La vie est faite de hauts et de bas. L’artiste chanteur, virtuose du Ndaga, Saloum Dieng qui, du sommet de la gloire, se retrouve aujourd’hui au bas de l’échelle, ne soutiendra nullement le contraire. Les périodes fastes des années 70, années de gloire vécues avec le « Ndaga Ndiaye » dont il se réclame être le principal héritier, sont loin, très loin derrière lui. Aujourd’hui, au moment des comptes, il ne lui reste plus que de lointains souvenirs. Les souvenirs d’une vie heureuse qui lui reviennent pendant ses moments de solitude et de méditation.
C’est à la permanence du Parti socialiste à Kaolack que nous l’avons trouvé assis et pensif. Ce fidèle socialiste, qui ne respire que pour le Ps, y a installé ses quartiers. Depuis plus d’une dizaine d’années, le prince du Ndaga quitte, chaque matin, sa ville de Ndoffane pour Kaolack et ne retourne dans la capitale du « Laghème » qu’en début de soirée.
Il nous a reçus avec cette courtoisie légendaire que tout Kaolack lui connaît, nous entraînant dans de profonds souvenirs de ses moments de gloire ; des images du temps où le public sénégalais ne voyait pas en lui l’homme portant les stigmates d’une lèpre guérie, mais le prince charmant du Ndaga qui haranguait les foules, séduisait les jeunes filles et jeunes femmes qui ne juraient que par son nom.
Et, tout cela, grâce au « Ndaga Ndiaye », une expression musicale tirée du riche patrimoine folklorique du « Ngoyane », cette partie du Sénégal adossée à la Gambie connue pour son hospitalité légendaire.
« Je suis le maître et le vivificateur du Ndaga » qui appartient à la famille « Bèla », soutient-il, affirmant être l’hériter de son homonyme et grand-père, Saloum Anthia, père du virtuose du xalam, Sakou Dieng de Médina Sabakh.
Né à Médina Sabakh, la capitale du Ngoyane, Saloum soutient avoir grandi à Ndiaw Bambaly, dans l’actuelle commune de Nganda où résidait sa maman. Très vite, le jeune Saloum révéla à son entourage des qualités de virtuose du xalam, un instrument traditionnel à cordes, le pendant de la guitare occidentale.
Mais la maladie (lèpre) viendra ruiner les espoirs du jeune prodige, obligé à migrer vers Kaolack, puis à Ndoffane, pour se soigner. « C’est l’ancien président de l’Assemblée nationale, Amadou Cissé Dia, alors médecin au Service d’hygiène de Kaolack et un infirmier du nom de Sonko qui me soignaient. « Ayant presque perdu l’agilité et l’usage de mes mains pour jouer au xalam, je suis allé m’installer à Keur Baka, puis à Ndoffane, pour être plus proche de mes soignants », a-t-il souligné.
Entre 1945 et 1946, la grande cantatrice du Ngoyane, Seynabou Dieng, créa la troupe de Médina Sabakh que Saloum intégrera plus tard. Une seconde chance pour celui qui avait perdu tout espoir de s’affirmer avec le xalam. Il s’essaya à la chanson. Sa voix se révéla comme étant l’une des plus belles du Ngoyane avec une tonalité à nulle autre pareille.
Vers les années 70, comme le jeune chanteur à la voix d’or commençait à gêner les grandes cantatrices de la troupe créée par Seynabou Dieng, Saloum, qui se faisait un nom, choisit de faire une carrière solo, entraînant avec lui quelques choristes, un joueur de xalam, avant de faire appel au tambour major Pape Seck de Kaolack pour assurer la rythmique.
Le Ndaga version Saloum Dieng est ainsi lancé et, très vite, tous les mélomanes du Saloum et des autres régions y adhèrent, savourant ainsi toutes les sonorités et le rythme endiablé imposé par de jeunes et très belles danseuses.
Ses morceaux fétiches inondèrent le marché. Wéndélou, Bismilay, Na ko déf, Dindin kéba, etc. connurent le succès escompté.
Saloum suscita l’admiration des mélomanes et obtint la reconnaissance de ses pairs, de grands chanteurs de la trempe de Ndiaga Mbaye et Abdou Mbouloum qui lui dédièrent des chansons.
Malgré les séquelles laissées par sa maladie, Saloum conquit le cœur des Sénégalais et des autres populations de la sous-région. Si le président Senghor, homme de culture confirmé, lui a offert son premier million en lui intimant l’ordre de ne pas l’ébruiter, c’est le président de la Mauritanie d’alors, Moctar Ould Dada qui l’invita pour sa première sortie internationale.
« Quand Senghor m’a reçu à sa résidence secondaire de Popenguine et m’a offert 1 million de FCfa, j’ai, dans le véhicule qui me ramenait à Kaolack, inventé une chanson, « Ya ko déf té kén dou ko wakh, dét way dét ». « Une manière de transgresser l’ordre qu’il m’intima de ne rien dire à propos de cette donation », a souligné Saloum Dieng.
Le succès du maître du Ndaga dépassa les frontières sénégalaises. Saloum et sa troupe furent accueillis avec faste en Guinée, en Gambie, au Mali, etc.
Avec tout l’argent gagné, Saloum se paie des taxis et des véhicules 7 places. 5410 S6A, c’est le numéro fétiche du premier taxi de Saloum Dieng retenu par tous les Kaolackois de l’époque. Jeunes filles et jeunes femmes bataillèrent ferme pour tomber dans les bras du prince charmant qui ne laissait personne indifférent.
« J’ai des aventures avec une multitude de femmes, mes épouses n’étaient que 3, à savoir Fatou Faye, Awa Diagne et Fatou Seck, la fille du vieux Mat, grand griot connu à Kaolack », nous confia-t-il.
Ses rapports avec Babacar Bâ, alors puissant ministre de l’Economie et des Finances qui était en plus le gestionnaire du fameux compte K2 dont l’objectif était de créer une petite bourgeoisie sénégalaise, furent des rapports entre un griot et son maître. « Mor Khoulé Bâ, ancien chef de canton, était l’ami de mon père, ce qui s’est déteint sur mes rapports avec Babacar Bâ qui me donnait de l’argent le matin et l’après-midi avant de me promettre pour le soir ».
Saloum Dieng souligne qu’autrefois, les gens étaient très généreux et donnaient aux griots sans compter. « Mais depuis que la limonade a remplacé l’alcool dans la vie des nobles et que les guerriers cédèrent la place aux innocents, les gens sont devenus très pingres et insensibles aux propos des griots ».
Saloum raconte que lors d’une de ses prestations à Kaffrine, alors qu’il chantait le nom d’un guerrier, ce dernier s’exprima en ces termes. « Saloum, je vais t’offrir aujourd’hui ce qu’aucune personne ne t’a jamais donné depuis ta naissance ». Il lui remet un couteau et sort quelque chose de son pantalon bouffant. Imaginez ce qu’il lui demanda de couper.
L’art, la culture et même le folklore et la musique ont migré vers les cercles fermés de la capitale, laissant les virtuoses, les vrais gardiens de la tradition sur les carreaux dans les régions.
« Si vous ne pouvez pas remplir le Grand théâtre où Sorano, si vous ne gagnez pas l’estime des « driyankés » (grandes dames) de Dakar qui vous couvrent de billets de banque, de titres fonciers ou de voitures, vous ne pouvez rien obtenir aujourd’hui », nous confie Saloum qui semble regretter son passé.
A part son jeune frère qui a construit sa maison et entretient sa famille, Saloum Dieng ne reçoit rien de ses vieilles connaissances, celles-là qui, hier, chantaient ses louanges et profitaient de ses avoirs. « Quelques anciennes de ma troupe, des choristes, à Médina Sabakh et à Ndoffane, me viennent souvent en appui en partageant les produits de leurs soirées avec moi », ajoute, l’ex-roi du Ndaga.
Comme si c’était hier !
C’était un jour de Samedi de l’année 1972. A la place publique de Keur Socé, juste dans les alentours du marché. Aujourd’hui, encore, je m’en souviens comme si c’était hier. Les socialistes, je ne sais plus si c’était l’Ups (Union progressiste sénégalaise) ou le Ps (Parti socialiste), qui y organisaient un grand meeting, sous la présidence du tout puissant ministre de l’Economie et des Finances du président Senghor, Babacar Bâ, alors secrétaire général de l’union régionale socialiste de Kaolack.
Parallèlement au programme politique de l’événement, le grand maître du Ndaga, Saloum Dieng, au sommet de son art et de sa gloire, et sa troupe ont été pressentis pour assurer le côté animation.
Votre serviteur, alors jeune marié dans ce village et agent à l’institut des huiles et oléagineux de la station de recherches de Darou, a eu le privilège d’assister au meeting et de découvrir pour la première fois, Saloum Dieng sur scène.
Son entrée, vers les environs de 17 heures fut triomphal, encadré qu’il était par les membres de sa troupe, batteurs, joueurs de xalam et les charmantes choristes et danseuses, mais également par le groupe manuel, un fan’s clubs composé d’inconditionnels des gares routières Noirot de Kaolack, Ndoffane, Keur Madiabel, Nioro, etc. Constitué de solides gaillards qui, le plus souvent étaient dans les vignes du Seigneur, le groupe manuel assurait la sécurité du chanteur qui n’avait pas que des admirateurs.
Ce jour-là, Babacar Bâ a offert au chanteur 500.000 FCfa en billets de banque neufs de 5.000 FCfa, suivi en cela par un riche commerçant, cultivateur et transporteur, Abdoulaye Dia de Daga Sambou qui a, lui aussi, offert 500.000 FCfa au maître du Ndaga.
Comme si c’était encore hier, votre serviteur se souvient, aujourd’hui, encore de la démonstration de force des peseurs de l’Oncad qui ont couvert Saloum Dieng de billets de banque, si bien que l’artiste n’avait pas récolté moins de 2 millions de FCfa en une soirée.
