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27 avril 2024
Société
PAR L’ÉDITORIALISTE DE SENEPLUS, BOUBACAR BORIS DIOP
CE VIEIL HOMME, NOTRE ENFANT…
Wade a desservi Karim, renforcé la cote de popularité de Macky tout en donnant de lui-même une image négative. En somme, trois coups de pierre contre sa réputation et contre la libération de son fils
Boubacar Boris Diop, Éditorialiste de SenePlus |
Publication 24/03/2015
Des analystes pourtant peu suspects de passion partisane continuent à regretter que la Crei n’ait été apparemment réactivée que pour juger Karim Wade. Même si on peut leur reprocher de tenir pour quantité négligeable ses co-inculpés ou d’oublier trop vite les nombreux dossiers déjà instruits, leur trouble mérite la plus grande attention. Il nous rappelle qu’au Senegal l’autorité publique n’a jamais vraiment su quelle attitude adopter à l’égard des auteurs de crimes économiques. C’est peu de dire que ces derniers, du fait de leur forte capacité de redistribution, sont plus souvent admirés que stigmatisés.
Il se raconte du reste, sous forme de blague populaire, qu’à des détenus ordinaires se plaignant des faveurs accordées à ces prisonniers de luxe, un régisseur aurait répliqué, excédé : «Ecoutez, ce n’est pas pareil, vous, vous êtes des voleurs alors qu’eux ont détourné !» Cette complaisance à l’égard de ceux qui dilapident nos maigres ressources s’explique-t-elle par le fait que le même personnel politique se partage le pouvoir depuis l’Indépendance ? L’hypothèse peut être avancée sans risque.
Le plus fascinant, c’est que Me Abdoulaye Wade, alias le «pape du Sopi», a été élu, après une exceptionnelle mobilisation populaire, pour briser ce cercle vicieux de la gabegie et de l’impunité. Quel Sénégalais peut s’en souvenir aujourd’hui sans un formidable éclat de rire ? Sous son règne, le système est devenu complètement fou ! Dès ses premières heures au Palais, il déclare à Idrissa Seck, qui l’enregistre en secret– drôle de gens, n’est-ce pas ?- : «Nos problèmes d’argent sont désormais derrière nous», avant d’ajouter cette phrase hallucinante : «Même les gangsters savent s’en tenir a un strict code d’honneur quand vient l’heure de se partager le butin.»
Il n’est dès lors pas étonnant qu’au cours de ses deux mandats à la tête du pays, on ait eu l’impression d’un gigantesque foutoir financier. Bien des cadres ayant travaillé avec Me Wade, en particulier ceux qui venaient de la Gauche, n’étaient pas des corrompus, loin s’en faut. Mais ceux qui l’étaient ne se sont pas du tout gênés. Les affaires en tous genres– terrains, trafic de devises voire de drogue– ont sans cesse défrayé la chronique et des milliers de gens qui tiraient le diable par la queue, ont amassé en peu de temps une colossale fortune.
Dans un petit pays à l’élite aussi «compacte», tout finit par se savoir, même, et peut-être surtout, ce que les medias choisissent, pour diverses raisons, de taire. Et– ne soyons donc pas si oublieux– Karim Meissa Wade, à la tête de moult ministères stratégiques, était au centre de tout. La justice lui demande depuis juillet 2014 de justifier l’accroissement phénoménal de sa fortune à l’époque où son père était chef de l’Etat. Il n’en a pas été capable et cela lui a valu une peine ferme de six ans et une amende de 138 milliards de francs Cfa.
On peut certes entendre les critiques des ONG des Droits de l’homme qui voient dans la Crei une juridiction d’exception violant les normes du droit international mais on a aussi eu le sentiment que pour ses avocats leur client, lâché par certains de ses prête-noms et complices, confondu sur des points importants, était devenu indéfendable. On les a donc davantage entendus en conférence de presse qu’à la barre du tribunal qu’ils ont du reste finalement boycotté. Il est d’ailleurs difficile de savoir à quoi ont bien pu servir les avocats étrangers supposés plaider en faveur de Karim Wade.
Malgré le gros cafouillage sur le compte de Singapour– un point, il faut le souligner, non pris en compte par le juge Henri-Grégoire Diop–, personne n’a été surpris par le verdict du 23 mars. Il n’y a pas lieu de se réjouir qu’une personne encore dans la force de l’âge soit obligée de rester quatre années en prison mais des dizaines de milliers d’autres Sénégalais purgent la même peine sans que cela n’émeuve personne.
L’avertissement vaut pour tous nos futurs chefs d’Etat. Ce qui arrive à Karim Wade doit leur faire comprendre qu’il est inadmissible et dangereux de détourner les suffrages populaires au profit de sa famille.
L’ex-président Wade, naguère tout-puissant, n’a rien pu faire pour sauver son fils. Il n’a même pas pu trouver un hôtel pour y organiser ce que le politologue Mbaye Thiam a appelé sur Sud FM «la dévolution paternelle du parti». Cela en dit long sur la brutalité de la chute de Wade. Il s’était pourtant montré si agressif à maintes reprises que le pays a eu de sérieuses craintes pour la sécurité des biens et des personnes le jour du verdict. A l’arrivée il y a eu plus de peur que de mal.
Me Wade, conscient de son faible pouvoir de nuisance ces temps-ci, s’y était sûrement attendu et c’est sans doute pour cela qu’il a fait de son fils le candidat du PDS à la présidentielle de 2017. Le projet, c’est de lui faire porter les habits de lumière du prisonnier politique, si populaire que le régime n’aura d’autre choix que de ne pas le maintenir en détention. Est-ce bien sérieux ? En vérité, cela s’appelle raisonner la tête à l’envers.
