C’est par le Sénégal que la langue française a été introduite en Afrique. Notre pays est en effet la première colonie où fût ouverte une école française, précisément à Saint- Louis.
Autant dire l’ancienneté de cette langue sur notre territoire national qui a révélé en 1920 le premier écrivain africain, Amadou Mapathé Diagne, l’auteur des « Trois volontés de Malic », et surtout en 1935 le premier agrégé de grammaire qui allait devenir le premier académicien noir, Léopold Sédar Senghor, le père de la Francophonie.
Mais voilà qu’aujourd’hui, le Sénégal est en passe de devenir le pays d’Afrique où l’on parle le français le plus fautif et le plus incorrect. Comment en est-on arrivé là ?
Plusieurs raisons pourraient expliquer cette régression du niveau des Sénégalais en français. Il est possible de dénoncer l’état catastrophique où se trouve l’Ecole sénégalaise avec ses effectifs pléthoriques, son système de double flux, ses cohortes de volontaires ou de vacataires qui en savent très souvent moins que leurs élèves !
À cela s’ajoute la réduction scandaleuse du temps de travail qu’entraînent les innombrables fêtes et jours fériés, sans compter les multiples grèves et vacances scolaires.
Hostile à la maîtrise du français est aussi l’environnement intellectuel des Sénégalais qui, dans les textes officiels, les inscriptions et les journaux ne voient et n’entendent que du « farançais ndialakhâr ».
Mais le mal le plus profond et le plus insidieux réside dans ce nationalisme de mauvais aloi qui revendique, comme le disait l’écrivain Mamadou Traoré Diop, « le devoir patriotique de mal parler le français ».
Telle semble être du reste l’opinion de certains linguistes autoproclamés qui ont l’art de faire de l’enseignement des langues nationales un fonds de commerce politicien et qui prétendent qu’aucun Etat ne s’est développé avec l’usage d’une langue étrangère. C’est simplement ignorer que le français n’est pas né sur le sol de l’Hexagone, que la langue de Molière est plutôt celle de Jules César.
C’est bien ce conquérant romain qui, en 52 avant J.-C., battit les Gaulois de Vercingétorix à Alésia et leur imposa sa langue, le latin, qui, par suite d’une évolution historique, a donné naissance au français.
Dès lors, il devient patent que le français constitue, pour nous autres Africains, un précieux patrimoine culturel que nous a légué la colonisation française au même titre que les Français eux-mêmes qui ont reçu cette langue de la colonisation romaine.
Mieux, la diversité linguistique représente une grande richesse que nous devons sauvegarder en nous enracinant dans notre civilisation par l’étude de nos langues nationales et en nous ouvrant aux autres peuples par l’acquisition des langues étrangères les plus parlées à travers le monde.
Comme le français nous est échu en partage par le biais de l’histoire, efforçons-nous sans complexe de nous l’approprier et de le maîtriser. Voilà l’objectif pédagogique que se propose cette nouvelle rubrique que nous avons l’honneur d’animer.
Nous vous saurions donc gré de bien vouloir nous interpeller sur les questions de langue qui vous préoccupent. Et c’est avec un immense plaisir que nous tâcherons alors d’engager le dialogue avec vous, lecteurs du « Soleil ». Bonnes vacances francophiles !
LES VIEILLES MARMITES GRILLÉES PAR LA RÉVOLUTION DU GAZ BUTANE
Les cordons bleus ne se conjuguent pas qu’au passé. Au coin du feu de bois, les dames mijotaient de bons plats pour la maisonnée. Aujourd’hui, l’utilisation du gaz butane a incontestablement révolutionné la cuisine. Grâce à cette technologie hors-pair, la cuisson ne prend plus beaucoup de temps. Un gain de temps et d’énergie non négligeable. Reste à trancher sur la question du goût.
Hann Equipe, Villa 34. Une odeur d’huile chaude emplit l’atmosphère en ce début de journée. Elle embaume les narines dès lors qu’on franchit le grand portail métallique rougeâtre. Dans un coin de son petit appartement, au premier étage, la jeune Nogaye Ndiaye, seule, s’affaire dans la cuisine, le front déjà ruisselant de sueur.
De temps en temps, elle fait la navette entre la cuisine, sa chambre et le lavabo pour régler un petit détail. En bas, au rez-de-chaussée, la marmaille s’agite, joue, court, crie, créant un vacarme indescriptible, sous le regard indifférent de quelques adultes assis à côté. La jeune ménagère, quant à elle, ne prête guère attention à ce tohubohu ambiant auquel elle semble visiblement habituée.
En effet, chaque jour, à pareille heure, cette femme au foyer est plutôt occupée à préparer le déjeuner. Une routine chez elle. Partie très tôt dans la matinée au marché aux poissons situé en face du quai de pêche de Yarakh, elle est revenue il y a quelques minutes, le panier bien garni.
Poissons, légumes, condiments et autres petites ingrédients. Bref, tout ce qu’il faut pour un bon « tiébou dieune Penda Mbaye ». Le menu du jour, y est. Pour elle, la « pêche » a été bonne aujourd’hui. Tout le contraire de ces derniers jours où le poisson se faisait rare et coutait excessivement cher. D’ailleurs, son visage lumineux renseigne sur sa joie d’avoir réalisé de bonnes emplettes.
Pour quelqu’un comme elle, qui revendique le statut de fin cordon bleu, la suite ne devrait être qu’une simple formalité. Pour l’heure, Nogaye Ndiaye a fini d’éplucher les légumes et d’écailler les poissons.
UN GAIN DE TEMPS ET D’ENERGIE
Dans deux heures maximum, tout sera au point et le repas tant attendu pourra enfin être servi. Au grand bonheur de la famille ou du moins une partie, d’autres membres étant allés au travail
. « Grâce au gaz butane, la cuisson ne prend plus beaucoup de temps. En outre, c’est plus facile de préparer avec un gaz qu’avec du feu de bois. Avec ce dernier ou le charbon, on affronte la fumée tout le temps. On est également obligé d’effectuer d’autres petites corvées, sans compter le temps de la préparation du repas qui est trop long », explique, avec satisfaction, la jeune ménagère.
