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13 mai 2024
EDMOND SANKA L’A FAIT !
La liste des Sénégalais qualifiés pour les Jeux Olympiques de 2024 s’allonge avec Edmond Sanka, qui a décroché hier son ticket pour Paris, informe un communiqué de la Fédération.
La liste des Sénégalais qualifiés pour les Jeux Olympiques de 2024 s’allonge avec Edmond Sanka, qui a décroché hier son ticket pour Paris, informe un communiqué de la Fédération.
A la suite de la participation de l’Equipe nationale du Sénégal de canoë sprint et para canoë, du 7 au 12 mai 2024, en Hongrie, Edmond Sanka a terminé 4ème en finale, devant l’Espagne, le Brésil et l’Autriche. Le communiqué de préciser que «les compétitions vont se poursuivre jusqu’au 27 mai 2024 à Poznan, en Pologne, pour la Coupe du monde Icf canoé sprint II 2024».
Faut noter que cette qualification de Edmond Sanka n’est pas une surprise. Car ce dernier avait déjà un pied à Paris pour avoir hissé le Sénégal au sommet du canoé-kayak en décrochant, en novembre dernier, la médaille d’Or aux 9èmes Championnats d’Afrique de canoë sprint et para canoë qui s’étaient déroulés au Lac Jabi, à Abuja, au Nigeria.
En attendant de débarquer à Paris en juillet prochain, Sanka peut sereinement préparer les Mondiaux de Pologne.
SEPARATION A L’AMIABLE ENTRE NGALLA SYLLA ET LA FEDE MAROCAINE
L’ex-coach des Lions de Beach Soccer est rentré à Dakar
La décision de la Fédération marocaine de changer de sélectionneur de beach soccer a du mal à passer pour Ngalla Sylla, qui a décidé de rentrer au Sénégal. Mais l’ex-sélectionneur des Lions pourrait ne pas trop durer hors du banc. En effet, sollicité par certains pays, il pourrait vite repartir vers d’autres conquêtes.
L’idylle entre la Fédération marocaine et Ngalla Sylla n’aura finalement pas duré longtemps. Nommé sur le banc des Lions de l’Atlas de beach soccer en avril 2022, l’ancien sélectionneur de l’Equipe nationale a finalement décidé d’une séparation à l’amiable. Le Quotidien a en effet appris que le technicien sénégalais, qui avait signé un contrat jusqu’en 2025, n’a pas apprécié la démarche des dirigeants marocains, qui ont décidé de le remplacer par un Brésilien.
Une décision d’autant plus surprenante que le meilleur entraîneur d’Afrique a, en si peu de temps, donné une nouvelle dimension au beach soccer marocain en remportant déjà trois trophées. Celui des Jeux africains de la plage de juin 2023, en battant en finale… le Sénégal. Ensuite la Coupe Cosafa en mars dernier et récemment la Coupe internationale du Salvador. Un premier bilan largement positif pour une première expérience au Royaume chérifien et qui avait de quoi rassurer en vue surtout de la préparation de la Can 2024 de beach soccer que l’Egypte devrait accueillir en fin d’année.
Mais le président de la Fédération, Fouzi Lekjaa, qui semble très pressé à l’idée de faire du beach soccer ce que le futsal marocain est devenu aujourd’hui, en Afrique et au niveau mondial, en a décidé autrement, en se tournant vers l’expertise brésilienne. Comme écrit dans le communiqué du 4 mai dernier. «Le coach Gilberto Da Costa de Souza, vainqueur de la Coupe du monde avec le Brésil en 2017, a été nommé nouvel entraîneur de la sélection marocaine de beach soccer.» Et le document de préciser : «Le coach Oumar Sylla dirigera, de son côté, les sélections des jeunes catégories.»
La démarche inélégante de la Fédé marocaine
Surpris par une telle décision inélégante, car tombée avec surprise et sans concertation, Ngalla Sylla a vite fait de se déterminer en rejetant tout de go la proposition de gérer les jeunes catégories, qui était loin de l’emballer pour quelqu’un qui a l’ambition de continuer à faire valoir son expertise aux niveaux continental et mondial. C’est ainsi qu’il a finalement décidé de partir, moyennant des indemnités touchées, du fait d’une séparation considérée comme une «rupture unilatérale» d’un contrat qui devait prendre fin en 2025.
De retour à Dakar la semaine dernière, le technicien sénégalais est désormais libre. Evidemment, ce dernier rentre au bercail au moment où les Lions du foot de plage n’ont toujours pas de sélectionneur. D’où des questionnements par rapport à l’avenir de Ngalla Sylla, après que son élan a été brisé en terre marocaine (voir notre édition du week-end).
Mais aux dernières nouvelles, l’ex-sélectionneur des Lions pourrait ne pas trop durer loin du banc. En effet, sollicité par certains pays, il pourrait vite repartir vers d’autres conquêtes.
LES HEMODIALYSES APPELLENT AU SECOURS LE MINISTRE DE LA SANTE
L’Association des hémodialysés de Touba est en détresse. La liste d’attente des personnes atteintes d’insuffisance rénale est aussi longue que le temps de patience est éprouvant. Pourquoi ?
L’Association des hémodialysés de Touba est en détresse. La liste d’attente des personnes atteintes d’insuffisance rénale est aussi longue que le temps de patience est éprouvant. Pourquoi ? «Parce qu’on prend en charge à peine 38 à 40 personnes. A cause de cette situation, beaucoup de malades sont décédés. L’Etat doit davantage mettre les moyens sur les centres existants, au lieu d’en ouvrir d’autres de gauche à droite sans ressources humaines et matériels. Je tends la main aux nouvelles autorités, notamment le ministre de la Santé et l’action sociale, Ibrahima Sy, qui est venu ici. Il faut qu’il s’investisse davantage dans ce secteur qui est vital.
