Jouant toujours les premiers rôles dans notre championnat depuis sa création, Génération Foot semble perdre son efficacité et son prestige en ce début de saison. En six journées de championnat 2019-2020, le club de déni Birame Ndao, qui n’est autre que le champion en titre, vient de subir son troisième revers.
Pire, cette nouvelle défaite a été concédée devant les promus thiessois. Qu’est-ce qui justifie cette série de défaites ? un joueur de Génération Foot se confie au quotidien « Le témoin » pour y apporter une réponse : « Vous savez, beaucoup de nos coéquipiers ont quitté pour d’autres cieux. et les malchanceux ne sont plus motivés par le championnat du Sénégal c’est-à-dire ils n’ont plus le cœur à l’ouvrage. Donc, nos défaites sont dues à un problème de mental. Presque tous les joueurs ont la tête à l’émigration.
Au regroupement comme sur Watshapp, ils ne parlent que de visas ou de tests pour partir à l’étranger » nous confie un joueur titulaire de Génération Foot dont le talent et le professionnalisme des pensionnaires ne sont plus à démontrer. Comme quoi, il arrive des moments dans la vie d’un très bon footballeur où le championnat national du Sénégal st une sorte une sorte de « Navétane-national ». Donc, il temps que des psychologues intègrent nos clubs de football et conseillent aux gosses de ne pas forcer le destin. Même s’ils souhaitent tous devenir des Sadio Mané, Kalidou Koulibaly, Krepin Diatta, Idrissa Gana Guèye, Ismaïla Sarr etc.
COTE-D’IVOIRE, AFRIQUE DU SUD, POTENTIELS ADVERSAIRE DES LIONS
Logé dans le pot 1, le Sénégal peut hériter de la Côte-d’Ivoire, de l’Afrique du sud ou encore de la guinée lors des qualifications pour le mondial 2022.
Logé dans le pot 1, le Sénégal peut hériter de la Côte-d’Ivoire, de l’Afrique du sud ou encore de la guinée lors des qualifications pour le mondial 2022. Les différents chapeaux dévoilés hier nous donne une idée des potentiels adversaires des «Lions».
Alors que le tirage au sort des phases de groupes des éliminatoires est prévu le 21 janvier prochain au Caire, la Confédération africaine de football (CAF) a dévoilé les différents chapeaux. Le Sénégal sera tête de série lors des éliminatoires de la coupe du monde 2022 prévue au Qatar.
Hier, l’instance dirigeante du football africain a rendu public les différents pots pour le tirage. Et sans grande surprise, le Sénégal est place dans le chapeau 1, en compagnie d’autres grandes nations de football. On y retrouve notamment l’Algérie, championne d’Afrique en titre, le Cameroun, le Nigéria, le Ghana, la Tunisie, le Maroc, le Mali et la RDC.
Ainsi, les équipes en lice ont été réparties dans quatre pots. Pour procéder à un tel travail, la Confédération africaine de football (CAF) a fait recours aux places occupées par ces équipes, lors des derniers classements FIFA.
COTE-D’IVOIRE, AF. DU SUD, GUINEE POUR LES «LIONS» ?
Avec une telle répartition, le Sénégal pourrait hérité de gros morceaux. Logées dans le chapeau É, la Côte-d’Ivoire, l’Afrique du Sud, la Guinée ou encore la Zambie sont de potentiels adversaires des « Lions ». Au niveau du pot 3 , on y retrouve Madagascar, véritable révélation de la dernière CAN (Egypte 2019), la Mauritanie, le Kenya, la République centrafricaine, Zimbabwe, Niger, Namibie, Guinée-Bissau, le Mozambique et la Libye.
Selon le processus mis en place, il y aura ainsi 10 poules de quatre équipes. Le vainqueur de chacun des dix groupes sera qualifié pour un ultime tour qui se jouera sous forme de barrages (aller/retour prévus entre le 8 et le 16 novembre 2021). Et à l‘arrivée, les cinq vainqueurs de ces barrages auront leurs tickets pour Qatar 2022. La CAF a par ailleurs modifié le calendrier de la phase de groupes des éliminatoires. La Coupe d’Afrique des nations 2021 au Cameroun ayant été avancée de cinq mois, les qualifications pour la Coupe du monde 2022 ont, elles, en partie été repoussées. Le tirage au sort de ces qualifications est prévu le 21 janvier au Caire. La première journée sera jouée du 9 au 11 octobre 2020.
TEUNGUETH FC SUR UNE BONNE SERIE, L’AS DOUANES SUR SES TALONS
En confirmant ce week-end sa bonne forme du moment, Teungueth FC a conforté un peu plus sa position de leader après sa victoire obtenue ce samedi, face à Diambars (2-1) pour les besoins de la 6e journée de Ligue 1.
En confirmant ce week-end sa bonne forme du moment, Teungueth FC a conforté un peu plus sa position de leader après sa victoire obtenue ce samedi, face à Diambars (2-1) pour les besoins de la 6e journée de Ligue 1. Mais les Rufisquois (16 points ) qui restent sur une bonne série, sont désormais talonnés par l’As Douanes (13 points) qui a repris la place de dauphin au Dakar Sacré cœur, grâce au probant succès obtenu sur la pelouse de l’ As Pikine.
Cette journée a été marquée par la première victoire de CNEPS Excellence. Confiné encore à la place de relégable, le promu a pu créer la sensation de la journée en allant s’imposer sur la pelouse de Génération foot, champion en titre.
