A 10 ans, Yvan a perdu la vue. Aujourd'hui, il en a 20 et il est bien décidé à décrocher son bac. Plongée dans la vie de ce lycéen qui souhaite réussir cette épreuve et faire ainsi oublier son handicap.
Aboubakr Tandia
Crise du débat politique et de la démocratie au Sénégal : au-delà de la presse et de la politique
Voilà quatorze mois que le nouveau pouvoir au Sénégal dirigé par le Président Macky Sall et sa coalition Benno Bokk Yaakar (l’Unité pour l’Espoir) se débat entre une mise à l’épreuve difficile et des promesses perçues comme un horizon lointain par une bonne partie de l’opinion publique. Au sein de la classe politique en général, et de la coalition au pouvoir en particulier, les tentatives d’explication sont aussi dispersées qu’elles ne semblent converger vers une seule cible, en l’occurrence le Président de la République Macky Sall.
D’aucuns voient dans cette purge qui ne dit pas son nom un prélude à la dislocation de ladite coalition qui pourrait se justifier par l’imminence des élections locales de 2014 qui constituent le premier test politique du nouveau régime. Pour d’autres, y compris certains parmi les observateurs les plus avertis, cette guéguerre au sein de la classe politique est en partie liée à la résistance du Parti Démocratique Sénégalais (PDS) et de ses alliés restés fidèles après la défaite sans surprise du 25 mars 2012.
Cette rébellion serait dirigée contre les politiques d’assainissement de la gouvernance publique du régime actuel dans la mesure où elles impliquent un audit et des sanctions formelles de leur gestion. Tandis que l’opinion se cristallise de plus en plus contre la classe politique dans son ensemble, notamment au sein de l’intelligentsia et du secteur privé, cette chienlit politico-médiatique s’exerce par une violence particulièrement insidieuse. De quoi nous amener à repousser les limites de la réflexion.
En effet, plus qu’une niaiserie politique intra et inter-partisane grandeur nature, cette opinion semble mettre en cause une crise du débat politique dont les politiciens serait les coupables. Contre et au-delà de cet argument, le journaliste Pape Sadio Thiam1, n’a pas tort de fournir une analyse qui élargit l’accusation à son corps de métier, à savoir la presse en général, et les journalistes en particulier. Selon lui, le refus du dialogue en relation fonctionnelle et ou hypothétique avec la corruption et l’indigence professionnelle des journalistes serait à l’origine de cet appauvrissement du débat politique et partant de la régression de la démocratie au Sénégal.
Sans différer fondamentalement avec lui sur la réalité et les conséquences de cette crise, nous nous permettons d’introduire ici des questionnements et des contre-arguments à cette analyse. Nous estimons que si l’accusation contre les journalistes est fondée, son caractère quelque peu épidermique ne permet de révéler les implications profondes de cette crise du débat politique. En sus de cette principale remarque, nous invitons à imaginer les ressorts de cette crise et ses implications au-delà d’une conception communicationnelle de la politique, elle-même liée à une vision technicienne de la communication et de l’interaction politiques.
Si le débat est en crise, cette dépréciation intervient moins au niveau de sa valeur fonctionnelle ou opérante par rapport au modèle, aux velléités populaires et aux trajectoires de la démocratie au Sénégal qu’à celui de sa valeur marchande. La crise du débat est réelle mais celui-ci reste un business qui marche pour ses principaux animateurs, à savoir une bonne partie de la presse et de la classe politique.
Nous faisons reposer notre perspective sur trois éléments : d’abord, sur le fait que l’analyse de Pape Sadio Thiam semble s’appuyer en filigrane sur une mythologie propre à la démocratisation au Sénégal. Ensuite, sur un étayage des relations entre presse et classe politique d’une part, entre les deux et les autres acteurs de la vie politique sénégalaise d’autre part. Enfin, sur la condition même de la presse et de la classe politique qui découle de ces relations.
Le prisme de la mythologie : la presse, la démocratisation et la démocratie
Il y a deux mythes dans lesquels on a souvent enfermé le modèle politique sénégalais. On peut se garder momentanément d’ailleurs de parler de modèle démocratique sénégalais dès lors que l’on admet l’existence d’une crise de la démocratie ; un modèle étant en politique une matrice de référence en comparaison à des situations perçues comme étant de moindre sophistication sociopolitique. L’idée d’une mythologie n’enlève en rien le fait largement établi que le processus de démocratisation doit beaucoup à l’émergence de la presse. Parce qu’il est en lui-même une forme d’explication du réel, le mythe n’est ni une négation ni un contraire du réel. C’est son potentiel d’affabulation et donc de détournement du réel qui est suspecté ici.
Le premier mythe est relatif à l’idée que la presse est gardienne de la démocratie dont elle aurait été à l’origine. Dans la logique du second, il consiste en la conviction que le Sénégal est une démocratie avancée, pour ne pas dire la plus parfaite, parmi les plus connues. Il faut rappeler que la mesure de la démocratie, par suite de vagues de transitions institutionnelles, relève davantage de la normativité internationale dont on sait à quel point elle peut être inéluctable. Il s’y ajoute que le premier mythe laisse penser que les autres acteurs, y compris la classe politique et la société civile, ne sont souvent que des héritiers peu méritoires de la presse.
Cette dernière, à l’image de la caste dirigeante militaro-tribale en Algérie et en Mauritanie, se pense et s’impose à la société politique comme l’accoucheur et le bénéficiaire historique de l’ordre politique. Cette vision à n’en pas douter érige la presse en seigneur dudit ordre. De quoi amener cette dernière à croire devoir en assurer la permanence, y compris contre tous ; ce qui pourrait conduire à une situation où la presse se verrait en droit de favoriser ou d’entraver des changements, selon ses vérités et les conjonctures qui les remettraient en cause.
En démocratie le statut de la presse est octroyé par le projet démocratique qui vise en amont à empêcher que le contrôle politique ne soit déséquilibré au profit d’une partie, fut-elle minoritaire ou majoritaire, et en aval à garantir l’existence et l’exercice des droits et des libertés de manière non exclusive. Or, au Sénégal ni l’un ni l’autre de ces deux fondamentaux n’étaient réunis au moment des premières velléités de démocratisation à la fin des années 80. Pas plus qu’il n’existait de presse libre, encore moins de presse privée.
