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3 mai 2025
Société
ENFANTS DISPARUS, LES PARENTS ET L’ETAT AU BANC DES ACCUSES
Le 25 mai, un jour comme les autres. Sauf que cette date symbolise la journée des enfants disparus. Un phénomène devenu récurrent et qui ne semble émouvoir personne.
La journée d’hier, mardi 25 mai, a été celle des enfants disparus. Cependant rares sont ceux qui connaissent l’existence de cette journée destinée aux enfants disparus. Dans la ville de Dakar, les personnes interrogées sur ce phénomène devenu même une banalité pointent du doigt les parents et déplorent la situation des enfants talibé. Elles fustigent également l’attitude démissionnaire des parents et de l’Etat, car pour elles, aucun enfant n’a demandé à venir au monde.
Le 25 mai, un jour comme les autres. Sauf que cette date symbolise la journée des enfants disparus. Un phénomène devenu récurrent et qui ne semble émouvoir personne. Si dans les pays Européens, un enfant disparu crée une véritable onde médiatique, au Sénégal, ça semble être une banalité. Et pourtant, chaque jour, certaines chaines de télévision locale nous présente le visage de jeunes disparus sans que cela ne créée un raffut médiatique ou que les forces de l’ordre ne font de battues à la recherche des disparus. Un épiphénomène. En ce mardi 25 mai, il fait sept heures. La journée débute par un vent frais. A l’entrée de la commune de Keur Massar, de jeunes talibés, pieds nus, occupent le trottoir. Ils ont chacun une boite de conserve destinée à recueillir l’aumône. Subitement, on les voit traverser la rue, courant dans tous les sens sans prêter attention aux voitures. Une jeune dame distribuait des sachets de lait et du sucre. Interpellée sur la journée internationale des enfants disparus, une étudiante avoue son ignorance, mais déplore la situation des enfants de la rue. « Dans ce pays, il n’y a aucune mesure de protection pour les enfants. Evidemment, la journée ne me dit rien, mais combien d’enfants disparaissent sans que rien ne soit entrepris pour les retrouver. Les seuls responsables sont les parents car aucun enfant n’a demandé sa venue sur terre. Donc les parents ont l’obligation de veiller sur les enfants » confie la jeune étudiante en formation banque et finance.
L’Etat interpellé
Dans un car « Ndiaga Ndiaye » à destination de Grand Yoff, les échanges sont beaucoup plus vifs à l’évocation du sujet. Ahmed Tine est un étudiant en master 1. Juriste de formation, il aborde la notion de la responsabilité parentale. Pour ce jeune étudiant, certes les parents sont responsables, mais également l’Etat qui est le garant de la sécurité des citoyens et qui a failli à sa mission. Contrairement à l’étudiant, un vieil homme offre une ligne de lecture différente. « Les enfants talibés font partie de notre culture. Si nous avons des sacrifices dictés par nos marabouts. C’est en ce moment que nous voyons leur importance. Ce qu’il faut déplorer, c’est la récurrence des disparitions à la veille des élections. Des forces occultes qui font la magie noire, promettent des merveilles aux hommes politiques et autres personnes » laisse entendre le vieil homme. Le professeur de sociologie, Ousmane Ba, a une lecture plus large de la situation. Pour le sociologue, ces disparitions renseignent sur les limites sécuritaires.
A l’en croire, c’est l’Etat qui a le devoir régalien de protéger les habitants qui se trouvent dans son territoire surtout les enfants. Le sociologue évoque également la société sénégalaise qui a connu une profonde mutation. Ce qui fait que les défis éducatifs sont énormes. « Ce phénomène n’est pas nouveau dans le pays. Depuis les années soixante, un homme très célèbre et hyper riche avait la mauvaise réputation d’être membre d’un réseau. Très suspecté dans la disparition des enfants. Je ne confirme pas cette opinion, mais cela renseigne sur la mentalité et le comportement des gens », renseigne le professeur de sociologie.
Dans son approche sociologique, il met également l’accent sur la démission des parents. Pour ce professeur, les enfants qui disparaissent ne sont pas forcément des enfants talibés. « Cette journée doit pousser les autorités et tous les responsables à protéger davantage les enfants, mais surtout les albinos. Car à l’approche des élections, ces enfants deviennent des cibles » ditil, appelant les parents à davantage se préoccuper de leurs enfants et ne pas les laisser dans la rue. Et ce même, si, déplore notre interlocuteur, les parents sont de plus en plus préoccupés par des questions existentielles .
UN HEROS DE GUERRE DONT LA VIE MERITE D’ETRE PORTEE SUR LES ECRANS
L’adjudant Bourama Diémé est l’un de ces soldats africains qui, par leurs exploits et faits de guerre, ont ajouté à la réputation d’invincibilité des combattants noirs.
L’adjudant Bourama Diémé est l’un de ces soldats africains qui, par leurs exploits et faits de guerre, ont ajouté à la réputation d’invincibilité des combattants noirs. Ils sont pourtant des milliers de ressortissants du continent à avoir perdu la vie lors de la seconde guerre mondiale et pendant les campagnes militaires françaises en Indochine et en Algérie mais voilà, cette réputation d’invincibilité leur colle toujours à la peau à cause des gris-gris qu’ils arboraient fièrement autour de la ceinture. Encore une fois, il ne s’agit que d’une réputation surfaite au vu du nombre important de militaires noirs qui ne sont pas retournés chez eux. L’adjudant Bourama Diémé, lui, faisait partie de ceux qui avaient cette réputation d’invincibilité.
Né en 1919 à Diouloulou, en Casamance, Bourama Diémé s’est engagé sous les drapeaux le 5 janvier 1939. Ayant eu connaissance des desseins expansionnistes et des théories racistes développées par Adolf Hitler, il était décidé à combattre avec l’armée française pour freiner les ambitions démesurées du Führer allemand. Il est donc incorporé au 16ème Régiment de tirailleurs sénégalais du lieutenant-colonel de Froissard Broissia stationné à Cahors.