Tout d’abord, Karim Wade, qui n’a jamais remporté le moindre scrutin, est un binational. On le voit mal renoncer à son passeport français pour briguer les suffrages des électeurs sénégalais. Et au fait, dans quelle langue leur demanderait-il de voter pour lui ? C’est un point central que tout le monde semble avoir oublié. Sauf, probablement, l’intéressé lui-même et son père. Me Wade, qui a affronté tous les présidents, de Senghor à Macky Sall, sait bien ce qu’élection veut dire dans notre pays. Il serait étonnant qu’il entretienne au fond de lui-même la moindre illusion quant aux chances de son fils pour l’élection de 2017.
Il sait bien, pour le dire familièrement, que les carottes sont cuites.
Wade aura en effet tout essayé mais les appels du pied à l’armée n’ont pas eu plus d’écho que sa menace insolite de prendre le maquis. Et pour faire monter la tension, il ne s’est interdit aucune grossièreté à propos de la famille Sall. Ce faisant, il a desservi Karim Wade, renforcé la cote de popularité de Macky Sall tout en donnant de lui-même une image encore plus négative qu’à l’ordinaire. En somme, trois coups de pierre contre sa réputation et contre une cause, la dernière d’un vieux combattant, qui lui tient tant à cœur : la libération de son fils.
Une fin de parcours aussi douloureuse– il est des moments où le vieil homme suscite en effet une vague compassion– rappelle, toutes proportions gardées, celle d’Alboury Ndiaye. La tradition rapporte qu’au soir de sa vie, affamé et au bord de l’épuisement, le Bourba Djoloff fut obligé de voler une écuelle de lait dans l’arrière-cour d’une maison de Dosso, dans l’actuel Niger. Surpris par la propriétaire, il n’eut d’autre choix que de nier avec véhémence. En vain : un enfant l’avait vu en secret, qui témoigna contre lui. Il aurait alors déclaré à son griot : « J’ai été tout-puissant au Djoloff et voilà à quoi je suis réduit. Tout est perdu et je sais que ma fin est proche.»
Alboury Ndiaye, immortalisé entre autres par le dramaturge Cheik Aliou Ndao, a été peut-être le moins ambigu, le moins controversé de nos héros nationaux mais un cruel destin avait pris avantage sur le guerrier errant, panafricaniste avant la lettre. Du célèbre politicien libéral aussi, on peut dire, mais hélas pour de moins glorieuses raisons, que tout est perdu aujourd’hui, même l’honneur.
Il ne lui reste plus qu’à solliciter la clémence de celui dont il a dit tout récemment que jamais il ne serait au-dessus de Karim Wade. Peut-être s’exprimait-il ainsi en surestimant ses capacités à infléchir le cours de la justice. En homme qui a toujours cru au seul rapport de force, il est bien conscient d’être à la merci du régime de Sall. La surenchère verbale va rester de mise pendant quelque temps pour sauver les apparences mais il est très probable qu’il va bientôt jouer, en coulisses, la seule carte qui lui reste raisonnablement : solliciter la grâce présidentielle. Et si Macky Sall venait à céder aux pressions, l’on n’entendra probablement plus parler ni de l’homme Karim Wade ni encore moins du candidat sans peur et sans reproche. On peut supposer qu’il sera aussi oublié des Sénégalais que l’est à l’heure actuelle sa sœur. Le président pourrait être tenté de se montrer magnanime après avoir su se montrer ferme.
Qu’adviendrait-il des Bibo Bourgi et autres Mamadou Pouye, condamnées en même temps que Karim ? La question n’est pas simple car une libération générale ferait désordre dans l’opinion.
Quoi qu’il arrive, gardons-nous de jeter trop vite la pierre à Me Abdoulaye Wade. Ce quasi centenaire au regard perdu, si tragiquement solitaire, c’est nous-mêmes qui l’avons librement enfanté dans l’allégresse générale il y a une quinzaine d’années. Au-delà du sort personnel de son fils, c’est de cela que nous devrons nous souvenir demain et après-demain.
Enlevés le 3 mai dernier à Kaïlou (Ziguinchor) par une faction du mouvement indépendantiste MFDC et emmenés au plus profond de la forêt casamançaise, les démineurs otages font part, pour la première fois, de leurs conditions de détention et exposent leur vœu ardent de rejoindre «le plus tôt possible» leurs familles respectives. Dans la forêt, ils pratiquent la chasse et la pêche. Le journaliste et Reporter d'Image Christian Thiam de SenePlus.Com s'est entretenu avec les otages et plusieurs chefs militaires du MFDC dont César Atoute Badiate. Dans les toutes premières minutes de la vidéo, César Atoute Badiate s'exprime en diola mais les réactions des otages sont toutes en français.
Le voyage est long pour accéder au cantonnement militaire. Après plusieurs heures de conduite, il faut encore plusieurs kilomètres à pied pour accéder à la zone d’influence de César Atoute Badiate au fin fond de la forêt de Casamance. Un fief qui se «trouve bel et bien en territoire sénégalais», comme nous le précise le reporter de SenePlus.Com Christian Thiam qui a effectué ce voyage avec Jean Michel Mathiam un employé de la société sud-africaine Mechem pour qui travaillaient les otages.
Au plus profond de cette forêt, ils sont faits otages depuis le 3 mai 2013, loin de leurs familles, de leurs proches et de leur environnement social habituel. Cet enlèvement porte la signature d'une des factions séparatistes du Mouvement des Forces démocratiques de la Casamance (MFDC) dirigé par César Atoute Badiate.
