu de son autorité, de son prestige et de sa fierté. C’était un vendredi devant une foule compacte ; Bakar affronta sa nouvelle destinée.
Comme freiné par cette vision il marqua le pas et vit la vieille Miriam tenant entre ses bras un amas de couvertures découvrant la tête d’une petite âme qui vient de voir le jour dans une nuit de septembre !
Il l’arracha presque des mains de la vieille et demanda : (garçon ou fille)?
- Fille, répondit timidement la vieille Miriam qui ajouta aussitôt :
Bakar, Allah vient d’exaucer tes prières, ta lignée est désormais tracée, d’autres enfants suivront, ton foyer s’agrandira d’année en année et le flambeau des Bâ s’implantera à nouveau, dominateur et éternel dans tout le Fouta. Presque ému, Bakar souleva l’enfant au-dessus de sa tête, au terme des acclamations, il déclara solennellement :
- Allah le Tout Puissant, Allah le Compatissant, mon rêve est là entre mes bras, il est devenu réalité, ce n’est pas un garçon mais c’est mon sang. Il servira et adoucira mes peines dans les moments de troubles. Peut être un jour le Tout Puissant m’offrira un héritier, guidant les enfants de son âge dans les sentiers battus.
Tu m’as tout offert dans ma vie : la noblesse, la richesse, le bonheur. Enfin cette fille qui s’appellera Oulèye Dona. Et la foule de conclure presque en une seule phrase « In Chaallah » tes vœux seront exaucés.
Face à la crise du disque, le phénomène du single a de beaux jours devant lui. En un temps record, un tempo dansant fait le tour des radios et télés. Dommage pour la musique, disent les puristes. Ceux qui veulent danser trouvent le contenu de ce flacon rythmique suffisant pour leur donner l’ivresse des soirées d’hivernage.
Youssou Ndour
La nostalgie fait la mélodie. Le talent fait le reste dans ce voyage vers le passé. Reprise d’un tube de Lalo Kéba Dramé, « Souvenirs » est une référence en 2014. Au-delà du beat, le texte charrie la nostalgie d’un artiste relatant sa rencontre avec une jeune fille modèle, intelligente, bien éduquée et jolie. Faute de retrouver les traces de l’enfant, l’artiste lui laisse la chanson en guise de viatique. La bouteille à la mer n’est cette fois pas un appel de détresse. C’est le legs d’un père à celle qu’il considère comme sa fille.
Pape Diouf
Le Lemzo Diamono l’a révélé au public avec « Cocorico ». Sous sa propre bannière, il lance « la Génération consciente ». Il retrouve son mentor Lamine Faye et s’attache les talents d’arrangeur de Papis Konaté. Depuis quelque temps, il a fini de mettre tout le monde d’accord sur son talent au point que son label, Prince Arts, en ait fait sa tête d’affiche dans la parenthèse gouvernementale de Youssou Ndour. Avec « Casse Casse », reprise d’un succès du Congolais Kanda Bongo Man dans les années 80, et « Bégué », il occupe le sommet des hit-parades.
« Dioffior », hymne à la lutte dans ses dimensions sportives et culturelles, n’aura été qu’une confirmation. Il a lui aussi relevé les défis du Grand théâtre de Dakar et du Zénith de Paris (le premier de la jeune génération). Il sera bientôt de retour avec un nouvel album.
Wally Ballago
Victime de la mode, controversé à ses débuts pour sa mise et ses frasques, le fils de Thione Seck marque son territoire. Il a relevé les défis du Grand théâtre de Dakar et du Zénith de Paris. En chanson, il clame : « Wally a grandi ». Musicalement, il tient le cap avec « Gouney Wally » mais surtout « Begg leen », consacré à ses fans. Il a remis au goût du jour les succès de Papa Thione : « Sant Yalla » et « Bamba ».
