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25 avril 2025
Développement
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THIERNO ALASSANE DÉNONCE L'INCOMPÉTENCE AU POUVOIR
"Des carburants plus chers qu'au Mali, 30 800 licenciements et un BTP en léthargie" : c'est en ces termes que le député a résumé la gouvernance économique du Pastef, lors d'une conférence de presse tenue ce mardi à Dakar
Le député Thierno Alassane Sall, président du parti République des Valeurs, a tenu une conférence de presse ce mardi 22 avril 2025 où il a vivement critiqué la gestion économique du gouvernement dirigé par Ousmane Sonko, près d'un an après son arrivée au pouvoir.
Le député a dénoncé ce qu'il considère comme l'échec des promesses de changement rapide faites par le Pastef. "La plupart des compatriotes espéraient un changement rapide à leur arrivée au pouvoir, parce qu'ils nous ont vendu non seulement un projet et des idées grandioses, mais on leur prêtait aussi la compétence", a-t-il déclaré, soulignant l'ironie que l'équipe au pouvoir soit majoritairement issue du ministère de l'Économie et des Finances.
Selon M. Sall, les déclarations "hasardeuses" du Premier ministre au nom de la transparence ont conduit à la dégradation de la note du Sénégal, entraînant des emprunts "à des taux démentiels" et un ralentissement économique général.
Le député a particulièrement insisté sur la crise touchant plusieurs secteurs clés. Dans la pêche, il a rapporté que "la brèche de Saint-Louis a englouti près de 40 vies en un an" sans intervention gouvernementale. Pour le secteur du BTP, il a souligné que les entreprises sont "presque à l'état léthargique", avec des exemples concrets comme la CSE qui a licencié 650 personnes, tandis que les cimenteries voient leur chiffre d'affaires baisser de 25%.
Un autre point de critique majeur concerne le prix des carburants. M. Sall a relevé le paradoxe que le Sénégal, devenu producteur de pétrole, affiche les prix de carburant les plus élevés de la sous-région (990 francs CFA contre 775 au Mali et 650 au Burkina Faso), malgré une baisse du cours du baril de 21% en un an.
En matière d'éducation, il a pointé le retard considérable dans le calendrier universitaire, avec l'année 2023-2024 toujours en cours alors que le reste du monde se prépare aux examens de fin d'année pour 2024-2025.
Thierno Alassane Sall a également critiqué les licenciements massifs dans le secteur public, évoquant environ 30 800 personnes licenciées pour "motifs économiques", tout en dénonçant l'absence de transparence dans les recrutements qui ont suivi.
Sur le plan politique, l'ancien ministre a réfuté les accusations portées contre lui concernant les contrats pétroliers, affirmant avoir au contraire "arraché quatre contrats pétroliers" au bénéfice du Sénégal lorsqu'il était au gouvernement.
Enfin, M. Sall a exprimé ses inquiétudes quant à l'allocation de 5 milliards de francs CFA sans débat parlementaire, gérée selon lui par "l'appareil politique du Pastef", comparant cette situation à celle des controversés fonds Covid. Il a appelé à un rapport de la Cour des comptes sur cette gestion, tout en dénonçant une "justice sélective" qui s'exercerait "sur commande" du pouvoir en place.
TIDJANE THIAM ÉCARTÉ DE LA PRÉSIDENTIELLE IVOIRENNE
La figure du principal parti d'opposition, vient d'être radié des listes électorales par la justice qui invoque la perte de sa nationalité ivoirienne au profit de la française en 1987. Une décision majeure à six mois du scrutin présidentiel
(SenePlus) - La course à la présidentielle ivoirienne vient de connaître un rebondissement majeur. Six mois avant le scrutin prévu le 25 octobre, le chef du principal parti d'opposition, Tidjane Thiam, a été radié de la liste électorale par décision de justice, l'empêchant ainsi de se porter candidat, selon les informations rapportées par Jeune Afrique et l'AFP ce mardi 22 avril.
Le tribunal a tranché en estimant que Tidjane Thiam avait perdu sa nationalité ivoirienne lors de l'acquisition de la nationalité française en 1987. « La présidente du tribunal a rendu son délibéré. Elle a estimé que le président Thiam avait perdu la nationalité ivoirienne quand il a acquis la nationalité française, et donc elle a fait droit aux demandes des requérants et a ordonné la radiation du président Thiam de la liste électorale », a expliqué Me Ange Rodrigue Dadjé, l'un des avocats de Tidjane Thiam.
Cette décision judiciaire, qui n'est pas susceptible de recours, ferme pour l'instant toute possibilité à une candidature de l'opposant à l'élection présidentielle d'octobre prochain.
La question de la nationalité empoisonne la campagne de Tidjane Thiam depuis plusieurs mois. Né en Côte d'Ivoire, l'homme politique a obtenu la nationalité française en 1987. Conscient de l'obstacle que représente la binationalité pour une candidature présidentielle en Côte d'Ivoire - où un candidat ne peut être binational - Thiam avait renoncé à sa nationalité française en mars dernier.
Cependant, ses détracteurs s'appuient sur l'article 48 du code de la nationalité ivoirien, datant des années 1960, qui stipule clairement que « l'acquisition d'une autre nationalité entraîne la perte de la nationalité ivoirienne ». Une disposition qui ne s'applique toutefois pas aux binationaux de naissance.
Face à cette situation, les avocats de l'ancien dirigeant du Crédit Suisse ont tenté de démontrer à la justice que leur client était également Français de naissance, par son père. Cette stratégie visait à prouver que Thiam n'aurait pas « acquis » la nationalité française en 1987, mais simplement fait reconnaître un droit préexistant. Une argumentation qui n'a pas convaincu le tribunal.
L'entourage de Tidjane Thiam dénonce depuis plusieurs semaines des « manœuvres » qu'il estime orchestrées par le pouvoir pour écarter sa candidature. Cette radiation intervient dans un contexte politique tendu, où plusieurs figures de l'opposition sont déjà empêchées de se présenter.
Selon les informations de Jeune Afrique et l'AFP, d'autres opposants de poids sont également inéligibles pour le moment : l'ex-président Laurent Gbagbo, son ancien bras droit Charles Blé Goudé et l'ancien Premier ministre Guillaume Soro, en exil, tous ayant été condamnés par la justice ivoirienne.
Cette nouvelle éviction d'un candidat d'opposition soulève des questions sur le pluralisme politique à six mois d'une élection présidentielle cruciale pour l'avenir de la Côte d'Ivoire.
LE PARI DE PAPE ALÉ NIANG
« La RTS était un média de propagande des régimes en place », affirme sans détour le patron du média audiovisuel de service public. Depuis sa nomination, l'ancien détenu politique s'emploie à déconstruire six décennies de formatage médiatique
(SenePlus) - Nommé à la tête de la Radiodiffusion Télévision Sénégalaise (RTS) en mai 2024, Pape Alé Niang, journaliste emprisonné sous l'ancien régime, s'attelle à transformer un média longtemps considéré comme porte-voix du pouvoir en place en un véritable service public ouvert au pluralisme politique.
