Après avoir marqué le paysage musical à travers son tube "Dokhoba", Daouda Lelo, un artiste sénégalais qui vit en France, sort sur le marché national et international son premier album intitulé "Yoon Wi" qui retrace son parcours difficile.
Ce jeune artiste va aborder de nombreux sujets dans cet album. Des thèmes tels que l'éducation, l’amour et la joie seront notamment à l’honneur dans cet opus de neuf titres conçu dans plusieurs styles et sonorités différents. L’artiste chante en Manjaq, wolof et en créole, une ouverture qui lui permet de mettre en valeur ses origines mais aussi de partager avec les autres cultures son art qu'il qualifie de "musique universelle".
Natif des Parcelles assainies de Dakar, Daouda Lelo, qui fait partie de cette nouvelle génération adepte de la musique urbaine (Rnb, pop, zouk) est un jeune artiste talentueux qui a débuté sa carrière dans les spectacles de théâtre. Il a ensuite fait un bref passage dans le "Mbalax", ce qui lui a permis d'affirmer son talent dans le milieu artistique.
En 2004, Daouda se lance dans une carrière solo et change complètement de style avec l’unique objectif de devenir une "star internationale" dans la musique Afro.
C’est à l'âge de 19 ans que Daouda a quitté le Sénégal pour rejoindre son père en France, plus précisément dans la ville de Mantes-la-Jolie où il a pris ses marques.
Arrivé dans l’Hexagone en 2006, il rencontre des musiciens avec qui il a travaillé et interprété des chansons mondialement connues. Il a souvent chanté dans le métro parisien puis dans les cafés et les bars...
En 2007, Daouda effectue des premières parties dans les salles parisiennes telles que "Saaraba" ou le Satellite Café. Très vite, il s'habitue aux concerts et effectue des spectacles en île de France. Sa carrière décolle réellement entre 2010 et 2011 avec un total de 50 concerts qu'il a assurés en première partie.
"Dokhoba" sorti pendant l'été 2011 est le titre de son premier single qui lui a permis d'occuper une place confortable dans le showbiz. Daouda Lelo sera à Dakar ce mois de septembre dans le cadre de la promotion de son album.
Qui ne s’est jamais "shooté" au son du "Xalam" de El Hadji Boucounta Ndiaye qu’un perspicace confrère considère comme le chantre du lyrisme érotique ? En effet, si "Bou" porte bien cette casquette du maître de la chanson grivoise, il est bien plus que cela. L’homme s’est d’abord abreuvé à la source de l’histoire avant d’explorer ce créneau qui fait le délice d’une certaine catégorie de femmes. Et d’hommes aussi…
Jamais sans son "Xalam", qu’il accroche toujours à l’épaule et que cachent ses larges boubous. Vouloir l’en séparer, ce serait comme si on voulait attenter à sa vie. Car, cet instrument à cordes, il y tient comme à la prunelle des ses yeux et ne s’en sépare presque jamais. Jamais… Si ce n’est pour retrouver son lit douillet pour un sommeil réparateur après avoir égayé ses interlocuteurs de ses croustillantes histoires à moins que "Ndaaga" ne vienne lui gâcher son sommeil. Avec cet instrument, Boucounta Ndiaye entretient une relation quasi fusionnelle. C’est l’un de ses plus fidèles compagnons qui divertit son existence et la nôtre.
Car, Boucounta Ndiaye peut entretenir une discussion des plus sérieuses tout en grattant les cordes de son "Xalam". Avec cet ami attachant, l’homme devient autre et voit son imagination décuplée. Le fait de caresser cette guitare traditionnelle le transcende et le rend plus éloquent, loquace aussi comme quand il entre avec effraction dans le secret des femmes. Lesquelles l’adorent pour ses truculentes et succulentes paroles qui ont le don de les mettre dans tous leurs états.
L’art de gratter sur les cordes d’un "Xalam", le chantre du lyrisme érotique l’a appris à Thilmakha Mbakol, là où le valeureux résistant contre le colonialisme, Lat Dior Ngoné Latyr Diop, a vu le jour. C’est aussi dans cette contrée qu’est né Boucounta Ndiaye qui s’est initié à cet art bien avant nos indépendances.
C’était en 1952 sous le regard avisé de son grand-père Amadou Dièye Samb, originaire du Baol, qui lui fit découvrir les secrets du "Xalam" avant qu’il ne monte dans la capitale pour s’y initier au métier de tailleur. Cinq ans d’apprentissage du " Xalam" lui ont permis de maitriser son art en plus de s’abreuver au trésor lyrique de notre histoire dont ses aïeux furent les gardiens de la mémoire. Des ancêtres qui lui ont transmis l’art de bien le dire afin que jamais la mémoire ne se perde ni ne meure. Il l’entretient avec objectivité sans rien omettre.