Nder
C’est un talent qui connaît des hauts et des bas. Comme dans toute trajectoire humaine, dirait-on. Alioune Mbaye Nder, lead-vocal du Lemzo Diamono dès 1993, a fait ses preuves avec « Setsima », « Sportifs »,
« Yarou », « Aladji », etc. Ayant quitté son mentor Lamine Faye, il engrange des points avec le « Setsima Groupe ». Il se positionne comme un porte-étendard de la génération qui arrive après celle des Youssou Ndour, Baaba Maal, Omar Pène, Ismaïla Lô, Thione Seck. Ce, d’autant plus que Mamadou Lamine Maïga, la voix de rossignol du Super Diamono, désertait les studios et podiums pour des raisons extra-professionnelles.
« Pansement », « Leneen », « Lu tax », « Président », entre autres, sont des repères dans sa discographie. Puis arrive le soutien controversé à Me Wade, en 2007.Il essuie les critiques et remonte la pente grâce à l’album « Confiance ». « Boul yapp sa palakh » est moins côté. Cet hivernage, il lance le single « Maladie d’amour » qui passe en boucle sur les ondes.
C’est une reprise du succès de Charles Aznavour. Un extrait de l’album qu’il a concocté avec Ibrahima Ndour de Prince Arts.
Carlou D
Il a réussi sa reconversion musicale sans jeter l’étiquette hip- hop. Carlou D est un faiseur de mélodies. Il passe allègrement de la ballade « Mbeuguel » à la complainte «Bou Bakhki»en passant par «Sa yata yéto » ou « Sen régal ». Cet ancien danseur du hip-hop revient avec « A new day ». Des titres cartonnent d’ores et déjà:«Soldier»,«La classe»,«Fah Yalla » et le très à propos « Baawu Naan » (hymne à la pluie pour conjurer la sécheresse).
Demb ak tey
Lorsque Idrissa Diop retrouve Cheikh Tidiane Tall et Souleymane Faye, les mélodies passent du passé au présent sans perdre des couleurs. Quand arrive Pape Dembel Diop, le talentueux bassiste et arrangeur du Super Diamono, le passage des générations se passe sans difficulté. C’est tout simplement du « Demb ak tey », nom de ce laboratoire musical auquel nous devons le tube « Birame Yacine », morceau de Badara Mbaye Kaba.
Ouzin Keïta
« Beureung Barigo », cela rime à quoi ? Rien de spécial. Un rythme exploré par les dames de Ndiaby, patelin du Cayor. Puis, arrive un jeune qui nasille. La mayonnaise prend. Il accepte le rôle d’un joyeux drille et d’un troubadour aux pas lestes. Il a la répartie salace. Sans trop payer de mine, il cartonne. Il décroche son visa pour le spectacle de Wally Ballago au « Zénith ». Il arrive sur scène avec une valise, réclamant des euros pour construire une maison à sa mère. Le complexe, il ne connaît pas ! C’est ce garçon qui nous revient avec un nouveau single, « Da may dème ». Ouzin, un succès de la musique ou un produit de la faillite du bon son ?
Salam Diallo
L’ancien danseur du Super Diamono, puis du Lemzo Diamono, a fait une bonne moisson de succès grâce à son tube et sa danse « Goana ». Dans le contexte de la crise alimentaire mondiale de 2008, il consacre une chanson à son ami Cheikh Amar, présent dans la distribution de matériel agricole, et invente opportunément une danse portant le nom de l’initiative agricole du président Wade. Il revient au top avec la mouvance « thiakhagoune », ensuite lance le « zicoulou ». Ce mois, il fait la promotion d’un single au style chaloupé intitulé « C’est chaud ! » Fruit d’un séjour parisien de quatre mois.
Pape Thiopet
Il arrive avec « Sa boppe » après des tubes aussi populaires que « Thiop my money ». Le batteur a la manie de passer du gag à la leçon de morale sans avoir l’air d’y toucher. « Sa boppe » est une invite au culte de l’effort.
Fallou Dieng
Sans connaître le succès de «Manaa»,«Ma momé vent » est un des morceaux de l’hivernage. Fallou Dieng retrouve ses vieilles amours après avoir tenté l’aventure du folk, aux côtés du regretté Madou Diabaté.