Selon elle, la cuisson au gaz butane comporte beaucoup d’avantages. Car, outre le gain de temps, il y a aussi celui en énergie. Un constat que partage son voisin Ibrahima Ndiaye, un ouvrier dans un laboratoire pharmaceutique de la place. « Préparer un plat avec un gaz butane est évidemment plus reposant pour une ménagère. C’est une vraie révolution technologique que de cuisiner avec cet engin. Il suffit d’un temps record pour que le repas soit prêt », avoue ce quinquagénaire.
Mais, s’empresse-t-il d’ajouter, la cuisson au feu de bois prend mieux soin du palais que celle effectuée au gaz butane. « Les goûts ne sont pas du tout les mêmes. Le mets préparé au feu de bois est mieux cuit et plus délicieux », martèle-il avec conviction.
LE FEU DE BOIS DONNE UN GOUT BIEN MEILLEUR
Comme Ibrahima Ndiaye, de nombreuses personnes soutiennent que la cuisson au feu de bois a un goût bien meilleur que celle faite au gaz butane. C’est le cas de la ménagère Fatou Marone, une voisine de Nogaye Ndiaye. Issue du milieu rural, cette quadragénaire affirme bien connaître la cuisson au feu de bois pour l’avoir longtemps pratiquée au village.
« Le plat cuisiné avec le gaz butane est juste moins fatigant. A part cela, celui fait au feu de bois est plus avantageux. Elle a plus de goût et de saveur, parce que le repas prend le temps de bien cuire. Ce n’est pas la même chose avec le gaz où, en l’espace de quelques minutes, le repas donne l’impression d’être bien cuit, alors qu’en réalité, tel n’est pas le cas », témoigne-t-elle.
En revanche, pour la restauratrice Awa Bodian, les questions de saveur n’ont rien à voir avec le mode de cuisson utilisé. « Pour moi, tout dépend de la qualité de la cuisinière. Si c’est un cordon bleu, le plat, à coup sûr, sera agréable et délicieux ; peu importe qu’elle l’ait préparé au feu ou avec le gaz butane », affirme-t-elle.
Pour le vieux Ablaye Ndaw, la cuisson au gaz est une véritable avancée technologique. Pour autant, il pense que l’ère du gaz a entrainé dans son sillage la disparition des cordons bleus. « Les vieilles marmites ne s’expriment plus », déclare-t-il sans cesse en langage imagé.
En clair, Ablaye Ndaw est d’avis que l’ancienne génération cuisine mieux que l’actuelle. Pour lui, les nombreux ingrédients, condiments et autres additifs qui accompagnent les mets actuels ont fini par tuer les goûts. « Jadis, on mettait juste du sel et quelques légumes.
Mais aujourd’hui, c’est un mélange de produits, parfois même dangereux pour la santé », regrette-t-il.
Dix-huit ans déjà ! L’album "Euleuk si biir" du duo Youssou Ndour et Omar Pène, sorti en 1996, a été ressuscité. C’était ce samedi au Grand théâtre lors du concert de retour sur la scène du leader du Super Diamono. Dans cette vidéo que vous propose SenePlus, les deux artistes interprètent d'abord, devant des fans nostalgiques et en délire, le titre éponyme. Ensuite, séquence la plus longue, Pène demande à You de prendre le relais, seul, pour entonner "Silmakha", un titre qu’il avait chanté en duo dans l’album qui avait fait fureur au milieu des années 90. Regardez !
VIDEO
MULTIPLE PHOTOS
YOU-PÈNE RESSUSCITÉ
POUR SON RETOUR SUR SCÈNE, LE LEADER DU SUPER DIAMONO RETROUVE CELUI DU SUPER ÉTOILE - PHOTOS ET VIDÉO - PAR BOUBACAR BADJI DE SENEPLUS
PAR BOUBACAR BADJI DE SENEPLUS |
Publication 31/08/2014
En descendant de ‘’Bourba Djolof ‘’revenu du champ de bataille. Il a retrouvé son public ce samedi après avoir remporté une victoire contre une maladie qui l'a éloigné de la scène pendant plus d’une année.
La démarche mesurée, il pose un pas après l’autre sur les pagnes tissés qui tapissent le plancher du Grand Théâtre, le tout rythmé par la voix de la griotte Soda Mama Fall. Qui fait les éloges de ce grand combattant. Elle retrace les grandes conquêtes… musicales d’Oumar Péne sous les applaudissements et les cris d’hystérie de ses fans. Oumar Péne, le retour.
Voilà comment le lead vocal du Super Diamono a fait son entrée au Grand Théatre pour un retour fracassant sur la scène musicale sénégalaise.
"Baye Péne" comme l’appellent affectueusement les inconditionnels du Super Diamono a su garder sa voix intacte malgré la maladie. Revisitant les tubes de son répertoire trentenaire. En compagnie d'invités de marque comme Viviane Chidid, Thione Seck, Baba Maal, Ismaël Lô, Kiné Lam et Youssou Ndour.
Le face-à-face avec le leader du Super Étoile était l'occasion de ressuscité "Euleuk si biir", l'album qu'ils ont sorti en duo au milieu des années 90. You et Pène interpréteront d'abord, devant des fans nostalgiques et en délire, le titre éponyme. Ensuite, séquence la plus longue, Pène demande à You de prendre le relais, seul, pour entonner "Silmakha", un des titres phare de l'album. Que le leader du Super Diamono a promis de ne plus jamais interpréter, ce droit revenant définitivement à Youssou Ndour.
Seneplus revient en images (photos et vidéo) sur les temps forts d’un concert inédit.
Makhou Laye Fall n’est pas un inconnu du paysage musical national. Ce chanteur qui se définit comme le "gardien du Temple" a su revigorer le riche folklore lébou. Il a eu à connaitre ses heures de gloire au début des années quatre-vingt. Dans cet entretien qui suit, le "baron de Thiaroye" revient sur son parcours et sur ses projets. Rencontre avec un grand artiste qui ne connait pas la langue de bois.
Le Témoin - On ne vous entend plus depuis très longtemps, mais que fait donc Makhou Lébougui?
Makhou Lébougui - Je dois admettre que cela fait un bon moment que je n’ai pas donné de mes nouvelles. Mais c’est juste parce que je suis entrain de travailler d’arrache-pied sur une grande nouveauté qui doit sortir aussi bien sur le plan national que sur l’international que je me suis volontairement imposé le silence. Cela dit, s’il plait à Dieu,j’espère que mon nouveau produit va plaire au public.
