SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
13 mai 2024
UN AN APRES, LES ACTEURS EVALUENT LE PROCESSUS A MONGONE
C’est le 13 Mai 2023 que la faction de Diakaye a déposé les armes pour répondre à la sollicitation des populations de la Casamance pour une paix définitive en Casamance
Le processus de désarmement des combattants de la faction de Diakaye du MFDC reste satisfaisant, évaluent les acteurs du processus de paix qui se sont retrouvés à Mongone dans la zone des palmiers pour tirer un bilan de l’an 1 du dépôt des armes. Sur les deux cent cinquante combattants du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC), cent quatre-vingt-cinq ont pu bénéficier des mesures d’accompagnement. Mais où sont passés les soixante-cinq autres combattants de cette faction qui avaient pourtant adhéré à ce désarmement et qui rechignent encore à répondre à l’appel ? Cette question installe le doute et le flou dans ce processus de désarmement de combattants qui fait couler beaucoup d’encre au sein d’un MFDC « fissuré »
C’est à Mongone, localité située dans la vallée des palmiers dans la commune de Djignaky (Département de Bignona) que les acteurs ont célébré hier le premier anniversaire du dépôt des armes par la faction de Diakaye du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (MFDC). C’est dans ce village même que des centaines de combattants du MFDC avaient décidé de rendre leurs armes le 13 Mai 2023.
Un processus de désarmement satisfaisant, selon les membres de la coalition des Organisations de la Société pour la Paix en Casamance (COSCPAC) à l’image d’Alimou Diallo qui relève : « C’est le 13 Mai 2023 que la faction de Diakaye a déposé les armes pour répondre à la sollicitation des populations de la Casamance pour une paix définitive en Casamance. La force armée de Diakaye avait alors accepté cette demande et avait débuté les négociations avec l’Etat du Sénégal. Le bilan que nous tirons de cela est satisfaisant. Sur les deux cent-cinquante-cinq combattants qui avaient accepté le désarmement, ce sont cent quatre-vingt-cinq qui ont pu être réinsérés dans la vie active avec des activités et des formations. Il y a aussi des projets communautaires dans les villages impactés. Un grand nombre d’épouses de ces ex-maquisards ont été formées à des activités génératrices de revenus. Apres le désarmement, il y’a eu des mesures d’accompagnement. Donc, avec ce package d’activités, on peut dire que le bilan est satisfaisant», note ce membre de la COSCPAC qui assimile cette descente sur ce village de Mongone à un pèlerinage.
Sur place, des ex-maquisards ont célébré cette journée de commémoration de l’an 1 de dépôt des armes. Un processus qui a permis de décrisper la situation dans cette partie de la région où ces désormais ex-combattants du MFDC ont exprimé leur ferme volonté de cheminer pour la paix en Casamance. Le chemin d’une paix définitive reste cependant encore parsemé d’embuches surtout que certains combattants rechignent encore à déposer les armes. Parmi ceux-là, une cinquante de combattants sur les deux cent cinquante qui avaient adhéré au désarmement et qui ont « disparu » avec leurs armes. Où sont passés ces combattants de cette faction de Diakaye qui n’ont pas répondu à l’appel ?
Cette question installe le flou et le doute dans ce processus de désarmement qui a semé la division et suscité une confusion au sein du mouvement irrédentiste. Certains maquisards avaient à travers ce processus parlé de « trahison » de ces combattants qui ont accepté de déposer les armes et avaient même agité des menaces contre leurs frères d’armes. Ce qui avait fini d’enfler les divisions au sein d’un mouvement déjà très « fissuré ». Si cette commémoration a permis d’évaluer l’an 1 de ce dépôt des armes, elle a été aussi l’occasion de dérouler une série d’activités à Mongone et à Ziguinchor où une randonnée est même prévue.
JEAN PIERRE SENGHOR S’ENGAGE À LIVRER TOUTE LA VÉRITÉ SUR LE PRODAC
Huit ans après avoir été écarté de son poste de coordonnateur du Prodac, Jean Pierre Senghor brise enfin le silence. Invité sur les ondes de Sud FM, il promet de dévoiler tous les détails sur ce scandale financier et les raisons de son limogeage
Premier Coordonnateur national du Programme des domaines agricoles communautaires (Prodac), Jean Pierre Senghor s’est engagé à livrer toutes les informations concernant le Prodac après avoir donné tous les éléments sur les tenants et les aboutissements de ce projet aux nouvelles autorités, notamment le Premier ministre, Ousmane Sonko, son chef hiérarchique. Invité de l’émission Objection de la radio Sud Fm (privée) hier, dimanche 12 mai, l’actuel Secrétaire exécutif du Conseil national de sécurité alimentaire du Sénégal a révélé avoir été « viré pour insubordination sur la base de fausses informations » de son poste de Coordonnateur national du Prodac.