La modernité, c’est comme un cheveu dans la soupe pour les adeptes de la coiffure de grand-mère. Jadis, la technicité s’exprimait dans les nattes. Les mèches étaient tissées avec goût, comme un tissu de grâces sur le chef. Aujourd’hui, les cheveux synthétiques ou naturels charrient une nouvelle culture de la coiffure. D’hier à aujourd’hui, le mythe du cheveu qui chute s’estompe dans le secret des salons.
Elles étaient belles, créatives et savaient se mettre en valeur, nos grands-mamans ! Il leur suffisait juste de se faire des nattes « Diamono Coura », «Punk»,«Cora» « Ndoungou »... accessoirisées par un « pésse sa Goro » et... elles étaient toutes « mimi ». De nos jours, la beauté n’a plus la même définition. Etre belle aujourd’hui, c’est avoir une chevelure de rêve, des yeux de biche et des ongles de femme fatale.
Les cheveux représentaient jadis un atout majeur pour la séduction. Au même titre que les bijoux et le maquillage. Nos mamans les assouplissaient avec du beurre de karité, puis les démêlaient à l’aide d’un peigne afro ou en ivoire. Ils étaient ensuite généralement tressés en fines nattes. Nattes collées, tresses horizontales, perpendiculaires ou parallèles en passant par des formes toujours diverses et variées.
En effet, leurs cheveux crépus permettaient une multitude de modèles. La dextérité et l’adresse requises pour l’exécution des tresses relevaient par ailleurs du talent et de l’art. « Je fréquentais une famille griotte et c’est là-bas que j’ai appris les techniques de la tresse. Puis, j’ai commencé à m’appliquer petit à petit. Je faisais toutes sortes de tresses et j’avais beaucoup de clientes.
D’ailleurs, pendant les périodes de fête, je restais des nuits sans dormir, tellement ma maison était pleine de monde », explique « mère » Nogaye Sène, une ancienne tresseuse.
D’après elle, du fait du volume et de la longueur des cheveux, tresser quelqu’un pouvait être un défi ; il suffisait, néanmoins, d’un minimum de technicité pour y parvenir. Et de belles tresses, il en existait à l’époque. Le « Diamono Coura », «Punk», «Ndougou»,«Cora», « Mbeug », étaient en vogue et nos mamans avaient l’embarras du choix.
« Presque chaque semaine, je changeais de tresse. Chaque famille avait sa tresseuse. En fait, il n’était pas donné à n’ importe qui de faire le métier. Les « personnes de caste » avaient ce don, et elles l’exécutaient très bien », explique Adjaratou Sokhna Fall.
Toujours très élégante, elle explique qu’à l’époque, elle faisait appel à sa coiffeuse à l’approche de grands événements. « Mais, je ne confiais pas ma tête à n’importe qui. Car la coiffeuse pouvait avoir une "mauvaise main". Et c’était synonyme de chute de cheveux consécutive à la séance de coiffure. Je prenais souvent celle qui était réputée pour ses belles réalisations ».
En fait, nos grand-mamans ne connaissaient ni le tissage, ni le défrisage, encore moins les extensions. Les tresses étaient, pour elles, la manière de sublimer les cheveux et de ressortir la beauté. « Nos cheveux nous permettaient d’arborer des tresses magnifiques quelle que soit leur épaisseur, grâce à leur texture épaisse et crépue », renchérit « maman » Dieynaba Mbacké, une habitante de Yarakh.
Pour confirmer ses propos, Nogaye Sène explique que les tresses se déclinaient et se portaient de plusieurs manières, toutes aussi belles les unes que les autres. « On pouvait les porter longues, courtes, en chignon, en tresses couchées ou relevées. En somme, il existait tellement de modèles de coiffure et on avait un large spectre de choix».
Cependant, les « yoss » (mèches synthétiques) puaient et nos mamans avaient trouvé une astuce pour contourner cet impair. « Le paquet coûtait 25 francs et pour avoir de belles tresses, on en payait pour 100 francs. Mais, avant de faire quoi que soit avec, on mettait de l’encens pour éliminer l’odeur. Après, on pouvait faire de belles coiffures avec », se rappelle Amina Diakhaté.
Celle- ci avoue avoir eu plus de penchant pour les « ndoungous », des tresses en forme de « Davala ». « On laissait beaucoup de cheveux au milieu, et l’on faisait de petites tresses sur les deux côtés. Puis on renforçait les cheveux du milieu avec du « yoss », avant de tresser le tout. Cela ressemblait à du Davala et c’était très joli », témoigne-t-elle.
INSPIRATIONS
L’art de réaliser un chef d’œuvre... sur le chef
La nature n’était pas tellement transfigurée dans ses apparences premières. Il fut des temps où les femmes ne disposaient pas d’une palette aussi sophistiquée que celle dont bénéficient aujourd’hui leurs cadettes. Et pourtant, elles savaient ce que séduction veut dire...
En effet, les tresseuses réalisaient parfois de véritables chefs-d’œuvre. Du cora (de la laine qu’on entrecroisait avec les cheveux) au « diamono Coura », des nattes en « yoss », les créations ne manquaient pas. Et les tresses étaient souvent accessoirisées avec des foulards de tête qui donnaient aux dames des airs authentiques.
Le « pesse sa goro » (foulard de tête qu’on nouait et inclinait sur le côté pour monter une partie des tresses) ou encore le « bourtoungal » (foulard de tête très transparent que les femmes toucouleurs, bambara et sarakholé mettaient lors des grandes cérémonies) étaient très tendance à l’époque. « Le « pesse sa goro » ou le « bourtoungal » étaient juste un prétexte pour montrer nos tresses. C’était très joli et ça faisait ressortir la beauté.
On n’avait pas besoin de mettre du maquillage. Les femmes étaient simples et naturelles, contrairement à ce que je vois aujourd’hui », taquine Dieynaba Mbacké, qui révèle d’ailleurs que certaines femmes intellectuelles préféraient se coiffer un peu plus à l’européenne. Elles aimaient faire des chignons ou plaquer leurs cheveux.
Les bigoudis, appelés aussi « boucleurs » par nos mamans, et le peigne à défriser étaient alors leurs armes secrètes de séduction. Le peigne en fer était utilisé pour lisser les cheveux crépus car, à l’époque, il n’y avait pas de défrisage à froid.
« On mettait le peigne sur le fourneau, histoire de bien le chauffer, après on le faisait passer sur nos cheveux. C’était le défrisage à chaud. Et je me brûlais les mains à chaque application. Mais j’étais toujours satisfaite du résultat. Je pouvais me coiffer comme je le voulais après, parce qu’à l’époque il n’y avait pas de salons de coiffure. Tout se faisait à la maison », confirme Amina Diakhaté.
Les bigoudis permettaient d’ailleurs de donner différentes formes à leurs cheveux. Plusieurs tailles de rouleaux existaient. Les gros étaient utilisés pour détendre les cheveux et les petits pour les boucler. « On les serrait sur nos cheveux toute la nuit et à dire vrai, cela faisait tellement mal.
Des fois, je n’arrivais même pas à dormir. Vous pensez quoi ? Nous aussi on souffrait pour être belle. Seulement, tout se faisait avec modération et classe. On ne connaissait ni les greffages, ni les cheveux naturels, ni les colorations encore moins les maquillages à outrance », ajoute-t-elle.
STANDARDS CAPILLAIRES
Adieu les tresses, bonjour les cheveux naturels !
C’est une question de goût et de coût. Les cheveux naturels ne puent pas comme les « yoss » synthétiques. Mais, il faut un budget que n’hésitent pas à prévoir les filles et les dames. Se faire belle est aussi dur que les temps pour les poches !
l’époque des « yoss », « boucleurs », peigne à défriser et « pésse sa goro » est cependant bien révolue. Aujourd’hui, on fait des nattes pour les cacher sous la perruque en cheveux 100% naturels... avec, s’il vous plait, du brushing pour donner du volume ! Les jeunes filles ont cassé les standards capillaires de l’ancienne génération et cachent leur misère capillaire sous des artifices. Les « yoss » n’existent plus d’ailleurs, (ils ont été remplacés par les mèches). Quid du « Diamono Coura » ?
Certaines filles d’aujourd’hui ne savent même pas ce que cela signifie. « De nos jours, elles veulent ressembler à des Européennes. Je ne comprends toujours pas pourquoi elles mettent des tonnes de faux cheveux sur leur tête et du maquillage à outrance. A notre époque, il n’y avait même pas de salons de coiffure.
La dépigmentation et le maquillage étaient pour les filles volages », se désole « mère » Nogaye Sène. En effet, qui ose sortir de nos jours avec du « Ndoungou » sur la tête ? Certainement pas les jeunes filles hyper branchées de Dakar !
« C’est la première fois que j’entends ces noms ! Vous dites que ce sont des tresses ?» s’étonne Mamichou, une « apprentie » mannequin. D’après elle, niveau coiffure aujourd’hui, ce sont les extensions de cheveux, les rajouts, les colorations, les tresses américaines entre autres qui tiennent le haut de la ... tête.
Lassées de leurs cheveux crépus difficiles à entretenir, les femmes ont trouvé refuge dans les poses d’extensions. La nouvelle manne du marché de la coiffure ! La preuve : les salons de coiffure fleurissent à chaque coin de rue. « J’ai ouvert mon salon depuis 2009. J’ai fait ma formation en coiffure avant de faire le grand saut. Je rends grâce à Dieu je m’en sors très bien car les femmes d’aujourd’hui aiment prendre soin d’elles. J’ai une liste de clientes qui, presque chaque semaine, viennent se coiffer », explique Ndèye Aïda Fall, coiffeuse à la Médina.
D’après elle, la mode capillaire a bien changé car les greffages et cheveux naturels facilitent la tâche aux jeunes filles. « On ne met plus des jours à se tresser comme à l’époque de nos mamans. Avec les greffages et autres coiffures à la mode, les clientes ne perdent plus leur temps. Au maximum, au bout d’une heure, on est toute belle ».
