Un siècle d'initiation et de Kankourang en Sénégambie. Mais, surtout, un siècle de folie par la force de la démonstration, des débats internes et contradictoires à l'intérieur des Djoudjou (maison des circoncis). Au cœur de ce monde où l'éducation a été toujours le maître-mot, un mythe demeure néanmoins: le Ké woulo appelé pour les non initiés, Kankourang. Traversant les années, son histoire est rythmée par la circoncision et l'initiation des enfants pendant la période hivernale (aout-septembre-octobre). Trait culturel dominant chez les Mandingues, l'initiation et ses rites sont un moment fort dans la préparation de l'esprit du futur adulte. Mais, si, hier, c'était sur son aspect mythique et prospectif que tous les regards étaient tournés, au fil du temps, c'est autour des problèmes liés à son organisation correcte que les questions se posent.
Un monde en pleine mutation, voilà qui ne résume pas tout désormais car de nombreuses zones d'ombres restent à éclaircir. Gambie, Guinée-Bissau, Sénégal, c'est à une traversée sous forme de croisières, en ce temps de vacances et au gré du temps, dans les trois territoires de prédilection de ce mythe vivant, que ce dossier vous invite. Une esquisse qui n'a pas hésité à se poser des questions de fond sur l'avenir réel du Kankourang confronté à la perte des valeurs, aux emprunts divers et aux mélanges en tout genre. Au moment où se tiennent les assises sur l'éducation, une question majeure domine au Sénégal: quelle société voulons-nous léguer demain aux enfants?
Face à une société en perte de valeurs, la société mandingue avait senti les choses dès la fin du XIXè siècle en imposant, chez les filles comme les garçons, l'initiation et une éducation stricte pour faire face aux évolutions de la vie. Plus d'un siècle après, tous ces efforts n'ont pas semblé inutiles: la circoncision reste chez eux, le moment suprême pour mettre l'enfant au cœur des réalités de la société. Un moment de vérité où les coups de feu et les larmes se mélangent. Mais, aujourd'hui, que restent-ils des principes qu'on enseigne encore dans les cases de circoncision dans ces pays? En quête d'une nouvelle identité face aux agressions diverses, le mythe reste vivace pourtant. Et, face à autant de laxisme, de désordre, d'indiscipline et de sabotage au sein des communautés, jusqu'à quand tiendra tout l'héritage laissé par les anciens?
Ce questionnement est comme un voyage contradictoire qui puise sa source au fond même d'une société qui, comme écrivait Césaire, «s'avère aujourd'hui, incapable de gérer les problèmes que suscitent son évolution». Raccourcis, enjambements, contournements, tous les moyens «d'insulter» certains pans de cette belle histoire semblent désormais réunis. On se presse. On calcule pour les poches; et les politiques s'en mêlent dans le mauvais sens. Cela, au moment où l'on veut la voir inscrite dans les encyclopédies et les livres.
Alors que tout était mieux programmé avant, quand les ainés et les anciens, beaucoup plus expérimentés, avaient le pouvoir de faire et de défaire les choses comme il se devait, sans arrière pensée, l'on se met à bafouiller toutes les formes de mise en scène qui ont servi à magnifier les rites initiatiques dans le Sud. «Sembereng sembe keba», avait-on dit et écrit dans tous les grands comme les plus petits Djoudjou et cela, dans toute la Sénégambie…
Lutte de castes, de classe. Querelle de clochers, questions graves de leadership… Chaque mot a son sens. Quelles directions prend donc cette histoire qui mélange des passions énormes et beaucoup d'improvisations? Tout semble proche de l'effritement du fait de la négligence et d'un manque de capacités notoires chez les jeunes comme les moins jeunes. Le Kankourang, une histoire confuse, faute d'archives au niveau des premiers comme des cases actuelles. Çà aussi, c'est devenu un problème lié à l'absence de sources écrites.
En Gambie, Guinée-Bissau, Casamance et un peu partout au Sénégal, les sources sont du domaine de la fiction. Il n'y a pas ou peu de notes. Seule l'oralité permet d'éclaircir certains points et cela partout. Parmi les multiples versions de l'origine du Kankourang, celle-ci soutient que dans ses formes actuelles, il serait originaire de l'ancien royaume du Kabou, plus particulièrement dans la partie Bissau-guinéenne (1). Son masque était composé d'un manteau rouge appelé Burmus wulin qui couvrait entièrement l'initié.
«L'apparition du masque en fibres était liée, selon un grand dignitaire de la communauté mandingue en Guinée-Bissau, à un événement grave lors de la circoncision de Kumus Nema en Guinée-Bissau au début du XXe siècle. Le territoire étant sous administration portugaise. En effet, à l'en croire, «un circoncis serait décédé dans le Bois sacré et aurait créé l'inquiétude au sein des familles. En représailles contre les sorciers (suutamo ou buaa), le Kouyan Mansa (roi du Bois sacré) et les notables décidèrent la sortie du masque. Le Kankourang était né de ce fait.» Mais, cela ne dit pas tout sur l'histoire. Ainsi, poursuit l'auteur de cette histoire, «il aurait tué, dans ses représailles, la fille de Malamine Berthé (d'autres sources parlent d'une femme enceinte). Ce dernier aurait avec la complicité de Bourama Bayo (gendarme du service colonial portugais) porté plainte contre le Kankourang en soutenant que ce n'est pas un esprit mais une personne.»
Le vieux dignitaire poursuit par ses mots, «Le commandant de Kumus Néma envoya ainsi une convocation au Kouyan Mansa en ordonnant le jour et l'heure auxquels le Kankourang devra impérativement se présenter. Les notables, après concertation, se confièrent à la confrérie secrète du Mama Jombo de Woye Bironki Touré Kounda. Et, sur instruction du Kouyan Mansa Malang Touré, on envoya un initié à Kumus Néma. Les notables se sont présentés, non avec les burmus wulin, mais pour la première fois avec le costume en fibres extraites des écorces du semmelier (Fara Jung) appelé Kankouran Fanoo (le pagne du masque).»
«Ce jour-là, explique le narrateur, le Kankourang devient Fambondi (le roi des masques) et sera désormais identifié dans toute communauté mandingue à un Jinné (esprit).» Contes et légendes d'un temps pas loin, le récit se défend. Ce masque aurait d'ailleurs, été introduit au Sénégal et en Gambie au début du XXe siècle. En effet, c'est en 1904 que le Kouyan Mansa Baye Mady Koté (né en 1853 à Mansa Mansidi dans le Kabou, en Guinée-Bissau) a introduit le Kankourang à Mbour. La suite sera une longue histoire pour l'entretien et la consolidation du mythe du Kankourang.