L’histoire du scandale financier présumé dans la gestion du Programme des domaines agricoles communautaires (Prodac) semble partie pour connaitre un dernier rebondissement qui pourrait enfin édifier les Sénégalais sur les vrais tenants et aboutissements de cette affaire qui a entouré la première phase de ce programme de 100 milliards qui continue de cristalliser les positions au Sénégal. En effet, invité de l’émission Objection de la radio Sud fm (privée) hier, dimanche 12 mai, l’ancien Coordonnateur national de ce programme lancé en 2014, Jean Pierre Senghor, s’est engagé à livrer toutes les informations concernant le Prodac qu’il a d’ailleurs qualifié comme « un des plus beaux projets de ces trente dernières années ». En effet, interpellé par notre confrère Baye Oumar Guèye sur sa part de vérité dans le débat portant sur le scandale dans la gestion de ce programme de 100 milliards qui continue de cristalliser les positions au Sénégal, l’actuel Secrétaire exécutif du Conseil national de sécurité alimentaire du Sénégal, révélant qu’il a été « viré pour insubordination sur la base de fausses informations », a donné rendez-vous dans les prochains jours.
« Depuis huit ans que j’ai été viré de ce programme pour insubordination, je suis parti et personne ne m’a jamais entendu dire un seul mot dans quelque médium que ce soit », a-t-il d’emblée souligné avant de faire remarquer. « Je veux simplement dire, comme je l’avais fait à l’époque quand j’ai été viré sur la base de fausses informations, que j’avais réservé la primeur au chef de l’Etat de l’époque. Je suis allé lui dire exactement ce qu’il en était exactement avec un dossier complet ». Et de conclure : « Avec l’arrivée des nouvelles autorités, nous sommes directement rattachés à la Primature. Donc, je réserve la primeur de l’information à l’autorité. Et quand j’aurai fini de lui donner tous les éléments et de lui expliquer tous les tenants et les aboutissements de ce beau projet qui a été plombé et que je l’espère, ils pourront relever, à ce moment-là, je reviendrais. Je vous le promets ».
L’ENSEIGNANT-CHERCHEUR EN DROIT PENAL OUSSEYNOU SAMBA ECLAIRE LA PROCEDURE
Alors que toutes les personnes impliquées dans le scandale du Prodac nient l'existence d'un rapport de l'IGF, Sonko persiste et signe. Mais si ce rapport s'avérait avéré, ne faudrait-il pas alors revoir le jugement pour dissimulation de preuves ?
«En la matière, on parle de rapport quand il y a enquête qui est sanctionnée d’un pré rapport qui est ensuite envoyé à toutes les personnes concernées par l’enquête pour recueillir leurs observations et remarques. Si les personnes concernées n’ont jamais reçu ce pré-rapport, dans ce cas, le rapport définitif n’existe pas. En droit au Sénégal, le rapport exige le principe contradictoire. Personne ne peut être condamné s’il n’a pas été entendu. Je me demande est-ce que ce principe contradictoire a été respecté par les enquêteurs de l’Igf parce que, outre Mame Mbaye Niang, toutes les personnes impliquées dans cette affaire nient catégoriquement l’existence d’un rapport de l’Igf sur le Prodac. Or, si ce principe contradictoire n’est pas respecté, le rapport n’existe pas. Maintenant, je me demande si, à l’époque, le ministre Mame Mbaye Niang avait reçu ce pré-rapport pour faire ses remarques, observations et conclusions. Le cas échéant, est-ce que ses remarques, observations et conclusions ont été prises en compte ? Car, il semble se baser sur le défaut de ces éléments pour dire qu’il n’existe pas de rapport parce que, selon lui, il n’a jamais reçu de pré-rapport de l’Igf sur le Prodac ».
Si, effectivement, ce que Sonko disait par rapport à l’existence de ce rapport était vrai, on doit pouvoir faire la réouverture le procès pour le blanchir sur la base de cet élément nouveau
« Maintenant, si tel est le cas, on peut procéder à la révision du procès parce que c’est une dissimulation de documents. En droit, lorsque l’infraction est dissimulée, on peut reprendre toute la procédure à partir du moment où on l’a découverte. Même quand on parle du délai de prescription pour une infraction, c’est à partir du moment où l’infraction a été commise. Mais la loi dit si les faits ont été dissimulés, ce n’est plus au moment de leur commission mais c’est au moment de leur découverte. Donc, c’est au moment de la découverte des faits qu’on va commencer à faire courir le point de départ de la prescription. Sommes-nous maintenant dans ce cas de figure ou pas ? Est-ce que le rapport a été caché ? Qui l’a caché ? Est-ce que la personne qui l’a fait avait la qualité de le faire ? C’est autant de questions auxquelles il faudra un jour apporter des réponses. Imaginons que ça soit le président de la République qui a le pouvoir discrétionnaire de divulguer ou de ne pas le faire qui est derrière cela, quel sera juridiquement le sort qui sera réservé à ce rapport ? Si ce rapport a existé, pourquoi les autorités qui le détenaient ne l’ont pas fait sortir pendant le procès ? S’ils l’ont réellement caché, cela n’est-il pas une infraction ? Maintenant, si effectivement ce que Ousmane Sonko disait par rapport à l’existence de ce rapport était vrai, on doit pouvoir faire la réouverture du procès pour le blanchir sur la base de cet élément nouveau qui n’avait pas été connu au moment du procès. Car, si ce rapport était connu, il aurait permis de donner une autre décision. Donc, le procureur de la République, lorsqu’il est saisi sur la base de la découverte de ce rapport, peut demander la réouverture du dossier. C’est ce que prévoit la loi. Ce sont les faits qui existaient mais qui avaient été inconnus parce que cachés ou ignorés ».
