La Commission Communication et médias de la Délégation générale pour l’organisation du XVème Sommet de la francophonie a rencontré, avant-hier, à Dakar, les patrons de presse, en présence du Secrétaire d’Etat à la communication, Yakham Mbaye. Une réunion durant laquelle plusieurs questions relatives aux préparatifs de ce sommet ont été évoquées.
Rencontrant, samedi dernier, les patrons de presse, la Commission communication et médias de la Délégation générale pour l’organisation du XVème Sommet de francophone, présidée par Racine Talla, par ailleurs directeur général de la Rts, a annoncé un budget de 198 millions de FCfa, destiné à la communication de ce sommet.
Cette somme sera repartie entre les différents groupes de presse du Sénégal, y compris la presse en ligne et pour l’affichage. Ce budget est attribué à l’Agence de communication Dak’Cor qui a gagné le marché et qui se chargera de l’exécution du programme aux côtés de ces organes de presse.
Pour une bonne répartition de ce marché, une identification des différents organes concernés est faite afin, comme l’a rappelé Mamadou Thiam de la Commission de communication, d’arriver à un équilibre basé sur une approche factuelle. «Nous voulons que tout le monde ait sa part dans le marché de la publicité », a précisé Pascal Alihonou, chargé de la relation presse de la Délégation, indiquant que la campagne de publicité démarre aujourd’hui.
Sur le plan de la couverture médiatique, la Délégation a rassuré que toutes les dispositions ont été prises. 250 postes de travail sont prévus. Au Centre international de conférence de Diamniadio (Cicd), a informé Racine Talla, des espaces équipés d’appareils de dernière génération seront aménagés, en plus d’un dispositif de captation pour les médias audiovisuels.
Selon lui, des dispositions sont aussi prises pour le transport des journalistes au site. Par ailleurs, les patrons de presse ont été édifiés sur l’état d’avancement des préparatifs du sommet à travers différents exposés.
Par rapport à la sécurité, le Commissaire Divisionnaire, Amadou Lam, a fait comprendre qu’aucune menace ne plane sur le sommet. « La situation est maîtrisée », a-t-il dit. A l’en croire, un concept de sécurisation est mis en place pour planifier toutes les opérations à mener.
Vigilance contre Ebola
L’accent a été beaucoup mis, a-t- il avancé, sur les renseignements. « Nous faisons une multiplication des patrouilles et une sécurisation des hôtels qui devront accueillir les participants au sommet. Une simulation grandeur nature est prévue le 15 novembre prochain », a affirmé M. Lam.
Les hôtels retenus pour abriter les hôtes (une quarantaine) comme le Cicd sont sous surveillance. A son tour, le directeur général de l’Apix, Mountaga Sy, a exposé sur l’état des travaux du Centre international de conférence de Diamniadio, lequel a été déjà réceptionné.
A propos du Village de la francophonie, Maguèye Touré, secrétaire général de la commission projets, a indiqué que ledit village qui sera installé au Grand Théatre national, abritera quatre zones. Il s’agit de la zone institutionnelle, celle de services, une zone d’exposition culturelle et celle d’animation culturelle.
« Le village de la Francophonie va assurer la popularité du Sommet, en mettant en valeur la diversité culturelle de notre pays. Il sera ouvert du 24 au 30 novembre», a soutenu le directeur de la Francophonie.
L’autre point qui a fait l’objet de discussion, concerne les mesures de prévention prises contre la maladie à virus Ebola. Racine Talla a rassuré que tout un dispositif a été mis en place à l’aéroport Léopold Sedar Senghor pour contenir la menace.
A l’issue de cette rencontre, des questions relatives aux assises de la presse francophone organisées par l’Union de la presse francophone du 19 au 23 novembre prochain, les manifestations labélisées du Sommet, le Forum de l’investissement prévu du 1er au 2 décembre 2014 où sont attendus près de 700 investisseurs nationaux et internationaux..., ont été aussi abordées.
«UNE PARTIE DE LA PRESSE M’A FAIT BEAUCOUP DE MAL»
Depuis quelques jours, on cite dans la presse le nom de Thione Ballago Seck. Le chanteur, dit-on, serait impliqué dans une affaire d’escroquerie, à cause d’un terrain de 10 hectares qui lui aurait été cédé, contre 100 millions. Une somme que l’artiste n’aurait pas payée. Le plaignant se nomme Macodou Dieng, il dirige l’Entreprise de promotion immobilière basée à Rufisque. Mais ce que dit l’artiste, c’est que l’homme en question ne serait qu’un intermédiaire usurpateur qui se serait fait passer pour le propriétaire des 10 hectares. Thione Seck, lui, serait donc la victime. Ce, d’autant plus qu’il n’aurait pas été épargné par une partie de la presse, qui, d’après lui, n’a pas jugé utile de recueillir son avis. Le chanteur va d’ailleurs porter plainte contre le Groupe Futurs Médias. L’affaire entre Thione Seck et Macodou Dieng sera tranchée le 3 novembre prochain.
Thione Ballago Seck est un homme en colère, voilà ce qu’il a fait comprendre aux journalistes présents hier, vendredi 17 octobre 2014, à une conférence de presse qui aurait pu ne pas avoir lieu. En colère contre un certain Macodou Dieng, l’homme par qui, le scandale serait arrivé. Ce qui oppose les deux hommes, c’est une affaire portant sur la somme de 100 millions. Le chanteur raconte qu’il y a quelques temps, il voulait créer une fondation qui abriterait un hôpital où les soins seraient gratuits, une sorte de legs à la postérité. Le financement, lui, devait venir de l’étranger. Alors, pour gagner du temps, il décide de s’occuper du site qui logerait la structure de santé en tant que telle. C’est alors qu’un ami lui présente Macodou Dieng, directeur de l’Entreprise de promotion immobilière (EPI), avec qui il s’entretient. L’homme en question serait le propriétaire d’un terrain d’une superficie de 10 hectares près du Lac Rose. Ils se mettent d’accord : le bien sera cédé à 100 millions, payables seulement lorsque le terrain serait muté au nom du chanteur.