La dialyse est très coûteuse et très éprouvante pour les familles des personnes touchées», note le représentant de l’Association sénégalaise des hémodialysés et insuffisants rénaux (Ashir) à Touba, Moustapha Diakhaté. Or, l’Ashir de Touba s’est donné les moyens pour soulager les malades qui doivent bénéficier de la dialyse. Elle a construit un centre grâce au soutien du Khalife général de Touba et aussi du patron de Carrefour médical. «Ici, il y avait un centre avec 7 machines. Nous avions cherché un terrain à côté de l’hôpital Matlaboul Fawzeyni. Nous avions obtenu le Ndiguel du khalife, qui a mis son argent dans ce centre pour nous soutenir. Il y a aussi Saliou Mboup, responsable Carrefour Médical, qui nous a appuyés pour achever l’équipement du centre. A la fin, on a transféré le centre de traitement aux autorités avec 32 générateurs», assure-t-il. Mais, cela n’a pas suffi pour soulager les malades. «Mais s’il y avait un peu de rigueur et un personnel qualifié suffisant, on aurait pu faire deux ou trois séances pour 200 personnes. On a construit ce centre pour appuyer les gens qui attendaient de nous cet investissement. Nous avons installé 32 générateurs. On n’a même pas reçu les remerciements des autorités, mais on attend la bénédiction divine et les prières du Khalife général des Mourides», poursuit Moustapha Diakhaté.
Aujourd’hui, il faut s’investir davantage dans la prise en charge de cette maladie, qui fait des ravages et ruine aussi les familles à cause de son coût. «C’est une maladie très sérieuse et on ne doit pas la politiser. Dans le privé, il faut 65 mille et le malade doit faire trois séances par semaine. Il faut se mettre à la place des malades pour comprendre leur détresse. Il faut faire un inventaire des centres qui marchent et les appuyer, et remettre à niveau les autres qui ne sont pas performants. Celui que nous avons bâti à Touba fait 1400 m2. C’est le plus grand en Afrique de l’Ouest. Il faut que les autorités écoutent les doléances des populations», affirme le représentant de l’Ashir à Touba.
Par Madiambal DIAGNE
LE CRASH D’UN VOL D’AIR SENEGAL, LA RANÇON DE NOTRE LAXISME
La compagnie Air Sénégal a pris le pli de louer des avions d’un autre âge et dont les conditions de contrôle et d’entretien techniques peuvent laisser à désirer ou lui ont échappé
Le grave accident survenu à l’aéroport Blaise Diagne de Diass, dans la nuit du 8 au 9 mai 2024, a fait de nombreux blessés et des dégâts matériels importants. Le bilan est lourd mais il s’avère quelque peu anodin, vu l’ampleur de la catastrophe qu’aurait pu provoquer un tel crash dans des circonstances d’un vol en haute altitude. Il y a lieu cependant de relever que cet incident, qualifié de minicrash dans le jargon des professionnels des transports aériens, n’en est pas moins un cas sérieux ; d’autant qu’il ne constitue guère une surprise pour les techniciens et de nombreux passagers.
On n’a jamais appris du naufrage du bateau «Le Joola»
Sur la plateforme de l’aéroport Blaise Diagne, tout le monde savait que le laxisme, qui est la règle dans toutes les opérations, ne pouvait pas manquer de provoquer un drame. Plus d’une fois, nous nous sommes fait l’écho de cette situation à travers ces colonnes et malheureusement, les responsables ne voulaient pas voir la réalité des choses et prenaient toute alerte comme un procès d’intention contre Monsieur X ou Madame Y. On a toujours récolté une bordée d’insultes. Le 20 novembre 2023, j’indiquais notamment : «Je m’étais résigné à cesser d’évoquer les misères et tribulations des passagers au niveau de l’Aéroport international Blaise Diagne de Diass (Aibd). J’ai baissé les bras, comprenant en fin de compte qu’il ne servait à rien de tirer la sonnette d’alarme, d’attirer l’attention, notamment celle des hautes autorités de l’Etat, sur les méfaits d’une exploitation laxiste à bien des égards et qui finira fatalement par dégrader la qualité de ce bijou qui a occasionné de très gros investissements au Sénégal. Les alertes ont toujours été prises avec une certaine désinvolture et les autorités et autres pontes ne semblent rien faire pour améliorer la situation ; encore que les responsables de l’aéroport prennent l’habitude, depuis toujours, de botter en touche, trouvant, derrière chaque dénonciation, on ne sait quel complot, cabale ou lugubre agenda. Seulement, le fait de fustiger les mauvaises pratiques qui ont libre cours, a fini par rendre difficiles quelques-uns de mes passages dans cet aéroport.»
Franchement, pour une fois, que personne ne verse dans le fatalisme ! C’est triste mais ce crash est la rançon du laxisme. Des esprits malins vont une fois de plus essayer de relier ce crash à l’incendie de l’usine de Patisen ou à un autre incident du genre pour invoquer des mains immanentes ou on ne sait quels mauvais esprits !
La compagnie Air Sénégal a pris le pli de louer des avions d’un autre âge et dont les conditions de contrôle et d’entretien techniques peuvent laisser à désirer ou lui ont échappé. On ne le dira jamais assez, la compagnie nationale devait être plus regardante sur l’état des appareils transportant des passagers et ainsi, n’aurait-elle jamais dû recourir à cet aéronef de Transair. Nul n’a non plus tenu compte de l’expérience ou de la qualité de l’équipage ou du passif de l’avion ou même du passif de Transair. On a encore en souvenir l’incident, le 17 décembre 2019, d’un avion de Transair dont un moteur avait pris feu au départ de Ziguinchor. L’incident a été minimisé. Transair laissait le soin à son chef d’escale à Ziguinchor de dire aux médias, ces quelques mots qui témoignent d’une désinvolture sidérante : «C’est juste que le pilote a mal démarré le moteur. Mais, dès qu’il s’en est aperçu, il a immédiatement coupé le moteur. Par mesure de prudence, les passagers ont été débarqués. Nous avons procédé à un contrôle. Mais vu que l’appareil a été mal démarré, il y a eu un problème au moteur. Ce n’est qu’un petit incident. Finalement, nous avons préféré faire venir des mécaniciens. Aussi, un autre appareil a été affrété pour acheminer les passagers vers Dakar.» On n’a pas connaissance de conclusions d’une enquête sérieuse sur cet incident et la compagnie a continué à faire voler le même avion.