NOUVEL ÉPISODE DU FEUILLETON SONKO-NIANG
Dans son dernier rapport, la Cour des comptes fait état d'une mission de vérification du contrat du Prodac menée en 2017 par l'IGF, remettant directement en cause la thèse de l'absence de rapport défendue jusqu’ici dans ce dossier
Dans son rapport définitif du contrôle de la gestion 2018-2021 du Programme des domaines agricoles communautaires (Prodac), la Cour des comptes a fait état d’une mission de vérification du contrat liant l'Etat du Sénégal à l'entreprise israélienne Green 2000, réalisatrice des Domaines agricoles communautaires (Dac) de la première phase, une mission conduite en 2017 par l'Inspection générale des Finances (IGF). Cette révélation remet en question la thèse de l’absence du rapport de l’Inspection générale des finances sur le Prodac à l’origine de la condamnation de Ousmane Sonko.
Va-t-on tout droit vers une réouverture ou révision du procès en diffamation opposant l’ancien ministre du Tourisme, Mame Mbaye Niang, à l’actuel Premier ministre, Ousmane Sonko et dont la condamnation à six mois avec sursis et 200 millions de dommages et intérêts est à l’origine de l’invalidation de la candidature de ce dernier à la dernière élection présidentielle du 24 mars dernier ?
En effet, l’article 251 (Loi n° 2014-28 du 03/11/14) du Code de procédure pénale dispose au sujet de cette éventualité que « Le président, si l'instruction lui semble incomplète ou si des éléments nouveaux ont été révélés depuis sa clôture, peut ordonner tous actes d'information qu'il estime utiles ». Or, dans son rapport définitif du contrôle de la gestion du Programme des domaines agricoles communautaires (Prodac) 2018-2021, la Cour des comptes semble soulever des éléments nouveaux concernant cette affaire qui, à son temps, avait provoqué de graves tensions politiques et occasionner de pertes en vies humaines et d’importants dégâts matériaux.
Dans ce document réalisé en octobre 2023 et publié le 30 avril dernier, la Chambre des Affaires administratives de la Cour des comptes a fait état d’une mission de vérification du contrat liant l'Etat du Sénégal à l'entreprise israélienne Green 2000, réalisatrice des Domaines agricoles communautaires (Dac) de la première phase, une mission conduite en 2017 par l'Inspection générale des Finances (IGF). « Le PRODAC n'a pas fait l'objet de contrôle de la Cour depuis sa création. Cependant, en 2017, l'Inspection générale des Finances (IGF) a procédé à la vérification du contrat liant l'Etat du Sénégal à l'entreprise israélienne Green 2000, réalisatrice des DAC de la première phase », a notamment fait remarquer Mme Takia Nafissatou Fall CARVALHO, conseiller référendaire, désignée rapporteur aux fins d’instruire la mission d’audit de la gestion 2018 à 2021 du Prodac et ses collègues au point 06 de la page 12 dudit rapport dont l’intitulé est : Contrôles antérieurs.
Loin de s’en tenir-là, les rédacteurs de ce rapport de la Cour des comptes déplorent également le non-respect de la procédure d’appel d’offre dans le cadre de l’exécution de cette première phase du Prodac confiée à l’entreprise israélienne Green 2000, à travers un marché clé en main, par entente directe et souscrit le 28 août 2015 entre Monsieur Daniel Pinhassi, agissant pour le compte de Monsieur Rafael Dayan, Directeur général, et Monsieur Mame Mbaye Niang, Ministre de la Jeunesse, de l’Emploi et de la Construction citoyenne.
Il faut dire que cette précision apportée par la Cour des comptes concernant cette mission de « vérification du contrat liant l'Etat du Sénégal à l'entreprise israélienne Green 2000, réalisatrice des DAC de la première phase » effectuée en 2017 par l'Inspection générale des Finances (IGF) remet en question tout ce qui a été dit à l’époque sur cette affaire. L’ancien ministre du Tourisme, Mame Mbaye Niang, a toujours réfuté l’existence d’un quelconque rapport de l’Inspection générale d’Etat (Ige) ou de l’Inspection générale des finances (Igf) qui aurait épinglé sa gestion dans le cadre du Programme des domaines agricoles communautaire (Prodac).
Quand l’ancien ministre de l’Économie, Amadou Ba, confirmait l’existence d’un rapport de l’IGF
Pourtant, cette position du ministre Mame Mbaye Niang est très vite remise en question par l’ancien Premier ministre alors ministre de l’Économie, des Finances et du Plan, Amadou Ba. En effet, répondant aux interpellations de certains députés sur cette question, le 30 juin 2018, lors du débat d’orientation budgétaire, Amadou Ba avait confirmé l’existence d’un rapport provisoire de l’Igf sur l’affaire Prodac. Mieux, il a précisé que le rapport définitif a été bouclé, mais, qu’il n’avait pas encore fait l’objet d’une exploitation. « Il y a eu une fuite sur le rapport provisoire, ça existe dans tous les États. C’est aussi vieux que le monde. Il est possible qu’il y ait des manquements au ministère des Finances, mais à la date d’aujourd’hui, les informations laissent penser que ce n’est pas au ministère des Finances», avait précisé Amadou Ba. Cette sortie du ministre, Amadou Ba, intervenait quelques jours après la démission du gouvernement de Mame Mbaye Niang suite à la fuite dans la presse du pré- rapport de l’Igf.