Et c’est cet art qu’il cultive toujours afin que la nouvelle génération retienne l’histoire. Il ne lui fallait pas toujours répéter cette épopée chantée par tous les généalogistes pour qui jamais l’histoire ne ment car il est celui qui la restitue aussi... Et cette ligne de conduite, Boucounta Ndiaye s’y est toujours tenu. Avec maestria… Et quand ses amis de l’ensemble instrumental "La Case" qu’étaient Samba Diabaré Samb, Amadou Ndiaye Samb, Ablaye Nar Samb, Kany Samb, Aly Batta Mboup, Mordiop Seck dit Chams et Demba Lamine Diouf etc., se regroupèrent pour porter la parole et raconter une époque faste et guerrière, lui, il évoluait en solo portant l’histoire de son terroir mais aussi son propre répertoire qui lui vaut aujourd’hui son titre de chantre du lyrisme érotique. Mais attention, chez lui érotisme ne rime pas avec insolence. Ce serait lui faire une offense que de le penser.
Car Boucounta Ndiaye sait y mettre sa bonne dose de poésie pour faire admettre sa musique dans les cercles les plus puritains. C’est parce que l’homme a l’art de dire la parole non pas de manière brute, mais en l’enjolivant, et en faisant en sorte qu’elle n’agresse point, mais émeuve et crée l’extase chez certains. La preuve, on se laisse toujours entrainer par sa musique, même si, avec l’âge, il a réussi à édulcorer ses belles paroles pour les rendre plus éthérées sans pour autant qu’elles perdent leur grivoiserie.
C’est dans ce registre que nos oreilles continuent encore de bruire de cet air de "Ndaaga Ndiaye" ou encore ""Ndiouga Réle Massamba Gaye" dont la grivoiserie embellit encore nos pensées et chatouille notre intimité. Cela, seul ce maître du "Xalam", qui partage son art avec le valeureux Samba Diabaré Samb, en détient les secrets. A propos de ce dernier, d’ailleurs, il avoue partager avec lui le même style, si bien que, confiait-il, il est très difficile de distinguer leurs jeux. Samba Diabaré et Boucounta sont en effet deux maitres qui s’abreuvent à la même source, mais qui sont nés dans des terroirs différents tout en étant tellement proches.
Lui étant du Cayor et Samba Diabaré Samb du Djolof. Une parenté que ne sépare qu’un fil ténu et qui leur permet de porter plus loin l’histoire de nos valeureux résistants au colonialisme. Mais ce que l’on aime le plus chez Boucounta à la voix presque nasillarde, mais ô combien envoutante, c’est le vocabulaire lexical si châtié et qui fait le délice des femmes. Lesquelles se plaisent à inviter ce maître de la parole lors de leurs rencontres privées où la parole vole haut sans aucun interdit.
Des vérités certes "intimes" qui ne souffrent d’aucune ambiguïté et offertes crument avec poésie. Ce qui fait de Boucounta Ndiaye, comme disait un éminent confrère, un poète d’un genre particulier. Boucounta qui fut le compagnon du meilleur parolier de la musique traditionnelle sénégalaise, le maître du verbe Ndiaga Mbaye, puisque de lui qu’il s’agit. Ce dernier fut d’ailleurs plus qu’un compagnon, un fils avec qui il a partagé le meilleur des sons en l’accompagnant au "Xalam".
Comme celle des grands hommes véridiques, la parole de Boucounta est toujours pleine de philosophie. Et véridique aussi ! "Si on en est arrivé aujourd’hui à exiger des pièces d’identité et des signatures au cours des transactions commerciales et autres, c’est parce que, tout simplement le culte de la parole donnée n’existe plus", disait-il notamment. Des paroles, il en livre et de belles qui sont, surtout, un régal philosophique. Comme quand il fait avec une bonne dose de sagesse la distinction d’une " Diek", une "Drianké" et une "Diongoma".
Et voilà ce que l’on retient de la "Diongoma" dont l’apparition fait perdre toute retenue à certains messieurs, et leur respectabilité à d’autres. "La Diongoma", professait-il, " on l’a longtemps chantée sur tous les tons, elle se pavane et se dandine. Elle est souvent très belle. Un ami me disait souvent qu’il est très difficile pour deux espèces de vivre longtemps sans l’aide de Dieu. Il s’agit du varan qui ne quitte pas la route et de la belle Diongoma qui aime goûter à tous les plaisirs et fricoter avec tout le monde. Une véritable Diongoma bien désirable et sûre de son fait risque de collectionner les maris si elle ne fait pas attention".
C’est ça, Boucounta Ndiaye ! Des vérités cruelles, mais des vérités quand même. Un maitre de la parole grivoise qui continue de séduire ses inconditionnels d’ici et d’ailleurs jusqu’au Etats – Unis où l’on se délecte de ses belles sentences aux senteurs poétiques.
MBAGNICK NDIAYE VEUT QUE «LE MUSEE SOIT CITE DANS LES OEUVRES REALISEES PAR MACKY SALL»
VISITE DE CHANTIER AU MUSEE DES CIVILISATIONS NOIRES
Le ministre de la Culture et de la Communication a effectué, hier, une visite de chantier au Musée des civilisations noires de Dakar. L’infrastructure réalisée à 60% sera livrée en avril 2016 et inaugurée par le Président Macky Sall.
Le ministre de la Culture et de la Communication, Mbagnick Ndiaye, en compagnie de l’ambassadeur de la République de Chine au Sénégal, Xia Huang, a visité, hier, le chantier du Musée des civilisations noires pour constater l’état d’avancement des travaux. Et selon les entrepreneurs, sur les gros oeuvres, 60% sont terminés, ce qui explique qu’ils sont même en avance sur les délais. Car, les clefs seront remises à l’Etat du Sénégal en avril 2016.