Le 3 septembre 1939, après l’invasion de la Pologne par les troupes nazies, la France déclare la guerre à l’Allemagne. Commence ce que les historiens ont appelé la « Drôle de guerre ». Bourama Diémé est envoyé avec son régiment en Alsace Lorraine. Il participe à la prise du village allemand de Schweix, puis les troupes descendent prendre leurs quartiers d’hiver sur la Côte d’Azur.
En avril 1940, le 16ème Régiment des tirailleurs sénégalais est renvoyé en Lorraine pour consolider les positions françaises en compagnie du 24ème Régiment des tirailleurs. La bataille faisait rage et les Français perdaient du terrain.
En mai, les deux régiments sont envoyés dans le sud de la Somme où la bataille a commencé. Et le 28 mai, les Français contre-attaquent. Le 16ème RTS où combat Bourama Diémé perd 350 hommes dans cette bataille. Le 5 juin, il est encerclé dans la petite ville de Villers-Bretonneux. Les tirailleurs tentent une percée à la baïonnette.
Certains y parviennent, d’autres pas. Ces derniers sont exécutés. Dans Mémoires de tirailleurs, Bourama Diémé témoigne dans son français de tirailleur : «Les Allemands, il vient là, ils font ein, zwei, drei, vier, allez kaput ! Ils creusent les trous. Ils tuent. Il mettent dedans ». Lui, il a de la chance. Il échappe aux exécutions mais il est fait prisonnier. La France le déclare mort à sa famille. Avec ses codétenus, il est d’abord envoyé à Berlin. Mais par peur de les voir contaminer la « race des élus », l’armée du Reich transfère les prisonniers noirs dans les Landes en 1941.
En mars 1942, Bourama Diémé s’évade et parvient à rejoindre Dakar trois mois plus tard. Au lieu d’en rester là, il s’engage dans les Forces françaises libres. Il prend part au débarquement en Provence, puis se retrouve affecté en Italie. Après un autre court séjour à Dakar, il repart à Marseille, d’où il embarque pour l’Indochine en 1949. Quelques mois plus tard, il est blessé par un éclat de mine à l’œil gauche. La blessure est superficielle et lui vaut une réputation de magicien que rien ne peut abattre.
En décembre, Bourama Diémé et ses compagnons d’armes sont retranchés dans un bunker, au poste de Bao Chuc, près de Vinh Yen. Les Vietminhs attaquent. Au moment où la petite troupe de 50 tirailleurs qui se trouve là risque d’être anéantie, il sort, fusil-mitrailleur à la hanche, et lance en wolof : «Pas de quartier !», en encourageant les autres à chanter. L’ennemi s’enfuit, effrayé. Pour ce fait d’arme, il est nommé sergent au feu et reçoit la croix de guerre avec palmes du général de Lattre de Tassigny et il est rapatrié au Sénégal. Mais il ne restera pas longtemps au pays. En 1952, il se porte volontaire pour repartir en Indochine. Il y cumule les exploits, aligne les médailles et rencontre sa femme, une Vietnamienne, qui lui donnera dix enfants.
Après la débâcle de Dien Bien Phu en 1954 ressentie comme une honte, il quitte l’Indochine pour l’Algérie où il obtient ses galons de sergent-chef et une nouvelle médaille militaire. En 1956, lorsque le président Gamal Abdel Nasser nationalise la compagnie du Canal de Suez, son régiment est envoyé en Egypte pour reprendre le contrôle du canal. Et en 1960, l’indépendance acquise, il est reversé dans l’armée sénégalaise avec le grade d’adjudant. Bourama Diémé est réformé en 1964 à l’âge de 45 ans. Au Sénégal, il raconte ses campagnes, suscitant l’admiration de tous.
Les griots chantent ses exploits. En 1989, il suit ses enfants pour s’installer à Sarcelles, en région parisienne. D’officier de la Légion d’honneur, il est élevé au grade de commandeur en 1991. Mais, malgré cette nouvelle distinction, celui que ses camarades surnomment l’adjudant Guinarou vit chichement avec une pension d’environ 250.000 Francs CFA par mois à cause de la cristallisation de sa pension d’ancien combattant. Cette somme n’est revalorisée qu’en 1993 lorsqu’il obtient, après de longues démarches, la nationalité française. Il s’éteint le 6 juin 1999. Sa femme, à qui l’État français n’avait jamais octroyé la nationalité française, décède un an plus tard. Fait exceptionnel, l’adjudant Bourama Diémé est choisi comme parrain par les élèves sous-officiers de la 225ème promotion de l’Ecole nationale des sous-officiers d’active stationnée à Saint-Maixent l’École.
Le baptême de promotion est célébré le 22 décembre 2004. C’était la première fois qu’un sousofficier africain des troupes coloniales était choisi pour parrain. Il raconte dans une interview et toujours avec son français de tirailleur : « Du village, à 20 ans, j’étais dans l’armée française. Jusqu’à la fin de la guerre. J’étais prisonnier, évadé, débarquement canal de Suez au temps de Nasser. Je suis été partout. Tout des campagnes de la France. Il n’y a pas endroit où je mettais pas mon pied ».
Cité pour une médaille, voici un extrait de ce qu’en disent ses supérieurs : « A fait preuve d’une très heureuse initiative pour empêcher l’accès de la tour qui venait de s’écrouler en tirant à découvert par la porte de son blockhaus. Magnifique entraîneur d’hommes, faisant chanter ses tirailleurs devant l’assaut ennemi, maintenant ainsi un moral admirable à l’intérieur de son poste ».
Voici l’homme que chantent encore les griots mandingues de Casamance. Il vivait à la Sicap Baobabs et, jusqu’à sa mort, tous ses enfants devaient respecter une sorte de règlement militaire dans la maison. Dîner à 18 heures, fermeture de la porte d’entrée à 20 heures et à 22 heures, extinction des feux et tout le monde au lit. Votre serviteur a connu le vieux Pa’ Guinarou car un de ses fils était un ami très proche. Le Témoin lui rend donc cet hommage mérité.