KORA, BALAFON, CHANTS TRADITIONNELS, KOUMPO, KANKOURANG…LES MIROIRS SAILLANTS D’UNE CULTURE QUI SAIT «LIRE» LES RYTHMES
La cosmogonie de cette société trouve son fondement dans toute l'histoire culturelle d'Afrique de l'Ouest depuis l'empire du Ghana avec les Cissé, du Mali avec Soundjata et le maître du Balafon Soumangourou Kanté, mais encore le Gabou, avec Fodé Kaba Doumbouya. Kabou Kansala, Sané Mentereng, Janjanbureh (Georgetown, dans le Niamina East District); Tout, pour dire que la Gambie, comme la Guinée-Bissau, terre des Mansouanka et des Baïnounk, est aussi un espace qui a fait la force de ce mythe. La Gambie, un fleuve, des rives confondus à des villes d'avant même la colonisation anglaise avec Juffureh, Tendaba, et une histoire qui parle de rythme de tambours, mais aussi de la Kora avec Farantamba (2) et enfin Janjanbureh.
Dans la rythmique qui fait danser le Kankourang, comme tous les initiés qui savent le faire lors des séances de démonstration à l'intérieur du Djoudjou, en dehors des cérémonies de lavage à la rivière ou dans le Bois sacré, Janjanbureh, n'est pas seulement une terre d'histoire mais encore, une ville de rythme et de tambours. Elle est surtout le titre-phare de la rythmique mandingue que les plus grands initiés parmi qui, le Fambondi aime entendre. Des batteurs de renom dans ce monde qui cherche à faire la promotion de l'excellence dans l'éducation, le souvenir de Daouda Sané revient dans la tête des vieux en Casamance.
Grand maître des tambours, il a trainé sa silhouette derrière les Kankourang, les plus redoutés à l'époque où il fallait être un initié bien armé pour accueillir le Fambondi dans certaines villes et villages en Casamance. Des Daouda Sané, la communauté n'en dispose plus, faute de relève. Dans le texte, les batteurs d'aujourd'hui pour l'essentiel tapent sur le cuir sans vraiment lui parler. Pour cela, il faut aussi être initié et parler couramment la langue. Son fils Mamadou Lamine Sané, ancien infirmier des grandes endémies, grand initié n'a pas vécu à ses côtés, mais plutôt du coté de Mbour où il a été affecté pour des raisons professionnelles, dans le quartier de Santossou. Maître des chants traditionnels, il n'a jamais renié ses origines et fut un des plus grands animateurs des Djoudjou à la Trypano et dans les Djoudjou de Mbour, au cours des années 1970 jusqu'à son départ de Mbour pour la ville de Fatick où il est décédé cette année.
Ce n'est pas pour rien que pendant sa grande période, le groupe Touré Kunda lui a consacré, la chanson qui revient encore un peu partout lors des lavages en Casamance comme à Mbour. «Daouda Sané, koulo bouté. Koulo bouté inte ben dong na, ninki nanko bino baala, bari bino baala, até moo soola…até mo soola…» Bino, cette corne d'animaux sauvages ou de bœuf, accompagnait la sortie du Kankounrang et lui donnait un aspect plus classique. Tout un art autour de la rythmique, du sens et du poids des mots. Ces mots, seul un initié pourrait vous les traduire.
Dans ce mélange où les chants traditionnels se mêlent au rythme des tambours, les histoires se racontent aussi autour d'instrument comme le balafon chez les Balantes et les Maninka mory. Du super Mama Djombo, à Touré Kunda, en passant par Salif Keita, les messages sont souvent le même, tournant autour de la promotion de l'humanisme, de la paix, de l'entente et du respect. Sur ce même tempo, le chanteur koldois King Daby Diallo, qui passe très aisément du pular au Mandingue fait aussi la promotion de la culture parce qu'initié dans cette ville qui a connu jusqu'en 1976, l'un des plus grands Djoudjou de la Casamance sur la colline de Doumassou. La culture en Casamance, terre de brassage, cela veut bien dire quelque chose.
Un univers de chants dont les uns, comme les autres, restent des messages forts pour l'enfant et pour sa vie de demain. Ecoutez à ce propos, la voix du griot gambien, Alagi Mbaye, professeur de musique africaine et virtuose et maître de la Kora, neveu de Feu Jaly Nyama Suso, grand maître de cet instrument vous parler de toute cette histoire. Le plus connu s'appelle, sans nul doute, Djaliba Kouyaté. Mais, ne vous fiez pas à son nom, Alagi est un historien de la Kora (3) qui parle de son instrument comme lui seul peut le faire, passant aisément des mélodies de ses maîtres à Lalo Kéba Dramé, à Babou Diabaté…
Le monde, Alagi connaît, participant depuis son jeune âge à des démonstrations et des festivals en Grande-Bretagne, dans les pays scandinaves, en France et un peu partout en Europe. Des connaisseurs et des praticiens de l'initiation, on en a: des moins connus comme des gens très populaires. Si vous avez une fois suivi les récits d'un vieux lion, feu Shirifo Daffé à Mbour, qui administrait sa science des rencontres avec le Kankourang à tout moment. Il connaissait une bonne partie de l'histoire de la société dite mandingue à travers ses voyages en Gambie, en Guinée-Bissau et presque partout en Casamance. Contesté, mais jamais contredit, il n'était pas assis sur son savoir. Malade, il est parti, il y a maintenant deux ans. Pour dire que cette histoire, c'est un mélange de beau, de vrai sorti du vécu de gens partis laissant derrière eux, le gâchis que l'on voit en Casamance, en Gambie, et même en Guinée-Bissau, terre de prédilection du Kankourang…
LE DJOUDJOU - L’AGORA POUR LES INITIES
Le Djoudjou, un lieu d'échanges et de débat se fait autour de la question du savoir et de la discipline, comme à l'agora. Au centre du dispositif, se trouve le Kouyang Mansa. Lui est le maître du Djoudjou, le formateur, l'ordonnateur, mais encore le seul qui peut se mettre entre le Kankourang et un initié ou non. Au sommet de la hiérarchie, c'est lui le leader par qui tout passe. Lourde responsabilité qu'un novice ou un simple kintang (surveillant de circoncis) ne peut assurer. A côté du Kouyang Mansa, le Kankourang reste l'autre personnage principal dans l'initiation chez les Mandingues. Il ne sort d'habitude que pendant la nuit et rarement le jour. Sa sortie de jour a été d'ailleurs forcée dans les différentes régions, selon certaines sources, quand on a commencé à se plaindre de pouvoirs surnaturels dans certaines sociétés en relations avec la sorcellerie et la magie.