Le nouveau patron de l'organe audiovisuel du service public ne cache pas l'ampleur du défi qui l'attend, assumant pleinement sa mission : instaurer un véritable pluralisme politique dans le traitement de l'information. Une rupture nécessaire avec les pratiques antérieures puisque, comme il le souligne lui-même dans un entretien accordé au Réseau international des journalistes (Ijnet.org), « la RTS était un média de propagande des régimes en place et de leur Président » depuis l'indépendance du pays en 1960.
Les premiers signes de cette transformation sont déjà visibles. Le magazine "Pluriel", absent des écrans depuis douze ans, a fait son grand retour, rapporte Ijnet.org. Cette émission, comme son nom l'indique, offre un espace de débat où s'expriment tant les représentants du pouvoir que ceux de l'opposition et de la société civile. Dans la même veine, l'émission "Saytou" (qui signifie "décryptage" en wolof) propose chaque vendredi soir des discussions à micro ouvert sur des questions de société.
Cette nouvelle approche éditoriale se manifeste également par l'invitation régulière de personnalités de l'opposition, longtemps tenues à l'écart des antennes publiques. Selon les informations du Réseau international des journalistes, lors des réunions de rédaction, le directeur rappelle constamment à ses équipes les deux principes fondamentaux qui doivent guider leur travail : liberté et responsabilité. Une confiance totale est accordée aux journalistes de tous âges qui composent la rédaction.
À l'heure où la désinformation se propage à vitesse grand V sur les réseaux sociaux, Pape Alé Niang entend « bouger les lignes de l'information », comme le rapporte Ijnet.org. Il cite en exemple la couverture des élections législatives du 17 novembre 2024, un moment fort de la vie démocratique sénégalaise. Pour cet événement majeur, la RTS a déployé des équipes complètes (comprenant chauffeur, cadreur, journaliste et preneur de son) auprès de chacun des 41 partis en lice.
L'ambition du nouveau directeur dépasse les frontières nationales. D'après le Réseau international des journalistes, la RTS étend désormais son influence dans la sous-région. En mai 2024, une délégation s'est rendue en Gambie pour couvrir le 15ème Sommet des chefs d'État et de gouvernement de l'Organisation de la coopération islamique (OCI). Un soutien matériel a également été apporté aux équipes de Guinée-Bissau pour optimiser leur couverture médiatique. « Notre expérience sert la CEDEAO par cette solidarité agissante qui est une obligation pour la RTS », affirme Pape Alé Niang, cité par Ijnet.org.
La détermination du nouveau directeur général puise sa source dans son expérience personnelle douloureuse. Fin 2022, sous le régime de l'ancien président Macky Sall, il a connu l'emprisonnement à la Maison d'arrêt et de correction de Sébikhotane à Rufisque. Des épreuves qui ont laissé des traces : après plusieurs grèves de la faim, il confie à Ijnet.org ressentir encore des séquelles physiques.
Il évoque avec émotion la visite de soutien du regretté Christophe Deloire, de Reporters sans frontières, durant cette période sombre. Même derrière les barreaux, le journaliste n'avait qu'une idée en tête : faire bouger les lignes au nom de la justice. « Nous avons vécu au Sénégal une folie, une barbarie de 2021 à 2024 en termes d'emprisonnements, de manifestants tués. À cette époque, on ne circulait pas librement dans les rues de Dakar, des chars militaires étaient partout présents, on vivait avec une pesanteur psychologique... », témoigne-t-il.
Présente dans les 14 régions du Sénégal et diffusant à travers 17 chaînes radiophoniques, la RTS prend aujourd'hui des « couleurs nouvelles » sous la direction de Pape Alé Niang, selon Ijnet.org. Ses ambitions sont à la hauteur des défis : faire de la RTS une chaîne médiatique d'envergure continentale, orientée vers la jeunesse et plaçant celle-ci au cœur de la production de l'information.
L'objectif ultime reste de servir la maturité démocratique d'un peuple sénégalais assoiffé d'information publique de qualité. Et ce, sans complexe vis-à-vis des médias occidentaux dont la couverture des réalités africaines demeure souvent limitée et biaisée, rapporte le Réseau international des journalistes.
La transformation de la RTS sous l'impulsion de Pape Alé Niang illustre ainsi la volonté de renouveau démocratique qui souffle sur le Sénégal, pays longtemps considéré comme un modèle de stabilité en Afrique de l'Ouest, mais qui a connu ces dernières années des tensions politiques importantes. Le pari est audacieux, mais comme le souligne Ijnet.org, le nouveau directeur général semble déterminé à le relever.
LE SÉNÉGAL INVITÉ À CARTOGRAPHIER TOUTES SES RICHESSES MINIÈRES
Le directeur de l’École nationale supérieure des mines et de la géologie a souligné l’urgence de mener une étude exhaustive pour mieux évaluer le potentiel minier du pays, au-delà de l’or, notamment dans les zones du sud-est.
Le directeur de l’Ecole nationale supérieure des mines et de la géologie (ENSMG), Pr Mahadane Diène, a déclaré, mardi, que le Sénégal ne disposait pas d’étude exhaustive de ses ressources minières, plaidant pour un inventaire de ces ressources sur toute l’étendue du territoire national.
”Le Sénégal n’a pas fait d’étude exhaustive de l’ensemble des richesses minérales dans (son) sous-sol”, a-t-il dit dans un entretien accordé à l’APS, dans le cadre de la Journée mondiale de la Terre célébrée ce 22 avril sous le thème : ”Ouvrir les yeux pour préserver la biodiversité”.
Selon Pr Mahadane Diène, ”il nous faut un inventaire de toutes les richesses minérales dans le sous-sol sénégalais”.
Il a souligné qu’au Sénégal, une grande partie des ressources minières découvertes est composée de phosphate et d’autres richesses.
Pr Mahadane Diène a signalé l’existence, au sud-est du pays, ”de roches non explorées très anciennes qui datent de 2,2 milliards d’années connues pour leur richesse en manganèse, en or, fer et cuivre”.
”Ces richesses sont là, malheureusement les gens font focus beaucoup plus sur l’or alors qu’il y a d’autres minéraux stratégiques comme le lithium qu’on peut trouver dans ces zones’’, a-t-il ajouté.
Il a indiqué que ce sont des pistes de recherches à explorer pour évaluer le potentiel minier du Sénégal avant de passer à l’étape d’industrialisation et d’exploitation.
Toutefois, en attendant, a-t-il relevé, il y a d’autres ressources minérales confirmées comme” le pétrole, l’or, le fer, des indices de cuivre, le phosphate et les minéraux lourds comme le zircon”, entre autres.
LES CARDINAUX AFRICAINS EN LICE POUR LE TRÔNE DE SAINT-PIERRE
Entre le conservateur guinéen Robert Sarah, l'engagé congolais Fridolin Ambongo et le consensuel ghanéen Peter Turkson, l'Afrique dispose de trois profils distincts capables de séduire différentes sensibilités au sein du collège cardinalice
(SenePlus) - Après l'annonce du décès du pape François le 21 avril dernier, le monde catholique observe avec attention les signes annonciateurs du prochain conclave. Si deux noms semblent se détacher parmi les favoris, trois cardinaux africains figurent dans la liste des outsiders capables de créer la surprise. Une analyse qui soulève une question fondamentale : un Africain peut-il succéder au pape argentin ?