Macodou Dieng a pour mission de s’occuper de la régularisation des papiers. Les deux hommes signent même un protocole de vente, lequel stipule qu’au-delà de trois mois, en cas de force majeure, ils décideraient d’un commun accord de poursuivre, de revoir ou de résilier le contrat.
Trois mois passent. Thione Seck se trouve alors en tournée à l’étranger. Lorsqu’il rentre à Dakar, il fait la connaissance de celui qui serait en fait le vrai propriétaire des 10 hectares. Il lui fait comprendre qu’il ne doit plus remettre d’argent à Macodou Dieng, alors disqualifié, et qui ne serait en fait qu’un courtier. A ce moment-là, l’intermédiaire, d’après le chanteur et son avocat, Me Abdou Dialy Kane, présent aux côtés de son client, est en prison : il ferait l’objet de deux procédures judiciaires pénales pour escroquerie foncière. Dans l’affaire qui l’oppose à Thione Ballago Seck, l’avocat du chanteur parle encore de tentative d’escroquerie, parce que l’intermédiaire, impliqué dans des faits similaires, se serait aussi fait passer pour le propriétaire. De plus, puisque le contrat n’a pas été renouvelé, plus rien ne lierait les deux hommes.
Thione Seck en veut aussi à la presse
Mais Thione Seck n’est pas seulement en colère contre Macodou Dieng, il en veut aussi à la presse. Il explique que lorsque l’affaire a été ébruitée, il n’était pas vraiment question de lui, pas de façon formelle en tout cas. La Radio Futurs Médias ne parlait jusque-là que d’un chanteur, aussi papa de chanteur, qui devrait 100 millions à quelqu’un, et dont les biens pourraient être saisis. Plus tard, il sera nommément cité, par le quotidien l’Observateur notamment, mais sans que l’on ait pris le soin de recueillir son avis, c’est du moins ce qu’il affirme. Pourtant, nos confrères de l’Observateur, par la voix d’une journaliste de la rédaction qui elle aussi assistait à ce face à face, soutiennent qu’à plusieurs reprises ils ont tenté de joindre l’artiste. Sans succès. Pour le chanteur, il s’agit là d’un prétexte fallacieux, et c’est trop facile comme excuse. Il a d’ailleurs décidé de porter plainte contre la radio et le quotidien de Youssou Ndour, responsables, selon lui, d’une sorte de mise à mort médiatique, responsables d’avoir «entretenu la diffamation contre (sa) personne».
Cette conférence de presse aurait pu ne pas avoir lieu. Car au début, Thione Ballago Seck disait que «ces allégations fumeuses et dénuées de fondement» ne méritaient pas qu’il s’épanche sur le sujet. Puis il a changé d’avis, «après réflexion et concertation avec (ses) proches», sans doute aussi parce que, comme il dit, cette affaire lui a fait mal, à lui et à sa famille. «Je n’avais plus le choix, voilà ce qu’il a dit, je devais me prononcer parce que c’était allé trop loin.»
A l’origine, il était prévu, pour cette rencontre, que les journalistes aient accès à des documents tels que le protocole de vente entre Thione Seck et Macodou Dieng. Ou alors au texte où le «vrai propriétaire» aurait demandé au chanteur de ne plus traiter avec celui qui ne serait qu’un courtier et un usurpateur. A la place, la presse a dû se contenter d’une double lecture, faite par deux confrères : l’un devant s’assurer que le texte lu par l’autre était bel et bien conforme à celui qu’il avait sous les yeux. Cela, sur décision de l’avocat du chanteur qui ne souhaitait pas, comme il dit, «dévoiler le contenu de (son) dossier».
C’est le 3 novembre que sera tranchée cette affaire. On pourrait penser que, dans une telle situation, le silence s’impose. Non, parce que selon Me Abdou Dialy Kane, nous sommes dans une procédure civile. Dans une procédure pénale, l’avocat et le client ne seraient pas exprimés. Hier, c’est un chanteur très irrité, mécontent, qui a fait face à la presse. Des journalistes, il attendait d’être traité avec plus d’égards et de respect, faisant ainsi valoir ses 40 ans de métier sur scène artistique, et ses galons d’Ambassadeur de l’Unesco et de Chevalier de l’Ordre national du Lion.
MAKHILY GASSAMA, UN INTELLECTUEL QUI S’OCCUPE DE L’AFRIQUE
PARUTION POLITIQUE ET POÉTIQUE AU SUD DU SAHARA "INTERVIEWS ET EXTRAITS"
Préfacé par le Pr Spéro Stanislas Adotévi, cet ouvrage de l’ancien ministre sénégalais de la Culture résume en des réponses essentielles différentes problématiques qui se posent à l’Afrique, entre les rendez-vous manqués après les indépendances et la place de la culture dans la construction d’un destin continental commun. L’œuvre ne manquera pas de faire autorité car il est celui d’un passionné, à la fois linguiste, philologue, grammairien, maître en versification...
L’articulation ne pouvait être mieux choisie pour nommer ce condensé d’opinions politiques et culturelles. "Politique et poétique au sud du Sahara", une œuvre littéraire, le dernier de Makhily Gassama, nous offre le privilège de (re)naviguer à travers plusieurs interviews et extraits d’écrits de cet ancien professeur de Lettres, Sénégalais de renom et intellectuel africain aguerri.
Trois chapitres composent cet ouvrage de 246 pages qui aborde des thèmes politiques relatifs à la situation présente et au devenir de l’Afrique, mais aussi des questions impératives sur la création littéraire et le développement culturel de l’Afrique. "L’Afrique à mal", "FranceAfrique, Sinistre hyménée" et "Comme une lueur dans les ténèbres" constituent les trois grandes articulations qui succèdent à la préface du Pr Spéro Stanislas Adotévi.