Depuis que la vie de ces démineurs a basculé, personne ne les avait vu, ni entendu s'exprimer publiquement.
Assis sur des bancs en plein milieu de la forêt, les otages de César Atoute Badiate semblent en bonne forme physique. Pour la première fois, ils ont eu l’occasion de faire part de leurs conditions de vie et leur vœu ardent de retrouver leurs familles respectives.
Tout s’est passé sous l’œil vigilant du chef d’Etat-major du maquis César Atoute Badiate. C’est lui en premier qui prend la parole et s’exprime dans sa langue maternelle, le joola. Fixant droit la caméra, par moments, il expliqué les circonstances de sa rencontre avec Christian Thiam ainsi que l’objet de la visite de ce dernier dans le maquis.
A la suite, du général maquisard, c’est Charles Coly un des otages qui prend la parole. Serein, il confesse que depuis leur enlèvement, ses compagnons et lui n’ont été victimes d’aucune forme de maltraitance, ni de terreur de la part de leurs ravisseurs. En d’autres termes, ils ont été bien traités. Charles parle même de liberté de circuler dans les environs immédiats alors même qu’ils sont retenus comme otages.
«On est libre ici, on se déplace comme on veut»
«Depuis que nous avons été arrêtés, nous n’avons eu aucun problème. On a un peu marché, et cela c’est normal », a-t-il dit. Poursuivant son propos, Charles explique également que même la nourriture n’a jamais été un problème pour eux. «Nous allons à la pêche et à la chasse. On se déplace comme on veut », a-t-il souligné en tentant de se débarrasser des insectes de la brousse qui bourdonnent dans ses oreilles. Personne dans le maquis n’a jamais pointé une arme sur un otage pour lui ordonner d’exécuter une action, assure Charles.
En revanche, ce qui reste pénible et insupportable pour eux, c’est la séparation d’avec leurs familles respectives. «Le seul problème que nous avons, dit-il, c’est qu’on n’a pas nos familles». Doucouré, qui semble le plus jeune des otages qui ont fait face à la caméra, ne semble pas apprécier le propos très apaisants tenu par son collègue Charles.
Et il a tenu à marquer son désaccord, en prenant la parole : «On tient ici des discours pour dire que tout va bien… Mais on sera mieux chez nous», rétorque Doucouré, très ému avec une voix grinçante et empreinte d’émotion. «C’est bien beau de dire oui on n’a pas de problème. Mais nous, nous voulons rentrer chez nous le plus rapidement possible», a poursuivi l’otage.
«C’est très dur de vivre ici »
Gilbert Tendeng corroborant les propos de Charles, se dit persuadé qu’ils n’auront pas de problème. Seulement, reconnait-il «c’est dur de vive ici». Gilbert Tendeng se préoccupe du sort qui leur sera réservé après leur libération du point de vue professionnel. En effet, il craint qu’après leur libération, leurs familles respectives les déconseillent de continuer à travailler comme démineurs pour la société sud-africaine Mechem, parce que cette activité sera perçue comme une activité bien trop risquée.
Pour rappel, ils étaient douze démineurs travaillant pour la société sud-africaine Mechem, à être enlevés par la faction séparatiste du MFDC de César Atoute Badiate. Ils exécutaient tranquillement leur tâche ce 3 mai au soir dans le village de Kaïlou, (département de Ziguinchor), quand les rebelles ont fait irruption et les ont kidnappés.
Le général Badiate qui a commandité ce rapt estime que le gouvernement du Sénégal n’a pas respecter son engagement à arrêter le déminage dans les zones que le chef rebelle considère comme zone contrôlée par le mouvement rebelle.
Le 28 mai 3 femmes faisant partie des 12 démineurs ont été libérées pour des raisons humanitaires après une médiation des autorités de Bissau, de la Croix Rouge, le groupe de réflexion pour la recherche de la paix en Casamance, entre autres acteurs.
Mais auparavant le chef de l’Etat, Macky Sall avait commis, ce que plusieurs observateurs de la vie politique sénégalais avaient considéré comme "une maladresse" en affirmant dans une série d’entretien accordé à l’AFP que les « otages seront libérés », et que ce n’était «pas un problème». Ainsi, le président Sall en minimisant cet enlèvement a peut-être donné l'occasion aux ravisseurs de faire monter les enchères, ajoutent des analystes interrogés par SenePlus.Com.
Depuis 1982 la Casamance, sud Sénégal, fait face à une rébellion indépendantiste qui entrave le développement économique de cette région dû à l’insécurité : braquages, enlèvements, et autres assassinats.
TRADUCTION DES PROPOS DE CÉSAR ATOUTE BADIATE, AU DÉBUT DE LA VIDÉO
"Charles, bonjour à toi et à tes amis. Comme vous le savez, d’habitude nous effectuons des voyages. Et Dieu a fait qu’au cours de notre dernier voyage, avant hier, nous avons eu l’occasion de rencontrer ce monsieur qui voulait voir dans quelles conditions vous vivez.
Il faut dire que cela fait un moment qu'il souhaitait vous rencontrer mais nous avions estimé que n’aviez pas un assez bon moral pour que nous puissions donner une suite favorable à cette demande. Nous avions donc préféré reporter cette rencontre.
Mais comme maintenant vous êtes un peu plus habitués aux conditions de vie ici, j'ai pensé que cette fois-ci, il n'y avait aucun obstacle à ce que vous le rencontriez aujourd'hui. "
LE CENTRE ET L'OUEST SERONT RECOUVERTS PROGRESSIVEMENT PAR UNE COUCHE DE POUSSIÈRE DENSE
L’ANACIM table aussi sur un indice de la qualité de l’air rouge (très mauvais) pour les prochaines 48 heures. Elle prévient du ‘’risque sanitaire « élevé » pour les personnes particulièrement sensibles
Dakar, 26 avr (APS) – Les zones centres et la région de Dakar seront progressivement recouvertes dans les heures à venir par une couche de poussière dense qui enveloppe déjà les localités Nord du pays, alerte l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (ANACIM).