La mort du souverain pontife, survenue à l'âge de 88 ans, ouvre une période cruciale pour les 1,4 milliard de catholiques à travers le monde. Dès mardi matin, les cardinaux ont été convoqués à Rome par le doyen du Sacré Collège pour entamer les congrégations générales qui précèdent l'élection. Comme le rapporte Le Monde, ces "princes de l'Église" devront, "pendant au moins quinze jours, discuter des affaires courantes avant de se pencher, dans le cadre de ces assemblées quotidiennes, sur les enjeux de l'Église universelle et les défis qui se présentent à elle."
Selon Jeune Afrique, deux favoris semblent émerger dans cette course à la succession : "le cardinal philippin Luis Antonio Tagle et le secrétaire d'État du Vatican, l'Italien Pietro Parolin." Le premier, souvent décrit comme le "François asiatique" en raison de son engagement pour la justice sociale, représenterait une forme de continuité avec le pontificat qui s'achève. Son élection marquerait l'histoire, puisqu'il deviendrait "le premier souverain pontife originaire d'Asie."
Quant au cardinal Parolin, il incarnerait un retour de la papauté aux Italiens, "après trois papes successifs originaires d'autres pays : Jean-Paul II (Pologne), Benoît XVI (Allemagne) et François (Argentine)." Diplomate expérimenté, il s'est illustré par son rôle dans le rapprochement du Vatican avec la Chine et le Vietnam, poursuivant ainsi l'ouverture géopolitique chère à François.
Mais comme le souligne JA, "si une surprise devait venir du Vatican, chose fréquente à l'issue d'un conclave", plusieurs outsiders sont à surveiller, dont trois cardinaux africains : Robert Sarah de Guinée, Fridolin Ambongo de République démocratique du Congo, et Peter Turkson du Ghana.
Ces trois cardinaux représentent des sensibilités différentes au sein de l'Église. Robert Sarah, né en Guinée en 1945 et nommé cardinal en 2001, incarne l'aile traditionaliste. "Ferme face au régime de Sékou Touré, comme il l'a été récemment au sujet de la transition de Mamadi Doumbouya", il défend une vision conservatrice de l'Église, "favorable à la liturgie en latin, opposé à l'ordination des femmes ou à toute évolution sur l'homosexualité." À près de 80 ans, il est soutenu par une frange ultra-conservatrice qui pourrait souhaiter un "effet de balancier" après le pontificat de François.
Le cardinal Fridolin Ambongo présente un profil différent. Né en 1960 en RDC et archevêque de Kinshasa depuis 2018, il "s'est surtout fait un nom en raison de son engagement citoyen", devenant "le porte-parole d'une Église engagée contre la corruption, la pauvreté et l'instabilité politique." Nommé cardinal par François en 2019, il représente "une génération de prélats africains pleinement insérés dans le combat démocratique."
Enfin, le Ghanéen Peter Turkson, né en 1948 et devenu archevêque de Cape Coast à 44 ans, apparaît comme une figure plus consensuelle. Décrit comme un "habile négociateur", il est "l'un des piliers de l'agenda social du pape François, notamment sur les questions de justice climatique, de migration ou de finance éthique." Jeune Afrique le présente comme une potentielle "troisième voie pouvant réconcilier les clans du Vatican", étant "ni doctrinaire ni révolutionnaire."
Le successeur de François, qu'il soit africain ou non, héritera de défis majeurs, comme le souligne Le Monde. La crise des abus sexuels reste une préoccupation centrale, car "il ne se passe pas une semaine dans le monde sans qu'une nouvelle affaire ne soit dévoilée." S'y ajoutent la désaffection des fidèles en Occident, les divisions internes entre progressistes et conservateurs, et des enjeux géopolitiques complexes, notamment concernant "la guerre dans la bande de Gaza" et "les rapports, compliqués, de l'Église catholique avec la Russie."
La question de la place des femmes dans l'Église et celle de la synodalité, chère à François, seront également au cœur des débats. Le pape argentin a d'ailleurs "prolongé les travaux de l'assemblée [sur la synodalité] jusqu'en 2028, l'imposant de fait au prochain pape", ce qui fait dire à certains observateurs romains que le conclave pourrait s'apparenter à "un potentiel référendum sur le synode, tant le sujet a clivé le monde catholique."
Si l'élection d'un pape africain reste une hypothèse minoritaire selon les observateurs, elle n'est pas à exclure dans un contexte où l'Église catholique connaît une forte croissance sur le continent africain, contrastant avec son déclin en Europe. Ce serait alors un nouveau tournant dans l'histoire bimillénaire d'une institution qui n'a connu à ce jour qu'un seul pape africain, Victor Ier, au IIe siècle, originaire de l'actuelle Libye.
Par Mohamed GUEYE
COMME LETTRES À LA POSTE
Pourquoi les salaires des fonctionnaires ne passeraient-ils pas par La Poste ? Et la Der/fj, qui se vante d’avoir pu bancariser plus de 100 mille personnes, pourquoi ne ferait-elle pas passer ses crédits à travers des comptes ouverts à La Poste ?
Pourquoi les salaires des fonctionnaires ne passeraient-ils pas par La Poste ? Et la Délégation à l’entreprenariat rapide des jeunes et des femmes (Der/fj), qui se vante d’avoir pu bancariser plus de 100 mille personnes, pourquoi ne ferait-elle pas passer ses crédits à travers des comptes ouverts à La Poste ?
Cette institution qui, depuis au moins deux décennies, est présentée comme à l’article de la mort, pourrait être facilement remise sur pied si la volonté politique ne faisait pas défaut.
Il est vrai qu’en cette période de «relance économique par le licenciement de plusieurs ressources humaines», tel qu’il est pratiqué par les pouvoirs publics, les autorités sénégalaises ne seraient pas choquées de voir La Poste fermer définitivement ses portes. Ce serait, semble-t-il, juste un clou de plus que l’on ajouterait au cercueil des échecs du Pse si cher à Macky. Dès lors, tant pis si la faillite de La Poste devait emporter avec elle près de 5000 responsables de familles qui vont se retrouver au chômage. Par ailleurs, les partenaires financiers, en tête le Fonds monétaire international (Fmi), seraient ainsi finalement convaincus de la volonté du duo au pouvoir, Sonko et Diomaye, de conclure vraiment un nouvel accord de coopération avec eux. En cette période où se murmure l’idée d’une relance des Programmes d’ajustement structurel (Pas), l’Etat pourrait de cette manière faire des économies substantielles dans la réduction de son déficit.
La gestion de La Poste se caractérise aujourd’hui par un déficit de plus de 150 milliards de francs Cfa, du fait des créances dues à l’Etat et d’une activité à la rentabilité plus que douteuse. Surtout, l’Etat, depuis plus d’une vingtaine d’années, a régulièrement placé à la tête de la structure, des politiciens plus soucieux de caser leur clientèle politique que de songer à redresser la boîte. La conséquence en est une masse salariale qui contribue à mettre encore plus en péril les finances de la boîte qui, du fait d’un modèle de gestion peu ouvert aux nouvelles technologies, se laisse régulièrement tailler des croupières par la concurrence.
