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1 mai 2025
Santé
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DR BABACAR NIANG FAIT DE GRAVES RÉVÉLATIONS
Le Médecin-Chef de Suma Assistance et membre de l’Ordre des médecins est catégorique : "du matériel du public est vendu aux structures sanitaires du privé."
Interpellé sur le démantèlement présumé des Centres de traitement des épidémies (CTE), Dr Babacar Niang a fait de graves révélations, devant le Jury du dimanche (JDD), ce 1 août. Le Médecin-Chef de Suma Assistance et membre de l’Ordre des médecins est catégorique : "du matériel du public est vendu aux structures sanitaires du privé." "La maison Keur Serigne Mboup bi et d’autres revendeurs qui ont pignon sur rue, te sortent tout le matériel que tu veux. Ce n’est pas normal. Tout ministre de la Santé qui vient, la première recommandation qu’on lui fait, c’est de ne pas soulever ce lièvre. On achète par des revendeurs qui sont agréés. Il y a d’autres même qu’on voit, c’est des bricoleurs. Même eux, ils ont le formulaire. (Pour) les gants de protection, actuellement, si vous ne mettez pas 7 000 F CFA, vous n’avez pas une paire."
Conflit d’intérêts d’un médecin officiant dans le public et dans le privé
Poursuivant, il ajoute : "on est les plus grands perdants, nous qui sommes installés que dans le privé. Puisque déjà, ils recrutent à l’hôpital. ’’Je dois vous opérer, je n’ai pas le temps à l’hôpital, venez avec moi dans ma structure’’. C’est des choses qui ont été anormales pendant longtemps. Au ministère de la Santé, quand vous commencez à travailler là-bas, il y a une caisse, et vous recevez votre part tous les mois. Ça part de là-bas : on te fait une commande de deux milliards F CFA, tu amènes 100 appareils, on t’en prend dix, on te rend les 90. Qu’est-ce que vous allez faire de ces 90 appareils ?"
Par rapport aux médecins officiant dans le public et dans le privé, il a reconnu que "c’est encadré légalement. Parce qu’une loi leur permet, à partir de 16 heures, de faire la médecine privée." Mais "dans les faits, il y a des abus, a-t-il relevé pour s’en désoler. Car, "il y a des publics qui font même leur privé dans l’hôpital. Nos amis Français ou Burkinabés, quand ils viennent au Sénégal, c’est tout un tas d’histoires. ’’Professeur, on m’a soigné dans un hôpital, je ne vous paie pas’’. Mais le Sénégalais, lui, il est habitué. Il a toujours l’argent pour le payer", a-t-il appuyé.
"L’oxygène vendu aux malades en détresse"
Du coup, on est loin de la "complémentarité" qui devrait exister entre les établissements publics et le secteur privé : "on a des réunions qu’ils appellent leur secteur privé. Quand on y va, on a plus de public que de privé. Des bailleurs de fonds disent qu’ils ont déjà trop donné à l’État", a, par ailleurs, dévoilé le spécialiste des Urgences. Comment le secteur privé est associé à la stratégie de riposte ? "On a jamais été associé. On n’a même été éloigné. Derrière l’argent, le diable se réveille. Quand cela ne va pas maintenant, on nous dit ’’venez-vous regrouper, on va vous aider’’. Mais nous, on n’a pas besoin d’aide, c’est la population sénégalaise qui en a besoin. Je vous dis qu’il y a des malades qui payaient 900 000 F CFA d’oxygène pendant leur hospitalisation." A l’en croire, c’est quand il a proposé que l’oxygène soit subventionnée par l’État, qu’on lui a dit ’’tu es privé, tais-toi. (D’abord), on n’a pas à te donner de l’oxygène pour tes malades’’. C’est là aussi que j’ai dit si vous baissez l’oxygène, je baisse la facturation. Pendant ce temps-là, vous entendez ce qui se passe actuellement parce qu’il y a un gros débat entre le Pr Seydi et les organisations, on dit que l’oxygène est en tension."
MALICK SALL INFECTÉ AU COVID
Le garde des Sceaux, bien qu’ayant été vacciné, a été testé positif. Son cabinet souligne que son état est "stable", sollicite les prières de ses compatriotes et "souhaite un prompt rétablissement à tous les Sénégalais affectés par ce virus’’
Le garde des Sceaux, ministre de la Justice, Maître Malick Sall, bien qu’’ayant été vacciné, a été testé positif à la COVID-19, mercredi, annonce son cabinet dans un communiqué.
Le service de communication de son ministère assure que conformément au protocole sanitaire, Me Sall s’est immédiatement mis en quarantaine, tandis que ses audiences sont suspendues.
Il souligne que le ministre de la Justice invite tous les citoyens à un "respect strict des mesures barrières et à se faire vacciner massivement".