L’accident d’avion de cette semaine est le fait d’un appareil de l’âge de ses pilotes, acquis auprès de la compagnie nationale roumaine Tarom, pour une bouchée de pain, d’autant qu’il ne pouvait plus voler dans le ciel européen pour cause de non-satisfaction aux normes sécuritaires. Son état était déplorable. Encore une fois, nous recyclons tous les rebuts d’Europe, avec des «venant de France» ou des «France au revoir» tels réfrigérateurs, véhicules, machines de toutes sortes et d’objets ou de vieux matériels hors service et comble, jusqu’aux avions, sans aucun égard pour la vie des passagers. L’hécatombe sur nos routes du fait de bus et autres véhicules dont la circulation est refusée en Europe, est déjà fort éloquente. N’a-t-on pas vu le véhicule du Président Macky Sall prendre feu en juillet 2019, à Nguéniène, au moment des obsèques du regretté Ousmane Tanor Dieng ? La rumeur avait voulu que la voiture avait été achetée en seconde main, mais on saura qu’elle avait été acquise neuve, même si elle avait fait l’objet d’une transformation par un opérateur belge. Le diagnostic et le rapport d’audit avaient révélé qu’une des plaques de la carrosserie a été surchauffée et avait entraîné un courtcircuit. La présidence de la République a été finalement remboursée après une longue procédure de 15 mois. Mais d’aucuns voulaient croire à des coups de «sorciers» ou autres pangols !
En effet, chaque gouvernement promettait dans ses professions de foi «plus jamais ça», après les innombrables drames de la route, et aucune leçon de sagesse n’a été tirée du naufrage du bateau «Le Joola» en septembre 2002, qui a été l’une des plus douloureuses catastrophes des transports maritimes de l’Histoire. L’Etat du Sénégal se permet d’acheter des hélicoptères d’occase qui tombaient comme des pierres, faisant de nombreux morts à Missirah (voir notre chronique du 8 octobre 2019) ou la société de transports publics, Dakar Dem Dikk, qui met des bus recyclés en circulation. Rien d’étonnant car le Président Abdoulaye Wade avait acheté un avion de commandement, un avion Airbus abandonné par son homologue français Nicolas Sarkozy. C’est donc le cas de ce Boeing de Transair, affrété par Air Sénégal pour un vol en direction de Bamako. On se rappelle la série de pannes ayant cloué des avions loués dans de nombreux aéroports africains. Le cas le plus burlesque est celui d’une panne survenue à Douala, en janvier 2024, où les passagers étaient laissés en rade pendant plus de deux jours. L’avion manquait d’une pièce et un autre avion a été affrété pour aller récupérer les passagers et l’équipage. Mais ce deuxième avion tombera en panne et restera lui aussi cloué à Douala. Il avait alors fallu prélever une pièce de l’un des avions pour pouvoir faire décoller l’autre.
Les dégâts occasionnés par le crash du vol HC 301 (nom du code du vol DakarBamako) sont incommensurables. Un tel incident vous ruine ou abime une image d’une compagnie aérienne. Le crash fait de gros dégâts. Des sociétés européennes ont commencé à blacklister Air Sénégal et des passagers, plus d’une centaine de voyageurs prévus sur le vol Dakar-Paris dans la nuit du 9 au 10 mai 2024, s’étaient déportés sur le vol concurrent d’Air France. La saignée risque de se poursuivre, le temps que des conclusions d’une enquête permettent de rassurer la clientèle. Les polices d’assurances idoines auraient été souscrites et Air Sénégal ne devrait pas avoir de crainte de ce point de vue pour couvrir les sinistres.
4 milliards de pertes par mois ! Est-ce perdu pour tout le monde ?
Il s’y ajoute une certaine frénésie observée pour la location des appareils appartenant particulièrement à Transair. On notera qu’il est courant que la compagnie nationale loue pour plusieurs rotations en une journée, des avions de cette compagnie privée. Mieux, tous les vols intérieurs en direction de Saint-Louis sont effectués systématiquement avec ses aéronefs. Mais à chaque fois, de nombreux passagers ont eu à déplorer des situations de frayeur en vol. Les procédures d’affrétement ne sont pas toujours respectées. Des affrétements sont faits sur un simple coup de fil téléphonique, sans les contrôles techniques et de maintenance nécessaires. On invoque à chaque fois des urgences et cela a fini par devenir la règle. Trois avions d’Air Sénégal sont au sol dont un avion ATR cloué à Nouakchott, un avion cloué à Diass et un autre A330 qui effectuait le vol sur New York. Tous ces avions ont des problèmes de moteurs et attendent d’en trouver de nouveaux.
Des avions sont affrétés pour des destinations internationales, structurellement déficitaires. Pourquoi s’obstiner à poursuivre à perdre de l’argent de la sorte ? Sans doute que ce n’est pas perdu pour tout le monde. Air Sénégal se fait renflouer tous les mois à hauteur de 4 milliards sur le budget de l’Etat du Sénégal. Tel est le montant prévu dans la Loi de finances 2024, mais des sources proches du ministère des Finances indiquent que les perfusions dépassent largement ce seuil budgétaire. C’est comme un défi de garder la compagnie en vol. Soit ! Seulement qu’est-ce qui interdirait alors un audit des coûts et des opérations ?
Un projet de fusion Air Sénégal-Transair en péril
La situation de concurrence entre Air Sénégal et Transair semblait montrer à quel point il fallait harmoniser les interventions. Les deux compagnies desservent Ziguinchor quotidiennement et sont également en concurrence sur les lignes vers Praia, Conakry et autres. Le Directeur général d’Air Sénégal, Alioune Badara Fall, du temps où il officiait comme Conseiller technique au ministère des Transports aériens, préconisait l’idée de la création d’une filiale d’Air Sénégal appelée Air Sénégal Express. La gestion serait confiée aux dirigeants de Transair. Le modèle voudrait par exemple que la flotte de Transair soit acquise et repeinte aux couleurs de la filiale et s’occuperait de la desserte intérieure et des vols de proximité. Air Sénégal se déploierait sur les autres destinations et travaillerait à rationaliser ses coûts d’exploitation. En effet, précise un expert, «certaines lignes peuvent être très rentables comme le Dakar-Abidjan, alors que les lignes déficitaires provoquent un gap énorme dans l’exploitation, d’où toutes les difficultés de la compagnie nationale». Le schéma, porté jusqu’ici par le Directeur général d’Air Sénégal, aurait séduit le patron de Transair, Alioune Fall (curieuse homonymie me dirait-on). Il reste à savoir si ce crash et l’état de cette flotte ne vont pas le compromettre définitivement. Certaines sources affirment que les nouvelles autorités sénégalaises auraient adoubé le projet calqué sur le modèle de la Royal Air Maroc avec sa filiale Royal Air Maroc Express ou d’Air France avec sa filiale Hop. Au demeurant, les relations de proximité entre le Premier ministre et la compagnie privée auraient pu aider à matérialiser cette idée. En effet, Ousmane Sonko avait choisi de ne prendre que des vols de Transair sur l’axe DakarZiguinchor du temps où il était dans l’opposition. Cette préférence a pu laisser nourrir la rumeur d’une proximité des dirigeants de Transair avec les dirigeants de Pastef. Est-ce cela qui expliquait le fait que le régime de Macky Sall n’encourageait pas trop les activités de Transair ? Il reste qu’il appartiendra au gouvernement de se montrer intransigeant pour situer les responsabilités dans cet accident et engager toutes mesures qui permettront d’éviter qu’Air Sénégal ne continue d’être un gouffre à milliards.