‘’Cette nappe de poussière dense affectera une bonne partie du pays, avec une incidence plus marquée sur les régions Nord (Saint-Louis, Louga et Matam), Centre (Diourbel, Kaolack et Kaffrine) et Ouest (Dakar, Thiès, Fatick,…)’’, explique-t-elle.
Elle précise que l’épisode poussiéreux devrait persister entre vendredi à 18 heures et dimanche à la même heure.
Les prévisionnistes indiquent que ‘’les visibilités seront par conséquent fortement réduites dans les zones précitées, devenant moins affectées ailleurs’’.
Ils expliquent que ‘’la réduction des visibilités est étroitement liée à la densité de la poussière qui dégrade à son tour la qualité de l’air’’.
‘’La qualité de l’air à Dakar est mauvaise pour la journée du 26 avril avec des concentrations de particules (PM10) élevées dans l’air ambiant.’’
L’ANACIM table aussi sur un indice de la qualité de l’air rouge (très mauvais) pour les prochaines 48 heures.
Elle prévient du ‘’risque sanitaire « élevé » pour les personnes particulièrement sensibles (les personnes souffrant de maladies respiratoires, jeunes enfants et personnes âgées)’’.
‘’Au vu du degré d’exposition aux concentrations élevées de particules’’, elle conseille ‘’de ne pas trop s’exposer à l’air ambiant et d’éviter les activités sportives intenses à l’extérieur’’.
De son côté, le Centre de gestion de la qualité de l’air (CGQA) signale que ‘’la qualité de l’air de ce 26 avril’’, qui était moyenne en fin de matinée, ‘’est passée à mauvaise en raison d’une hausse progressive des concentrations de particules’’.
‘’Cette tendance va s’intensifier cette nuit et dans les prochaines 24 heures avec un IQA qui passera au rouge (très mauvaise qualité de l’air) pour la journée de demain, 27 avril 2024’’, avertit-il.
DES FAUX MÉDICAMENTS ET DU CANNABIS SAISIS PAR LES UNITÉS MARITIMES DE LA DOUANE
Des médicaments, d’une contrevaleur de 403 millions de francs CFA, ont été saisis à Mbodjène, par les agents de la brigade maritime des Douanes de Joal, subdivision du littoral sud.
Dakar, 26 avr (APS) – Deux pirogues chargées de faux médicaments et de cuisses de poulet impropres à la consommation ont été interceptées par les unités maritimes de la Douane, lesquelles ont saisi également 234 kg de cannabis, indique la Division la communication et des relations publiques des douanes sénégalaises.
Des médicaments, d’une contrevaleur de 403 millions de francs CFA, ont été saisis à Mbodjène, par les agents de la brigade maritime des Douanes de Joal, subdivision du littoral sud. C’est le 19 avril, vers 5h du matin, qu’ils ont mis en échec cette tentative d’importation illégale de médicaments par voie maritime.
“L’opération qui fait suite à une surveillance en mer doublée d’un dispositif d’interception le long du rivage, a permis d’immobiliser une pirogue qui tentait d’accoster sur un débarcadère de fortune dans les environs de Mbodjène (département de Mbour)”, explique un communiqué transmis à l’APS.
Il précise que “la cargaison de marchandises frauduleuses est composée de 61 cartons de faux médicaments, dont 38 cartons d’aphrodisiaques et 23 cartons de corticoïdes (utilisés pour la dépigmentation, source de cancers mortels)”.
Parallèlement, “234 kg de cannabis conditionnés en 30 colis” ont été interceptés par la brigade maritime des Douanes de Kayar, non loin de Pointe-Sarène.
“Les agents ont également saisi sur la même embarcation une importante quantité de cuisses de poulet”0, signale le communiqué, relevant que “la contrevaleur totale de la saisie est évaluée à près de 19 millions de francs CFA”.
Il souligne que “ces saisies ont été réalisées dans le cadre des opérations de ciblage et d’investigation sur les courants de trafics criminels opérant sur les grands corridors et par vecteur maritime”.
L’administration des Douanes “réaffirme son engagement à combattre le trafic illicite sous toutes ses formes, notamment la criminalité pharmaceutique au regard de ses effets néfastes sur la santé physique et mentale des populations”.
PAR M. Demba Ndiaye
LA PRISE EN CHARGE SOCIO-MÉDICALE AU SÉNÉGAL, UN POIDS DEUX MESURES ?
10 ans après le lancement de la CMU, une étude exhaustive s’impose pour apporter les correctifs nécessaires à son réalignement au paysage national de l’indice de pauvreté nationale
Le Trésor public sénégalais dépenserait plus de 4,7 milliards F Cfa par an. Chaque année, 40 à 50 agents sont pris en charge par le Trésor public, pour la bagatelle de 4,7 milliards de francs Cfa. L’Etat dépenserait environ 180 millions pour la prise en charge d’un agent. “Quarante fonctionnaires de l’Etat bénéficient d’évacuation vers l’étranger, sur décision médicale du Conseil de santé dirigé par le médecin-chef du centre médico-social. Cent quatre-vingt millions sont dépensés par malade. Cette somme comporte les frais de transport, l’hospitalisation y compris la nourriture, en plus de la prise en charge médicale. S’il s’agit d’une haute autorité, la somme est presque doublée’’, nous confie-t-on.