C’est tout naturellement qu’il ouvre cet espace d’instruction par une autobiographie ou son cursus nous est tracé. De Marsassoum, son village natal, celui d’Ousmane Sembène et du Pr Assane Seck, aux gouvernements de Senghor et Diouf, l’œuvre littéraire retrace une constance et une détermination généreuse, qui ont toujours animé Gassama à travers des réflexions pour l’émancipation politique, culturelle et économique. C’est ainsi que dans l’interview d’ouverture, il est indiqué pourquoi cet intellectuel de haut niveau n’a jamais investi le terrain politique.
"A tort ou à raison, je n’avais jamais eu confiance en l’homme politique africain que je trouve rusé, fondamentalement égoïste, plus préoccupé par sa carrière que par le désir de soulager les maux du continent...", explique-til pour justifier cette réserve vis-à-vis de la politique. Selon Makhily Gassama, en refusant de se soumettre aux actions politiques en étant dans un gouvernement, "c’est parce que l’intellectuel est plus utile à son pays en menant des activités liées à sa formation qu’en assumant des fonctions politiques".
C’est dans ce même chapitre de l’ouvrage qu’il soutient n’avoir jamais été favorable à la hiérarchisation des défis qui interpellent l’Afrique. Ainsi, il ne s’agit pas de se concentrer par exemple sur l’économie pour faire développer l’Afrique "pour la simple raison que chaque secteur à développer a ses propres acteurs"...
Indépendances africaines : les rendez-vous manqués
Abordant la question ivoirienne, Gassama se désole que la vieille Europe s’accroche encore et toujours à des recettes, qui ont certes fait leurs preuves dans le passé, mais qui sont devenues usées. "Les médias d’Europe, singulièrement ceux de la France, ne se rendent pas compte que l’Afrique change, que l’Afrique, ce n’est pas ses élites politiques manipulables..."
A propos de la Guinée, il revient sur les conditions d’accession de ce pays à l’indépendance, le rôle de Sékou Touré face à la répression, et à l’aide qu’il a apportée à Alpha Condé. Dans ce même sillage, avec les rapports entre la France et l’Afrique, l’auteur revient sur le fameux "discours de Dakar" de l’ex président français Nicolas Sarkozy. "Ce discours, écrit-il, est chargé de mépris pour l’Afrique et son histoire. Le président Sarkozy s’en est maladroitement servi pour expliquer et justifier le présent glorieux qui, même à nos yeux, n’est pas glorieux".
Cette posture anti-sarkozyste n’empêche néanmoins pas l’ancien ministre de la Culture du Sénégal de revenir sur les indépendances africaines qui, estime-t-il, ont été plutôt marquées par une suite de rendez-vous manqués avec l’Etat de droit, la démocratie, les libertés, la paix, la sécurité, tous facteurs indispensables à l’émancipation des peuples et, donc, au développement durable de nos Etats.
Au plan national, cet homme des lettres dit regretter le très peu d’innovations qui caractérise aujourd’hui la littérature sénégalaise. A ses yeux, les écrits d’un romancier sénégalais de nos jours ne diffèrent de ceux d’Abdoulaye Sadji ou d’Ousmane Socé Diop que par le renouvellement des thèmes. D’où l’absence d’originalité. "Le renouvellement des thèmes naît de l’évolution de nos sociétés", lâche-t-il.
UNE RESIDENCE ARTISTIQUE AU COEUR DU VILLAGE DE YENNE
Situé à 40 km au sud de Dakar, Yenne est un vieux village traditionnel lébou. Mais dans cette localité de pêcheurs est désormais niché un Institut culturel panafricain de recherches, dédié à la diaspora et à la jeunesse africaine. Un projet porté par l’écrivain, enseignant chercheur, poète, Amadou Elimane Kane, qui est basé en France. L’institut est une résidence qui dispose de 7 pièces et il accueille présentement 5 résidents, des artistes et des écrivains qui travaillent sur le thème : «La Parole retrouvée». Parlant du choix de la thématique, la «Parole retrouvée», il confie qu’il se rapporte aux relations entre la Caraïbe et l’Afrique.
Car, dit-il: «Nous étions séparés par l’esclavage, la colonisation. Et aujourd’hui, comme disait Cheikh Anta Diop, l’Afrique est comme un homme qui a perdu une de ses jambes et pour pouvoir marcher correctement, il faudrait que l’Afrique retrouve l’autre jambe qui se trouve quelque part dans les Amériques, aux Caraïbes. Nous, nous sommes allés chercher l’autre jambe pour pouvoir marcher pleinement, pour pouvoir bâtir les Usa d’Afrique. C’est une thématique contemporaine, car c’est à travers la parole retrouvée qu’on va cheminer vers nos libertés. c’est à travers la parole retrouvée qu’on va pouvoir mettre en exergue tout notre patrimoine culturel».
Parmi la pléiade d'invités figurent :«Habib Demba Fall, qui est une de nos belles plumes, journaliste au soleil, Ndongo Samba Sylla, écrivain et économiste, Elimane Haby Kane, sociologue écrivain, et également un plasticien, Hampathé Diallo, qui travaille au niveau de l’écriture pictural et sur les visages. Et nous avons aussi la soeur Thezambé, coordonnatrice de la résidence ».
L'institut est un bâtiment dont la surface bâtie est de 2000 mètres carrés. Acquis en 2004, il est contigu au lac naturel de Yenne. Son architecture tradi-moderne rappelle l’Egypte pharaonique.
Pour le coût M. Kane confie que l'institut lui a pris toutes ses économies d'enseignant, d'écrivain, de droits d'auteurs, entre autres ressources.
En véritable mécène il reconnaît que cet institut «n'a pas de prix».