On coupe désormais les cheveux, les colore et les coiffe différemment.Teints en rouge ou en blond, rasés à la Barthez (ancien gardien de but de l’équipe de France de foot, ndlr), ou rallongés de 20 centimètres... Les jeunes filles ne reculent plus devant rien. Et, en quelques années, la demande des « faux cheveux » a explosé.
Cette nouvelle consommation capillaire a généré un trafic. Des cheveux viennent d’Inde, du Brésil entre autres pays. Puis, ils sont revendus par des grossistes. « Je vends des cheveux naturels, tissages brésiliens et greffages synthétiques et j’ai beaucoup de clientes. Vous savez, les femmes d’aujourd’hui sont indépendantes. Elles travaillent et gagnent durement leur argent. Donc elles peuvent se permettre d’acheter des cheveux naturels et de prendre soin d’elles », défend Issakha Fall, vendeur au marché Hlm.
Dans la palette d’accessoires du corps (faux cils, faux ongles....), les cheveux tiennent une place à part. Et maintiennent la barre placée très haut. En fait, chez les femmes, les cheveux sont restés une véritable arme de séduction. La beauté, la brillance, parfois la couleur, jouent un rôle essentiel. « Il ne faut pas oublier toute la sensualité d’un geste : écarter une mèche, passer nonchalamment sa main dans ses cheveux, c’est tellement doux et attirant. C’est pourquoi je dépense tout mon argent pour avoir une belle coiffure. J’aime attirer les regards, surtout ceux des hommes. Et sans mes longs cheveux, ce n’est pas possible », assume Maria Ndiaye.
Même son de cloche chez Fanta Diouf, une belle Sérère aux « cheveux de sirènes ». « Porter de faux cheveux permet non seulement d’avoir de belles longueurs, mais aussi une crinière de rêve. Je ne me vois pas mettre des nattes comme à l’époque de grand-mère. C’est révolue cela. « Damay défar ba mou bakhe ! Et les hommes aiment bien nous voir en beauté», assène-t-elle.
Né en 1951, le chanteur Idrissa Diop parait bien plus jeune que son âge. Très soigneux, il tient toujours à laisser une bonne impression à son public. Et selon l’artiste, s’habiller avec goût et élégance est une aptitude qui s’acquiert et s’améliore par la pratique.
Il tutoie les frontières. Depuis toujours. Il a également côtoyé plusieurs cultures et testé plusieurs styles vestimentaires. Pour Idrissa Diop, s’habiller comme un dandy est tout un art mais apprendre à bien le faire n’est pas si compliqué qu’il n’y paraît. La preuve, aujourd’hui l’artiste est toujours sur son 31, avec un code vestimentaire très élégant, à la limite parfait.
Pourtant, dans sa jeunesse, l’artiste copiait ses grands- frères pour parfaire son style. « Je m’inspirais d’eux ! A l’époque, on vivait à la Gueule Tapée, mais je fréquentais aussi la Médina. Je me rappelle que chaque après-midi vers 17 h, c’était la bamboula. Nos grands faisaient un véritable défilé de mode. Ils s’habillaient avec classe et c’était comme une sorte de compétition. Je copiais sur eux, car ils étaient des références. J’aimais prendre soin de moi grâce à "Grand" Matar Niang, Magaye Gaye, Soré, entre autres artistes de l’habillement», explique le lead vocal du groupe «Demb ak Tey».
Idrissa Diop raconte que vers les années 60, 70, 80, l’image sociale dépendait presque totalement de l’apparence que chacun donnait de lui. En fait, la façon de s’habiller était le premier point à considérer. « C’était fondamental et c’était ce qui célébrait les valeurs d’un homme ! ». L’artiste confirme également que s’habiller, comme dans tout autre domaine, a des règles précises... C’est tout simplement de l’art.
« Jusqu’à présent quand je m’habille les gens apprécient. Je porte toujours les pantalons "pattes d’éléphant". C’est mon style et, pour rien au monde, je ne changerai. Qui dit mode, dit démodé.
Donc moi, je ne vis pas la mode. J’ai travaillé avec de grands musiciens qui portent jusqu’à présent des "pattes d’éph". on peut être élégant en étant correct. Et nous de l’ancienne génération savons ce que c’est être élégant ».
« Les jeunes n’ont plus aucune référence » D’après l’auteur de « Fly on », l’ancienne génération connaissait les marques à éviter, les paires de chaussures à acheter, et les matières à privilégier. « Savoir accorder les couleurs d’une tenue était primordial ! », clame- t-il.
Il regrette que cette connaissance de la mode ne prévale plus. « Les jeunes n’ont plus de repères. Leur façon de s’habiller n’a pas de sens. Je ne supporte pas les "pinw", le "kriss-kross" et autres.
Dis-moi quelle jeunesse tu as et je dirai quel peuple tu auras. Quand je vois la façon dont les jeunes s’habillent aujourd’hui, je suis sidéré. Ils n’ont aucune référence », dénonce Idrissa Diop.
Il n’a aucune indulgence face aux fautes de goût. C’est bien plus préoccupant qu’une question d’époque. « Je ne pardonne pas aux jeunes leur façon de s’habiller, surtout quand ils se présentent à un événement. Je suis élégant et mon style de l’ancienne époque retient toujours l’attention ».
Quoique, le style varie d’une personne à une autre, pour Idrissa Diop, se vêtir comme un « vrai » gentleman reste le must. Car la classe et l’élégance ont toujours été les piliers qui soutenaient l’image d’un homme à l’époque. « C’était aussi un atout supplémentaire pour améliorer son jeu de séduction », lance-t-il malicieusement.
« Je suis fier de Mbaye Dièye Faye » Cependant, le chanteur se désole que de nombreux jeunes ne se soucient pas d’agrémenter leur dressing, alors que le look véhicule les valeurs de l’homme comme de la femme. Pour lui, un vrai « Sagnessékat» n’est pas celui qui a un style fanfreluche, mais celui qui est simple dans son accoutrement et qui marque le coup quand il s’agit de porter des habits.
Mettre en valeur sa personnalité est aussi un atout. « Ce genre d’homme se repère aisément et on le distingue facilement des autres. C’est mon cas ! D’ailleurs, moi qui suis né en 1951, quand je dis mon âge, les gens ont souvent du mal à me croire tellement je parais bien plus jeune ».
Et s’il y a un artiste dont Idrissa Diop est fier aujourd’hui côté style vestimentaire, c’est bien Mbaye Dièye Faye du Sing-Sing rythme. « Je lui ai inculqué, dès le bas âge, l’importance de bien s’habiller.
Ses parents me l’avaient confié à la Médina et, aujourd’hui, je suis très fier de lui. Regardez-le comme il s’habille classe ! Il est toujours très correct et ça, il le tient de moi », témoigne-t-il fièrement.
WALY SECK
L’artiste au look « trendy », coloré et osé...
La mode, ce sont les stars qui la font. La preuve, les jeunes filles n’ont d’yeux que pour Viviane Chédid et ses robes Zara, les garçons imitent Waly Seck et son style un peu décalé. Le jeune artiste adopte, depuis 2009, un look très osé... qui fait jaser !
Adeptes des vêtements colorés et près du corps, le jeune artiste Waly Ballago Seck est un vrai dandy. Il est également réputé pour son sens du style. Un look bien à lui, qu’il cultive depuis 2009, année de sortie de son premier album intitulé : « Voglio ». Et si pour ses premières années de carrière il portait des vêtements plutôt casual (décontracté) colorés mais relativement simples, il est devenu, au fil des années, friand d’un style plus « féminin » et osé.
Coupes ultra ajustées, vestes cintrées, chemises slim et pantalon à pinces bien moulant, le fils du chanteur Thione Ballago Seck assume à 200 % ses looks. Et il faut avouer que les jeunes, particulièrement ceux de « Gouney Waly » (ses fans), adorent ça ! Et sa silhouette élancée lui donne une classe naturelle qui, mixée à son grain de folie, lui apporte un côté irrésistible.
Même en mode jean slim et col tombant ou en pantalon cuir et sandales à mi-talon, les jeunes le trouvent séduisant. Ils s’identifient à lui... malgré les critiques. « Je reste fidèle à mon style », avait- il soutenu lors de l’émission « Appt 221 » de la Sen Tv. Waly Seck se définit d’ailleurs comme une « fashion victime ».
Son long séjour au pays de Berlusconi y est sûrement pour quelque chose. « L’Italie est le pays de la mode et les Italiens sont les plus stylés au monde. J’ai vécu là-bas et j’y ai appris à parfaire mon look ». La preuve, dans son vidéo clip « Néwonenala », extrait de« Louné », son deuxième album, sorti le 7 juillet 2012, le jeune artiste avait misé sur un style beaucoup plus provocateur : chemise blanche ultra serrée, nœud papillon nouée avec négligence et un mini-pantalon slim bien ajusté au niveau des genoux.
Un look un peu féminin qui, pourtant, a eu un franc succès auprès des jeunes. C’est dire qu’audace et excentricité règnent dans le dressing de Waly Seck. D’ailleurs, il y a quelques mois de cela, il avait révélé que c’est sa femme qui choisit ses habits.
Son code vestimentaire un peu féminin n’est pas apprécié par tout le monde. Certains se demandent même si ce n’est pas l’artiste qui « chipe » les habits de sa femme, tellement ses looks sont toujours bien orchestrés !
DEMBEL MÈNE LE RYTHME AVEC DES MUSICIENS DE TALENT
Pour son retour sur la scène musicale sénégalaise après un an de break forcé, Omar Pène compte offrir à son public le 30 août prochain un spectacle de qualité. Le casting des musiciens devant jouer avec lui est prometteur et est surtout marqué par la présence de son chef d’orchestre Pape Dembel Diop. Un orfèvre de la guitare basse au talent immense.
C’est loin, très loin du bruit de la ville, dans un coin où l’on entend que les sons des vagues qui se déferlent sur une plage qu’on n’imagine proche, qu’Omar Pène et ses musiciens ont décidé de se retrouver pour rejouer une partie de leur répertoire.