L’équipe de Teungueth FC s’est maintenu à la tête du championnat de Ligue 1 grâce à sa victoire obtenue ce samedi face à Diambars pour le compte de la sixième journée. En déplacement à Saly, les Rufisquois ont réussi à arracher un court succès (0-1) qui leur permet, avec 16 points au compteur, de poursuivre leur bonne série et de maintenir encore la distance sur son suivant immédiat.
Dans cette course, l’As Douanes a pris un longueur d’avance grâce à son précieux succès, en déplacement sur la pelouse de l’As Pikine (5e, 9 points).
Les Gabelous se sont imposés sur la marque de 2 à 0 et s’installent du coup sur le fauteuil de dauphin (13 points). Ce sera aux dépens des Académiciens de Dakar Sacré cœur (3e, 11 points) revenus de leur déplacement à Louga avec le point du nul (1-1) face au Ndiambour (8e, 7 points). Derrière le trio de tête, on retrouve l’équipe de Mbour Petite côte qui a réalisé l’une des meilleures opérations de cette sixième journée. Les Pélicans ont profité de la visite de l’Union sportive goréenne, lanterne rouge (1 point) pour s’imposer largement (3 à 1).
Mais aussi pour remonter de la 8e place à la 4e place (9 points). Les Mbourois totalisent le même nombre de points que le Casa Sport ( 6e, 9 points). Les Ziguinchorois qui rendaient visite à l’équipe de Niary Tally, se sont en effet imposés sur la plus petite des marques (0-1). Une défaite qui relègue du coup les Galactiques de la 9e à la place de première équipe non relégable (12e, 6 points).
Après Mbour Petite côte, la bonne tenue des équipes mbouroises a encore été confirmée par le Stade de Mbour. Auteur d’une entame plus que poussive avec le départ de son président et une moisson de trois revers consécutifs, les Stadistes ont réussi à signer leur deuxième succès d’affilée en déplacement au stade Ndiarème de Guédiawaye. C’est l’équipe du Jaraaf (9e, 7 points) qui est passe aux trappes devant les mbourois en s’inclinant sur le score de (3-1).
L’un des faits marquants, pour ne pas dire la sensation, de cette sixième journée a été cette troisième défaite de rang subie à domicile par Génération Foot, le champion en titre (10e, 7 points). Les «Grenats» se sont inclinés face à CNEPS Excellence de Thiès sur la marque (0-1). Avec ce court succès les promus thiessois signent leur première victoire mais reste à la 13e place.
FEYENOORD TENTÉ PAR AMADOU CISS
Auteur d'un début de saison très prometteur au Fortuna Sittard, le jeune sénégalais est déjà dans les petits papiers du club de Rotterdam
France Football |
Nabil Djellit |
Publication 18/01/2020
Auteur d'un début de saison très prometteur au Fortuna Sittard, Amadou Ciss est déjà dans les petits papiers du Feyenoord Rotterdam.
Jeune promesse du football sénégalais, Amadou Ciss est une des révélations de la saison en Eredivisie. En 14 matches, le Sénégalais a inscrit 5 buts et offert 4 passes décisives. À 20 ans, l'ancien joueur de Pau a tapé dans l'oeil du Feyenoord Rotterdam qui s'est renseigné sur la possibilité de faire venir le joueur dès cet hiver. Mais la L1 pourrait aussi être tenté par ce joueur capable de jouer sur tout le front de l'attaque (9 et demi ou ailier). Son profil plaît à plusieurs écuries et plus particulièrement Dijon. Pour rappel, le finaliste de la CAN U20 est lié à son club jusqu'en juin 2022.
par Pape Diouf
LÉGÈRETÉ ET INCOHÉRENCE AU SOMMET DU FOOT AFRICAIN
L’inconcevable faiblesse de l’administration de la CAF appelle des mesures d’assainissement et l’arrivée à sa tête d’un homme fort capable de rallier tous ceux qui veulent vraiment œuvrer pour le développement du football africain
Tous les arguments qui expliquaient et justifiaient l’organisation de la CAN en juillet préférablement au mois de janvier viennent d’être balayés par une série de motifs qui dénotent surtout l’incohérence et la légèreté de ceux qui sont chargés de conduire le football africain.
Que l’Egypte, dernière organisatrice de la Coupe d’Afrique des nations (CAN), en juillet 2019, et le Cameroun, en principe le prochain, aient des caractéristiques climatiques très différentes, d’accord. Que se pose un problème de territorialité, soit ! Mais rien de nouveau sous le soleil. Ces arguments existent depuis 1957, année de la première édition de la CAN.
Par ailleurs, le football français – principal fournisseur à l’époque des joueurs africains évoluant en Europe –, et son homologue africain avaient en bonne intelligence retenu le début de l’année, c’est-à-dire le mois de janvier, pour le déroulement de la plus grande compétition africaine qui, jusque-là, se tenait en mars. Cela permettait aux uns et aux autres de préserver leurs intérêts.
Changement de cap avec l’arrivée d’un nouveau président à la tête de la Confédération africaine de football (CAF). Ahmad Ahmad, le nouvel élu, a pris soin de bien se mettre en scène et de changer l’orchestration. Sans doute s’est-il dit que l’Afrique, qui aura désormais vingt-quatre équipes qualifiées – tant pis pour les infrastructures inexistantes sur le continent –, gagnerait à organiser sa phase finale en été. Chaque nation pourrait ainsi faire appel à ses professionnels, ce qui est la promesse d’un jeu de qualité.