Le secteur du courrier postal, du fait d’un manque de vision et d’une inadaptation aux échanges modernes, a été mis à l’article de la mort par les modes de correspondance électroniques. Or, ceux qui prêchaient sa mort prochaine ne lésinent pas à s’émerveiller de la qualité des services postaux en France et aux Etats-Unis, par exemple. En France, il est encore possible d’envoyer un courrier papier par La Poste et être sûr que son correspondant le recevra dans les 48 heures qui suivent. Dans le pays de Trump, les services postaux sont un élément fondamental dans l’organisation des élections, et souvent au centre des enjeux électoraux, ce qui fait qu’ils sont surveillés de près par tous les politiciens. Le maillage de La Poste, avec près de 5000 agences fonctionnelles à travers le pays, a, des années durant, offert une qualité de service aussi appréciée. Si les échanges électroniques comme les emails, ou WhatsApp, Instagram et autres, ont pu réduire l’offre de services, ils ne l’ont pas tuée pour autant, et il n’y a pas de raison d’achever une activité moribonde dont l’importance ne peut se démentir. Ainsi, pourquoi a-til fallu arrêter les livraisons du courrier à domicile dans certains quartiers ? Les préposés au courrier, de La Poste, étaient parmi les personnes les mieux informées de la configuration de certains quartiers, étant en mesure de livrer du courrier jusque dans les endroits les plus invraisemblables. Pour des questions d’économie, ces services ont été arrêtés. La Poste a voulu compenser en encourageant les usagers à louer des boîtes postales, mais elle n’a pas été en mesure de fournir la quantité de boîtes nécessaires, et surtout à des prix incitatifs. Un ménage qui reçoit du courrier de manière épisodique ne ressent pas le besoin de payer en moyenne 25 000 Cfa par an pour acquérir une boîte postale. L’une des meilleures manières de faire marcher le courrier postal aurait été, pour tous les services publics, d’utiliser La Poste dans ses correspondances et d’encourager les citoyens à en faire de même, sans que cela ne leur coûte plus d’argent. Ainsi, il n’a pas été politiquement rentable d’arrêter la vente des timbres fiscaux par La Poste. Ce service, fortement sollicité, est l’un de ceux qui pourraient aider au renflouement de La Poste. Et il n’est pas le seul.
PosteFinances, l’un des secteurs les plus dynamiques, créé à la suite de la séparation du service des Postes d’avec la téléphonie, qui venait d’être vendue aux Français de France Télécom, qui en ont fait la Sonatel, avait bien innové et s’est adapté en mettant en place les comptes épargnes, les services des chèques postaux ou le transfert télégraphique. Mais tous ces services ont périclité en même temps que le courrier postal, parfois même plus vite, malgré leur caractère rentable.
On peut accuser la concurrence du transfert d’argent par mobile money, ainsi que d’autres causes. Il n’en reste pas moins qu’il est incompréhensible que le compte épargne postal, qui était rémunéré à 4% l’an, l’un des taux les plus élevés de la place financière, ait perdu son attractivité. S’il est vrai que La Poste n’en a pas fait autre chose qu’une tirelire dormante dont le titulaire ne pouvait se servir pour lever un crédit auprès de La Poste, ses gestionnaires ne se privaient pas eux de puiser dans les comptes clients pour régler leurs problèmes personnels. Or, ce compte épargne de La Poste était surtout le refuge de petits épargnants, pour lesquels un sou compte énormément. Désemparées, la plupart de ces personnes ont vu leur épargne fondre comme neige au soleil, et n’ont trouvé de consolation nulle part, sinon dans les formes traditionnelles de tontine, pour une bonne part d’entre elles. Si certaines souhaitent que La Poste soit remise à flot, c’est plus dans l’espoir de recouvrer leurs créances gelées que pour autre chose.
Pourtant, même pour l’économie du pays, cette remise à flot n’est pas une illusion. Pour répondre à la question qui a ouvert cet article, l’intérêt d’imposer la domiciliation du salaire de tous les fonctionnaires du pays par La Poste permettrait de gonfler le capital de la structure, sans que l’Etat n’ait à y mettre un seul sou et même éponger les créances dues aux pouvoirs publics. Bien sûr, avec l’appui de la Banque centrale, l’Etat pourrait se porter garant du respect des règles prudentielles et veiller à ne pas voir une mauvaise utilisation des finances des clients. De plus, on ne pourrait invoquer la concurrence déloyale, chaque fonctionnaire ayant la possibilité de conserver son compte bancaire personnel dans la banque de son choix.
Mais imaginer juste ce que ce système représenterait comme économie de temps et de ressources, pour tous ces enseignants affectés loin de chez eux et qui se déplacent souvent de leur lieu de service pour percevoir leur salaire. Le bureau de poste de leur localité, ou même le plus proche, leur épargnerait le tracas.
Les bénéficiaires des Bourses de sécurité familiale également, au lieu de passer par des services d’opérateurs privés de téléphones ou des Fintechs, retrouveraient, comme à leurs débuts, les guichets de La Poste pour percevoir leur pécule, s’épargnant là aussi bien des tracas. Et évitant à l’Etat des débats sur d’éventuels détournements de ces fonds. De plusieurs angles que l’on essaie d’appréhender la question, la remise sur pied de La Poste n’est qu’une question de volonté, qui ne pourrait qu’être bénéfique au pays et aux pouvoirs publics. De plus, avec plus de 100 mille clients bancarisés et ayant ouvert des comptes dans ses caisses, La Poste deviendrait un partenaire financier important pour l’Etat, dans sa recherche de ressources pour le développement du pays. En plus de la Bnde ou de la Lba, La Poste ainsi redynamisée pourrait participer à la campagne agricole, ou même à des levées de fonds, du type bons du Trésor, au plus grand soulagement des services du Trésor.
Bien sûr, il y a des préalables à lever, concernant surtout et essentiellement la gestion d’un personnel pléthorique, et qui devrait être ramené à des proportions supportables. Plusieurs moyens existent pour résoudre cette question. On peut être convaincus que pour un pouvoir qui ne se gêne pas de licencier à tour de bras des travailleurs ou pousser des entreprises florissantes à la limite du dépôt de bilan, cela ne devrait pas être difficile à régler.
CINQ DÉFIS POUR L'HÉRITIER DU PAPE FRANÇOIS
Dès ce mardi, les cardinaux entament 15 jours de discussions qui prépareront l'élection d'un nouveau souverain pontife. Le successeur de Jorge Bergoglio héritera d'une institution confrontée aux scandales, à la sécularisation et à des divisions internes
(SenePlus) - La disparition du pape François lundi 21 avril 2025 ouvre une période cruciale pour l'Église catholique. Dès mardi matin, les cardinaux sont appelés à rejoindre Rome pour préparer l'élection du nouveau souverain pontife et débattre des enjeux majeurs qui attendent l'institution. Selon Le Monde, ces princes de l'Église devront, "pendant au moins quinze jours, discuter des affaires courantes avant de se pencher, dans le cadre de ces assemblées quotidiennes, sur les enjeux de l'Église universelle et les défis qui se présentent à elle."