Me Sall souligne que son état est "stable", sollicite les prières de ses compatriotes et "souhaite un très prompt rétablissement à tous les Sénégalais affectés par ce virus’’.
CORONAVIRUS : UN BILAN JOURNALIER DE 20 MORTS ANNONCÉ
Dakar, 31 juil (APS) – Le ministère de la Santé et d’Action sociale a déclaré avoir recensé 1.045 nouvelles contaminations de Covid-19 et 20 décès supplémentaires liés à l’épidémie au cours des dernières 24 heures.
Les nouvelles infections ont été détectées sur la base de tests virologiques réalisés sur un échantillon de 3.788 personnes, correspondant à un taux de positivité de 27, 59 %, d’après le bulletin épidémiologique quotidien du ministère parvenu à l’APS.
Le document souligne que 106 parmi les nouveaux cas de contaminations sont des contacts suivis par les services sanitaires, le reste, 939, étant issu de la transmission communautaire.
Dakar et sa région, avec 619 cas, concentrent l’essentiel des ces cas d’infection à l’origine méconnue des autorités médicales. Les 320 autres ont été détectés dans des localités de l’intérieur du pays.
Dans le même temps, 382 patients ont été contrôlés négatifs et déclarés guéris par les autorités sanitaires.
A ce jour, 62.290 personnes ont contracté le virus au Sénégal. 47.136 ont, depuis, recouvré la santé, 1.353 sont mortes et 13.800 sont encore sous traitement, selon le ministère de la Santé et de l’Action sociale.
S’agissant de la vaccination, 806.510 personnes ont, au moins, reçu une dose de vaccins depuis le lancement, le 23 février dernier, de la campagne nationale de vaccination contre le nouveau coronavirus, a-t-on appris par la même source.
DELTA LIVRE SES CHIFFRES
Selon Dr Marie Khémesse Ndiaye Ngom, directeur général de la santé publique du Sénégal, sur 100 prélèvements, 70% sont touchés par le variant Delta
40% des contaminés dans la tranche d’âge 25-45 ans dont 54% de femmes, le personnel de santé atteint (473 agents depuis le début de la pandémie) avec des morts enregistrés, 70% des infectés par le variant Delta, les tout-petits aussi touchés, des tensions sur les lits d’hospitalisation : voilà les durs chiffres de la troisième vague de Covid’19 au Sénégal livrés lors la réunion du Comité national de gestion des épidémies (Cnge). Occasion pour le Dr Marie Khémesse Ndiaye Ngom, directeur général de la santé publique du Sénégal, de tirer encore la sonnette d’alarme et d’appeler à la réaction communautaire.
Le Sénégal vit difficilement la troisième vague du coronavirus. Le variant Delta qui a fait pour la première fois son apparition en Inde gagne du terrain. Selon Dr Marie Khémesse Ndiaye Ngom, directeur général de la santé publique du Sénégal, sur 100 prélèvements, 70% sont touchés par le variant Delta. Une révélation qu’elle a faite hier, vendredi 30 juillet après la réunion du Comité national de gestion des épidémies (Cnge). « Nos laboratoires nous ont signifié que sur 100 prélèvements, 70% des cas sont contaminés par le variant Delta et au même moment, nous constatons la disparition des autres variants », a-t-elle renseigné. Et de poursuivre : « connaissant sa virulence et la vitesse de contamination, nous restons inquiets concernant le nombre de cas qui va en accélérant avec hier 60 cas et 15 décès.»
Le Dr Marie Khemess a aussi renseigné qu’il y a une tension qui continue sur les lits même si l’oxygène est disponible ainsi qu’un manque de personnel soignant. « Nous avons un personnel de santé qui est atteint jusqu’à avoir des décès. Il y a cette inquiétude qui est là et cette angoisse, mais nous continuons à rassurer » a-t-elle avancé. Et d’attester : « les moyens sont là, même s’ils restent parfois limités mais il y a l’engagement de tout un chacun aussi bien le personnel technique que du côté du gouvernement sénégalais. »
LES TOUT-PETITS ET LES JEUNES TOUCHÉS
Pour le directeur général de la santé publique, Dr Marie Khémesse, il y a une atteinte notoire sur la tranche d’âge 25- 34ans jusqu’à l’ordre de 21% et 35-40ans représentant 19%. « C’est un fait qui a été noté. Les personnes atteintes de Covid sont relativement jeunes et on a une atteinte de l’ordre de 40%. Nous avons du côté du genre féminin près de 54% atteint dans la tranche également jeune », a soutenu la cheffe de la santé publique.