Pape Birahim
Son single « Nabi » avait été une bonne alerte pour les mélomanes. C’est un bouquet de mélodies sur une voix chaleureuse et mélancolique à la fois. « Kima done sett », en versions mbalakh et soft, est un des tubes du moment.
Adiouza
C’est la fille de son père ! D’ailleurs, elle vient de produire un duo avec Ouza Diallo : « 7 à 77 ans ». Elle a fini de faire son trou depuis son entrée dans l’espace musicale sénégalais.
LE SYNDICAT DEMANDE À L’ÉTAT DE REPRENDRE LA GESTION
CRISE AUX NOUVELLES ÉDITIONS AFRICAINES DU SÉNÉGAL (NEAS)
Les travailleurs des NEAS sont dans le désarroi, avec une entreprise abandonnée à elle-même, six mois d’arriérés de salaires pour le personnel, des dettes à payer aux auteurs, un directeur démissionnaire, un PCA peu impliqué, des employés bloqués à l’âge de la retraite, et un Etat absent. Diagnostic signé du syndicat maison.
Les Nouvelles Editions Africaines du Sénégal (NEAS) sont en difficulté. Et depuis 6 mois, le personnel est sans salaire.
Selon Amari Sow, le responsable commercial de l’entreprise, les capitaux propres à l’entreprise sont négatifs depuis plus de dix ans. Il n’existe plus de fonds de roulement et le peu de produits à portée de main est constitué de stocks de produits phares vendus au public. D’où la nécessité de nouveaux investissements et de fonds de roulement.
C’était au cours d’un point de presse organisé hier. “La vente directe aux consommateurs ne fait pas vivre une maison d’édition. Il faut gagner des marchés et nous peinons à soumissionner aux appels d’offres”, a expliqué Amari Sow.
“Les NEAS traînent une dette fiscale de plus de 200 millions de francs Cfa, ce qui ne nous donne pas les moyens de faire face à ces conditions de marché. C’est pourquoi nous attendons que l’Etat du Sénégal reprenne la gestion des NEAS, vu le rôle culturel que joue l’entreprise.”
Aujourd’hui, beaucoup de leurs titres sont en rupture et ne peuvent pas être réédités, ajoute le responsable commercial. “On pouvait compter sur le fonds d’aide à l’édition mais on n’en a pas suffisamment bénéficié au nom d’une discrimination positive bien comprise. Elles n’ont jamais été considérées comme une société privée à part entière, mais comme une entité placée sous le contrôle du ministère de l’Education”, a-t-il expliqué.
Conseil d’administration Par conséquent, seul l’Etat peut injecter de l’argent frais dans les NEAS car les actionnaires privés ne s’intéressent pas à la société à cause de l’absence de revenus et de dividendes, a déploré M. Sow. Par ailleurs, le syndicat a demandé la tenue sans délai du conseil d’administration pour un démarrage de la restructuration de la société.
“Personne ne s’occupe de l’entreprise. Le directeur est démissionnaire et le président du Conseil d’administration Charles Wade ne s’est pas impliqué dans le management. Nous avons cherché à le rencontrer mais nous peinons à être en contact avec lui”, s’est insurgé Ibrahima Mbodj, le chargé des revendications.
“Ce qui fait que personne ne s’occupe des salaires. C’est pourquoi la tenue du conseil d’administration est urgente afin de nommer un directeur général pour relancer la société.” Selon les syndicalistes, les NEAS n’ont plus reçu de subvention étatique depuis 1999.
“On nous donnait 200 millions par an (car) 20% des actions sont à l’Etat. Nous sommes endettés, nous devons de l’argent à beaucoup d’auteurs. Les travailleurs qui doivent aller à la retraite ne peuvent pas le faire parce qu’il faut payer leurs indemnités. Ceux qui sont en retraite ne disposent pas de pensions”, a déploré M. Mbodj.