Ce n’est pas de la vaine histoire que de rappeler cela, en ce sens qu’il s’agit ici de prévenir contre les mythes. La presse en général et la presse privée en particulier prétendent souvent avoir joué et continuer de jouer un rôle de sentinelle de la démocratie. Le fait est qu’elle n’a été qu’un acteur parmi d’autres de ce long processus de démocratisation qui a été d’abord conduit par les syndicats, les mouvements étudiants, les corporations et les populations de manière générale, cela depuis les années 70 et 80. Ce n’est qu’en 1994 qu’une véritable presse privée a commencé à éclore au Sénégal.
Fort de cela, nous estimons que c’est aux populations de se prévaloir, de préserver et de défendre les acquis démocratiques. D’un point de vue fonctionnel, il n’est pas fondamentalement du ressort de la presse de « défendre » une démocratie quelconque dès lors que ce n’est pas à elle que revient la prérogative d’octroyer des libertés telles que la liberté d’expression et d’opinion.
Le second mythe est en amont que le modèle sénégalais est déjà parfait, tout simplement parce qu’un acteur historique – la presse – existe pour en avoir déterminé la genèse et en garantie le maintien. Or, le problème qui se pose c’est en l’occurrence une dégénérescence de la politique (au sens de processus compétitif de distribution du pouvoir) doublée d’une crise d’intelligibilité du débat politique. Il s’agit en effet d’une régression démocratique, ainsi que l’a si bien souligné Pape Sadio Thiam. L’espace public sénégalais est en continuelle fragmentation. Le champ politique est de plus en plus émietté par une kyrielle de partis politiques en manque de production idéologique et de démocratie interne.
La société civile est écartelée entre des mouvements populaires dépourvus de spontanéité politique d’une part, et un leadership dont le formalisme pseudo-légaliste et l’internationalisme idéologique d’autre part, cachent mal la promotion d’agenda aussi extravertis que leur survie interne impose des acrobaties équilibristes aux confins des partis politiques et des foules déchainées. Pour leur part, les syndicats ont souvent donné l’impression de vouloir garder des privilèges accumulés au travers d’une logique ambivalente de soutien-chantage à la classe politique.
Ce faisant, ils sont demeurés incapables d’introduire et de maintenir de façon durable la question sociale dans un débat politique « indigénisé » en permanence par une classe politique ainsi confortée dans son immobilisme débonnaire et son amnésie volontaire. Ce n’est pas rien signifier si la violence du langage et de la tactique ainsi que la veulerie militante sont restées les stratagèmes par excellence de notre classe politique pendant des décennies. Pourtant, on ne peut pas nier le fait que la pauvreté galopante et la hausse vertigineuse du coût de la vie, parallèlement à une crise continuelle de l’emploi et des services sociaux, ont alimenté les fronts du refus qui ont généré les deux alternances de ces douze dernières années.
Sans vouloir paraitre caricatural, on peut dépeindre la presse dans cette atmosphère anomique comme deux osselets qui s’articulent parfaitement dans une interdépendance fonctionnelle, laquelle est tout aussi révélatrice de la crise sociopolitique ambiante. D’un côté, nous avons une classe d’affairistes prête à reconvertir « griots » et mannequins en dresseurs des masses et en charmeurs de la bourgeoisie urbaine et de la noblesse rurale.
Cette classe se charge ainsi de créer des emplois précaires et de distraire la plèbe à coups de plagiats et de pacotilles reluisantes. Souvent, on n’est pas loin de nous présenter cette alchimie expéditive comme une ingéniosité qui serait une parfaite mise à profit du pluralisme et de la libéralisation économique dont notre classe politique et notre peuple auraient été de vaillants bâtisseurs à côté du reste de l’Afrique. De l’autre, et au grand bonheur d’une classe politique impuissante et désintéressée par ses échecs séculaires, ces emplois précarisant sont pris d’assaut par une classe de jeunes et de jeunes-adultes souvent diplômés au rabais : filles et garçons, hommes et femmes, déflatés des universités, de l’industrie du loisir, de la décadence du folklore traditionnel ; rejetons immatures ou prématurés des écoles spécialisées du journalisme, de la communication et des industries culturelles.
De la même manière, les cadres de la consommation de prestige et de la nostalgie des royautés d’antan que constituent les productions médiatiques sont indistinctement disputés par les aristocraties tantôt nommées. Que peut t-il bien se passer d’intelligible, de transformateur, de révolutionnaire, de stimulant pour les volontés et pour les rêves largement extériorisés de progrès social et économique si l’espace public est devenu une cour d’orgies et de cohue infestée d’aristocrates, de courtisans et de troubadours ?
Esprit de corps, esprit de cour et complexe d’infériorité chez les professionnels de la presse
« Les journalistes sont souvent enclins à stigmatiser la crise de la pensée au sein de l’élite intellectuelle comme s’ils s’excluaient d’office du cercle des intellectuels et du commerce des idées ou comme s’ils n’étaient pas en partie coresponsables de cette décadence de la pensée dans la société ! ». Pape Sadio Thiam ne pense pas si bien dire en décrivant ainsi ce qui est souvent improprement qualifié d’« esprit de corps » ou de « solidarité de corporation ». L’esprit de corps est bien plus une culture professionnelle – ainsi qu’elle est parfois implicitement encouragée par les lois et règlements – qu’un « esprit de clocher », ou bien ce à quoi nous sommes tentés de l’identifier : un « esprit de cour », pour emprunter un terme du philosophe camerounais Jean-Godefroy Bidima.
Même si on peut différer à propos du fait que la presse s’auto-exclurait de l’intelligentsia nationale ; de la même manière que l’on doutera, quand bien même en partie, du fait qu’elle « stigmatiserait » l’élite intellectuelle. En réalité, l’impression qui semble se dégager des nombreuses émissions radiotélévisées que Pape Sadio Thiam a citées en exemple, les plus parfaites chez nous selon lui, c’est que la presse ne s’exclut pas plus qu’elle n’ostraciserait les « intellectuels » ( au sens des lettrés ou des « évolués »).
Conformément au mythe de son rôle d’avant-gardiste expliqué plus haut, la presse se présente comme la partie de l’élite intellectuelle qui est la plus à même, ou la seule depuis un certain temps – celui de l’alternance de 2000 – de rendre intelligible la quotidienneté et la continuité politiques au Sénégal. Puisqu’elle est la « sentinelle » de cette démocratie conquise par son éclairage et sa volonté, elle s’autorise la censure et la chasse à l’homme contre les dissidents intellectuels et les innovateurs politiques.
Que doit-on comprendre d’autre du fait qu’un groupe quasiment inchangé d’intellectuels (sociologues, politologues, politiciens, chefs religieux, chroniqueurs) est en starring devant le seul et même public d’une chaine de télévision ou de radio à l’autre, d’un quotidien à l’autre ? Que dire d’autre de la tendance des journalistes à se réclamer des mêmes domaines expertises que ces intellectuels ou à s’y reconvertir sans se prémunir des pré-requis matériels et formels établis à cet effet ?