Pour cette troisième vague, la particularité réside sur le fait que depuis deux à trois jours, selon Dr Marie Khémesse, au niveau des structures de prise en charge Covid, des tout-petits sont atteints du coronavirus. « Nous notons au niveau de nos centres des enfants, de petits enfants neuf à peu près. Nous continuons les investigations mais malheureusement nous avons noté des décès. Il y a aussi des décès qui sont assujetti à des comorbidités ». Pour les membres en charge de la réponse, la surveillance continue.
Toutefois, le Cnge appelle à un engagement de tous pour le respect des gestes barrières dont le port de masque, le lavage des mains à l’eau coulante et au savon, la distanciation physique mais aussi à la vaccination. Sur ce dernier point, le ministère de la Santé et de l’action sociale a déclaré : « Il y a des régions qui ne sont pas sur la ligne d’arrivée et nous voulons une immunité pour tous. Nous sommes à 63% surtout au niveau de Dakar ».
DES DOSES VACCINS RÉSERVÉES POUR LES JOURNALISTES
Pour faire face à la 3e vague de la Covid-19 qui fait des ravages dans les secteurs socio-économiques et qui dévaste les rédactions, le Synpics a démarché la mise en place d’une unité de vaccination avancée pour le secteur de la presse.
Pour faire face à la 3e vague de la Covid-19 qui fait des ravages dans les secteurs socio-économiques et qui dévaste les rédactions, le Syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (Synpics) a démarché la mise en place d’une unité de vaccination avancée pour le secteur de la presse. Ainsi, en collaboration avec le ministère de la Santé et de l’Action sociale, ‘’les journalistes, techniciens et autres travailleurs des médias peuvent se rapprocher des équipes qui seront installées à la Maison de la presse les vendredi 30 juillet, samedi 31 juillet et lundi 2 août pour y recevoir leur dose de vaccin’’.
Dans un communiqué parvenu, hier, à ‘’EnQuête’’, le Synpics a rappelé que ‘’les membres de la presse sont, malheureusement, non seulement des personnes à risque, mais également des vecteurs de transmission de la maladie, au regard de leurs innombrables déplacements’’.
Selon la note, le respect strict des mesures barrières, notamment la distanciation physique, le port du masque et l’usage du gel hydro-alcoolique, ‘’sera de vigueur lors de ces trois jours de vaccination’’. Outre cette initiative en faveur des acteurs des médias, le Synpics demande aux responsables des rédactions de prendre des mesures de protection supplémentaires au sein de leurs entreprises respectives et dans les différentes étapes de la chaine de production et de diffusion des informations.
‘’Une désinfection systématique des studios, du matériel de tournage et/ou d’enregistrement, ainsi que des moyens de transport (véhicules) est fortement recommandée, en plus du télétravail’’. Il invite également la presse à accentuer son rôle de conscientisation du public, afin de stopper au plus vite la propagation de la pandémie.
PART DE RESPONSABILITÉ DES ACTEURS POLITIQUES
Selon le sociologue Waly Diouf, plusieurs paramètres entrent dans l’explication du désengagement des populations dans la lutte contre la pandémie.
‘’On ne peut pas négliger les effets pervers des attitudes des acteurs politiques’’
Selon le sociologue Waly Diouf, plusieurs paramètres entrent dans l’explication du désengagement des populations dans la lutte contre la pandémie.
Pendant que le variant Delta accroît le taux de contaminations, on assiste aujourd'hui, au Sénégal, à un relâchement presque total de la population. Comment expliquer cette situation ?
Le Sénégal est, depuis mars 2020, concerné par la pandémie de Covid-19, cette pneumonie qui s’est déclenchée vers novembre 2019 à Wuhan (province d’Hubei, Chine). Conformément aux orientations de l’Organisation mondiale de la santé déclinées à travers les dispositions du Règlement sanitaire international, le gouvernement a introduit un ensemble de mesures politiques, administratives, juridiques et sanitaires pour endiguer la pandémie. Depuis quelques mois cependant, différents pays font l’objet d’une prolifération de variants du Sars-Cov-2, le virus responsable de la Covid-19.
Le variant Delta, qui a été documenté au Sénégal depuis avril 2021, fait aujourd’hui l’objet d’une plus grande inquiétude, en raison de sa contagiosité, mais aussi de sa morbidité. Le communiqué n°511 indique que le Sénégal a enregistré, à ce jour, 57 263 cas de contamination dont 45 170 guéris, 1 281 décès et 10 811 en cours de traitement. Rien que pour la journée du 25 juillet, 12 décès et 690 nouvelles contaminations ont été documentés, avec un taux de positivé de 29,47 %. Ces différentes statistiques traduisent le niveau critique de la situation sanitaire.