AUX ORIGINES, UNE MEDITATION QUI VA AU-DELA DES ACTES ET DES PAROLES
Le Zikr désigne tout acte nourri ou posé dans le but de plaire à Dieu ou de se rapprocher de lui. Cette récitation répétée d’une formule ou parole sacrée à voix sonore ou intérieure est l’une des principales activités de certains jeunes des quartiers populaires de Dakar. Certes, il est le sens de l’adoration, mais les religieux sont d’avis que le Zikr véritable va au-delà des actes et des paroles. Nous vous proposons un éclairage dans ce premier jet.
Le mot Zikr, en tant que tel, est un terme générique coranique par lequel Allah désigne le souvenir ou la mention de Lui en pensée ou en actes. Cette forme de manifestation a connu un succès croissant à Dakar. Dans les cérémonies, le Zikr a tendance à remplacer les «sabars», les traditionnelles séances de tam-tam, jugées parfois obscènes. Certes, le Zikr est le sens de l’adoration, mais selon les religieux, il va au-delà des actes et des paroles.
Imam de la mosquée «Firdawsi» de Keur Massar, Cheikh Mbaye Dramé est d’avis que le Zikr soutient et tranquillise le coeur du croyant. «Ce que nous pouvons retenir est que le Zikr est une source de bonheur en ce monde et dans l’au-delà. Il chasse Satan, il satisfait le Seigneur, il attire et facilite la substance, il habille l’évocateur de vénération. De plus, le Zikr fait revivre le coeur comme la semence revit par l’eau. Il donne la lumière à la réflexion, il efface les péchés. Il fait disparaître l’isolement entre le serviteur et son Seigneur», a listé le prêcheur.
A l’en croire, rien n’est plus honoré auprès d’Allah que le Zikr. «Le Zikr véritable va audelà des actes et des paroles, il est méditation permanente. C’est pour cette raison que le Prophète d’Allah (Psl) a dit que le Zikr (méditation) est la clé de l’adoration», a tenu à préciser le dignitaire religieux de Keur Massar.
«Celui qui aura tourné le dos à mes rappels (Zikr), aura une vie pleine d’amertume et de gêne»
De ses explications, il ressort que cette méditation, en tant que telle, est un acte majeur qui donne au culte tout son sens. «Allah a bien mentionné dans le Coran : ‘Invoque donc Allah, car l’invocation (Zikr) profite très certainement au croyant (Sourate 5 verset 55)». Et son messager de confirmer dans un de ses Hadiths : «le Zikr est le sens de l’adoration», a souligné le dignitaire de Keur Massar.
Quand à l’imam Lassana Seydi de l’Union des oulémas du mandé (Ouma), il a insisté sur le refus de s’adonner au Zikr qui est signe de malédiction. «Le Coran a bien dit : ‘celui qui aura tourné le dos à mes rappels (Zikr) et se serait refusé à m’évoquer par la pensée et par la parole, celui-là aura une vie pleine d’amertume et de gêne. Nous le ferons venir aveugle au rassemblement du jour de la résurrection». Et d’ajouter : «Celui qui se montre aveugle au Zikr du très Miséricordieux, nous lui suscitons un démon qui dévient son compagnon inséparable».
«Chacun des cinq piliers de notre religion est un Zikr»
Toutefois, ces religieux n’ont pas manqué de préciser que les adeptes du Zikr n’ont pas forcément besoin d’investir les rues pour s’adonner à cette pratique. «L’islam en tant que moyen de mettre l’être humain en contact avec son Seigneur est un Zikr. Le Coran en tant que parole du Créateur est un Zikr. Sa lecture, la conformation à ses préceptes et la confiance à ses pouvoirs font partie aussi des Zikrs. Chacun des cinq piliers de notre religion (l’attestation de foi, la prière rituelle, le jeûne, l’acquittement de la zakat et le hadj) est un Zikr. Donc, ce n’est pas par le geste qu’on peut forcément s’approcher de Dieu mais plutôt de l’esprit», ont souligné les prêcheurs.