L’ESPACE FRANCOPHONE À L’HEURE DU RENOUVEAU LINGUISTIQUE
DUALITÉ ENTRE LE FRANÇAIS ET LES LANGUES AFRICAINES
S’il est vrai que le français est très parlé dans certains pays africains, il ne demeure pas faux que la langue de Molière perd du terrain. Beaucoup d’ouvertures se créent vers les langues africaines. Et ce renouveau linguistique doit susciter une réflexion profonde au sein de l’espace francophone.
Dans de nombreux pays africains, les populations parlent le français. Considéré comme une seconde langue, il est officiel dans les pays anciennement colonies françaises. C’est le cas par exemple du Sénégal, du Bénin, du Togo, du Mali, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire...Et très souvent, une frange d’intellectuels de ces pays francophones perçoit les langues africaines comme une menace contre le rayonnement du français.
Les défenseurs des langues africaines, eux, voient dans la volonté de «supériorité du français» un obstacle à l’éclosion de nos dialectes. Et pourtant, plusieurs linguistes affirment que le français et les langues africaines ont des destins étroitement liés. Le poète Thierry Sinda affirme : «En 2014, je ne pense pas que les langues africaines et le français soient en réelle rivalité, puis- qu’elles remplissent des fonctions différentes voire complémentaires. Dans la plupart des constitutions des pays de l’Afrique subsaharienne francophone : le français est langue officielle et les principales langues locales sont des langues nationales».
Toutefois, en posant ce débat et quand on cherche à savoir si le Sénégal peut accéder à l’émergence grâce à la langue française, M. Pape Massène Sène délégué général adjoint pour l’organisation du XVe Sommet de la Francophonie affirme : «Le Sénégal peut bel et bien se développer avec la langue française».
Pour preuve poursuit-il : «quelle est la langue maternelle des gens qui habitent les Etats unis qu’on appelle les Amérindiens ? On nous a dit que Christophe Colomb venait d’un autre pays (Italie). Il est venu en Amérique et a trouvé des Indiens. Quelle est la langue qu’on parle aujourd’hui aux Etats-Unis ?
Ce n’est pas la langue des Indiens. Ensuite, les Etats-Unis ont été colonisés par les Anglais. Donc la langue anglaise dont les gens font usage vient de l’Angleterre. C’est grâce à cette langue que les Etats-Unis se sont développés et sont devenus la première puissance mondiale. Qu’on arrête donc de dire n’importe quoi !»
En clair, pour Pape Massène Sène, comme pour beaucoup d’autres intellectuels, à l’instar du professeur Pierre Dumont, président du Comité scientifique des états généraux de l’enseignement du français d’Afrique, «Il faut se remettre au travail pour que cette dualité (français-langues nationales) soit un facteur de progrès et non de sous-développement».
Le constat en Afrique francophone, est que les locuteurs passent alternativement du français aux langues nationales. A l’école et parfois au travail, le français s’impose sans difficultés. Mais une fois le travail et l’école terminés, les langues nationales reprennent droit de cité. Ainsi, les deux véhicules de communication se partagent l’échiquier linguistique national. Mais non sans rivalités.
Chacun des deux instruments essaie en effet de conquérir une portion du territoire de l’autre. D’ailleurs, Thierry Sinda affirme à ce propos : «On note que depuis les années 70, les langues africaines grignotent de plus en plus dans les prérogatives du français. Dans cent ans, on pourrait arriver à la situation suivante : une langue nationale comme langue administrative et le français en tant que langue partenaire international». Mais pour le poète écrivain Amadou Elimane Kane : «le français est une langue étrangère».
Le français, ''une langue étrangère''
Se refusant ce débat sur le français qui ne ferait pas bon ménage avec les langues africaines, il estime que «les langues africaines ont toutes leurs importances. Parce qu’un peuple quel qu’il soit a besoin de sa langue pour pouvoir exprimer son patrimoine. D’où l’importance des langues africaines».
«Je pense qu’il faut porter les langues africaines et permettre à ces langues d’être enseignées dans le système éducatif. J’ai voyagé de par le monde et partout, les gens s’expriment d’abord dans leurs langues et ensuite il y a ce qu’on appelle les langues étrangères. Et pour moi, le français est tout simplement une langue étrangère» renchérit Amadou Elimane.
Cet avis, Pape Massène Sène semble en partie le partager. En marge du dernier Colloque international sur la Francophonie tenu à Dakar, il indique qu’il faut qu’on ait conscience que c’est dans nos langues nationales que nous pouvons transférer le maximum de savoir et mettre les gens sur le même pied d’égalité (sic) en terme de chances d’accès au savoir.
Toutefois, poursuit-il, «Aujourd’hui on ne doit plus attendre que le Sénégal ait une langue unique pour pouvoir se développer. Quelle est la langue que vous allez utilisez ? Pourquoi vous allez utilisez le Wolof plus que le Sérère plus que le Diola ? C’est tout cela qu’il faut mettre dans le même panier. Ne créons pas aussi des discriminations pour les langues. Utilisons les atouts que nous avons».
«Quelqu’un qui est peul, sérère ou bambara, il est évident que si vous lui apprenez la langue bambara, le sérère ou le peul, vous lui donnez plus de chances d’accéder au savoir. Mais ne le faisons pas en disant qu’il faut supprimer le français. Quand vous l’aurez fait lorsque vous serez à l’extérieur, vous parlerez au monde comment ? Les deux langues les plus parlées dans les cinq continents sont le français et l’anglais. La langue la plus parlée quantitativement est le chinois parce qu’ils sont nombreux. Sauf que sortis de là bas, ils sont obligés de parler l’Anglais ou le français pour communiquer avec le monde» précise Pape Massène Sène.
L’auteur du roman «Les Soleils de nos libertés» lui, est formel : «nos systèmes éducatifs doivent intégrer les langues nationales pour que tout un chacun puissent apprendre ces langues de manière académique et pouvoir en faite les écrire et les porter».