Post scriptum : Bravo à Diomaye et Sonko de ne pas persister dans l’erreur
Les autorités gouvernementales ont très vite pris la mesure des dégâts que pouvait provoquer la mesure annoncée le 28 avril 2024 par l’architecte Pierre Goudiaby Atepa, de suspension unilatérale des chantiers de construction sur la Corniche de Dakar. C’est ainsi que le tandem Diomaye-Sonko a fini par autoriser les promoteurs et autres propriétaires à poursuivre leurs travaux. On doit les féliciter pour cette humilité et les encourager à plus de vigilance quant à des conseils a priori désintéressés, mais qui pourraient avoir des relents de conflits d’intérêts ou de petits règlements de comptes. En effet, un des plus grands promoteurs immobiliers frappés par la mesure de suspension des chantiers nous a confié son étonnement devant cette mesure brutale, après qu’un proche du nouveau régime n’a pas pu lui imposer de lui confier un marché de suivi de ses chantiers
TEUNGUETH FILE VERS LE TITRE, GUEDIAWAYE FC CHUTE LOURDEMENT
Teungueth FC a fait un pas décisif en dominant (1-0) le Casa Sport ( 11e ; 23 points) en match comptant pour la 23e journée de la Ligue 1.
Teungueth FC a fait un pas décisif en dominant (1-0) le Casa Sport ( 11e ; 23 points) en match comptant pour la 23e journée de la Ligue 1. Avec 46 points au compteur, le club Rufisque accentue son avance sur son dauphin, le Jaraaf (38 points). La 23e journée qui s’est poursuivie hier, dimanche 12 mai, a été marquée par la lourde défaite 0-4) concédée par Guédiawaye Fc à domicile au stade Amadou Barry face à l’équipe de Dakar Sacré-cœur. Avec ce succès, les Académiciens (3e ; 36 points) délogent les Crabes du podium pour les reléguer à la 4e place du classement (4e ; 36 points).
Pour les autres rencontre de la journée, l’US Ouakam (9e ; 26 points) a obtenu un résultat précieux (1-0) sur sa pelouse du stade municipal de Ngor. C’était aux dépens de l’US Gorée (7e ; 30 points). De son côté, la Linguére s’est imposé au stade Mawade Wade et sur le même score (1 à 0), face à Diambars, lanterne rouge. Une défaite qui enfonce encore le club mbourois et le confine à la 14e place avec 18 points au compteur. Après deux défaites successives Jamono Fatick a dominé (1-0) à domicile la Sonacos de Diourbel. Malgré cette victoire, les Fatickois restent encore dans la zone rouge (13e, 22 pts).
La 23e journée sera clôturée ce lundi avec deux matches décalés. Le premier mettra aux prises Génération Foot (10e ; 25 points) à l’AS Pikine (5e, 31 points) au stade Lat-Dior de Thiés. Le Jaraaf qui se classe deuxième (38 pts) va défier à Caroline Faye, le Stade de Mbour (12e, 21 pts). Après avoir perdu un point sur tapis vert, les «Vert et Blanc» auront l’obligation de victoire pour espérer préserver encore des chances de remporter le titre.
RÉSULTATS 23E JOURNÉE
Teungueth FC-Casa Sports (1-0)
Jamono Fatick-Sonacos ( 1-0)
Guédiawaye FC-Dakar Sacré-Cœur ( 0-4)
US Ouakam / US Gorée ( 1-0)
Linguère-Diambars FC ( 1-0)
Lundi 13 mai
17h 00 : Génération Foot-AS Pikine
Stade Caroline Faye
17 h 00 : Stade de Mbour-Jaraaf
LES PETITS AVICULTEURS DANS LA TOURMENTE
Entre difficultés de renouveler les poules pondeuses, cherté des aliments de volaille et surendettement des acteurs, la filière avicole bat de l’aile
Confrontée à de nombreuses difficultés, la filière avicole bat de l’aile. Surtout pour les petits producteurs de la zone des Niayes. Le récurrent problème du renouvellement de la volaille (les poules pondeuses) et la cherté de l’aliment de volaille peinent à trouver une solution. Cela a entraîné la fermeture de certains poulaillers, avec son corollaire de pertes d’emplois.
Entre difficultés de renouveler les sujets de poules pondeuses, cherté des aliments de volaille et surendettement des acteurs, la filière avicole bat de l’aile. En effet, pour installer une bande de 2500 sujets, il faut débourser près de 9 millions de FCFA. Sans compter l’aliment pour nourrir la volaille dont les dépenses s’élèvent à environ 50.000 FCFA par jour, les produits vétérinaires, la rémunération des employés etc. A cela s’ajoute la concurrence des gros producteurs, notamment les industriels.
Pis, il y a aussi les pertes importantes enregistrées lors des deux épidémies : la grippe aviaire et la «pseudo» épidémie de la maladie de Newcastle. La filière est très sensible. La forte canicule ne permet pas un bon déroulement de l’activité avicole. C’est pourquoi, en cette période, beaucoup de fermiers ont été contraints de fermer leurs exploitations, en attendant des lendemains meilleurs, pour relancer l’activité.