Le conclave qui désignera le successeur de Jorge Bergoglio ne débutera pas immédiatement. Conformément au protocole, la période de vacance du siège apostolique s'ouvre d'abord par des "congrégations générales" présidées par le cardinal Giovanni Battista Re, doyen du Sacré Collège, pour aborder les nombreux dossiers en suspens.
Le prochain pape héritera de problématiques majeures, au premier rang desquelles figure la crise des abus sexuels. Comme le souligne Le Monde, "il ne se passe pas une semaine dans le monde sans qu'une nouvelle affaire ne soit dévoilée." Si François avait pris des dispositions concrètes après une "prise de conscience tardive lors d'un voyage au Chili, en 2018", notamment "l'obligation pour les clercs de signaler les abus à Rome" et la mise en place d'un "système pour recevoir les signalements", le chemin reste long. Le quotidien précise que "si des pays comme la France, l'Allemagne ou la Belgique se sont engagés sur la voie de la reconnaissance et parfois de la réparation à l'égard des victimes, nombre d'Églises africaines ou asiatiques considèrent encore ce sujet comme tabou."
Le nouveau pontife devra également affronter les divisions internes. "Les sujets de divisions n'ont pas manqué pendant les douze années du pontificat de François", rapporte Le Monde. "Les questions de liturgie (messe célébrée selon l'ancien ou le nouveau rite), de morale, d'acceptation des homosexuels, de rapport au monde moderne ont créé des dissensions au sein du peuple des baptisés. Au point que deux camps – progressistes et conservateurs – s'affrontent parfois dans un même pays."
L'Église fait face à une désaffection particulièrement marquée en Occident. Le Monde indique qu'"en Allemagne, plus d'un demi-million de personnes ont quitté l'Église en 2022" et qu'"en France, les baptêmes d'adultes, certes en hausse, ne compensent pas la baisse générale du nombre de baptêmes." Ce phénomène s'accompagne d'une diminution des vocations sacerdotales, créant un double défi démographique pour l'institution.
Face à cette situation, l'avenir de l'Église pourrait passer par une évolution de sa gouvernance. Le journal précise que "le prochain souverain pontife devra à l'évidence répondre à une demande qui s'est massivement exprimée lors de la préparation du synode sur la synodalité [...] : la place des femmes et l'avènement d'une Église plus inclusive."
La synodalité, ce processus de consultation et de prise de décision plus horizontal, "sera également un enjeu pour l'avenir", d'autant que François "a prolongé les travaux de l'assemblée jusqu'en 2028, l'imposant de fait au prochain pape." Selon Le Monde, "certains, à Rome, voient même le conclave comme un potentiel référendum sur le synode, tant le sujet a clivé le monde catholique."
Sur la scène internationale, le successeur de François devra se positionner sur plusieurs dossiers brûlants. Le Monde souligne trois enjeux principaux : "La guerre dans la bande de Gaza, sur laquelle François n'a cessé de s'exprimer jusqu'à son dernier souffle, demandant un cessez-le-feu et le retour des otages. Mais aussi les rapports, compliqués, de l'Église catholique avec la Russie, avec laquelle il a tenté en vain d'entrer en communication. Et, enfin, la Chine, seule puissance à nommer les évêques conjointement avec Rome, en vertu d'un accord signé en 2018 et renouvelé tous les deux ans."
Cet accord avec la Chine, en particulier, fait l'objet de critiques, "surtout parmi les [voix] les plus conservatrices", précise le quotidien français.
Le prochain pape devra également, selon un religieux cité par Le Monde, "ramener de la quiétude à une curie et à une hiérarchie ecclésiastiques qui en ont besoin, tant le gouvernement de l'Argentin a parfois été dur à leur égard." Ce même religieux note que "les conservateurs auront aussi pour priorité de ramener une forme de stabilité après un pape qu'ils accusent d'avoir déstabilisé l'Église."
Alors que les 135 cardinaux électeurs (sur 252 cardinaux au total) commencent à converger vers Rome, ces multiples défis dessinent les contours d'un conclave aux enjeux considérables pour l'avenir de l'Église catholique et ses 1,4 milliard de fidèles à travers le monde.
par Cheikh Tidiane Gadio
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LE JAPON, MODÈLE DE RÉSILIENCE D'UN PAYS "REVENU DE LOIN POUR ALLER TRÈS LOIN"
EXCLUSIF SENEPLUS - On est frappé par la parfaite concordance des Japonais avec la consigne de Senghor (malheureusement vaine dans son pays) : « Le développement est d’abord une question d’organisation, de méthode et un sens de la rigueur"
En ma qualité de président de l'IPS (Institut Panafricain de Stratégies, Paix – Sécurité - Gouvernance) et d'ancien ministre des Affaires étrangères du Sénégal, il m'a été donné le privilège d'une visite de travail et de séjour amical au Japon en janvier dernier.
C'était ma 3ème visite au « pays des Samouraïs », mais en vérité c'était ma première visite de contacts, de découvertes et d'échanges approfondis sur le parcours difficilement égalable de ce pays « revenu de loin pour aller très loin ». Le Japon est une puissance économique, industrielle et technologique bâtie sur les ruines et décombres du seul pays au monde qui a subi dans sa chair les affres d'un double bombardement nucléaire à Hiroshima (6 août 1945) et Nagasaki (9 août 1945).
Pendant mes deux précédentes visites, ce n'était pas moi qui m'étais rendu au Japon pour aller à la rencontre de son pays, de son peuple, de son histoire et de ses belles performances économiques et technologiques, mais c'était le ministre des Affaires étrangères du Sénégal qui y était allé participer à la visite officielle du président du Sénégal (12-15 mai 2003) et qui y était retourné pour la Ticad III (29 septembre – 1er octobre 2003). De tels voyages sont des activités "indoors" par excellence et obeïssent à la métaphore de "l'arbre qui cache la forêt". Ils ne permettent pas forcément un contact avec un peuple et avec sa culture.
De l’accueil à l’aéroport à l’arrivée, au retour à l’aéroport pour le départ, on est frappé par la parfaite concordance des Japonais avec la consigne du président Senghor (qui a malheureusement été vaine dans son pays) : « Le développement est d’abord une question d’organisation, de méthode et un sens de la rigueur." Les Japonais ne laissent aucune place à l'improvisation. Organisés et méthodiques, Ils sont d'une rigueur extrême.
C'est pour tout cela, que j'ai vite ressenti l'invitation à visiter le Japon comme une composante d'une politique diplomatique d'ouverture et d'exposition de leur pays à des visiteurs intéressés par l'expérience japonaise.
En outre, j'ai perçu assez vite la volonté de mes hôtes de m'exposer à la civilisation et à la culture plusieurs fois millénaires de leur pays qui expliquent en grande partie leur philosophie de la vie et leur spiritualité qui les poussent au travaillisme acharné comme autrefois le protestantisme qui, selon Alexis de Tocqueville, encourageait "une éthique du travail rigoureuse qui contribue à la prospérité économique"!
Diplomatie japonaise et diplomatie africaine : convergences réelles...