Vous avez collaboré avec Cheikh Tidiane Tall, Lamine Faye et aussi Dembel Diop, quel est parmi eux l'arrangeur qui vous a le plus marqué ?
Je dois reconnaître que Cheikh Tidiane Tall a joué un grand rôle dans mon éclosion au grand jour. Il a permis à beaucoup de Sénégalais de découvrir Makhou Lébougui, donc je dirais qu’il m’a vraiment marqué. Il me connaît très bien, j’en dirais autant pour Dembel Diop qui comprend bien ma manière de travailler. Cependant, force est, encore une fois, de dire que Cheikh Tidiane Tall constitue un vrai repère pour moi. Il m’a vraiment marqué et je ne saurais passer cela sous silence. J’ai aussi eu à travailler avec Lamine Faye qui est pétri de talent.
Vous avez des relations privilégiées avec Idrissa Diop, comment appréciez vous son come–back réussi au Sénégal ?
Je connais Idrissa Diop depuis bien longtemps car nous avons cheminé ensemble au sein d’un groupe dénommé le "Téranga Express". Il m’a toujours fait comprendre que, dans la musique, il faut toujours avoir foi en sa bonne étoile et ne jamais baisser les bras. J’étaisdans cette formation en compagnie d’artistes comme Thierno Kouyaté, le saxophoniste du Baobab, et tous m’ont appris beaucoup de choses dans le domaine musical. On a eu à jouer ensemble au Méridien et à faire du jazz et de la variété. C’est pourquoi, je ne cesserai jamais de les remercier. Quant au retour gagnant d’Idrissa Diop, je l’apprécie à sa juste valeur car c’est un artiste qui a acquis une dimension internationale. Sa proximité avec des sommités mondiales comme Carlos Santana et tant d’autres atteste de sa vraie valeur. Il continue d’abattre un énorme travail pour le Sénégal. Je vous citerais par exemple le grand concert qu’il avait organisé en 2008 avec le soutien de l’ancien maire de Dakar, Pape Diop. Cela s’était passé dans d’excellentes conditions et aucun artiste n’avait été lésé, ce qui n’est pas très courant. Ce qui prouve tout le professionnalisme de l’homme. Encore une fois, je ne peux que lui tirer mon chapeau car beaucoup d’artistes côtoient les hommes politiques dans le seul souci de se faire une place au soleil. Il ne cesse de produire et se produire pour rehausser le niveau de notre musique. Il l’a encore prouvé récemment en sortant un bel album avec la complicité de Cheikh Tidiane Tall et Dembel. Bref, Idrissa Seck est un grand monsieur que je respecte beaucoup et il me le rend bien.
Vous aviez connu un franc succès avec votre première cassette et après, vous eu du mal à confirmer pouvez-vous nous expliquer les raisons de ce blocage?
Ah non, cela ne peut constituer en aucun cas un blocage car c’est grâce à cela que j’ai été connu et reconnu. Il faut savoir que je suis un pur produit du Sénégal des profondeurs aussi. Je suis bien ancré au Cayor car je suis un Damel, descendant de la grande lignée d’Amary Ngoné Sobel et aussi, d’un autre côté, de Tafsir Malick Diop. Ce qui signifie que je suis un vrai citoyen de ce pays. Cependant, j’ai été connu grâce à mon appartenance à la grande famille des Lébous et je ne saurais le réfuter. C’est une culture qui m’a fait connaître et que je revendiquerai toujours.
Ne pensez-vous pas avoir connu un grand retard au vu du déroulement de votre carrière qui tarde à décoller au Sénégal? Concrètement, qu'est ce qui manque à Makhou Lébougui?
Je ne vais pas user de la langue de bois. Makhou n’a pas été bien soutenu comme les autres. Si je suis bien appuyé, je suis sûr que je ferais rayonner le nom du Sénégal un peu partout. Tous les chanteurs de ce pays me connaissent et ils reconnaissent ma valeur. Il se passe beaucoup de choses dans ce pays sur le plan musical et Makhou n’y est jamais associé. Pour l’heure, nous poursuivons notre travail et espérons pouvoir atteindre un jour nos objectifs avec l’aide de Dieu.
Vous avez fini d'enregistrer un produit acoustique depuis plus d'une année, qu’attendez-vous pour le sortir?
Je vous l’ai dit tantôt, nous sommes en train de travailler depuis très longtemps sur ce produit. Il s’agit d’un album de huit titres que nous avons fini de concocter. Cependant, nous allons prendre tout notre temps pour le sortir car nous ne sommes pas pressés. Je n’ai plus besoin de brûler les étapes. J’attends la sortie imminente de l’album et je voudrais aussi profiter de cette occasion pour demander aux mélomanes d’acheter le produit original à sa sortie en lieu et place des supports contrefaits. Un clip est déjà réalisé et il est diffusé sur les écrans. Je profite de cette occasion pour remercier certains journalistes qui se préoccupent des artistes en hibernation. Ce qui est une bonne source de motivation pour nous autres.
Que nous prépare alors concrètement Makhou ?
Je travaille actuellement sur un grand projet. Cette belle trouvaille du directeur général d’une compagnie d’assurances de la place, M. Pape Ndiogou Ndiaye, a trouvé une oreille attentive auprès de tous les pêcheurs du Sénégal et de l’ensemble de la communauté léboue avec à leur tête le Grand Serigne de Dakar, Abdoulaye Makhtar Diop. Il ne faut pas oublier le soutien agissant du ministre en charge de la Pêche. Il s’agit d’assurer l’ensemble des pêcheurs du Sénégal. A ce propos, j’ai déjà sorti un titre et la vidéo est en train d’être diffusée. Il ya aussi le projet qui consiste à immatriculer toutes les plages du Sénégal. Tout cela pour vous dire que je continue d’œuvrer avec mes moyens pour le bien-être des pêcheurs et membres de la grande communauté léboue de ce pays. Une tournée nationale, qui nous mènera jusqu’à Saint Louis et Ziguinchor, va d’ailleurs démarrer ce 30 août.
Vous étiez très proche de Alioune Petit Mbaye, comment appréciez-vous sa situation actuelle, et avez-vous gardé le contact avec lui ?
Petit Mbaye est en train de vivre une situation certes difficile mais qui est aussi inévitable car cela fait partie de sa destinée et il ne pourrait y échapper en aucune façon. Tout cela découle de la volonté divine. Cependant, Petit Mbaye est un grand seigneur qui a fait beaucoup de bien autour de lui. Notre relation est sincère et dépasse le cadre du visible. Ce qui fait que je voudrais garder pour moi la véritable nature de nos rapports.