Dans un ouvrage intitulé «Lettre au peuple : Prodac, un festin de 36 milliards de francs CFA», le coordonnateur du Forum civil, la section sénégalaise de « Transparency international », Birahime Seck, avait révélé que l’Etat du Sénégal ne s’est pas engagé que sur 29 milliards, mais plutôt sur 36 milliards de francs Cfa, suivant une programmation de remboursement. La gestion du contrat liant le Programme des domaines agricoles communautaires (Prodac) à l’entreprise Green 2000, signé par le ministre de la Jeunesse d’alors, Mame Mbaye Niang, ainsi que ceux liant les entreprises TIDA et 3M Universal au Prodac, est jugée «calamiteuse».
La direction de l’IGF désavoue son ancien patron Amadou Ba et Sonko en niant l’inexistence du rapport sur le Prodac
Cependant, malgré cette précision du ministre Amadou Ba qui était par ailleurs patron et premier destinataire des rapports de l’Inspection générale d’Etat, ce document sur le Prodac restera par la suite introuvable dans les carcans du ministère de l’Économie, des Finances et du Plan après l’éclatement de la procédure judiciaire opposant Mame Mbaye Niang à Ousmane Sonko peu après son départ à la tête de ce département ministériel. Saisie d’une plainte contre Ousmane Sonko, leader de Pastef pour « diffamation » déposée par Mame Mbaye Niang, l’ancien Procureur de la République, Amady Diouf, qui occupe aujourd’hui le poste de président de la Cour d’appel de Dakar, avait pris le soin de corser le dossier en y ajoutant des infractions « d'injures » et de « faux et usage de faux dans un document administratif » avant de le transmettre à la Brigade des affaires générales (Bag) pour enquête.
Dans leur livraison du 17 février 2023 dernier, nos confrères du journal du groupe Futurs médias « L’Observateur », faisant écho de l’état d’avancement des investigations de la Brigade des affaires générales dans cette affaire, a révélé que le coordonnateur de l’Igf a fait savoir dans une note envoyée le 22 décembre 2022 aux enquêteurs de la Bag « qu’il n’existe pas de rapport Prodac ». «Il n’existe pas de rapport Prodac. Il s’est agi d’une enquête portant sur le contrat clé en main relatif aux études et aménagement hydro-agricole des Dac de Sefa, Itato, Keur Samba Kane et Keur Momar Sarr, conclu entre le Prodac et Green 2000, dont le rapport n’a pas été approuvé », avaient renseigné nos confrères concernant la réquisition adressée par les enquêteurs de la Bag au coordonnateur pour solliciter le rapport du Prodac 2014-2019.
Jugé après plusieurs reports sur fond de tensions au niveau du Palais de justice à Dakar et des manifestations de la rue qui ont occasionné d’imposants dégâts matériels mais aussi de pertes en vies humaines, Ousmane Sonko qui n’avait pas fait le déplacement au tribunal a été condamné le jeudi 30 mars 2023 à une peine de deux (2) mois de prison avec sursis assortie de 200 millions de FCFA de dommages et intérêts. En appel où son jugement s’est fait en mode fast rack (moins d’un mois après le premier verdict), sa peine a été corsée en passant de 2 à 6 mois avec sursis le rendant ainsi inéligible à la dernière présidentielle assortie de 200 millions de FCFA de dommages et intérêts.
Par GAÔUSSOU GUEYE
LE COMBAT POUR LA TRANSPARENCE DANS LA PÊCHE NE FAIT QUE COMMENCER
En date du 6 mai 2024, la Ministre des Pêches, des infrastructures maritimes et portuaires, Dr Fatou Diouf, a rendu publique la liste des bateaux autorisés à pêcher dans les eaux sous juridiction sénégalaise.
En date du 6 mai 2024, la Ministre des Pêches, des infrastructures maritimes et portuaires, Dr Fatou Diouf, a rendu publique la liste des bateaux autorisés à pêcher dans les eaux sous juridiction sénégalaise. Elle a par ailleurs souligné que cet acte ‘répond au principe de transparence dans la gestion des ressources naturelles qui constituent un patrimoine national’. Nous la félicitons pour cette initiative qui constitue un premier pas essentiel pour établir une gestion des pêches transparente et durable.
Qui contrôle les bateaux d’origine étrangère dans les sociétés mixtes ?
A la lecture de cette liste, nous voyons qu’il y a d’une part, les bateaux européens pêchant dans le cadre de l’accord de pêche (13 senneurs dont 6 espagnols et 7 français, 4 canneurs, dont trois espagnols et un français), et d’autre part, 132 bateaux pavillonnés au Sénégal. Sur ces 132 bateaux, - la quasitotalité étant des chalutiers-, ce qui est frappant, c’est qu’une bonne moitié affiche un nom d’origine chinoise. Ajoutons à cela une série de bateaux d’origine espagnole, française, coréenne et autres. La question qui se pose, c’est si ces bateaux d’origine étrangère sont réellement contrôlés par des sénégalais. Peut-on vraiment parler de ‘pêche industrielle locale’ ?