CONSEQUENCES DE LA GRIPPE AVIAIRE ET «PSEUDO» EPIDEMIE DE LA MALADIE DE NEWCASTLE
En outre, le renouvellement des bandes pose problème. M. Auguste Tia, ressortissant ivoirien, employé avicole, explique : «notre patron a décidé de suspendre l’activité avicole. Toutes les poules sont vieilles. Il faut les abattre et installer de nouvelles bandes. Nous sommes en chômage, depuis la fin du mois d’avril dernier. La production a baissé considérablement. Auparavant, nous produisions 50 tablettes d’œufs par jour. Actuellement, les poules pondent difficilement. Elles ne sont pas performantes. Nous n’arrivons pas à obtenir 27 plateaux d’œufs. Alors que nous continuons à dépenser beaucoup d’argent pour l’alimentation. Tous les jours, nous achetons des sacs d’aliments qui nous coûtent 50.000 FCA. En plus, le propriétaire doit nous assurer la nourriture et le paiement de mon logement. Donc, les charges sont énormes», a-t-il révélé.
M. Auguste Tia est prêt pour le retour au bercail. Car, «l’activité d’élevage ne marche pas. Avec le peu d’argent que j’ai économisé, j’allais travailler pour mon propre compte. Mais je ne veux prendre aucun risque. L’aviculture est en proie aux épidémies récurrentes, ces deux dernières années, ainsi qu’au réchauffement climatique». Ce qui fait que, indique-t-il, «il est plus judicieux de rentrer en Côte d’Ivoire. La famille, les amis m’ont dissuadé d’investir dans cette filière. J’ai plusieurs projets, mais celui de l’aviculture me tient vraiment à cœur, compte tenu de mon capital d’expérience». Obtenir un financement une fois dans son pays natal, relève de l’hypothétique. «Je ne suis pas sûr de bénéficier d’un financement auprès des banques ou organismes. A défaut, je vais m’investir dans la commercialisation des noix de coco, entre Dakar et Abidjan», a poursuivi l’ouvrier avicole en chômage.
L’EQUATION DU FINANCEMENT ET DU RENOUVELLEMENT TRES COUTEUX DES BANDES DE SUJETS AGES
La ferme d’Ismaïla Ndong est située à Alwar, à Niacoulrab, une localité en banlieue de la capitale, Dakar. En pénétrant à l’intérieur, dans les basses-cours, le visiteur est envahi par le bruit. Les poules caquettent ou gloussent en longueur de journée. Le cadre, contrairement à certains poulaillers, est agréable. Ici, l’entretien des lieux est assuré quotidiennement, matin et soir. L’aire est cloitrée dans une impasse. Deux pièces y sont construites : l’une fait office de chambre à coucher de son employé, Boubacar Baldé, de nationalité Bissau-Guinéenne ; l’autre abrite le bureau de Ismaïla Ndong. Les trois poulaillers ont résisté à ces doubles crises sanitaires. Il a fallu travailler dur, en injectant une somme importante d’argent pour l’achat des aliments très chers et des produits vétérinaires, pour assurer un bon suivi des sujets.
Malgré cette débauche d’énergie, la situation économique de l’exploitation n’est guère reluisante. Pour sa part, le propriétaire, Ismaïla Ndong, soutient : «nous sommes surendettés. A cause des épidémies. Les poulaillers où les épidémies ont été moins ressenties, leur production a baissé considérablement. Si l’on établit la comparaison entre les deux périodes, décembre à mars et avril à mai, la situation est désastreuse. Pendant la fraicheur, la durée de la ponte d’un œuf à un autre était de 26 h. On pouvait produire 30 tablettes d’œufs par jour. Mais actuellement, nous obtenons difficilement 27 tablettes. Le manque à gagner est énorme. Du coup, nous nous sommes empêtrés dans des difficultés pour honorer nos engagements auprès de nos fournisseurs d’aliments, des industriels et d’autres entreprises de la place».
Selon les aviculteurs, «L’âge des poules est déterminant pour la rentabilité de la ferme. Les poules, quand elles pondent, au bout de deux ans, il faut renouveler toutes les bandes. Cela nécessite de gros moyens financiers». Il faut 10 millions au minimum, selon les témoignages que nous avons recueillis. Et les petits producteurs sont les laissés pour compte. «Nous ne bénéficions pas de soutien de l’État. La preuve, avec les deux épidémies, aucun aviculteur n’a été dédommagé», confient-ils. Le Dr Assiongbou Teiko, Responsable du Laboratoire de l’École Inter États des Sciences et Médecines vétérinaires (EISMV/Dakar Veto), sise à l’Université Cheikh Anta Diop de (UCAD), précise, qu’«il y a des aviculteurs qui ont été dédommagés. D’ailleurs, certaines personnes peuvent prendre de l’argent et revenir vous dire : ‘’nous n’avons pris aucun sou’’. Est-ce que l’argent parle ?»
«AUCUNE POLITIQUE DE SOUTIEN DES AVICULTEURS, MALGRE LES PREJUDICES SUBIS» ?
En ce qui concerne la concurrence, «les grandes entreprises se sont accaparé le marché. Pis, il est inondé par des cuisses de poulet. Pourtant, l’importation de cette denrée est prohibée au Sénégal», déplorent les acteurs du secteur avicole. D’ailleurs, confronté à de nombreux problèmes, M. Dong n’est pas optimiste quant à l’avenir de l’aviculture. Car le coût de la production est très élevé. «Novembre prochain, tous les sujets seront vieux. Une question demeure : où trouver un financement ? Il n’existe aucun partenariat qui nous accompagne dans nos activités de production. Les banques n’acceptent pas de nous accorder des prêts. Car c’est une filière à risque. En plus, nous ne sommes pas solvables. Les petits acteurs du secteur avicole sont dans la tourmente», a déploré M. Ndong.
C’est en 2006 qu’il a démarré les activités d’élevage de poules. Avec un budget de 7 millions FCFA. A cette époque, l’activité prospérait. Mais, depuis que la crise sanitaire, la Covid-19 survenue en 2019, la production avicole tourne au ralenti. «Aucune politique de soutien des aviculteurs, malgré les préjudices subis. Le prix au producteur de la tablette stagne : 2000 FCFA. Alors que, sur le marché, il continue à flamber vertigineusement, oscillant entre 2500 FCFA à 3000 FCFA» confient les acteurs de la filière. A cela s’ajoute la mévente des produits avicoles. En réalité, certains ménages considèrent que les œufs sont un produit de luxe. Ils préfèrent consommer les haricots appelés «niébé» en langue locale.