L’allègement important des mesures, qui a été décidé par le gouvernement à partir de mars 2021, avec notamment la levée du couvre-feu, a été un des éléments ayant remis en cause les mesures de distanciation physique et sociale, mais aussi produit un relâchement vis-à-vis des autres moyens de lutte dont principalement le port du masque. Cette évolution de la politique nationale, même si elle répond à une certaine demande sociale, reste cependant peu pertinente, du point de vue de certains observateurs, pour un pays où une majorité de la population est encore hésitante à la vaccination.
On ne peut pas également négliger les effets pervers des attitudes des acteurs politiques, avec les différentes tournées et rassemblements organisés dans différentes localités du pays, sur le relâchement des gestes barrières par les populations.
En outre, il existe encore certains Sénégalais qui ne croient pas à l'existence du virus. Qu'est-ce qui l'explique, selon vous ?
Aujourd’hui, caractériser les attitudes ou discours de certaines populations comme le fait de ne pas croire en l’existence de la Covid-19, constituerait une analyse tronquée qui ne permet pas de déceler les processus cognitifs sous-jacents. Ces discours laissent plutôt entrevoir des attitudes de déni, étant ici entendu comme un mode de défense particulier où la personne refuse de reconnaître une réalité traumatisante, tout en la reconnaissant d’une certaine manière. Cette définition met en avant deux aspects assez intéressants.
Le premier décline les processus sélectifs chez l’individu face à une réalité de nature traumatisante. Or, comme nous pouvons l’observer, les populations ont été confrontées, depuis mars 2020, à des décisions politico-sanitaires de gestion de la pandémie particulièrement contraignantes et traumatisantes. Les mesures de distanciation physique et sociale, par exemple, remettent en cause un ensemble de pratiques et de formes de solidarité dont la conséquence est de produire un ‘’drame social’’.
Dans ces conditions, adopter une attitude de déni constitue, pour certaines catégories, une forme de réponse cognitive à la situation de crise qu’instaure la pandémie, ainsi que ses modalités de gestion.
En second, on peut retenir, de la définition du déni, les processus qui consistent à réorienter la perception sur une réalité afin de la rendre plus acceptable. Concernant la pandémie de Covid-19, ces processus ont été favorisés par ce qu’on caractérise d’infodémie.
En effet, le développement de la pandémie a été accompagné d’une surabondance d'informations, de véracité très variable, ne facilitant pas à la population générale de trouver des informations fiables, afin d'agir en conséquence. En dehors des capacités à opérer des choix face à ce flot d’informations, certains s’orientent également vers des itinéraires de convenance.
Ainsi, on peut constater que les théories complotistes qui accusent les pouvoirs publics, par exemple, ne traduisent, en effet, que des manières de réinterpréter la réalité, afin d’en amenuiser les effets.
En outre, il est important de reconnaître que la dimension sanitaire n’est pas le seul impact de la Covid-19 en Afrique particulièrement où les mesures de gestion sont difficilement conciliables avec une économie essentiellement informelle. Les récentes émeutes populaires au Sénégal, en mars 2021, sont en grande partie liées à la précarité des ménages qui est accentuée par les orientations de la politique nationale de gestion de la pandémie, en dépit des efforts de résilience de l’État.
Quelles solutions s'imposent ?
La responsabilisation des communautés dans la réponse aux problèmes de santé publique n’est plus à discuter. Cependant, les apories autour de ce principe ont conduit à des modalités et pratiques d’implémentation qui les ont rendues contre-productives dans différentes expériences de gestion de la pandémie. Cette situation s’observe dans les difficultés des pouvoirs publics à engager les communautés dans les mesures de lutte promues. D’ailleurs, dans plusieurs pays, la politique nationale s’oriente vers une approche dissuasive.
En Guinée, par exemple, la réponse à la faible adhésion à la vaccination a été d’imposer un carnet de vaccination aux personnes qui désirent avoir une mobilité interurbaine. Une telle approche, même si elle contraint les populations aux décisions de l’État, est toutefois productrice d’effet pervers avec des pratiques de contournement des normes et des corruptions des services de contrôle.
On distingue ainsi les limites des différentes approches, mais aussi l’intérêt d’un élargissement de la perspective. Concrètement, il s’agit de construire la réponse à travers un ‘’bricolage’’ basé sur les points positifs de ces différentes approches.
Il est, en outre, primordial que les pouvoirs publics, en particulier, se repositionnent dans une communication par l’exemple, afin de redynamiser la confiance au dispositif et de conduire les populations à s’approprier la lutte contre la pandémie.
Face à la propagation assez rapide du variant Delta du coronavirus, le Sénégal cherche encore la bonne formule de lutte, alors que de larges pans de la société refusent de croire, encore aujourd’hui, en l’existence de la Covid-19. Des spécialistes analysent la situation et préconisent des solutions.