L’Afrique doit encore se soumettre
Pour justifier son spectaculaire revirement, il s’appuie sur un maître mot : la flexibilité. Revenir en hiver, clame-t-il, c’est être flexible. En vérité, c’est taire le fait que depuis l’installation de Mme Fatma Samoura au siège du Caire, installation décidée autoritairement par la FIFA, la direction de la CAF est dépendante de la volonté de la fédération internationale et de son président Gianni Infantino, ce dernier étant très impliqué dans l’élection d’Ahmad. Leurs « recommandations » sont tout naturellement devenues des ordres.
Et la CAF, dont les caisses sont vides et dans le besoin de renflouement continu, est désormais contrainte et forcée d’obéir au doigt et à l’œil à ce que l’institution mondiale lui dicte. Or, on sait que la FIFA a mis sur pied une nouvelle compétition prévue précisément en juin, le Mondial des clubs, qui va accueillir vingt-quatre adversaires et non plus huit comme c’était le cas jusqu’ici. Pas question donc de télescopage entre la CAN et cette compétition new look.
Une fois de plus, c’est l’Afrique qui doit se soumettre. Tout comme l’ensemble du comité exécutif devant son président, qui collectionne les bévues comme d’autres les petits soldats de plomb. Un comité exécutif composé pour l’essentiel d’esprits timorés, enclins à la flatterie, surtout zélés pour plaider une révision à la hausse des indemnités financières multipliées par deux depuis l’avènement du dirigeant malgache. L’inconcevable faiblesse de l’administration de la CAF appelle des mesures d’assainissement et l’arrivée à sa tête d’un homme fort, d’un vrai caractère disons-le, d’un patron capable de rallier tous ceux qui veulent vraiment œuvrer pour le développement du football africain.
Pape Diouf a été président de l’Olympique de Marseille de 2005 à 2009.
«FAIRE DE DEMBA DIOP UN STADE DE DERNIERE GENERATION»
Le ministre des Sports a procédé hier à la signature du protocole d’accord avec la Fédération Sénégalaise de Football (FSF)dans le cadre de la réhabilitation et de la rénovation du stade Demba Diop
Le ministre des Sports a procédé hier à la signature du protocole d’accord avec la Fédération Sénégalaise de Football (FSF)dans le cadre de la réhabilitation et de la rénovation du stade Demba Diop. Selon Matar Bâ, il s’agira de mettre en place une infrastructure de dernière génération capable de répondre aux attentes.
PROTOCOLE ETAT / FSF
«Nous venons de procéder à la signature du protocole d’accord qui lie la Fédération sénégalaise de football à l’État du Sénégal pour la mise à disposition du stade Demba Diop. A l’occasion d’une audience accordée par le chef de l’État au président Augustin Senghor et au président de la Caf et de la FIFA, il était question d’accompagner la Fédération Sénégalaise de Football à investir au niveau du stade Demba Diop et en faire un stade fédéral».
FINANCEMENT DE LA FIFA
«Tout le monde sait que c’est un stade national, mais aussi la complémentarité qui existe entre le ministère des Sports et les différents démembrements dont la Fédération Sénégalaise de Football. Tout le monde sait effectivement que la Fédération est un levier de l’État du Sénégal, puisqu’étant délégataire de pouvoir. Ce qu’il y a lieu de souligner, c’est que la Fédération a aujourd’hui la possibilité de lever des fonds au niveau de la FIFA pour investir au niveau des infrastructures sportives. Et pour cela, il fallait ce protocole d’accord, donnant pleins pouvoirs au président de la Fédération et à sa structure, de faire les démarches nécessaires pour renforcer l’existant qui est Demba Diop, un stade mythique au Sénégal».
TRANSFORMATION TOTALE
«Il faudra également aller vers la transformation totale de la structure et en faire un stade de dernière génération. C’est avec beaucoup de fierté et de confiance que j’ai signé ce protocole d’accord au nom de l’État du Sénégal, sur instruction du Président Macky Sall, pour mettre cette infrastructure à votre disposition. Et nous serons aussi à coté pour vous accompagner pour que l’objectif qui est fixé soit atteint ».
JURGEN KLOPP N'EST PAS FAN DE LA CAN EN JANVIER
Pour le manager de Liverpool, le fait de ramener la Coupe d'Afrique des Nations en hiver "est, pour son club, une catastrophe"
Pour Jurgen Klopp, le manager de Liverpool, le fait de ramener la Coupe d'Afrique des Nations en janvier "est, pour nous, une catastrophe".
Le tournoi de 2021 a été déplacé en raison des conditions climatiques "défavorables" du pays hôte, le Cameroun.
Et les Reds risquent de perdre l'attaquant sénégalais Sadio Mane, l'ailier égyptien Mohamed Salah et le milieu de terrain guinéen Naby Keita pendant un mois à la mi-saison.
"Si nous devons prendre une décision pour faire venir un joueur, c'est une décision importante", a déclaré le patron d'Anfield.
"Vous savez que pendant quatre semaines, vous ne les avez pas. En tant que club, vous devez y réfléchir. Ça n'aide pas les joueurs africains".
La Coupe des Nations 2019 en Egypte est la première à se dérouler l'été après que le tournoi a été traditionnellement organisé en janvier et février.
La décision, prise en 2017, de repousser le début de la compétition au mois de juin a été largement saluée, notamment par les grands clubs européens.
Le retour au mois de janvier signifie également que la compétition ne va pas empiéter sur le calendrier de la Coupe du Monde des Clubs de la FIFA élargie, qui aura lieu en Chine en juin 2021.