Est-ce que vous êtes en contact avec lui ?
Petit Mbaye est mon ami mais, comme je vous l’ai dit, je ne saurais trop m’aventurer sur tout ce qui nous lie et je préfère m’en arrêter là.
Vous aviez l'habitude d'organiser un festival à Thiaroye, pourquoi n'avez-vous pas encore fixé de date pour cette année ?
Ce festival aura bel et bien lieu au mois de décembre à Thiaroye-sur-mer. On l’organise chaque année et, pour cette fois, l’événement sera étalé sur trois jours avec beaucoup de surprises. Je peux vous assurer que cela se fera car j’ai toujours le soutien d’amis et de parents comme Abdoulaye Makhtar Diop, Alioune Badara Bèye etc.
Après plus de trente ans de présence sur la scène musicale sénégalaise, que nous réserve Makhou Lébougui ?
Je prépare une grande surprise qui fera certainement date et le monde entier se rendra compte que Makhou ne dormait pas sur ses lauriers. Je vais revenir en force et, avec l’aide de Dieu, je pense que le résultat sera à la hauteur de l’attente. Je terminerai par lancer un appel à nos dirigeants. Il est impossible de répondre à toutes les attentes mais il faut essayer de trouver des solutions aux problèmes liés au coût de la vie. Je voudrais souhaiter que les hommes politiques se retrouvent.
Après plus d’un an d’absence, Omar Pène retrouve la scène avec beaucoup d’attentes et d’interrogations.
Il avait disparu des radars des mélomanes pendant un an. Oumar Pène is back sur scène. Après une année en France pour soigner son diabète et soulager sa fatigue chronique, l’enfant de Médina retrouve ses terres remplies d’heureux souvenirs.
«En quarante ans passés dans la musique, je n’ai jamais fait de break. Un cumul de fatigue ainsi que les nombreux voyages à l’étranger ont porté un coup. On a décelé chez moi un diabète. Tout cela concourt à ce que je prenne éventuellement du recul et essaye de me faire soigner. C’était exactement ça», dévoile Omar Pène dans une interview accordée au quotidien Le Soleil.
Durant ces moments de traversée de désert et de silence, il s’est réfugié auprès de sa famille. Là, il a bénéficié de la chaleur et regardé, éberlué devant son ordi, la blogosphère exploser de rumeurs folles et invraisemblables. Sa mort a été annoncée. Il aurait été amputé. Il sourit au moment de répondre à ces questions :
«Comme j’étais avec mon épouse, mon fils et mes petits enfants, j’étais occupé à autre chose. J’avais ma famille à mes côtés et j’étais en contact permanent avec mes collaborateurs qui étaient à Dakar. On n’a pas voulu faire des démentis. Personnellement, je ne voulais pas intervenir sur quoi que ce soit. J’ai voulu laisser les gens dire ce qu’ils veulent parce que j’avais d’autres préoccupations.»
Aujourd’hui, le monde de la musique baigne dans l’enthousiasme. Lui-même donne des signes de garantie d’une soirée grandiose. Affaibli par «la fatigue et le diabète», «Baye Pène» pourra-t-il retrouver son élan ? Son allant ? Saura- t-il reproduire ce magnétisme qui happait ses spectacles ?
En tout cas, le poids de l’attente est écrasant. Ce n’est pas certain, tant le souffle lui manque, la scène lui est restée trop éloignée. Oui ! La réputation n’a pas été rongée par la longue absence. Le talent ? Non plus. Le spectacle de ce soir vise une simple évidence : Tuer les rumeurs sur sa capacité à tenir sur scène.
Accessoirement, il remettra l’ordre dans ce désordre de mots qui ont été colportés durant cette longue absence. Elle l’est. Pour un artiste de sa trempe, un silence annuel équivaut à une fin de carrière ou à une démission pour n’importe quel quidam. Mais il a promis d’être à la hauteur de son passé qui l’a porté au firmament de la musique sénégalaise.
Doute et enthousiasme
Ces dernières semaines, les communicants ont déployé leur expertise pour le remettre sur la... voix du succès qu’il n’a jamais perdu. Il a pris ce coup d’arrêt quand ses rêves et passions étaient à leur apogée.
Ce 30 août 2014 scelle un retour qu’il espère triomphal : «Ce sera un peu la fête de la musique. J’ai lancé un appel à tous les chanteurs qui veulent venir faire la fête. Le but recherché, c’est de réunir tout ce beau monde et de faire plaisir au public. Ensuite, on va revisiter le répertoire du Super Diamono parce que ça fait déjà un an depuis que je suis absent de la scène».
Bien sûr, durant un show réglé au millimètre, Omar Pène pourrait transformer son image de convalescent de diabète en celle d’un Moïse zen descendant d’un Sinaï avec la bonne parole. On ne sait pas trop ce qui pourrait l’expliquer. Mais il flotte un air de suspicion autour du spectacle de ce soir. On ne sait pas trop.
Mais une dose d’incertitude plane sur la scène de Grand Théâtre. Laquelle fête le come-back de Omar Pène dans une ambiance follement électrique. Et de retrouvailles. «Je pense qu’on a l’opportunité de faire une prestation le 30 août prochain au Grand Théâtre national. Le 3 août dernier, j’étais à Paris où j’ai animé un concert. J’ai repris mes activités. Les fans sont venus me voir dès mon retour. Ils se sont rendu compte que je leur suis revenu en chair et en os. Je suis quelqu’un qui ne démissionne pas dans la vie, car j’ai accumulé beaucoup d’expériences grâce à mon parcours, ma vie tout court. J’ai vécu des tas de choses durant mon adolescence», philosophe l’auteur de Jaraaf.
Depuis l’effondrement du Grand Super Diamono, les relations au sein du groupe se décomposent et se recomposent autour d’intérêts mal identifiés. Les alliances stratégiques deviennent plus floues, des configurations nouvelles s’esquissent.
L’éclat, la passion et l’énergie de Pape Dembel Diop, Lappa Diagne et autres étaient à l’origine d’innombrables innovations qui ont enrichi et amélioré l’existence de ce mythique orchestre. Pène avait mis en place un orchestre florissant, soudain décomposé et qui va devoir se forger un nouveau destin.