J'ai particulièrement apprécié mes deux visites au ministère des Affaires étrangères (MAE) qui ont été ponctuées par des rencontres avec des diplomates, experts pointus sur les questions africaines (Union africaine, Communautés économiques régionales, ZLECAF, Crises sécuritaires en Afrique...), mais aussi sur le mlmultilatéralisme, la réforme des Nations-Unies, la Coopération bilatérale et multilatérale et le développement socio-économique en Afrique sans oublier la reconfiguration en cours de la géopolitique mondiale, etc...
Dans l'exposé de la doctrine qui inspire les relations diplomatiques de leur pays avec l'Afrique, on note le confort que procure l'absence d'un passé colonial en Afrique et l'élimination du besoin (parfois inconscient) de justification ou de gestion d'un passé mémoriel douloureux comme cela arrive souvent avec les partenaires européens.
La demande très justifiée du Japon d'occuper sa place légitime au Conseil de Sécurité comme membre permanent avec tous les droits liés à ce statut, en compagnie de l'Inde, du Brésil, de l'Allemagne et de l'Afrique, a occupé une bonne partie de nos échanges sur la réforme des Nations Unies. J'étais à l'aise sur le thème de l'élargissement du Conseil de Sécurité puisque je fus et demeure un partisan fervent de l'accession du Japon au statut de membre permanent et au premier chef en compagnie de l'Afrique.
Le Japon, aligné sur les idéaux de l'ONU, pacifiste par excellence, un moment deuxième puissance mondiale et troisième contributeur au budget des Nations Unies après les deux géants que sont les Etats-Unis et la Chine, mérite sans conteste de sièger dans le Cercle (injustement fermé) des "P5".
En plus, avec son rendez-vous innovant et régulier avec l'Afrique qu'est la Ticad, le Japon jouit d'une réputation de "pays ami" grand contributeur au développement de l'Afrique. La "Conférence internationale de Tokyo sur le Développement de l'Afrique" (Ticad) est un modèle de concertation inclusive et respectueuse qui valorise grandement l'esprit d'un partenariat sans arrière pensées entre l'Afrique et le Japon.
En guise d'exemple, en août 2022, lors de la Ticad 8, le japon s'était engagé pour une contribution de 30 milliards de dollars sur trois ans pour le développement des pays africains. Le Japon a aussi lancé une initiative d'envergure pour la sécurité alimentaire avec par exemple un engagement de 15 milliards de Yens accordés sous forme de prêt à la Côte d'Ivoire dans une enveloppe d'environ 45 milliards de Yens mise en place avec la BAD pour la coopération agricole avec l'Afrique!
Lors de ma deuxième rencontre organisée par le MAE, il m'a été donné de rencontrer des cadres du ministère et des chercheurs et spécialistes japonais du National Graduate Institute for Policy Studies, tous experts sur les questions liées à la crise sécuritaire mondiale, celle de l'Afrique en particulier comme le terrorisme dans le Sahel dévasté, le conflit fratricide au Soudan entre factions militaires et la crise violente dans l'Est de la RDC qui met en scène des acteurs nationaux et des pays voisins.
Je dois avouer ma surprise quand pendant et après mon exposé j'ai noté une grande émotion dans la voix et les yeux embués de larmes de certains collègues chercheurs. Ceci m'a éduqué sur l'humanisme et la capacité intacte d'indignation de mes colègues Japonais face aux injustices infligées aux populations africaines par des conflits aux causes endogénes et exogènes.
Études africaines au Japon et "musée de la souveraineté"
J'ai aussi été très impressionné par ma visite à l'Université des Études étrangères de Tokyo à Fuyu-Cité. Mon échange à bâtons rompus avec le Professeur Shinichi Takeuchi, président de l'Association Japonaise pour les Études Africaines, m'a beaucoup marqué. Ce jour-là, j'ai eu en face de moi un universitaire dont l'attachement à l'Afrique et au monde académique africain est dificilement égalable.
Professeur Shinichi Takeuchi est un érudit, un sage et un océan d'humilité qui a un sens aigu de l'ouverture et de l'universalisme. Par la qualité de ses exposés sur l'Afrique, il m'a donné l'envie de lui suggérer de discuter et de promouvoir avec ses collègues et amais universitaires africains la multiplication des Départements d'Études Japonaises en Afrique et la mise en place de Centres culturels de promotion de la culture et de l'enseignement de la langue japonaise. Il en a été très touché et reconnaissant car c'était aussi un de ses grands objectifs pour imprimer un nouvel élan aux relations universitaires et académiques Afrique-Japon.
Un autre moment fort de mon séjour a été la visite du "Musée national du territoire et de la souveraineté". Un modèle du genre, pédagogique, non vindicatif et très instructif sur un sujet délicat et très sensibl e: la démarcation des frontières historiques et modernes du Japon contemporain. Cette démarcation qui a varié au cours de l'histoire de la nation nippone, selon les rapports de force et les époques, est impressionnante et m'a beaucoup interpelé sur la géopolitique, la géostratégie et la charge émotionnelle des démarcations frontalières de mon pays et de mon continent. L'urgence d'un Musée pédagogique du territoire et de la souveraineté au Sénégal et en Afrique m'est apparu incontournable.
Comme le disaient deux amis diplomates émérites, l'Ambassadeur Aguibou Diarra (Mali) et l'Ambassadeur et géographe Michel Fouchet (France), la démarcation a une double mission : délimiter clairement la domiciliation juridique et politique des composantes de territoires adjacents et ensuite s'empresser de les "invisibiliser" pour laisser les peuples jouir en toute quiétude de leur espace ancestral non mutilé et ouvert à une libre circulation. J'ai vu le Japon - dans une approche résolument pacifiste - porter un tel message de vérité et de quête de justice historique sur les affiliations des bouts de territoires et des bouts d'îles autrefois rattachés à son empire et à son récit national et aujourd'hui convoités ou réclamés par des voisins.
Développement, coopération et Jica
Le Japon est sans conteste une référence en matière de planification du développement (dans tous ses domaines et exigences) dont l'Afrique gagnerait à étudier le modèle. Ma rencontre avec Monsieur Tetsushi Sonobe, Directeur de l'Asian Development Bank International, m'a ouvert davantage les yeux sur le fait que les partenaires japonais sont disposés à partager leur expérience dans tous les secteurs et surtout dans celui essentiel de la mobilisation des financements pour le développement. Jai été conforté lors de nos échanges sur la priorité absolue qu'il faut accorder à l'agriculture, l'éducation, la santé, l'énergie, la sécurité,les infrastructures, en plus du numérique et de l'environnement.
Avec mes amis de longue date de la Jica (Agence Japonaise de Coopération Internationale), j'ai eu une rencontre très amicale voire fraternelle mais aussi professionnelle. C'est ce jour que des Japonaises qui ont séjourné au Sénégal, m'ont parlé dans ma belle langue maternelle le Puular et dans ma deuxième langue nationale le Wolof. Que du délice que de les entendre partager, sans accent notable et avec un riche vocabulaire, leur expérience dans des familles sénégalaises au Fouta et à Dakar.