Le business de la vente de masques a repris de plus belle. Troisième vague oblige. Dans la capitale sénégalaise, les vendeurs pullulent, surtout aux abords des structures publiques et privées, et des lieux de culte. Le jeune Amadou Ndiaye, originaire de Diourbel, tire son épingle du jeu, depuis les premiers mois de l’avènement du coronavirus au Sénégal, en 2020. Très dégourdi, casquette bien vissée sur la tête, il rivalise d’astuces face à ses deux autres concurrents pour empocher les 100 F des rares clients du carrefour ‘’Sahm’’. Il faut courir dans tous les sens pour intercepter, le premier, ceux-là qui doivent entrer dans l’hôpital Abass Ndao.
‘’La vente avait pris un coup, mais depuis le mois passé, les affaires ont repris. On se débrouille tant bien que mal avec ça, même s’il faut reconnaître qu’il y a moins de clients que lors des précédentes flambées de cas’’, lance-t-il, occupé à faire la monnaie. Le jeune homme vend des masques certes, mais n’en porte pas. D’une voix à peine audible, il nous confie qu’il ne compte pas en porter : ‘’Sincèrement, je ne crois pas à l’existence de la Covid-19 dans ce pays. Nos autorités sont les premières à fouler aux pieds les règles qu’elles ont-elles-mêmes établies. Combien de rassemblements il y a par jour, organisés par des ministres et le président lui-même ? Au début, en mars 2020, j’ai cédé à la psychose, mais j’ai fini par me faire à l’idée que la Covid-19 est une pure invention au Sénégal. Et puis, d’ailleurs, il y a des maladies bien plus graves dans ce pays qui tuent nos parents’’.
Tout porte à croire qu’Amadou en a gros sur le cœur, surtout qu’avec les mesures de semi-confinement, la pauvreté a gagné du terrain et s’est accentuée chez ceux-là qui, comme lui, vivent au jour le jour. ‘’C’est injuste, parce qu’ici, ce sont les pauvres qui en paient le prix. Chez nous, on ne sait pas ce qu’est le télétravail. En tout cas, moi, je vends les masques pour ceux qui croient à l’existence de la maladie’’, lance-t-il en cherchant du regard de potentiels clients, son petit carton de masques à l’épaule.
Ni le rappel du nombre de décès ou la panique chez les médecins, encore moins les hôpitaux débordant de monde ne lui font changer d’avis.
D’ailleurs, parmi les acheteurs, n’eût été le protocole sanitaire exigé à l’entrée de l’hôpital, beaucoup affirment qu’ils se seraient bien passés du masque de protection. Comme A. Ndiaye, ils sont nombreux ces Sénégalais qui réfutent catégoriquement l’existence du virus dans le ‘’pays de la Teranga’’.
Les acteurs de l’informel font de la résistance
Vendeurs ambulants, vendeurs de café, gérants de Fast-Food ambulant..., nos interlocuteurs, tous acteurs du secteur informel sont formels : la Covid-19 n’a jamais franchi les frontières sénégalaises. Du côté des chauffeurs de taxi, ce n'est qu'à l'apparition d'un policier ou d'un gendarme dans les parages que le masque reprend sa place. Sinon, il est rangé en poche ou dans un coin du véhicule.
"Le coronavirus n'existe pas au Sénégal. C'est juste une invention des autorités pour contrôler nos déplacements et aussi pour que l'Occident abreuve nos autorités de sous. On a tout compris. Si cette maladie existait réellement dans ce pays, Macky Sall n’allait pas faire le tour du Sénégal en pleine pandémie. Ce n’est que de la comédie, tout cela’’, martèle Ibrahima Dramé au volant de son taxi.
Le trentenaire digère mal la situation économique critique qui règne dans bon nombre de ménages. De nouvelles mesures restrictives connaîtront, selon lui, une farouche opposition de la part des Sénégalais. Les composantes de cette frange de la population qui ne croient pas (ou plus) à l’existence de la Covid-19 font florès.
‘’C’est le président qui a sonné la fin de la Covid-19’’
D’une manière générale, pour ‘’les incrédules’’, plus aucune mesure ne devrait voir le jour. Si ces états d’esprit paraissent exagérés ou suicidaires pour certains, en psychologie, ils trouvent une explication. ‘’Le premier responsable de cette indifférence, du désengagement et de la démobilisation, c’est le pouvoir. C’est le président qui a sonné la fin de la Covid-19 et personne d’autre. Premièrement, lors de la première vague, il y a eu un consensus national qui a permis de mobiliser des fonds et les gens se sont engagés à donner pleins pouvoirs à Macky Sall pour gérer cette pandémie. On a voté un budget de 1 000 milliards de francs CFA, mais on sait juste que les 15 milliards ont servi à acheter du riz. Deuxièmement, Macky Sall vient de se balader dans presque 11 régions du Sénégal en tournée économique, mobilisant plus de trois millions de Sénégalais avec tout l’appareil d’Etat et les populations qu’on a transportées d’un bout du Sénégal à l’autre’’, analyse pour ‘’EnQuête’’ le psychologue Serigne Mor Mbaye.