Mais Liverpool est l'un des nombreux clubs de Premier League qui perdront des joueurs de premier plan.
"Je ne pourrais pas respecter la Coupe d'Afrique des Nations plus que je ne le fais car j'aime cette compétition et je l'ai beaucoup regardée dans le passé. C'est un tournoi très intéressant", ajoute Klopp.
"Mais c'est un problème évident que de jouer un tournoi en milieu de saison, alors qu'il est plus logique pour l'Afrique de le jouer en hiver, quand le temps est meilleur pour eux.
"Mais nous n'avons absolument aucun pouvoir. Si nous disons "Nous ne le laissons pas partir", le joueur serait suspendu".
"Si un joueur est blessé et ne peut pas jouer pour nous, nous devons l'envoyer en Afrique et ils font un examen et dans une ou deux semaines, ils sont de retour. Aujourd'hui, ça ne devrait pas se passer comme ça".
DEMBA BA DIT SES VERITES
Le sénégalais est revenu sur la polémique sur le Ballon d’or France football, la montée du racisme dans les stades du monde, mais également sur les débuts de son ancien coéquipier Franck Lampard, sur le banc de Chelsea.
Sociétaire d’Istanbul Basaksehir (D1 Turquie), Demba Bâ reste un joueur très attaché à ses origines. Fervent musulman, l’ancien buteur des «Lions» n’hésite pas à prendre position sur certaines questions qui touchent des minorités. Dans un long entretien qu’il a accordé à «The independent», le sénégalais est revenu sur la polémique sur le Ballon d’or France football, la montée du racisme dans les stades du monde, mais également sur les débuts de son ancien coéquipier Franck Lampard, sur le banc de Chelsea.
LAMPARD SUR LE BANC DE CHELSEA
«Je n'ai jamais pensé qu'il serait un manager. Gael a dit qu’il savais que ce type serait un bon manager! Puis, tout à coup, je me suis dit" ouais, tu sais quoi, peut-être que j'ai raté ce côté de lui ". En pensant à la façon dont il était avec le groupe, avec les joueurs et avec les jeunes, il est vrai qu'il donne tellement de confiance aux gens autour de l'équipe et ces qualités sont si importantes pour un manager. Je suis tellement content de ce qu'il fait. (…). Ce n'est que sa deuxième année de coaching. Regardez ce qu'il a fait à Derby. Ils étaient en difficulté et il les a amenés en finale des playoffs. Et dès qu'il est parti, ils ont recommencé à lutter. On peut dire qu'il va bien, surtout dans les circonstances, car il a rejoint à un moment difficile et il fait de grandes choses. (…). Je ne suis pas surpris qu'il utilise les jeunes joueurs et qu'il les aide à performer. Lorsqu'il est autour de vous, il élève votre niveau et vous donne la confiance nécessaire pour être le meilleur possible. C'est la qualité N°1 que j'ai toujours vue quand je jouais avec lui. Ces jeunes font leurs preuves chaque semaine. Ils ne sont pas aussi expérimentés que certains joueurs qui ont 27 ou 28 ans. Alors, Chelsea pourrait peut-être recruter des joueurs expérimentés pour les aider à gagner les matchs importants, les plus gros matchs. Cela ne signifie pas qu'ils doivent dépenser des centaines de millions. Je crois que de petits ajouts peuvent les aider. J'ai vu une photo qui montre combien Liverpool a vendu Coutinho et les joueurs qu'ils ont achetés avec cet argent. L'équipe qu'ils ont bâtie, c'est incroyable! Cette année, Chelsea ne sera pas loin. Et je pense que si la direction laisse Frank faire ce qu'il fait, l'année prochaine, ils se battront sûrement pour de gros titres ».
SADIO MANE ET LE BALLON D’OR
« Ces jours-ci, nous parlons tellement de statistiques. Je pense qu'il avait les statistiques individuelles et collectives pour avoir remporté le Ballon d'Or. J'ai toujours dit que si vous échangez les statistiques de Mané en 2019 avec celles de Messi, Messi l'aurait toujours gagné, même avec moins de buts. Le fait que Mané ait remporté la Ligue des champions, la Super Coupe, il a joué une saison incroyable et terminé meilleur buteur commun en Premier League, c'est fou! Non seulement cela, il a été décisif dans tous les matchs. Je pense qu'il aurait pu gagner. J'ai eu cette conversation avec beaucoup de joueurs. Ils disent "oui, mais Messi est un meilleur joueur". Bien sûr, tout le monde le sait! Même si Sadio vient et me dit qu'il est meilleur que Messi, je le giflerais et lui dirais "tais-toi garçon, asseyez vous!" Mais en 2019, selon moi, il a eu une meilleure saison
MANQUE DE CONSIDERATION POUR LES JOUEURS NOIRS
Je crois qu'à partir du moment où quelqu'un est Africain, il va avoir moins de valeur. Il vendra moins de chemises dans son pays. Il y a moins d'opportunités de parrainage dans le pays dont il est originaire. Il pourrait avoir moins de followers sur les réseaux sociaux, car leurs pays sont moins développés qu'en Europe. En ce sens, je dirais que c'est un inconvénient. De plus, la culture du racisme dans le football ne doit pas être débattue, car nous savons tous qu’elle existe. C'est très difficile. Je ne veux pas encore victimiser les Africains en même temps, je sais que nous sommes sous-estimés. Nous avons tous des causes différentes qui nous touchent émotionnellement. Et je crois que quiconque devrait se battre pour une cause en laquelle il croit »
LA CAUSE DES OUÏGHOURS