Le maitre de la forêt est ainsi apparu comme un protecteur autant pour les initiés, les circoncis, et tous les villages alentours. Mais, les fondements de cette initiation sont sans doute ailleurs; et quand l'enfant entre dans la case des circoncis ou «Case de l'homme», il doit rester un mois sans se laver, sans voir les non initiés de sa famille surtout les femmes. On ne lui demande que d'obéir, d'apprendre, de comprendre…
Et au cours de cette initiation, on lui enseigne des chants traditionnels dont chacun est rempli de messages d'éducation, de comportement, de louanges aux initiés et aux vieux, d'hommages au Kankourang. La chanson «Keno Rumbay» des Touré Kunda, dans leur album, «Mouslaï» daté de 1996, est un exemple de cet hommage à l'homme de la forêt. Dans ce grand lycée où se bousculent les savoirs, chaque chanson, chaque coup donné à la calebasse (Miran kosso), est une heure d'échanges pendant laquelle, les grands maîtres s'adonnent à leur art. Le «Da mouto» est l'un de ces grands principes pour amener le futur enfant à se forger une personnalité propre. A se faire respecter en ne disant que la vérité, où qu'il fut, quoiqu'il arrive. C'est aussi un lieu d'études sur les comportements. Pour dire que l'éducation comme la formation sont un aspect essentiel dans la formation des jeunes chez les Mandingues.
Dans la Gambie traditionnelle, une localité comme Janjanbureh garde encore la plus grande cérémonie dans ce pays proche de la Casamance, grâce à un lieu mythique qui fait office de Bois sacré et d'espace de repos et de rencontres pour les initiés. On l'appelle ici, «Tinyansita». C'est une place sacrée symbolisée par un grand baobab (Sita, en Mandingue du Kombo); et c'est le lieu de repos, d'où le nom de Tinyan (repos). C'est le lieu de l'initiation et de réception des enfants avant leur sortie du Djoudjou. Surtout en prélude au Faniké, (la veillée) la dernière nuit marquée par des chants et la sortie du Kankourang toute la nuit.
Ce qu'on sait aujourd'hui de cette seconde ville de la Gambie après la capitale Banjul, c'est qu'elle reçoit depuis 1995 et tous les ans, l'un des plus grands évènements culturels de la sous-région : «The Janjanbureh cultural festival» consacré essentiellement aux questions d'initiations, de cultures, et des rythmes dans l'univers mandingue. Fondée en 1832, dans la grande île du même nom, la petite cité fluviale, qu'on atteint grâce à un bac, est devenue un lieu de visite de la mémoire des cultures du Sud et également un des centres les plus actifs du tourisme en Gambie. Janjanbureh ne s'arrête pas à cela. Grâce à un député gambien, Foday Manka, la ville a renoué avec son histoire sur la circoncision et la place de l'initiation des jeunes à travers la sortie du Kankourang.
Chaque année, l'île organise aussi lors de la circoncision, une grande fête du Kankourang autour des rites initiatiques de près trois mois, avec plus de 100 enfants (des garçons surtout) circoncis et gardés à une cachette pendant toute la période des vacances scolaires. Le premier festival culturel de l'ère moderne remonte à 1998; mais, nos sources précisent que le festival culturel de Janjanbureh a été d'abord tenu en 1946 et se faisait tous les cinq ans. Mais la cité n'a pas voulu perdre le fil. L'honorable député gambien, Foday Manka, initié est ainsi l'auteur d'un grand ouvrage, une sorte d'encyclopédie consacrée aux normes culturelles traditionnelles et valeurs de la société mandingue. Voulant redonner ses lettres de noblesse aux cérémonies du Kankourang, il a exploré presque chaque aspect de normes culturelles traditionnelles et des valeurs, qui font la singularité de cette société en matière d'éducation et de formation de l'homme et de la femme. Cet ouvrage, couvre une analyse vaste et approfondie de la vie africaine, principalement en Gambie, remontant à une centaine d'années avec au centre l'histoire du Kankourang.
Foday Manka a aussi parlé en détail de la circoncision et de la perspective culturelle traditionnelle, avec une référence spéciale à la localité de Janjanbureh dont il est originaire. Parlant de la cérémonie de la circoncision, il dira que, «La philosophie de cet évènement est que l'individu est forcé de se conformer aux normes et aux valeurs de la communauté au lieu de ne penser qu'à lui-même. On voit la circoncision comme un droit pour tout le monde, sans tenir compte du sexe, avant de faire des études, pour l'entrée dans l'âge adulte.» Au sein du Djoudjou, il apporte aussi quelques notions essentielles destinées à l'initiation des enfants, disant que «Le mot "Solima"(le non initié) en termes culturels Mandinka traditionnels né de ce fait, est applicable à toutes les personnes qui n'ont pas eu la chance d'entrer dans le monde de circoncision. Les cérémonies de circoncision dans Janjanbureh ont été d'habitude déterminées par la bonne récolte et le nombre de personnes disponible à subir l'initiation rituelle, suivie, selon le consensus et l'accord réciproque, des membres communautaires pour organiser les cérémonies», explique M. Manka.
Quand Dakar aussi se met dans la danse
Classé patrimoine culturel immatériel mondial par l'Unesco, le génie protecteur de la communauté mandingue, est également adopté par d'autres ethnies comme les Diola, Baïnouks, Peuls du Fouladou, Balantes, Manjack, etc. A Mbour, le phénomène a pris une telle ampleur, qu'il est devenu un bien défendu par tous les habitants de la ville et de la Petite-côte : Wolof, Sérère, Mandingue, Mancagne, Hal Pular, Diola, Lébou, Sarakholé et Bambara sont à l'unisson pour entonner les mêmes chansons. Sur la Petite-côte, à côté du bord de mer, les pêcheurs lébous ont d'ailleurs trouvé leur maître, en la personne d'un batteur de tambours mandingue, comme tous les grands maîtres. Son nom Moussa Seydi. Moussa, n'est pas griot, mais un initié qui a appris à jouer le tam-tam aux côtés du grand maître, Daouda Daffé. Chaque dimanche, quand sort le Kankourang, c'est forcé que Moussa se rend dans le quartier de Téfess pour faire plaisir à ses nombreux fans.
Et maintenant, c'est la capitale qui s'y colle. A Dakar, au gré d'une promenade, il n'est pas rare de voir dans certains quartiers un Kankourang fantaisiste accompagné de deux ou de trois Selbé. Suprême imprudence. Mais qui régente tout cela? Personne. C'est comme devenu l'histoire de tout le monde parce qu'elle ne semble appartenir à personne. Mardi matin (26 aout dernier) c'est en pleine rue, à Liberté 1, qu'un Kankourang fantaisiste ou en vrai, suivi par trois personnes affole le coin, faisant courir à gauche et à droite, les enfants et les filles restés à la maison. Qui a demandé sa sortie? Qui en a donné l'autorisation? Toutes les ambiguïtés sont autour de ces questions. L'année dernière, ce fut le même scénario, un samedi, suivi d'une seule personne, un petit bonnet rouge sur la tête, jouant le mystique, qui était derrière.
Chacun semble libre de sa petite malice; il n'y a plus de chef et il faut «tuer» le mythe. Comme le disait d'ailleurs, une femme qui rencontre, il y a deux ans, en plein quartier de la Sicap Baobab, un Simb déguisé en Kankourang qui demande, avec ses deux coupe-coupe, de la charité aux passants, au nom de la recherche de la paix en Casamance.