Par Mody NIANG
UN PRÉSIDENT DIGNE DE LA FONCTION FERAIT PLUS ET MIEUX, SANS BRUIT
Le président-politicien n’a aucun mérite particulier de construire plus d’infrastructures que ses prédécesseurs. Il ferait d’ailleurs infiniment plus et mieux si sa gouvernance était aussi transparente et aussi vertueuse qu’il nous le promettait
Les hôpitaux de Touba, Kaffrine, Sédhiou et Kédougou, en construction depuis 2016 sont, semble-t-il, terminés. Le président-politicien, son parti et sa coalition se préparent à les inaugurer, à partir du 28 mai prochain. C’est, du moins, l’information à notre disposition. Les quatre cérémonies seront enrobées dans une sorte de tournée économique. Nous ne sommes plus dupes des capacités de manipulation du président-politicien et de son clan. Ce serait déjà la ferveur dans les localités concernées. Quatre hôpitaux, ce n’est certainement pas rien, mais il n’y a vraiment pas lieu de les inaugurer avec pompe, en déplaçant pratiquement toute la République, en faisant venir des soit disant militants de partout par cars, charrettes, à dos d’ânes, de chevaux, à vélos, etc. Quoi de plus normal, de plus naturel pour un gouvernement d’un pays démuni comme le Sénégal, de construire des infrastructures sanitaires, scolaires, routières, sociales, etc. ? Dans les pays sérieux, les dirigeants ont d’autres chats à fouetter que d’inaugurer de façon folklorique des infrastructures.
Les différentes cérémonies seront sûrement l’occasion de déverser de tonitruantes louanges sur le président-politicien et de se lancer dans des comparaisons insensées, les mêmes. « Nous avons construit trois fois plus de . . . . . qu’Abdou Diouf et deux fois plus que Wade », les entend-on souvent dire. Quoi de plus normal ? Á sa première épouse, un père de famille donne 500 francs de dépense quotidienne. Divorcé et marié à une seconde épouse, il lui donne 1500 francs de la même dépense. Á une troisième épouse, il donne 4500 francs. N’est-il pas normal que celle-ci, si elle est bonne épouse, présente un repas plus copieux et de meilleure qualité ? Le président-politicien n’a aucun mérite particulier de construire plus d’infrastructures que ses deux prédécesseurs. Du 1er avril 2000 au 2 avril 2012, le budget laissé par les Socialistes a été multiplié par deux et demi, voire trois. Du 2 avril 2012 à nos jours, il serait multiplié au moins par deux et demi. Alors, quoi de plus naturel que le président-politicien Jr fasse plus que ses prédécesseur ? Il ferait d’ailleurs infiniment plus et mieux si sa gouvernance était aussi sobre, aussi transparente et aussi vertueuse qu’il nous le promettait. Comme ferait infiniment plus et mieux que lui, un président vraiment digne de la fonction. Á la fin de son seul premier mandat, ce dernier pourrait doubler, voire tripler le budget qu’il a trouvé sur place, sans le pétrole et le gaz. Le profane que je suis n’a aucun doute à cela et va tenter de le démontrer, à partir de faits avérés jusqu’à preuve du contraire.
Un homme de vertu donc de parole
Il suffira à ce président, dont nous souhaitons qu’il soit un homme de vertu donc de parole, de mener une lutte sans merci contre la corruption, les détournements de deniers et tous autres maux qui gangrènent notre pays depuis le 1er avril 2000, comme les énormes gâchis caractéristiques de la nauséabonde gouvernance du président-politicien. Á tout seigneur, tout honneur. Commençons par la présidence de la République ! Le projet de la loi de finances 2021 faisait état de la baisse du budget de la présidence de la République de 10,2 milliards, soit 27,8 % en valeur relative. Le budget se situerait donc autour de 37 milliards en 2021. Cette baisse n’aurait rien d’extraordinaire puisqu’elle proviendrait, selon notre compréhension, de la non-reconduction d’une subvention de 10 milliards allouée en 2020 à l’ARTP. Avec un président vraiment digne de la fonction, se préoccupant principalement de sa mission régalienne, du développement prioritaire du pays, le budget de la présidence pourrait être divisé par deux, voire par trois. Nous y reviendrons plus en detail dans la prochaine contribution. En attendant, je passe ici en revue les « Fonds spécifiques », que nous appelons communément les « Fonds politiques ». Leur montant se situait autour d’un milliard, quand les Socialistes quittaient le pouvoir. Ce montant passera rapidement à huit milliards, avec l’accession à la magistrature suprême du vieux président-politicien. Son digne successeur maintient (théoriquement) le même montant. Dans la pratique, ce montant serait largement dépassé. Nous en aurons le cœur net quand nous aborderons l’importante contribution d’un compatriote dont personne ne doute de la compétence en finances publiques1 .
Donc, pour ce que nous en savons, nous profanes, le président-politicien Jr a grillé, en neuf ans de pouvoir, soixante-douze (72) milliards. Á la fin de son second mandat dont nous espérons que ce sera le tout dernier, il en aura grillé quatre-vingt-seize (96). Á l’analyse de la contribution de 2017 de notre compatriote, ces chiffres seraient de très loin inférieurs aux montants effectivement dépensés sur les fonds secrets ou politiques et estimés à près du double de ce qui était prévu. Autant de milliards qui échappent à tout contrôle. Peut-on vraiment se permettre ce gâchis, dans un pays qui fait partie des vingt-cinq (25) les plus pauvres et les plus endettés du monde ? Un président de la République digne de la fonction et préoccupé par les seuls intérêts du pays se contenterait de bien moins de milliards. Le reste, l’important reste servirait à construire des infrastructures, à électrifier des villages, à fournir de l’eau potable aux populations ou à financier des œuvres sociales. D’importantes autres économies pourraient aussi être faites en réduisant de façon drastique les insoutenables fonds politiques des autres institutions inutilement budgétivores.