Mais ce regard reflète-t-elle véritablement le panafricanisme porté par Amadou Elimane Kane, sachant qu’il serait difficile d’unir l’Afrique avec une langue, si chacun devrait apprendre et porter les langues de son pays ? Le poète répond par une simple boutade : «l’abondance n’a jamais nui».
«Aujourd’hui avec ce qu’on appelle diversité, je pense qu’on a tous besoin de ces langues. Mais à un moment donné il y aura une langue qui va s’imposer. Je suis pular mais j’observe que le wolof est la langue la plus parlée au Sénégal. C’est une réalité... Pour moi tout ceci relève en réalité de faux débats» mentionne M. Kane.
PAR ALIOUNE BADARA NIANG
ALBUM "ENCY-COMÉDIE" DE "KEUR GUI" CREW : 100% NULLE ZIK, 100% NAVET !
L’attente fut longue telle une arlésienne et à la sortie, la désillusion fut toute grande également ! En tout cas, c’est peu dire que les mélomanes sénégalais férus de rap, du bon rap, expriment en chœur, leur triste déception à propos du double tome du groupe "Keur-gui" qui porte pompeusement le nom "Encyclopédie", mais est en réalité une vraie éclaboussure sur le visage du hip-hop sénégalais, tellement que c’est en deçà du minima requis en la matière.
Et à juste titre d’ailleurs, car ils se sont rendu compte qu’ils ont affaire à deux gus égarés, ne comprenant rien des enjeux de l’heure et surtout pis, se croyant dotés de réelles capacités d’analyse politique, alors qu’ils en sont loin. Très loin même. Avec "Encyclopédie", pardon "ency-comédie", ces apprentis rappeurs ont tout simplement pondu une comédie digne d’un navet. Et devant tant d’amateurisme et de médiocrité, il nous est difficile de ne pas vider notre stylo rouge.
En effet, sortant complètement du contexte original dont nous ont habitués nos stars confirmées du hip-hop, cette parodie "d’encyclopédie" foncièrement lourdingue et pleine de gags de néophytes, à la limite de l’insouciance, est un scénario décousu. L’absurdité lyrique y est présente, poussée par des voix en excès de virilité, sans compromis.
Le mix et l’enregistrement sont pourris, les parties musicales pauvres et l’humour peu créatif. Et ça donne çà !!!! 26 morceaux d’insulte à l’intelligence, 26 morceaux à piétiner l’art, 26 morceaux pour renier toute forme de création artistique, 26 morceaux enfin pour ridiculiser le hip-hop Galsen ! Bref, cet album est l’archétype du rap sénégalais pitoyable formaté pour un public considéré comme un ramassis de crétins. Et pourtant, ce public avisé et très passionné mérite beaucoup d’égards, car c’est lui le consommateur final.
Notre expérience et notre passion de la musique en général et du rap en particulier sont les socles sur lesquels reposent nos propos, car nous avons eu la chance, grâce à la musique, de faire le tour du monde, de connaître les plus grandes scènes et aussi de rencontrer des artistes multidimensionnels, les uns plus hardcores que les autres, mais avec un seul dénominateur commun : le talent ! Et le talent, c’est ce qui manque cruellement à ce "Keur-gui". Donc cette "ency-comédie" désolante n’est pas surprenante.
Aussi à écouter ce "crew" sans génie, arrogant et suffisant, pilonner le régime du Président Macky Sall, on a l’impression que le pays est dans un mouvement de balancier ; pis, on se croirait même dans une République bananière où les libertés individuelles sont opprimées, la corruption et le népotisme érigés en mode, l’impunition consacrée et ainsi de suite. Ce tableau plus que noir ne correspond pas à la réalité des choses. Loin de là.
En vérité, convenons qu’en termes de contenu politique, le Président Macky Sall fait le job. Certes, il est indiscutable de nier l’existence des problèmes. Mais ce n’est pas par manque de volonté du Président Sall. Il se trouve que l’état exsangue dans lequel il a trouvé le pays demande du temps et surtout du travail pour le redresser.
C’est même un truisme que d’affirmer qu’il s’est inscrit dans cette logique depuis son accession au pouvoir pour respecter ses engagements électoraux. Et bien des acquis ont été obtenus :
Baisse du coût du loyer, baisse du prix des denrées de première nécessité comme le riz, le sucre, le pain..., baisse de l’impôt sur les salaires, baisse du train de vie de l’Etat avec des économies substantielles pour les caisses du Trésor, allocation de bourses familiales pour les familles indigentes, Couverture maladie universelle, désengorgement de la capitale Dakar avec la construction du pôle urbain de Diamniadio et bien d’autres.
Un bilan, tout de même, loin d’être famélique encore moins erra- tique, à mi-mandat seulement. Mais pour autant, le Président Macky Sall est conscient que des réformes tous azimuts, multi-sectorielles, doivent être mises rapidement en place pour réduire les inégalités sociales, faciliter encore davantage le quotidien des Sénégalais et par ricochet accélérer l’émergence du Sénégal.
Il est vrai que nous nous attendions à ce que les paroles des membres de "keur-gui" soient acerbes et sévères, c’est leur marque de fabrique et ils en sont libres. Mais nous ne nous attendions nullement à ce que leur discours soit aussi pauvre et affligeant, au point de n’être même pas apprécié par un fou, a fortiori par quelqu’un en possession de toutes ses facultés.
C’est quasiment innommable et consternant, cette volée de bois vert envoyée au régime en place. Mais la vraie question est la suivante : Est-ce que ces gars-là se prennent vraiment au sérieux ? Cela nous étonnerait quand même ! Ce qui est très dommageable, c’est que leur posture décrédibilise férocement l’image des acteurs du hip-hop.
Mais d’où tirent-ils cette légitimité pour prétendre parler au nom des Sénégalais ? Cette interrogation peut paraître anodine, mais il est possible que plusieurs d’entre nous n’aient pas encore pris le temps d’y penser et assez sérieusement. Un 23 juin héroïque ne peut être un blanc-seing pour tout justifier.