‘’Le constat est là. Il y a eu, d’abord, un relâchement de la part de l’Etat. La situation actuelle pourrait s’expliquer par la communication politique que l’Etat a dernièrement utilisée. Des efforts ont été faits. Mais après, on a vu une posture de victoire, de glorification, dans une démarche de communication pour dire : ‘Nous avons pu vaincre la Covid-19.’ Cela a rythmé le discours politique, surtout le discours étatique et a influencé la posture des Sénégalais, parce que ceux qui respectaient plus ou moins les mesures barrières, dans une logique de prévention active, ont fini par croire que la Covid-19 avait disparu du territoire’’, soutient pour sa part le sociologue Ismaila Sène.
Il ajoute : ‘’Je ne pense pas qu’il y ait des Sénégalais qui n’ont pas cru à l’existence de la Covid-19. Je dirai, comme hypothèse, que ce sont plutôt des gens qui n’ont pas été convaincus des mesures qui ont été proposées pour lutter contre la pandémie ou des Sénégalais qui ont, plus ou moins, banalisé la maladie. A mon avis, la croyance y était, sans pour autant qu’ils s’inscrivent dans une prévention active. Par rapport aux données que j’ai pu recueillir, c’est beaucoup plus une logique de banalisation plutôt qu’une logique de remise en question de la Covid-19.’’
En d’autres termes, l’Etat du Sénégal est l’acteur principal de ce nouvel état d’urgence qui indiffère plus d’un.
L’absence d’une prise en charge psychosociale
L’évidence, selon le psychologue, c’est que la Covid-19 a installé les Sénégalais, dès mars 2020, dans un climat traumatogène, de peur et d’angoisse, et surtout de paupérisation. A l’en croire, l’impact de la pandémie au Sénégal est beaucoup plus profond : ‘’Pensez-vous que les populations sont à nouveau prêtes à se retrouver encore dans un état de confinement ? En mars dernier, j’ai écrit aux institutions internationales pour dire qu’il faudrait qu’on investisse dans l’impact de la pandémie sur la santé mentale des populations. Il faut absolument tenir compte de cela, car la pandémie, avec son caractère traumatogène et ses contraintes de confinement, de stigmatisation, d’isolement, nous a installés dans une situation dépressive. Toutes les personnes qui ont été fragiles ont basculé dans la dépression. J’ai suivi certaines personnes que la Covid-19 a installées dans une situation dépressive momentanée. Il a fallu les accompagner, mais également leurs familles. Cela n’est pas un luxe, c’est ce à quoi devaient servir ces milliards’’.
Pour Serigne M. Mbaye, un vaste programme de prise en charge psychosocial des populations s’impose. Il s’agit de faire en sorte que les gens puissent disposer d’une écoute téléphonique permanente pour les apaiser. Quant aux personnes affectées mentalement, elles bénéficieront d’une écoute et d’un counseling de spécialistes, afin de les aider à dépasser toute la dimension psychosomatique.
‘’Les Sénégalais n’ont pas vu de modèles’’
Par ailleurs, rappelant que les Sénégalais n’ont pas vu de modèle en matière de respect des mesures barrières, le sociologue I. Sène plaide pour l’application des mesures préventives par ceux-là qui les ont mises en place. ‘’La meilleure solution, c’est que les autorités qui prennent ces mesures soient les premières à les respecter. On a constaté que les premiers à violer ces mesures sont soit le président, soit des autorités politiques. Donc, on est dans une situation où il devient compliqué pour les Sénégalais de se conformer à ces mesures. Il faut que les acteurs qui gouvernent soient les premiers à respecter les mesures barrières pour convaincre la population de la pertinence et de l’utilité de ces mesures‘’, explique-t-il.
Sans ce préalable, il sera difficile, selon le spécialiste, de changer cet état de défiance chez la population. Partant du fait que l’Etat a perdu en crédibilité, ces experts préconisent une nouvelle approche de lutte impliquant les responsables communautaires et religieux. ‘’On doit passer à une dimension de prise en charge communautaire, détaille M. Mbaye, par des actions de solidarité communautaire. Il y a une défiance par rapport au pouvoir en place. Il faudrait retourner vers la société civile et les communautés elles-mêmes.