Et parce qu’elle se pose en leadership de l’intelligentsia et, par suite, en détenteur légitime et unique de la vérité ou de la vraisemblance politiques, la presse établit un monopole sur le débat, non pas tant pour et par elle seule, mais avec le concours d’un establishment d’intellectuels, de politiciens et d’entrepreneurs du prestige et de la fortune. Par ce mélange des « miliciens » de la parole publique avec des intellectuels qui « troquent leur carrure intellectuelle » contre une « fourrure politique », dirais-je, le débat est subtilisé et soustrait de l’espace public pour être reclus dans une cour (à la fois au sens de « tribunal » contre les dissidents et au sens de « couloirs » où se font courtiser politiciens, stars et entrepreneurs, et se font louer nobles et bourgeois, plus particulièrement les « néo-parvenus »).
Devant le silence des intellectuels « dégagés » et des analystes « désabusés », qui peut susciter et maintenir un niveau de rationalisation désintéressé et soutenu ? Comment cela pourrait-il facilement arriver si le contexte est celui où la foule résignée à subir s’affaire à amortir sur son échine éreintée les hausses inaltérables et démultipliées du coût de la vie ?
Cela nous pousse à penser qu’en lieu et place d’une « démission tacite des journalistes et des politiciens face à la médiocrité qui gangrène la société politique », on a affaire à une usurpation des velléités de révolution, à une distraction organisée et systématique des déterminations conjoncturelles du peuple, au mépris des projections et des subjectivations historiques qui en sont les soubassements. Et cela passe forcément par une décapitation de la tête pensante du peuple à travers le lynchage en règle des intellectuels engagés, à qui on en veut souvent à cause de leur érudition et leur probité inaltérable.
A chacun de leurs accès de colère pour réclamer du sang neuf et du concret, les masses sénégalaises ont toujours veillé à recycler des figures et des symboles de leur passé jadis glorieux : des mouvements hip-hop et Set-Setal des années 90 jusqu’au mouvement « Y en a marre » et les réseaux sociaux d’aujourd’hui, les figures de la décolonisation panafricaine ont été invoquées à côté des idéaux de la démocratie, de la justice sociale, du progrès. Allant jusqu’à accuser la classe politique et ses alliés historiques de manquer de patriotisme et de compassion, Wade par exemple a été comparé à des figures comme Lumumba et Mandela, ses œuvres contrastées avec celles de ces icones d’une mémoire de dignité recouvrée et d’une gouvernance exemplaire.
Esprit de cour et « clochardisation »de l’establishment partisan et journalistique
Une bonne partie de la presse s’est vue indifféremment dotée d’une puissance subite par un pouvoir wadiste soucieux de faire ses « nouveaux riches » pour mieux faire son appareillage de propagande et de désinformation au sein du peuple. En habile manipulateur, cette presse a su affectionner le « prétexte de la proximité du peuple », non pas pour « justifier [un quelconque] refus systématique de repêcher le débat des profondeurs de la médiocrité », mais pour cacher son incapacité à sacrifier son option pour la « logique de cour » à la demande révolutionnaire du peuple qui n’a jamais cessé d’être affirmée depuis plus d’une décennie.
Tel est selon nous ce que dissimule « le journalistiquement correct » dont parle Pape Sadio Thiam. Et pour ne pas faire accuser notre démonstration de légèreté opportuniste, nous convenons à un autre exercice périlleux, celui qui consiste en particulier à expliquer l’idée d’une usurpation « mafio-capitaliste » du tao politique sénégalais.
La clochardisation des métiers du débat et de la communication politiques
« La corruption a tellement gangrené cette corporation [journalistique] que n’importe quel quidam peut passer dans n’importe quelle émission ». En effet, on se donnerait un mal inutile, et aussi ridicule que l’intention qui le justifierait, à réfuter cette remarque si juste. Et c’est ce qui sera démontré dans les lignes qui suivent. En revanche, ce ne sera pas pour dédouaner les journalistes et leurs patrons-employeurs, y compris les politiciens et les consommateurs de prestige, en les faisant passer pour des victimes innocentes de la « tyrannie du marché » dont parle Pape Samba Thiam.
C’est en effet surprenant d’être victime d’un « marché » dont on a taillé soi-même les frontières pour ses propres coutures. Pour preuve, les radios et les télévisions, les portails en ligne et les journaux écrits n’ont cessé de pulluler dans le paysage médiatique au Sénégal. Mieux, ce marché est tellement juteux et compétitif à souhait que la bataille est souvent ardue, presque sauvage, pour se voler entre « boîtes de presse » les meilleurs accrocheurs de foules et les plus « reseautés » au sein des politiques, universitaires et hommes d’affaires.
Au lieu d’une victimisation qui se prêterait davantage à un angélisme ou une euphémisation suspects, je verrais dans la corruption du journalisme – en liaison avec la corruption du personnel politique – une conséquence de la clochardisation des métiers du débat politique et de la communication. Laquelle précarisation est inséparable de la question du « professionnalisme de la presse » qui, doit-on encore le rappeler, n’en est pas moins une exigence de la démocratie. Car si les transitions démocratiques et la démocratie comme modèle social font de la liberté d’expression et d’opinion une condition et un pilier à la fois, c’est pour affirmer la responsabilité sociale et politique des métiers du débat et de la communication, celui du journalisme en particulier.
Or, précisément, dans le débat que nous posons, il semble à mes yeux qu’il faut interroger l’incapacité de la presse à assumer ces libertés-là qu’elle aurait elle-même, dans sa prétention avant-gardiste, arraché aux contingences historiques. C’est autrement dit la question de la responsabilité sociale de notre presse et de notre classe politique qu’il s’agit de discuter. En effet, ces deux pôles ont tendance à insister sur les « droits » et les « libertés » plutôt que sur leurs conséquences et leurs implications dans le cadre général de la démocratisation de la société.
Le personnel politique entre « tradition » et « modernité » ?
Pour les hommes politiques, cette clochardisation est à relativiser, voir même à être désignée autrement. Il ne s’agit pas d’une précarisation financière, pas plus qu’une mise sous indigence salariale ou pécuniaire qui serait causée par la fin des prébendes et d’autres privilèges constituant les retombées du système de gratification qui caractérise le modèle « patrimoniale »5 de la démocratie sénégalaise. Pour preuve, la multiplication des partis politiques à une vitesse vertigineuse sous le régime de Wade a moins à voir avec les nécessités ou les processus réguliers du pluralisme.