Le rôle de sentinelle dans une démocratie est de veiller et d’alerter au cas échéant. Dire au chef de l’Etat que les choses sont mal engagées, c’est l’aider à les remettre à l’endroit et c’est la partition qui est dévolue aux leaders d’opinion par le Peuple.
A l’inverse, les critiques des membres de "Keur gui" envers le régime du Président Sall ne sont en réalité que de la démagogie vide de sens. Ils s’acharnent sur le régime pour juste le déstabiliser, mais nous leur disons ceci : vous n’arriverez à rien de cela.
Vous devez cependant comprendre que le monde bouge, évolue et qu’il n’est plus question de parlotte, mais d’action. Le public ne vous suit pas, car votre discours est politicien. Vous avez besoin de faire une introspection par votre propre autocritique. Vos rhétoriques creuses font monter le mercure social, mais ne prouvent rien en réalité.
L’enjeu gagnant prioritaire du moment est la poursuite du redressement de ce pays et non de juger de la cote du Président. Retroussons nos manches, car l’heure est au travail comme nous y invite le Président Macky Sall. Renonçons à des discours qui distraient par des accusations qui diabolisent le camp d’en face sans aucun regard introspectif.
Des critiques creuses pour rien, Encyclopédie, un disque déjà rayé, est un très gros navet comme ces apprentis rappeurs de Kaolack, sans talent, savent si bien en faire. Du baratin ! Que du baratin, mieux vaut ne pas écouter cet album pour éviter l’indigestion !
LES SYNDICALISTES SOUHAITENT UN SYSTÈME ÉDUCATIF PLUS EFFICACE
FORMATION DES FEMMES ET DES JEUNES DANS L’ESPACE FRANCOPHONE
Dans le cadre du 15ème sommet de la francophonie prévu à Dakar les 29 et 30 novembre prochains, le comité syndical francophone national a organisé une rencontre hier pour discuter du thème de la rencontre préparatoire fixée du 21 au 23 novembre.
A quelques jours de la grande rencontre préparatoire du sommet de la francophonie prévue en fin novembre à Dakar, le Comité syndical francophone sénégalais est déjà à pied d’œuvre. Face à la presse, hier, les syndicalistes ont prôné un système éducatif plus efficace pour répondre à la thématique du Comité syndical francophone de l’éducation et de la formation (CSFEF). En prélude a ce sommet de la francophonie, celui-ci se réunira à Dakar du 21 au 23 octobre prochain pour réfléchir sur le thème : "L’éducation et la formation, des apports essentiels pour la paix et le développement dans l’espace francophone : perspectives et propositions du mouvement syndical enseignant".
Cette rencontre, 14ème du genre, devra permettre, selon les organisateurs, d’identifier les pistes à explorer pour mettre en œuvre des solutions afin que l’éducation et la formation soient porteuses de paix, de sécurité et de développement, pour les femmes et les jeunes. "Cette édition sera un espace d’échange d’expérience en matière de formation et d’éducation. Chaque participant à partir de son système éducatif va apporter des propositions sur la question suivante : Comment les femmes et les jeunes peuvent-ils être formés pour devenir un vecteur de paix et un acteur pertinent de développement ?," a expliqué le Secrétaire général du SUDES, Amadou Diaouné.
Afin de permettre à l’éducation de jouer pleinement son rôle de développement, la Secrétaire générale de l’UDEN, Mme Awa Wade pense que le contenu de la formation doit y être en parfaite adéquation. Pour cela, "il nous faut des curricula prenant en charge la culture de paix et l’acteur de développement", a soutenu la syndicaliste. A ses yeux, sur le plan de l’efficacité, les Etats francophones ne sont pas aussi pratiques et pragmatiques que les pays anglophones. Si l’on en croit la coordonatrice du Comité syndical, l’espace francophone devrait revoir ses standards pour être compétitif et se positionner par rapport aux normes en vigueur au plan international.
Plus de 70 délégués syndicaux attendus
Pour les syndicalistes sénégalais, l’avant-sommet s’inscrit comme une continuité des assises nationales sur l’éducation. "Nous avons l’avantage à l’échelle sénégalaise d’avoir déjà réfléchi sur ce qui va permettre de booster notre éducation pour en faire un vecteur de paix et promouvoir la formation d’acteurs de développement au niveau national", a expliqué Mme Wade. Le Sénégal ne sera pas le seul pays à devoir réfléchir à travers cette rencontre des syndicalistes. Les autres pays seront également représentés. "Toute l’Afrique francophone sera représentée. Nous attendons plus de 70 délégués, soit un représentant par syndicat", a renseigné la coordonatrice avant de préciser que le sommet ne sera pas un espace de revendications.
QUAND LA DIVINATION DEVIENT UNE AFFAIRE DE FAMILLE
US ET COUTUMES
Diégane Sarr et Maguette Ndao |
Publication 14/10/2014
La divination est une histoire de famille. Le saltigué hérite sa science occulte de son père, grand-père, mère ou grand-mère.
Dans sa tombe, le défunt saltigué Ngormack Takhar peut dormir tranquille. Sa science mystique et ses aptitudes à la divination qui ont fait le tour du pays sérère sont entre de bonnes mains ! Et pour cause, récemment, son petit-fils, Hamad Ndong, a démontré qu’il était son digne héritier. « Lors du « xoy » de cette année, il avait prédit que la pluie allait tomber mardi.
Et effectivement, il avait beaucoup plu ce jour-là », nous souffle, encore émerveillé, le jeune Birama Mbow, enseignant du village. Et selon les villageois, le saltigué Hamad Ndong n’en est pas à son premier exploit. « Ses prédictions se sont le plus souvent réalisées », témoigne un vieux sous le couvert de l’anonymat.