UN AN APRES, LES ACTEURS EVALUENT LE PROCESSUS A MONGONE
C’est le 13 Mai 2023 que la faction de Diakaye a déposé les armes pour répondre à la sollicitation des populations de la Casamance pour une paix définitive en Casamance
Le processus de désarmement des combattants de la faction de Diakaye du MFDC reste satisfaisant, évaluent les acteurs du processus de paix qui se sont retrouvés à Mongone dans la zone des palmiers pour tirer un bilan de l’an 1 du dépôt des armes. Sur les deux cent cinquante combattants du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC), cent quatre-vingt-cinq ont pu bénéficier des mesures d’accompagnement. Mais où sont passés les soixante-cinq autres combattants de cette faction qui avaient pourtant adhéré à ce désarmement et qui rechignent encore à répondre à l’appel ? Cette question installe le doute et le flou dans ce processus de désarmement de combattants qui fait couler beaucoup d’encre au sein d’un MFDC « fissuré »
C’est à Mongone, localité située dans la vallée des palmiers dans la commune de Djignaky (Département de Bignona) que les acteurs ont célébré hier le premier anniversaire du dépôt des armes par la faction de Diakaye du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (MFDC). C’est dans ce village même que des centaines de combattants du MFDC avaient décidé de rendre leurs armes le 13 Mai 2023.
Un processus de désarmement satisfaisant, selon les membres de la coalition des Organisations de la Société pour la Paix en Casamance (COSCPAC) à l’image d’Alimou Diallo qui relève : « C’est le 13 Mai 2023 que la faction de Diakaye a déposé les armes pour répondre à la sollicitation des populations de la Casamance pour une paix définitive en Casamance. La force armée de Diakaye avait alors accepté cette demande et avait débuté les négociations avec l’Etat du Sénégal. Le bilan que nous tirons de cela est satisfaisant. Sur les deux cent-cinquante-cinq combattants qui avaient accepté le désarmement, ce sont cent quatre-vingt-cinq qui ont pu être réinsérés dans la vie active avec des activités et des formations. Il y a aussi des projets communautaires dans les villages impactés. Un grand nombre d’épouses de ces ex-maquisards ont été formées à des activités génératrices de revenus. Apres le désarmement, il y’a eu des mesures d’accompagnement. Donc, avec ce package d’activités, on peut dire que le bilan est satisfaisant», note ce membre de la COSCPAC qui assimile cette descente sur ce village de Mongone à un pèlerinage.
Sur place, des ex-maquisards ont célébré cette journée de commémoration de l’an 1 de dépôt des armes. Un processus qui a permis de décrisper la situation dans cette partie de la région où ces désormais ex-combattants du MFDC ont exprimé leur ferme volonté de cheminer pour la paix en Casamance. Le chemin d’une paix définitive reste cependant encore parsemé d’embuches surtout que certains combattants rechignent encore à déposer les armes. Parmi ceux-là, une cinquante de combattants sur les deux cent cinquante qui avaient adhéré au désarmement et qui ont « disparu » avec leurs armes. Où sont passés ces combattants de cette faction de Diakaye qui n’ont pas répondu à l’appel ?
Cette question installe le flou et le doute dans ce processus de désarmement qui a semé la division et suscité une confusion au sein du mouvement irrédentiste. Certains maquisards avaient à travers ce processus parlé de « trahison » de ces combattants qui ont accepté de déposer les armes et avaient même agité des menaces contre leurs frères d’armes. Ce qui avait fini d’enfler les divisions au sein d’un mouvement déjà très « fissuré ». Si cette commémoration a permis d’évaluer l’an 1 de ce dépôt des armes, elle a été aussi l’occasion de dérouler une série d’activités à Mongone et à Ziguinchor où une randonnée est même prévue.
JEAN PIERRE SENGHOR S’ENGAGE À LIVRER TOUTE LA VÉRITÉ SUR LE PRODAC
Huit ans après avoir été écarté de son poste de coordonnateur du Prodac, Jean Pierre Senghor brise enfin le silence. Invité sur les ondes de Sud FM, il promet de dévoiler tous les détails sur ce scandale financier et les raisons de son limogeage
Premier Coordonnateur national du Programme des domaines agricoles communautaires (Prodac), Jean Pierre Senghor s’est engagé à livrer toutes les informations concernant le Prodac après avoir donné tous les éléments sur les tenants et les aboutissements de ce projet aux nouvelles autorités, notamment le Premier ministre, Ousmane Sonko, son chef hiérarchique. Invité de l’émission Objection de la radio Sud Fm (privée) hier, dimanche 12 mai, l’actuel Secrétaire exécutif du Conseil national de sécurité alimentaire du Sénégal a révélé avoir été « viré pour insubordination sur la base de fausses informations » de son poste de Coordonnateur national du Prodac.
L’histoire du scandale financier présumé dans la gestion du Programme des domaines agricoles communautaires (Prodac) semble partie pour connaitre un dernier rebondissement qui pourrait enfin édifier les Sénégalais sur les vrais tenants et aboutissements de cette affaire qui a entouré la première phase de ce programme de 100 milliards qui continue de cristalliser les positions au Sénégal. En effet, invité de l’émission Objection de la radio Sud fm (privée) hier, dimanche 12 mai, l’ancien Coordonnateur national de ce programme lancé en 2014, Jean Pierre Senghor, s’est engagé à livrer toutes les informations concernant le Prodac qu’il a d’ailleurs qualifié comme « un des plus beaux projets de ces trente dernières années ». En effet, interpellé par notre confrère Baye Oumar Guèye sur sa part de vérité dans le débat portant sur le scandale dans la gestion de ce programme de 100 milliards qui continue de cristalliser les positions au Sénégal, l’actuel Secrétaire exécutif du Conseil national de sécurité alimentaire du Sénégal, révélant qu’il a été « viré pour insubordination sur la base de fausses informations », a donné rendez-vous dans les prochains jours.
« Depuis huit ans que j’ai été viré de ce programme pour insubordination, je suis parti et personne ne m’a jamais entendu dire un seul mot dans quelque médium que ce soit », a-t-il d’emblée souligné avant de faire remarquer. « Je veux simplement dire, comme je l’avais fait à l’époque quand j’ai été viré sur la base de fausses informations, que j’avais réservé la primeur au chef de l’Etat de l’époque. Je suis allé lui dire exactement ce qu’il en était exactement avec un dossier complet ». Et de conclure : « Avec l’arrivée des nouvelles autorités, nous sommes directement rattachés à la Primature. Donc, je réserve la primeur de l’information à l’autorité. Et quand j’aurai fini de lui donner tous les éléments et de lui expliquer tous les tenants et les aboutissements de ce beau projet qui a été plombé et que je l’espère, ils pourront relever, à ce moment-là, je reviendrais. Je vous le promets ».