Derrière la cité Alioune Sow, dans une ruelle baptisée ‘’kognou Ndongo Lô’’, se trouve un studio appartenant au manager de l’artiste et qui doit accueillir toutes les répétitions du Super Diamono d’ici le 30 août, jour du grand retour de la légende de la musique sénégalaise. Pour faire plaisir à son public, ‘’Baye Pène’’ a regroupé les meilleurs. Le mythique guitariste aux doigts magiques Cheikh Tidiane Tall était à côté de son
jeune frère et non moins talentueux Dembel Diop. Bien dans son rôle de leader des instrumentistes, le bassiste menait la cadence des répétions dans une ambiance bon enfant et une chaleur assez étouffante. ‘’Non, non cette note n’est pas bien jouée’’, ‘’non c’est un ré et un si diez’’, ‘’il faut jouer quatre fois ce temps au lieu de 3 comme tout l’heure’’. En voilà des remarques faites au cours de la répétition par le talentueux Dembel.
Il guidait ainsi tel un maestro ses collègues, en bon ‘’chef d’orchestre’’. Ainsi, il a naturellement retrouvé sa place dans le groupe. Et à juste titre. Dembel est l’un des plus anciens, s’il n’est le plus ancien musicien d’Omar Pène. Il connaît par cœur les notes et paroles des chansons du leader du super Diamono.
Alors, Il encadre et guide les nouveaux side man recrutés pour jouer avec le mythique orchestre le 30 prochain, en leur expliquant les notes et la manière de jouer. Parmi ceux-ci, le doyen Thierno Koité, l’un des membres fondateurs du ‘’Sahel’’ que les musiciens par respect pour son âge appellent ‘’Grand Thier’’.
Il marque par sa présence le retour d’un instrument à vent, le saxophone, au sein du Super Diamono. Papis Konaté, claviste et compositeur doit lui aussi jouer avec Omar Pène le 30 prochain. Il a pris part aux répétitions et était contraint par moments de mettre sur papier quelques notes pour être dans la cadence. Ces dernières lui étaient communiquées par le même Dembel.
En outre, si certains des musiciens ont du mal avec les notes, d’autres, apparemment habitués aux sons de la légende de la musique sénégalaise, s’en sont bien tirés. C’est le cas du batteur de la ‘’génération consciente’’ Jules Diop ou encore du percussionniste Alioune Seck.
Ce dernier a fait une belle prestation avec Hervé Samb lors de la dernière édition du festival de jazz de Saint-Louis. C’est sans surprise qu’on le voit surfer avec facilité sur les airs très jazzy de la formation musicale de ‘’Gorou Bana’’.
Fata sort un single en rendant hommage à Omar Pène
Une fois n’est pas coutume, un rappeur chante les louanges et mérites d’un mbalaxman. La prouesse est signée Fata. El presidente a rendu un vibrant hommage à la légende de la musique sénégalaise à travers le titre ‘’Omar Madiara Pène’’. Moustapha Gningue (Fata) a samplé l’une des chansons du leader du Super Diamono pour composer son titre en duo avec Cheikh Diagne. Une manière certainement d’encourager l’auteur de ‘’mouride’’ qui avait pris une pause forcée d’un an et qui compte revenir le 30 août prochain en animant une soirée au Grandthéâtre. Fata dit dans la chanson que Pène est sa référence et le surnomme ‘’ndanane‘’. Il est pour lui une source d’inspiration pour toutes les générations de chanteurs.
C’est un secret de polichinelle que Pène et Fata entretiennent une relation amicale qui date de longtemps. Awadi est aussi très lié au leader du Super Diamono. Des ténors des cultures urbaines ont d’ailleurs fait une vidéo pour soutenir à travers des messages OmarPène. Mais il n’est pas habituel chez les rappeurs de chanter les mbalaxmen. C’est plutôt toujours des clashs. Même si l’on peut dire qu’Omar Pène a souvent été épargné par nos hip-hoppeurs au même titre que Baaba Maal et Souleymane Faye, tous très appréciés dans le milieu underground. Mais jusque-là, aucun rappeur n’est allé jusqu’à les chanter. Ils ne leur jettent pas de pierres mais pas de fleurs non plus.
Les rappeurs chantent souvent des idéaux et s’inspirent de grands hommes comme N’Krumah, Thomas Sankara ou encore Nelson Mandela et Cheikh Anta Diop mais jamais de chanteurs contemporains à fortiori de mbalaxmen. Certes des duos avec des ténors du hip-hop et de grands noms de la chanson sénégalaise ont été enregistrés, mais on n’a pas encore noté un projet assimilable à ‘’Omar Madiara Pène’’. El presidente est passé par là. Au grand bonheur des nombreux fans du leader du Super Diamono.
LES MALHEURS DE DADO
''RAKI'', ROMAN D’ALIOUNE BADARA BÈYE, PRÉSIDENT DE L’ASSOCIATION DES ECRIVAINS DU SÉNÉGAL
Le temps passa rapidement, Dado ne sortait presque plus, elle arrivait difficilement à cacher son état. Son teint avait sérieusement pâli, elle ne portait plus que le grand boubou. Elle prenait soin d’attacher son ventre pour cacher son état. Elle était terriblement gênée.
Un soir, les maux augmentèrent et finirent par alerter Bakar qui sentit une sorte de honte parcourir son corps en la découvrant couchée sur le lit, la tête pendante au-dessus d’un crachoir.
Longtemps, il resta figé devant cette scène. Tout au fond de lui. Il se demandait, comment il pouvait négliger sa femme jusqu’à ce point ?
Comment pouvait-il rester insensible devant les souffrances de cette per- sonne qui à vécu toutes ces années avec lui ? Une personne avec qui il avait partagé autrefois les joies et les peines. Cette femme qui fut son eau pure, la chaîne de ses nuits d’amour.
Tant de réflexions rendirent son visage blême de honte, il ne se reconnaissait plus, il avait mal à se prendre pour un lâche. Pendant un instant, son émotion fut grande, seul l’orgueil l’empêcha de reconnaître sa faute. Il demanda néanmoins :
Qui est qui ne va pas Dado? Elle voulait le retenir quelques instants encore, mais la résistance humaine a des limites. Alors elle articula faiblement : - Awa ! Viens me délivrer ! - Awa ! répéta Bakar, les yeux hagards, l’air honteux.
Aussitôt après, la sage Awa surgit et pria poliment Bakar de sortir de la chambre. Bakar resta un long moment ébahi. Noble Bakar, fit la vieille, Awa, le moment est venu de prier pour ta femme, ta première femme, la voilà à la merci du destin ! la voilà prête à augmenter ton foyer, à attiser les flammes d’un espoir nouveau.
Pardonne-moi Bakar, si je l’ai aidée à conserver si longtemps son secret, pardonne-moi et va vite à la rencontre du souffle des ancêtres. Bakar ne pouvait répondre, son regard était presque livide ; il tituba et chercha dans la nudité des ombres le secours des vents constants. Son regard était maintenant devant la tombe de Lébo- Mikaîlou. Presque anéantit, il prononça :
Baba ! Pardonne à ton fils égaré ! Baba ! Tu m’as enseigné l’amour du prochain, le respect de la femme. Tu m’as appris la bonté du Prophète Mohammed dont je suis le fidèle serviteur ! Tu m’as souvent parlé de ma noblesse de cœur qu’abritait l’âme des sages.
- Baba ! Pardonne à ton fils égaré ! Pardonne-moi d’avoir préféré l’aube à la brise matinale venue de tes bénédictions.
Baba ! Protège Dado ! protège-là des puissances maléfiques et si jamais elle devait souffrir davantage que la malédiction d’Allah s’abatte sur moi.
Que les anges des ténèbres frappent leurs ardents fléaux sur ma tête !
''J’AI PRIS AVEC BEAUCOUP DE PHILOSOPHIE TOUT CE QUI A ÉTÉ DIT SUR MOI''
Absent de la scène musicale de- puis un an pour raison de santé, Omar Pène, lead-vocal du groupe Super Diamano, est de retour au Sénégal depuis quelques jours, au grand bonheur de ses fans. Dans cet entretien avec « Le Soleil », il revient sur les raisons de ce break, les rumeurs sur sa disparition ainsi que sa prochaine sortie prévue le 30 août, au Grand Théâtre national. L’artiste a également donné son point de vue sur la situation sociopolitique du pays.
Comment se porte Omar Pène, aujourd’hui, après toutes les rumeurs qui ont couru sur son état de santé ?
Je rends grâce à Dieu. Aujourd’hui, je me porte très bien après un an d’absence. Je prends, avec beaucoup de philosophie, les rumeurs qui ont même fait état de ma disparition. Ce n’est pas la première fois que j’entends ce genre de choses me concernant.
Cela a heurté la conscience de beaucoup de gens qui me sont très proches. Ils étaient inquiets parce qu’ils n’étaient pas avec moi et ne savaient ce qui se passait réellement. Je me soignais et, pour moi, c’était cela la priorité. Je me disais que le jour où je serai en mesure de parler aux gens et de reprendre mes activités, ceux qui ont véhiculé ces rumeurs trouveront, peut-être, autre chose à dire.
Pendant tout ce temps, vous étiez en retrait par rapport à la scène musicale ?
Absolument. En quarante ans passés dans la musique, je n’ai jamais fait de break. Un cumul de fatigue ainsi que les nombreux voyages à l’étranger ont porté un coup on a décelé, chez moi un diabète. Tout cela concourt à ce que je prenne éventuellement du recul et essaye de me faire soigner. C’était exactement ça.
Durant tout ce temps, avez-vous muri des projets musicaux en rapport à votre carrière ?
Oui. Parallèlement à cela, j’ai quand à ma santé. Et en prenant de l’âge, même travaillé à mon album acoustique sur le plan international. Comme Hervé (réalisateur du prochain album international d’Omar Pène) était en France, chaque fois que j’avais du temps libre, on se retrouvait pour travailler un peu. Je n’étais vraiment pas coupé de mon métier.
Mais, pour moi, la priorité était déjà de me soigner parce que j’en avais franchement besoin. Toute autre chose qui se disait était du n’importe quoi ! Le plus important : je suis de retour et je suis content de retrouver mon pays.