Alors que l’écrasante majorité de la population, pauvre, ne peut se soigner correctement, les initiatives de prise en charge socio-médicales souffrant de ressources adéquates, voici que les dignitaires du Sénégal utilisent les fonds publics pour accéder aux soins dans des cliniques et hôpitaux en Occident et au Maghreb, aux allures de tourisme de relaxation pure.
Un contraste trompe-l’œil qui a du mal à prendre forme :
En 2013, l'État sénégalais avait mis en place un dispositif de couverture sanitaire dénommé Couverture Maladie Universelle (CMU) visant à fournir une prise en charge -partielle ou totale- des frais de #santé pour l'ensemble de la population, ainsi qu'un programme de Bourse de sécurité familiale (BSF) pour les familles défavorisées, assujetties à des critères de revenus, d’inscription et d’assiduité à l’école des enfants, afin de combattre les injustices sociales et les inégalités pour une meilleure répartition des richesses nationales. Autant de mesures théoriquement viables mais dont l’application reste encore un rêve pour la majorité!
Dans le cadre d’un plan de déploiement d’un modèle de prise en charge compensatoire, avec quelques experts et collaborateurs de la diaspora, lors d’une visite de terrain au Senegal en 2017-18, on s’est rendu compte que la majorité des Sénégalais ne connaissaient pas du tout, et peu bien, l’existence du concept de la CMU. Un bien mal communiqué.
Étant nous-mêmes proches directs de parents et amis restés au pays, qui mieux que nous connaît la charge financière du coût de la Santé au Sénégal ?
Ainsi les dépenses médicales comprennent : la consultation ; les examens biologiques ; l'imagerie médicale (radiographie, électrocardiogramme, échographie) ; les médicaments prescrits ; les éventuelles autres dépenses médicales. Pour chaque type de dépense, plusieurs niveaux d’intervention en jeu : au-delà du co-paiement, via une structure de prise en charge, une mutuelle ou une autre personne proche, tout encore en l'absence du digital.
Expérimenté des modalités de prise en charge socio-médicale, l’on se demande bien au Sénégal comment l’État d’antan était parvenu à instituer un ratio de prise en charge 80-20%. A savoir la décision imposée aux structures de santé de fournir gratuitement un ensemble de prestations en sus des délais de compensation par l'État (jamais à temps et trop de dilatoire) ont privé ces structures d'une part, de leurs ressources et créé des déséquilibres budgétaires dans leur gestion. La plupart ont réagi en restreignant l'offre de service aux bénéficiaires ; par exemple, aucune structure de santé ne fournit gratuitement les médicaments, et beaucoup d’autres, loin du tintamarre médiatique ont simplement fermé boutique par défaut de retard dans la contribution attendue de l’État providence… mais aussi des piètres sommes perçues entre 3000 et 7000 fCFA par membre, l’année. Un scenario prétentieux au départ qui malheureusement requiert une réévaluation majeure!
Quid des raisons politiques, tous les professionnels de santé rencontrés affichaient une adhésion au principe de la couverture maladie (dans l'esprit) mais la plupart avaient des connaissances limitées et parfois imprécises sur les dispositifs existants, les modalités d'accès ou les prestations couvertes. « Nous, on fait les consultations. Pour savoir qui a accès, comment ça marche, il faut voir avec le service social », conseillait un infirmier. Un médecin reconnaissait : « Vous savez, quand on est médecin, on n'a pas trop besoin de ça [mutuelle]. Quand on a un membre de notre famille qui est malade, on va voir un collègue et il nous règle notre problème.» Peu ou mal informés sur les dispositifs en place, ils n'abordaient quasiment jamais ce sujet avec les patients lors des consultations. Occasion manquée de relations publiques à revisiter.
Enfin, un levier tout aussi capital : la rigueur dans l’allocation des ressources aux plus démunis (BSF et autres filets de securite sociale). L’audit de la Cour des comptes du Sénégal portant sur les dépenses faites en 2020 et 2021 sur le "Fonds de riposte contre les effets du Covid-19" d'un montant de plus de 740 milliards de FCFA (plus de 1,1 milliard d'euros), financé par des bailleurs et l'Etat, et selon ce rapport publié sur le site de l'institution de contrôle rattachée à la présidence de la République :
"Le montant total des dépenses (faites par différents ministères et) sans lien avec la Covid-19 s’élève à 19 727 096 727 FCFA" (environ 30 millions d'euros), soulève des inquiétudes notoires..
10 ans après le lancement de la CMU, une étude exhaustive s’impose pour apporter les correctifs nécessaires à son réalignement au paysage national de l’indice de pauvreté nationale. Le manque d’eau potable au Sénégal est en soi un indice d’insolvabilité des politiques de santé publique. La concentration à Dakar de l’essentiel du personnel soignant étant un autre indicateur tout aussi incriminant. C’est pourquoi l’apport de la diaspora dans ce domaine est d’une nécessité vitale pour le rééquilibrage de l’offre de services de santé de base alliée à la télémédecine.