L’ENSEIGNANT-CHERCHEUR EN DROIT PENAL OUSSEYNOU SAMBA ECLAIRE LA PROCEDURE
Alors que toutes les personnes impliquées dans le scandale du Prodac nient l'existence d'un rapport de l'IGF, Sonko persiste et signe. Mais si ce rapport s'avérait avéré, ne faudrait-il pas alors revoir le jugement pour dissimulation de preuves ?
«En la matière, on parle de rapport quand il y a enquête qui est sanctionnée d’un pré rapport qui est ensuite envoyé à toutes les personnes concernées par l’enquête pour recueillir leurs observations et remarques. Si les personnes concernées n’ont jamais reçu ce pré-rapport, dans ce cas, le rapport définitif n’existe pas. En droit au Sénégal, le rapport exige le principe contradictoire. Personne ne peut être condamné s’il n’a pas été entendu. Je me demande est-ce que ce principe contradictoire a été respecté par les enquêteurs de l’Igf parce que, outre Mame Mbaye Niang, toutes les personnes impliquées dans cette affaire nient catégoriquement l’existence d’un rapport de l’Igf sur le Prodac. Or, si ce principe contradictoire n’est pas respecté, le rapport n’existe pas. Maintenant, je me demande si, à l’époque, le ministre Mame Mbaye Niang avait reçu ce pré-rapport pour faire ses remarques, observations et conclusions. Le cas échéant, est-ce que ses remarques, observations et conclusions ont été prises en compte ? Car, il semble se baser sur le défaut de ces éléments pour dire qu’il n’existe pas de rapport parce que, selon lui, il n’a jamais reçu de pré-rapport de l’Igf sur le Prodac ».
Si, effectivement, ce que Sonko disait par rapport à l’existence de ce rapport était vrai, on doit pouvoir faire la réouverture le procès pour le blanchir sur la base de cet élément nouveau
« Maintenant, si tel est le cas, on peut procéder à la révision du procès parce que c’est une dissimulation de documents. En droit, lorsque l’infraction est dissimulée, on peut reprendre toute la procédure à partir du moment où on l’a découverte. Même quand on parle du délai de prescription pour une infraction, c’est à partir du moment où l’infraction a été commise. Mais la loi dit si les faits ont été dissimulés, ce n’est plus au moment de leur commission mais c’est au moment de leur découverte. Donc, c’est au moment de la découverte des faits qu’on va commencer à faire courir le point de départ de la prescription. Sommes-nous maintenant dans ce cas de figure ou pas ? Est-ce que le rapport a été caché ? Qui l’a caché ? Est-ce que la personne qui l’a fait avait la qualité de le faire ? C’est autant de questions auxquelles il faudra un jour apporter des réponses. Imaginons que ça soit le président de la République qui a le pouvoir discrétionnaire de divulguer ou de ne pas le faire qui est derrière cela, quel sera juridiquement le sort qui sera réservé à ce rapport ? Si ce rapport a existé, pourquoi les autorités qui le détenaient ne l’ont pas fait sortir pendant le procès ? S’ils l’ont réellement caché, cela n’est-il pas une infraction ? Maintenant, si effectivement ce que Ousmane Sonko disait par rapport à l’existence de ce rapport était vrai, on doit pouvoir faire la réouverture du procès pour le blanchir sur la base de cet élément nouveau qui n’avait pas été connu au moment du procès. Car, si ce rapport était connu, il aurait permis de donner une autre décision. Donc, le procureur de la République, lorsqu’il est saisi sur la base de la découverte de ce rapport, peut demander la réouverture du dossier. C’est ce que prévoit la loi. Ce sont les faits qui existaient mais qui avaient été inconnus parce que cachés ou ignorés ».
NOUVEL ÉPISODE DU FEUILLETON SONKO-NIANG
Dans son dernier rapport, la Cour des comptes fait état d'une mission de vérification du contrat du Prodac menée en 2017 par l'IGF, remettant directement en cause la thèse de l'absence de rapport défendue jusqu’ici dans ce dossier
Dans son rapport définitif du contrôle de la gestion 2018-2021 du Programme des domaines agricoles communautaires (Prodac), la Cour des comptes a fait état d’une mission de vérification du contrat liant l'Etat du Sénégal à l'entreprise israélienne Green 2000, réalisatrice des Domaines agricoles communautaires (Dac) de la première phase, une mission conduite en 2017 par l'Inspection générale des Finances (IGF). Cette révélation remet en question la thèse de l’absence du rapport de l’Inspection générale des finances sur le Prodac à l’origine de la condamnation de Ousmane Sonko.
Va-t-on tout droit vers une réouverture ou révision du procès en diffamation opposant l’ancien ministre du Tourisme, Mame Mbaye Niang, à l’actuel Premier ministre, Ousmane Sonko et dont la condamnation à six mois avec sursis et 200 millions de dommages et intérêts est à l’origine de l’invalidation de la candidature de ce dernier à la dernière élection présidentielle du 24 mars dernier ?
En effet, l’article 251 (Loi n° 2014-28 du 03/11/14) du Code de procédure pénale dispose au sujet de cette éventualité que « Le président, si l'instruction lui semble incomplète ou si des éléments nouveaux ont été révélés depuis sa clôture, peut ordonner tous actes d'information qu'il estime utiles ». Or, dans son rapport définitif du contrôle de la gestion du Programme des domaines agricoles communautaires (Prodac) 2018-2021, la Cour des comptes semble soulever des éléments nouveaux concernant cette affaire qui, à son temps, avait provoqué de graves tensions politiques et occasionner de pertes en vies humaines et d’importants dégâts matériaux.