Vous estimez avoir pris cette situation avec beaucoup de philosophie. Intérieurement, comment Omar Pène a vécu cette période ?
Comme j’étais avec mon épouse, mon fils et mes petits-enfants, j’étais occupé à autre chose. J’avais ma famille à mes côtés et j’étais en contact permanent avec mes collaborateurs qui étaient à Dakar. On n’a pas voulu faire des démentis.
Personnellement, je ne voulais pas intervenir sur quoi que ce soit. J’ai voulu laisser les gens dire ce qu’ils veulent parce que j’avais d’autres préoccupations.
Les fans peuvent donc se rassurer...
Ah, mais bien sûr ! D’ailleurs, c’est pour cela que je suis là. Je pense qu’on a l’opportunité de faire une prestation le 30 août prochain, au Grand Théâtre national. Le 03 août dernier, j’étais à Paris où j’ai animé un concert. J’ai repris mes activités. Les fans sont venus me voir dès mon retour. Ils se sont rendu compte que je leur suis revenu en chair et os.
Aujourd’hui, quel est votre état d’esprit ?
Je suis quelqu’un qui ne démissionne pas dans la vie car j’ai accumulé beaucoup d’expérience grâce à mon parcours, ma vie tout court. J’ai vécu des tas de choses durant mon adolescence.
Toutes choses qui font que je prends la vie avec beaucoup de philosophie. C’est difficile de se démettre des rumeurs quand on est un homme public. On raconte du n’importe quoi sur les gens et il faut faire avec.
Maintenant, vous avez appris à encaisser pas mal de choses ?
Absolument ! J’en ai vu pas mal... Mais, pour quelqu’un qui a fréquenté l’école de la rue, c’est presque une habitude. L’école de la rue m’a forgé et a fait de moi l’homme que je suis. Je n’ai pas appris à baisser les bras, j’ai toujours fait preuve d’un optimiste même si ça fait rire certaines personnes...
Durant cette période, est-ce qu’il y a eu des artistes qui sont venus vous voir ?
Beaucoup de mes collègues, Thione Seck, Ismaïla Lô, Baba Maal, les rappeurs, se sont manifestés. Et ça a été des moments forts pour moi. Cela prouve que nous formons une famille.
Ce soutien m’a encouragé à ne pas baisser les bras et, ensuite, de me dire qu’un jour, tout ce beau monde allait se retrouver comme cela a été le cas autour de moi lors de la célébration de mes quarante ans de musique.
Par rapport à votre retour le 30 août prochain, à quoi le public peut-il s’attendre en termes de prestation ?
Ce sera un peu la fête de la musique. J’ai lancé un appel à tous les chanteurs qui veulent venir faire la fête. Le but recherché, c’est de réunir tout ce beau monde et de faire plaisir au public.
Ensuite, on va revisiter le répertoire du Super Diamano parce que ça fait déjà un an depuis que je suis absent de la scène.
Que répondez-vous à ce qui disent que le groupe Super Diamano connait une crise ?
C’est un orchestre qui existe toujours. Le 30 août sera une occasion de répondre à certaines personnes qui se posent un certain nombre de questions. Le Super Diamano est un groupe qui ne meurt jamais. Nous allons montrer aux gens que, quoi qu’on puisse dire, il est possible de se réaliser dans un milieu et à travers un concept bien déterminé.
Même si, quelque part, il y a la concurrence, il faudra la gérer avec beaucoup de tact. Nous vivons dans un pays où les gens ont besoin d’être solidaires pour avancer. Comme le disait Bob Marley : la culture peut beaucoup aider. Elle peut donner des idées à nos chers politiciens.
Comment entrevoyez-vous l’avenir de la musique d’ici les cinq voire dix prochaines années ?
La crise frappe le secteur. Avec le tout numérique, ça devient de plus en plus difficile. Les disques ne se vendent plus. Les maisons de disques disparaissent. Aujourd’hui, pour s’en sortir, il faut toute une gymnastique.
En plus, les œuvres des artistes sont piratées. Les festivals réservés à la musique sont relativement faibles. Dans un pays comme le nôtre, où les gens adorent la musique, il n’y a que le Festival de Jazz de Saint-Louis, le Festival Africa Fête et le Festival Banlieue Rythmes.
Pour faire la promotion de la musique, il faut chercher ailleurs. Actuellement, c’est un peu la galère pour les artistes. Seule la scène peut faire marcher la musique et il y en a moins aujourd’hui. Ne s’en sortent que ceux qui ont un pied sur l’international.
Parlant de piratage, comment voyez- vous l’avènement de la Nouvelle Société de Gestion collective des droits d’auteurs ?
On attend de voir ce que cela va donner. Pour éradiquer le piratage, ce n’est pas demain la veille, franchement ! Ce- pendant, il faut essayer de protéger, le mieux possible, les artistes et leurs œuvres ; les protéger comme cela se fait dans les autres pays.
J’estime qu’il est également important de voir comment protéger les artistes et leurs familles, trouver des fonds pour les soigner quand ils sont malades. Toutefois, cela nécessite une bonne organisation.
En plus, il y a de bonnes volontés qui sont là et qui peuvent aider si on les écoute. Le plus important, c’est qu’il faut que nous arrivions à parler d’une seule voix. C’est à ce niveau que se pose le problème !
SON CARNET DE SOUVENIRS
''Etre musicien, à l’époque, était synonyme de voyou''
LE BOUBOU DE YOUSSOU
- « On n’a pas l’habitude d’étaler nos relations dans la presse tellement qu’il y avait une certaine rivalité entre le Super Diamano et le Super Etoile !Youssou Ndour et moi, nous nous sommes connus en 1973 alors que nous nous rendions à Saint-Louis pour le concert d’un musicien qui s’appelait Mba. A l’époque, il n’y avait pas beaucoup d’orchestres. On était dans un bus « drunk » blanc avec les Soleya Mama, le Xalam, le Number One... Moi, j’étais au « Kadd Orchestra » et Youssou Ndour dans un groupe qui s’appelait le « Diamano ». Nous étions assis côte-à -côte parce qu’étant les plus petits. J’avais 16 et lui, il devait avoir 13 ou 14 ans. C’est ce jour que nous nous sommes connu pour la première fois. Par la suite, il s’est passé quelque chose : dans le bus, nous mangions et que j’ai sali mon boubou. Au concert, il m’a prêté un de ses boubous pour que je puisse jouer avec, parce qu’il en avait deux ! (Rires) C’est ce moment très fort qui nous a liés. »
RIVALITE AVEC LE SUPER ETOILE
– « Depuis cet évènement qui a eu lieu à Saint-Louis, You et moi, nous nous fréquentions quand nous en avions l’occasion. Souvent, quand j’étais à Grand-Dakar, il passait me voir. Nous avons toujours eu ce genre de relations basées sur le respect. Un lien que nous avons su garder au moment où nos fans se regardaient en chiens de faïence parce qu’il y avait une dualité énorme entre les deux groupes. Youssou et moi, nous avons su garder beaucoup de hauteur et avons pris nos distances par rapport à toute rivalité malsaine. C’est ce qui nous a permis de maintenir nos relations jusqu’à présent. Avant de partir en France, il a été le premier à venir me voir à la clinique où j’étais interné à Dakar. Par la suite, il n’arrêtait pas d’appeler pour s’enquérir de l’état de ma santé...
LE COMBAT D’UNE GENERATION
– « Aujourd’hui, nous pouvons nous féliciter de l’engouement que la musique a suscité. Pour notre génération, c’était très difficile. Etre musicien à cette époque était synonyme de voyou. On nous disait : « Allez chercher du travail ! Vous ne réussirez jamais dans la musique ». C’est toute une génération, que ce soit Youssou Ndour, Thione Seck, Baba Maal, Ismaïla Lô, qui a travaillé pour que le musicien soit respecté».
DU BRUIT DANS LA MUSIQUE
- « Toutefois, on peut remarquer aussi que, quelque part, il y a de plus en plus beaucoup plus de bruits dans la musique. Aujourd’hui, les gens ne prennent pas le temps de beaucoup travailler.
Pour le désir de sortir un single, on arrive à faire du n’importe quoi. Au lieu d’adoucir les mœurs, on tympanise les gens. Il faut quand même se ressaisir, prendre son temps et bien travailler. Sur l’international, aujourd’hui, la musique sénégalaise est connue et respectée. Il y a des artistes qui sortent maintenant et qui font les grandes scènes et les grands festivals. Mais, au niveau local, il y a encore du travail à faire. »
L’ACOUSTIQUE ET L’AFRO FEELING
- « Avec l’expérience, on a envie de faire autre chose, d’essayer de travailler avec d’autres musiciens qui ne sont pas Sénégalais. J’ai l’habitude de le dire : la musique n’a pas de frontière. On peut jouer avec un Chinois, un Japonais, un Français ou un Américain. Il y a aussi ce qu’on appelle la « World music». Même si je ne suis pas trop d’accord avec ce concept, il est aujourd’hui bien aimé. Je crois que pour être dans ce milieu, il faut toujours faire avec une musique aussi dépouillée que possible. Ceci donne l’occasion au chanteur de bien chanter mais également de mettre en avant sa voix. La voix du chanteur est mise dans de très bonnes conditions parce que c’est ce qui est recherché.
Actuellement, sur le plan international, on ne parle pas de groupe ; c’est le nom du chanteur qui est mis en avant, peu importe celui qui est derrière lui. Il est donc important de jouer une musique qui met en valeur la voix. Et c’est ce qui est problématique aujourd’hui dans la musique sénégalaise : Ca joue dans tous les sens et les chanteurs, on ne les entend presque pas ! »
SON REGARD SUR L’ACTU
Crise universitaire : ''Aider Macky Sall à trouver une solution durable''
L’EMERGENCE EST POSSIBLE
- Nous sommes dans une situation où il faut que les gens s’entraident. Nous avons un président élu sur la base d’un programme. On peut donc s’attendre à ce qu’il puisse réaliser quelque chose. Et surtout que c’est quelqu’un qui a de l’ambition pour son pays ! Il y a deux concepts qui m’ont plu. Il s’agit du Plan Sénégal émergent (Pse) et de « Yonnu Yokkuté ». C’est une façon de dire qu’il est possible de prendre le chemin de l’émergence.