Tout le fond de la question est encore là. Où veut-on aller avec cette histoire? Dans l'impasse répondent certains. La télévision est passée par-là, après les journaux. L'on montre tout, n'importe où et à n'importe qui. Pourvu qu'il soit riche et qu'il soit prêt à donner de l'argent. En Casamance, dans la région de Ziguinchor, la cérémonie de l'initiation est devenue une fête banale pour les touristes. Cela n'impressionne ni les enfants, ni les femmes. Ziguinchor, quelle belle ville à l'époque coloniale symbolisée comme la terre de démonstration de toutes les facettes de la culture mandingue.
Dans ces territoires, la question de fond qui se pose, tourne autour de la négligence des us et coutumes qui ont fait la réputation de la formation de leurs enfants autour de la question même de l'initiation. Aujourd'hui, tout donne l'impression d'être fait de travers. L'on a vu, dans le Pakao, des personnes demander à des directeurs d'écoles d'arrêter les enseignements donnés à leurs enfants, pour se préparer à entrer dans le Djoudjou. Au mépris de voir l'enfant réussir, l'on met des questions d'argent devant. A Sédhiou, en 2011, pour cause du Ramadan, c'est en pleine période d'ouverture des classes qu'on s'est mis à sortir des Kankourang, en tout genre, parce que des enfants ont été amenés à la circoncision.
Tout près de là, l'exemple est venu du village de Bambali, où des personnes n'ont pas hésité, l'année dernière, à retirer leurs enfants des classes pour les amener au Djoudjou. Pour de l'argent. Mais tout cela n'a pas tué le mythe… Même si le semblant de modernisation et le tourisme ont renvoyé l'univers du Kankourang dans le folklore ordinaire de la cité. Quel gâchis ! Parce que dans l'esprit, la philosophie n'a pas bougé, comme le rappellent avec beaucoup de conviction les maîtres de la parole en Gambie.
Notes
1- Source : Le Kankourang, masque d’initiation des mandingues de la Sénégambie par Alphousseyni Diato Seydi - Master d’Arts plastiques 2007/ ENA.
2 - Lilyan Kesteloot, « Les Mandingues de Casamance : Kankourang, castes et kora », in François-George Barbier-Wiesser (dir.), Comprendre la Casamance : chronique d’une intégration contrastée, Karthala, Paris, 1994, p. 97-117 (ISBN 2-86537-503-X) ;
3-La Gambie : une odyssée africaine Voyage de Virginie Coly (2011) ;
LES GOUVERNEMENTS INVITÉS À PROTÉGER LA MÉMOIRE COLLECTIVE
Un colloque international sur le thème « Patrimoine documentaire en danger : quelles stratégies de préservation dans les zones en situation de conflits » s’est ouvert, hier, à Dakar. La rencontre a été une occasion pour le ministre de la Culture et de la Communication, Mbagnick Ndiaye, d’exhorter les gouvernements africains à œuvrer pour la protection de la mémoire collective.
En Afrique, les guerres, les conflits et les troubles occasionnent, très souvent, la destruction d’édifices et bâtiments publics abritant le patri- moine documentaire. Ce qui impacte de plein fouet la mémoire collective, avec la dégradation, voire la disparition de fonds et collections documentaires.
C’est dans le but de mettre un terme à cette crise qui efface une partie de l’histoire des peuples que la Commission nationale sénégalaise pour l’Unesco et le Co- mité sénégalais «Mémoire du monde» organisent, depuis hier, un colloque international sur le thème : « Patrimoine documentaire en danger : quelles stratégies de préservation dans les zones en situation de conflits ».
L’objectif visé est d’œuvrer pour la promotion et la protection de cet héritage dans les zones en situation de conflits. Le ministre de la Culture et de la Communication a invité les gouvernements et institutions compétentes à protéger ce patrimoine. Lequel, d’après Mbagnick Ndiaye, est souvent menacé et risque de disparaître pour toujours si rien n’est entrepris pour sa sauvegarde et sa transmission aux générations actuelles et futures.
« La protection du patrimoine documentaire dans les zones en proie à de fréquents conflits armés, de rébellions, de guerres civiles, religieuses, ethniques ou de sécession devient un impératif. Ces troubles occasionnent souvent la destruction d’édifices et de bâtiments publics abritant le patrimoine documentaire des pays en conflit, entraînant inéluctablement la dégradation, voire la disparition de fonds et collections documentaires de très grande valeur pour la postérité qu’on a mis du temps à collecter, traiter et stocker », a-t-il expliqué.
Il a ainsi appelé à la réouverture du débat sur la sauvegarde des fonds documentaires et les enjeux qui l’entourent. « Notre pays a lancé plusieurs programmes qui sont des indicateurs de sa volonté de revisiter et de systématiser une politique nationale d’information documentaire, à savoir les projets de construction de la Maison des archives du Sénégal et de la Bibliothèque nationale », a-t-il dit.
Ces programmes, d’après M. Ndiaye, marquent une « volonté politique résolue » et la prise de conscience du rôle de l’information comme facteur déterminant pour assurer le développement durable.
Pour sa part, Fatoumata Cissé, présidente du Comité sénégalais « Mémoire du monde», a souligné la nécessité de créer un comité sous- régional pour la sauvegarde du patrimoine. « Le patrimoine documentaire de la sous-région est très exposé. Pour l’essentiel, il est consigné sur papier qui est un support très fragile. En plus, les conflits notés dans ces pays ne militent pas en sa faveur », a-t-il fait comprendre.
Hommage à Ndèye Sokhna Guèye
Ce colloque qui a mobilisé des participants venant, entre autres, du Bénin, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, du Mali et de la République centrafricaine a aussi été une occasion de rendre un hommage, à titre posthume, au Dr Ndèye Sokhna Guèye, enseignante-chercheur à l’Ifan/Cheikh Anta Diop, ancienne présidente du Comité sénégalais «Mémoire du monde», décédée.
Pour Aliou Ly, secrétaire général de la Commission nationale sénégalaise pour l’Unesco, Ndèye Sokhna Guèye était une femme d’une grande rigueur intellectuelle et scientifique, et elle a dévoué toute sa vie à la cause de l’éducation.
« Sa délicatesse, son raffinement ainsi que ses rapports avec ses collègues ont fait d’elle une référence dans l’espace universitaire », a-t-il soutenu.
LES DÉBATS TRADUITS DANS 6 LANGUES À PARTIR DE NOVEMBRE
Les langues nationales seront plus présentes à l’Assemblée nationale à partir de novembre prochain. L’Institution parlementaire a recruté 21 interprètes de conférence qui vont traduire les travaux dans 6 langues nationales.