UN PHENOMENE ET SES STARS - NDIOGOU AFIA, UNE ICONE INNOVATRICE DU ZIKR MODERNE
Le Zikr, comme tout phénomène de notre temps, a ses stars. Ndiogou Afia, 29 ans, est l’une d’elles. Ndiogou Afia Mbaye a une belle voix de ténor, intelligente et sensible. Ses chansons sont inspirées des poèmes de Serigne Touba, le fondateur de la Mouridiya. C’est un chanteur de charme très connu au Sénégal. Il chante l’amour de son guide, Serigne Afia Mbacké, la paix, l’unité, etc. Altruiste avec un grand coeur, il a un projet qui lui tient à coeur, c'est celui de hisser le «thiant» au sommet de la musique internationale. Père de trois enfants, Ndiogou Mbaye voit à travers le «thiant» (sorte de chorales de rue initiées par les Baye Fall, disciples mourides), une affaire spirituelle et un business rentable.
Après avoir mis un album sur le marché, il soutient que le Zikr sera la prochaine vitrine de la musique sénégalaise. «Les jeunes le préfèrent de plus en plus au ‘mbalax’ national. C’est comme si la tendance est renversée. C’est les sons de Zikr que les jeunes du Sénégal écoutent désormais. Que ce soit le Zikr ‘baye Fall’, tidjane, layenne ou niassène», confie-t-il, on peut dire que le succès croissant du Zikr est un symbole de la montée des valeurs religieuses dans la société sénégalaise».
Le leader de la musique «thiant» est de plus en plus demandé pour animer les veillées et les soirées religieuses à la télé ou dans des cérémonies partout à Dakar et ailleurs dans le pays. «Il faut savoir que dans les grandes cérémonies, le Zikr a tendance à remplacer ces choses mondaines et ces danses souvent obscènes, accompagnées de musique moderne. Moi, je pense que le Zikr est une musique qu’il faut impérativement développer afin de mettre fin à la dépravation des moeurs. Etant donné qu’il est plus prisé par la jeunesse», dit-il.
Cette icône du Zikr joue avec son orchestre presque tous les soirs. «Ce n’est pas aussi rentable pour le moment, mais on s’accroche bien. C’est normal qu’on ne puisse pas récolter le fruit de nos entrailles mais le moment venu, le Zikr sera au sommet. C’est mon métier, j’ai tout misé sur ça. Je veux en vivre», précise-t-il.
ANDACULTURE REVISITE LE PATRIMOINE DES ANCETRES
LA CIRCONCISION A BLAISE SENGHOR
MEDAGBE Pascal Armand Eric |
Publication 19/08/2014
Communiquer aux enfants les valeurs ancestrales. C’est l’objectif de la cérémonie organisée au Centre culturel Blaise Senghor par l’Association nationale pour le développement des acteurs culturels locaux (Andaculture). Trois semaines durant, une soixantaine d’enfants de (7-16 ans) apprendront à vivre ensemble et à développer des valeurs communautaires, jadis enseignées par les ancêtres.
Après Pikine, Grand Yoff et Guinaw rail Nord, c’est au tour du Centre culturel Blaise Senghor d’accueillir la 10ème édition de ce que les organisateurs appellent en wolof “Lël” c’est à dire la circoncision. Il s’agit, selon eux, d’un « espace d’éducation traditionnelle ».
La formation qui se tient du 16 août au 6 septembre 2014 réunit des enfants recrutés dans les écoles coraniques, les écoles classiques modernes et le secteur des métiers. A travers plusieurs modules, les enfants apprennent des valeurs comme la droiture, le courage, la vérité, l’objectivité, la solidarité, la fraternité, etc. Cela, en trois étapes renseignent les organisateurs de cette manifestation rencontrés hier, lundi dans ledit centre. La première est le « N’gomar » qui consiste à éveiller la conscience des enfants sur les valeurs familiales.