« Je suis musulman, je suis Africain. Donc, certaines causes m'affecteront plus qu’elles ne le font les autres. Si cela (les droits ouïghours) est quelque chose qui affecte Ozil, alors il a le droit de parler. C’est la même chose que lorsque Didier Drogba était agenouillé dans le vestiaire, suppliant la fin de la guerre en Côte d’Ivoire. Par la suite, la guerre a cessé. Est-ce à cause de Drogba? Je ne sais pas, mais il a probablement aidé à diffuser son message. À ce moment-là, nous n'avons pas entendu Yaya Touré dire "Drogba ne devrait pas être impliqué dans ces politiques". Alors, c'est peut-être l'intérêt que Touré porte à la Chine qui le fait parler ainsi. Certaines personnes disent" Demba, tu parles maintenant, mais quand tu as joué en Chine, tu n’as rien dit ". Et je dirais à ces gens qu’ils ont complètement tort. J'étais sous contrat en Chine en 2017 et j'ai tweeté à propos de la destruction de mosquées là-bas et de l'incendie de Corans et d'autres choses du genre. Je me fichais qu’ils me paient ou non. Je pensais que c’était la bonne chose à faire et je me suis battu pour cette justice. J'étais sous contrat en Chine, mais j'ai mes valeurs, vous savez? »
DES CONSEILS A SES FRERES MUSULMANS
«Aujourd'hui, les musulmans sont persécutés. Vais-je blâmer les gens qui les persécutent? Je dirais d'abord: musulmans, revenez à l'essentiel. Il y a plus de 1,5 milliard de musulmans dans le monde, à partir de la Mecque dans le désert d'une seule personne. Qu'est-ce qui a fait leur succès? C’est parce qu’ils avaient des directives à suivre. Les musulmans d'aujourd'hui ne le font pas. Ils font ce qu'ils pensent être bon, mais ne s'en tiennent pas au Livre. Ils font tout ce qui leur fait du bien. Peu m'importe la religion à laquelle vous appartenez, vous ne pouvez pas dire "j'accepte certaines choses, mais j'en rejette d'autres". Ce n'est pas le bon comportement ».
LA RELIGION ET LE SPORT
«Je le compare toujours au football. Il y a la règle du hors-jeu, il y a le handball dans la surface, il y a le tacle par derrière. Si je dis à l'arbitre : ‘’je vais jouer, mais le tacle par derrière, je ne suis pas d'accord. Donc vous ne pouvez pas me donner un carton rouge’’. Que cela me plaise ou non, il va m'envoyer! Comme dans le football, même s'il y a des règles que vous n'acceptez pas, pour être un joueur professionnel, vous devez respecter ces règles »
LA RECRUDESCENCE DU RACISME DANS LES STADES
« C'est fou. J'ai été surpris d'en entendre parler une semaine, puis de nouveau une semaine plus tard, puis de nouveau. Je me disais: ‘’c'est contagieux!’’. C'est un sujet vraiment difficile. Il doit partir de la position la plus élevée dans les pays. Ils doivent prendre la responsabilité de changer les choses. S'ils continuent à laisser cela se produire, alors où cela va-t-il s'arrêter? Nous sommes fatigués d'en parler tout le temps. Pourquoi les gens ne défendent-ils pas les souffrances des Noirs? Les joueurs doivent quitter le terrain parce que les fans paient pour voir un spectacle. S'ils ne voient pas cette émission, ils iront au club et demanderont des remboursements. Finalement, le club perd de l'argent. Et au moment où cela se produit, il ne l'acceptera plus. Je pense que les joueurs ont cette responsabilité. Mais les clubs ont également la responsabilité de chercher qui l'a fait. Les fans aussi, quand quelqu'un fait un abus raciste, ils doivent être ceux qui le signalent aux commissaires ou à la police. Les parents ont la responsabilité d'éduquer leurs enfants. Le gouvernement a la responsabilité parce que vous voyez des choses folles de politiciens parler à la télévision. La façon dont le monde va est fou ».
PAR Alassane Aliou Fèré MBAYE
SADIO ET EUX
L’ancienne étoile de Southampton donne une leçon de vie à tous ces athlètes africains s’égarant sur le chemin de la gloire, à tous ces internationaux plus prompts à réclamer des primes qu’à gambader dans les prés
Les supporters de l’équipe nationale de football du Sénégal, en pleine euphorie et enivrés par l’auréole de la gloire promise par une constellation d’étoiles, ont souvent été victimes de désillusions et obligés d’endurer les frasques de leurs «héros» insensibles à leur désappointement. Le vedettariat, l’ostentation et l’arrogance des «demi-dieux» du ballon rond ont accentué la désaffection du public.
Sadio Mané, meilleur joueur africain de l’année 2020, apparaît ainsi comme une éclaircie dans la grisaille, une fraîcheur dans la relation qu’entretiennent les masses et les footballeurs choyés et pleins aux as, pour ne pas dire la figure de la réconciliation entre le «surhomme» et l’encenseur. C’est pourquoi, cette récompense individuelle dans un sport collectif est accueillie comme la «chose» de tout le monde, l’œuvre méritoire d’un génie de toute une Nation fière de célébrer son prodige. Il a su développer une personnalité attachante, antistar, pondérée et très peu portée sur le clinquant qui répugne dans un espace dont il connaît la misère. Le bonhomme a presque connu le dénuement et vu ceux qui s’y enlisaient. Sa grandeur est d’avoir consigné cette période «ante-gloire» dans sa mémoire et conquis l’Afrique et le monde en chérissant les vertus de son terroir, à en faisant son accotoir. Il a su faire de l’«autrefois», où on l’appelait certainement «come on town», un aiguilleur de sa trajectoire.