La nutrition basée sur nos produits locaux demeure une innovation majeure à intégrer à notre concept de la prise en charge socio-médicale, avec l’expertise d’acteurs de la diaspora, nous entendons aussi mettre le focus sur la nutrition, le parent pauvre de la prise en charge socio-médicale en Afrique.
par Lamine Niang
CE FAUX DÉBAT SUR L’APPEL À CANDIDATURE
EXCLUSIF SENEPLUS - L’État ne se gère pas comme une entreprise privée désincarnée. Le nouvel élu, pour assurer sa survie politique, doit s’entourer d’hommes et de femmes de confiance dont la fidélité au même idéal ne souffre d’aucun doute
Depuis la sortie de la liste des premiers nommés aux postes directions générales, le débat sur l’appel à candidatures, délibérément nourri par une certaine presse et quelques analystes politiques, tente d’édulcorer l’audace et la perspicacité de ce nouveau régime. C’est pourtant dans un français limpide et accessible qu’il est écrit dans le programme politique présenté aux Sénégalais que l’appel à candidature sera consacré à « certains emplois de la haute fonction publique et du secteur parapublic ». Qu’est-ce que qui explique alors tout ce tintamarre inutile si ce n’est de tenter insidieusement de ternir l’image d’un pouvoir politique qui a commencé son magistère de fort belle manière en marquant positivement les esprits? Jusqu’ici, rien de ce qui a été promis n’a encore trahi. Bien au contraire, des actes fort courageux ont été posés et des décisions significatives prises depuis l’installation au pouvoir du duo Diomaye-Sonko.
Entre le choix risqué, à des fins d’efficacité et de rationalisation des dépenses, d’un gouvernement réduit et concentré alors que les enjeux de chaque sous-entité ministérielle sont énormes, l’instruction donnée à l’OFNAC de publier les rapports d’enquête de ces dernières années, ce qui met à la face du monde l’ampleur de la gabegie du régime sortant, et la mise en place prochaine d’un « plan d’urgence opérationnel de lutte contre la vie chère» dans un contexte économique extrêmement fragile, une certaine presse préfère plutôt s’époumoner volontairement sur ce qui serait faussement une «promesse non tenue.»
Faites un tour dans quelques pays occidentaux, en France ou aux États-Unis par exemple, vous remarquerez aisément que leurs présidents respectifs s’entourent de ministres, de directeurs généraux et même de juges proches de leur idéologie politique à défaut d’être des militants connus et encartés de leur parti politique. C’est le fonctionnement classique de la gouvernance d’un parti ou d’une coalition de partis qui accède au pouvoir par le truchement d’un appareil politique. Et c’est ainsi depuis la nuit des temps dans toutes les grandes démocraties. Un gouvernement républicain ou démocrate puise en priorité dans le bassin de ses profils de candidats qui épousent sa vision et partage ses valeurs lorsque ces derniers remplissent les conditions de compétence professionnelle et de probité morale.
L’État ne se gère pas comme une entreprise privée désincarnée et dépolitisée. Ceux qui sont élus au pouvoir l’ont été très souvent à la suite de longues luttes politiques acharnées et éprouvantes. Le pouvoir ne se donne pas sur plateau d’argent et ce n’est point l’exposition dithyrambique d’un portfolio professionnel qui fait davantage foi aux yeux de l’électeur. Par conséquent, le nouvel élu à la tête d’un pays, pour assurer sa survie politique, doit s’entourer d’hommes et de femmes de confiance dont la fidélité au même idéal politique ne souffre d’aucun doute. En effet, la gestion d’un pays n’est pas un long fleuve tranquille et la lune de miel avec l’opinion publique dure souvent le temps d’une rose. En dehors des défis socioéconomiques mondiaux sur lesquels nos jeunes États n’ont aucune emprise, l’opposition politique locale et les groupes de pression internes veillent au grain et attendent les moindres ratés ou manquements à venir, par ailleurs inévitables, pour monter au créneau et donner un écho à ce qui ne fonctionne pas. Ce sera aux responsables politiques qui ont croient au PROJET et qui l’ont défendu contre vents et marrées de leur apporter la réplique nécessaire. Tout part et revient à la politique…
De plus, pour qui connait moindrement l’organisation interne de Pastef et les individualités qui s’y meuvent, c’est un parti politique qui regorge de personnes compétentes dont les meilleures ne sont même pas connues du grand public. Plus important encore, ce sont des profils animés d’une volonté insatiable de montrer de quoi ils sont capables après toutes ces années passées à critiquer et à montrer les limites de la gestion de Macky Sall.
Cela fait exactement un mois que le duo Diomaye-Sonko est installé au pouvoir, héritant d’un pays économiquement en lambeaux et d’un personnel du système de Macky qui occupe jusqu’ici les plus hautes fonctions de l’État. Le coup de balai sera inévitable et le remplacement se fera avec des hommes et des femmes à l’image du président majoritairement élu par 54,28% des électeurs.
Le vrai bilan est attendu en 2029 et les électeurs jugeront de nouveau.
par Amadou Tidiane Wone
DISTINGUER LES PRIORITÉS…PRIORITAIRES
Il me semble nécessaire d’envisager la situation actuelle de notre pays au prisme de la Matrice d’Eisenhower qui suggère une cartographie en 4 axes des priorités à définir
En ce 21ème siècle, et dans plusieurs domaines de la connaissance, il ne s’agit plus d’inventer ou de créer, il suffit de rechercher pour trouver des réponses aux problèmes que l’on rencontre et les mettre en œuvre. Au cours de cette mise en œuvre, il arrive que l’on apporte un plus aux solutions initiales. C’est la sanction de l’expérience mais aussi la récompense de l’humilité. Ainsi progressent les savoirs universels.
Nous venons d’élire un nouveau régime. Nous avons porté au pouvoir des personnalités jeunes, bien formées, purs produits de l’Ecole sénégalaise, enracinés dans les valeurs profondes de notre peuple. Dans un contexte économique et politique mondial d’une rare complexité, notre peuple a fait le pari de l’espoir. Sur un continent martyrisé par l’Histoire, et en proie à des calamités de toutes sortes, notre pays fait figure bien malgré, lui d’exception à la tentation du chaos. Dans les moments les plus tendus, nous avons en effet su négocier les virages périlleux et retrouver un certain équilibre. Nous rendons grâces à Allah en ce vendredi saint !