« Fonds secrets et politiques »
Les gaspillages vont bien plus loin que ce que nous en savons, nous profanes. Pour nous en convaincre, interrogeons la contribution que j’ai évoquée plus haut, celle de Monsieur Mamadou Abdoulaye Sow. C’est de lui qu’il s’agit. Inspecteur principal du Trésor à la retraite, ancien Directeur général de la Comptabilité publique et du Trésor, ancien Ministre délégué chargé du budget, M. Sow est bien à l’aise dans les problèmes qu’il passe en revue dans son texte, notamment ceux relatifs aux « Fonds secrets et politiques », qui sont un véritable gouffre de milliards dont personne, à part les bénéficiaires et leur entourage immédiat, ne sait comment ils sont dépensés.
D’emblée, M. Sow précise qu’il « est connu de tous qu’une partie des ‘’Fonds secrets et politiques’’ est utilisée pour le financement ‘’illégal’’ des partis politiques et des campagnes électorales ». Ce n’est plus un secret pour personne : le parti présidentiel en priorité, les partis membres de la coalition au pouvoir, les détestables transhumants, sont largement entretenus par ces fonds. Du point de vue de M. Sow, « les objectifs assignés aux ‘’Fonds politiques’’ devraient être définis, s’ils doivent être maintenus dans le cadre d’une éventuelle réforme des Fonds à caractère secret ». Il s’attarde sur l’adjectif ‘’politique’’ qui ne devrait pas renvoyer à la politique politicienne.
De l’avis de l’expert incontesté en finances publiques, « il s’agit ici de la politique comme mode de gestion vertueuse des affaires publiques. « En principe, poursuit-il, les dépenses à financer sur les ‘’Fonds politiques’’ devraient être en faveur de la République et de façon générale de l’État de droit. » C’est vraiment tout le contraire de ce qui se passe chez nous. « Les fonds politiques, source de controverses et d’enrichissement illicite », tel est le titre d’une contribution que j’ai publiée dans Le Quotidien du 7 août 2014. J’étais alors à l’OFNAC et la contribution n’avait pas du tout plu du côté de la présidence de la République. Pour revenir à la contribution de M. Sow, il souligne avec force que des « Fonds politiques » ne devraient pas exister au niveau de certaines de nos institutions comme l’Assemblée nationale, le Conseil économique, social et environnemental et le Haut Conseil des Collectivités territoriales. Pour les raisons de son rejet des « fonds politiques » au niveau de ces institutions budgétivores, je renvoie le lecteur à sa contribution du 28 septembre.
Mon texte est déjà long et nous devons passer à l’explication des fonds à caractère secret qui engloutissent des dizaines, voire des centaines de milliards de nos maigres deniers. M. Sow évalue en moyenne le budget des Fonds à caractère secret à près d’un milliard cinq cents millions de francs CFA par mois et il en fait l’historique. Il précise : « De 35 millions de francs CFA de prévisions initiales en 1960, ces ‘’Fonds spéciaux’’ sont montés en prévisions à 680 millions de francs CFA en 1977/1978, puis à pas moins de 4 milliards de francs CFA depuis 2009 et aujourd’hui à pas moins de 17 milliards de francs CFA en autorisations budgétaires. » M. Sow révèle ensuite : « Dans les lois de finances de 2014 et 2015, les montants des Fonds à caractère secret alloués à la Présidence de la République et à la Primature se sont respectivement élevés à 18 252 592 000 et 18 306 296 000 francs CFA. » Et il en donne la source : « Comptes administratifs de l’ordonnateur des années 2014 et 2015 publiés dans le site Web de la Direction générale des Finances du ministère de l’Économie, des Finances et du Plan, consulté le 25/09/2017. » Quel gâchis !
Avec la préparation de l’élection de février 2019 qu’il fallait gagner coûte que coûte dès le premier tour, les fonds à caractère secret pour les années 2017- 2019 devraient être plus voraces encore avec nos maigres « deniers d’impôts ». Je comprends maintenant certaines fortunes de gens partis presque de rien et qui se permettent de construire des immeubles de quatre à cinq étages, parfois plus. M. Sow précise pour s’en indigner et nous avec lui, que ce budget spécial pour la période 2012-2017 est supérieur au budget alloué au fonctionnement de plusieurs ministères. Il rappelle enfin la terminologie de Pierre Bitoun qui se décline en ces termes : « C’est dire, en un seul chiffre, la valeur qu’accorde la République à la (dé) raison d’État et l’ampleur de la responsabilité que prennent les députés quand ils votent ces crédits »2 . Nos ‘’honorables’’ députés voteront tous crédits relatifs aux fonds à caractères secrets qui leur seront généreusement alloués à eux aussi3 . Il existe bien d’autres détails dans le texte de M. Sow, de détails qui nous éclairent sur l’énorme gaspillage de nos maigres ressources budgétaires qui, avec des dirigeants honnêtes et soucieux du seul développement du pays, seraient plus utilement dirigées vers d’autres secteurs comme l’éducation, la santé, l’agriculture, l’élevage, etc. Dans une prochaine contribution, je reviendrai sur la contribution de M. Sow et interrogerai d’autres niches de gaspillage pour illustrer mon affirmation sans équivoque : un président digne de la fonction ferait rapidement plus et mieux que le président politicien, et sans bruit.
1 Contribution publiée le 28 septembre 2017 dans les quotidiens suivants : L’AS, Walf Quotidien, Enquête, Le Témoin.
2 Pierre Bitoun, « La Facture, le train de vie de l’État et des élus », Albin Michel, 1992, p. 179.
3 Que devient notre compatriote dont le slogan préféré était : « Am réew, kenn du ko pàacoo, da ñu kooy pencoo. »
SI NOUS N’Y PRENONS GARDE, NOTRE FUTUR VA ÊTRE COLONISÉ
Les africains doivent rester toujours vigilants par rapport à la logique dominante du capitalisme. C’est ce que pense le prospectiviste Aliou Sall dit « Paloma »
Les africains doivent rester toujours vigilants par rapport à la logique dominante du capitalisme. C’est ce que pense visiblement le prospectiviste de renom Pr Aliou Sall « Paloma » qui subodore de la part de la pensée néolibérale dominante une velléité de vouloir coloniser le futur des africains après l’avoir fait avec son passé. C’était à l’occasion de la présentation hier du Rapport alternatif sur l’Afrique (RaSa), au siège d’Enda.