Après avoir rappelé les relations «fraternelles » entre le Sénégal et la Chine depuis 1985, dans le domaine des infrastructures sportives et culturelles, Mbagnick Ndiaye de dire : «Nous voilà aujourd’hui, visitant l’une des merveilles du coeur culturel de Dakar qu’est la réalisation du Musée des civilisations noires. Et d’ici à avril 2016, vous allez nous remettre encore une infrastructure flambant neuve qui changera un peu le visage architectural de Dakar».
Un Musée, idée des organisateurs du 1e Fesman
Ce Musée dont l’ex-président Abdoulaye Wade s’est vanté d’avoir porté l'idée pour le monde noir, le ministre de la Culture, sans citer de nom, a fait savoir qu’il est sorti des idées émises par les organisateurs du 1er Festival mondial des arts nègres (Fesman). «Ces organisateurs seraient très surpris de voir que c’est un pays très loin du Sénégal, en l’occurrence la République Populaire de Chine, qui réalise cette oeuvre. Et ce n’est pas étonnant, parce que c’est le symbole vivant de notre coopération», précise-t-il.
Et Mbagnick Ndiaye de souligner que si le Grand Théâtre a coûté 2 milliards de francs Cfa à l’Etat sénégalais, le Musée des civilisations noires, quant à lui, va coûter 1,5 milliard de francs Cfa, dans le même ordre. C’est dire que c’est des infrastructures de grande qualité et d’un coût extrêmement onéreux que la Chine réalise en injectant plusieurs dizaines de milliards. «C’est pourquoi, nous nous sommes organisés au niveau du ministère de la Culture et de la Communication pour faire en sorte que la Chine ne nous livre pas un bâtiment vide», dit-il.
Mbagnick Ndiaye annonce que dans les jours à venir, un Comité de conseil scientifique de l’infrastructure va être installé qui déterminera les oeuvres choisies à travers le monde entier «et quelques objets venant de la République Chine pour renforcer cette idée de coopération internationale».
Le ministre annonce, pour rassurer l'ambassadeur, qu’un volet formation aussi est en vue. «Car,un Musée est différent d’un stade, différent d’un théâtre, c’est des objets qui y seront et ils doivent être entretenus, conservés… Nous allons avec les cadres sénégalais, l’Etat sénégalais, les muséologues sénégalais, faire en sorte que dès le mois d’avril lorsque vous allez nous remettre cette infrastructure toute neuve, les objets y seront».
Poursuivant, Mbagnick Ndiaye souhaite que cette infrastructure soit inaugurée par le président de la République et citée parmi «les oeuvres réalisées par le Président Macky Sall». L’Ambassadeur de Chine à Dakar, Xia Huang, rappelant «la coopération fructueuse, tangible et probante» entre son pays et le Sénégal, a réaffirmé la volonté la Chine de «faire du Sénégal une nation émergente dans un proche avenir. Ce qui n’est pas seulement une connotation économique ou financière, mais il doit y avoir aussi une connotation culturelle et humaine ».
Un espace de 13 000 mètres carrées
Le Musée des civilisations noires est construit par l’entreprise chinoise Sanghaï construction group. Selon Seon Charly Zhang, «le gros du travail va être terminé en décembre prochain». Quant au Directeur du projet, historien également, Abdoul Aziz Guissé, il a rappelé que le Musée, situé vers l’ancienne gare de Dakar, derrière le Grand Théâtre, est bâti sur une surface de 13 000 mètres carrés. C'est un Musée de recherche, explique-t-il, d'exposition, avec beaucoup de laboratoires et beaucoup de collections en réserve, le tout accueilli «dans un rez-de-chaussée et deux étages, plus la couronne d’en haut qu’on appelle 3e étage».
«Ce Musée, ajouté au Grand Théâtre, va constituer ce qu’on pourrait appeler le coeur culturel de Dakar», se plaît à dire M.Guissé.
Le Kankourang à Mbour, enseptembre, n’a pas son pareil sur toute l’étendue du territoire sénégalais. Plus populaire et festif, on n’en trouve nulle part. Une belle appropriation d’un patrimoine qui affirme l’identité du peuple socé, qui renforce ainsi sa cohésion. L’ambiance carnavalesque est aussi un excellent stimulant à l’attractivité de la capitale de la Petite Côte, en cette période estivale.
Cependant, le mythique personnage s’inscrit allègrement dans le registre des paradoxes. Aussi populaire qu’il soit, le Kankourang demeure une énigme. Il est sujet à d’innombrables interrogations qui restent, à dessein, sans réponses. Son ésotérisme de bon aloi préserve ainsi les secrets intimes d’une communauté qui compte ainsi évoluer dans ses sillons séculaires. Il incarne un mystère qui échappe à la masse des spectateurs et autres profanes qui le considèrent comme un banal phénomène de société.