L’ancienne étoile de Southampton donne ainsi une leçon de vie à tous ces footballeurs brésiliens issus des favelas qui insultent leur passé et rebutent les «petites gens» de leur temps de galère, à tous ces athlètes africains s’égarant sur le chemin de la gloire, à tous ces internationaux plus prompts à réclamer des primes qu’à gambader dans les prés…Mais Sadio Mané, c’est surtout l’archétype de la morale à se fixer en public. Il est l’antithèse des nouveaux envahisseurs de l’espace partagé, perdant leur temps à des bagatelles, montrant leur munificence devant les caméras du monde et répugnant par l’insolence de leur étalage sur les scènes bouffonnes et louangeuses de la «gentry». Par pure gloriole. L’enfant de Bambaly est une bouffée d’oxygène dans une société en proie au délire narcissique. On s’époumone quand «marmonner» aurait suffi. On offre quelques quignons de pain aux âmes miséreuses qui s’en gavent avec une avilissante mise en scène que l’on a bien voulue nommer «machin du cœur». Sommes-nous ainsi passés de ce que Jean François Bayart a appelé «un commerce étroit avec Dieu» dans «La cité cultuelle en Afrique noire», parlant des religieux musulmans (ce qui n’est pas l’objet de notre réflexion, ici) à un commerce étroit et infâme avec la misère du peuple. L’espace public est devenu l’exutoire «du moi» indisposant au mépris des codes de convenance les plus élémentaires.
Le triomphe du joueur de Liverpool, en espérant qu’il y en aura d’autres, est pour ainsi dire la célébration de l’humilité, de la simplicité dans un cosmos de vains plaisirs, d’éclat et d’apparat. Ce plébiscite de tout un peuple et des sensibilités d’un ailleurs conquis n’est pas seulement un témoignage d’amour et d’affection. Il est aussi un message fort envoyé aux âmes inconsidérées dont les cœurs sont peu accessibles à la compassion, et qui, heurtant la pudeur, narguent ceux qui s’enlisent dans la misère, plastronnent et font des largesses par pur égocentrisme. Sadio Mané a tant fait pour les siens. Il leur a construit une école pour que, demain, contrairement à lui, que des jeunes puissent s’y fabriquer un destin, un hôpital pour soulager les malades. Et il n’a pas eu besoin d’ameuter les hommes rapaces, louangeurs de ceux qui «puent» l’opulence. Plus que l’artiste du ballon rond, c’est cette personnalité si attachante, si simple que les Sénégalais aiment. En espérant que les dithyrambes des laudateurs ne l’inciteront pas, un jour, à l’esbroufe. Nos éphémères «héros» nous ont si souvent déçus.
COMMENT TOKYO S'EST OFFERT LES JEUX OLYMPIQUES 2020
Lamine Diack, ancien président de l'IAAF, aurait coordonné le vote des membres africains du CIO en 2013 pour que Tokyo décroche les JO, pendant qu’une société offshore liée à son fils touchait 2,3 millions de dollars du comité de candidature japonais
Mediapart |
YANN PHILIPPIN ET ANTTON ROUGET |
Publication 15/01/2020
Des documents obtenus par la justice française révèlent que l’ancien président de la Fédération internationale d’athlétisme Lamine Diack aurait coordonné le vote des membres africains du CIO en 2013 pour que Tokyo décroche les Jeux olympiques, pendant qu’une société offshore liée à son fils touchait 2,3 millions de dollars du comité de candidature japonais.
C’est désormais une habitude. Après ceux de Rio en 2016, les Jeux olympiques 2020 vont s’ouvrir le 24 juillet prochain à Tokyo sous le signe de la corruption. L’attribution de la compétition, lors d’un vote du Comité international olympique (CIO) en 2013, est visée par une vaste information judiciaire ouverte par le Parquet national financier (PNF).
En décembre 2018, les juges d’instruction Renaud Van Ruymbeke (remplacé depuis par Bénédicte de Perthuis) et Stéphanie Tacheau avaient mis en examen pour « corruption active » l’ancien président du comité de candidature de Tokyo 2020, Tsunekazu Takeda, l’un des dignitaires sportifs les plus puissants de l’archipel. Trois mois plus tard, il a été contraint de démissionner de ses fonctions de président du Comité olympique japonais et de membre du CIO.
Selon nos informations, les juges d’instruction ont aussi mis en examen en mars 2019 pour « corruption passive » Lamine Diack, ancien président de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) et ex-membre influent du CIO, au sujet de l’attribution de plusieurs compétitions, dont les JO de 2020 à Tokyo (lire notre enquête ici).
Mediapart a pu consulter des documents inédits issus de l’enquête judiciaire, qui révèlent que Lamine Diack semble avoir mis tout son poids dans la balance pour favoriser Tokyo, en échange de pots- de-vin présumés touchés par son fils Papa Massata Diack, dit PMD.
Un rapport secret, rédigé pour le comité de candidature japonais par un proche de Papa Massata Diack, indique que le président de l’IAAF « coordonnait » les votes des membres africains du CIO pour qu’ils soutiennent Tokyo. Le 7 septembre 2013, quelques heures avant le scrutin, PMD a écrit à son père qu’il fallait « verrouiller » les votants africains « durant la pause » afin d’empêcher qu’ils ne votent pour Madrid. Le lendemain de la victoire de Tokyo, le patron du groupe de publicité japonais Dentsu félicitait Lamine Diack pour son soutiendéterminant.