21 interprètes de conférence vont traduire les débats à l’Assemblée nationale à partir du mois de novembre dans 6 langues nationales. L’annonce a été faite, avant-hier, à Dakar par le président de cette institution, Moustapha Niasse.
«Sur les 23 langues nationales codifiées, nous en avons sélectionnées six : le Pulaar, le Soninké, le mandingue, le sérère, le diola et le wolof. Ces langues seront maintenant utilisées à l’Assemblée nationale », a déclaré le président de l’Assemblée nationale lors de la visite qu’il a effectuée à l’Ecole supérieure de management touristique et de langues appliquées (Estel) qui abrite la session de formation des jeunes interprètes.
Les 21 interprètes ont été sélectionnés après un appel à candidature. Selon le président de l’Assemblée nationale, ils vont faire un stage de 9 mois sur l’interprétation simultanée quelle que soit la langue qui sera utilisée pour exprimer des idées au Parlement.
« Après six mois de formation, les interprètes sont opérationnels. Ils vont travailler à l’Assemblée nationale comme interprètes de conférence faisant partie du personnel permanent de l’Assemblée nationale », a souligné
le président de l’institution parlementaire. Le recrutement et la formation des jeunes interprètes sont le fruit d’un partenariat entre l’Assemblée nationale et l’Union européenne.
« Les 2/3 du projet ont été financés par l’Union européenne, le 1/3 par l’As- semblée nationale », a précisé Moustapha Niasse qui ajoute que le projet permet aux jeunes sénégalais d’accéder à un emploi de qualité. Ces jeunes pourront aussi servir au Conseil économique social et environnemental (Cese) et au ministère des Affaires étrangères.
Moustapha Niasse a rappelé que c’est le président Macky Sall, alors président de l’Assemblée nationale qui avait enclenché le processus pour la traduction simultanée des débats dans les langues nationales.
« L’Afrique ne se développera qu’à partir de ses langues nationales. Au Sénégal, on doit apprendre l’algèbre, la géométrie et l’histoire, dans nos langues nationales. Cela n’exclut pas l’usage de la langue française. Toutes les théories, quelque soit la spécialisation concernée, doivent être maîtrisées par la jeunesse sénégalaise dans nos langues nationales », a dit M. Niasse.
Les chaussures à talons sont généralement perçues comme chic et intemporelles. Mais depuis quelques temps, les compensées sans talons à la Lady Gaga ont la cote chez les jeunes filles.
Ce sont les « Heel-less wedges » ou Lady Gaga talons, mais les vendeurs de chaussures les ont surnommées ... « arrière daanou ». Rien que leurs noms sont impressionnants. Très tendance, les chaussures compensées sans talons font parler d’elles chez la jeune génération. En effet, le style a été lancé par la star américaine Lady Gaga et depuis, les femmes l’arborent en plusieurs coloris.
La preuve, en ville, il est impossible d’entrer dans une boutique de chaussures sans y trouver différents styles de « heel-less wedges ». Et d’après Cheikh Sow, elles se vendent bien. « Les « arrière daanou » sont très tendance. Les jeunes filles aiment tout ce qui est chic.
D’ailleurs, j’ai tout le temps des commandes pour ces genres de chaussures », explique le vendeur de Balamaissa Sagnsé trouvé au centre commercial Gackou. A la question de savoir pourquoi le nom « arrière daanou », ses collègues se marrent et expliquent que c’est à cause de leur forme trop bizarre.
« Ces chaussures n’ont pas de talons, et c’est difficile de trouver l’équilibre avec. Les filles n’osent pas reculer quand elles les portent, d’où l’origine de son nom « arrière daanou ». C’est nous les vendeurs qui avons créé ce nom », lâche Cheikh Ndiaye.
Les compensées permettent certes de prendre de la hauteur et d’affirmer son style, mais ne garantissent pas une grande stabilité. « J’en ai une paire chez moi, mais je la garde pour les grandes occasions. J’aime bien la mettre avec une petite robe quand je dois sortir le soir. Je fais très attention aussi quand je marche avec.
Je trouve cependant qu’elles sont plus confortables que les hauts talons habituels, car elles mettent le poids du porteur sur le devant du pied plutôt que sur le talon », plaide Nina Lèye.
Même si les « arrière daanou » ne sont pas du goût de toutes les femmes ou filles, certaines y ont trouvé un accessoire pour attirer l’attention. « Je les trouve très belles et on ne passe pas inaperçu avec. Je les porte sans aucune difficulté. Contrairement à ce que certaines personnes pensent, ces chaussures sont confortables », renchérit Dieyna Samb.
Cependant, la dame Fama Ndiaye trouve que les Lady Gaga talons sont une vraie provocation. « Je ne me vois pas mettre ces chaussures-là. Marcher avec doit être un vrai jeu d’équilibriste », rigole-t-elle. En effet, difficilement praticables dans la vie de tous les jours, n’empêche chez les jeunes filles, les « heel- less wedges », c’est le pied.
POURQUOI L’ADAC RÂLE
PLACE DU SOUVENIR AFRICAIN ET MONUMENT DE LA RENAISSANCE
Suite aux nominations de l’animatrice Adja Sy et d’Abdoulaye Racine Senghor, l’Association des animateurs et conseillers aux affaires culturelles (ADAC) a rué dans les brancards pour faire part de son “indignation”. Une sortie compréhensible si l’on se fie aux dispositions du décret 80-717 du 14 juillet 1980 portant statut particulier du cadre des fonctionnaires de la culture.
Après le tollé causé par sa déclaration lors de la cérémonie de passation de service avec son remplaçant au département des Sports, Mbagnick Ndiaye fait face à un autre problème. A peine deux mois après sa nomination au ministère de la Culture et de la Communication, il “fâche” certains de ses collaborateurs. Pour cause, il vient de nommer deux nouveaux agents.
En effet, si depuis son arrivée Mbagnick Ndiaye n’a pas opéré beaucoup de changements, gardant à quelques membres près le cabinet de son prédécesseur, il a commencé à marquer son territoire en nommant Abdoulaye Racine Senghor administrateur du monument de la Renaissance africaine, en remplacement de l’ambassadeur Abdel Kader Pierre Fall, et l’animatrice de la Télévision futurs médias, Adja Sy, comme administratrice de la Place du souvenir africain (PSA). Ces deux seules nominations ont suffi pour faire sortir de leurs gonds les animateurs culturels et les conseillers aux affaires culturelles, à travers un communiqué.
L’Etat du Sénégal a financé avec l’argent du contribuable les études de certains de ces animateurs culturels et conseillers aux affaires culturelles dans des écoles africaines de renom ou des universités internationales. Et au lieu de se servir aujourd’hui de ces ressources humaines formées à cet effet, “le ministre de la Culture fait appel à des gens qui n’ont pas de qualification dans ce domaine”.
Même si le doyen Abdoulaye Racine Senghor ne saurait être rangé dans cette catégorie, l’ADAC est contre sa nomination, non pas parce qu’elle soupçonne cette dernière de “politique”, mais surtout parce que M. Senghor a déjà atteint l’âge de la retraite.