Pour autant, le concerné qui est encore relativement jeune n’en fait pas à sa tête. Il préfère garder les pieds sur terre ; contrairement aux saltigués « bling-bling » faisant dans l’exhibitionnisme et le show. Dire qu’il y a pourtant de quoi bomber le torse chez ce quinquagénaire ! Car, outre ses prédictions très souvent justes, son grand-père, raconte le « jaraf » Diégane Ndong, a marqué d’une pierre blanche l’histoire de la divination. « Il (Ngor mack) ne se trompait jamais dans ses prédictions.
Il a éclaboussé de sa classe le « xoy » annuel du bour Sine Coumba Ndoffène famak », fait-il savoir avec fierté. « A chaque fois qu’il prédisait la pluie, elle tombait ; de même que quand il disait que le tonnerre va gronder, il grondait », poursuit le « jaraf ». Autant dire que son petit-fils Hamad ne fait que perpétuer ce qui est devenu une longue tradition familiale.
Comme c’est le cas avec la saltigué de Ngayokhème, Mahé Diatt, qui a hérité la divination de sa maman, Dibor Diouf. « Chaque année, à la veille de l’hivernage, j’organise un « xoy » à Noukhour, aux pieds des pangols. Cette année, en plus de ce « xoy », nous avons tenu un « kaad », un rituel pour chasser les mauvais esprits et autres « qon faaf » (Ndlr : morts-vivants) qui empêchaient la pluie de tomber. Et, comme on s’y attendait, il a plu dès le lendemain de cette cérémonie », révèle, satisfaite, cette pensionnaire du centre Malango.
La divination est donc une affaire de sang. Du président des oracles, Guedj Sène, en passant par Khane Diouf et au jeune Hamad Ndong, la plupart des saltigués ont hérité leurs sciences occultes de leur père, mère, grand-père ou grand-mère. Bon chien chasse de race !
"POURQUOI LE CINÉMA FRANCOPHONE PEINE À ÊTRE RECONNU MONDIALEMENT"
A Dakar actuellement pour la deuxième édition des trophées francophones du cinéma, le président de l’association organisatrice de cet évènement, Henry Welsh, s’est prêté aux questions d’EnQuête. Il nous présente l’association qu’il préside, dit ce qu’il pense des films sénégalais en compétition dans cette édition des TF et déroule ses attentes et celles de son équipe.
Parlez-nous de l’association des trophées francophones du cinéma ?
C’est une association fondée officiellement en 2011 pour mettre sur pied cette cérémonie des trophées francophones. C’est une initiative que j’avais prise, il y a quelques années ; il fallait simplement un peu de temps pour que je puisse m’entendre avec les partenaires. En 2011, on met l’association en place avec le dispositif qui doit la régir. Et en 2012, on était prêt à lancer les opérations pour une première cérémonie, en juin 2013, à Dakar. On a mis sur pied une équipe dont je suis le président, mais il y a d’autres personnes qui sont en Belgique et en France. Il y a trois pays opérateurs fondamentaux : le Canada, la France et la Belgique. On a réalisé la première édition l’an passé et on est en train de réaliser la deuxième.
Parmi tous les pays francophones pourquoi avoir choisi le Sénégal pour la tenue des deux premières éditions ?
On avait fait un certain nombre de missions au Sénégal. On avait trouvé un très bel accueil des autorités. Alors on est venu à Dakar et avec l’idée qu’on s’approchait du sommet de la francophonie. Il y avait un sens pour l’ensemble des partenaires à faire une manifestation pour le cinéma francophone ici à Dakar qui est une place importante. Les cinéastes sénégalais sont importants dans l’espace francophone.
Le principe d’itinérance est-il de mise ou Dakar reste définitivement l’hôte de ces trophées francophones ?
Il y a un principe d’itinérance dans le lieu où la cérémonie de remise des trophées se fait. Mais, il y a aussi un principe de pérennité, de récurrence dans les villes qui ont accueilli la cérémonie. Je souhaite qu’au fil des années, chaque ville dans laquelle se tient la cérémonie accueille les films finalistes de l’année suivante. Donc, continuer à faire le lien entre ceux qui ont servi de tremplin ou d’hôte à la cérémonie. Par ailleurs, ici, ce sont des projections que nous instituons et c’est tout volontairement en avantpremière du 15ème sommet de la francophonie. Nous voulons que ce sommet se penche sur les questions de culture et du cinéma francophone, comme éléments structurants de la parole francophone à travers les mille et une autres possibilités de défendre
la francophonie. On veut vraiment mettre ce coup de projecteur. On est fidèle à Dakar aussi parce qu’on fait confiance à des gens qui nous ont soutenu et l’institut français fait partie de ceux qui nous ont aidé dans la promotion. On est très heureux d’être ici et de faire une programmation en direction du public sénégalais. Et c’est un public formidable. Je le vois depuis quelques jours que je suis ici. Ca répond très très bien.
Pouvez-vous nous faire un bref bilan de l’édition de l’année dernière ?
Ce qui s’est fait l’année dernière à Sorano est très satisfaisant, surtout du point de vue de la qualité des projections, selon des témoignages de cinéastes et des professionnels de Dakar venus voir les films. Ils m’ont dit n’avoir jamais vu d’aussi belles projections à Sorano. On a amené du matériel de dernière génération. Au registre de la programmation, l’an dernier comme cette année, un cinéphile qui a la capacité de voir tous les films a la chance de découvrir des films qu’il n’a aucune chance de découvrir ailleurs. Il y a peu de salles de cinéma à Dakar. Cela fait trois ans qu’on me parle de l’ouverture de salles de cinéma au Sea Plazza. Je suis navré que cela ne se fasse pas. Quand je suis arrivé, on m’a dit que les gens ont soif de cinéma. Et c’est le seul lieu au monde où on a 22 longs métrages et 5 courts métrages issus de tous les pays de la francophonie. Ce ne sont pas des nouveautés parce qu’on n’est pas un festival de découvertes. On ne propose pas des premières non plus, mais on récompense des films qui ont
eu une petite carrière ou une grande carrière dans l’espace francophone l’année dernière. Celui ou celle qui voit tous ces films-là acquiert une certaine connaissance du cinéma francophone. Quand on regarde ce que nous proposent les réalisateurs francophones, on n’a vraiment pas à rougir devant ce que nous proposent les grands studios américains, par exemple. Parce que c’est vrai que Hollywood est une grande industrie cinématographique mondiale qui a une force de frappe énorme. Mais, il y a des bijoux dans nos programmations. J’ai vu le film iranien d’origine française "Le passé" et la salle était pleine. Ce film a gagné l’oscar du meilleur film de langue étrangère, le César, le Golden globe, etc. C’est un film exemplaire avec des dialogues en langue perse et c’est ça l’espace francophone. On a une langue commune, mais des cultures et ce qu’on appelle chez nous, au Québec, des parlures tout à fait singulières et qui donnent cette saveur et cette couleur à l’espace francophone.