A cet effet, pendant au moins 3 jours les formateurs ont appris aux enfants à respecter les autres et à agir bien en public. Puis vient la deuxième étape, celle de la circoncision. Cette étape dure 2 semaines et vise à inculquer aux enfants les valeurs de courage et de fraternité. « Tous ceux qui auront laissé couler leur sang se considéreront désormais comme des frères. Car, c’est un pacte de sang. A partir de ce moment, les enfants reçoivent d’autres enseignements », a affirmé Madou Faye M’baye, responsable de l’association Andaculture. Et Enfin, la troisième qui est celle de la restitution des valeurs apprises. Elle se fait par des devinettes et autres activités où les enfants, désormais initiés, rendent compte à leurs parents et aînés des valeurs qu’ils ont apprises et surtout de leur utilité pour eux et pour la société. Cette étape se fait en une semaine d’animations diverses.
Pour Madou Faye M’baye, son association a choisi de faire la circoncision des enfants en ville afin d’être plus proches des parents et des jeunes, et leur montrer l’utilité des valeurs ancestrales dans une société en perte de repères. Et le directeur du Centre culturel, Baba N’diaye, de renchérir : « C’est dans les villes qu’il y a plus de brassage et de nouvelles idées qui corrompent souvent les jeunes. Il convient donc de réapprendre à la jeunesse à développer les valeurs communautaires, mais aussi, à respecter et à entretenir son environnement. C’est d’ailleurs ce qui explique la participation du Centre culturel à ce programme, car il a aussi pour mission de sauvegarder et de promouvoir les valeurs sociétales ».
Notons que l’objectif affiché des responsables de l’association nationale pour le développement des acteurs culturels locaux, à travers l’« espace d’éducation traditionnelle » organisé à l’intention des enfants, vise à revaloriser les valeurs traditionnelles. « Nous voulons ramener les valeurs endogènes enseignées par les ancêtres dans un cadre d’enseignement », explique M. Mbaye. Une formation qui contribue donc à l’éducation des enfants; chose capitale aujourd’hui.
A partir de cette présente édition, « Le Soleil » publie, dans ses « Feuilles d’Hivernage », le récit d’Alioune Badara Bèye, « Raki, fille lumière ». Ce texte a été publié aux Editions Maguilen. Voilà ce qu’en dit l’auteur, avec un accent très poétique : « RAKI était la seule rose à éclore au matin d’hivernage, comme au soleil du couchant..Il est de coutume au Sénégal d’entendre souvent au commencement de toute histoire ou de toute légende, la célèbre phrase « il était une fois ». Pour ne pas rompre avec cette tradition. Je commencerai l’histoire de Raki par : il était une fois, une fille, une époque, une contrée.
Dans une époque encore pas très lointaine dans le cœur du Fouta là bas derrière les cercueils poussiéreux des « Brak » gardiens immortels des hauts lieux du « Dièry ».
Là-bas où l’herbe égoutte sous les galopades des chevaliers bazanés. Là-bas derrière « Nder », terre des gloires éteintes dans les feux d’un Midi devenu le célèbre « Mardi de Nder ».
Derrière les contrées du Oualo, surgissait le « Fouta ». Romantique et éternel Fouta. Terre de Samba le valeureux, terre des Almamys, terre natale de El hadji Oumar et d’Ahmadou.
Ces gloires éternelles bercées par le sommeil des adolescents au sexe de bat.
Abritant les soleils d’un monde pieux, le Fouta couvrait de ses tentacules indélébiles un royaume épousant les rituels des prières écloses, les chants des muezzins convertis, les nuits de lutte.
Ce Fouta ignorait encore la pluralité des religions, symbole de quelques épopées solidement attachées aux racines premières de l’Islam. Dans le cœur du Fouta, dans un village retiré presque caché par les épines des caïlcédrats, s’immobilisait « Saré Lamou. Un faubourg au passé glorieux, au présent riche de poésie et d’épopées. Un présent vivant encore dans les contes, dans les légendes, dans les veillées sénégalaises.