Le terrible masque, qui fait fuir, draine une nuée de spectateurs enjoués. Le redoutable ennemi des forces maléfiques provoque la joie et assure l’animation partout où il passe. La sécurité qu’il prétend établir dans la localité contraste avec ce sentiment de crainte qui résulte de violences et comportements peu amènes de "kintang" peu orthodoxes. Des quidams starisés pour un court mois, sans doute enivrés par les miasmes d’une folklorisation à outrance. Aux nuisances de la folle foule s’ajoute la débauche qui s’empare des jeunes livrés à eux-mêmes.
Figurant sur la liste du patrimoine de l’humanité, comme un masque accroché dans un sinistre musée, cette valeur universelle exceptionnelle mérite un peu plus d’égards de la part des autorités publiques locales. En effet, ce patrimoine vivant doit sa survie à la seule volonté de ses dépositaires. En dépit de son label mondial, il reste à la charge de sa communauté d’origine et de la collectivité mandingue. Enlisé dans un espace urbain, il en subit les contraintes. Qui plus est, l’enseignement traditionnel s’évapore devant la jeunesse criarde des circoncis incapables de subir les épreuves, les rigueurs et la philosophie de l’initiation. On assiste hélas à la dégénérescence d’un pilier institutionnel qui façonne la personnalité de l’être et lui attribue une conscience sociale. Le volet spirituel s’effiloche alors que la chaine de transmission des savoirs est en rupture avec cette génération peu encline à reprendre le flambeau de l’authenticité.
De mythe, l’avenir du Kankourang présage d’une destiné aux contours de masque de foire.
Pourtant bien emmitouflé dans son costume de fibres, le Kankourang évoque les lointaines origines perdues dans le Gabou, le royaume manding d’occident. Il rappelle les pérégrinations dans l’espace sénégambien d’un peuple fier et conquérant. Les sons du "jambadong" qui rythment les processions et enflamment les "souwrouba" nocturnes, libère l’énergie fantastique de guerriers sevrés de combats épiques. Les tambours réveillent les élans asymétriques de danseurs frénétiques qui piétinent un substrat culturel qui s’enracine dans les profondeurs de la tradition. L’esprit des ancêtres hante le "kouyan" qui incarne l’espace et les rituels initiatiques. Les paroles des maîtres-initiés révèlent une glorieuse histoire qui, depuis les âges anciens, repose sur les savoirs, la discipline et le respect des anciens. Les jeunes et fougueux "kintang" se soumettent à la sagesse des vieux "Kéba" perpétuant ainsi l’héritage de Tirimakhan et du légendaire Soundjata. Source intarissable de créativité l’événement est un réceptacle de la diversité des expressions culturelles du monde manding. Le personnage haut en couleurs pourrait également inspirer les applications et jeux multimedia dont raffolent nos jeunes. Inféodé dans une culture qui a valu à la sous-région ouest-africaine ses lettres de noblesse, le Kankourang résiste vaille que vaille aux assauts de la modernité. Celle-ci, vue positivement sous l’angle de la continuité de la tradition, devrait inventer un système de médiation et d’interprétation du Kankourang. Au delà de ses fonctions sociales et des expressions artistiques qui découlent de l’évènement, le Kankourang est une véritable attraction touristique.
"MON PASSÉ DE PUTSCHISTE NE PEUT ÊTRE UN OBSTACLE"
PIERRE BUYOYA – CANDIDAT AU SECRÉTARIAT GÉNÉRAL DE L’OIF
L’ancien Président burundais et candidat au secrétariat général de l’OIF, Pierre Buyoya est à Dakar. Il a fait face à la presse, hier, pour parler de ses chances de remplacer le président Abdou Diouf à la tête de l’organisation francophone.
Ceux qui pensent que l’ancien Président burundais Pierre Buyoya n’a presque pas de chance de remplacer Abdou Diouf à la tête de l’Organisation internationale de la Francophonie doivent revoir leur argumentaire. Ces derniers fondent leur jugement sur le passé putschiste du concurrent de la Canadienne Michaëlle Jean ou encore du Mauricien Jean Claude de L’Estrac. En conférence de presse, hier, à Dakar, Pierre Buyoya a démonté l’argumentation de ses détracteurs. Il pense que son coup d’Etat qui l’a fait accéder au pouvoir en 1987 ne peut être un handicap, car, jusque-là, il ne l’a pas empêché d’avoir des responsabilités au niveau de l’Union européenne ou encore de l’Union africaine.
"Si vous regardez l’histoire des pays, en Occident comme ailleurs, il y a eu des situations exceptionnelles qui font que les gens viennent au pouvoir de manière exceptionnelle. Dans ce sens donc, je ne suis pas une exception", a-t-il déclaré. Encore qu’il considère que "la manière de venir au pouvoir est une chose et celle de gouverner une autre". Pour dire que les gens doivent plus se focaliser sur ce qu’il a pu réaliser au Burundi sous son magistère que comment il est devenu Président. "Ce qui est important, c’est ce qu’on fait du pouvoir et comment on le quitte. Ce qui est important, c’est ce qu’on lègue à la postérité", a-t-il fait savoir. Et lui Pierre Buyoya a su laisser son empreinte grâce aux accords de paix d’Arusha. Et ceci n’est qu’une partie de son bilan qu’il qualifie de "positif". Comme il le dit également : "j’ai toujours quitté le pouvoir de manière pacifique et légale". Cela lui suffit pour revendiquer une considération eu égard à ce qu’il a accompli.