Elle était plutôt organisée comme une réponse logique à un stimulus prébendier du clientélisme que Wade avait érigé en outil d’émiettement de l’opposition et d’élargissement de sa base clientélaire afin de construire et de s’assurer un contrôle plus efficient sur les mécanismes du jeu démocratique. Il en est de même de la presse ; la plupart des entreprises de presse qui sont nées sous le régime de Wade étaient des sortes de brigades au sein d’un Armageddon propagandiste à sa faveur et contre ses opposants et les forces contre-hégémoniques.
D’autres étaient destinées à enrichir ses clients qui, en échange, s’acquittaient bien de leur rôle de défense et de légitimation de son régime. Les rares entreprises de presse qui étaient apparues comme des produits de la consolidation démocratique et avaient tenu à s’en réclamer avaient été par la suite sevrées et brimées : on en a pour illustration, d’une part, les plaintes des entreprises par rapport à la distribution de l’aide à la presse et, de l’autre, les nombreux cas de brigandages contre des journalistes et des patrons de presse indociles.
Cette clochardisation des hommes politiques est moins d’ordre économique que psychologique et intellectuel. Elle concerne davantage le statut politique, la compétence politique et le prestige du personnel politique ou de la classe politique en général. Le système de Wade reposait sur la violence politique sous toutes ses formes connues : la violence verbale affectionne l’intoxication, la calomnie, l’insulte et la menace par des attaques ciblées ; la violence physique est confiée à des hommes de main responsabilisés au plus haut niveau du parti et de l’Etat ; la violence économique exercée contre d’honnêtes fortunés et des opposants, contre des maisons de presse pour s’accaparer de leurs biens ou leur fermer le robinet afin de les neutraliser à défaut d’obtenir leur soutien.
C’est dans ce contexte que, condamnés à survivre ou déterminés à résister, les victimes ont usé les uns et les autres des mêmes procédés ou cédé au « bolchévisme » du système. Il en a résulté un abaissement du niveau des débats voire le non-débat parfois, dans la mesure où la politique ne se fait plus pour ses buts ultimes (approfondissement des libertés, assainissement du jeu politique, renforcement de la démocratie par l’inclusion et la conscientisation des citoyens, etc.), mais précisément pour duper et divertir au lieu de convaincre.
On voit bien comment les postures politiques déterminées par ce système totalitaire cèdent souvent à la tentation de la soumission, de la rébellion ou de la résignation. La majeure partie du personnel politique éprouve du mal à sortir de ce cercle et à s’affranchir de cette culture politique de la survie. Il est vrai que cette manière de faire de la politique paraît plus commode pour ceux qui tiennent plus à assurer leur survie qu’à changer le système. Or le fait non moins paradigmatique que la politique est toujours érigée en métier au Sénégal conforte le personnel politique dans ses réflexes prédateurs et bellicistes.
La violence prend ainsi la place du débat dans les rapports sociaux afin de censurer les dissonances idéologiques et intellectuelles et les dissidences militantes ou associatives des partis, de la société civile et parfois des pays étrangers et des organisations internationales. Combien de fois le régime de Wade s’est indigné et a réagit sévèrement et avec violence contre des dénonciations et des actions venant de l’étranger ou de la société civile ?
La question demeure de savoir pourquoi la classe politique parait-elle incapable de sortir de cette logique que Pape Sadio Thiam semble qualifier de « traditionnel ». Encore que la « tradition » chez lui n’a pas été clairement nommée dans son analyse. Nous préférons y voir une inclinaison des hommes politiques à recourir à la distribution de prébendes et divers types de privilèges ainsi que du folklore populiste pour mobiliser leur base politique plutôt que d’user de l’éducation citoyenne et du débat d’idées. On ne peut donc s’étonner que cette classe politique, dont la grande majorité est toujours du côté du pouvoir par le système biaisé des coalitions politiques, préfère s’accommoder avec cette « tradition » pour vendre des projets politiques qui d’ailleurs existent rarement ou se ressemblent beaucoup trop pour pouvoir faire émerger un marché compétitif d’idées politiques.
Quelle serait donc la « modernité » que Pape Sadio Thiam sous-entend et semble appeler de ses vœux ? Serait-elle cette modernité politicienne que la classe politique sénégalaise a abandonnée à la société civile, refusant ainsi de la reconnaitre et de l’assumer ? Elle pourrait consister en ce vaste magma d’idées, d’actions et de procédés que la société civile, les syndicats, les corporations, le peuple en général, ont déclinées avec l’efficacité qu’on leur a connue à travers les « assises nationales »6, les marches de protestation, « les émeutes de la vie chère »7, les grèves, sans oublier les nombreux autres épisodes de résistance qui ont atteint leur paroxysme lors des évènements du 23 juin 2011.
Autrement dit, la probabilité et la preuve historique sont que la classe politique sénégalaise est tellement banale et monocolore du point de vue idéologique et culturel qu’elle aura moins à (se) changer elle-même qu’à subir le diktat révolutionnaire des grondements citoyens et des défis socio-économiques et internationaux de la population. Et cette perspective n’est pas sans favoriser les affairistes du débat politique. /.
Aboubakr Tandia
Chercheur, diplômé en science politique
Université Gaston Berger de Saint-Louis
L'AVEU DE FORFAITURE !
DP WORLD ACCEPTE DE VERSER 24 MILLIARDS FCFA AU SENEGAL
Dans le cadre de la traque des biens mal acquis, Dubai Port World revient très souvent dans le débat. La nature de la convention liant les anciennes autorités sénégalaises au concessionnaire, le mode de paiement du ticket d’entrée, les identités des actionnaires, tout ou presque est remis en question. Suffisant pour que le Sultan Ahmed Bin Sulayem, reçu par le chef de l’Etat Macky Sall, avoue les manquements en acceptant de revoir avec la partie sénégalaise les clauses du contrat, mais surtout en décidant de reverser 24 milliards FCfa au Trésor public. Comme quoi le tort est reconnu !
Le 8 octobre 2007, la Société nationale du port autonome de Dakar, représentée par son Directeur général de l’époque, Bara Sady, avait signé, en vertu d’une délibération du Conseil d’administration datée du 5 septembre 2007, une convention de concession en faveur de Dubaï Port World FZE représentée par Sultan Ahmed bin Sulayem. Les autorités compétentes de l’Etat du Sénégal avaient ainsi, dans le cadre de la politique des grands travaux de modernisation des infrastructures, confié le terminal à conteneurs, sous la forme d’une concession, à l’un des groupes mondiaux dans la gestion portuaire, doté d’une expertise technique et universelle dans le secteur. Au préalable, une consultation internationale avait été lancée par les autorités portuaires.