Je pense que le pouvoir religieux peut jouer un rôle, de même que les mouvements associatifs. Ces entités-là sont un peu plus crédibles que le pouvoir central. Aussi, il faut sortir de la dimension mercantile de la gestion de la pandémie. Le test doit être possible dans nos postes de santé, mais que l’Iressef ou l’Institut Pasteur monopolise le dépistage, c’est antidémocratique et criminel. Il faudrait que les dépistages puissent se faire partout dans le pays. Le personnel médical travaille dans des conditions inhumaines. Il est foncièrement exposé. C’est criminel. Le pouvoir et le ministère de la Santé doivent rendre des comptes. C’est une urgence’’.
Dans la même veine, le sociologue Ismaila Sène indique qu’il serait intéressant d’impliquer certains acteurs qui ont une légitimité sur les plans communautaire et social (autorités religieuses, autorités et leaders communautaires, les ASC) afin de les amener à s’approprier le combat et les pousser à le porter. Ils serviront ainsi de relais aux populations.
820 MILLIONS DE DOSES POUR SATISFAIRE 30% DE LA POPULATION ADULTE D’ICI FIN 2021
Des chefs d’Etat africains avaient jugé inadmissible que certains pays riches bloquent les propositions visant à aider les pays en développement à accroître leurs capacités de fabrication de vaccins
Certains pays africains appuyés par l’organisation mondiale de la santé (Oms) avaient tapé du poing sur la table afin d’être dotés de suffisamment de vaccins pour se prémunir de la Covid-19. Leurs complaintes semblent être entendues puisque l’agence onusienne informe que les livraisons de vaccins vers le continent s’accélèrent. Elle indique dans la foulée que 820 millions de doses sont nécessaires pour vacciner entièrement 30% de la population adulte de l’Afrique d’ici la fin de 2021.
Des chefs d’Etat africains avaient jugé inadmissible que certains pays riches bloquent les propositions visant à aider les pays en développement à accroître leurs capacités de fabrication de vaccins. Pour le Président sénégalais par exemple, Macky Sall, il est inconcevable que les puissances disposent à gogo de vaccins alors que les autres pays vivent la pénurie. Non sans demander à ce que les produits soient partagés aux Etats nécessiteux.
Dans une note parvenue hier à «L’AS», l’OMS a indiqué que les livraisons de vaccins contre la Covid-19 vers l’Afrique, à partir de sources multiples, augmentent rapidement après avoir été quasiment arrêtées au cours des derniers mois.
Selon le chef du bureau régional de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour le continent africain, «la lumière est au bout du tunnel, concernant les livraisons de vaccins en Afrique.» Dre Matshidiso Moeti souligne toutefois qu’«il ne faut pas les suspendre de nouveau ». Il a été indiqué dans la foulée que pour vacciner entièrement 30% de la population adulte de l’Afrique d’ici la fin de 2021, le continent a besoin de 820 millions de doses de vaccins, suivant un calendrier à deux doses. « J’appelle tous les pays avec des surplus de doses à en partager davantage de toute urgence dans l’esprit de solidarité vitale et d’intérêt personnel éclairé, parce qu’aucun pays n’est en sécurité tant que tous les pays ne le sont pas », a encouragé la Dre Moeti.
Toujours, selon l’OMS, près de 4 millions de doses du mécanisme COVAX sont arrivées en Afrique la semaine dernière, en comparaison avec tout juste 245 000 doses envoyées par le mécanisme au cours du mois de juin. Le COVAX, note-t-on, vise à expédier 520 millions de doses en Afrique d’ici la fin 2021. Aussi, d’après l’OMS, les livraisons de vaccins contre la Covid-19 du Fonds africain pour l’acquisition des vaccins (AVAT) de l’Union africaine sont en augmentation, avec une hausse prévue de 10 millions de doses par mois à partir de septembre. «L’AVAT devrait fournir environ 45 millions de doses d’ici la fin de l’année. Jusqu’à présent, presque 79 millions de doses de vaccins contre la Covid-19 sont arrivées en Afrique et 21 millions de personnes, soit tout juste 1,6% de la population de l’Afrique, sont entièrement vaccinées », a signalé le chef du bureau régional OMS Afrique. Avant de préciser que les pays à revenu élevé ont administré 61 fois plus de doses par personne que les pays à faible revenu.
«UN TIERS DES PAYS AFRICAINS VIT UNE DANGEREUSE RESURGENCE DE CAS DE COVID-19»
Il a été informé que le COVAX a récemment conclu de nouveaux accords avec les entreprises pharmaceutiques chinoises Sinopharm et Sinovac afin de rapidement fournir 110 millions de doses supplémentaires aux pays à faible revenu. «Le COVAX et la Banque mondiale sont prêts à stimuler davantage l’approvisionnement en vaccins contre la Covid-19 des pays en développement, à travers un nouveau dispositif de coûts partagés qui permet aux pays à faible revenu d’acquérir des doses en plus de celles entièrement subventionnées par les donateurs qu’ils reçoivent déjà par le canal du COVAX», lit-on dans le communiqué dont «L’AS » détient une copie. Toutefois, si les cas de Covid-19 augmentent au Sénégal, le nombre de nouveaux cas enregistrés a baissé de 18%, passant de 282 000 à 230 500 à la date du 25 juillet.