C’est un mélange unique, une touche d’artiste et la vision d’un artiste qui a bâti une société exceptionnelle, parmi les plus grandes de l’histoire musicale sénégalaise. Il a été un tel original, avec une profondeur créative, l’esprit imaginatif qui définit une époque. On ne sait pas ceux qui l’entoureront durant ce moment de retrouvailles (ou de retrou-failles ?). Il est par contre évident que certaines pointures ne seront pas au rendez-vous du Grand Théâtre.
Artiste expérimenté, il relativise : «C’est un orchestre qui existe toujours. Le 30 août sera une occasion de répondre à certaines personnes qui se posent un certain nombre de questions. Le Super Diamono est un groupe qui ne meurt jamais. Nous allons montrer aux gens que, quoi qu’on puisse dire, il est possible de se réaliser dans un milieu et à travers un concept bien déterminé.»
Jusqu’ici, il a su éviter des périls tapis dans son ombre, dès son premier souffle. Avec des chansons de légende : Afsud, Yeene, Gaïndé, Silmaxa... Ces tubes qui ont fait chavirer le cœur de milliers de romantiques à travers le Sénégal et monde.
Ils ont traversé les époques et ont permis à Pène de devenir une icône. Il espère que sa voix n’est pas emportée. Et sa voie se poursuit. C’est la prière des mélomanes.
COMPOSITION DE L’ORCHESTRE DE CE SOIR
Super Diamano new look 2 en action
Omar Pène montera sur la scène du Grand théâtre ce soir avec son orchestre pas au complet, en dépit des démarches faites pour le retour des cadres. Celui-ci sera donc fortement recomposé si bien qu’on parle d’un Super Diamano new look 2, du point de vue des instrumentistes qui le forment.
Sur scène, ils étalaient ce qui les différenciait des autres orchestres. Leur talent individuel et collectif leur a valu le sobriquet passionné de «Seigneurs du live». Les musiciens du Super Diamano ont manqué les mélomanes et leurs fans pendant plus d’un an, voire au-delà. Les départs successifs des identités remarquables qui composaient le groupe ont fini de rendre méconnaissable un Super Diamano sur scène bien avant le stand-by.
Pour le spectacle de cette soirée, Omar Pène sera accompagné d’une quinzaine d’artistes au Grand théâtre, selon le manager de l’orchestre Ousmane Faye. Le groupe, qui a traversé le temps non sans soubresauts, entame une troisième vie après le Super Diamano, le Super Diamano new look dont l’album Nila a marqué la naissance en 1992.
Depuis la célébration des 40 ans du groupe, il a été relooké suite au départ de plusieurs cadres, comme cela a été toujours le cas depuis sa création.
Papiss Konaté, Jules Diop, la Génération consciente du Super Diamano
Qu’à cela ne tienne, le bassiste Pape Dembel Diop, dont les empreintes au Super Diamano new look sont indélébiles, accompagnera Oumar Pène sur la scène du Grand théâtre.
L’instrumentiste qui avait démissionné du groupe au lendemain de la célébration du 40e anniversaire assure d’ailleurs le rôle de directeur artistique. Il est garant du style «Diamano» et de l’harmonie des sonorités qui ne manqueront pas d’égayer des nostalgiques du bon vieux temps.
Le bassiste sera le seul des anciens des vingt dernières années à jouer au côté de Omar Pène. Toutefois, le percussionniste Alioune Seck qui a intégré le groupe depuis plus d’une décennie va jouer sa partition. Le jeune musicien a eu le mérite de stabiliser la section percussion après les départs successifs de Aziz Seck, Thio Mbaye et Papa Ndiaye Guewel.
A la batterie, il y aura Jules Diop. Ce dernier a suppléé le célèbre batteur du groupe Lapa Diagne pendant des années, avant d’intégrer l’orchestre de Pape Diop, la Génération consciente. Il partagera le plateau avec un claviste, un ancien du Super Diamano, devenu chef d’orchestre de la Génération consciente. Il s’agit de Papiss Konaté. Il fera un duo avec Râne qui était membre du Djolof Band de Viviane Chidid.
Mamadou Lamine Maïga à l’ouverture du bal, le duo You-Pène ressuscité
Par ailleurs, celui qui caractérise un Super Diamano new look 2 est Cheikh Tidiane Tall. Le célèbre musicien, précurseur de la musique tradi-moderne, par ailleurs membre fon- dateur du groupe Xalam, va assurer les notes de solo comme il avait su les produire lors des concerts du 40e anniversaire.
L’acoustique sera l’œuvre de Hervé Samb, un guitariste qui joue souvent avec Omar Pène sur les scènes internationales. L’instrumentiste Assane Ndoye va les accompagner à la guitare. Ce soir, le Super Diamano renoue avec la tradition des trompettes. C’est ainsi que l’ancien du Super Etoile Thierno Koyaté, Wilfried qui se produit souvent avec Carlou D et Damien laisseront entendre des sonorités de trombone et de saxophone.
Aux chœurs, Ndèye Bodian, un membre du groupe, sera épaulée par une certaine Fatou Diop. Cependant, la participation de Mamadou Lamine Maïga est annoncée. Cet ancien du Super Diamano va être parmi les musiciens qui vont démarrer le concert.
Il ne sera point le seul ancien du groupe à s’inviter aux côtés de Omar Pène. Yousssou Ndour va jouer avec le lead-vocal la fameuse chanson Euleuk ci biir, du fameux album You-Pène. Beaucoup d’artistes de la nouvelle génération sont également annoncés. Ils prendront leur dose de rétro.
Doudou Konaré et Ousmane Sow forfaits
Lors de plusieurs interviews récentes, Oumar Pène a annoncé le retour tous ceux qui avaient quitté le groupe. Les démarches entreprises en ce sens n’ont toujours donné les résultats escomptés. En effet, la fête de la musique qu’il a promise ne verra pas la participation du talentueux soliste de l’orchestre et au style particulier.
Il s’agit de Doudou Konaré. Le dialogue instrumental qu’il entretenait avec les collègues sur scène avait fini de faire oublier ses prédécesseurs au Super Diamano, en l’occurrence Lamine Faye et Omar Sow. Doudou Konaré a démissionné bien avant la célébration des 40 ans.