C’est à l’issue de cette consultation que Dp World Investment du groupe Dp World a été choisie en qualité d’adjudicataire. Le partenaire technique détient directement ou indirectement 75% du capital social de la société d’exploitation, pendant une période d’au moins 15 ans à compter de la date d’entrée en vigueur. Toutefois, il subsistait une véritable nébuleuse sur les identités des actionnaires : Des sources affirmaient « les 75% (actions) sont répartis de façon égale entre Dp World et de hauts responsables du régime sortant ». Ce qui, par conséquent, les fonde à affirmer que : « l’avènement de Dubaï port a plus contribué à enrichir des individus dans les sphères de l’Etat au moment des faits ».
Le concessionnaire, Dubaï Port World, selon les termes de l’accord signé avec le Sénégal, s’était engagé à s’acquitter d’une contrepartie financière de 54,6 milliards FCfa. Celle-ci est décomposée en deux tranches, dont une première en numéraires non remboursable de 30 milliards FCfa, payée une semaine après la date d’entrée en vigueur. Une deuxième tranche sous forme de participation du concédant (autorités portuaires) à hauteur de 10% au capital de la société d’exploitation, valorisée à 24,6 milliards FCfa. C’est là où résident toute la nébuleuse et la complexité, qui entourent le paiement du ticket d’entrée.
Car, l’enveloppe de 24,6 milliards FCfa, représentant la deuxième tranche, est tirée du capital de la société d’exploitation (Dp World investment FZE) appartenant à l’Etat du Sénégal (25% de parts) et à Dp World (75%). A y voir de plus près, on se rend compte que le montant de 54,6 milliards FCfa annoncé dans le contrat de concession ne reflète pas la réalité des faits. Car la vérité est qu’après avoir injecté 30 milliards FCfa dans un premier temps, l’entreprise a, comme qui dirait, repris avec la main gauche la quasi-totalité de ce qu’elle avait donné de la main droite, au moment de procéder au second versement.
La question des 75% souscrits par Dp World dans le capital et rétrocédés en bonne partie à des dignitaires de l’ancien régime, reste l’énigme à tirer au clair par les nouvelles autorités de ce pays. Si la moitié des 75% de parts appartiennent à Dp World, il reste à déterminer les encagoulés ayant profité de leurs positions de pouvoir, pour faire main basse sur une partie du bien public.
La convention de concession dont la Gazette a obtenu une copie rappelle que Dp World s’est engagée à réaliser l’aménagement, l’équipement, l’exploitation, la gestion et la maintenance, des terminaux à conteneurs (Tac) existant en zone nord du port de Dakar (Tac1, Tac2) et leurs dépendances, ainsi que le Tac3. Elle prévoit également la conception, le financement, la réalisation, l’exploitation et la maintenance du Port du futur. Ce dernier, à l’issue d’une consultation internationale, a été confié à l’entreprise Dp World Investment FZE, du groupe Dp World. Ces réalisations concernent le premier volet du projet dont la durée est de 25 ans.
Il en existe un second qui comprend l’édification de connexions routières et ferroviaires entièrement prises en charge par le concessionnaire. Ce volet, à l’image du premier, s’étale lui aussi sur une période de 25 ans à compter de la date de mise en service du Port du futur, tel qu’arrêtée d’un commun accord par les différentes parties. Le Port du futur dont la mise en service, selon la convention de concession, devait intervenir en 2012, n’a toujours pas vu le jour. Le port de Dakar, en dépit du tapage effectué par les autorités sortantes, reste encore sur les starting-blocks. D’où l’inspiration des nouvelles autorités qui comptent revoir la convention en la faisant accompagner d’une transparence totale.
L’outil ultra moderne que représente la Port du Futur devait, d’après la convention de concession, contenir un quai d’au moins 1250 m, fondé à -15,5m, un terre-plein de 42 hectares environ, une jetée de direction Est-Ouest de 1300m environ, un chenal d’accès et un cercle d’évitage dragué à la côte de -15,5m. Autant de réalisations devant favoriser un envol définitif pour Dp World.
Le concessionnaire, dans le cadre de son contrat, s’était aussi engagé à réaliser les investissements prévus dans son offre chiffrée globalement à 296,6 milliards FCfa hors taxes. De façon détaillée, il s’agit d’un programme ferme pour un montant de 49,8 milliards FCfa, d’un programme complémentaire évalué à 26,9 milliards FCfa et d’un programme conditionnel d’une valeur de 219 milliards FCfa. Il est à préciser que le programme ferme et celui complémentaire concernent le premier volet du projet, tandis que le programme conditionnel est lié au second volet.
Le programme ferme qui, d’après le contrat, devait être réalisé dans les cinq premières années suivant l’entrée en vigueur, comprend l’exécution des travaux de voirie et de réseaux divers du troisième poste à quai, portant notamment sur le revêtement en chaussée lourde, la pose et la fourniture des réseaux d’électricité, d’adduction d’eau, d’assainissement… Quant au programme complémentaire, comme son nom l’indique, il engage le concessionnaire à réaliser des investissements complémentaires sur les 20 années suivant l’expiration du programme ferme, notamment en ce qui concerne la consistance des investissements et les délais de réalisation.
Au chapitre des redevances, le contrat liant l’Etat du Sénégal à Dubaï Port World stipule une par- tie fixe et une partie variable. Des aspects que le Sultan Bin Sulayem a accepté de remettre sur la table, pour qu’ils soient renégociés avec le nou- veau pouvoir.
A l’occasion de votre quatre-vingtième anniversaire ce 08/06/2013), je sens un devoir, ne serait-ce par preuve de recevabilité, de dresser ces quelques mots, pour témoigner ce que je crois connaître sur votre vie légendaire et votre carrière professionnelle plus que spectaculaire.
Pour avoir été, par la grâce de Dieu, dans votre environnement riche en enseignements, je vais tenter de livrer à vos amis, proches et admirateurs, mais surtout à la nouvelle génération, avide de repères et de modèles sûrs, le secret de votre réussite et de vos succès plus qu’étincelants.
S’il m’était demandé de résumer votre vie, je dirais que vous êtes un homme de conviction, mais aussi un héros dans l’action. Car votre éminente foi en Dieu, votre goût du labeur, votre amour de l’effort et surtout votre esprit de challenger, peuvent être considérés comme les piliers sur lesquels repose le secret de votre gloire dans des domaines multiples et variés.