Dans cette athmosphère conviviale, je ne pouvais manquer l'occasion d'interpeler amicalement le directeur pour l'Afrique de la Jica, M. Naoki Ando, et son staff sur la nécessité d'orienter leur coopération vers une coopération de concentration. Aussi bien pour le Japon que pour ses partenaires africains, il serait plus rentable pour la conquantaine de pays du continent de ne pas voir le Japon diviser par exemple 200 à 300 bourses de formation en de petits paquets de 4 à 5 bourses destinées à chaque pays mais plutot par pays et par rotation d'offrir dans des secteurs d'études clés 20 à 30 bourses (d'ingénieurs par exemple) par pays ciblant un groupe d'une vingtaine de pays. Ainsi dans un cycle de 10 ans pour le Sénégal, le Japon formerait entre 200 et 300 Ingénieurs qui, de retour au pays, rejoindraient une élite d'ingénieurs batisseurs hautement formés sur place ou ailleurs.
L'idée a séduit mes interlocuteurs qui ont déjà à leur actif, dans le cadre de l'Initiative ABE (African Business Education Inititiative), la formation de prés de 2.000 jeunes Africains en dix ans, soit en moyenne 200 bourses par an.
Un autre programme phare de la Jica "École pour tous", lancé en 2004 au Niger, a connu un developpement fulgurant pour s'étendre à 53.000 écoles primaires et secondaires dans huit pays d'afrique. Au total, la Jica est en phase avec les théroriciens du dévelopement de l'Afrique en ciblant comme secteurs prioritaires de son intervention dans le continent: l'Education, la Santé, les Infrastructures, l'Agriculture et la Sécurité alimentaire, la Gouvernance et la Paix, le Développement économique, l'Environnement et le Changement climatique, etc.
Sécurité et révolution digitale
Après la Jica, et en ma qualité de leader d'un Think Tank sur la Paix et la Sécurité, mes hôtes m'ont amené discuter avec le Directeur du NIDS (National Institute for Defense Studies) et un de ses collaborateurs spécialiste de l'Afrique de l'Ouest. Après avoir comparé nos notes sur la situation sécuritaire de leur région, nous avons longuement parlé de la grave crise sécuritaire du Sahel et ce que nos amis japonais pourraient apporter comme contribution.
Il est vrai que le japon n'a pas la pratique de l'intervention directe sur le terrain avec des troupes (style "boots on the ground"), mais j'ai insisté que les questions miliaires et de défense en général ont évolué et épousé aujourd'hui les formidables potentiels de la révolution digitale avec les drones, les satellites de surveillance géo-spatiale, les géolocalisations milimétrées des cibles de jour comme de nuit et que par conséquent le grand déficit en Intelligence et renseignements des FDS africaines pourrait être fortement réduit par des partenaires aussi généreux et disponibles que sont les Japonais.
Kyoto après Tokyo
Il est impossible de se rendre au Japon sans visiter la belle ville métropolitaine de Kyoto dont le nom sonne comme une inversion de sa rivale Tokyo. Kyoto vous rappellent avec fierté vos hôtes nippons, est l'ancienne capitale du Japon pendant près de mille ans (794-1868) avant le transfert en 1868 de la capitale à Tokyo avec la restauration du Meiji, du nom de l'Empereur MEIJI et qui signifie "gouvernace lumineuse" ou "gouvernement éclairé".
A Kyoto où nous sommes arrivés par le TGV japonais (d'une remarquable modernité, tranquilité et propreté), nous avons surtout été l'hôte de deux grandes unversités : l'Université Ritsumeikan et l'Université de Kyoto.
À l'université de Ritsumeikan, des collègues, brillants universitaires africanistes ont engagé un débat de fond avec moi sur la situation globale du continent africain et ses ambitions dans la nouvelle géo-politique mondiale. Discussions passionnantes avec ces Professeurs et chercheurs japonais dont certains ont déjà visité l'Afrique pour des recherches de haut niveau.
À l'Université de Kyoto, j'a été réçu très chaleureusment par un universitaire de renom, Professeur Motoki Takahashi, un vibrant défenseur de l'Afrique qui d'ailleurs ce jour-là recevait la vice-présidente de l'Université de Nairobi venue consolider le partenariat très fort entre leurs deux institutions. Le Professeur Takahashi m'a tout de suite mis en première ligne, à côté de ma collégue univresitaire kenyane, dans un webinaire portant sur "Les échanges universitaires Afrique-Japon IAFP (Innovative Africa: Educational Networking Programs for Human Ressource Development in Africa SDGs)".
La satisfaction du Professeur Takahashi, après notre contribution, s'est manifestée dès mon retour à Dakar par sa proposition d'un webinaire entre son Université et notre "Institut Panafricain de Stratégies" sur le thème : « La coopération du Japon avec l'Afrique subsaharienne et ses implications pour la Ticad. »
Hiroshima, résilience et nouvelle espérance
L'étape finale de ma visite au Japon a été d'une haute intensité émotionnelle, car mes hôtes m'ont fait visiter et séjourner pendant huit longues heures dans la ville historique et emblématique d'Hiroshima, mondialement connue pour les funestes raisons que l'on sait. Je suis venu, j'ai vu, j'ai vécu, j'ai été bouleversé et je me suis emmuré dans un long silence de doutes et de questionnements sur la nature humaine et sur la capacité de barabarie inouïe de l'être dit "humain".
J'ai été impressionné et ému par le choix de ma guide d'aborder en ce moment l'impact des évènements tragiques d'Hiroshima sur la question de la spiritualité des Japonais et de leur rapport à la foi religieuse. La visite du Musée révèle l'ampleur de l'apocalypse causée par la fameuse bombe atomique, jetée dans un élan de punition collective sur des populations innocentes, avec en illustration les photos des victimes pétrifiées, réduites en cendres ou déshabilées de leur peau humaine en une fraction de seconde... L'horreur est telle que votre poussée de larmes est difficilement maîtrisée devant la simple vue du désastre humain!
Paradoxalement, on quitte Hiroshima, habité par une nouvelle espérance que le "PLUS JAMAIS ÇÀ" est forcé de prendre corps en tout visiteur surtout après avoir entendu partout le silence lourd et les gémissements des victimes de ce jour fatidique et après avoir imaginé le champignon atomique, pour paraphraser le grand poête David Diop, anéantissant "les rires à peine nés"! Mes valeurs africaines fondamentales me font croire avec Birago Diop, un autre grand poète, que "les morts ne sont pas morts. Ils sont dans le Feu qui s'éteint, Ils sont dans les Herbes qui pleurent, Ils sont dans le Rocher qui geint, Ils sont dans la Forêt, ils sont dans la Demeure", c'est pour cela que j'ai senti leur forte présence dans la ville martyre d'Hiroshima.
L'humanité entière devrait visiter Hiroshima et sa tragique jumelle : Nagasaki. On entre dans l'histoire de ces deux villes comme on entre dans un vers du sublime Poète Mallarmé, comme disait l'autre "pour ne plus jamais en sortir"!