Toutefois, il a été démarché pour les besoins du concert-retour. En vain. Il ne sera pas sur le plateau du Grand Théâtre pour indisponibilité, d’après le manager du Super Diamano. Au clavier, le lead-vocal ne pourra pas compter sur un ancien comme Ousmane Sow. Lui aussi n’a pas partagé une scène avec Omar Pène bien avant l’anniversaire susmentionné. Avec Pape Dembel Diop, ces instrumentistes étaient devenus le trio le plus remarqué de l’orchestre ces 20 dernières années.
Du coup, Omar Pène signera son retour avec un «Diamano» autrement composé.
''UN JOUR, PARCE QUE JE CHANTAIS FAUX, IL M’A CHASSÉ DU PODIUM''
QUAND ALIOUNE KASSÉ RACONTE SON PÈRE
Amadou Maguette Ndaw et Ibrahima Ba |
Publication 30/08/2014
Il a eu une vision basée sur la perfection et la rigueur. Et sa mission, il l’a bien réussie car l’empreinte du « vieux » Ibra Kassé est là, présente dans le monde musical. Les témoignages sont tous unanimes : ce méthodique monsieur a beaucoup influencé un chanteur comme Youssou Ndour. Et quand son fils Alioune Kassé parle de cela, c’est authentique.
« Un jour, parce que je chantais apparemment faux, il m’a fait descendre du podium, en plein concert ». Ainsi a parlé Alioune Kassé en évoquant son père. Suprême humiliation ? Aujourd’hui encore, le fils musicien se souvient de cet épisode qui démontre, si besoin en est, que le vieux Ibra Kassé, tenait beaucoup à la perfection, dans le travail à accomplir.
Souvent, durant les soirées, il arrivait, souligne Guissé Pène, qu’un musicien se retrouve avec une piste fermée, quand il débordait de son champ. De son avis, Ibra Kassé, « c’était l’intransigeance et le professionnalisme ». Et c’est le constat qui revient souvent de la bouche de ceux qui l’on fréquenté.
Comme souvenir, se rappelle le fils, ses conseils sur tel ou tel autre produit sonnent, maintenant, comme une prémonition, tant il connaissait bien la musique. « Quand il disait qu’une œuvre est bonne, au début on pouvait avoir des appréhensions mais, au finish, on lui donnait raison, car le vieux avait une science infuse dans le domaine des mélodies », se souvient le fils.
Son amour pour les belles notes était tel que si une soirée était réussie, il était aux anges et était prêt à toutes les folies pour ses musiciens. En ces moments, souligne Alioune Kassé, il ressemblait à un président de club, au soir d’une victoire importante, qui se laisse emporter.
Des faveurs musicales, le vieux n’en avait pas mais ses préférences tournaient autour des sonorités cubaines avec le Tango, le Boléro, de même que la musique française.
Paris, terre des débuts
Des dates, en guise de repères, il ne semble pas être en mesure d’en fournir. En revanche, des faits, Alioune en a plein la tête pour évoquer son père. « Nous étions jeunes et très proches de notre père qui faisait à la fois office de pater et d’encadreur pour notre carrière musicale », affirme-t-il.
Un jour, en atelier à la maison, Alioune Kassé se laisse aller. Les envolées sont nombreuses et le produit est enregistré et présenté à son père. Celui-ci le trouva bon et ce fut le début du jeune dans la musique.
Cette confiance en Alioune va s’affirmer avec la reprise, par ce dernier, d’un morceau de Lionel Richie. Mais, la consécration vient de la prouesse de ce dernier, lors de son interprétation du tube la « Hija de Juan Simone ».« Ce fut le déclic », souligne notre guide.
Pour la petite histoire, le vieux Ibra Kassé, avant d’émigrer, aimait beaucoup le cyclisme. Durant ce périple français, il épousera une femme blanche et avait un café dans l’Héxagone. C’est de là-bas qu’il va chopper le virus de la musique. La légende est ainsi lancée. A son retour, il commence à acheter du matériels, afin de constituer son groupe.
En ce temps, s’offrir des instruments de musique était très difficile. Ibra Kassé, qui avait le matériel et le local, avait réussi un bon casting, qui répondait à sa conception de la musique. Mais, durant les années de gloire, « les frais de Douane lui posaient beaucoup de problèmes. Il avait même, en un moment donné, demandé une exonération aux autorités », se souvient Alioune Kassé.
De trahisons à trahisons
Dans la vie, la réussite peut avoir comme soubassement la rigueur dans le travail. C’est ce qui fait la particularité d’Ibra Kassé, qui a réussi à devenir incontournable, en ces temps, dans son domaine. Ainsi, Alioune Kassé profita de l’expertise de son père. En effet, en 1993, son morceau « liguaye diaye molaye diaye », qui dénonçait l’usage de la drogue, faisait un carton.
En suivant un documentaire sur les méfaits de la drogue dans l’émission « Envoyé Spécial » de France 2, le père Kassé avait écrit cette chanson, puis le confia à l’homonyme d’Alioune Kassé. A la disparition du vieux, le 16 juillet 1992, ce dernier, au 40ème jour après la mort du pater, remit la chanson à Alioune Kassé, qui en fit un morceau très apprécié des Sénégalais.
Un hommage au précurseur
En un moment donné, son bébé, le Star Band, se disloquait. Mais, pour Alioune Kassé, contrairement à ceux qui pensaient à une reprise en main de la famille, ce sont des musiciens qui ne cessaient de planter des dagues sur le dos du vieux, lors des soirées importantes. Un coup de poignard qui faisait de plus en plus mal. « Les jours de fêtes, des musiciens, qui étaient des maillons importants du Star Band, le laissaient en plan pour aller animer d’autres soirées. Nous avons vu comment cela lui faisait mal », a soutenu Alioune Kassé.
Et après, il devait recommencer de zéro et constituer un nouveau groupe capable de tenir le Miami. Plus tard, la famille se chargera de reprendre le groupe en main, afin d’éviter des désillusions à leur père. Au-delà de la musique, Ibra Kassé était un supporter passionné du Tigre de Fass Mbaye Guèye et un fervent Mouride. Il fut, en outre, le premier à avoir enregistré un morceau pour le passer à la radio.
Dans ce même ordre d’idées, Ibra Kassé, très lié aux enfants, avait introduit le « tama » (tambour d’aisselle) dans la musique et voulait en faire autant avec le « riti » (guitare traditionnel peulh).