Le ministère de la Culture et de la Communication ne manque pas de ressources humaines au point d’avoir besoin de rappeler des retraités. L’ADAC est d’avis que M. Senghor n’a eu ce poste que parce qu’il est membre du mouvement Fekke ma ci boole. Tout comme Adja Sy, qui est la présidente des femmes dudit mouvement citoyen dirigé par Youssou Ndour.
Décret 80-717 du 14 juillet 1980
En outre, si l’ancien directeur des arts est juste handicapé par son âge, il en est autrement pour Adja Sy. C’est pourquoi l’ADAC demande une meilleure reconsidération des ressources humaines du ministère de la Culture et de la Communication. Une revendication qui ne date pas d’aujourd’hui. Au contraire, elle a toujours été sur la table. Et Mbagnick Ndiaye, comme ses prédécesseurs, ne donne pas l’air de vouloir la prendre en compte.
Pourtant, le décret 80-717 du 14 juillet 1980 portant statut particulier du cadre des fonctionnaires de la culture stipule : “les conseillers aux affaires culturelles ont vocation à exercer des fonctions de direction ou de conception dans les services centraux ou les établissements à vocation culturelle ou auprès des ambassades et de tous les services ou leur concours sera nécessaire”.
Pour les animateurs culturels, le même décret stipule : “ils ont vocation à coordonner, dans les actions de formation culturelle non scolaire, notamment dans les centres culturels africains, les maisons de culture et cercles culturels, les activités conformes au programme général défini par le ministre chargé de la Culture, dans les ministères à vocation culturelle, auprès des gouverneurs de région, auprès des ambassades et de tous les services ou leur concours sera jugé nécessaire”.
Aussi, le même décret rappelle : “la gestion et le contrôle de ces institutions de conservation et de mise en valeur de notre culture nationale exigent des personnels spécialisés et permanents pour assurer les tâches de conception, d’encadrement, de recherches, d’animation et de popularisation des thèmes majeurs de notre politique”. Autant de dispositions qui fondent le courroux des animateurs et conseillers aux affaires culturelles contre leur ministre de tutelle.
A noter que toutes nos tentatives d’entrer en contact avec le ministre de la culture et de la communication par le biais de son chargé de communication, Assane Dia sont restées vaines.
''NOTRE ALIMENTATION EST TROP GRASSE, TROP SALÉE ET TROP SUCRÉE''
DR. MATY DIAGNE CAMARA: NUTRITIONNISTE, CHEF DE LA DIVISION DE L’ALIMENTATION ET DE LA NUTRITION A LA DIRECTION DE LA SANTE DE LA REPRODUCTION ET DE LA SURVIE DE L’ENFANT
Au regard de sa composition et des pratiques culinaires qui entourent sa cuisson, l’alimentation des Sénégalais est tout sauf saine. Trop huileuse, trop sucrée ou trop salée, elle est à l’origine de nombreuses maladies comme les Avc et le diabète, et peut être la source de l’obésité et du surpoids. Dr Maty Diagne Camara, nutritionniste, par ailleurs chef de la division de l’alimentation et de la nutrition à la direction de la santé de la reproduction et de la survie de l’enfant, nous en parle un peu plus.
Docteur, les Sénégalais mangent-ils bien ?
C’est une question que l’on peut se poser. L’alimentation des Sénégalais pose effectivement problème à plusieurs niveaux, au regard de sa composition et des pratiques culinaires. Or, ces deux éléments peuvent entraîner des états nutritionnels préoccupants qui peuvent aboutir à des problèmes de santé publique.
La population doit être sensibilisée sur la composition des repas. Une alimentation équilibrée nécessite une consommation adéquate en glucide (mil, riz, mais...), lipide (huile, beurre...), protéines (viande, poissons, volaille...), vitamines, minéraux et eau. Et ce, en respectant les besoins énergétiques qui dépendent du sexe et des tranches d’âge.
Qu’est-ce qui fait défaut dans la composition de nos aliments ?
Notre alimentation est trop grasse, trop salée et trop sucrée. On note également une consommation quotidienne de riz, avec une utilisation excessive d’huile et de sel, ainsi qu’une vaste gamme de condiments. En plus de cela, il y a la consommation abusive des jus de fruits et de thé qui augmente la quantité de sucre dans l’organisme.
Pis, le Sénégalais n’a pas l’habitude de manger des légumes et des fruits locaux, pourtant à portée de prix. Toutes ces habitudes sont néfastes à la santé. Plus inquiétant, beaucoup de personnes ont une tendance sédentaire et ne pratiquent pas une activité physique régulière.
Quelles sont les pratiques culinaires néfastes remarquées au Sénégal ?
Par rapport à l’utilisation de l’huile, les femmes ont tendance à la chauffer jusqu’à ce qu’elle brûle, alors cela peut entraîner la formation des radicaux libres qui ont des effets cancérigènes sur l’organisme. Il est recommandé aussi de consommer beaucoup de fruits et légumes.
Mais, au Sénégal, la façon de cuisiner les légumes n’est pas des meilleurs. On les laisse cuire trop longtemps dans la marmite ; ce qui leur fait perdre toutes leurs valeurs nutritives au moment de la consommation.
Qu’entend-t-on par « mauvaise alimentation » ?
Une mauvaise alimentation, c’est une alimentation par défaut ou par excès. Les problèmes liés à l’alimentation par défaut entrainent les types de malnutrition par carence. Aujourd’hui, on parle de carences multifactorielles, parce qu’elles sont liées à l’insuffisance de plusieurs nutriments (carences en fer, vitamine A, en iode....).
Ce type de carence est plus fréquent chez les enfants de moins de 5 ans qui constituent la couche la plus vulnérable. Les femmes enceintes et allaitantes sont également exposées ; ce qui favorise le cycle inter- générationnel de la malnutrition. C'est- à-dire qu’une mère malnutrie pendant sa grossesse va donner naissance à un enfant de faible poids.
Si la prise en charge ne se fait pas correctement, il va grandir avec cette forme de malnutrition et, à son tour, donnera naissance à un enfant malnutri. L’autre forme de malnutrition est liée à l’excès d’apports alimentaires (glucides, lipides), le plus souvent très déséquilibrés.
Il s’agit de toutes les maladies chroniques d’origine alimentaire. Nous pouvons en citer le surpoids et l’obésité. A cela s’ajoutent les autres maladies chroniques comme le diabète, les maladies cardio-vasculaires et parfois certaines formes de cancer.
On dit souvent que les bouillons utilisés pour relever le goût des mets sont néfastes pour la santé. Qu’en est-il exactement ?