Pourquoi selon vous le cinéma francophone a du mal à s’imposer ?
C’est une très bonne question. C’est parce que très nettement la force de frappe manque encore d’un peu de vigueur. Je vais faire un petit rappel historique. Aux lendemains de la deuxième guerre mondiale, avec le plan Marshall, la reconstruction de l’Europe était en sorte une certaine manière de s’opposer au bloc communiste. Ce n’est jamais tout blanc ou tout noir. Il y a toujours des périodes grises. Les Américains ont apporté dans leurs valises leur cinéma comme modèle. C’est ce qu’on appelle le "american way of life". C’est quelque chose qui a fonctionné en Europe et qui a été exporté. Il y a quelques années j’ai rencontré des gens au Maroc. Il y a de grandes familles marocaines, commerçantes bourgeoises de Rabat et de Casablanca, qui s’étaient distribuées entre elles des studios américains. C’est-à-dire la famille X avait le studio Columbia, la famille Y le studio Warner, etc. Ainsi, les films leur étaient offerts gratuitement, ils récupéraient les copies francophones de Paris. Il y a tout un prospect historiquement qui fait que le terrain était occupé par le gérant américain. Il y a eu quand même une création du cinéma québécois. Ce n’est par hasard qu’on a choisi l’année dernière de faire un hommage à Djibril Diop Mambéty. Il est quelqu’un que j’ai connu et que j’ai beaucoup aimé. Il a participé avec Ousmane Sembène et Safy Faye ainsi que d’autres à la création d’une nouvelle création cinématographique. Les choses se sont amplifiées depuis quelques années grâce peut-être à l’instantanéité des médias. Georges Clooney se marie par exemple et toute la planète s’y intéresse. Et les médias amplifient cela. Il y a ce facteur, mais je crois quand même qu’il y a un appétit pour la connaissance du cinéma francophone. Le 7ème art belge flamant a eu cet espace de mouvement, d’affirmation de son cinéma et les producteurs ont réussi avec un certain nombre d’opérations. Cette volonté de se reconnaître à travers son cinéma est à appuyer. Et notre avantage à nous francophones c’est qu’on peut exploiter une zone très large. On a une langue extrêmement riche et répandue sur les continents.
Que pensez-vous des films sénégalais en compétition aux TF cette année ?
La première soirée on a refusé du monde ici (ndlr on projetait "Des étoiles" de Dyana Gaye). Il nous a fallu installer un deuxième écran dehors. Madame Gaye est une grande réalisatrice. Je ne peux pas personnellement me prononcer sur les films, vu ma position. Mais d’après les échos que j’ai eus, les gens sont extrêmement satisfaits. Ils ont apprécié ce film chorale à trois personnages intriqués l’un dans l’autre avec trois lieux différents. Et l’autre film qui n’a pas encore été passé, c’est celui de Mati Diop. Elle est la nièce de Djibril, la fille de Wasis. Elle a fait un court métrage sur ce personnage de Djibril et qui jouait dans "Touki bouki". Je suis très heureux. Mati, je ne l’ai pas encore rencontrée, mais je connais très bien Wasis. D’ailleurs, je l’avais fait venir à Dakar l’année dernière pour interpréter la chanson qu’il avait faite pour le dernier film de son frère. Une chanson qu’il n’avait jamais interprétée en public. C’était la première fois. Cette année, la lutte sera belle.
Qu’attendez-vous de la présente édition ?
Cela fait 7 ou 8 ans que je suis en train de travailler sur ce projet tout seul. Après, les partenaires sont venus. On avance pas à pas. On n’a pas des moyens énormes. Cela aussi, c’est une réalité de l’espace francophone. Ce n’est pas comme le "come on wealth" qui draine beaucoup plus de moyens. Cette année, on va pouvoir bâtir quelque chose encore. C’est comme un film. La réalisation du premier est toujours plus facile que celle du deuxième. Le défi est plus grand. On doit faire mieux que l’an dernier. Il faut être meilleur. Un truc chez Drucker (la remise des trophées se fera le 31 octobre 2014 dans un studio tv de Michel Drucker), c’est grandiose. Ce monsieur l’a fait pour la cause. Il est capable de prendre son téléphone et d’inviter n’importe quelle vedette de la planète francophone à cette cérémonie. Cela va donner une reconnaissance. On va pouvoir construire qualitativement quelque chose de différent cette année. J’espère que le palmarès sera à la hauteur des films finalistes. Je souhaite aussi qu’il y ait une bonne répartition des prix. Il y a 16 pays finalistes et j’espère que le palmarès reflètera cette diversité.
VIDEO
IMPRESSIONS AVEC CHEIKH HAMIDOU KANE
L’AUTEUR DE L’AVENTURE AMBIGUË EST L'INVITÉ DE SADA KANE
IMPRESSIONS de Sada Kane (2STV) en reportage au Salon africain du livre à Genève lors de l’édition 2014, avec l’hôte d'honneur Cheikh Hamidou Kane et d’autres écrivains sénégalais comme Boubacar Boris Diop, Souleymane Bachir Diagne.