Aujourd’hui, vous venez de fêter votre quatre-vingtième anniversaire, puisse Dieu multiplier davantage vos nobles années d’initiatives et d’actions salvatrices. Quatre-vingts ans d’expériences, mais jalonnés de réalisations et d’œuvres de bienfaisance.
Grand Lamine, parler de vous n’est pas facile, parce que je me sens un peu gêné, un peu insuffisant de ne pas savoir par où commencer. Ma conscience me conseille de commencer au début, pour ne pas oublier quelque chose de votre parcours, qui pourrait aider la postérité à réussir les ambitions et à avoir votre notoriété. C’est aujourd’hui le rêve de beaucoup de jeunes et d’adultes amoureux du sport et de succès éclatants.
Parler de vous m’a permis de comprendre et d’admettre cette célèbre pensée de Corneille : « Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années ». De l’école primaire Faidherbe, à l’Université de Paris, en passant par le lycée Delafosse et Van Vollenhoven, vos résultats sont plus qu’élogieux. Et naturellement, votre vie professionnelle est teintée de la bonne marque et du juste aloi.
Major de votre promotion, vous êtes devenu après un jeune et éminent Inspecteur des impôts. Vous avez aussi embrassé des fonctions politiques de haute facture en exerçant le rôle de député, de maire de Dakar et même de ministre de la Jeunesse et des Sports.
D’ailleurs, sur ce plan, votre nom est lié à jamais au monde du sport. Étudiant en France déjà, vous avez été champion du saut en longueur, ensuite entraîneur de foyer-France Sénégal, puis entraîneur de l’équipe nationale, à côté de Mawade Wade.
Votre détermination et votre abnégation dans ce domaine vous ont valu tous les titres et privilèges dans ce beau monde qui vous fascine et qui, aujourd’hui, passionne tous les jeunes sénégalais, grâce à votre engagement.
Tout le monde est unanime sur le fait que vous êtes un leader mondial polyvalent et un modèle dont le rôle témoigne de son altruisme, sa rigueur, sa rectitude morale, sa loyauté, son patriotisme et son respect des autres - toutes les valeurs que la jeune génération devrait imiter pour être de véritables agents de changement et de développement.
Vous êtes un modèle d’excellence et un champion sportif admiré et adulé par tout le monde. Vos réflexions et vos orientations sont suivies et reprises partout dans le monde. Tout récemment, devant un parterre d’intellectuels et d’amateurs du football, des admirateurs se rappelaient de vos conseils : « Le sport n’est pas seulement limité à la performance, mais surtout à des valeurs ».
Et d’autres également de compléter : « Si nous laissons les perturbations environnementales à l’échelle globale continuer, il n’y aurait aucune place pour les êtres humains d’effectuer les actions les plus basiques comme ’courir’, ’sauter’ et ’lancer’ qui sont au cœur de l’athlétisme ».
Les mots simplicité, humilité, efficacité, effacement n’ont véritablement de valeurs que lorsqu’ils permettent de définir la trajectoire vertigineuse de votre personnalité.
A travers vos oeuvres de beauté, vos nobles qualités, nous pouvons dire que vous êtes un modèle raffiné de réussite, de gloire, de succès par la nouvelle génération.
Je rends aussi hommage à ma grande sœur Bintou Tondut Diack, je ne saurais oublie, Capitaine Diack, Commandant Diack, Khalil Diack, feu Moussa Rafa Diack et leur maman qui n’a jamais cessé de me soutenir moralement et financièrement.
Grand Lamine que la bénédiction de Dieu, maître du temps et l’univers repose sur vous et sur votre famille
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MANDELA, "TERRORISTE" HIER, PÈRE DE LA NATION AUJOURD'HUI
JOHANNESBURG, (AFP) - Célébré comme le père de la nation sud-africaine, réconciliateur des différents groupes déchirés par l'apartheid, Nelson Mandela a pourtant été au début de sa vie politique un nationaliste africain qui ne voulait plus de Blancs dans le pays, avant de se lancer dans la lutte armée.
Arrivé à Johannesburg en 1941, le jeune Mandela alors âgé de 22 ans a été confronté à une ségrégation dont il avait peu souffert auparavant lorsqu'il vivait dans sa région natale du Transkei (sud-est).
Sa culture politique naissante en fait un "nationaliste africain", selon ses propres termes: bien qu'imprégné de culture européenne, il aurait volontiers rejeté à la mer les colonisateurs blancs.
Il ne voulait pas de représentant des autres minorités dans le Congrès national africain (ANC), le mouvement alors exclusivement noir qu'il rejoint à cette époque. Pas plus qu'il ne voulait entendre parler d'une quelconque entente avec les communistes, eux aussi en pointe dans la lutte contre les discriminations raciales.
Verne Harris, responsable du programme de mémoire de la Fondation Mandela, voit trois ruptures dans l'évolution politique du grand homme.
"La première remonte au début des années 1950, quand il est passé d'une position africaniste, où les Blancs n'auraient aucun rôle à jouer dans la lutte de libération, à une approche multiraciale. Cela est venu des expériences difficiles des actions de protestation du début des années 1950" qui visaient à s'opposer à la systématisation de la ségrégation après la mise en place de l'apartheid en 1948, explique-t-il.
L'ANC s'est alors entendue avec des opposants venus d'autres milieux, y compris les communistes qui ont commencé à imprégner ses idées. Tous ont adopté en 1955 la Charte de la liberté, un texte offrant un avenir à tous les peuples d'Afrique du Sud dont Mandela était très fier.
Mais le combat pacifique pour ces idéaux n'a pas résisté à la répression du régime de l'apartheid. L'ANC a été interdite en 1960, tandis que Nelson Mandela, arrêté à plusieurs reprises, passait dans la clandestinité.
C'est alors qu'il a lancé la lutte armée, seule capable selon lui de pouvoir faire fléchir le pouvoir blanc. C'est, selon Verne Harris, la seconde rupture dans son parcours politique.
"Pendant cinquante ans, l'ANC avait considéré la non-violence comme un principe central. Désormais, l'ANC serait une organisation d'un genre différent. Nous nous engagions dans une voie nouvelle et plus dangereuse, la voie de la violence organisée", a écrit dans ses mémoires Mandela, qui prendra la tête d'Umkhonto weSizwe (MK), la branche armée de l'organisation.
sur la liste américaine des "terroristes" jusqu'en 2008
Cette rupture est justement venue au moment où le président de l'ANC Albert Luthuli, recevait le prix Nobel de la paix pour son combat pacifique contre l'apartheid. "L'ironie de l'histoire, c'est que Mandela a reçu le prix Nobel de la paix quand la lutte armée a cessé", sourit Verne Harris.