J’ai été en Afrique du Sud qui est un pays émergent, si jamais le Sénégal pouvait ressembler à ce pays, j’applaudirais...Il faut être ambitieux dans la vie. Si les Américains sont partis sur la lune, c’est parce qu’ils y ont cru. Nous, nous sommes là à applaudir parce qu’il y a des gens qui font des exploits et nous nous disons que nous ne pouvons le faire. J’estime que ça suffit !
Je pense qu’il faut y croire et se dire que c’est possible qu’on puisse quand même, dans dix ans, parler du Sénégal autrement. Il faut faire en sorte que les Sénégalais puissent vivre décemment, que les travailleurs aient de bons salaires, que les étudiants ne fassent plus la grève.
UNE SOLUTION POUR L'UNIVERSITE
- « Il y a des problèmes, il faut trouver des solutions. Qu’est-ce c’est que l’université ? Pourquoi y emmène-t-on les jeunes ? Je pense que c’est pour former des cadres. Et si réellement on n’arrive pas à le faire, demain, on risque d’avoir un problème de relève parce que ce sont ces jeunes qui sont appelés à gérer le pays dans l’avenir. Je ne dis pas qu’ils ont tout le temps raison, mais les mettre dans des conditions où ils pourraient étudier, ce serait une bonne chose.Tout le monde sait qu’à l’université, il y a des problèmes avec des amphithéâtres bondés et c’est difficile d’avoir la tête à étudier dans certaines conditions. Pour faire face à ce problème, il faut qu’il y ait une synergie de tous les acteurs, que les gens se sentent tous responsables. Le Sénégal appartient à tout le monde. Nous n’avons pas suffisamment de ressources naturelles comme certains pays mais nous avons une bonne ressource humaine. Si on s’y met, ce pays pourra se développer. Comme l’a dit le président de la République : on ne peut passer tout notre temps à tendre la main, il faut trouver autre chose. C’est un discours qui me plait beaucoup et j’y adhère fortement. »
AIDER LE PRESIDENT
- « J’ai appris que le président Sall est en train de rencontrer tous les acteurs. Il faut l’aider dans ce sens afin qu’il puisse trouver une solution durable à cette crise. Vu le surnombre noté à l’Ucad, je pense que ce serait bon de penser à construire de nouvelles universités.Les gens doivent avoir confiances aux autorités universitaires. Il faut également que les étudiants sachent que pour avoir la sympathie de l’opinion, ils doivent arrêter de faire des casses. Par ailleurs, je demeure convaincu qu’aujourd’hui, la seule autorité qui peut régler ce problème, c’est le président de la République et il est en train de le faire. Ce n’est pas seulement avec Macky Sall que l’université connaît ce genre problème. Cela fait très longtemps que ce genre de situation demeure. »
LES TRADITIONS DU TERROIR FONT TOUJOURS DE LA RÉSISTANCE
À Fadiouth, village sérère à la douceur insulaire, la religion traditionnelle se conjugue aussi bien au passé, qu’au présent et au futur. « L’île aux coquillages » est restée attachée à cette particularité du pays sérère qui remonte à plusieurs siècles. Sans pour autant tourner le dos à la modernité, ces traditions ancestrales, héritage d’un passé multiculturel, organisent encore la vie quotidienne des Fadiouthiens. Le christianisme, l’Islam et les influences occidentales n’ont pas empêché ces traditions de s’enraciner en chaque habitant et de demeurer une composante très importante de la vie sociale de l’île.
HARMONIE SOCIALE ICI ET DANS L’AU-DELA
Le ''tam-tam téléphonique'' et le cimetière mixte
En descendant le pittoresque pont en bois de plus de 500 mètres de long qui le rattache à Joal, Fadiouth, noyé dans ses traditions ancestrales et bercé par l’air marin, s’offre dans toute sa splendeur. Cette île magnifique et pleine de charmes est réputée pour son caractère typique.
D’une surprenante générosité, Fadiouth, terre de tolérance, mélange subtil de traditions et de modernité, enchante le visiteur. « L’île aux coquillages », comme on se plait à l’appeler, est pleine d’authenticité. Ses maisons sont originales, avec une architecture toujours pleine de charme qui fait la fierté des Fadiouthiens.
Le décor est exceptionnel avec le perpétuel va-et- vient des populations qui font montre d’une alacrité extraordinaire. Dans l’attente d’un éventuel client, quelques vieilles dames spécialisées dans la vente de crevette et d’huitre tuent le temps en devisant allègrement devant leurs étals.
Non loin, les enfants se livrent à leurs jeux favoris. Sur les bords de la rive, porcs, poules et chats se disputent quelques vers de terre.
De temps à autre des touristes débarquent, le sourire très large. Mais cette irruption est loin de déranger ces insulaires, habitués à ces incursions impromptues. Ces touristes, assoiffés de découvertes et désireux de mieux comprendre la vie sociale des Fadiouthiens, de faire de chaleureuses rencontres et de découvrir les merveilles de Fadiouth, font aussi partie du décor de cette île aux multiples influences culturelles et religieuses.
Flanqués de guides, ils visitent les greniers sur pilotis, le cimetière mixte qui constituent les trésors de l’île, profitent de balades en pirogue, s’arrêtent devant les vendeurs d’objets artisanaux et autres marchands de souvenirs.
Au détour des nombreuses ruelles jonchées de coquillages, on débouche sur la cour d’une concession. Et il n’est guère surprenant de croiser de vieux gentlemen vêtus de chemisette et de pantalon, assortis de sandales et de béret bien vissé sur la tête. Ce goût vestimentaire à la provençale ajoute un charme supplémentaire à cette île répartie en sept quartiers possédant chacun son Nguel.
Ces lieux sont le point de rencontre des anciens et autres notables. Ces places leur servent de lieux de réunion et ils y prennent souvent des décisions très importantes. Sur ces places à palabre où se pratique le pluralisme social, le curieux peut, sans grande difficulté, entrevoir un tam-tam qui y est attaché. C’est le « tam- tam téléphonique » qui, depuis les temps anciens, sert à véhiculer des messages.
Quand il y a une communication à faire passer dans le quartier, cet instrument est utilisé pour avertir tout le monde. Mais, seuls les initiés peuvent manipuler le tam- tam. Malgré les nouvelles technologies, cette pratique a toujours cours à Fadiouth. Chaque quartier possède également son petit oratoire abritant un saint protecteur. Les habitants viennent s’y recueillir la plupart du temps.
En plus d’offrir un décor hors du commun, l’île aux coquillages conserve une identité culturelle très forte. Fadiouth est souvent citée comme exemple en raison de son harmonie religieuse. L’île est à majorité catholique, mais le dialogue avec les musulmans est constant. En guise de témoignage de ce mélange tolérant de cultures, il y a l’église Saint François-Xavier qui se trouve à quelques encablures de la mosquée, mais aussi le cimetière marin mixte de Diotio où reposent côte à côte les habitants de Fadiouth, preuve de cette cohabitation exceptionnelle des Fadiouthiens dans la vie comme dans la mort. Un bel exemple d’œcuménisme et de tolérance.
INTERPRETES DE L’ICI ET DE L’AU-DELA
Les Pangols, sur le chemin qui mènent vers Roog
À Fadiouth, la religion traditionnelle sérère survit, et nombreux sont ceux qui y sont restés accrochés. Malgré l’arrivée du Christianisme et l’Islam, le syncrétisme religieux reste une réalité irréfutable dans l’île où les populations continuent d’adhérer à certaines croyances ancestrales et à les perpétuer.
La réalité est qu’à Fadiouth la population entretient une relation étroite avec Dieu (« Roog Seen ») par l’entremise des Pangols. Selon M. Dioh, les ancêtres sont devenus des Pangols et sont des traits d’union entre les morts et les vivants, et entre ces derniers et « Roog Seen ». Dans chaque famille, on sollicite les Pangols à chaque fois que surviennent des difficultés, pour s’attirer leurs bénédictions. Ces familles ne ratent pas une occasion de leur rendre grâce une fois leurs vœux exaucés.
À Fadiouth, on note un nombre impressionnant d’autels de Pangols. « Tout autour de Fadiouth, il y a des sites où résident les Pangols, qui sont des génies protecteurs, parce qu’étant l’incarnation de l’esprit des ancêtres morts. Souvent, c’est le plus ancien du clan ou de la lignée qui fait son habitat dans un bois sacré, et les gens de la lignée y vont pour formuler des vœux, des souhaits, faire des prières, des libations, lui donner à manger », explique Dominique.
Parmi ces nombreux sites qui servent de lieux de culte à différents clans matrilinéaires, il y a celui de Fassanda, de Maama Ngeej, Kuta, Wac, Fakaw, Mbulande, Juc, Musa Molonko, Koor o Baal, Njangoor o Mbatin, Paak no Maad, le puits de Pipa à Joal et O Jucc qui appartiennent à la lignée des Jaxanoora. Les Yokaam, quant à eux, gèrent le lieu de culte de Maama Ndan et les Feejor gèrent Tindine et Xus. Njini et Njonguel sont respectivement gérés par les Siwana et les Faata Faata. « Les gens pensent que les Sérères sont des polythéistes ; ce qui est loin d’être le cas. Ils n’ont qu’un seul dieu, et c’est « Roog ». Les Pangols intercèdent seulement quand les gens les sollicitent, parce qu’ils sont confrontés à des problèmes, à une calamité naturelle, quand la pluie se fait rare », indique M. Dioh qui précise que chaque lignée maternelle a son propre lieu de culte régi par des règles et croyances ancestrales.