Ces exhausteurs de goût, comme leur nom l’indique, boostent la saveur des repas et augmentent en même temps l’appétit. Ces produits, pour la plupart, sont constitués d’ingrédients comme le sel iodé, le glutamate de sodium, l’ionate, le guanylate de sodium. En plus du sucre, des matières grasses et végétales, d’amidon de maïs, de colorants caramel, d’extraits de plantes aromatiques et d’émulsifiants.
A l’état actuel des connaissances scientifiques, le Gms est reconnu comme inoffensif dans les conditions de ses utilisations actuelles. Il est autorisé dans la liste positive des additifs alimentaires par la réglementation de l’Union européenne. Il fait partie de la liste des Gras (Généralement reconnus comme inoffensifs) de la Food and drug administration américaine.
Ce qui veut dire donc que rien ne permet d’interdire la production et la vente des bouillons culinaires. Cependant, cela ne veut en aucun cas dire que leur production ne doit pas être réglementée et contrôlée, à l’instar de toute production alimentaire.
L’amalgame qui fait penser que les bouillons causent des maladies chroniques s’explique par le fait qu’ils participent à augmenter l’apport en sodium chez les consommateurs. Et le rôle du sel dans la recrudescence des maladies cardio-vasculaires n’est plus à démontrer.
En plus des bouillons, il y a une quantité importante de sel qui est ajouté dans le repas. Des études scientifiques prouvent clairement les effets néfastes d'une consommation excessive de sel pour la santé, notamment sur la pression sanguine. Car entraînant des maladies cardiovasculaires, des accidents vasculaires cérébraux, des cancers de l'estomac, des calculs rénaux et le diabète.
LE BONHEUR DE DADO
ROMAN D’ALIOUNE BADARA BÈYE, PRÉSIDENT DE L’ASSOCIATION DES ECRIVAINS DU SÉNÉGAL
Le village déferlait de tous les côtés, un brouhaha sans pareil apeurait les chevaux et les faisait reculer. La foule était devenue dense et compacte, mais s’écarta tout de même au passage d’un homme à l’âge avancé à la démarche digne et autoritaire. Il s’avança jusqu’à une dizaine de mètres de Raki qui était maintenant debout, aussi radieuse qu’une nuit de clair de lune.
Son rang et sa beauté avaient fait d’elle un être supérieur.
La voix de l’homme se détacha claire et imposante :
- Raki divine fille de Demba Bakar. Princesse de Saré Lamou.
Gardienne sacrée des beautés d’hier et d’aujourd’hui implantées au soleil du couchant. Salut à toi.
Il avança à la rencontre de Raki. Ils s’embrassèrent longuement et, sous la clameur de la foule, regagnèrent le cœur du village.
Elle ne s’empêcha point de demander anxieusement :
- Où est ma grand-mère ?
Elle est couchée répondit l’homme ! Tous ces temps-ci, elle avait des maux de tête, mais ce n’est pas inquiétant, c’est l’âge ! Tu verras que dès qu’elle te verra, elle retrouvera sa force de vingt ans. Tous ces jours, elle ne parlait que de toi. Elle sait que tu es devenue le bijou convoité de tout le pays.
Ils parlèrent ensemble, les chants de « Gaolos » avaient l’air de rythmer leurs pas sous le sol fuyant de Thillé.
Tout d’un coup l’homme souleva le doigt : - Voilà Raki, ta grand-mère t’attendait. Raki força le pas et courut presque vers sa grand-mère. Elles s’étreignirent la vieille femme sanglotait, agrippée aux épaules de sa petite fille, l’émotion était trop grande pour elle. La voilà celle qui attendit vingt années de vie commune avant de venir au monde, elle était non seulement devenue une très belle fille mais une étoile enviée de toutes les planètes.
La première nuit passée à Thillé fut une nuit d’allégresse : une veillée sous les chants des Gaolos, une soirée légendaire pour les pieds des danseurs meurtris par le rythme effréné des « Djimbés ». Soirée ne pouvait être plus réussie et le village chanta et dansa jusqu’au premier appel du muezzin.
Thillé tomba dans l’essoufflement et sombra dans l’extase des cœurs assoupis. Seuls les vieil- lards veillaient dans l’attente du lever du soleil.
« Ndiolor » retentissait sous les feux du « Diéri » quand la gracieuse Raki se leva pour saluer le fleuve qui attendait sans cesse les pieds du pêcheur matinal.
Accompagnée d’Awa et d’une seule servante, elle gagna les rives du fleuve, de l’autre côté elle apercevait l’île de « Djerendé ».
L’eau était miroitante, attirante, elle renfermait dans le mystère de ses fonds quelques secrets des Dieux enfouis dans je ne sais quelles couches mystérieuses.
Elle commençait à se déshabiller dans le rivage, son ombre se dessinait sur la plage charmée par cette caresse furtive, elle admira sous son ombre sa silhouette qui rappelait la gazelle sacrée des contes et légendes. Son buste était perpendiculaire à son corps, sa taille était supérieure à la moyenne, son profil élancé était du style Néfertiti, Reine d’Egypte.
Elle avança doucement vers le fleuve, les flots séduits par son allure splendide vinrent à sa rencontre ; alors d’un geste majestueux, elle leva les bras et s’adressa aux flots :
- Coule doucement eau bénite !
Apaise la colère de tes lames les terres des aïeux ! Coule donc eau bénite ; coule en apportant le dernier soupir du crocodile sous le pouvoir du «Thioubalo ».
Eau bénite ! Qu’as-tu fait des corps de Salif et de Ramata venus chercher refuge dans la profondeur de tes lames ?
L’eau était déjà à sa taille, son buste émergeait des flots, le vent souffla plus fort et ses longs cheveux s’étirèrent sur son cou. Elle plongea et disparut dans les eaux pendant quelques secondes, puis elle réapparut tandis que des brasses accompagnaient son beau visage. Elle nagea longtemps comme si elle s’adonnait à un jeu d’enfant. C’est comme si elle était possédée par cette eau qui ne lui résistait plus.
Presque à regret, elle regagna la rive, songeant au retour.
Sur la berge son petit pagne collant éclaboussait, dans la rondeur de sa croupe, ses cuisses charnues et provocantes.
Elle dépassa Awa et sa servante et alla se refugier sous l’ombre d’un arbre où elle commença à se changer sous le regard lointain d’une termitière.
Elle se sentit observée et se retourna brusquement.
Elle vit un beau jeune homme tout souriant à quelques mètres d’elle. Elle se sentie frustrée et, en signe de défense mit promptement son grand boubou de « Thioup » tout en demandant.
- Qui êtes-vous ?
L’homme ne répondit point et continua à la fixer et presque en balbutiant
S’exclama : - Seigneur quelle beauté ! En la retenant, il ajouta : dis-moi astre luisant, de quelle planète viens-tu? Dis-moi, ne serais-tu pas la huitième merveille que le monde attend si impatiemment ?