Dans un contexte de guerre froide où l'Afrique du Sud se présentait comme un bastion occidental contre le "péril rouge", Nelson Mandela est donc devenu "terroriste", une mutation revendiquée, mais aussi une image négative que les autorités de Pretoria se sont employées à lui coller à la peau. Son nom restera d'ailleurs sur la liste des terroristes aux Etats-Unis jusqu'en... 2008.
Après son arrestation en 1962, Mandela a répété pendant son procès que le recours au terrorisme n'était qu'une réponse à la violence du régime de l'apartheid.
Et de prononcer une plaidoirie en forme de profession de foi, annonçant le futur réconciliateur de la nation sud-africaine: "J'ai lutté contre la domination blanche et j'ai lutté contre la domination noire. Mon idéal le plus cher a été celui d'une société libre et démocratique dans laquelle tous vivraient en harmonie avec des chances égales."
Mandela a passé ensuite passé vingt-sept années en prison. Il y a beaucoup lu des ouvrages en afrikaans (la langue de l'apartheid), pour mieux comprendre ses ennemis d'abord, et finalement arriver à les apprécier et à pardonner.
Alors qu'il devenait dans le monde entier un symbole de l'oppression de l'apartheid et que les sanctions commençaient à gêner le régime, Nelson Mandela a pris en 1986 l'initiative d'entamer des négociations secrètes avec ses geôliers.
"Je n'étais pas disposé à abandonner la violence sur le champ, mais je leur ai affirmé que la violence ne pourrait jamais être la solution définitive à la situation en Afrique du Sud", a-t-il écrit dans ses mémoires.
Libéré en 1990, il a alors connu sa troisième rupture, selon Verne Harris de la Fondation Mandela: "Les cadres et références marxistes ou socialistes profonds dans sa pensée ont alors étés abandonnés, et une nouvelle sorte de cadre presque libéral a émergé."
Le mur de Berlin venait de tomber, et Mandela était du coup beaucoup plus présentable pour les Blancs qui allaient bientôt lui céder le pouvoir.
Son élégance naturelle et son sens de l'intérêt de l'Etat ont fait le reste, et Nelson Mandela est assez logiquement devenu le père de la nation, séduisant des adversaires d'hier qu'il s'est bien gardés d'humilier.
La 7e édition du Festival théâtre pour la paix (Fest’art) a tiré ses rideaux depuis mardi dernier 11 juin. Un festival initié par le jeune comédien Macodou Mbengue et qui en est à sa septième édition. Si toutes les précédentes ont été de grands succès, celle de cette année a été particulièrement réussie. Ce qui est un exploit dans un pays où les initiatives privées ne sont ni encouragées, ni soutenues. Surtout dans le domaine culturel… Animé par sa seule conviction culturelle, le membre fondateur de la troupe privée les Gueules Tapées, Macodou Mbengue, a réussi à donner à notre pays le seul festival de théâtre d’envergure internationale et porté par des nationaux.
Et au regard du programme de cette 7e édition du Fest’art, cela saute aux yeux que le quatrième art sénégalais est en crise, malgré ce qui pourrait être considéré comme « l’embellie » des troupes du théâtre populaire. En effet, pour cette édition, une seule compagnie privée sénégalaise a été retenue dans la programmation en présence de celle du théâtre Daniel Sorano. Et si on en est arrivé à ce niveau déplorable, c’est justement faute de créativité. En d’autres termes, les compagnies n’ont rien de nouveau à présenter à cause de l’absence d’une écriture scénique majeure. Un épineux problème auquel le théâtre sénégalais se trouve confronté depuis quelques années avec un déficit criard d’écrivains doués pour l’écriture dramatique.
Outre ces difficultés, le Fest’art souffre d’un manque de soutien des autorités et des sponsors. Et pour cause, ces derniers sont beaucoup plus présents dans des futilités que dans le soutien à la créativité intellectuelle. En dépit de ces obstacles, force est cependant de reconnaître qu’à l’heure actuelle, notre pays aurait dû jouer, depuis la première alternance, les rôles majeurs au niveau continental en matière de quatrième art. En effet, aux premières années de l’alternance, revenue du Togo où elle avait décroché les trophées de la meilleure compagnie et du meilleur comédien, la compagnie les Gueules Tapées avait obtenu un accueil euphorique des autorités.
Elle avait même — honneur suprême — été reçue en audience par le chef de l’Etat d’alors, Me Abdoulaye Wade, qui s’était engagé à faire revivre le quatrième art sénégalais. Un secteur qu’il a certes doté d’une infrastructure d’envergure mondiale avec le Grand Théâtre, mais hélas, sans aucun moyen pour les compagnies privées appelées à faire vivre cette grande structure avec des créations majeures. Malheureusement, beaucoup de ces compagnies ont presque disparu des planches pendant que les rares comédiens qui tenaient à survivre ont dû quitter le pays pour d’autres cieux où certains exercent des activités éloignées de leurs premières amours.
Parmi les rares qui résistent, il y a justement les Gueules Tapées avec d’autres jeunes qui ont pour passion le théâtre. Et c’est aberrant de voir le seul festival où ces jeunes peuvent montrer leur talent demeurer sans aucun soutien conséquent des autorités. Un festival qui est aussi boudé par les sponsors. Lesquels préfèrent courir derrière la lutte… A preuve, l’initiateur du Fest’art peinait à boucler son budget à 24h de l’ouverture de cette manifestation. A l’arrivée, il s’est retrouvé avec des dettes à payer. Par amour du théâtre…
Le ministre de la Culture a là une belle carte à jouer en soutenant ce festival pour en faire une manifestation d’envergure au même titre que la biennale de l’art contemporain de Dakar. M. Abdou Aziz Mbaye gagnerait également à doter les troupes privées, qui excellent dans la création, de subventions conséquentes. Il s’agira aussi d’encourager des vocations dans l’écriture scénique en mettant en jeu, par exemple, un prix fortement doté, à l’instar des Grands prix du président de la République pour les Arts et Lettres. Le Sénégal recèle d’excellents comédiens formés à bonne école, lesquels pourraient jouer les premiers rôles au niveau international. Il est seulement dommage qu’avec des ressources humaines d’une telle qualité, notre théâtre végète autant dans la misère…
TEHERAN - Le religieux modéré Hassan Rohani a remporté l'élection présidentielle iranienne, mettant un terme à huit années de pouvoir exécutif conservateur. Il succède à Mahmoud Ahmadinejad dont la réélection contestée en 2009 avait donné lieu à des manifestations de masse violemment réprimées. M. Rohani, soutenu par les camps modéré et réformateur, a obtenu 18,6 millions de voix (50,68%) au premier tour du scrutin disputé vendredi face à cinq candidats conservateurs. Il devance très largement le maire conservateur de Téhéran Mohammad Bagher Ghalibaf (6,07 millions de voix) et le chef des négociateurs nucléaires Saïd Jalili (3,17 millions), qui était soutenu par l'aile dure du régime. Le taux de participation a été de 72,7%.