Et chaque lignée utilise des rituels spécifiques pour la protection et l’amélioration des conditions de vie de sa communauté. « Il y a des Pangol qui sont là pour toute la communauté. Quand il y a un problème de pluviométrie, on va voir les Pangols. On chante, on danse et on dépose des offrandes pour qu’ils intercèdent. Jeudi dernier, on est parti faire le « miss » pour que la pluie tombe. Et à cause de certaines circonstances, on est obligé de faire revenir certaines traditions », soutient M. Dioh.
Pour Jacques Ndiaye, certaines gens croient que ces pratiques sont incompatibles avec la religion. C’est tout faux. « Il y a des traditions qu’on a trouvées ici. Elles datent de très longtemps et ne sont que l’expression d’un héritage que nous ont légué nos aïeux. Ces traditions-là n’ont aucun rapport avec la religion, mais les gens ont tendance à les coller à la religion. Certains même de s’adonner à ces pratiques », précise-t-il.
La religion traditionnelle sérère, qui était dominée par le culte des ancêtres fondateurs de lignage, est aujourd’hui talonnée par le Christianisme et l’Islam, impactant ainsi sur la ferveur populaire qui accompagnait ces rites de célébration des Pangols.
Mais, ces traditions animistes résistent tant bien que mal à la charge. Ce que regrette Jacques Ndiaye qui déplore que les jeunes sous estiment ce qui devait être leur référence. « Ça devient difficile, car, à l’heure actuelle, les reliques de l’histoire sont reléguées au second rang », estime-t-il.
« Dans les temps, les Fadiouthiens menaient une vie très sociable, s’entraidaient à tous les niveaux. Les pêcheurs faisaient de la pêche traditionnelle. Les captures étaient essentiellement destinées à l’autoconsommation. Les pêcheurs se répartissaient les captures en plusieurs tas et chaque famille avait droit à une part. Une partie du surplus était séchée par les femmes et conservée minutieusement. Aujourd’hui, c’est la commercialisation qui est privilégiée », explique-t-il.
Idem pour le travail de la terre qui se faisait jadis en communauté. « À un certain âge, les enfants cheminaient ensemble, s’amusaient ensemble, partaient en brousse ou en mer ensemble. On ne leur apprenait pas comment pêcher, ils observaient les anciens et appliquaient. Arrivés à un certain âge, ils étaient initiés. On leur trouvait un maître pour leur apprendre la vertu, l’endurance, la sociabilité. De cette formation, l’enfant change de statut, mais sur le plan de l’éducation, il y a des valeurs, des connaissances qu’on lui inculquait et qui lui permettraient plus tard d’affronter la vie. Une fois leur initiation terminée, on leur trouvait des femmes ; ils devenaient des hommes. Et il y avait une responsabilité engagée qui leur permettait de jouer le même rôle que leur père et leur grand-père, et de ce même rôle, on arrivera à leur confier des responsabilités au niveau du foyer. Malheureusement, à l’heure actuelle, ils n’ont plus besoin de ça », déplore-t-il.
Malgré l’ouverture, les Fadiouthiens ont conservé l’essence de certaines pratiques traditionnelles, estime Augustin Ndour, soutenant qu’ils ne sont pas fermés aux étrangers qu’ils accueillent volontiers et partagent avec eux leur culture et parfois même leurs traditions.
Même si autrefois ils évitaient des mariages à l’extérieur, par crainte de mésalliance avec des étrangers, la donne a complètement changé aujourd’hui. Un vrai métissage est noté avec l’arrivée de Peuls, Diolas et autres. « Ça ne nous dérange pas outre mesure. Moi-même, ma femme n’est pas issue du village », fait savoir M. Ndour.
Selon lui, l’unité est le fort des Fadiouthiens. Et celle des musulmans et des chrétiens qui appartiennent parfois à une même famille, et ont le même père et la même mère, en est un exemple patent.
De son côté, Dominique Dioh déplore la disparition de cérémonies comme le tatouage de la gencive, le « ndut » qui constituait un espace de vie en inculquant aux circoncis le sens des valeurs comme l’honneur, l’honnêteté, le courage, le sens de l’effort et de la constance, les savoir-faire techniques du groupe, un code de communication ésotérique, la discipline, la fraternité, le sens des responsabilités. « On fait toujours la cérémonie, mais le « ndut » proprement dit est en train de disparaitre.
Auparavant, c’était une obligation pour tout jeune de passer par la case de l’homme, aujourd’hui, on n’en parle même pas », relève-t-il en confiant sa peur de voir tout ce legs des ancêtres disparaitre avec le modernisme.
Malgré le gros coup reçu par l’organisation sociale sérère dans laquelle la célébration des rites, le culte des Pangols et la prééminence de la femme occupaient une place prépondérante, les traditions ancestrales font encore et toujours de la résistance. Elles ne souhaitent pas prêter le flanc et veulent continuer de s’enraciner profondément dans chaque Fadiouthien.
« Tout change, tout évolue », comme le répétait le chanteur ivoirien Alpha Blondy. Au Sénégal, les arts de vivre ont évolué. De « pattes d’éléphant», « tête de nègre », « yoss », « meug », « afro », etc., on se retrouve, aujourd’hui, avec une génération « pinw », « cheveux naturels » et « Ganila ». Cependant, si les jeunes soutiennent qu’ils s’habillent au gré des tendances, les plus âgés jugent indécent le port vestimentaire en vogue.
Interrogés sur le port vestimentaire d’hier et d’aujourd’hui, la plupart des personnes âgées restent catégoriques. Ils soutiennent généralement que les jeunes ne s’habillement plus correctement. « Les jeunes n’ont plus le sens de la pudeur. Leur mode d’habillement n’est vraiment pas décent. Une personne respectueuse ne doit pas mettre certaines tenues.
En général, ils veulent imiter les artistes », s’insurge Malick, chauffeur de taxi « clando », la cinquantaine, trouvé à la station-service de Pikine Talibou Mag.
Assis sous un abri en zinc, attendant leur tour, Malick et ses amis chauffeurs, tous la cinquantaine révolue, affirment que les pantalons aux bas larges, communément appelés « pattes d’éléphant », une tendance des années 80, sont plus élégants et plus décents que les « pinw ». En effet, les « pinw » sont des pantalons moulants et au bas étroit, souvent de couleur osée, vert clair, jaune, violet, etc.
Une idée que défend également Mbaye, la trentaine, mécanicien, tenant un atelier près du « Cinéma Thiaroye », à quelques mètres de la Route nationale. « Mon père portait des pantalons « pattes d’éléphant », des chaussures « tête de nègre ».
Quand je regarde ses photos, j’admire sa manière de s’habiller. C’était très élégant ! Dans ma jeunesse, j’avais même un « patte d’éléphant », avec des bas de pantalon qui pouvaient couvrir ma taille. C’était la tendance. Actuellement, c’est démodé. Ainsi va la vie », dit-il, en rigolant. Pour lui, mettre un pantalon moulant est inadmissible pour un homme.
« Un jeune qui aspire à devenir un bon père de famille ne doit point porter des vêtements serrés », avance Mbaye, jeune marié et père de deux bouts de bois de Dieu.
Le port du pantalon serré est le symbolisme d’un certain penchant sexuel selon des Sénégalais comme Abdoulaye Diop, un tatoueur installé au marché Zinc de Pikine. Il va plus loin et confirme que les pantalons « pinw » sont l’apanage des homosexuels.
« Quelqu’un qui ne veut pas qu’on le traite d’homosexuel n’a qu’à se comporter en homme.Car, pour moi, les tenues sexy sont une affaire de femme. On homme doit être correct dans son port », condamne Abdoulaye. « Je ne veux pas qu’on me confonde avec une fille, la nuit. Je ne porte pas de « pinw ». C’est un style féminin », renchérit Cheikhouna Fall.
Ce jeune homme, âgé de 21 ans, rencontré dans une boutique de pantalons, en ban- lieue dakaroise, ajoute que la plupart des jeunes aiment imiter les artistes ou les stars en général. Or, pour lui, ces derniers n’adoptent cette mise que pour se faire de la publicité.
La réalité est-elle aussi facile à déter- miner qu’un goût vestimentaire qui permet d’identifier, définitivement, l’orientation sexuelle ? Vendeur de vêtements au mar- ché Talibou Mag de Pikine, Adama Mbengue argumente : « L’apparence est souvent trompeuse, dit-on. Les uns et les autres portent les habits dans lesquels ils se sentent à l’aise. Ce n’est pas parce qu’on porte un « pinw » qu’on est homo. C’est juste la tendance et c’est vraiment très joli. Personnellement, je ne peux pas porter un pantalon aux bas larges. C’est lourd et c’est encombrant ».
Actuellement, les « pinw », les culottes pour homme, restent les articles les plus vendus selon Adama Mbengue. La mise, c’est enfin une question de goût et de coût, selon Djiby Laye.
« Malheureusement, la plupart des parents ont démissionné. Ils n’assurent plus l’éducation de leurs enfants. C’est un phénomène compréhensif car la plupart d’entre eux, surtout à Dakar, n’arrivent pas à assurer, à leurs enfants, les trois repas quotidiens à plus forte raison des habits. Ce sont les enfants qui se débrouillent eux-mêmes pour s’acheter des vêtements. Donc, on ne peut pas interdire à son enfant de porter une tenue indécente si en tant que son géniteur on n’est même pas capable de l’acheter une bonne tenue », explique ce jeune.
EVA TRA, STYLISTE
''Les pinws ne sont pas de chez nous''
Très connue dans le milieu de la mode pour avoir animé les émissions télé « Elles sont toutes belles » et « Femme africaine moderne », la styliste Eva Tra est une grande passionnée de belles créations. Elégante et raffinée, Mme Diagne est aussi une détectrice de tendances. Mais, d’après elle, la mode est, avant toute chose, une affaire d’éducation.
« Quand on a une bonne éducation, on ne peut se permettre de porter n’importe quoi. Les créateurs exposent des vêtements passe-partout. C’est-à-dire des habits corrects qui peuvent se porter au bureau, à des cérémonies, ou à n’importe quel événement... Les « pinws » que les jeunes portent viennent d’ailleurs ; ils ne sont pas de chez nous. On trouve souvent ces pantalons dans les boutiques chinoises en ville. Des fois aussi, ils viennent de l’extérieur », révèle-t-elle.