« Le capitalisme, dans son expansion mondiale, a toujours été polarisant. Les Européens de l’Atlantique ont fabriqué la périphérie américaine, et la périphérie de la périphérie : l’Afrique où l’on puisait les esclaves. Cela a été une première forme de la polarisation dont ont été bénéficiaires principalement les Pays-Bas, l’Angleterre, la France, et accessoirement, auparavant, l’Espagne. Le reste de l’Europe n’en a profité qu’indirectement. La deuxième étape de la polarisation a été le dix-neuvième siècle, la conquête de l’Inde, l’ouverture commerciale de la Chine à coups de canons, et la conquête coloniale africaine.
Avec la reconquête d’une indépendance formelle par les pays arabes et africains et par les peuples de l’Amérique latine et des Caraïbes, une nouvelle forme de polarisation voit le jour et ce qui est en voie de reconstruction à l’heure actuelle, c’est une nouvelle forme de la polarisation. C’est cette polarisation qui oppose le centre et la périphérie», avait soutenu Pr Samir Amin quelques mois avant son décès en 2018, lors d’une interview qu’il avait accordée au site Grand Continent. Et visiblement, son ‘’compagnon‘’ Pr Aliou Sall Paloma semble abonder dans le même sens. En effet, lors de cette cérémonie de lancement du numéro 1 du RASA dédié par ailleurs au Pr Samir Amin, et qui a vu la participation de plusieurs intellectuels et personnalités du monde diplomatique, le sociologue prévient : «Il nous a été facile de décoloniser notre histoire, mais nous nous trouvons dans des situations où si nous n’y prenons garde, notre futur va être colonisé.» Prospectiviste reconnu, Pr Sall pense en effet que l’urgence aujourd’hui, c’est de décoloniser le futur de telle sorte que les prophéties auto-réalisatrices ne se réalisent pas.
A l’en croire, si les Africains ne font pas attention, ils vont finir par croire qu’il n’y a pas d’alternative aux trajectoires de ceux qui aujourd’hui dominent le monde. « Or il n’y aurait pas plus grande escroquerie intellectuelle, politique et même morale que celle-là qui consiste à croire qu’il n’y a pas d’alternative à la logique dominante », renchérit l’ancien camarade d’Omar Diop Blondin qui ne manque pas d’ajouter que la question de la souveraineté n’est pas simplement une question technique. C’est une question éminemment politique, insiste-t-il. Il est impossible de dissocier, d’après lui, la souveraineté de la citoyenneté comprise comme le droit de dire non, «le droit à une dissidence qui est intellectuelle mais qui peut aller beaucoup plus loin», lance Pr Aliou Sall Paloma devant des chercheurs comme Pr Moustapha Kassé, Dr Ndongo Samba Sylla, Pr Fatou Sall et tant d’autres «pensées dissidentes» de l’espace intellectuel sénégalais.
LA ZLECAF APPRECIEE AVEC DES RESERVES
Revenant sur le rapport, Dr Cheikh Guèye a indiqué que son objectif est de contribuer, de manière décisive, à la consolidation des transformations à l’œuvre dans les sociétés africaines vers l’autonomie et la souveraineté. Sur le plan économique, le rapport rappelle aussi que face à l’offensive capitaliste néolibérale, les Etats africains tentent d’organiser des résistances à travers des initiatives panafricaines comme la ZLECAF. «Son lancement en janvier est apprécié avec réserves. La ZLECAF doit être un instrument de décolonisation économique et peut permettre d’amortir les effets des accords de partenariat économique signés par l’UE, à condition que les accords précédemment conclus soient rendus caducs», prône l’étude expliquée par Dr Cheikh Guèye.
par Yoro Dia
HEUREUX, LES JIHADISTES AU MALI
À Bamako où l’on va de transition en transition et de coup d’Etat en coup d’Etat, on ne semble pas avoir compris que le temps joue contre l’intégrité du pays. À ce rythme, le Mali va tomber tout seul
Le Sénégal est tellement proche du Mali qu’on a été un même pays dans le cadre de la Fédération du Mali. Quand le Mali tousse, le Sénégal éternue. C’est pourquoi je consacre souvent ces lignes au Mali, qui n’a jamais été aussi mal en point. Le Mali est en train de perdre la guerre contre les jihadistes en ignorant une donnée fondamentale dont les jihadistes ont fait leur plus grand allié : le temps. Le temps, cet allié si puissant qui a permis au Talibans, grâce à l’usure, de venir à bout de la force expéditionnaire américaine. Le temps qui a permis au Viet Minh de venir à bout des Français lors de la première guerre du Viet Nam (une guerre de décolonisation) et de la deuxième guerre du Viet Nam (guerre froide) contre les Américains.
Les Maliens se sont appropriés leur passé glorieux avec Soundiata, Kankan Moussa, d’où leur si grand orgueil. Mais il est temps qu’ils s’approprient aussi le grand enseignement de Saint Augustin, l’évêque d’Hippone (devenue Annaba en Algérie) qui nous apprend que «le temps ne chôme pas». Et à Bamako, où l’on va de transition en transition et de coup d’Etat en coup d’Etat, on ne semble pas avoir compris que le temps joue contre l’intégrité du Mali, et même contre la survie du Mali.
Les jihadistes qui ont compris «qu’il ne faut jamais interrompre un adversaire qui se trompe», comme dit Napoléon, se contentent d’observer les combats fratricides à Bamako, qui leur facilitent la tâche, car à ce rythme, le Mali va tomber tout seul. Heureux comme les jihadistes au Mali, qui sirotent tranquillement leur thé dans le désert, en attendant que par lassitude, l’Onu plie bagage, ou, par alternance politique ou par une exigence de l’opinion, que la France se retire, alors que Bamako aura fini de s’épuiser dans des luttes politico militaires.