En 2020, l’association pour la promotion et la responsabilisation des acteurs de la pêche artisanale maritime du Sénégal (APRAPAM) avait publié une liste de bateaux d’origine étrangère qui avaient introduit une demande de licence et opéraient dans le cadre de sociétés mixtes. Tous ces navires étaient à l’époque « en voie de senegalisation», c’est-à-dire qu’ils allaient prendre le pavillon du Sénégal. En vue de ce repavillonnement, la loi exige que 51% du capital soit detenu par un senegalais.
APRAPAM avait dénoncé à l’époque le fait que cette condition n’était pas remplie par certaines sociétés mixtes. Certaines sociétés mixtes qui servaient d’écran à ces bateaux avaient seulement un ou deux millions de CFA de capital social.
Une société mixte avait même seulement 100.000 CFA de capital social, alors qu’elle gérait 6 chalutiers pélagiques côtier !
Comment imaginer dans ces conditions que c’est le partenaire sénégalais, avec ses 100.000 CFA, qui détient réellement le contrôle de la société mixte, plutôt que le propriétaire de ces bateaux valant plusieurs milliards de CFA ?
Sur la liste publiée le 6 mai 2024, on voit que la plupart de ces bateaux ont, depuis 2020, bel et bien été sénégalisés. Le partenaire sénégalais a-t-il aujourd’hui plus de contrôle sur ces bateaux étrangers qu’il n’en avait en 2020 ? C’est peu probable. Sous le couvert de ces sociétés mixtes, la pêche industrielle sénégalaise est aux mains d’intérêts étrangers qui ne respectent pas nos réglementations. Ainsi, la législation sénégalaise oblige tout bateau industriel sénégalais à embarquer un observateur à bord. Dans la plupart des cas, cette obligation est ignorée par ces bateaux sénégalisés.
Certains de ces chalutiers n’hésitent pas également à se cacher derrière le pavillon sénégalais pour profiter des protocoles de pêche négociés par le Sénégal avec notamment la Guinée-Bissau et le Libéria. Ils profitent ainsi des ressources de pêche de ces pays, souvent en ne respectant pas non plus la législation en vigueur, au risque d’entacher les relations entre le Sénégal et ces voisins.
Recueillir et divulguer les informations sur les bénéficiaires effectifs
Ceux qui tirent les ficelles des sociétés mixtes sous lesquelles opèrent ces bateaux d’origine étrangères sénégalisés, ce sont les ‘bénéficiaires effectifs’, des entreprises et citoyens chinois, russes, européens, établis dans un pays étranger. En 2022, lors de la Conférence des Ministres des Etats d’Afrique, des Caraibes et du Pacifique, un engagement a été pris par tous les pays présents, dont le Sénégal. Cet engagement stipule : « prendre des mesures, en tant qu’État du pavillon ou État côtier, pour actualiser et mettre en œuvre la législation nationale afin d’exiger la déclaration des bénéficiaires effectifs ultimes des navires de pêche et des sociétés lors de l’attribution du pavillon ou de l’autorisation de pêcher, et la tenue d’un registre des propriétaires réels des navires de pêche au niveau nation »
En application de cet engagement, nous encourageons nos autorités à prendre toutes les dispositions nécessaires afin de recueillir et divulguer publiquement les informations sur les bénéficiaires effectifs des bateaux qui ont pris le pavillon sénégalais.
En particulier, nous insistons pour que l’audit de la flotte sénégalaise, promis depuis vingt ans, soit mené, et les résultats publiés.
Les objectifs de l’audit de la flotte devraient inclure au moins les éléments suivants :
- Un inventaire exhaustif des navires de pêche battant pavillon du Sénégal ;
- La vérification de la conformité de la situation de chaque navire avec les dispositions législatives et réglementaires en vigueur en matière d’acquisition du pavillon national ;
- Une évaluation de la contribution des armements à la sécurité alimentaire, à la création de la richesse nationale, à la promotion de l’emploi et à l’apport en devises ;
- Une réévaluation des caractéristiques techniques des navires (jauge, etc.)
Cet audit devra permettre d’avoir une vision claire de la situation administrative, technique et économique actualisée des bateaux de pêche battant pavillon sénégalais.
Etant donné l’état de nos ressources, il est impératif d’opter pour des politiques de réduction de la capacité. Les données publiées montrent que ce problème existe aussi bien dans la pêche industrielle que dans la pêche artisanale, avec 17.449 permis de pêche délivrés à des pirogues.
L’audit de la pêche industrielle, composée en majorité de sociétés mixtes, sera un outil important pour les choix politiques qui permettront de donner la priorité à ceux qui suivent les règles, qui contribuent le plus à la sécurité alimentaire et à la création d’emplois, dans le respect des droits d’accès prioritaires de la pêche artisanale, en ligne avec l’ODD 14b.
Nous encourageons Madame la Ministre et son administration à faire toute la lumière sur les sociétés mixtes et assurer qu’elles opèrent de façon légale, transparente, qu’elles contribuent à l’économie du pays, et ne portent pas préjudice à la pêche artisanale du Sénégal et des autres pays de la région dans lesquels ces bateaux opèrent.