WASHINGTON - Les Etats-Unis ont déclaré samedi qu'ils "restaient prêts à collaborer directement" avec Téhéran sur la question du programme nucléaire iranien après la victoire du modéré Hassan Rohani à la tête du pays.
NEW YORK - Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a "félicité chaleureusement" le nouveau président iranien Hassan Rohani et "continuera d'encourager l'Iran à jouer un rôle constructif dans les affaires régionales et internationales".
JÉRUSALEM - Israël a minimisé samedi le rôle du nouveau président iranien, Hassan Rohani, considéré comme un modéré, soulignant que c'est le Guide suprême Ali Khameini qui décide de la politique nucléaire iranienne.
ISTANBUL - La police turque a évacué samedi par la force le dernier carré des manifestants qui occupaient le parc Gezi d'Istanbul, le bastion de la fronde antigouvernementale qui agite la Turquie depuis deux semaines, après un nouvel ultimatum du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan. Peu avant 21h00 locales (18h00 GMT), les forces de l'ordre sont intervenues avec des canons à eau pour disperser des centaines de personnes qui s'étaient réunies sur la place Taksim, puis sont entrées dans le parc, qu'elles ont vidé de tous ses milliers d'occupants par des jets de grenades lacrymogènes. Plusieurs personnes ont été interpellées et il y a eu des blessés.
BEYROUTH - L'aviation et l'artillerie du régime syrien bombardaient samedi des poches rebelles à Damas et dans ses environs, où les insurgés maintiennent leurs positions malgré les raids quotidiens.
ANKARA - Plus de 70 officiers, dont six généraux et 22 colonels, ont déserté les rangs de l'armée fidèle au président syrien Bachar al-Assad au cours des dernières 36 heures pour rejoindre la Turquie voisine. Cette vague de défection, d'une ampleur inédite depuis plusieurs mois, intervient après la décision jeudi des Etats-Unis de livrer une "aide militaire", dont la forme n'a pas encore été précisée, aux rebelles syriens.
WASHINGTON - Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a pour la première fois prévenu samedi qu'une éventuelle solution politique au conflit en Syrie risquait d'être compromise par l'utilisation avérée d'armes chimiques par le régime de Damas.
LE CAIRE - Le président égyptien Mohamed Morsi a annoncé samedi soir avoir coupé "définitivement" les relations avec le régime en place en Syrie, déchirée par une guerre civile meurtrière.
HONG KONG - Des centaines de personnes ont manifesté samedi à Hong Kong pour que les autorités n'extradent pas l'ex-espion américain Edward Snowden, qui a révélé récemment l'existence de programmes de surveillance massive et mondiale des communications téléphoniques et sur internet par les Etats-Unis.
QUETTA (Pakistan) - Au moins vingt-cinq personnes ont été tuées et une quarantaine blessées samedi dans deux attentats à la bombe suivis de combats à Quetta, une région du sud-ouest du Pakistan régulièrement ensanglantée par les violences politiques et sectaires.
BENGHAZI (Libye) - Au moins trois membres des forces spéciales libyennes ont été tués samedi, dans des affrontements avec un groupe armé qui s'attaquait à des installations de la police et de l'armée à Benghazi, dans l'est du pays.
DOHA - L'émir du Qatar, cheikh Hamad ben Khalifa Al-Thani, se prépare à transférer le pouvoir à son fils dans ce richissime Etat gazier qui joue un rôle diplomatique primordial sur la scène arabe.
BOGOTA - Deux touristes espagnols, qui avaient été enlevés le 17 mai dans la province de la Guajira, dans le nord de la Colombie, ont été libérés samedi sains et saufs lors d'une opération menée par une unité spéciale de la police.
CITÉ DU VATICAN - Le pape François a invité samedi les parlementaires français à ne pas hésiter à "abroger" les lois si nécessaire, pour leur "apporter l'indispensable qualité qui élève et anoblit la personne humaine".
ROME - Des dizaines de milliers de personnes ont participé samedi à la Gay Pride dans le centre historique de Rome pour réclamer bruyamment que l'Italie emboîte le pas à la France pour légaliser le mariage homosexuel. VARSOVIE - Quelques milliers de personnes ont manifesté samedi à Varsovie dans une "Parade d'égalité" annuelle pour réclamer notamment une loi sur le mariage homosexuel et des unions civiles dans ce pays conservateur, dont 95% des habitants se déclarent catholiques.
ZAGREB - Plusieurs milliers de personnes ont participé samedi à une Gay Pride à Zagreb pour réclamer l'autorisation du mariage homosexuel, au lendemain de la remise au Parlement par des conservateurs catholiques d'une pétition réclamant l'organisation d'un référendum sur ce sujet en Croatie, pays appelé à intégrer l'UE le 1er juillet.
Deux jeunes femmes ont rejoint le plateau du JT rappé dans l'épisode 8 diffusé ce vendredi 15 juin 2013. Il s'agit de l'artiste comorienne IMANY (Nadia Mladjao) qui introduit Xuman pour le français et QUEEN BIZ (Coumba Diallo) qui donne le top à Keyti pour le journal en wolof.
Au menu la traque des biens mal acquis avec les 3 milliards et demi que Mme le ministre de la Justice, Aminata Touré dit avoir recouvré, il a quelques semaines pour les mettre à la disposition de son collègue du Budget.
"Bavo Mimi, merci Mimi"!, s'exclame Xuman à maintes reprises en tournant en dérision ce que les «traqueurs de biens mal acquis» eux peuvent considérer comme une prouesse. L'ex-première dame a fait aussi parler d'elle dans cette édition avec la réclamation des clés de l'hopital de Kédougou.
A la page internationale, ‘’les journalistes’’ rappeurs se sont intéressés à la crise politique en Guinée avec son lot de meurtres «Un Guinéen tue les Guinéens», affichent les présentateurs du JT rappé en titre, en référence au président Alpha Condé et ses compatriotes, victimes de répressions violentes qui font parfois des morts.
AUDIO
REVUE DE L'ACTUALITÉ DE LA SEMAINE EN WOLOF AVEC PAPE NDAO