A la quête d’originalité, souligne Alioune Kassé, il travaillait sans cesse à l’introduction de nouveaux instruments. Mais, lors d’un voyage à Paris pour enregistrer un disque, il se rendit compte, une fois dans une boite de nuit, que la manière dont les Européens dansaient cette musique, finis- sait par le convaincre de la nécessité de retirer la « tama » si omniprésent.
En 1996, un très grand hommage fut organisé. Tout le gratin de la musique était présent pour saluer la mémoire de cet illustre visionnaire.
Pour l’heure, la famille veut renouveler cette expérience. Aujourd’hui encore, dans le sillage d’El hadji Ndiaye alors responsable du Studio 2000 qui, en 1993, a produit l’œuvre d’Alioune Kassé, la famille demande à tous ceux qui sont passés au Miami de les épauler afin de faire de ces lieux un endroit de rencontre pour le monde musical.
NDIOUGA DIENG, ARTISTE CHANTEUR :
''Ils sont tous devenus des stars''
«Tous ceux qui sont passés entre les mains d’Ibra Kassé sont devenus des stars. L’exemple le plus parlant reste Youssou Ndour. Il a permis à tous ces élèves de cultiver l’expérience et le savoir-faire », témoigne, Ndiouga Dieng du Groupe Baobab. Selon lui, aujourd’hui, la musique que font ceux qui sont passé par cette école n’ont rien à envier aux adeptes d’autres formes de musique jouées à travers le monde.
Pour le recrutement, Ibra Kassé ciblait les artistes qui étaient pétris de talent. Ils étaient également de fortes personnalités. « Il a réussi à faire de sorte que tous ceux qui ont fait son école réussissent à perpétuer dignement son héritage », soutient Ndiouga Dieng ajoutant que, malgré le fait qu’il n’ait jamais fait partie de la Star Band, celui qui a mis en orbite le « Miami » vers les années 70, lui vouait un très grand respect. Né à Kaolack, Ibra Kassé a passé de nombreuses années en Europe. Jusqu’à sa mort en juillet 1992, il aura fortement contribué à la promotion de la musique sénégalaise. »
ALASSANE CISSÉ, JOURNALISTE CULTUREL :
''Il a introduit le « tama » dans la musique''
Alassane Cissé, coordonnateur général du réseau des journalistes culturels d’Afrique voit, en Ibra Kassé, un précurseur de la musique moderne. A l’en croire, si, aujourd’hui, la musique sénégalaise s’impose sur le plan international, c’est en grande partie dû au fondateur de la « Star Band ». « Il a introduit le « tama» (tambour d’aisselle) dans la musique ainsi que d’autres instruments modernes», avance-t-il.
Dans une époque où les gens éprouvaient des difficultés pour se départir de l’influence du colonisateur, Ibra Kassé encourageait les artistes à chanter dans les langues nationales et à promouvoir les mélodies traditionnelles. S’il y a une chose sur laquelle tout le monde s’accorde, c’est la rigueur qui faisait la particularité de l’homme.
« Il n’acceptait pas que les gens soient en retard durant les ateliers de répétition », explique Alassane Cissé. De l’avis de ce dernier, c’est cette rigueur qui a accouché aujourd’hui une musique qui continue de faire tilt.
Le naturel revient... au galop ! Certaines femmes ont, en effet, décidé de « faire la paix » avec leurs cheveux et peau. Elles ont enclenché un nouveau virage dans leur aventure capillaire.
Etre belle au naturel est désormais un désir qui s’apparente à la quête du Graal pour de nombreuses femmes. Elles ont compris que parfois les coups de folie de l’apparence sont une façon de se chercher. Et s’accepter telles qu’elles sont et ne pas chercher à tout prix la métamorphose est la meilleure façon de rendre service à leur corps.
Certains instituts de beauté spécialisés dans le traitement des cheveux et des soins du corps et du visage aident ainsi ces femmes à se mettre en valeur naturellement et à faire rayonner ce qui est déjà présent en elles.
Accompagnée de son petit ami, Ndèye Fatou a hésité avant d’enlever sa perruque devant la jeune coiffeuse Khady du salon Hair Universal. Pour cause, elle n’a plus aucun cheveu. « Je suis venue ici pour traiter mes cheveux. Comme vous le voyez, j’ai la boule à zéro car j’ai trop abusé des teintes, coupes de cheveux et défrisages. Aujourd’hui, je veux franchement laisser pousser mes cheveux. La jeunesse n’est pas éternelle et j’en suis consciente maintenant», avoue-t-elle.
Pour certaines femmes en effet, surtout les mariées, il n’est plus question de continuer à agresser leur peau et leurs cheveux. Mais cela ne veut pas dire qu’elles veulent se laisser aller, au contraire ! Elles prennent soin de leur corps pour se sentir bien. « J’agresse mes cheveux depuis je ne sais combien d’années avec le « peigné mou lisse ».
Aujourd’hui je suis mariée et j’ai un peu honte de montrer ma tête. Regardez, elle ressemble à un parc, parce que je n’ai presque plus de cheveux », se désole Fatou Wade, une jeune mariée qui ne rêve que d’une seule chose : pouvoir se déhancher toute tranquillement chez elle les cheveux au vent.
« Certes mon mari n’a aucun problème, mais il m’a encouragé à venir faire un traitement pour faire repousser mes cheveux. Je veux m’afficher désormais naturelle, car je ne suis plus une minette. Après mes cheveux, je vais me battre pour avoir une belle peau. Le maquillage aussi, je n’en fais plus une priorité».
D’après toujours Fatou Wade, c’est pour être belles, remarquées et acceptées que les femmes continuent à se défriser, à mettre de faux cheveux et à se dépigmenter. « Mais de mon côté c’est fini ! Je prends ma retraite ».
Cheveux cassants et fourchus, cheveux rêches et qui poussent mal, l’alopécie... sont les problèmes capillaires que Sonia Sèye, patronne de Hair Universal et son équipe, constatent tous les jours sur les chevelures défrisées. Elle explique que le défrisage est composé d’actifs très agressifs (soude et émulsions qui détruisent progressivement la structure du cheveu) et les produits défrisants sont des traitements chimiques irréversibles qui lissent la partie visible du cheveu.
A force de renouveler régulièrement le traitement, à chaque repousse, cela peut entraîner l’alopécie (une chute de cheveux sur tout ou partie du cuir chevelu). « C’est pourquoi, avant de procéder à un traitement de cheveux, la personne doit se faire consulter ».