Le rôle de la commission d’attribution des licences est à renforcer
Les acteurs de la pêche artisanale sénégalaise et la société civile qui les appuie ont dénoncé à de nombreuses reprises le manque de transparence dans la procédure d’octroi des licences de pêche industrielle au Sénégal. En 2020, une mobilisation générale avait eu lieu alors que les autorités s’apprêtaient à délivrer 54 licences de pêche industrielle, - pêche aux petits pélagiques, pêche au merlu surtout-, dont 52 licences a des bateaux d’origine chinoise, et deux licences a des senneurs turcs.
En août 2023 encore, le Conseil interprofessionnel de la Pêche artisanale au Sénégal (CONIPAS) exprimait son désaccord par rapport à l’octroi de nouvelle licence de pêche industrielle par les autorités sénégalaises, donnée en contradiction avec l’avis de la Commission Consultative d’Attribution des Licences de Pêche (CCALP).
Face à ces revendications, les autorités ont pris plusieurs engagements pour plus de transparence. En 2016, le gouvernement du Sénégal s’est engagé publiquement à mettre en œuvre l’initiative de transparence dans la pêche – FiTI (Fisheries Transparency Initiative).
Nous espérons que l’engagement de la nouvelle Ministre et de son administration pour plus de transparence dans la pêche sénégalaise vont se matérialiser par l’adhésion à l’initiative FiTi, afin de permettre aux acteurs et aux citoyens de savoir qui pêche quoi, et qui profite des bénéfices de cette pêche
Mais la transparence n’est pas une fin en soi, elle doit permettre une meilleure implication des professionnels dans la gestion de la pêche, à fortiori étant donné l’engagement du Sénégal en faveur de la cogestion [article 6 du Code de la Pêche].
Nous demandons, au-delà de la nécessaire transparence, la commission d’attribution des licences ne soit plus seulement consultative, mais ait le pouvoir de décider de qui, ou pas, est autorisé à pêcher ‘l’or bleu’ du Sénégal.
MULTIPLE PHOTOS
LES UNES DE LA PRESSE DE CE LUNDI 13 MAI 2024
Sud Quotidien, Walf Quotidien, EnQuête, L'As, Le Soleil, Le Quotidien, Bes Bi le Jour, Yoor-Yoor Bi, Stades, Libération, L'Observateur, Révélation Quotidien
Sud Quotidien, Walf Quotidien, EnQuête, L'As, Le Soleil, Le Quotidien, Bes Bi le Jour, Yoor-Yoor Bi, Stades, Libération, L'Observateur, Révélation Quotidien
Baadoolo - Mbappé, This is to lose !
Ndeysaan. Leppay dieekh. Mbappé aussi taggouna. Pas un autre mandat avec le PSG. Moo kham dé ! Parce qu’il n’a rien ajouté au palmarès. Classe C1 chaque année mou redoubler. Messi et Neymar étaient habitués au trophée de la Ligue des champions. Mbappé est donc obligé de changer d’école. Probablement espagnole. Il a tellement annoncé son départ que ce message urbi et orbi ressemble à un «doyalnaa seukk». Ne suivez pas mon regard. This is Paris… This is to lose for Mbappé. Anglais baadoolo rek !
Distribution des semences et engrais Des commissions mises en place
Après avoir décidé d’une distribution transparente des semences et engrais en direction de la campagne agricole, le gouvernement est passé à une étape décisive. Par une circulaire du ministère de l’Agriculture, de la souveraineté alimentaire et de l’élevage, il a été créé des «Commissions de supervision, de contrôle et de suivi des opérations de mise en place et de cession des intrants agricoles». La commission nationale est présidée par le ministre de l’Agriculture, Mabouba Diagne. Et il y a des commissions régionale, départementale et locale.
Bnde Mamadou Faye remplace Abdoulaye Niane
La Banque nationale de développement économique (Bnde) a un nouveau patron. Il s’agit de Mamadou Faye, lit-on la page Linkedin de la banque visitée par Bés Bi. Il était jusque-là directeur général adjoint et remplace Abdoulaye Niane. Ce dernier, Inspecteur des impôts et des domaines de formation est un camarade de promotion à l’Ena du Premier ministre Ousmane Sonko, dont il a été le directeur de campagne lors de la Présidentielle de 2019. Il a été nommé au mois de février 2023 à ce poste de directeur général de la Bnde.
Prise en charge des passagers du vol Transair Les précisions de Air Sénégal
Au lendemain de l’incident du Boeing 737 de Transair qui avait pris feu et qui a fait 11 blessés dont le co-pilote, certains passagers du vol CH 301 ont fait des sorties dans la presse. Dans un communiqué, la compagnie Air Sénégal précise que ˙tous les passagers ont t pris en charge le jeudi 9 mai avec la mise en place d’une cellule psychologique et médicale et ont t transférés et hébergés dans des hôtels¨. Il ajoute qu’un montant de 40 000 FCFA a été remis instantanément sur les 150 000 FCFA conformément aux instructions du ministre des Infrastructures et des transports terrestres et aériens. En ce qui concerne les passagers ayant été pris en charge sur le vol Dakar-Bamako du 10 mai, le communiqué souligne qu’ils ont reçu le reliquat de 110 000 FCFA à Bamako, des mains du représentant de la compagnie sur place ce samedi 11 mai 2024. Et que les passagers ayant demandé un report de leur vol ou le remboursement de leur billet recevront le reliquat de 110 000 FCFA à leur convenance.