Les juges soupçonnent que ces efforts soient la contrepartie des 2,3 millions de dollars, versés peu avant et peu après le scrutin par le comité de candidature de Tokyo 2020 à Black Tidings, une société offshore immatriculée à Singapour dont Papa Massata Diack est « le principal bénéficiaire », selon l’enquête judiciaire.
Interrogé par Mediapart, PMD affirme n’avoir aucun lien avec Black Tidings, dont il n’est « ni actionnaire ni partenaire ». La société appartient officiellement à un consultant singapourien, Tong Han Tan.
Mais les juges ont accumulé les éléments montrant que Tan est le prête-nom de Papa Massata Diack. L’analyse des comptes bancaires de Black Tidings montre qu'une partie importante de l'argent a bénéficié au bout du compte à PMD. Les deux hommes sont impliqués dans plusieurs autres affaires de corruption, dont le blanchiment du dopage russe (lire ici) et l’attribution des Mondiaux d’athlétisme 2015 Pékin (lire ici). Un cadre de l’IAAF a raconté aux enquêteurs que Tan était « l’assistant » de Papa Massata Diack.
Ils se sont connus en 2009, lorsque Tan faisait partie du comité de candidature de Pékin 2015. Selon le même cadre de l’IAAF, PMD a ensuite présenté le Singapourien au groupe japonais Dentsu. Ce géant de la publicité était titulaire des droits marketing de l’IAAF, mais en licenciait fréquemment la commercialisation à Papa Massata Diack, qui touchait ainsi des commissions avec l’accord de son père. C’est ainsi que Tan et PMD ont négocié ensemble le contrat de sponsoring de Pékin 2015 conclu avec le groupe chinois Sinopec.
En 2013, Dentsu était donc informé des liens privilégiés entre PMD et Tan. Le groupe japonais était aussi en situation de conflit d’intérêts : il était à la fois un soutien actif de la candidature de Tokyo, et le partenaire privilégié de l’IAAF et du fils Diack, dont le père était l’un des votants qui allaient décider de l’attribution des Jeux olympiques.
Au printemps 2013, le comité de candidature Tokyo 2020 reçoit une offre de services de la société Black Tidings, représentée par Tong Han Tan. À la mi- juin, le président du comité, Tsunekazu Takeda, rencontre Kiyoshi Nakamura, un dirigeant de Dentsu, pour lui demander s’il doit embaucher Tan.
Nakamura lui recommande chaudement l’associé de Papa Massata Diack, qu’il décrit comme un « lobbyiste extrêmement compétent » doté d’une « influence sur l’IAAF » et capable de « contacter les membres du CIO appartenant à l’IAAF et les membres du CIO apparentés, ce qui serait extrêmement avantageux pour la candidature ».
Tsunekazu Takeda est convaincu. Il négocie avec Ton Han Tan le versement de 2,3 millions de dollars à la société Black Tidings. Un premier contrat à 950 000 dollars est signé le 25 juillet. Il est convenu oralement que le solde sera versé uniquement si Tokyo remporte les Jeux olympiques. Tsunekazu Takeda a déclaré aux enquêteurs du Comité olympique japonais qu’il ignorait complètement les liens entre Tan et Papa Massata Diack.
Juste après la signature du contrat, les Diack père et fils se sont mis en quatre pour favoriser la candidature de Tokyo. L’opération a commencé début août 2013 lors Mondiaux d’athlétisme de Moscou, auxquels assistaient de nombreux membres du CIO. Le 9 août, Lamine Diack reçoit Tsunekazu Takeda à l’hôtel Radisson et lui exprime son soutien.
Le président du comité de candidature a reconnu que Lamine Diack lui a présenté son fils à Moscou. L’agenda du président de l’IAAF mentionne par ailleurs une réunion le 16 août avec Papa Massata Diack et Kiyoshi Nakamura, le cadre de Dentsu qui a conseillé au comité de candidature de faire appel à Black Tidings.
« Il faut que l’on verrouille durant la pause »
Le 2 septembre 2013, cinq jours avant le vote, Papa Massata Diack envoie à son père un courriel intitulé « Soleil levant », avec en pièce jointe un rapport que vient de lui faire parvenir le comité de candidature japonais. Ce document détaille, continent par continent, le nombre de votants que Tokyo pense avoir convaincus, et liste six membres du CIO pour lesquels les Japonais ont « besoin d’aide ».
Le 4 septembre, Papa Massata Diack s’envole pour Buenos Aires en Argentine, où les membres du CIO vont départager les candidatures de Madrid, Istanbul et Tokyo. Le 6 septembre, veille du scrutin, Lamine Diack participe, comme l’a révélé Le Monde, à une réunion réunissant une dizaine de votants africains, à qui il annonce sa préférence pour Tokyo. « Il y a eu un tour de table. Comme personne n’a réagi, je suppose qu’ils étaient tous d’accord pour Tokyo », a déclaré le président de l’IAAF au juge Van Ruymbeke.