La nuit venait de tomber douce et sensuelle, elle venait s’assoupir lentement dans la somnolence des « djimbé ». Le village dormait sous la protection de la lune, hermétique et imaginaire, elle dormait d’un profond sommeil troublé parfois par les cris des hiboux, la magnanimité des bêtes dans leurs courses errantes.
Au milieu du village s’imposait, majestueusement colorée, la demeure de Demba Bakar.
Demba Bakar, un toucouleur bon teint, d’une quarantaine d’années, une beauté masculine, un corps qui résistait encore aux exigences de la terre. Sans exagération, une beauté portant encore quelques cicatrices : séquelles des durs labeurs.
Demba Bakar était « Torodo » de père et de mère ; issu d’une très grande famille, il jouissait du respect de toutes les contrées voisines. Sa renommée était grande, ses richesses ne se mesuraient plus en bœufs ni en vaches, encore moins en or. Sa démarche était majestueuse et ses phrases toujours lancées avec éloquence, sans nuance.
Les « Diawandous » fidèles serviteurs de son illustre passé le surnommaient « Bakar Mayata » : Bakar l’immortel. Une réflexion, puérile certes, mais sereine, dans la pensée de ceux qui adoraient religieusement Bakar. Il avait tous les attributs ‘d’un être supérieur. Il était riche. Il était très beau et sa noblesse ne faisait l’ombre d’aucun doute
Des plaintes sortirent de la maison de Bakar, une mai- son qui, par sa position géographique et stratégique portait au temps de son père le nom de « Lewrou Saré », grâce à sa construction au cœur du village et sa beauté dans le style architectural qui justifiait cette flatteuse appellation dont Bakar et sa famille étaient si fiers.
Les plaintes s’accentuaient dans « Lewrou Saré », jusqu’à ce que l’on vit Demba Bakar sortir de sa maison, le corps à demi couvert brillait sous la clarté des étoiles minuscules. Son attitude alerte et inquiète et les appels qu’il lançait provoquaient une ceinture de curieux autour de lui.
Tous les regards interrogatifs se posèrent sur son visage devenu d’un coup serein : attitude des seigneurs dans les moments difficiles. D’un ton presque calme il s’adressa à la petite foule : Appelez-moi la vieille Miriam. Dites-lui de venir rapidement car Bodiel ma seconde femme a des douleurs, c’est peut être le moment de la délivrance. Faites vite !
Bakar baissa la tête en signe de réflexion, il entendit encore les gémissements de Bodiel. Les perles de sueurs coulèrent et ruisselèrent sur ses joues plus abondantes ; elles coulèrent jusqu’à assombrir sa vue devenue terne à cause de cette émotion, nouvelle chez lui et quasiment inimaginable. C’était une épreuve dans la peau du noble descendant de noble.
LE GRAND PLONGEON
CINEMA - JOURNEES CINEMATOGRAPHIQUES DE CARTHAGE 2014
Les journées cinématographiques de Carthage plus connues sous l’appellation : « Les JCC » deviennent désormais un festival annuel et non plus biennal en alternance avec le Fespaco. L’édition 2014 se déroulera du 29 novembre au 6 décembre 2014.
« Près d’un demi-siècle après leur création, les JCC se poursuivent afin de servir la promotion des cinématographies des pays arabes et africains. Cette manifestation, qui sera désormais annuelle, est le plus ancien festival de cinéma du Sud…. Afin de mieux répondre aux attentes et besoins des professionnels du cinéma, les JCC ont élargi leur périmètre d’action avec la mise en place de divers dispositifs tels que l’Atelier de projets, les Master Class, le Producer’s Network…» lit- on sur le site des JCC 2014.
Plus qu’une bonne nouvelle, le changement d’option des journées cinématographiques de Carthage est une confirmation du dynamisme de la production filmique sur le continent. Ce qui accrédite l’existence d’un stock de films permettant la tenue annuelle d’un grand rendez-vous des cinéastes, distributeurs, producteurs, organisateurs de festival et critiques de cinéma. Mais, il n’en demeure pas moins vrai que la production reste inégale d’un pays à un autre. Là où le Maroc se targue d’aligner une vingtaine de longs métrages l’an ; le Sénégal rame très loin derrière. D’autres pays ne produisant de longs métrages que tous les deux voire trois ans. La fermeture des salles de cinéma ne donne pas non plus une grande visibilité à la production africaine de films qui ne trouve lieu de diffusion que les écrans des festivals.