Thiès - La Ville lance le projet des Volontaires de la surveillance urbaine
Dr Babacar Diop a lancé un nouveau corps constitué de 60 volontaires chargés de la surveillance urbaine. Ils sont 35 garçons et 25 filles et qui devront veiller sur les espaces publics tels que l’hôtel de ville, la Promenade des Thiessois, la Place de France, l’Agora, entre autres. Ces volontaires vont également aider les personnes du 3e âge, les mal voyants, les personnes à mobilité réduite et les élèves à traverser la chaussée. En plus d’assurer la police de la salubrité publique, ils vont apporter les premiers soins de secours aux accidentés de la circulation, lutter contre les affichages sauvages, l’occupation anarchique des trottoirs et gérer la circulation routière aux heures de congestion. Selon le maire de Thiès, ils ont été recrutés à l’issue d’un appel à candidatures afin de dépolitiser leur enrôlement, pour ensuite été formés au camp du Groupement mobile d’intervention (Gmi) de Thiès.
Saisie de 500 grammes d’amphétamine à l’Aibd 3 Asiatiques et un Sénégalais arrêtés
Les Douaniers en poste à l’Aéroport international Blaise Diagne (Aibd) ont saisi hier un colis contenant 500 grammes d’amphétamine. Tout est parti d’une opération de ciblage et de contrôle d’un colis «express» en provenance d’un pays asiatique. Soumis au dispositif de fouille planqué au niveau de l’aéroport, le produit, ˙conditionné dans un bocal soigneusement dissimulé, a été testé positif l’amphtamine par le kit de détection¨, selon le communiqué. ˙Une opération de livraison surveille a permis d’appréhender 4 individus impliqués dans le trafic. Il s’agit de trois personnes de nationalité étrangère et d’un Sénégalais. Tous les quatre ont été defférés au parquet de Mbour¨, renseigne le Service de communication de la Douane. Menée par les agents du bureau des Douanes de l’Aibd, cette opération entre dans le cadre des stratégies de ciblage et d’investigation sur les courants de trafics criminels.
Distinction Sonko reçoit le Prix Miriam Makeba le 18 mai prochain à Paris
L’Union internationale des journalistes africains a attribué le Trophée Miriam Makeba à Ousmane Sonko. ˙Dans un contexte o l’évolution socio-politique de l’Afrique est marque par l’émergence d’une nouvelle génération imprégnée de valeurs telles que le bon sens, le sérieux, et une vision novatrice du développement économique, le Premier ministre sénégalais incarne parfaitement cette dynamique», motive-t-on dans le communiqué. La cérémonie de remise du trophée est prévue le 18 mai prochain à Paris.
par Alymana Bathily de SenePlus
OMAR BLONDIN DIOP, IN MEMORIAM, ENCORE
EXCLUSIF SENEPLUS - Témoignage de l'engagement et des intuitions géniales de ce compagnon trop tôt disparu. Une figure majeure mais trop peu connue de la lutte anticoloniale
Alymana Bathily de SenePlus |
Publication 12/05/2024
Samedi 11 mai 2024, 51e anniversaire de son assassinat. Je n’arrive pas à parler de mort tout simplement, même si on n’en a toujours pas établi les circonstances.
Les éditions Jimsaan de Felwine Sarr ont saisi la date. Pour se joindre à la cérémonie d’hommage et de prières que la famille et les amis d’Omar organisent chaque année, en ce jour. Pour aussi présenter au public la biographie écrite par un jeune historien franco-canadien de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Florian Bobin, sous le titre « Cette si longue quête ».
J’ai été invité par Felwine Sarr pour parler de notre héros avec l’auteur, en compagnie de Dr Dialo Diop, frère cadet d’Omar et pour répondre aux questions du public.
J’ai souligné qu’Omar Blondin Diop avait été un intellectuel de haut vol, ce dont on ne parle pas assez. Ce qui n’est pourtant pas étonnant puisqu’il avait été formé dans les établissements d’élite français : lycée Montaigne, lycée Louis Legrand puis École Normale Supérieure de Saint Cloud.
J’ai rappelé qu’il projetait de soutenir une thèse sur Spinoza dans le sillage de son professeur Louis Althusser qui avait ouvert la voie à la recherche sur la relation entre le jeune Marx et Spinoza. Ce qui fera école plus tard en France et partout en Europe. Mais à l’époque, quand Omar s’y intéressait, le sujet ne faisait pas encore l’objet de recherches.
J’ai fait référence aussi à deux intuitions intellectuelles fulgurantes d’Omar : celle relative à son « projet de théâtre urbain » et celle sur la musique et sa consommation. A propos de son projet de théâtre, il écrivait : « Notre théâtre sera celui de la vie … ». « Rétablir le contact avec le peuple à partir de son expérience quotidienne, de son histoire et de son langage… », était un autre mot d’ordre de son manifeste.
J’ai suggéré que cette intuition d’Omar semblait avoir résonné comme en écho auprès de Ngugi Wa Thiogo qui allait expérimenter quelques années plus tard, au début des années 1970, avec ses collègues de l’Université de Nairobi, le Théâtre Itinérant Libre.