Le 7 septembre, quelques heures avant le vote, Papa Massata Diack écrit à son père pour le prévenir de l’intervention du Koweitien Ahmad al-Fahad al-Sabah, l’un des membres les plus influents du CIO : « Il paraît que Sheikh Ahmad est en train de tout faire pour amener les Africains à voter Madrid !!! Il faut que l’on verrouille durant la pause. »
Tokyo a remporté le scrutin haut la main avec 42 voix au premier tour, et 60 voix au second tour contre 36 pour Istanbul. Dès le lendemain, le PDG de Dentsu remerciait Lamine Diack de son soutien déterminant dans cette victoire. Ce courriel de félicitations est révélateur. Il a été envoyé par Dentsu à Papa Massata Diack, lequel l’a transmis à son père en mettant en copie Tong Han Tan, son prête- nom présumé et gérant de Black Tidings, la société embauchée par le comité de candidature.
Tokyo ayant gagné, Black Tidings a droit au solde de la rémunération prévue, soit 1,37 million de dollars. Un nouveau contrat est signé le 4 octobre 2013 par le président du comité de candidature, Tsunekazu Takeda. Officiellement, l’argent a été versé en échange de la réalisation d’un rapport analysant les résultats du vote.
« En réalité, comme l’a relevé le comité d’enquête japonais, le second contrat n’était qu’un habillage destiné à couvrir les honoraires complémentaires liés à l’obtention d’un vote favorable du ClO », écrivent les juges d’instruction dans un document consulté par Mediapart. C’est en effet ce qu’a déclaré le directeur général adjoint du comité de candidature aux enquêteurs mandatés par le Comité olympique japonais.
Le rapport réalisé par Black Tidings au titre du second contrat est néanmoins riche d’enseignements. Ce document indique que « Lamine Diack coordonnait les votes africains et soutenait Tokyo. Il y est même précisé qu’en mars 2013, certains membres africains soutenaient Istanbul, mais qu’ils ont tous été incités à se reporter sur le choix de Tokyo au vu de la position de M. Diack », écrivent les juges d'instruction.
Contactés par Mediapart, Lamine Diack, Papa Massata Diack et Tsunekazu Takeda ne nous ont pas répondu. Dentsu nous a indiqué avoir donné son avis au comité de candidature au sujet de « plusieurs consultants » qui avaient proposé leurs services, sans plus de précisions.
Auditionné en 2017 par des magistrats japonais à la demande des juges français, Tsunekazu Takeda a affirmé ne pas avoir lu le rapport Black Tidings à l’époque, mais avoir a été informé qu’il contenait « des informations concrètes et précieuses sur lesquels des membres du CIO soutenaient la candidature de quelle ville ». Après l'avoir lu, le président du comité de candidature s'est dit conforté dans cette opinion et estime que « le contrat de consulting supplémentaire que le comité de candidature avait signé avec la société Black Tidings était significatif ».
Il a été en tout cas très profitable à Papa Massata Diack et Tong Han Tan. Après avoir reçu les 2,3 millions de dollars du comité de candidature, Black Tidings a redistribué 547 000 dollars à PMD, sur des comptes au Sénégal. La société a également acheté une Porsche de 126 000 euros et versé 230 000 euros à un notaire au Sénégal, payé 65 000 euros à l’agence de voyages utilisée par le fils Diack, et réglé une facture de 72 000 dollars à une bijouterie de Dubaï. Tong Han Tan a pour sa part perçu 140 000 dollars de Black Tidings.
L’enquête diligentée en 2016 par le Comité olympique japonais (COJ), réalisée par deux avocats et un comptable, a estimé que les contrats avec Black Tidings étaient légaux, car les dirigeants du comité de candidature ont déclaré ignorer que cette société était liée au fils du président de l’IAAF. Les paiements pourraient donc seulement constituer une éventuelle « corruption privée », qui n’est pas punie par la loi dans l’archipel.
La justice japonaise est parvenue à la même conclusion. Elle n’a donc procédé à aucune investigation, et a réalisé les actes d’enquête demandés par les juges français sans employer la contrainte, sur la base du bon vouloir des parties concernées.
Suite à la victoire de Tokyo en septembre 2013, le comité de candidature a été dissous, ce qui est normal. Mais ses dirigeants ont veillé à faire le ménage. Selon le rapport d'enquête du COJ, les informations stockées sur les ordinateurs ont été « détruites » ainsi que les « documents papier », à l’exception des « informations essentielles ». Ensuite, « chaque ordinateur personnel a été détruit par un opérateur commercial externe ». On n’est jamais trop prudent.
Boite noire
Nous avons envoyé une liste de questions détaillées par écrit aux protagonistes de l’affaire.
L’avocat de Lamine Diack, William Bourdon, nous a indiqué que son client ne pourrait pas nous répondre, car il est concentré sur la préparation de son procès dans l’affaire du dopage russe, qui commence lundi à Paris.
Contacté via WhatsApp, Papa Massata Diack ne nous a pas répondu.
L’avocat français de Tsunekazu Takeda, Stéphane Bonifassi, nous a indiqué avoir transmis nos questions à son client. Il ne nous a pas répondu.
Le groupe japonais Dentsu nous a adressé la réponse suivante : « A l’époque [avant le vote de 2013, ndlr], le comité de candidature de Tokyo 2020 nous a posé des questions au sujet de plusieurs consultants qui avaient proposé leurs services au comité, et nous leur avons fait des commentaires sur ces consultants, basés sur les connaissances que nous avions à l’époque. »
Le comité de candidature de Tokyo 2020 ayant été dissous, nous avons adressé nos questions au comité d’organisation de Tokyo 2020, qui nous a fait parvenir la réponse suivante : « Le comité d’organisation n’a aucun moyen de connaître les détails des activités du comité de candidature, et ne peut par conséquent faire aucun commentaire. »
Le Comité international olympique (CIO) ne nous a pas répondu.