Le Mali est en train de perdre la guerre en négligeant la donnée la plus fondamentale du conflit : le temps. Bamako aurait dû, dès le début, profiter de la présence du parapluie international pour reconstruire son armée, et se préparer à faire face après le départ de la force expéditionnaire. Contre tout bon sens politique ou militaire, le Mali a fait l’inverse. Ce qui fait que depuis près de dix ans, le pays n’a jamais été aussi instable politiquement, et son armée très politisée, n’a jamais été aussi faible car les militaires, au lieu de veiller sur l’intégrité du territoire, veillent sur celle de leurs prébendes à Bamako.
Autant le coup contre Ibrahim Boubacar Keïta pourrait être qualifié de coup d’Etat militaire, autant celui contre Bah Ndaw est un coup politicien, qui montre que le Mali vient de rejoindre le club des pays comme l’Algérie et la Guinée Bissau, où «l’armée a son Etat», alors que dans un pays normal c’est l’Etat qui a son armée.
Le Mali vit une situation dramatique qui résulte de l’écart abyssal entre la gravité de la situation du pays et l’insouciance des élites politiques et militaires maliennes. Comme Néron, qui jouait de la musique pendant que Rome brûlait, Bamako fait du grand Soumou politique alors que le Mali se meurt à petit feu.
LES POPULATIONS LOCALES ETALENT LEURS GRIEFS À KÉDOUGOU
Entre les populations locales et les sociétés minières de Kédougou telles que Sabadola Gold Operation (SGO) ou Petowal Mining Company (PMC), les rapports deviennent de plus en plus tendus à cause de l’employabilité des jeunes
Entre les populations locales et les sociétés minières de Kédougou telles que Sabadola Gold Operation (SGO) ou Petowal Mining Company (PMC), les rapports deviennent de plus en plus tendus à cause de l’employabilité des jeunes, de l’achat des produits auprès des fournisseurs locaux ou encore des problèmes liés à la faible rémunération.
I l ressort du dernier rapport de l’Initiative pour la transparence des industries extractives (ITIE), tenu à Kédougou le 17 décembre 2020, que « les revenus générés par le secteur extractif sont passés de 122 milliards FCFA en 2018 à 161 milliards FCFA en 2019 ». Autrement dit, « les revenus ont suivi les tendances haussières des productions des différentes substances combinées à une bonne tenue des prix de vente desdites substances sur le marché. En effet, la production d’or est passée de 12,5 tonnes (402 231 onces) en 2018 à 12,9 tonnes (415 335 onces) en 2019 avec l’augmentation de la production de la mine de Mako (PMC) à côté de celle de Sabadola (SGO) ».
Aussi, dans le chapitre contenu local dudit rapport, il est mentionné que « les entreprises pétrolières et minières du périmètre de réconciliation emploient 7951 personnes soit au total 0,19% du total de la population active au Sénégal. La majorité des effectifs, soit 95%, sont des nationaux. Le secteur minier artisanal emploie 31359 personnes soit 0,74% de la population active ». Quant au montant payé aux fournisseurs, il s’élèverait à « 891 milliards dont 216 aux entreprises locales ». Or, ici à Kédougou, ces chiffres contrastent à tort ou à raison avec la situation tendue qui prévaut entre les populations locales qui revendiquent plus d’inclusion dans l’employabilité des entreprises minières et les entreprises minières de la région. En effet, samedi dernier, les populations de la commune de Tomboronkoto (localité abritant la mine de Petowal Mining Company-ndlr) sont montées au créneau lors d’une marche de contestation pour dénoncer entre autres les faibles emplois indirects ou encore le faible achat des entreprises en produits locaux.
PLAIDOYER DES MANIFESTANTS CONTRE PMC
Dans le mémorandum lu par l’un des responsables de la jeunesse de Tomboronkoto Mamadou Lamine Diallo, il est mentionné que « nous n’avons pas seulement besoin des emplois directs, mais nous avons besoin aussi des emplois indirects à travers les achats locaux et la production locale. La société avait promis d’acheter les produits locaux, d’accompagner la production locale. Mais nous avons aujourd’hui des restaurants qui ont fermé parce qu’ils n’ont plus de clients, des logements fermés pour la même cause, des produits qui connaissent une mévente. La population de Tomboronkoto est prête à faire face jusqu’à ce que satisfaction s’en suive ».
Prenant la parole, Bala Moussa Dafé est revenu sur les supposés emplois annoncés par la société PMC : « la société se vante en disant qu’elle emploie 300 voire 400 personnes, il y a certaines politiques qu’on met en place pour régler certains problèmes mais leur mise en œuvre fait que la situation empire. C’est ce qui se passe avec PMC. Le favoritisme dont elle fait montre lors des recrutements est palpable. A cela s’ajoutent les salaires misérables payés aux employés. Nous n’en voulons pas ».
A sa suite, Idy Diallo, l’un des responsables de la jeunesse de Tomboronkoto, prenant part à la marche sous les hourras galvaniseurs de la foule, a dénoncé jusqu’à la dernière énergie les écarts entre les chiffres annoncés dans le rapport ITIE et les réalités du terrain. Selon lui, « les sociétés minières de Kédougou ont eu des recettes qui avoisinent les 277milliards en 2020. Un focus est mis sur les emplois indirects par le biais des achats locaux et de contribution à asseoir une économie locale vivante. Les sociétés minières paient 897 milliards aux fournisseurs, 92 milliards en salaires. Il urge donc d’accélérer les achats locaux et de les rendre possibles localement. Au total, Sabadola et Pmc ont payé 1.567.908.142 francs aux fournisseurs de Kédougou, contre 35.542.974.849 francs aux nationaux et 115.326.936.160 francs aux étrangers. Autrement dit, la part de Kédougou dans les achats avec PMC est de 532.290.547 et moins de 30 millions pour la commune de Tomboronkoto ». M. Diallo de poursuivre : « malgré tout cela, ils vont crier sur tous les toits qu’ils travaillent avec les fournisseurs de la commune de Tomboronkoto, nous les défions à publier la liste des fournisseurs d’ici. Nous dénonçons par ailleurs le lobbying, les rétrocommissions et le manque de volonté de PMC. Ils sont dedans et ils ont des entreprises dehors ».