L’esthéticienne est cependant convaincue que certaines femmes ont maintenant compris qu’on leur propose une esthétique (peau claire, cheveu lisse) qui n’est pas la leur. « Pour elles désormais, avoir une belle chevelure, c’est avoir des cheveux sains».
Les adeptes du « retour au naturel » sont conscientes que la beauté, lorsqu’elle est naturelle, est plus appréciable et mieux appréciée. « Il n’y a pas à se cacher sous le maquillage, ni à négliger sa peau. Il n’y a pas non plus à mettre de faux cheveux, ni à refuser de prendre soin de ses cheveux », renchérit Sonia Sèye.
Laisser pousser ses cheveux au naturel représente alors beaucoup plus qu’une mode passagère. La jeune Aida Fall a d’ailleurs décidé de faire le saut après l’ultimatum de son père. « Je suis là parce que mon père n’aime pas me voir avec mes faux cheveux. C’est comme ça chez lui. Et comme que j’ai des cheveux très fins, j’ai décidé de les traiter, histoire d’avoir un peu plus de volume et de pouvoir faire des coiffures simples. Vous savez, nous les jeunes filles, nous avons des styles de coiffures très tendances. Il suffit juste de relever les cheveux en un chignon, y mettre quelques accessoires et on est au top».
Un peu perdu dans l’univers secret des femmes, l’artiste chanteur Tapha Seck venu accompagner sa copine au salon estime qu’il ne suffit pas d’une tonne de maquillage, de changer de coiffure toutes les semaines pour rester belle. « J’encourage ma copine à assumer son côté naturel, c’est pourquoi je suis venu ici l’accompagner. Je trouve que c’est un peu vulgaire pour une fille de raser sa tête. Certes, c’est jeune mais les gens vont vous regarder d’un autre œil. Ma présence va la motiver. J’espère qu’elle va désormais prendre soin d’elle et arrêter d’être extravagante ».
Détente, bien-être, mise en beauté pour le corps et le visage et promesse d’un teint plus éclatant, d’un corps détendu, d’une peau plus souple ; les soins en institut connaissent un succès grandissant.
« Il faut puiser dans la cosmétique africaine, riche et naturelle pour prendre soin de son corps et de ses cheveux. J’achète des herbes en Inde que je mélange avec des huiles bien de chez nous pour les traitements. Beaucoup de filles ont arrêté de se dépigmenter et veulent retrouver leur teint naturel. Je teste aussi des crèmes de corps pour répondre à la demande», dévoile Sonia, qui est très optimiste que d’ici quelques années le naturel va gagner du terrain au Sénégal.
LIBRE EXPRESSION DE LA SENSIBILITÉ DE L’ENFANT
MATURATION GENERALE DE L’ORGANISME ET DU PSYCHISME
Les jeux traditionnels, au même titre que les Activités populaires et sportives (Aps) modernes, permettent d’exploiter, au mieux, les capacités motrices, intellectuelles, morales et affectives de l’enfant.
En développant les capacités motrices, intellectuelles, morales et affectives de l’enfant, les jeux lui donnent la possibilité d’explorer et d’exploiter le milieu dans lequel il fait corps, mais aussi d’éprouver ses forces sur les êtres, les choses et les objets de son environnement.
C’est ainsi que, dans ce processus d’adaptation, qui constitue la maturation générale de l’organisme et du psychisme, l’activité ludique est une source fécondante où s’alimentent l’assimilation et l’accommodation de soi aux choses.
Il apparait donc que, dans le jeu traditionnel, l’enfant n’attend plus la permission d’exister en fonction de normes ou de modes qui lui sont étrangers. Là, il existe, dans sa totalité, son unité et la libre expression de sa sensibilité, de son intelligence, de ses capacités d’expérience et de création.
L’on peut dire que contrairement aux jeux fédéraux qui ont tendance à standardiser le milieu dans lequel évoluent les sportifs, les Aps locales, elles, se déroulent dans les lieux fluctuants, riches en nouveautés et laissant souvent une place importante à la fantaisie et à l’improvisation, entre autres.
Considérant que les activités physiques visent une bonne maîtrise corporelle, une amélioration des facteurs de la conduite motrice, une connaissance de soi et de son milieu et une organisation de l’environnement, l’on peut alors avancer que les jeux traditionnels font circuler toute notre histoire et notre culture.
Positivement chargés, ils doivent donc faire l’objet d’une intégration plus poussée en milieu scolaire où à tous les niveaux d’enseignement se trouvent des activités tendant à forger un homme, physiquement apte et profondément enraciné.
Ainsi, pour le pré-scolaire, le « dialbi dialaan » et le « baay khaal » qui, respectivement, mettent l’accent sur le tact ou le flair et l’unité face à l’ennemi, conviennent parfaitement aux enfants dont les efforts physiques sont sollicités pour la pratique de tels exercices.
Dans l’élémentaire, le « kamb gej », le « kool » et le « ndioro » s’offrent en véritables jeux d’adresse. Ils nécessitent concentration et ressources au moment où, dans le milieu des « grands » correspondant au secondaire, le « kuppe » et ses variantes - le « lambi golo » et le « gartombé » -, demandant endurance, force des membres supérieurs et inférieurs, rapidité et vigilance pour contrer l’adversaire, doivent être largement vulgarisés.
Voilà quelques disciplines à caractère sportif qui peuvent avoir droit de cité, non seulement dans les établissements scolaires, mais aussi à l’intérieur des quartiers où les différentes classes d’âge gagneraient à les faire revivre.
En soulignant cela, l’on veut surtout favoriser le sport de masse dont la réussite peut bien servir à la vulgarisation des jeux traditionnels aussi bien chez les jeunes que chez les adultes, hommes et femmes.
Les quelques disciplines citées plus haut étaient pratiquées dans quelques écoles de Thiès à côté d’autres comme le « samori », le«kumpa» et le «ngouk» joués, jadis, dans les colonies de vacances pour pousser les enfants à toujours avoir les sens en éveil.
Il reste entendu que la vulgarisation, entamée dans les années 1980, a reçu un coup d’arrêt. Il faut une relance. Et les compétitions de l’UASSU tout comme les « navétanes » ou championnats populaires sont de bonnes occasions pouvant aider à démontrer, à faire aimer et à ancrer dans tous les esprits les Aps locales.