Dans ce document réalisé en octobre 2023 et publié le 30 avril dernier, la Chambre des Affaires administratives de la Cour des comptes a fait état d’une mission de vérification du contrat liant l'Etat du Sénégal à l'entreprise israélienne Green 2000, réalisatrice des Domaines agricoles communautaires (Dac) de la première phase, une mission conduite en 2017 par l'Inspection générale des Finances (IGF). « Le PRODAC n'a pas fait l'objet de contrôle de la Cour depuis sa création. Cependant, en 2017, l'Inspection générale des Finances (IGF) a procédé à la vérification du contrat liant l'Etat du Sénégal à l'entreprise israélienne Green 2000, réalisatrice des DAC de la première phase », a notamment fait remarquer Mme Takia Nafissatou Fall CARVALHO, conseiller référendaire, désignée rapporteur aux fins d’instruire la mission d’audit de la gestion 2018 à 2021 du Prodac et ses collègues au point 06 de la page 12 dudit rapport dont l’intitulé est : Contrôles antérieurs.
Loin de s’en tenir-là, les rédacteurs de ce rapport de la Cour des comptes déplorent également le non-respect de la procédure d’appel d’offre dans le cadre de l’exécution de cette première phase du Prodac confiée à l’entreprise israélienne Green 2000, à travers un marché clé en main, par entente directe et souscrit le 28 août 2015 entre Monsieur Daniel Pinhassi, agissant pour le compte de Monsieur Rafael Dayan, Directeur général, et Monsieur Mame Mbaye Niang, Ministre de la Jeunesse, de l’Emploi et de la Construction citoyenne.
Il faut dire que cette précision apportée par la Cour des comptes concernant cette mission de « vérification du contrat liant l'Etat du Sénégal à l'entreprise israélienne Green 2000, réalisatrice des DAC de la première phase » effectuée en 2017 par l'Inspection générale des Finances (IGF) remet en question tout ce qui a été dit à l’époque sur cette affaire. L’ancien ministre du Tourisme, Mame Mbaye Niang, a toujours réfuté l’existence d’un quelconque rapport de l’Inspection générale d’Etat (Ige) ou de l’Inspection générale des finances (Igf) qui aurait épinglé sa gestion dans le cadre du Programme des domaines agricoles communautaire (Prodac).
Quand l’ancien ministre de l’Économie, Amadou Ba, confirmait l’existence d’un rapport de l’IGF
Pourtant, cette position du ministre Mame Mbaye Niang est très vite remise en question par l’ancien Premier ministre alors ministre de l’Économie, des Finances et du Plan, Amadou Ba. En effet, répondant aux interpellations de certains députés sur cette question, le 30 juin 2018, lors du débat d’orientation budgétaire, Amadou Ba avait confirmé l’existence d’un rapport provisoire de l’Igf sur l’affaire Prodac. Mieux, il a précisé que le rapport définitif a été bouclé, mais, qu’il n’avait pas encore fait l’objet d’une exploitation. « Il y a eu une fuite sur le rapport provisoire, ça existe dans tous les États. C’est aussi vieux que le monde. Il est possible qu’il y ait des manquements au ministère des Finances, mais à la date d’aujourd’hui, les informations laissent penser que ce n’est pas au ministère des Finances», avait précisé Amadou Ba. Cette sortie du ministre, Amadou Ba, intervenait quelques jours après la démission du gouvernement de Mame Mbaye Niang suite à la fuite dans la presse du pré- rapport de l’Igf.
Dans un ouvrage intitulé «Lettre au peuple : Prodac, un festin de 36 milliards de francs CFA», le coordonnateur du Forum civil, la section sénégalaise de « Transparency international », Birahime Seck, avait révélé que l’Etat du Sénégal ne s’est pas engagé que sur 29 milliards, mais plutôt sur 36 milliards de francs Cfa, suivant une programmation de remboursement. La gestion du contrat liant le Programme des domaines agricoles communautaires (Prodac) à l’entreprise Green 2000, signé par le ministre de la Jeunesse d’alors, Mame Mbaye Niang, ainsi que ceux liant les entreprises TIDA et 3M Universal au Prodac, est jugée «calamiteuse».
La direction de l’IGF désavoue son ancien patron Amadou Ba et Sonko en niant l’inexistence du rapport sur le Prodac
Cependant, malgré cette précision du ministre Amadou Ba qui était par ailleurs patron et premier destinataire des rapports de l’Inspection générale d’Etat, ce document sur le Prodac restera par la suite introuvable dans les carcans du ministère de l’Économie, des Finances et du Plan après l’éclatement de la procédure judiciaire opposant Mame Mbaye Niang à Ousmane Sonko peu après son départ à la tête de ce département ministériel. Saisie d’une plainte contre Ousmane Sonko, leader de Pastef pour « diffamation » déposée par Mame Mbaye Niang, l’ancien Procureur de la République, Amady Diouf, qui occupe aujourd’hui le poste de président de la Cour d’appel de Dakar, avait pris le soin de corser le dossier en y ajoutant des infractions « d'injures » et de « faux et usage de faux dans un document administratif » avant de le transmettre à la Brigade des affaires générales (Bag) pour enquête.
Dans leur livraison du 17 février 2023 dernier, nos confrères du journal du groupe Futurs médias « L’Observateur », faisant écho de l’état d’avancement des investigations de la Brigade des affaires générales dans cette affaire, a révélé que le coordonnateur de l’Igf a fait savoir dans une note envoyée le 22 décembre 2022 aux enquêteurs de la Bag « qu’il n’existe pas de rapport Prodac ». «Il n’existe pas de rapport Prodac. Il s’est agi d’une enquête portant sur le contrat clé en main relatif aux études et aménagement hydro-agricole des Dac de Sefa, Itato, Keur Samba Kane et Keur Momar Sarr, conclu entre le Prodac et Green 2000, dont le rapport n’a pas été approuvé », avaient renseigné nos confrères concernant la réquisition adressée par les enquêteurs de la Bag au coordonnateur pour solliciter le rapport du Prodac 2014-2019.
Jugé après plusieurs reports sur fond de tensions au niveau du Palais de justice à Dakar et des manifestations de la rue qui ont occasionné d’imposants dégâts matériels mais aussi de pertes en vies humaines, Ousmane Sonko qui n’avait pas fait le déplacement au tribunal a été condamné le jeudi 30 mars 2023 à une peine de deux (2) mois de prison avec sursis assortie de 200 millions de FCFA de dommages et intérêts. En appel où son jugement s’est fait en mode fast rack (moins d’un mois après le premier verdict), sa peine a été corsée en passant de 2 à 6 mois avec sursis le rendant ainsi inéligible à la dernière présidentielle assortie de 200 millions de FCFA de dommages et intérêts.