REPLIQUE DU RESPONSABLE RH
Réagissant aux accusations portées à l’encontre de la société PMC dont il a en charge le département des ressources humaines, Kassélé Traoré de dédouaner : « si l’on devait parler de favoritisme, ce serait à leur profit. Il n’y a aucune famille de Mako ou des villages environnants d’où ne provient pas un travailleur. Il y a même des familles d’’où nous viennent deux ou trois travailleurs de la mine. C’est leur droit de faire la marche et de s’exprimer ; on ne peut s’y opposer. De notre côté, nous avons des statistiques très satisfaisants. Plus de 56% des travailleurs de cette entreprise viennent de Kédougou et les 50% de cet effectif viennent de la commune. Eux-mêmes parlent de discrimination positive. A compétences égales, on leur donne la priorité ».Pour rappel, le 9 avril dernier, l’Association des Élèves et Étudiants Ressortissants de Kédougou (AEERK) avait organisé une manifestation au cours de laquelle les étudiants venus de partout à travers le Sénégal avaient rallié la région collinaire pour manifester leur désarroi et crier leur ras-le-bol face à la problématique de l’employabilité des jeunes surtout dans les sociétés minières, l’inertie des autorités face à leurs souffrances.
RANEROU, UN PARADOXE ET UNE «ANOMALIE» A CORRIGER
Le découpage administratif dans la région de Matam se distingue par un déséquilibre où de nombreux villages sont distants des chefs-lieux de commune de plusieurs centaines de kilomètres.
Ranérou est un département d’une superficie d’environ 15 mille km², constitué jusque-là d’un seul arrondissement avec seulement quatre (4) communes. Un collectif qui regroupe plusieurs chefs de villages et le Conseil départemental de la jeunesse appellent à corriger «l’anomalie».
Le découpage administratif dans la région de Matam se distingue par un déséquilibre où de nombreux villages sont distants des chefs-lieux de commune de plusieurs centaines de kilomètres. Le département de Ranérou, qui s’étend sur la zone éco-géographique du Ferlo, est un cas d’école. Deuxième circonscription la plus vaste du pays d’une superficie d’environ de 15 mille km², avec un (1) seul arrondissement et quatre (4) communes, «ce département demeure une circonscription en attente de correction, dans le cadre d’une bonne gestion administrative et territoriale», selon un collectif qui regroupe plusieurs chefs de villages et le Conseil départemental de la jeunesse. En dehors de sa vaste superficie, le département de Ranérou Ferlo, qui fait trois (3) fois la région de Diourbel, est plus grand que les régions de Dakar, Thiès, Ziguinchor et Fatick.
La circonscription administrative qui a une vocation sylvo-pastorale, avec l’élevage qui est l’activité principale de la majeure partie de la population, brille du handicap de la faible dispersion de ses établissements humains (soit 3 à 15 habitants au km²), d’un manque réel de services socio-économiques de base et d’un enclavement drastique. Malgré une certaine avancée constatée au niveau de l’hydraulique, la localité érigée en département, en 2002, par le président Abdoulaye Wade, reste toujours dans l’attente d’une louable politique consacrée à la santé, à l’éducation et surtout aux infrastructures routières. Exceptée, la route Linguère-Matam, qui a pu ouvrir la contrée au reste du pays, le département souffre d’un manque de réseau routier.
Le paradoxe voulant que les quelques routes latéritiques (Louguéré-Thiolly, Vélingara-Ferlo), en état de dégradation très avancée soient impraticables durant l’hivernage et que les localités comme Houdalaye, Salalatou, du fait de la caractéristique de leurs pistes sablonneuses, sont coupées pendant une bonne période de la saison des pluies des autres zones…
Entres autres griefs qui poussent le collectif qui regroupe plusieurs chefs de villages et le Conseil départemental de la jeunesse «à tirer la sonnette d’alarme, appelant l’Etat à la création de nouvelles communes et de nouveaux arrondissements pour susciter un développement endogène du département». «L’émergence de ce département, qui ne dispose que de quatre (4) communes et d’un seul arrondissement, passe sans nul doute par la création de nouvelles entités territoriales. Il reste indiqué que l’érection de nouvelles communes et de nouveaux arrondissements permettra, en plus de rapprocher les populations des services administratifs et territoriaux, de favoriser le développement de la santé, de l’éducation et aussi une bonne gestion de l’environnement et de l’hydraulique rurale», note Bocar Diallo, président du Conseil départemental de la jeunesse et porteparole du jour.
DEPENSER ENTRE 6000 ET 12000 F CFA, POUR UN EXTRAIT DE NAISSANCE QUI COUTE 200 FCFA
Plaidant pour «un réaménagement structurel», le président du Conseil départemental de la jeunesse cite l’exemple, du village de Salalatou qui se trouve à 100 km du chef de lieu de sa commune, Houdalaye, et celui du village de Thionokh qui se trouve également à la même distance du chef de lieu de sa commune, Vélingara. «Il n’y a pas de routes, les localités sont fortement enclavées. Ce sont des pistes de charrette, avec tout ce que cela comporte comme risques. Les habitants de ces villages sont obligés de dépenser entre 6000 et 12000 F CFA, suivant la distance, pour un extrait de naissance qui coûte 200 FCFA. Il est louable qu’on apporte des correctifs à cela. Nous demandons donc au président de la République de penser à un nouveau découpage dans le département de Ranérou, pour la création de nouvelles communes à savoir, Salalatou, Thionokh, Fourdou Mbayela et Mbem-Mbem et de nouveaux arrondissements», ajoute-t-il.
par Georges Dougueli
CAPORALISER LES JUGES EST UNE FAUSSE BONNE IDÉE
De nombreux pays cèdent à la facilité des tribunaux spéciaux pour juger les opposants politiques. Une méthode qui engendre une défiance irréparable au sein des populations
Jeune Afrique |
Georges Dougueli |
Publication 25/05/2021
A-t-on eu tort de juger anecdotique une lettre ouverte adressée en mars dernier par Amadou Vamoulké à Laurent Esso ? Elle mériterait qu’on s’y attarde. « Vous m’avez déclaré la guerre ! » a écrit le premier, un ex-directeur général de la Cameroon Radio Television (CRTV) incarcéré et en attente de jugement depuis cinq ans à la prison centrale de Yaoundé. « On finira par savoir pourquoi vous ne croyez pas devoir accorder un peu d’attention aux dénonciations de la manière dont votre autoritarisme nuisible conduit la justice au Cameroun », poursuit l’ex-journaliste.