Ces trous dans la production de films sont mis en exergue par l’affiche de la 25ième Session des JCC réalisée à partir de la photo de Wassim Ghozlani, figure de proue du mouvement Shutter Party créé en 2010 et qui regroupe de talentueux jeunes photographes , graphistes et illustrateurs tunisiens. Une affiche fenêtre ouverte sur le mur du cinéma africain et arabe et dont les persiennes édentées par endroit reflètent bien la disparité de la production. Ceci ne constitue pas pour autant un frein au désir de la Tunisie de faire prospérer l’héritage de Tahar Cheriaa, fondateur des JCC en 1966, appelé affectueusement le père du cinéma tunisien quoique n’ayant jamais réalisé de films. Il n’était pas cinéaste mais l’un des principaux animateurs des fameux ciné-clubs de Sfax, brillant analyste du septième art et farouche militant pour la décolonisation de nos écrans avec son compère Ousmane Sembéne. Il a eu le cran d’instituer sous la tutelle du ministre Chedly Klibi, alors à la tête du département de la culture, le premier festival cinématographique, biennal, de l’Afrique et du monde arabe alors que le premier long métrage tunisien n’était pas encore sorti de ses langes pour représenter le pays organisateur à ce festival.
Le septième art au sud du Sahara n’en était qu’à son balbutiement. Seuls deux pays : le Sénégal avec « La noire de… » de Ousmane Sembéne et « L’Afrique danse » de la Guinée, donnaient une touche africaine à cette sélection aux cotés de films venus de la RDA, la Bulgarie, l’URSS, la France, la Grande-Bretagne, la Hongrie, la Hollande, la Tchécoslovaquie, la Yougoslavie, la RFA, la Grèce, l’Italie, la Pologne, la Turquie et la Belgique. Quant aux pays arabes, seul le Liban était présent avec le film « Victoire du vaincu » de Samir Nasri
La première édition portait le titre de Festival International des journées cinématographiques de Carthage (FIJCC) ce qui explique la forte présence de pays européens. Omar khlifi, l’un des vétérans du cinéma tunisien et dont le film « Alfajr » était prévu pour représenter la Tunisie (les photos figuraient sur le dépliant du festival), malheureusement pour le réalisateur, les opérations de montage, ne furent pas achevées à temps. Il raconte avec grande émotion la naissance des Jcc dans un article publié dans les pages de « La presse » du 19 novembre 2012. Il écrit : « Après bien des péripéties, des doutes et des hésitations, enfin la première session eut lieu du 4 au 11 décembre 1966…
La compétition était ouverte aux films du monde entier et se déroulait au cinéma «Le Mondial» à Tunis. Après cette première session qui fut qualifiée d’internationale, les responsables voulurent opter, d’abord, pour une formule méditerranéenne, avant de décider que les films participants à la compétition officielle des JCC soient réservés, exclusivement, à partir de la deuxième session de 1968, aux films arabes et africains.»
Le Tanit d’or (premier prix) revint au Sénégalais Sembene Ousmane pour son film La Noire de..., le Tanit d’argent fut décerné au film Le premier cri du Tchèque Jéromil Jirès. Le sénégal aura au cours de ces 48 ans d’existence remporté trois fois le Tanit d’or ( la noire de…en 1966 , Le prix du pardon en 2002 et La pirogue en 2012)
Au paradis des femmes et hommes de cinéma Tahar Chériaa doit bien doit bien afficher un large sourire de satisfaction après ce raccourcissement des délais des JCC. Comment le Fespaco accueillera-t-il cette rupture de connivence, lui qui depuis bientôt 14 ans hésite à se faire annuel et non plus biennal ?