Sur l’éventuel soutien du Sénégal à sa candidature, le potentiel remplaçant d’Abdou Diouf s’est voulu méfiant. Il a été reçu mercredi par le président de la République. Cependant, il n’a pas voulu dire ce qu’ils se sont dit et si éventuellement il peut compter sur le Sénégal. "J’ai demandé le soutien du Président. Le Sénégal est l’hôte du sommet et je ne veux pas embarrasser le Président. Je lui laisse le soin de s’exprimer sur la question", a-t-il décidé.
La rencontre avec les journalistes à Dakar était également pour M. Buyoya une tribune pour présenter son projet et ses ambitions pour la Francophonie. Lesquels se déclinent en divers points dont l’économie et la politique. "L’OIF s’est imposée comme une organisation politique. Elle dispose de précieux atouts et d’une solide expérience : d’une part la médiation et la gestion de sortie de crise et de conflits et d’autre part l’accompagnement de processus de démocratisation par des missions d’observation électorale", lit-on dans le dossier de presse. Et ceci est une "priorité" pour le candidat Burundais. "Je m’y engage. J’entends que ce rôle de puissance pacifique soit au centre de l’activité du secrétaire général, qu’il soit, comme le lui reconnaît la charte, le porte-parole politique et le représentant officiel de la Francophonie au niveau international", a-t-il souhaité.
''NOUS AVONS EU DES PROPOSITIONS INTÉRESSANTES ET CONSENSUELLES''
EL-HADJI HAMIDOU KASSE, PRESIDENT DU COMITE SCIENTIFIQUE DU XVÈME SOMMET DE LA FRANCOPHONIE
Le président du Comité scientifique du 15ème Sommet de la Francophonie, El-Hadji Hamidou Kassé, exprime sa satisfaction pour la qualité des débats lors du colloque international tenu à Dakar du 17 au 19 septembre 2014.
Monsieur le président, quel bilan tirez-vous du colloque international : « Femmes et jeunes, forces montantes : enjeux, défis et perspectives francophones », organisé par le Comité scientifique du XVème sommet de l’Organisation internationale de la Francophonie ?
Globalement, le bilan que nous tirons est satisfaisant. Nous avons eu un public nombreux et de grande qualité. Un public enthousiaste qui a participé de façon très active à la production d’idées fortes, à la production d’idées concrètes qu’on peut mettre en œuvre pour améliorer le vécu des jeunes et des femmes dans l’espace francophone.
Nous avons eu des pro- positions intéressantes et consensuelles. Le deuxième enseignement que nous tirons du colloque est que la Francophonie est une diversité. Chacun est venu de son pays avec des expériences. Les participants ont accepté de mettre en commun leurs expériences et leurs idées pour aboutir à des propositions.
Le troisième enseignement est qu’il y a, aujourd’hui, dans l’espace francophone, une très forte aspiration à construire des espaces d’échanges. Au-delà du Sommet, je pense qu’on devrait faire en sorte que Dakar renoue avec sa position de place forte sur les plans intellectuel et culturel. C’est une préoccupation constante du président Macky Sall.
Je pense que l’expérience que nous tirons de ce colloque international est justement la possibilité que Dakar reconquiert sa position de réunir des sommités intellectuelles culturelles pour non seulement contribuer à la vitalité politique de la Francophonie, mais également faire de Dakar une plateforme qui soit au cœur des débats sur la reconfiguration des relations internationales.
Quelle utilisation le comité scientifique va-t-il faire des recommandations faites par les participants ?
Les recommandations, les communications et le rapport général seront compilés dans une brochure avec la version lue et la version électronique. Nous allons les diffuser dans le site du Sommet.
Nous allons les proposer aux sites des différents réseaux franco- phones. Nous allons également les distribuer par le relais de l’Organisation internationale de la Francophonie (Oif) afin que le maximum de personnes, y compris les chefs d’Etat et de gouvernement, puissent avoir accès à cette production riche et variée.
Quelle sera la prochaine étape pour le comité scientifique ?
La prochaine étape du comité scientifique est le colloque d’octobre qui va réunir des experts, divers acteurs, pour visiter la trajectoire de la Francophonie et réfléchir sur les nouveaux défis qui se posent à elle.
Le défi est la culture numérique, les réseaux sociaux, les différentes générations de nouveaux droits, le niveau contexte international dominé par une forme singulière de terrorisme, les aspirations des peuples de l’espace francophone qui veulent vivre dans la paix avec les valeurs de la solidarité.
AMINATA SY ENTEND RELEVER LE DEFI AVEC «L’APPUI DE TOUT LE MONDE»
Relever le défi de la relance des Nouvelles éditions africaines du Sénégal (Neas). Voilà l’ambition que se fixe Aminata Sy, la nouvelle directrice des Neas, avec «l’appui de tous de monde».