A en croire l’OMS, cette baisse est largement due à celle observée en Afrique du Sud, qui compte pour 37% de l’ensemble des cas, et à la Tunisie qui représente 8% des cas. «Vingt-deux pays africains ont vu le nombre de cas augmenter de plus de 20% pendant au moins les deux semaines précédant le 25 juillet. Par ailleurs, le nombre de décès enregistrés dans 17 pays africains a augmenté de 6 300 au cours de la même semaine. Le variant Delta, très transmissible, a été signalé dans 26 pays africains. Le variant Alpha a été détecté dans 38 pays et le variant Beta dans 15 pays », explique le communiqué de l’OMS.
En définitive, concernant la troisième vague, l’agence onusienne a déclaré que l’Afrique n’était pas du tout au bout de ses peines et qu’un tiers des pays africains vit une dangereuse résurgence de cas. «Nous devons continuer à respecter les gestes barrières connus pour sauver des vies, comme le port du masque, une bonne hygiène des mains et la distanciation physique », a conclu la Dre Moeti, appelant à rester vigilant.
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LES SOIGNANTS ÉPUISÉS PAR LE VARIANT DELTA
Jusque là relativement épargné par la pandémie, le Sénégal fait face à une hausse des cas de coronavirus en raison du variant Delta. À Dakar, le système de santé est au bord de la saturation
Jusque là relativement épargné par la pandémie, le Sénégal fait face à une hausse des cas de coronavirus en raison du variant Delta. À Dakar, le système de santé est au bord de la saturation.
CAS DE COVID APRÈS LA VACCINATION
Des acteurs appellent au respect des gestes barrières
Face à la recrudescence des cas de Covid-19 dans le pays qui a conduit à la troisième vague, la vaccination s’impose. Ils sont des centaines à aller prendre leur dose. Toutefois, malgré le vaccin, des personnes déjà vaccinées tombent malades et le font savoir. Une situation qui remet en cause les acquis.
Vacciner du coronavirus ne veut pas dire être à l’abri du coronavirus comme le pensent beaucoup de sénégalais. Selon l’organisation mondiale de la santé, (Oms) le vaccin est à titre préventif, il réduit les risques de développer des formes graves une fois qu’on est atteint de la maladie ou rendre le traitement moins pénible.
Dans cette troisième vague que vit le Sénégal, beaucoup d’autorités ont annoncé avoir été victimes du coronavirus après s’être vaccinées. La dernière en date est le ministre de la justice qui a sorti un communiqué hier, jeudi 29 juillet pour le faire savoir et annoncer son auto-confinement comme le prévoit le protocole sanitaire de prise en charge des cas de Covid. Dans cette même logique, beaucoup de Sénégalais Lambda sont dans cette situation et se posent moult interrogations face à leur nouveau statut sérologique ou encore à l’efficacité du vaccin face à la lutte contre la pandémie.
Pour Amadou Sall qui se trouve dans cette situation, c’est au cours d’un épisode de grippe qu’il a été testé positif alors qu’il venait de prendre son vaccin une semaine avant. « Je n’ai pas été interné. Les médecins m’ont juste demandé de rester chez moi et de suivre les instructions mais surtout observer les gestes barrières comme le lavage des mains à l’eau et au savon, le port de masque » a déclaré M. Sall.
Pour toutes les personnes qui ont déjà pris leur dose, le ministère de la santé et de l’action du Sénégal a insisté sur la prévention avec les bonnes attitudes hygiènes à adopter dans notre quotidien. « Prendre sa dose de vaccin ne veut pas dire oublier les gestes barrières. Les deux comportements vont de pair et les Sénégalais doivent s’y faire le temps que la pandémie soit là pour lutter contre elle. Sinon, on aura toujours des cas de covid » répète souvent le ministre Abdoulaye Diouf Sarr dans ces sorties dans la lutte contre le coronavirus. Même si des cas de coronavirus surviennent après une vaccination, il se présente sous la forme bénigne et passe souvent inaperçu à cause des anticorps développés par le vaccin dans l'organisme pour le neutraliser.
Dans un communiqué Dr Boubacar Signaté urgentiste soutient qu’«aucun vaccin ne protège à 100%. Les plus performants contre la Covid 19 sont efficaces à 95%. Donc, il y aura toujours 5% des vaccinés qui ne seront pas protégés. Tout de même, ces 5% seront protégés contre les formes graves qui les auraient envoyées dans les unités de réanimation. Au pire, ils vont développer une forme bénigne, dont ils se remettront au bout de quelques jours ».