C'est peut-être aussi pourquoi ces deux villes ont inspiré et boosté la résilience du peuple des Samourais au point que l'Afrique, qui a subi le grand génocide de l'esclavage (une destruction humaine à nulle autre pareille si on considère les atrocités, les souffrances et le nombre total des victimes), devrait être inspirée par ce que le Japon à fait de l'horreur sans nom et sans limite en faisant obstinément cap sur l'avenir et en devenant très vite la deuxième puissance économique mondiale avant de se stabiliser comme la troisième après l'irruption du géant chinois...
Presque détruit par la Guerre, le Japon, avec un PIB en 1945 estimé entre 15 et 20 milliards de dollars, amorce dès les année 60 une croissance annuelle continue de 10%. Dès les années 80, l'Empire nippon est classé deuxième économie mondiale. Aujourd'hui le Japon est classé troisième puissance économique mondiale avec un PIB de 4.365 milliards de dollars, immédiatement aprés les deux géants de l'économie mondiale: les USA 26.185 milliards, la Chine 21.643 milliards (estimations FMI pour l'année 2024).
La résilience c'est non seulement la capacité à absorber un choc (même très brutal) mais c'est surtout la capacité à rebondir! Allez voir à Tokyo, à Kyoto et partout au Japon, ces jeunes aux regards pétillants de vie et de projets et vous comprendrez qu'ils ont décidé que leurs grands parents et leurs parents (générations post-Apocalypse) leur ont légué un avenir radieux et non un cimétière peuplé de lamentations incandescentes!
Je n'oublierai jamais ma récente visite au Japon. Je souhaite aux Japonais qui visiteront bientôt la nouvelle Afrique que nous voulons construire et que nous souhaitons unie, prospère et renaissante, arrivent eux aussi à la conclusion que notre continent a reconquis sa part du futur radieux des peuples résilients. Comme ceui du Japon!
Dr. Cheikh Tidiane Gadio est président de l'Institut Panafricain de Stratégies (Paix-Sécurité-Gouvernance), ancien ministre des Affaires étrangères du Sénégal.
par Bassirou Sakho
VERS LA FIN D’UNE GOUVERNANCE PRÉSIDENTIELLE ARCHAÏQUE À LA FSF ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Notre Fédération, pour avancer et évoluer en toute sérénité, doit se doter de services indépendants au soutien de son football et de ses licenciés, sans l'indispensable aval de sa gouvernance autocrate
L'élection du futur président de la Fédération Sénégalaise de Football (FSF) approche. Mais si les semaines passent, les questions restent. Alors que les acteurs du football national devraient débattre avec passion et engagement, un alarmant statu quo persiste, le flou règne. Plutôt que de se questionner sur le meilleur programme pour notre football, la seule interrogation dont il est urgent d'attendre la réponse, presque sainte de l'actuel président Senghor, est semble-t-il celle de son désir de briguer un éternel dernier mandat. D'ailleurs, cette élection aura-t-elle lieu dans les temps promis ?
Au-delà de cette appétence pour le pouvoir du président en fonction et de sa capacité à pouvoir (vouloir ?) différer arbitrairement une élection démocratique, il est légitime de s'interroger sur le mode de gouvernance actuellement à l'œuvre au sein de notre Fédération.
L'organisation décisionnaire en place depuis plus de 60 ans, héritée d'un passé colonialiste d'antan, est actuellement désuète. Le Comex, la Commission permanente, l'Assemblée Générale et autres organes gestionnaires pâtissent d'une transversalité coupable. L'omnipotence de l'empreinte présidentielle sur les actions et les décisions prises (ou trop souvent non prises, comme celle de la limitation à deux mandats de présidence) pose un réel problème de séparation des pouvoirs.
Notre Fédération, pour avancer et évoluer en toute sérénité, doit se doter de services indépendants au soutien de son football et de ses licenciés, sans l'indispensable aval de sa gouvernance autocrate.
Notre football se professionnalise poussivement, contraint par les atermoiements de son organe directif. Les bons résultats sportifs de la tanière n'ont pas eu l'impact économique qui aurait dû en découler, faute d'une organisation claire, efficace et transparente. Ces bénéfices financiers auraient notamment dû permettre à la FSF d'actualiser son mode de fonctionnement ; par exemple, la digitalisation des documents nécessaires au bon fonctionnement du football sénégalais local.
De très nombreuses fédérations africaines (marocaine et ivoirienne, pour ne citer qu'elles) ont pris ces mesures qui ont favorisé le fort développement de leur équipe nationale et de leurs clubs. Notre fédération reste toujours à l'âge du papier et perd du terrain chaque jour dans son évolution. Un comble quand de nombreuses sociétés nationales, pourtant moins pourvues d'argent, sont mieux organisées que notre Fédération.
L'attente de la décision du président actuel quant à sa possible candidature ne saurait être qu'un épiphénomène, si notre Fédération avait une gouvernance saine, souveraine et indépendante. Cela va sans dire qu'il en serait de même à propos de la question de la tenue ou non de l'élection en août prochain.
On peut espérer que les prochains candidats à la présidence de notre Fédération sauront s'interroger sur la fonction qu'ils brigueront, et auront le courage de la faire mûrir pour le bien commun et non pour l'immuable intérêt personnel qu'elle engendre.
Le peuple sénégalais est à un tournant de son histoire. Le désir d'imposer une probité sans faille à classe dirigeante s'intensifie et la Fédération ne peut en faire fi. Charge au prochain président de la FSF de se montrer à la hauteur de sa future fonction, dans l'intérêt unique du football et des Sénégalais.
Bassirou Sakho est Conseiller sportif.
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LA SOUVERAINETÉ SOUS CONTRAINTE
"Construire un récit de la patience" : voilà le défi que doit relever le nouveau pouvoir sénégalais selon Kako Nubukpo. L'économiste souligne les similitudes entre la situation du Sénégal et celle des régimes de l'AES face à l'étau de la dette
Dans une interview accordée à Jeune Afrique, l'économiste Kako Nubukpo s'est penché sur la situation particulière du Sénégal face aux enjeux de souveraineté économique et politique. Contrairement aux pays de l'Alliance des États du Sahel (AES), le Sénégal a connu une transition démocratique qui constitue "un actif politique" pour le gouvernement de Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko.
Cependant, Nubukpo souligne que cet avantage politique est considérablement réduit par le poids de la dette sénégalaise. "Paradoxalement, alors qu'on n'est pas du tout parti du même point, on se retrouve dans la même situation d'urgence" que les États sahéliens, explique-t-il. Face aux fortes attentes de la jeunesse en matière d'emploi, d'éducation et de santé, le nouveau pouvoir sénégalais dispose de marges de manœuvre budgétaires et monétaires limitées.
L'expert recommande au gouvernement sénégalais de "construire un récit de la patience" tout en négociant activement avec les partenaires internationaux pour obtenir des réductions de dette et des financements nouveaux. Il insiste sur l'importance d'articuler politique budgétaire et monétaire afin d'éviter une austérité budgétaire contre-productive.
Une différence majeure distingue toutefois l'approche sénégalaise de celle des États de l'AES : si le Sénégal cherche à réviser certains contrats jugés "léonins", il ne remet pas en cause "son insertion dans l'ordre géopolitique international", contrairement aux pays sahéliens qui diversifient leurs partenariats vers la Russie, la Chine et d'autres puissances émergentes du "Sud global".