Les Nouvelles éditions africaines du Sénégal (Neas), ont une nouvelle patronne. Elle se nomme Aminata Sy et remplace à ce poste Seydou Sow. Elle a pris fonction en début de semaine dernière. La nouvelle directrice qui connaît déjà cette maison compte sur l’appui de tous pour réussir sa mission. Aminata Sy a ainsi souligné que depuis quelque temps, la maison est confrontée à des difficultés financières, qui ont fait que les agents ont 7 mois d'arriérées de salaires. «Personne n’a bronché, ils viennent tous travailler comme il le faut. Ce, dans le seul souci de mieux booster le milieu du livre», a-t-elle témoigné. Le président Senghor, rappelle-t-elle, qui avait créé cette maison d’édition, en 1972, leur donnait d'importantes subventions. «Parce que, Senghor voulait qu’après l’indépendance, qu'on fasse des livres adaptés au contexte africain, au contexte du Sénégal. Il nous avait aussi donné le monopole du marché de l’éducation nationale », dit-elle en relevant que les premiers auteurs qui ont eu à publier leurs oeuvres aux Neas ont vraiment connu un succès. Il s’agit de Cheikh Aliou Ndao, Aminata Sow Fall ou encore Ken Bugul, qui ont remporté beaucoup de prix au niveau national et international.
«C’est après le départ du feu Président Senghor que les subventions et le marché de l’éducation nationale ont été retirés. Et c’est depuis cette époque que nous avons commencé à avoir des problèmes et on est arrivé à cette crise actuelle. L’ancien directeur, Seydou Sow, a fait tout son possible pendant dix ans. Je viens d’être nommée pour relever le défi avec tout le monde», a-t-elle asséné.
Pour relever ce défi, elle suggère : «Il nous faut aller sur de nouvelles bases. En général, l’édition ce n’est pas seulement la littérature générale. D’autant plus qu’au Sénégal, nous n’avons pas trop la culture du livre (…)». Cependant, elle fait savoir que pour que les maisons d’édition survivent, «il faut un marché de l’éducation nationale. Nous sommes confrontés à ces difficultés, car avec nos maigres moyens nous ne pouvons même plus être compétitifs.
S’il y a un appel d’offres de la Banque mondiale par exemple, les éditeurs étrangers ont les moyens et ils gagnent les marchés. C’est le cas d’éditeurs comme Edicef et Nathan qui raflent tous les marchés, les manuels scolaires sont entre leurs mains. Chaque année, des milliards échappent aux maisons d’éditions sénégalaises. Il est temps de relever le défi».
Et Mme Sy de noter qu’après cinquante ans d’indépendance, «il nous faut avoir une part importante de ce marché scolaire. Pour cela, il faut mettre en oeuvre la préférence nationale et surtout une volonté gouvernementale comme cela a été le cas en Côte d’Ivoire. Le Président Gbagbo s’est levé un beau jour et il a décidé de donner le marché scolaire aux éditeurs locaux. Ici, au Sénégal, les éditeurs sont en train de mener cette bataille. Il est vrai qu’avec le Président Wade un Fonds d’aide à l’édition avait été mis en place, ce qui nous avait permis de survivre tant soit peu. Le Président Macky Sall a dit qu’il va augmenter ce fonds et depuis lors on attend». Et d’ajouter : «Cette année, il y a un nouveau programme d’amélioration de la qualité, de l’équité et de la transparence que le gouvernement a mis en place pour essayer de booster l’édition locale».
Sowdef et Boy Booba sont deux jeunes artistes chanteurs/compositeurs sénégalais. Connus pour leur style RNB et Afro Beat, les artistes SowDéf et Boy Booba viennent de mettre sur le marché leur Mixtape « Born To Be A lover » le 24 Août 2013 en téléchargement gratuit sur internet sous la coupole du label Brown Sugar Entertainment.
L’originalité et le talent musical des deux artistes leur ont valu le concours d’artistes reconnus au Sénégal et à l’extérieur tels que Keyti, Mame Balla, AdmowFlow, Kalz Carapid, Omzo Dollar, Lickflow, Douman, Elzo Jamdong, BBeut Redzone, OMG, Noname …
Les deux artistes en collaboration avec le label Senlyrics Studio comptent sortir ce 26 Septembre 2014 le single tiré du Mixtape « Born To Be A lover ». Wait And See…
''NOUS DEVONS REPENSER NOS MODÈLES ET RECONSTRUIRE LE RÉFÉRENTIEL DE RÉUSSITE AVEC LA TRUELLE DES VALEURS''
Avec une société du paraître, où la réussite sociale est fonction de l’avoir et du capital symbolique mobilisable, l’on assiste à un changement de paradigme et de référentiel dans la conception du modèle de réussite sociale. Les modèles se trouvent désormais dans les métiers mondains. L’analyse du sociologue Kaly Niang peut se résumer ainsi : l’école fait de moins en moins rêver.
Dr Niang, que représente l'école dans la socialisation et la construction individuelle ?
Dans notre système de croyances et de représentations socioculturelles et mentales, l’école symbolise le cadre de socialisation ayant pour fonction de tracer les sillons de la réussite sociale. L’acquisition de connaissances est une forme de domination symbolique.