« Le vrai langage du théâtre africain ne se trouve qu’auprès du peuple, surtout de la paysannerie, dans sa vie, son histoire et ses combats », écrira l’écrivain kenyan.
L’autre intuition intellectuelle étonnante d’Omar est esquissée dans ce texte intitulé « Esthétique de la destruction outre atlantique. Du développement de la nouvelle musique populaire » qui date de juillet-décembre 1968. Il l’introduit ainsi : « de la musique, on peut dire ce qu’Arthaud disait de la drogue, certains s’en servent pour guérir, d’autres pour en jouir… ».
Il y a encore ceci : « la musique pop est donc une entité hybride : elle est à la fois une industrie (mass-medium) et un lien culturel où on rencontre des individus qui se caractérisent par la communauté d’âge… ». Suivent des pages lumineuses sur « la mise en condition du public par les mass media », la filiation de la musique pop avec le rock n’ roll et le rythm and blues, la création du « public » et de « l’audience ».
On croirait entendre Stuart Hall et les théoriciens des media studies de l’Université de Birmingham qui pourtant, ne feront école qu’à partir des années 1980. L’un des mérites du livre de Florian Bobin, c’est d’avoir révélé toutes ces fulgurances intellectuelles d’Omar. D’autant que l’introduction de Boubacar Boris Diop a très bien mis l’homme en perspective.
Au sortir du panel, j’ai pourtant ressenti une certaine frustration avec l’impression de n’avoir pas dit l’essentiel sur mon compagnon. Comme toujours quand je parle de lui. Je me suis dit que j’aurais dû dire seulement qu’Omar Blondin Diop était en fait comme nous tous de cette génération qui a eu autour de vingt ans à la fin des années 1960. Nous ressentions tous cette humiliation de laissés pour compte de l’histoire que le lycée et l’université nous rappelait insidieusement. La révolution était pour beaucoup d’entre nous le seul horizon, le seul espoir.
Omar était seulement plus renseigné sur la réalité du monde, plus structuré, plus intelligent donc plus conscient de la domination et du racisme de la France et de l’Occident, et plus meurtri. Plus sensible et plus courageux certainement. C’est cela qui explique son destin d’étoile filante.
PAR THOMAS DIETRICH
IL N'Y A PAS DE BASE SECRÈTE FRANÇAISE AU BÉNIN
La télévision publique du Niger a utilisé (et tronqué) un de mes reportages pour faire croire qu’il y aurait une base secrète de militaires français au nord du Bénin. Macron ne déstabilisera pas le Niger depuis une base secrète au Bénin qui n’existe pas
La télévision publique du Niger a utilisé (et tronqué) un de mes reportages pour faire croire qu’il y aurait une base secrète de militaires français au nord du Bénin.
Sauf qu’il y a plusieurs problèmes :
1. Mon reportage au nord du Bénin date de janvier 2023, soit six mois avant le putsch contre Mohamed Bazoum. Les militaires français présents à Kandi n’avaient donc pas pour objectif de déstabiliser le pouvoir nigérien, à l’époque très francophile. Les soldats hexagonaux sont de plus partis de Kandi en février 2023, quelques semaines après mon reportage.
2. Il n’y avait pas de base secrète française à Kandi, et à ma connaissance il n’y a en a toujours pas. Nos soldats étaient casernés dans un coin du camp militaire béninois de Kandi. Là où les autorités béninoises et françaises ont probablement menti, c’est sur le rôle de ces militaires sur place. Officiellement, on a fait croire que ce n’étaient que de simples instructeurs. En réalité, les soldats français ont également fait de l’opérationnel contre les djihadistes, main dans la main avec l’armée locale. Et ça c’est problématique, car les opinions publiques devaient en être informées.
Clairement, Macron ne déstabilisera pas le Niger depuis une base secrète au Bénin qui n’existe pas. Mais cela ne doit pas nous faire oublier que Paris a été prêt à tout pour reconquérir son influence perdue au Niger. Macron a voulu envoyer nos commandos remettre Bazoum au pouvoir (cf Jeune Afrique). Et certains réseaux français ont favorisé,
en août dernier, la création de la rébellion de Rhissa Ag Boula, un ancien bras droit de Bazoum.
Il faut également s’interroger sur les liens très étroits de Paris avec l’autoritaire Patrice Talon, des liens qui eux, ne sont pas une fake news. La France fournit du renseignement et du matériel militaire au régime béninois, officiellement pour lutter contre le terrorisme, mais aussi pour garder le Bénin dans le pré-carré français. Comme l’a révélé Africa Intelligence, l’entreprise hexagonale Atos va même envoyer des drones et un avion surveiller le nord du pays (et donc la frontière avec le Niger), pour le compte de l’armée béninoise, le tout sur financement de l’Union européenne.
Ce que je viens d’écrire ne plaira sans doute pas aux propagandistes des deux camps. Mais même si elle doit prendre l’escalier, la vérité finira par arriver.
La télévision publique du #Niger a utilisé (et tronqué) un de mes reportages pour faire croire qu’il y aurait une base secrète de militaires français au nord du #Bénin.
Sauf qu’il y a plusieurs problèmes :
1. Mon reportage au nord du Bénin date de janvier 2023, soit six mois… pic.twitter.com/jImaPR4NSu