Cela étant dit, il me semble nécessaire d’envisager la situation actuelle de notre pays au prisme de la matrice d’Eisenhower qui suggère une cartographie en 4 axes des priorités à définir.
Identifier, trier et ordonner les tâches importantes et urgentes : Ce sont les missions à traiter et exécuter en priorité numéro 1. Contre vents et marées. Elles doivent mobiliser des équipes et des compétences conscientes des enjeux et dévouées à la cause.
Identifier, trier et ordonner les tâches importantes mais non urgentes : Ce sont les actions à planifier, selon un ordre normé et quantifiable, avec des critères d’évaluation à court et moyen terme.
Identifier, trier et ordonner lestâches non importantes mais urgentes : ce sont les taches à déléguer, en exerçant un contrôle régulier de l’atteinte des objectifs assignés, au prix de réglages réguliers, tant au plan des ressources humaines que des moyens à mettre à la disposition des personnels chargés de la mise en œuvre.
Identifier les tâches non importantes et non urgentes : ces taches sont souvent celles qui occupent le devant de la scène. Il faut purement et simplement les abandonner et veiller à ce que les énergies ne soient pas distraites dans des activités de cet ordre.
Pour dire que, loin des verbiages savants qui parlent de tout et de rien, nos dirigeants et les équipes qu’ils mettent progressivement en place disposent des outils organisationnels pour tenir fermement le guidon. Etant entendu que chaque alternance politique signifie, pour certains, la fin du monde. Il serait plus exact de dire la fin d’un monde ! Les facilités d’hier deviennent les difficultés d’aujourd’hui. Le stress, consécutif à la perte de tant de privilèges que l’on croyait acquis, pousse certains à des comportements irrationnels. Et les réseaux sociaux bruissent de considérations qui relèvent du déni ou de la pure défiance, alors même que la nouvelle équipe dirigeante n’a qu’un mois d’âge…Tout cela doit être maitrisé au crible, entre autres de la Matrice d’Eisenhower qui a dirigé les États-Unis d’Amérique dans le contexte de la seconde guerre mondiale. C’est dire qu’il avait fort à faire et qu’il pourrait être de bon conseil !
UN NOUVEAU MASSACRE IMPUTÉ À L'ARMÉE AU BURKINA FASO
"Les soldats voulaient s'assurer qu'il n'y avait pas de survivants, parce qu'avant de partir ils ont tiré plusieurs fois sur des personnes qui étaient déjà à terre", rapporte un jeune homme de 25 ans, seul survivant d'une famille de 17 personnes selon HRW
(SenePlus) - Au moins 223 civils, dont 56 enfants, ont été exécutés le 25 février dans les villages de Nodin et Soro, dans le nord du Burkina Faso, par leur propre armée selon un rapport de Human Rights Watch (HRW). Cité par Le Monde, l'ONG a recueilli les témoignages glaçants de 14 rescapés de cette tuerie, l'une des pires depuis le début de l'insurrection djihadiste en 2015.
D'après les survivants, des soldats burkinabè ont ordonné aux villageois de sortir de leurs maisons avant de les regrouper par sexe et âge, puis de tirer sur eux à bout portant, "achevant ceux qui étaient encore vivants". Une femme de 32 ans raconte avoir vu "des morts tomber sur elle" après que les militaires aient ouvert le feu sans sommation en les traitant de "terroristes".
"Les soldats voulaient s'assurer qu'il n'y avait pas de survivants, parce qu'avant de partir ils ont tiré plusieurs fois sur des personnes qui étaient déjà à terre", rapporte un jeune homme de 25 ans, seul survivant d'une famille de 17 personnes selon HRW.
Pour enterrer les 223 victimes, les villageois ont dû creuser 11 fosses communes, certaines réservées aux femmes, d'autres aux enfants. "Dans la quatrième, nous avons mis des enfants de 6, 7 et 8 ans", témoigne un résident âgé de 23 ans.
Malgré l'ouverture d'une enquête par la justice, aucune conclusion n'a été rendue publique à ce jour. C'est le silence officiel, comme pour les autres massacres présumés de civils par l'armée ces derniers mois, pointe Le Monde.
Le ministre burkinabè de la Sécurité a même salué "le professionnalisme" de ses troupes quelques jours après ce drame, officialisant la nouvelle "stratégie antiterroriste de rupture" du régime militaire.
Mais cette politique sécuritaire n'a fait qu'attiser un cycle de violences meurtrier. Depuis l'arrivée au pouvoir du capitaine Traoré en septembre 2022, au moins 7000 personnes ont été tuées selon l'ONG Acled.
Face à cette situation tragique, une partie de la société civile tente encore de se faire entendre, au péril de sa liberté. Un blogueur relayant l'insécurité dans l'Est a ainsi été enlevé fin avril, comme d'autres voix critiques arrêtées ou portées disparues par le régime ces derniers mois.
PREPARATION DE LA FETE DU TRAVAIL, LES MISES EN GARDE DU BEN A MOUSSA CISSOKHO
Au sein du Syndicat unique des travailleurs municipaux du Sénégal (Sudtm), on ne parle plus le même langage. Le Ben demande au Secrétaire général de ne pas engager le syndicat ce 1er mai.
Au sein du Syndicat unique des travailleurs municipaux du Sénégal (Sudtm), on ne parle plus le même langage. Le Ben demande au Secrétaire général de ne pas engager le syndicat ce 1er mai.