Eva Tra définit un styliste comme quelqu’un qui anticipe sur les nouvelles modes et qui imprime sa griffe aux vêtements et accessoires de sa création. Mariant les formes, les lignes, les coloris et les tissus, elle cherche constamment à innover, notamment en utilisant des matières originales.
Chez l’animatrice qu’elle est, les « mousselines », « boconas », « pagnes tissés », entre autres, ont la côte. Elle tient alors à ce que les Sénégalais fassent la part des choses, concernant cette nouvelle tendance des jeunes.
« C’est une grande erreur de penser que les stylistes ont une part de responsabilité par rapport à tout cela. Je crois juste que c’est une mode de jeunes qui va faire son temps. On ne reste pas jeune éternellement. Une fois adulte, ils vont changer leur code vestimentaire ».
Eva invite les parents à s’immiscer davantage dans le choix des tenues vestimentaires des enfants. « Les adultes ont la culture de consulter un styliste quand ils ont besoin de confectionner un vêtement mais, souvent, ils laissent les jeunes se débrouiller ». D’après elle d’ailleurs, ceux qui pensent qu’avoir un styliste est une affaire de riche se trompent.
« Un jean « pinw » coute 10.000 francs. Pourtant, avec cette somme, on peut se confectionner un vêtement chez un créateur. Le problème, c’est que les gens n’essaient même pas de découvrir notre univers. Ceux qui l’ont tenté ne le regrettent pas aujourd’hui », rassure Mme Diagne. Reste à savoir si son message sera entendu.
Après 4 années de pause, la Maison de la culture Douta seck a relancé son centre aéré sous la forme d’ateliers artistiques pour les enfants. Agés de 5 à 17 ans, les tout-petits sont initiés, dans le cadre du programme « Perf Enfance 2014 », aux différentes expressions : danse, théâtre, art plastique, etc.
A la Maison de la culture Douta Seck, l’ambiance est bon enfant. Le temps d’un camp de vacances, c’est un bol d’air frais que les tout-petits prennent. Au niveau des différents ateliers, ça bouge dans tous les sens. Que ce soit pour la danse, le théâtre, les arts plastiques, on s’en donne à cœur joie. Difficile de retenir les enfants âgés entre 5 et 17 ans.
Tantôt ce sont des cris par-ci et par-là, tantôt de petites discussions ou des sautillements entre eux. « Ils débordent d’énergie mais c’est toujours passionnant de travailler avec les enfants. Ils sont toujours pressés de revenir le lendemain », explique Aminata Guèye, animatrice de l’atelier « Arts plastiques » pour enfant.
Après 4 années de pause, la directrice de Douta Seck a donné son aval pour la relance des activités du centre aéré sous la forme d’ateliers de performances artistiques et culturelles afin d’offrir aux enfants le privilège de passer les vacances d’une manière ludique et récréative.
A cet effet, en collaboration avec l’Ecole nationale des arts, différentes activités telles que la danse, le théâtre, les arts plastiques sont mises à la disposition des enfants. Cette activité qui constitue la première session se déroule jusqu’au 31 août. Au cours de ce camp de vacances, plusieurs activités seront initiées sous le modèle d’ateliers de danse, peinture, théâtre, musique, mode, audiovisuel.
Avec l’appui d’un encadrement composé de professionnels pour ces différentes activités, la culture urbaine sera également à l’honneur avec des formations en hip hop, graffiti, slam, etc.
Au programme, il est également prévu, afin d’apporter une dimension pédagogique à ce camp de vacances, des sorties pédagogiques dans certains sites comme le Palais de la République, le Grand théâtre national, le Monument de la renaissance, etc.
A l’atelier d’arts plastiques, Aminata Guèye donne des instructions. Elle pousse les petits à faire des créations à partir des récupérations qu’ils font au niveau des ateliers de couture, de l’environnement.
Selon la monitrice, en arts plastiques, « rien ne se jette, tout est important ». De ces récupérations, les enfants parviennent, tant bien que mal, à faire diverses œuvres telles que des cases, de la peinture, du collage des bouquets de fleurs, etc. « L’idée de ce centre aéré est de rassembler les enfants, de les occuper pendant les grandes vacances. C’est une façon de les récupérer, de les former dans les métiers de l’art comme la danse, le théâtre, les arts plastiques », explique l’animatrice.
A la section «art dramatique et la danse», c’est presque le même décor. Ici, ce sont d’abord des séances d’échauffement, et de réactualisation, des pratiques avant de passer à d’autres choses. Alioune Badara Diouf, artiste-comédien, formateur, affirme qu’ « il faut un encadrement et une formation adaptés pour permettre aux petits de connaître ce qu’est le théâtre ou la danse d’une manière générale. Car beaucoup de gens veulent se lancer dans ces métiers, mais en ignorant les fondamentaux ».
L’encadreur mise sur l’approche par les compétences. Pour y parvenir, ces artistes en culottes courtes pourront, au cours de la seconde session prévue en septembre, se familiariser avec les différentes expressions.
FATOU BINTA SARR, DIRECTRICE DE LA MAISON DE LA CULTURE DOUTA SECK
''Le centre aéré offre un cadre de jeu et d’apprentissage des valeurs culturelles''
La Maison de la culture Douta Seck vient de rouvrir le centre aéré dont les activités, tournant autour des ateliers de peinture, musique, danse et de conte, avaient été suspendues depuis 2010. La directrice, Fatou Binta Sarr, revient ici sur l’importance et les objectifs de ces ateliers de performances artistiques culturelles pour les enfants communément appelés « Perf Enfance 2014 ».
Comment est née l’idée de ce centre aéré ?
Le centre aéré a été initié par les animateurs culturels de la Maison de la culture Douta Seck. Il a commencé en 2001 et a fonctionné jusqu’ en 2010. Après cette période, il y a eu une rupture pour des raisons financières, matérielles, logistiques et même humaines.
Après 4 ans de diète, lorsque j’ai pris service, je me suis dit qu’il fallait redémarrer les activités de ce centre, parce que c’est l’une des activités les plus remarquables de la Maison.
Le cadre y sied. Il est convivial, accueillant et on ne retrouve pas aussi meilleur cadre à Dakar, surtout dans la banlieue médinoise. C’est ainsi que nous avons commencé à travailler avec l’Association des colons, laquelle a été mise en place par d’anciens élèves devenus des étudiants et qui avaient fréquenté les colonies de Douta Seck dans le passé. Ce faisant, lorsque que j’ai eu l’idée de démarrer ce centre, je les ai appelés...
C’est quoi l’esprit de « Perf Enfance 2014 » ?
A travers « Perf Enfance 2014 », nous voulons offrir aux enfants des moments de détente, de loisir, d’apprentissage et d’éducation sur les métiers des arts et de la culture. Il s’agit de joindre l’utile à l’agréable afin d’offrir aux enfants des cadres propices à leur épanouissement. Au début, nous nous sommes dit que nous allons démarrer timidement, en offrant seulement deux activités : un atelier de peinture et un autre pour la danse.
Et ce, du fait que le centre aéré a pour vocation de permettre aux enfants de s’approprier les filières artistiques et culturelles. Nous voulons que les enfants s’accommodent des valeurs culturelles de notre société, car nous vivons actuellement une perte de repères, que les enfants ne peuvent pas retrouver seulement à l’école. Mais ils peuvent le retrouver dans les cadres d’expressions artistiques comme les Maisons de la culture.
Le centre revêt un double caractère : offrir aux enfants un cadre d’expression et de jeux, mais également leur permettre d’apprendre les valeurs culturelles pour s’en approprier durant toute leur vie. On ne peut pas dissocier la culture de l’éducation. Il faut être cultivé pour bien apprendre. Quand nous avons démarré, nous voulions tester l’impact que cela aurait au niveau des populations.
Mais dès que nous avons fait des annonces, la Maison a été envahie. Après avoir démarré avec 2 ateliers, nous nous sommes retrouvés aujourd’hui avec 5, dispersés entre la musique, la peinture, la danse traditionnelle et urbaine, le théâtre et l’animation autour du conte. Quelque 85 enfants y participent. Il faut aussi ajouter qu’un atelier de lecture et d’apprentissage du Coran vient d’être ouvert.
Ce qui nous fait un total de 6 ateliers. Donc, au regard de la multiplication de ces ateliers, on peut se dire que c’est quelque chose qui intéressent les populations.
Les ateliers de « Perf Enfance 2014 » constituent-ils une réponse à ces pertes de repères ?
Pas forcément. Toutefois, ils peuvent contribuer à l’appropriation de nos valeurs culturelles. De nos jours, les enfants sont agressés par les Nouvelles technologies (Tic), l’Internet, le cinéma... Cela peut être également l’origine d’autres facteurs liés à la société. Il faudrait que l’on retrouver ces repères à travers les formes d’expressions artistiques et culturelles.
Par exemple, le conte qui fait partie de patrimoine culturel oral est porteur de messages à la fois ludiques et instructifs. C’est pourquoi nous avons décidé également d’organiser des ateliers d’animation autour du conte. Il y a plusieurs messages positifs à travers le centre arriéré que nous voudrions enseigner aux enfants. Mais nous ne pouvons le faire que par le canal de ces genres de rencontres, ces moments de partage et de complicité.
Notre souhait est de faire en sorte qu’il n’y ait plus de rupture des activités du centre aéré. C’est l’occasion donc de sensibiliser l’ensemble des acteurs, des populations et des autorités pour qu’ils nous aident à les perpétuer. Lesquelles sont inscrites dans le calendrier du ministère de la Culture et de la Communication.
Aussi, nous voulons que les populations se rapprochent davantage de nous pour qu’ensemble, nous puissions développer la chose culturelle. Par ailleurs, il faut aussi savoir que nous avons initié le centre aéré dans le souci d’accompagner les activités du XVème sommet de la Francophonie prévu au mois de novembre à Dakar.