Ministre d’État chargé de la Justice, le destinataire de la missive n’a pas encore répondu. Rien ne nous assure que ce responsable de l’administration pénitentiaire le fera sous la forme épistolaire. Quand le système se délite et que s’installe une zone grise mêlant politique et justice, les affaires judiciaires deviennent des affaires personnelles. Faut-il craindre, si le spectacle de la dégradation de la justice devait se poursuivre à ce train, que des personnes s’estimant victimes d’injustice érigent la vengeance en juste réponse à la barbarie banalisée dans les cours, les tribunaux et les prisons ?
Rupture de confiance
Il faut nommer le mal pour envisager son éradication. Il s’agit ici de la rupture du contrat de confiance entre les citoyens et leurs institutions. Certes, les tribunaux ne sont pas tous devenus des « lieux de répression des aspirations populaires ou individuelles qui contrarient le gouvernement », comme le soutient le député français Sébastien Nadot dans sa Lettre à la France depuis Kondengui. Mais ne pas reconnaître chez nos chers gouvernants un certain goût pour l’immixtion dans les affaires du pouvoir judiciaire, c’est faire l’autruche.
POLÉMIQUE APRÈS L'ACHAT D'UN NOUVEL AVION PRÉSIDENTIEL
« Le président a un problème de priorités, au moment où le pays manque de tout, eau, électricité, infrastructures sanitaires », dénonce le mouvement Nio Lank
L’achat d’un Airbus « A320 Néo » neuf, qui devrait être réceptionné le 16 juillet prochain, ne passe pas inaperçu. L’opposition et la société civile demandent des comptes, le gouvernement tente de s'expliquer.
« Il était temps de remplacer l’A319 de la présidence », selon le ministre porte-parole du gouvernement. Un appareil acquis en seconde main en novembre 2010 et mis en service en mars 2011. Après deux décennies d’opérations, l’avion présidentiel baptisé la Pointe Sarène « est devenu vétuste », justifie Oumar Guèye dans un communiqué, « nécessitant de fréquentes et onéreuses visites techniques, et par conséquent de longues périodes d’immobilisation », donc des dépenses de locations d’aéronefs pour assurer les missions présidentielles.
Quid du coût ? Le porte-parole du gouvernement s’est retranché derrière le secret défense, pour des « raisons de sécurité ». Mais le prix catalogue est estimé à 110 millions de dollars, environ 59 milliards de francs CFA.
Cette acquisition d’un avion présidentiel est un pied-de-nez arrogant à tous ces malades qui meurent aux portes et à l’intérieur des hôpitaux et établissements de santé publics victimes des sous-investissements de l’Etat
Ainsi donc, après moult atermoiements, le président sénégalais a décidé de se payer un nouvel avion de commandement neuf. En l’occurrence, il s’agit d’un Airbus A320neo. Selon plusieurs sources dont le magazine économique français «Challenges», le prix catalogue de ce type d’appareil est de 108 millions de dollars Us, soit environ 60 milliards de FCFA. En s’abritant derrière la supercherie classique du secret-défense, Oumar Guèye, le ministre porte-parole du gouvernement sénégalais, a refusé de dévoiler le prix d’achat de l’avion, au grand dam des contribuables sénégalais qui ont financé cette acquisition. Mais selon ses propos, la dernière tranche des 60 milliards FCFA dus à Airbus sera soldée en juillet prochain en même temps que la réception de l’avion. Le jeu de cache-cache prend fin : depuis plusieurs mois, la Pointe de Sarène avait disparu des radars et le président voyageait autrement… On se doutait que Macky Sall n’allait pas continuer à «squatter» des aéronefs privés, une image de SAF (Sans Avion Fixe) qui contrastait avec son nouveau «leadership»…
Le 18 mai dernier, le président Macky Sall était à Paris comme une des stars du « Sommet sur le financement des économies africaines » pour demander l’annulation de la dette des pays pauvres, notamment d’Afrique. Du reste, cette posture était devenue son principal «combat» depuis que le président Emmanuel Macron avait choisi de lui faire porter le costume de porte-étendard des Etats du continent pour rebattre les cartes d’une dette qui, feignent-ils de penser, serait le plus gros frein aux politiques de développement et d’émergence.
Le chef de l’Etat sénégalais est libre de se prendre au sérieux ou de tomber dans le jeu de rôles que la France de son « cher Emmanuel » entend lui faire jouer pour des desseins qui lui sont propres au plan international. La réalité est que cette acquisition d’un avion neuf pour ses déplacements, ceux de sa famille et ceux de ses collaborateurs est une insulte délibérée aux populations sénégalaises, aux millions d’entre eux qui souffrent au quotidien des conséquences nées des politiques de mal gouvernance publique. C’est un pied-de-nez arrogant à tous ces malades qui meurent à l’infini aux portes et à l’intérieur des hôpitaux et établissements de santé publics victimes des sous-investissements de l’Etat et de ses démembrements. C’est une agression préméditée contre ces dizaines de milliers de travailleurs refoulés dans la précarité vitale par l’échec et le sabotage des structures publiques ou parapublics qui ont été leurs employeurs.
Le cynisme au cœur, c’est ainsi et seulement que l’ont peut qualifier cette nouvelle incartade présidentielle. Une caprice de plus dans l’impressionnante liste de reniements que le président Sall s’échine chaque jour à épaissir, au mépris de ses engagements initiaux lors de sa longue traversée du désert sénégalais. Mais ne faisons pas la fine bouche : il y a bien longtemps que la surprise - en tant que phénomène - ne devrait plus être invoquée en ce qui concerne les actes que pose notre cher président de la république ! Il est comme il est. A moins de trois ans de sa retraite présidentielle, pourquoi se priverait-il d’un des avatars majestueux de la souveraineté d’Etat ? Le pire est à venir.