Dans l’imaginaire collectif, l’institution scolaire permet de réaliser, au sens d’Emile Durkheim, une synthèse entre « l'être individuel (et) le système d'idées, de sentiments, d'habitudes qui expriment en nous (...) le groupe ou les groupes différents dont nous faisons partie ». Cette conception du rôle de l'école s'inscrit dans une sociologie dite « fonctionnaliste », parce qu'elle suppose que les grandes institutions ont pour rôle d'assurer les équilibres nécessaires à la stabilité sociale.
Avec les travaux de Pierre Bourdieu, ce sens du concept de socialisation devient caduc : l'école est un dispositif de domination au service des classes privilégiées, donc un lieu de conflit implicite. Le retour de l'acteur dans la sociologie contemporaine a réhabilité le concept de socialisation, mais dans un sens plus dynamique.
F. Dubet est d'ailleurs un des premiers à tenter de donner à ces nouvelles approches un cadre théorique renouvelé. Dans « A l'école. Sociologie de l'expérience scolaire », écrit en 1996 avec Danilo Martuccelli, il analyse la manière dont les élèves vivent ce qu'il appelle leur expérience scolaire.
Selon lui, la construction individuelle de la personnalité, ce qu'il nomme la « subjectivation », entre en conflit au cours de la scolarité avec la socialisation. Pour résoudre ce conflit, les élèves disposent de ressources différentes selon leurs origines sociales.
Cette tension entre subjectivation et socialisation est plus violente chez les jeunes d'origine populaire, notamment en raison de l'écart entre leur culture familiale et la culture scolaire, et peut expliquer leurs plus fréquents échecs.
Alors suffit-il de réussir à l'école pour gagner sa place dans la société ?
Aujourd’hui, il y a un déphasage entre la fonction sociale de l’école et sa finalité. Autrement dit l’école sénégalaise ne garantit plus la réussite sociale. Elle est même devenue une contrainte pour les jeunes motivés par l’appât du gain. Notre société étant une société du paraitre, la réussite sociale est fonction de l’avoir et du capital symbolique mobilisable.
C’est pourquoi nous assistons à un changement de paradigme et de référentiel dans la conception du modèle de réussite sociale. Pour exister socialement, il faut disposer de l’argent et de l’entregent. De ce fait, les modèles de réussite et d’acceptation se retrouvent dans les métiers mondains : la musique, la lutte et la danse.
Ce système nouveau est vendu aux enfants qui, aujourd’hui, doutent de l’intérêt de l’école. C’est ce qui, de mon point de vue, constitue la crise de l’école sénégalaise. Les modèles de réussite ne sont pas forcément ceux qui ont réussi à l’école. Les entrepreneurs, porteurs de projets issus des « daaras », ont plus de visibilité sociale que certains diplômés des écoles formelles. Cela, pour dire que la réussite sociale est une notion relative qui dépend de faisceaux complexes de variables.
L'école peut-elle réduire les inégalités sociales ?
L’école publique a pour fonction de réduire les inégalités sociales avec le nivellement des conditions d’apprentissage. Le principe fondamental de cette institution est donc la laïcité et la gratuité consistant à instruire tous les enfants sans distinction. En théorie, elle doit donc permettre à chacun d’eux d’accéder à l’ensemble des diplômes possibles et, partant, à toutes les positions sociales.
Mais, dans les faits, les inégalités font de la résistance et sont même parfois exacerbées par le système éducatif de plus en plus ouvert. Dans des sociétés où les savoirs formels prennent de plus en plus d’importance, le diplôme joue un rôle croissant dans la définition des positions sociales.
Dans « L'Inégalité des chances », Raymond Boudon applique la démarche de « l'individualisme méthodologique » au système scolaire. Il y explique la corrélation observée entre les inégalités sociales et les inégalités de réussite scolaire par les choix rationnels des familles.
A chaque palier d'orientation du système scolaire, elles évaluent les coûts et les avantages de la poursuite des études de leurs enfants en fonction de leur position sociale et des informations dont elles disposent.
Au Sénégal, de grandes fortunes n'ont pas fait des études poussées. Cela ne pourrait-il pas faire tomber le mythe du diplôme comme clef de la réussite sociale ?
Il est clair que les modèles de réussite au Sénégal ne sont pas véritablement des diplômés. S’ils ne sont pas issus pour la plupart du secteur informel, ils sont soit des icônes de la lutte, de la musique ou de la danse. C’est malheureusement la réalité que nous devons affronter en l’analysant en toute lucidité pour le devenir de notre société.
Cette situation d’exception ne doit aucunement influer sur le rôle et la fonction de l’école dans le processus de socialisation. L’éducation étant éminemment sociale, nous devons repenser nos modèles et reconstruire le référentiel de réussite avec la truelle des valeurs.
LA LUTTE ET LES ACTEURS DES NAVÉTANES SE RENVOIENT LA BALLE
L’entrepreneur chargé de réfectionner le stade Demba Diop a déterré plusieurs cornes et Gris-Gris. Indexés les lutteurs ont rejeté la faute sur le mouvement "navétane", qui, à son tour refuse et accuse la lutte.
"Nous avons trouvé du tout. Il y avait même des cornes. Nous avons découvert des gris-gris enfouis sur toutes les parties du terrain", a déploré Mbacké Faye, l’entrepreneur chargé des travaux de réhabilitation du stade Demba Diop.