Que Moussa Cissokho se le tienne pour dit. Les membres du Bureau exécutif national (Ben) du Syndicat unique des travailleurs municipaux du Sénégal (Sudtm) n’accepteront pas qu’il reçoive ou dépense le moindre franc sur les subventions attendues en perspective de la Fête du travail du 1er mai. En réunion vendredi pour se pencher sur la situation du syndicat, les membres du Ben ont animé un point de presse mercredi à la mairie de Rufisque pour informer sur les décisions issues de la rencontre. «Le Bureau exécutif national s’est réuni vendredi et plusieurs décisions ont été prises à l’issue de la rencontre.
Décision a été prise par le Ben de porter plainte contre Moussa Cissokho pour qu’il arrête d’agir et de parler au nom du syndicat», a soutenu Abdoulaye Malick Guèye, 1er Secrétaire général adjoint du syndicat. «Nous sommes à la veille de l’organisation de la Fête du travail avec différentes subventions qui parviennent au syndicat. Nous le mettons en garde (…) Nous lui disons que cet argent ne lui appartient pas ; il appartient aux travailleurs et l’argent doit par conséquent revenir au bureau légalement constitué», a enchaîné M. Guèye, assurant que le congrès tenu en présence des délégués départementaux a mis en place une nouvelle équipe dirigée par Mbaye Sow comme Secrétaire général national. Ce dernier s’est voulu d’ailleurs catégorique sur le sujet.
«Il n’a ni la légitimité ni la reconnaissance juridique. Nous lui lançons un dernier appel. (…) Nous nous disions qu’il allait revenir à la raison et restituer au Sudtm ce qui lui appartient, mais ce n’est pas encore le cas. Ce qui est plus grave, il continue d’agir et de parler au nom du syndicat. Le Sudtm a décidé de porter plainte contre ce monsieur pour faux et usage de faux», a insisté le Secrétaire général Mbaye Sow. Il a aussi brandi, parmi les décisions prises lors de la réunion du Ben, une probable plainte contre M. Cissokho en cas d’utilisation des subventions octroyées au syndicat.
«Nous avons appris que la Ville de Dakar et d’autres organisations sont en train de donner des subventions au Sudtm. Ce sont des subventions auxquelles il n’a pas droit. Si d’aventure il se mettait à utiliser cet argent, le Sudtm va le poursuivre pour faux et usage de faux et détournement de fonds», a noté M. Sow qui, dans la dynamique, appelle Moussa Cissokho à la restitution des biens, meubles et immeubles, du Sudtm.
Le tout premier congrès du Sudtm, organisé le 24 mars 2024 à Rufisque, a élu Mbaye Sow Secrétaire général, en remplacement de Sidya Ndiaye. Moussa Cissokho qui, selon Abdoulaye Malick Guèye, a été convoqué «par voie d’huissier» pour participer au congrès, ne s’y est pas présenté. «Il se considère comme le Secrétaire général jusque-là», dit-il.
PAPE ALÉ NIANG À L'ÉPREUVE DU PLURALISME
Ce journaliste combatif, qui a lutté contre la mainmise du précédent régime sur les médias, hérite d'une lourde responsabilité à la tête de la RTS : transformer en profondeur une télévision publique accusée de servir la parole officielle
(SenePlus) - Au Sénégal, la nomination de Pape Alé Niang à la présidence de la Radio-télévision sénégalaise (RTS) ne passe pas inaperçue. Comme le souligne Le Monde, "Si la pratique d'une nomination décidée en haut lieu n'a pas changé, l'arrivée de Pape Alé Niang à la tête de l'audiovisuel public au Sénégal, mercredi 24 avril, est annonciatrice d'un changement de ligne éditoriale."
L'ancien directeur du média en ligne privé Dakar Matin, incarcéré à plusieurs reprises sous la présidence de Macky Sall, jouit d'une popularité certaine mais reste un personnage clivant, même au sein de la profession journalistique. Considéré comme "proche" voire "partisan" du nouveau Premier ministre Ousmane Sonko, Pape Alé Niang a, ces dernières années, multiplié les chroniques très critiques du pouvoir, "au prix de sa liberté quelques fois", selon Le Monde.
Cette nomination soulève des interrogations sur l'indépendance de la RTS, traditionnellement accusée de reproduire la ligne du gouvernement. "Il y a une quasi-main mise de la direction générale et de ses principaux collaborateurs sur tout ce qui doit passer au Journal télévisé. Tout discours contraire à la ligne tracée est censuré", confirme Mamadou Ndiaye, enseignant-chercheur au CESTI, cité par Le Monde.
Pour démentir les accusations de partisanisme, Pape Alé Niang rétorque qu'il recevait les mêmes reproches lorsqu'il ouvrait son micro à d'autres figures politiques. Mais les critiques les plus virulentes portent sur la déception face aux engagements du Pastef, qui s'était engagé à soumettre les postes à un appel à candidatures pour encourager le mérite. "Je croyais que le nouveau régime allait vraiment faire un appel à candidatures pour garantir la liberté des journalistes, changer le fonctionnement pour que le pluralisme soit une réalité", reconnaît avec déception un journaliste de la RTS cité par Le Monde.
Malgré les critiques, certains espèrent que Pape Alé Niang saura relever le défi. "Il a de l'expérience pour avoir été reporter, présentateur d'émissions, directeur de chaîne de télévision", estime Mama Moussa Niang, secrétaire général du Synpap, cité par le quotidien français. Reste à voir si le nouveau patron saura faire preuve de tolérance à la diversité des opinions dans les programmes de l'audiovisuel public, comme s'y est engagé le porte-parole du gouvernement.