En lui tendant les bras il continua :
Divine créature de mes rêves, voilà mes mains, fais de moi ton éternel prisonnier, ne me libère jamais plus de ton regard. Ce regard qui frappe, transperce et pulvérise la peau du lutteur au milieu de l’arène.
Raki leva ses yeux. Pour la première fois de sa vie, elle frémit de tout son corps, une sensation qu’elle n’avait jamais connue l’envahit, son cœur battait à une allure folle, elle ne pouvait soutenir le regard de cet étranger. Il est très beau. Plus beau qu’un jeune Dieu.
Elle trouva quand même la force de répéter : - Qui es-tu étranger ? - Cela n’a aucune importance divinité des eaux ! - Dis-moi ton nom étranger ! - Je suis le fils d’un volcan éteint à la rencontre d’une étoile polaire ! Tu ne veux pas me dire ton nom ! Insista Raki Si « Miroir des eaux ». Je suis Meïssa Mbodj, arrière-petit-fils de Baytir Mbodj. Je suis l’unique fils de Korko Mbodj et de Mame Khady Diaw. Je suis « Brack » par mon père et « linguère » par ma mère. Je suis le Prince de Mbilor.
Elle le regarda avec une attention particulière et remarqua que la beauté de l’homme était d’une noblesse presque arrogante. Son teint était d’un noir couleur d’ébène, ses yeux d’un regard vif et pénétrant.
Raki se sentie gagnée par une faiblesse infinie. Pourra- t-elle se détacher du regard de ce beau jeune homme ? Aura-t- elle la force de le quitter subitement ?
- Meïssa ne lui laissa le temps et continua : Oiseau des îles, dis-moi maintenant ton nom ? Presque avec la fierté elle répondit : - Je suis Raki de Saré Lamou !
- Par la ceinture de mon père ! Jura l’homme, j’aurai du y penser. Tu es devenue le seul sujet des « Guélewars » ! Tu es la beauté qui domine son époque ! Les Dieux de l’amour m’ont ramené jusqu’à la berge et ton corps comme un aimant m’a attiré devant cette termitière. Raki, toi seul possède ce pouvoir. Le pouvoir briseur de cran ! Le pouvoir fondateur de dynastie. Laisse-moi un instant respirer l’air que tu respires, regarder les choses que tu regardes, toucher les objets que tu touches. Divinité absolue, laisse- moi me mirer sur ton corps magnétique avant que la nuit jalouse ne me prive de ta splendeur !
Le souffle poétique de l’homme avait vaincu la forte résistance de Raki. Elle perdit son assurance mais arriva à se détacher du regard du jeune homme.
Awa était là, pétrifiée. - Laisse-moi partir, dit-elle presque en courant pour rejoindre Awa. Raki s’éloignait de Meïssa qui était fixé sur cette image qu’emportait l’horizon dans le crépuscule frileux.
La nuit tombait prometteuse à Thillé. La belle Raki ne pouvait dormir, elle accompagnait la lune dans sa promenade solitaire. Elle rêva de ce beau mâle comme une flèche venue arracher le nœud de son cœur. Elle aimait cet homme, un vif désir de le revoir s’empara d’elle. Cet homme était l’âme de son destin, une lueur d’espoir et elle serra l’oreiller rageusement dans un élan d’amour sans fin.
La nuit était radieuse comme seules pouvaient l’être les veillées pieuses des Signares. Elle somnolait sous le timbre mélodieux d’une harpe lointaine berçant sans cesse la danse des reptiles enveloppés dans le charme des ombres.
Les jours passèrent très rapidement dans le village de Thillé. Raki passait plusieurs de ses heures à la plage de Bokheul. Elle partait désormais seule à la rencontre de l’amour.
Son destin était désormais lié à celui de cet homme qui portait sur lui l’orgueil de ses ancêtres. Les germes de Ndieumbet Mbodj sont intarissables et éternels. Ils sont le reflet de l’audace et de la victoire. Ils incarnent les idéologies de domination et de refus.
Raki ne pouvait rester un jour sans son chevalier qui l’adorait et la respectait. Elle n’eut aucune crainte à fréquenter son amoureux et bientôt la rumeur s’étendit dans tout le Oualo ; Raki l’étoile de Saré Lamou est tombée amoureuse de Meïssa Mbodj, Prince de Mbillor !
Le Oualo et le Fouta : deux régions historiques qui se partageaient le delta du fleuve Sénégal. Les sages prièrent pour cette union. Les esprits malveillants détestaient cette fusion de sang et de royaume.
L’ancien Oualo était païen et fut converti par les Almamys du Fouta et les Maures envahisseurs.
Le séjour de Raki dura un mois, mais elle sentit les jours passer rapidement, il fallait songer au retour.
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LE KORISTE ABDOULAYE CISSOKHO SORT UN NOUVEL ALBUM EN OCTOBRE
Saint-Louis, 3 sept (APS) - Le koriste sénégalais de renommée internationale, Abdoulaye Cissokho, a annoncé pour octobre prochain la sortie nationale de sa dernière production intitulée ''Djaliya'' et enregistrée en France.
''Mon nouvel album +Djaliya+ entièrement enregistré en France sera disponible sur le marché national en octobre prochain'', a indiqué Abdoulaye Cissokho dans un entretien avec l'APS;
Le musicien sénégalais revient d'une tournée européenne d'un mois et demi qui l'a conduit en Allemagne, en Autriche, en Espagne, en France et en Suisse.
''Nous avons réussi à honorer une vingtaine de dates qui ont permis de faire la promotion des précédents albums +Mes racines+ et +Amanké-Dionty+ au cours de cette tournée européenne démarrée après notre participation au dernier Festival international de jazz de Saint-Louis'', tenu en juin dernier, a expliqué l'artiste.
''En toute modestie, je dirai que la tournée a été un franc succès. Les salles qui nous ont accueillis ont toujours fait le plein de spectateurs qui ont apprécié notre musique basée sur l'authenticité africaine'', a souligné le koriste.
''Nous avons côtoyé, au cours de ce périple européen, de grands de la World Music dont le célèbre saxophoniste camerounais Manu Dibango qui, séduit par notre art, nous a invité à son émission qui passe à la chaîne de télévision Africa n°1'', a encore dit Abdoulaye Cissokho.
"Jouer, chanter devant un public local ou étranger sachant apprécier les valeurs de nos sociétés africaines est un plaisir car nous permettant de perpétuer l'héritage légué par nos ancêtres", a déclaré l'instrumentiste.
Le koriste polyglotte manie dans ses chansons le français, l'anglais et les langues locales. Il a prévu d'aller faire plaisir à ses fans de Dakar, Saint-Louis, Ziguinchor, Gambie, Guinée-Bissau, etc.
Après cette tournée nationale, le koriste compte se produire au Canada, aux Etats-Unis, au Moyen-Orient et dans les pays scandinaves.
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"NGONAL" AVEC ADJA NDÈYE NDOUMBANE MBAYE ET THIOUK BERY MBOUP