Alors qui a enterré les gris-gris dans le gazon du stade Demba Diop ? On ne le saura probablement jamais puisque le monde de l’arène, avec à sa tête le président des lutteurs en activité, Boy Kaïré, refuse de porter la responsabilité tout seul.
"Les gris-gris font partie intégrante de la culture sénégalaise, dit-il. Que ce soit le football, les navétanes, ou la lutte, tout ce monde utilise les gris-gris pour la même raison, gagner. Donc qu’on cesse de nous indexer. De source sûres, nous savons que les ‘navétanes’ (championnats populaires) et les équipes nationales de football qui jouent à Demba Diop y enterrent des gris-gris".
Le chef de file de l’écurie Soumbédioune ne comprend pas pourquoi le promoteur qui a gagné le marché du stade Demba Diop veut faire déguerpir la lutte de ce lieu pour ces "futilités".
"Le ministre a désavoué le promoteur Mbacké Faye devant tout le monde et lui a fait savoir que le stade Demba Diop est un stade omnisports qui n’appartient pas seulement au football. Donc, je pense qu’il doit se taire pour de bon et savoir qu’il n’est pas une autorité mais un simple travailleur qui a gagné un important marché", poursuit-il.
Navétanes : "Nous sommes des gens civilisés"
Balla Diouf est aussi du même avis que Kaïré. Pour le sociétaire de l’écurie Yoff et membre très actif de l’Association des lutteurs en activité, "le promoteur Mbacké Faye déteste la lutte".
"J’ai été très actif dans le mouvement "navétanes" et les gens attendaient la nuit pour venir enterrer toutes sortes de gris-gris dans le stade, de même que l’équipe nationale du Sénégal le fait au stade Léopold Sédar Senghor et ailleurs. Il faut cesser d’accuser les lutteurs à tort à chaque fois qu’il y a un problème, ce n’est pas juste. Tout le monde sportif s’adonne à des pratiques mystiques, chacun à sa part de responsabilité dans cette affaire", souligne l’ancien lutteur de Fass.
Concernant les gris-gris utilisés par les lutteurs, Balla Diouf rappelle que "le Cng (Comité national de gestion de la lutte) a interdit aux lutteurs d’enterrer quoi que ce soit dans le gazon du stade".
"Nous n’avons même pas le droit de creuser le gazon, il y a une disposition pour cela dans les textes du Cng. Même les bains mystiques, nous les prenons sur le sable au risque de se voir sanctionner. Sur la pelouse, il y a l’enceinte, nous prenons des bains là-bas, il y a une bâche avec plein de sable qui est étalée dessus pour ne pas mouiller ou abîmer le gazon. Cette histoire est à mon avis très louche, c’est une mise en scène", dit-il.
Khadim Gadiaga de l’écurie Rock Energie poursuit dans la même logique : "Qui peut prouver que ce sont les lutteurs qui ont enterré ces gris-gris trouvés dans le gazon ?" Et comme ses autres collègues lutteurs, Khadim Gadiaga jette la pierre sur le mouvement navétane.
"Il y a plus de 300 matchs de navétanes par année, et les gens savent que dans ces tournois-là, il y a beaucoup de mystiques. Je vais même aller plus loin : lors du dernier match du Sénégal à Léopold Sédar Senghor, les gens ont eu recours au mystique", éructe-t-il. Pour lui, il faut trouver des solutions alternatives pour éviter ce genre de situations au lieu de prendre des décisions aussi drastiques.
"Il faut voir du côté du gestionnaire et des gardiens du stade"
Cité et indexé par les lutteurs dans l’affaire des gris-gris enterrés au stade Demba Diop, le mouvement navétane réagit et renvoie la balle aux lutteurs. "Ce n’est pas vrai, cette histoire. On n’a rien enterré à Demba Diop. En tout cas, je n’y ai jamais assisté", récuse Mame Ousmane Ciss, président de la zone 7A.
Et il n’a pas hésité à jeter la balle dans un autre camp. "Il faut dire qu’avec la gestion des stades, tout est possible. Ce que font les gestionnaires ou les gardiens des stades avec les Asc (Associations sportives et culturelles), je ne peux pas le maîtriser en tant que président de zone. Pour de l’argent, ces gens-là peuvent vendre leur âme au diable", dit-il avant d’affirmer avec conviction que "les jours de match, il n’y a jamais de pratique de ce genre".
Dame Faye, président de la Zone 7C va plus loin. "Les Asc n’osent pas enterrer des choses dans le stade Demba Diop. Il y a un article dans notre règlement qui interdit les pratiques occultes. A chaque fois qu’il y a un match de navétane, un superviseur anonyme est dépêché, ainsi que le commissaire du terrain pour voir ce genre de cas. Il y en a qui prennent des bains mystiques, je l’avoue, mais on n’enterre pas de gris-gris. L’Odecav a mis en place un PV nommé 00 et dans ce PV, il y’a des choses inhérentes aux pratiques occultes, les interdictions qu’on en fait", informe-t-il.
Il accuse à son tour les lutteurs : "ce sont les lutteurs qui creusent et qui enterrent des choses au stade au vu et au su de tous. Le mouvement navétane a dépassé cela, nous sommes maintenant des gens civilisés".